Jean Negulesco (1900-1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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joe-ernst
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Re: Jean Negulesco

Message par joe-ernst »

Ann Harding a écrit :Il faut aussi lire les souvenirs de Jean Negulesco: Un flâneur à Hollywood (1988, Presse de la cité). Un très bon bouquin où on le suit de Roumanie, puis à Paris où il habite le Montparnasse des artistes avant de partir pour Hollywood.
Merci, Ann, j'en prends note ! :wink:
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Bugsy Siegel
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Re: Jean Negulesco

Message par Bugsy Siegel »

"Three Strangers" vu au CdM m'avait beaucoup plu, j'aimerais bien le revoir. Un DVD serait le bienvenu.
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
joe-ernst
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Re: Jean Negulesco

Message par joe-ernst »

La femme aux cigarettes (Road House, 1948).

L'ouverture de ce topic m'a poussé à regarder ce film récemment acquis et je ne l'ai pas regretté. C'est du tout bon, ou comment faire d'un scénario somme toute banal un film prenant de bout en bout. Le quatuor de stars y est pour beaucoup : Ida Lupino est sublime, tour à tour femme fatale, séductrice (la scène au bowling est géniale), bonne copine, amoureuse, femme enfant, et sa manière de chanter, et cette façon de prendre une cigarette, de la rouler très brièvement entre ses doigts mais avec quelle sensualité avant de la porter à ses lèvres, bref une composition mémorable. Richard Widmark, dans un rôle de psychopathe à la Tommy Udo, ricanements et rire de fou compris, est hypnotisant et terrifiant à souhait. Face à eux deux, Cornel Wilde, dans le rôle du bon gars, fait ce qu'il peut mais avec talent. Enfin Celeste Holm, modèle d'élégance morale et de dévouement, lucide et généreuse sans jamais tomber dans la mièvrerie. La mise en scène est excellente, avec une dernière partie rappelant The Most Dangerous Game, et soutenue par une photo splendide, notamment dans la scène de la première chanson. Si l'on ajoute que les dialogues sont efficaces et caustiques, on tient là sans doute un des meilleurs films de Negulesco.
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angel with dirty face
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Re: Jean Negulesco

Message par angel with dirty face »

Ann Harding a écrit :Il faut aussi lire les souvenirs de Jean Negulesco: Un flâneur à Hollywood (1988, Presse de la cité). Un très bon bouquin où on le suit de Roumanie, puis à Paris où il habite le Montparnasse des artistes avant de partir pour Hollywood.
C'est effectivement un très bon livre, en plus je trouve l'édition française très jolie...
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Re: Jean Negulesco

Message par santiago »

Dimanche, au cinéma de minuit (passé), ne pas rater The mask of Dimitrios.
Une alimentation saine dirige l'énergie sexuelle dans les parties concernées
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Message par Nestor Almendros »

LE MASQUE DE DIMITRIOS (Cinéma de Minuit)

Curieuse entreprise qui ne peut vraiment s'expliquer, j'ai l'impression, que par la volonté affichée de réunir à nouveau l'excellent duo Peter Lorre-Sydney Greenstreet. Si le film emprunte la voie du "film noir" c'est pour mieux aggriper le spectateur dans une série d'intrigues manipulatrices. La sensation d'être balladé (comme l'âne courant après sa carotte) ne m'a plus quitté au bout d'un moment, à force de circonvolutions à n'en plus finir, de dialogues extensibles et d'intérêt evanescent. Non que ce fut désagréable, le film reste sympathique un temps, mais le scénario cousu de fil blanc a fini par ne plus m'étonner. J'y ai vu un "simple" film de série, honnêtement fait, s'ingéniant à proposer un spectacle dépaysant (les voyages en Europe entièrement tournés à Hollywood) avec un casting béton. Le charme a fait le reste, mais je reste quand même peu enjoué au final: pas trop ma came...

autre avis:
Lord Henry (le 21 aout 2004) a écrit :The Mask of Dimitrios (1944)

Intrigué par la personnalité du criminel international Dimitrios Makropoulos dont le cadavre s'est échoué sur une plage d'Istanbul, l'écrivain de romans policiers Cornelius Leyden (Peter Lorre) décide de rencontrer ceux qui croisèrent sa route.
Chemin faisant, il s'alliera au mystérieux Mr Peters (Sydney Greenstreet) dont le concours s'avère des plus intéressé.

The Mask of Dimitrios exhale le charme fragile du cinéma des petits maîtres, celui empreint d'un semblant de style qu'un rien suffirait à briser. Jean Negulesco – dont ce fut la première réalisation – filme avec méticulosité la résurrection de cet enchevêtrement d'intrigues et sa cohorte de fantômes tragiques.

