Cinéma égyptien et arabe

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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LA VENGEANCE DU DESERT de Henry BARAKAT -1964
Avec Farid SHAWKI, Naïma AKEF, SHOUWIKAR

En Egypte, au moyen âge, un jeune homme est l’objet d’un complot. Porteur d’une lettre que lui a remis un révolutionnaire, il est emprisonné dans une forteresse au milieu du désert. Au bout de 15 ans, il parvient à s’évader et à récupérer le trésor laissé par un co-détenu avec lequel il avait sympathisé. De retour au pays, il décide de se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal, et notamment de l’homme qui lui a pris sa fiancée.

Version égyptienne du Comte de monte Cristo, ce film n’est pas très réussi. Pourtant les superbes décors désertiques auraient pu être le théâtre d’un drame haletant, mais tout manque de nerf. Les combats ne sont pas très impressionnants, l’interprétation plate. Farid Shawki, le John Wayne oriental, a certes de la présence, mais son jeu est ici très monolithique.
En outre, on a peine à croire que les protagonistes ne le reconnaissent pas après ses 15 ans de prison, car il n’a pas du tout changé, de même que les autres personnages qui n’ont pas pris une ride.
Certains passages m’ont fait sourire, notamment quand deux personnages se fixent un duel au sabre le lendemain au pied des pyramides.
En fait, plus qu’un film arabe, on a l’impression de voir une co-production italo-allemande des années 60; la grande danseuse Naïma Akef brille dans ses deux numéros dansés . Sa réputation était parfaitement fondée : quelle grâce!
Tutut
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Music Man a écrit :la grande danseuse Naïma Akef brille dans ses deux numéros dansés . Sa réputation était parfaitement fondée : quelle grâce!
Elle avait une classe folle, ce qu'en disait Henri Barakat :
C'est ma jeunesse... c'est mes débuts au cinéma... c'est un nom qui a affiché "complet" à la sortie de son premier film "Le pain et le sel".
A l'époque, j'avais cherché à comprendre... à comprendre le secret du succès... le secret qui fait d'une personne une "star"...

Et les années passèrent... Je faisais des films... Elle en faisait aussi... On ne se connaissait pas... Et un jour, on me demande de mettre en scène un "remake" du "Comte de Monte Christo" que j'avais tourné dans les années cinquante avec Samia Gamal... Je pense à Naïma.
Et ce fut notre première rencontre : la rencontre avec la douceur... la docilité... l'amour du travail... J'ai rencontré la vedette qui n'a pas d'autre souci que collaborer avec son metteur en scène... pour "faire mieux".

Actrice... c'est la comédienne moyenne... Danseuse... c'est la classe. La grande danseuse sans vulgarité... décente... gracieuse... interprétant la musique orientale comme elle doit être interprétée. Avec Tahia Carioca et Samia Gamal, elle formait le trio de la "danse orientale".
On m'a dit... C'est normal... C'est normal... Elle vient du cirque où elle a travaillé avec sa famille... On m'a dit... On m'a dit...
Ce que je sais... C'est que j'ai rencontré une fille adorable qui se tuait pour faire mieux... qui avait en elle une beauté qui voulait se manifester...
Et c'est peut-être ça qui a fait d'elle une "star".


Music Man
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Tutut a écrit : Naima Akef avait une classe folle,
Je partage entièrement ton avis. C'est un extrait de Fleur de henné?
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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PIEDS NUS SUR UN PONT DORE de Atef SALEM - 1977
Avec Hussein FAHMY, Mervat AMINE, Myriam FAKR EL DINE, Nagwa FOUAD

La jeune Camélia veut devenir star de cinéma. Elle rencontre son acteur préféré qui décide de la lancer dans le milieu. Finies les tresses d’écolière : la belle s’habille désormais de tenues moulantes. Mais dans une crise de jalousie, son beau prince tente de la violer. Mortifiée, elle essaie de se suicider. Elle obtient un contrat avec un cinéaste pour jouer dans un remake de la dame aux camélias, version moderne. Mais un vilain producteur très attiré par elle veut l’empêcher de jouer. Tout finira très mal.

