Terence Fisher (1904-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Eye Of Doom
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Poursuite de la promenade buissonnière dans les « classiques » de la Hammer, au gré des emprunts a la bibliotheque.

Apres l’Empreinte de Frankenstein, sympatique et bien fait mais d’un interet assez limité, deuxieme Terence Ficher avec :

La nuit de loup-garou

J’ai bien aimé cet opus, pour differentes raisons.
Tout d’abord l’idee opportuniste de situer l’intrigue en espagne « renaissance » (on apprend dans le bonus qu’il fallait utiliser des decors conçus pour un autre film abandonné) s’avère payante. Elle permet d’abord cette tres longue introduction, fort reussie, où nous suivont un pauvre here de l’innocence au crime et ses consequences. Parce que peu extravagants les decors sont tres réussis, plutot réalistes, et habilement utilisés.
Ensuite, ce parti pris renforce un côté gothique « latin » et provincial hors de canon « middle-europa » ou britanico urban.
Enfin, il permet d’amener facilement et de façon realiste les éléments religieux et superstitieux
La photo,toujours superbe, rend justice au coté modeste de la petite ville dépeinte.
On apprend aussi dans l’ interview bonus que Fisher a changé pour l’occasion de directeur de la photo et que le nouveau, avec qui il poursuivra la collaboration, prefere les tons naturels aux couleurs plus franche du precedent à l’oeuvre dans Les maitresse par exemple. J’ai bien apprécié ce ton plus soft.
Le scene la plus terrifiante et saisissante est a la fin de la premiere partie :
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L’enfant agrippé aux barres de sa chambre: cette vision vaut toutes celles du « vrai » loup garou qui suivront
Le scenario est assez simple mais remarquablement mis en valeur par la mise en scene (la banquet au debut, le bapteme un peu plus loin par exemple, ...). On voit l’attention aux personnages secondaires, a chaque detail, rien ne semble laisser au hazard.
Le propos social est clair sans etre lourdingue.

Comme pour Les maitresse, la copie bluray est superbe et rend justice au travail sur le film.
Bref, tres recommendable !

J’ai hate de voir son Docteur Jekyll
dont je n’ai trouvé que l’edition dvd (espérons quelle est a la hauteur)
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Le double visage du docteur Jekyll

Un peu déçu par celui-la. Une mise en scene correcte mais qui ne donne pas de scene vraiment marquante. Une interpretation peu convainquante de Paul Massie dans le role Jekyll/Hyde, pas du tout aidé par des maquillage trop visibles qui cassent le film.
Dommage.
Car il y a plein de choses interessantes dans ce film, la première étant un scenario particulièrement original, bousculant frontalement la representation habituelle.
3 ans avant la version de Jerry Lewis, le film renverse les roles: le docteur Jekyll est un savant, rat de labo, plutot effacé, délaissant une épouse superbe. Hyde est un bel homme cynique et séducteur. Et d’ailleurs un fois n’est pas coutume c'est Jekyll qui est maquillé.
Le film ne s'arrête pas la et pousse le dénonciation de l’hypocrisie de la société anglaise jusqu’au bout en proposant un renversement de role étonnant et tres fort:
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Hyde n’a de cesse de vouloir mettre l’épouse de Jekyll dans son lit, il y parviendra en lui faisant tenir le role d’une prostituée, alors qu’il amènera sa maitresse, femme venale, dans le lit conjugal.
C’est finalement le personnage de l'épouse de Jekyll (Finement interprétée par Dawn Addams) qui est le personnage le plus interessant. Le passage où elle avoue son amour pour son amant, flambeur, fauché et un peu roublard (joué par Christopher Lee) est peut etre le moment le plus réussi. Un peu plus tard la scène où ils sont enlacés, abandonnés, fait passer une emotion réelle.
Le photo est constamment superbe. On regrette juste qu’on reste toujours dans le cadre d’un film en studio.

A decouvrir donc pour ce scenario etonnant.