Je ne me lasserai décidément jamais de la fréquentation du couple cinématographique dont la compagnie me ravit plus que tout autre: Peter Lorre et Sydney Greenstreet – ici en vedette, passant avec bonheur d'un rendez-vous mystérieux dans quelque chambre d'hôtel, aux ruelles sombres peuplées d'ombres menaçantes.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Cathy
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Re: Notez les films Naphtas-Mars 2009

Message par Cathy »

La Fontaine des amours - Three coins in a Fountain (1954) - Jean Negulesco

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Les aventures sentimentales de trois jeunes américaines travaillant à Rome

Tout comme Comment épouser un millionnaire le film débute par un long prélude musical permettant d'entendre la chanson titre interprété par Frank SInatra (à noter que dans le DVD Fox zone 1, la chanson est traduite dans la version française :evil: ) et surtout de faire un long tour des fontaines de Rome (jardins de Tivoli, Palais Borghese, et naturellement la Fontaine de Trevi). On reprend également trois jeunes femmes, deux qui se connaissent bien et une troisième qui arrive pour travailler. Toutes les trois sont aussi à la "recherche" de l'amour, c'est en réalité l'arrivé de de la troisième Maggie McNamara qui va être l'élément déclencheur. Passionnée, elle va chercher à faire tomber dans ses filets le prince italien séducteur par excellence, va révéler à celle qu'elle remplace que le traducteur de la société est amoureux d'elle, la troisième plus âgée fera son chemin seule. Le scénario est donc un peu semblable, mais ici nous sommes plus dans le registre de la comédie "romantique, dramatique" que de la pure comédie, même si celle-ci est encore présente dans quelques scènes.
Jean Negulesco promène sa caméra dans les rues de Rome et de Venise, visiblement l'Italie avait la cote chez les réalisateurs américains, mais où Daves a magnifié l'Italie, Negulesco se contente de la photographier, sans grand génie. Le film est toutefois agréable et fait passer un bon moment, en grande partie grâce aux interprètes Dorothy McGuire en vieille fille amoureuse d'un Clifton Webb, écrivain misanthrope bourru, Louis Jourdan promène sa distance habituelle dans ce rôle de "dragueur", Maggie McNamara pétillante en petite chipie, Jean Peters et Rossano Brazzi en supposé amants, mais on sent que le discours libéraliste sexuel est encore très léger, contrairement aux mélos tournés seulement cinq ans plus tard.
Alors pour finir un charmant film touristique, sympathique, une jolie comédie romantique. Ce qui est amusant par contre, c'est la mise en avant dans les bandes annonces du son stéréophonique et du cinémascope plus large, plus profond !
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Jeremy Fox
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Jeremy Fox »

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Papa Longues Jambes (Daddy Long Legs, 1955)

Après avoir valsé dans les bras de Gene Kelly (Un Américain à Paris) et de Mel Ferrer (Lili) et avant de tomber dans ceux de Louis Jourdan (Gigi), Leslie Caron était passée aussi par ceux de Fred Astaire dans ce Papa Longues Jambes qui, contrairement à sa réputation peu flatteuse, ne démérite pas aux côtés de ces titres prestigieux et s’avère au contraire une comédie musicale tendre et exquise qui n’a rien à envier aux productions d’Arthur Freed. En effet, il s’agit du seul film que Fred Astaire a tourné pour le studio le plus concurrentiel de la MGM dans le domaine du ‘Musical’, à savoir la 20th Century Fox.

L’histoire est celle de Preston Jarvis (Fred Astaire), un riche homme d’affaire américain qui, au cours d’un voyage à Paris, tombe sous le charme de Julie (Leslie Caron), une orpheline qu’il aperçoit de loin ; il souhaite l’adopter mais un ambassadeur de ses amis lui fait comprendre que la bienséance risquerait d’être mise à mal et que les ragots iraient alors bon train. L’idée lui vient alors de devenir son bienfaiteur sans jamais se faire connaître. Le tuteur anonyme inscrit donc Julie dans une université qu’il finance. Pour le remercier de ses bienfaits, elle lui envoie une lettre hebdomadaire qui reste toujours sans réponses. Ce silence la chagrine fortement mais ne l’empêche pas de tomber amoureuse de ce mystérieux ‘Daddy Long Legs’. La secrétaire de ce dernier, émue par les sentiments de la jeune fille, va tout faire pour les faire se rencontrer…