J’ai été atterré par ce film vraiment exécrable, dont la réalisation m’a fait pensé à ces feuilletons américains à l’eau de rose qui sont diffusés en début d’après midi. Rien n’est vraisemblable dans cette galère, les décors seventies sont aussi laids que les robes de Mervat Amine. Cette splendide comédienne , absolument ravissante, a pourtant bien du talent et parvient à être convaincante dans la grande scène de sacrifice où la réalité rejoint la fiction. Mais vraiment, c’est vraiment du gâchis dans un pareil navet.
En plus le film ne possède même pas le « je ne sais quoi » qui permet d’en rire au 3ème degré et de passer un bon moment de rigolade, malgré la fin plutôt gore et l’interprétation ahurissante d’Adel Adham. La bande sonore rappelle étrangement le carmina burana de Carl Orff.
J’ai lu que le réalisateur voulait ici rendre un hommage à Camélia, star de cinéma des années 40 et maîtresse du roi Farouk, qu’il avait lancé autrefois, disparue tragiquement à 21 ans. Elle méritait sûrement mieux.
Tutut
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Music Man a écrit :
Tutut a écrit : Naima Akef avait une classe folle,
Je partage entièrement ton avis. C'est un extrait de Fleur de henné?
Bien vu. :)
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KOWEIT CONNECTION (Ziab la ta'kol al la hem) de Samir A Khouri -1973
Avec Nahed SHERIF, ʻIzzat ʻAlāyilī, Silvana Baderkhan


Après avoir trafiqué avec la mafia, un ancien journaliste, meurtri par les conflits qui l’ont profondément traumatisés retrouve une prostituée qu’il avait connue au Vietnam. Elle l’héberge et le soigne chez elle pendant que la police le recherche. Son mari est ensuite assassiné…

Alors voila bien un OVNI dans l’univers du cinéma arabe!
Ce polar érotique très violent s’inspire de French connection et de films d’actions américains. Outre d’innombrables courses poursuites et cascades en voiture plutôt bien filmées (c’est un français qui les assure), des scènes hyper violentes (notamment le massacre dans l’abattoir où une turie a lieu parmi les moutons; franchement, j’ai fermé les yeux, car malheureusement les scènes sur les animaux n’étaient pas simulées…), de l’érotisme tel qu’on n’en a jamais vu dans un film arabe (Nahed Sherif , la vamp des années 60, Silvana Baderkhan et d’autres figurantes ont plusieurs scènes de nu intégral, alors que cela ne colle pas forcément avec l‘intrigue) et pour cause, car peu après la sortie du film, qui sera interdit dans de nombreux pays, une circulaire du Président de la république Anwar el Sadat donne ordre de purger de toutes scènes de sexe les films afin qu’ils puissent être vus aussi bien par des mineurs que par les adultes! L’acteur principal, qui garde son slip kangourou, viendra même présenter ses excuses à la télé pour cette erreur de jeunesse.

Rajoutons à tout cela une vieille mamie aux tendances lesbiennes, des meurtres de prostituées, une tueuse qui abat ses victimes au revolver ou au rasoir…
Et bien, au final, j’ai trouvé que ce film assez décousu mais très rythmé était plutôt réussi, et au moins bien réalisé(avec beaucoup d‘audace dans les prises de vue), ce qui est rare en Egypte. Il s’en dégage une réelle atmosphère de violence et de frayeur, avec des clins d’œil gore à Psychose (scènes avec la fausse vielle dame qui assassine cruellement ses victimes) et à d’autres films américains et aux giallos italiens. Bon, parfois, on frise aussi le ridicule, mais globalement, le film se tient
et flotte largement au dessus de la production égyptienne du moment. A voir.

Disponible en DVD chez fine art film, avec sous titres français
Dernière modification par Music Man le 28 mars 10, 18:53, modifié 1 fois.
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LE CHARMEUR de Fateen Abd Elwahab -1958
Avec Farid SHAWQI, Hind ROSTOM

A peine sorti de prison, un malfrat se fait passer pour un sorcier pour duper un trafiquant de drogue très naïf, puis exploiter la crédulité d’un handicapé qui compte bien sur ses pouvoirs surnaturels pour recouvrer l’usage de ses jambes. Mais le vilain lui prendra son argent et même sa femme.