La copie du dvd est correcte mais le bluray doit etre bien plus beau.
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

J’ai attaqué les Frankenstein.
Frankenstein s’est échappé est sympathique, bien construit, mais m’a laissé sur ma faim. Difficile aujourd’hui de voir en quoi ce film a pu paraître audacieux à l’époque et faire un tel carton. D’apprecier le côté novateur, voir fondateur. J’entends que le film est bien, rien a dire, mais le decouvrant apres les deux films évoqués ci dessus, le film apparait plus comme un tour de chauffe.

D’un tout autre niveau, La revanche de Frankenstein est par contre remarquable.
D’abord, comme dans les films de Fisher que j’ai vu jusqu’ici, le scenario est tres bon, tres construit, bien écrit, original, et on est de suite pris. D’autant bien sur que la mise en scene de Fisher est tres efficace, exploitant au mieux l’ensemble de l’excellent materiel disponible, ecriture, acteurs, decors. C’est un plaisir de chaque instant grace au sens du detail, du travail de decoration, du jeu des acteurs. Un festival de couleurs, voyantes comme les robes ou plus subtiles: Ah, la couleur fushia du gilet de Frankenstein, ce dernier étant fort élégant, comme doit etre le Mal.
Sur le fond, l’audace et la rupture par rapport au mythe sont évidents et culminent dans l’incroyable final:
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Frankenstein devenu sa propre creature, indestructible, immortel, incarne le demon absolu infiltré dans la bonne société de l’epoque.
En y repensant ce matin, c’est bien la figure de Jeffrey Combs dans les Reanimator, que les tout derniers plans m’évoquent.
Ce qui est aussi interessant dans le propos est que ce brave et froid docteur n’est pas limité par la science mais sa mauvaise prise en compte du « facteur humain ». Il bute contre le non réductible à la logique scientifique ou aux regles sociales.
Je ne sais pas encore si la suite sera à la hauteur mais excellente decouverte.
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Frankenstein crea la femme.
Suite du parcours de la saga Frankenstein par Terence Fisher.
S’il est nettement moins original que La revanche, le film possède toutes les qualités d’un « classique ». De suite on est entraine dans l’intrigue et ses enjeux. A l’image du formidable introduction, où un condamné dont on ne sait rien vas etre guillotiné. Il fanfaronne sans vergorgne jusqu’au moment où :
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Son jeune fils apparait. Ce masque disparait et l’homme surgit.
Decors, mise en scene, construction dramatique impeccable. La seule reserve etant le manque de surprise finalement dans le déroulement du programme.
J’ai globalement beaucoup aimé le debut, disons jusqu’à la creation. La relation amoureuse entre le fils du tueur guillotiné et la jeune fille au corps lourdement marquée est décrite avec sensibilité, en contraste avec le comportement odieux du trio de jeunes nobles.
Frankenstein est curieusement presque sympathique : c’est un homme de science de genie qui ne fabrique plus de monstre mais corrige les erreurs de la nature et creer des jeunes femmes superbes. Calme, posé, il en serait presque rangé, voire sensible, bref fréquentable. Bien sur, une fois de plus, son manque de clairvoyance sur le « facteur humain », condamnera son oeuvre.
Il ne faut pas chercher ici un chef d’oeuvre boulversifiant mais un divertissement de grande qualité.
J’enchaine avec Le retour.
Jusqu’ici beaucoup de plaisir à decouvrir et suivre cette saga.
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Le retour de Frankenstein
Ce qui frappe d’emblée dans cette opus, c’est sa brutalité !
On avait quitté à la fin de «  ... crea la femme », un baron presque humanisé, on le retrouve ici tueur bestial.
Le film ne s’embarrasse pas de scene d’introduction: ca commence sec et violent. La suite est à l’avenant.
Frankenstein est odieux, ne reculant devant aucun moyen pour arriver à ses fins. De plus, pour la premiere fois de la saga, sauf erreur,
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Il viole la fiancée de son acolyte, succombant a des pulsions charnelles jusque la insoupçonnées lui
Le film s’offre le luxe de la deconstruction en regle du couple jeune, beau et innocent. Il est amusant de noter que leur déchéance prends sa source dans le cout des Ehpad , meme et surtout à l’epoque.
A noter l’extraordinaire scene où la jeune femme « ingenue » doit :
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Deterrer et planquer en urgence le cadavre enterré sous le parterre de fleurs.
Le commissaire de police est aussi particulièrement antipathique.
Peu de choses pour compenser cette vision tres noire. Le personnage le plus creusé étant finalement la femme du psychiatre disparu. Il n’est pas si courant qu’un film « de genre » mette en-avant ce type de personnage feminin « mature ».
La mise en scene de Fisher est comme d’hab redoutablement efficace.
Au dela de l’introduction et de la scene évoquée en spolier, plusieurs moments intenses :
La visite de la police,
Les operations de Frankenstein : on voit rien bien sur mais la bande son rend tout le long passage assez éprouvant.
La retour au foyer du psychiatre à la fin.