En essayant d’analyser ce film sur la manipulation et la crédulité, je ne peux m’empêcher de penser à la naïveté du public populaire suffisamment crédule pour suivre un film aussi grossièrement joué. Aucune personne normalement constituée n’aurait pu tomber dans les griffes du sorcier incarné par Farid Shawqi, dont les incantations sont ridicules à souhait. Néanmoins, il s’agissait peut être d’une farce . J’avoue ne pas avoir saisi la portée exacte de ce film. J’imagine qu’il faut le prendre comme un patchwork de comédie loufoque, de drame et de suspens? En tous les cas, le résultat est plutôt indigeste. Il est néanmoins bien photographié.
Le film finit par le retour en prison du héros où les détenus l’accueillent avec un salma ya calame dont les motifs ont servis de base à un succès de Dalida.
Dernière modification par Music Man le 6 avr. 11, 18:48, modifié 2 fois.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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MONSIEUR LION (assaba afendi) de Khushid Amad -1951
Avec Serag MOUNIR, SHADIA, Farid SHAWKI,

Adaptation arabe du Passe muraille, le roman de Marcel Aymé.

Alors que Jean Boyer réalisait en France une adaptation de la nouvelle de Marcel Aymé, les studios égyptiens nous proposaient une version édulcorée mais prenant pour héros, le même petit employé pusillanime, victime de harcèlement moral par sa hiérarchie, qui grâce à son étrange don va connaître la fortune, avant de perdre ses pouvoirs et se retrouver coincé…dans une pyramide!
C’est un film tout à fait regardable et très correctement réalisé par rapport à la production locale de la même époque. L’acteur principal (que je n’ai pu identifier, hélas) est attachant . Pas mal de chansons (plusieurs chantés par une toute jeune Shadia) et un numéro de samba .
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LA FILLE DU MAIRE DU VILLAGE (bent al omda) -de Abbas KAMEL - 1949
Avec Hager HAMDI, Kamel EL SHENAWI

Un docteur s’éprend d’une de ses patientes qui devient sa maîtresse. Il néglige son épouse qui est bien malheureuse . Afin de reconquérir son mari volage, la belle se masque et se fait passer pour une femme du monde.

La stupidité de l’histoire peut faire sourire pourtant j’ai passé un bon moment à regarder cet adultère à l’orientale, d’une part parce que le récit se laissait suivre sans ennui, et que sur un plan sociologique , ça ne manquait pas d’intérêt.
Ici, la femme au foyer modèle est une véritable fée du logis « servante de son mari » pour reprendre les paroles de la maman. Toujours disponible pour cuisiner de bons petits plats ou préparer un bain chaud, et pourtant ces qualités ne semblent pas suffire au mari qui se laisse embobiner par une danseuse. Cette dernière lui propose très sérieusement de l’épouser pour former un ménage à trois : « ta première femme nous fera la cuisine! » .
La vedette et la productrice du film est la belle danseuse Hager Hamdi, une protégée de Tahia Carioca. Élégante et sexy , elle danse avec beaucoup de talent et de sensualité vêtue de tenues transparentes qui jurent un peu avec le rôle de femme au foyer sérieuse qu’elle est sensée défendre. En outre, elle ondule 100 fois mieux que l’actrice qui joue la danseuse professionnelle. Mais ces incohérences font sourire.
Un bon divertissement à condition de laisser son cerveau de coté.
Dernière modification par Music Man le 10 mai 11, 22:44, modifié 1 fois.
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LES DIABLES JOUENT AU FOOT (Al-Shayatin.wal-Koora).1973
Avec Adel IMAM, Hassan YOUSSEF

Pour épater sa copine, un joueur de football veut acquérir une voiture. Comme il n’en a pas les moyens, il décide d’en fabriquer une tout seul en pièces détachées.

Une comédie lourdingue aussi peu subtile et idiote qu’un film des Charlots. A peine supportable.
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UNE FILLE ENDIABLEE (bint shakeya) de Houssam El-Din Mustafa - 1967

Avec Nadia LUTFI, Hassan YOUSSEF

Pour séduire une ravissante infirmière, beaucoup de jeunes hommes font des pieds et des mains pour se faire admettre à l’hôpital

Une farce stupide sans aucun intérêt hormis la belle prestance de Nadia Lutfi, dont le charme certain rappelle celui de Melina Mercouri. Elle vaut vraiment mieux que le film.
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LE SOLEIL NE SE LEVERA JAMAIS PLUS (La tutfi el sans) de Salah Abou Seif -1962
Avec Faten HAMAMA, Shukri SARHAN, Imad HAMDI, Nadia LUTFI

Ahmed, jeune homme sensible et tourmenté a le plus grand mal à faire régner l’ordre sur la maisonnée. L’une de ses sœurs entretient une liaison avec un homme marié. Le mariage arrangé en catastrophe pour caser la jeune femme tournera évidemment très mal. Son jeune frère avide d’indépendance, très contrarié par une altercation familiale se tuera dans un accident …..

Salah Abou Seif, l’un des cinéastes du monde arabe les plus réputés des années 50-60 considéré comme le "vrai bâtisseur du cinéma réaliste" nous livre encore ici une saga familiale qui n’est pas sans rappeler les oeuvres de Douglas Sirk . C’est avec talent (du moins dans la première partie du film) qu’il dépeint cette famille aisée où tout se délite. Le frère aîné, maladroit et misanthrope a le plus grand mal à sortir de sa coquille tandis que ses sœurs font les 400 coups. Si le montage laisse parfois à désirer (il m’a même semblé apercevoir l’ombre d’une caméra dans le désert), la direction des acteurs est irréprochable et la grande Faten Hamama brille encore dans un rôle difficile de jeune femme qui n’hésite pas à briser les conventions en partageant un appartement avec un homme marié et Shukri Sarhan se sort bien de son rôle de frère possessif et impulsif, dépassé par les évènements et totalement incapable d’apporter à ses frères et sœurs le soutien, la force et la compréhension dont-ils ont besoin (la scène où il gifle sa sœur avant de la piétiner est impressionnante). Hélas, dans la seconde partie du film (après le décès accidentel du frère cadet), le cinéaste semble avoir plus de mal à maîtriser son sujet et toute l’audace exprimée dans les scènes impliquant Faten Hamama s’efface devant une fin moralisatrice et trop conventionnelle pas très bien amenée: en participant comme volontaire à la crise du canal de Suez (dont il reviendra blessé mais victorieux), le héros semble retrouver son équilibre et l’amour de la fille qu’il a toujours aimé. Dommage.
Le film a été présenté au festival de Karlovy Very en 1962.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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LA JUSTICE DU CIEL (adl al samaa) de Ahmed Kamel Morsi 1948

Avec Hussein RIAD, Fardous HASSAN, SHADIA, Kamel EL CHENAWI, Abdul SALAM EL NABULSI

Un honnête homme est injustement condamné pour un crime. Pendant son emprisonnement, sa femme est contrainte de travailler comme entraîneuse dans un cabaret. Quinze ans plus tard, à sa sortie de prison, le faux coupable sympathise avec un jeune homme qui n’est autre que le fiancé de sa fille…

En voila du mélo et du gros! En dépit de la juste interprétation d’Hussein Riad, on ne saurait comparer les déboires de ce monsieur très comme il faut au faux coupable d’Hitchcock, tant la destinée de ce pauvre homme broyé par les arcanes de la justice manque d’analyse et de profondeur : il s’agit juste d’un bon gros mélo pour faire pleurer Margot. Vers la fin du film, les coups du sort s’enchaînent dans la plus grande incohérence, sans le moindre souci de crédibilité : comme par hasard, à peine sorti de prison, l’infortuné Hussein Riad est sauvé par un bon samaritain. Le vrai coupable du crime est pris sur le fait dans les dernières minutes et avoue tout. Cela dit, même si c’est totalement invraisemblable, le film se laisse malgré tout regarder, surtout pour apprécier une des premières apparitions à l’écran de la lumineuse Shadia qui va pendant 35 ans va demeurer une des plus grandes vedettes féminines d’Egypte.
Dernière modification par Music Man le 7 déc. 10, 22:22, modifié 1 fois.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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DERIVE SUR LE NIL (Tharthara Fawq al-Nil ) de Hussein KAMAL -1971
Avec Ahmed RAMZI, Magda EL KHATIB, Mervat AMIN, Emad HAMDI