Le point faible du film est pour moi le manque d’enjeu en fait et donc d’intérêt du spectateur.
On ne sait pas vraiment où veut en venir Frankenstein
Le film est conçu sur la brutalité mais, a part choquer le bourgeois/spectateur, dans quel but ?
On comprends que tout cela ne peut etre que sans issue, car in fine sans but.
Dans les opus precedents, on suivait un parcours intérieur des personnages, on se demandait si Frankenstein atteindrait son objectif,...
Ici la posture cynique du film tue en grande partie le potentiel investissement du spectateur.
Dommage car par ailleurs la facture, l’écriture, l’interpretation sont impeccables.

Belle copie sur le dvd par ailleurs.

Il ne reste plus que « et le monstre de l’enfer ». A voir d’ici samedi car je dois le ramener a la bibliotheque....
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Bon ca y est, vu « Frankenstein et le monstre de l’enfer ».
Honnêtement assez en dessous des autres. On retrouve le baron officiant dans un asile d’aliénés dont il a pris la direction occulte. Assisté d’un brillant jeune chirurgien enfermé pour sorcellerie, il vas de nouveau se lancer dans ses activités favorites.
Meme si le personnage du Baron est toujours interessant, ici plus que jamais pret a tout pour disposer de matières premières, on a tout de meme l’impression de revoir pour la nieme fois la meme intrigue, avec pour seul evolution un degré supplémentaire dans le gore. Ce qui était habilement caché à l’image dans l’opus precedent est ici montrer frontalement. On y gagne pas vraiment.
La derniere scene nous invite franchement à
Spoiler (cliquez pour afficher)
Voir Frankenstein pour ce qu’il est: un dément sanguinaire, a sa place dans un asile.
A l’heure du bilan, a l’exception de ce dernier opus décevant au niveau du scenario, une serie interessante, à voir, avec des axes différents, dont les sommets sont pour moi, « La revanche » et « crea la femme ».
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

La malediction des pharaons.
Apres avoir vu quasiment 10 films de Fisher ces derniers semaines, j’en arrive a la conclusion suivante: ses films valent ce que valent leur scenario. Quand le scenario est interessant, le film est interessant voire brillant, quand le scenario est pauvre, disons que ca se laisse voir.
En fait, Fisher est egale a lui meme dans tout les cas, c’est a dire tres bon. Donc c’est les autres elements qui sont les maillons faibles et donc les criteres de jugement in fine.
The Mummy est typique. Dans ce remake assez fidèle du film universal, Fisher fait montre de tout son talent.
Sur la couleur bien sur, en premier lieu, c’est un festival de teintes vertes, violets, jaunes, cf le passage initial franchement invraisemblable de l’ouverture de la tombe, puis les textures, couleurs des vêtements, c’est super.
Sur la mise en scene de l’altérité : les scenes avec la momie, notamment l’apparition dans le marais, la marche sur la route vers la proie,...on voit un vrai talent fantastique.
Sur les scenes plus « intimistes » entre Cushing et sa femme, ou la longue confrontation « mondaine » avec l’égyptien.
Bref, le talent (pour ne pas dire plus) est visible quasi a tout moment.
Mais voila, on s’ennuie car franchement le scenario est bien « classique », meme s’il s’amuse à decliner en deux personnages celui joué par Karloff dans l’original. On aurait aimé plus de mise en question des archeologistes par exemple. Certes il y a cette belle confrontation entre les deux personnages principaux au coeur du film mais Cushing ne semble pas vraiment touché au point de se remettre en question. Le theme de la reincarnation, central dans l’original, est ici réduit a une coincidence.
Bref, on est tres loin de la finesse de La nuit du Loup Garou, pourtant à priori plus casse gueule. Ce n’est pas que La nuit du Loup Garou soit une intrigue boulversifiante, mais plus subtile, plus riche en arriere texte, ... elle permet a Fisher de porter par sa seule mise en scene toute un tas de nuances et richesses, je pense ici a la scene du baptême, ou le conflit social,...
Dans la malediction, tout ce talent est vain, car sans prise sur ce scenario simpliste.
Dommage.
Bon, j’ai encore le fantome de l’opera, les vierges de satan et le cauchemard de Dracula sous la main. A suivre.
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Le fantôme de l’opera