En 1967, peu après la guerre des 6 jours, de riches désœuvrés se retrouvent la nuit dans une péniche pour se droguer et oublier leurs problèmes. Lors d’une virée à la campagne, ils renversent et tuent accidentellement une paysanne. Lâches et égoïstes, ils préfèrent fuir que de porter secours à la malheureuse…

Critique très corrosive d’une certaine société égyptienne dépravée composée d’intellectuels, comédiens, avocats , Dérive sur le Nil est un excellent film tout à fait singulier dans l’histoire du cinéma égyptien. Adaptation d’un roman du grand Naguib Mahfouz, le film dresse au vitriol le portrait d’artistes oisifs et égoïstes passant le plus clair de leur temps à se droguer. Les scènes d’ « ivresse » sont d’une grande audace et particulièrement percutantes, notamment celles où toute la clique s’amuse à escalader la statue d’un pharaon, et à bafouer ainsi tout un pan de leur histoire et de leurs origines avec un total irrespect. Le film tente avec acuité de comprendre comment une telle confusion et désillusion a pu s’installer à la fin de l’ère Nasser au travers différents personnages paumés ou vides que rien ne semble rattacher à la réalité et qui semblent totalement dépassés par les évènements. La visite d’une ville dévastée par la guerre et les bombardements va tout de même ébranler la conscience de l’un d’eux tandis que les autres continueront à dériver au propre et au figuré sur la fameuse péniche.
J'ai même été un peu dérangé par cette attaque systématique de tous les membres de la péniche, y compris de la jeune femme qui monnaye ses charmes auprès de son riche amant pour nourrir ses frères et soeurs. Quant à la fan de cinéma amoureuse d'un bellâtre du grand écran, elle est qualifiée de rebut de la société. Si les intentions du cinéaste et du romancier sont louables, on peut s'interroger sur la solution proposée ou figurant en filigrane. il ne faudrait pas que l'opium que consomment en quantité les personnages du film soit remplacé par des idéologies rigoristes tout aussi toxiques et annihilantes pour chacun. La réalisation et l’interprétation sont brillantes (belles trouvailles visuelles comme la scène où Emad Hamdi embrasse Mirvat Amin sur le billard).
Au passage, le film égratigne le milieu du cinéma égyptien, la journaliste intello (Magda EL KHATIB) prétendant qu’ils sont tous nuls et reposent tous sur le même scénario…A un moment, nous assistons au tournage d'un film en couleurs d'un acteur de la clique de drogués : une comédie musicale kitch et moche où la vedette se déguise en femme pour essayer de se rapprocher de celle qu'il aime : une parodie d'autant plus percutante qu'elle n'est qu'un exact reflet de la majeure partie du cinéma égyptien qui se tourne à l'époque, En tous les cas, ce film intelligent et réfléchi, fait exception à la règle. Une œuvre majeure du cinéma égyptien, que je recommande fortement.
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Re: Cinéma égyptien et arabe

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UN CŒUR DANS LA NUIT (qualb fe zalam) de Adly KHALIL - 1961
Avec Rushdy ABAZA et IMANE

Pour échapper à sa modeste condition, une jeune fille épouse un vieil homme fortuné.
Elle ne tarde pas à le tromper avec un ancien fiancé, employé de son mari.


Un mélo égyptien typique des années 50-60, interprété de façon convaincante et réalisé sans originalité. Des pages musicales empruntées aux gros succès américains du genre (three coins in the fountain, écrit sur du vent) viennent illustrer cette histoire moralisatrice qui commence un peu comme un roman photo et finit par une succession de drames ; Si le personnage de la jeune fille arriviste (incarnée par Imane, la plus mignonne des vedettes égyptiennes d’autrefois) est dépeint sans trop d’animosité, le sort que lui réserve le film ne laisse pas de doute : son amant va mourir dans une explosion et la pècheresse perdra l’usage de ses jambes dans un accident de voiture ; comme le dit une voix off bien sentencieuse à la fin du film : Dieu est miséricordieux.
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