Ce coup ci la Hammer a des moyens et ca se voit. Fisher en profite, la photo est superbe (merci le bluray!).
J’ai bien aimé cet opus, plus que la momie c’est sur. C’est un recit « classique », sans temps morts, avec une vraie ambiance.
Le générique est top, avec ces gros plans dd plus en plus rapprochés sur l’oeil du fantome. Les scenes de preparations, de repetition et de representation de l’opera Joan of Arc sont superbes.
La Hammer et Universal voulaient un film tous public. Donc le film est plus policé que d’habitude. On a moins d’horreur et, meme si ca se passe à l’opera, il y a nettement moins de monde au balcon.
Mais justement, du coup, le film donne plus l’impression d’un vrai remake de classique, meme si il n’en est pas un.
Je ne pense pas que l’oeuvre marque sur la durée mais beaucoup de plaisir a le voir en tout cas !
Nicolas Stanzick dans son interview donne plein d’info essentielles sur le contexte de creation du film, avec un enthousiasme particulièrement communicatif !
Ceci dit, il sur-interprète pas mal (comprendre invente) je pense quand il voit dans cette oeuvre l’intuition de Fisher sur le devenir du film fantastique sur la fin des annees 60...

Next : les vierges de satan
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Les vierges de Satan

Ben, v’la autrechose !
On quitte la galerie de monstres fin de siecles pour une intrigue « contemporaine » chez les adorateurs du diable.
Le debut du film est peut etre le meilleur. Apres une scene d’intro expédiée, on est précipité dans une drole d’ambiance où le peril se cache derriere d’innocents invités d’une soiree mondaine.
Le film a deux problemes.
D’une part ces adorateurs du diable sont bien kitsch des qu’ils passent a l’action. Rarement vu un sabbat aussi policé : ca manque de stupre et de fornications bestiales, que Diable!
D’autre part les rares truquages sont d’une indigence rare : les incrustations de la tarentule : tout un (mauvais) poeme.
Bref, l’art de Fisher est plombé par un theme ringard que le film ne réactualise pas et des scenes à l’imagerie au desssus des moyens de la Hammer (n’est pas Harryhausen qui veut!).
C’est criant car des que les adorateurs ne sont pas là et qu’il y a pas de creatures, ca fonctionne pas si mal grace à la mise en scene.
Bon mais tout cela reste tres bof bof. On ne peut pas ne pas penser au Tourneur de Rendez vous avec la peur, qui a l’exception de la fameuse scene, controversée et contestable, réussi la où The devil’s Brides échoue. Ou bien a La maison du diable de Wise qui deux ou trois fois fout franchement les jetons.

La greffe ne prends pas....
Et on a beau appeler l’Angleterre éternelle , entendre celle des Avengers (Bentley, chemins de campagne et manoirs cossus), ca ne marche pas.

A noter tout de meme la presence de Ricard Matheson au scénario. C’est une ces dernières contributions pour ce type de production.
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Le cauchemar de Dracula
Oeuvre emblématique de la Hammer comme firme de film fantastique, Le cauchemar est précédé de sa reputation.
Qu’en est’il à froid?
Le film démarre sans eclat par l’arrivée de Jonathan Harker au chateau de Dracula, selon le schéma bien connu. Mais le film vas s’éloigner rapidement de l’intrigue classique par deux points :
D’une part la relation avec le personnage féminin prisonnière de Dracula,
D’autre par par le fait que
Spoiler (cliquez pour afficher)
Harker n’est pas le visiteur ignorant imaginé mais un tueur de vampires en mission.
Le film vas ainsi jouer régulièrement sur les « canons » du recit de Stroker.
Le plus frappant, et qui fuit encore aujourd’hui l’interet du film, est la coloration ouvertement sexuelle du vampire. Ses « victimes » lui ouvrent la route et l’attendent, pâmées, en nuisette sur leur lit. Y’a plus qu’a : le dessert est servi !
Fisher et les scenaristes ont la bonne idee de faire de Dracula un role quasi muet. Il prononce quelques phrases en debut de film puis ensuite ne devient qu’un bloc de desir bestial pur.
Christopher Lee en fait juste un soupcon de trop, pour que ca fonctionne à l’ecran.
Bref le film pressente plein d’atout tout en restant classique dans son adaptation.


Apres 12 films c’est l’heure du bilan.
Comme évoqué plus haut, ma perception du cinema de Fisher est tres dépendante des scénarios. On se rappelle de scenes plus que des intrigues.
Sa mise en scene s’épanouit particulièrement dans le cadre du decorum des studios, dans la sophistication des textures, dans la préciosités des couleurs,... Tout l’art de Fisher est dans ce classicisme revendiqué qu’il pervertit ou subvertit a son propos provocateur, critique de la société. C’est un cinema tres « fin de siècle » finalement!
Belle découverte.

Mes préférés :
La revanche de Frankenstein
La nuit du Loup Garou
Frankenstein crea la femme
Les maitresses de Dracula

Puis
Le double visage du docteur Jekyll ( pour son scenario vraiment tres bon)
Le fantôme de l’opera
Le cauchemar de Dracula

Enfin
La retour de Frankenstein
Frankenstein s’est échappé

Déçu par :
Frankenstein et le monstre de l’enfer
La momie
Des vierges pour Satan
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

La gorgone
Contre toute attente, j’ai bien aimé cet opus. Il y a une belle ambiance, romantique, qui envoute dans les plus belles scenes.
J’ai par exemple beaucoup aimé le passage où le personnage fait le tour de sa maison, songeur, quand d’un coup la tension monte sur fond d’averse et de bassin mystérieux.
On se fout que les decors soit visiblement des decors, le realisme n’est pas l’objet . Simsolo dans son commentaire resume la chose: c’est de l’opera, on a l’impression que les personnages pourraient chanter. C’est un peu exagéré mais correspond bien a l’irréalité du film: on a globalement trois lieux, agencée comme des decors de theatre.
Toujours coloriste précis et audacieux, Fisher rends la jeune femme fascinante. La couleur c’est son truc a Fisher, il lui fait porter la forme, le sens.

Bien sur on peut etre surpris par la degaine de Christopher Lee. Moi, j’ai trouvé que ce contre jeu n’etait pas sans interet dans le film.
Ok, les trucages finaux requierent une bonne dose de « cessation du doute »

On ne saura pas pourquoi in fine un telle omerta reigne dans ce village: pétrifié par la peur au point d’organiser le deni ou/et complice des crimes?

Le film a du charme pour qui veut bien en accepter sa palpitation singuliere.
C’est un conte et une histoire d’amour
Simsolo a raison de defendre ce film que je n’ai pas du tout trouvé mineur meme s’ils y a des defauts.
Bien plus interessant que La momie ou Les vierges de Satan, pour moi en tout cas.
phibes
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par phibes »

hellrick a écrit : 23 sept. 15, 16:56
Kevin95 a écrit :
FRANKENSTEIN CREATED WOMAN (Terence Fisher, 1967) Découverte
Pour moi (et peut-être rien que pour moi) le meilleur Frankenstein de la Hammer :wink:

Mon préféré est La revanche de Frankenstein , mais à mes yeux Frankenstein créated woman est une merveille... :wink:
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Decouvert les deux Fisher en mode insulaire :L’ile de la terreur et La nuit de la grande chaleur
Disons le tout net, ils font s’ajouter en tout en bas du listing ci dessus.
Les deux racontent peu ou prou la meme intrigue et presentent des « craignos creatures » particulièrement accablantes.
La nuit de la grande chaleur est le meilleur des deux (ou le moins pire), grace notamment a la qualité d’interprétation (attention, on est pas l’oscar non plus) et le savoir faire de Fisher qui tire tout ce qu’il peut d’un budget de pieces jaunes et d’une intrigue interminable.
Et le fait que les menaces en forme d’oeuf au plat pas cuit n’apparaissent qu’en toutes fins.
Disons que ce se laisse voir.

L’ile de terreur, c’est a réservé aux amateurs de serie Z de sf annees 60. A l’exeption d’un plan, par reconnu la mise en scene de Fisher.

Tout cela est bien fauché et on peut largement s’en passé.

Ne pas hésiter a préférer la revoyure d’un Avengers « moyen » periode Emma Peel N&B vous savez ceux qui font pale figure face aux sommets de la saison: plus fun !
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par sixtiesfan »

D'accord avec toi, deux Fisher mineurs : les "créatures" de "L'île de la terreur" sont particulièrement risibles, on dirait des espèces d'aspirateurs en gélatine, c'est vraiment très bizarre...
Ceci dit, là où je trouve qu'il reste quelque chose du talent de Fisher, c'est dans l'atmosphère extrêmement angoissante dans laquelle baignent ces deux films, surtout "La nuit de la grande chaleur", et toute la partie de "L'île de la terreur" pendant laquelle les insulaires sont bloqués dans une sorte de salle municipale assiégée par les bestioles. Cette angoisse renvoie forcément à quelque chose de très crédible de l'ordre de la catastrophe environnementale, on peut y voir aussi une parabole des affres vécues par les civils en temps de guerre. Le talent de Fisher est de parvenir à "imprégner" la pellicule de cette angoisse, malgré des scripts assez faiblards. Les acteurs, Cushing en tête, font de leur mieux. Carole Gray et Jane Merrow sont tout à fait charmantes. Les deux films ne sont pas des productions Hammer mais Planet Films, petite maison de production qui ne dura que le temps de 7 films.
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Re: Terence Fisher (1904-1980)

Message par The Eye Of Doom »

Dracula, prince des tenebres
Un groupe de touristes anglais, pas tres fut-fut, decide de se rendre à Calsbat. On leur dit bien de ne pas s’approcher du chateau mais celui-ci est si acceuillant.

Apres des productions fauchées avec oeufs au plat de l’espace et aspirateurs radioactifs, plaisir de retrouver Fisher sur une production Hammer.
Le film a plutôt bonne tenue, malgré le côté « on prends les memes (decors, acteurs, nuisettes avec balcon, …) et on recommence ».
J’ai presque trouvé ca mieux que Le cauchemar qui m’avait pas emballé plus que ca.
La première partie est marquée par la résurrection de Dracula plutot sympa, la seconde partie se traine un peu.
Ce qui interessant dans ce film, c’est le coté animal de Dracula. Privé de scenes « mondaines », et d’ailleur de tous dialogues, le role est muet, il est vraiment rendu comme une bete de nuit à la fois temeraire et craintive (face aux symboles habituels). Meme dans la scene rigolote :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Où il denude son torse viril, et s’entaille la peau pour offrir son sang à la femme soumise, invitation à la fellation à peine masquée,
Il resemble à une bête réalisant par pur instinct un rituel d’accouplement.
C’est aussi un peu comme une bete sauvage qu’il sera acculé et mis a mort a la fin.
Absolument rien de glamour dans tout cela…

Le film n’a pas l’originalité, de forme ou de fond, des grands Fisher de la Hammer mais sur la base d’un scénario sans reelle surprise sait maintenir l’interet du spectateur bienveillant.
Un cru honnête et plaisant donc.

Vu dans une copie dvd correcte mais certainement qu’avec une belle resto bluray, ca doit etre mieux.

Voila mon périple chez Fisher est pas loin de la fin. Reste Les etrangleurs de Bombay (je suis pas sur de le trouver à la bibliotheque celui-la, as t’il meme etait edité en france) et une revoyure du Chien des baskerville.
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