C’est la quatrième adaptation cinématographique d’un roman semble-t-il à l’eau de rose de Jean Webster dont Darryl F. Zanuck rêvait depuis le début de la décennie de transposer en comédie musicale. Il soumit l’idée à Fred Astaire au moment où son contrat avec le MGM arrivait à expiration. Bien lui en a prit et l’on peut d’ailleurs se demander pourquoi ce film enchanteur n’a pas plus la cote d’autant que Jean Negulesco et ses scénaristes ont évité de sombrer dans la mièvrerie qui les attendait au tournant ! En effet, tout y est au contraire délectable à commencer par la prestation du danseur qui venait pourtant de perdre son épouse en cours de tournage. Tour à tour drôle, dynamique, charmant et touchant, il forme avec la charmante Leslie Caron un couple tout à fait délicieux. Outre lors de la superbe et célèbre chanson ‘Something’s Gotta Give’ qui commence sur une terrasse devant un New York nocturne de studio absolument magique et qui se termine par des danses tourbillonnantes dans un couloir d’hôtel luxueux, on les retrouve dans un ‘Sluefoot’ enlevé ; leur romance est émouvante et particulièrement convaincante. Musicalement réussi, le film nous offre également deux splendides séquences oniriques traduites à l’écran par des ballets de Roland Petit aussi beau plastiquement (les décors dessinés sont superbes) que dans leurs chorégraphies, véritable festival Leslie Caron successivement en tutu, en vamp ou en adorable pierrot lunaire. Les deux acteurs principaux sont très bien entourés notamment par le duo Thelma Ritter et Fred Clark (la secrétaire et le chargé d’affaires du millionnaire) qui nous concèdent eux aussi de succulentes interprétations. Les dialogues et situations à quiproquos sont savoureux, le film ne voit à aucun moment son rythme faiblir et Jean Negulesco a rarement aussi bien utilisé le cinémascope (en tout cas bien mieux que dans son médiocre Comment épouser un millionnaire) nous prouvant ici qu’il n’avait pas totalement perdu son talent en passant à la Fox comme il a souvent été dit (la ‘Negulesconnerie’ d’un critique français n’était donc pas totalement justifiée). Il faut dire qu’il a été fort bien secondé par une chaude photographie de Leon Shamroy et par de somptueux décors qu’il s’est plu à filmer avec beaucoup de goût. Papa Longues Jambes, une comédie romantique musicale au charme prégnant, drôle, pétillante et jamais ennuyeuse ; le sourire ne devrait pas quitter pas vos lèvres du début à la fin.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Best »

Ca donne envie :D

Je ne vais surement pas tarder à me laisser tenter !
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Jeremy Fox
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Jeremy Fox »

Best a écrit :Ca donne envie :D

Je ne vais surement pas tarder à me laisser tenter !
En espérant qu'il te plaira. Pour comparaison avec un autre film assez ressemblant, je l'ai trouvé plus frais et plus léger que Funny Face de Donen (qu'il faut cependant que je revois assez vite d'autant plus que je l'avais promis à Cathy). Mais je pense être minoritaire sur le coup :oops:
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Sybille »

J'avais découvert Papa longues-jambes il y a deux ans, ayant acheté le dvd sans trop de conviction, et d'ailleurs à ma première vision je n'avais pas été particulièrement enthousiasmé. Je l'avais revu un peu plus tard et l'avais mieux apprécié, même si je reste mesuré à son égard. Sans conteste je préfère Funny face, même si à première vue je ne vois pas trop la ressemblance entre les deux.
En tout cas il y a quand même dans le Negulesco la superbe chanson romantique Something's gotta give très bien chanté par Fred Astaire, le numéro de danse qui suit est très joli (la robe blanche de Leslie Caron aussi, elle me fait un peu penser à celle de Cyd Charisse dans Tous en scène). Je me souviens aussi de beaux décors dans des tons bleutés (je crois), dans un numéro où Fred Astaire incarne l'ange-gardien de Leslie Caron, l'occasion d'une charmante fantaisie poétique. Les seconds rôles sont également bons et drôles (Thelma Ritter et celui qui joue le conseiller d'Astaire). Autrement je n'aime pas trop le ballet de Roland Petit, le début en papillon ni le moment du carnaval, heureusement il y la séduction très sensuellle de Leslie Caron dans le passage où elle danse dans le bar exotique.
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Jeremy Fox
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Jeremy Fox »

Sybille a écrit : Sans conteste je préfère Funny face, même si à première vue je ne vois pas trop la ressemblance entre les deux.
Tout simplement une comédie musicale contant aussi une histoire d'amour entre une jeune fille et un homme plus âgé, tous deux joués par Fred Astaire et tournés à peu près à la même époque. :wink:

Ressemblance un peu tirée par les cheveux mais j'ai tellement lu les deux films comparés avec un avantage sur le Donen que je voulais me ranger au contaire du côté du mal aimé, bien injustement à mon avis. :oops:
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Ducdame »

Jeremy Fox a écrit : Papa Longues Jambes (Daddy Long Legs, 1955)

....Musicalement réussi, le film nous offre également deux splendides séquences oniriques traduites à l’écran par des ballets de Roland Petit aussi beau plastiquement (les décors dessinés sont superbes) que dans leurs chorégraphies, véritable festival Leslie Caron successivement en tutu, en vamp ou en adorable pierrot lunaire. Les deux acteurs principaux sont très bien entourés notamment par le duo Thelma Ritter et Fred Clark (la secrétaire et le chargé d’affaires du millionnaire) qui nous concèdent eux aussi de succulentes interprétations. Les dialogues et situations à quiproquos sont savoureux, le film ne voit à aucun moment son rythme faiblir et Jean Negulesco a rarement aussi bien utilisé le cinémascope (en tout cas bien mieux que dans son médiocre Comment épouser un millionnaire) nous prouvant ici qu’il n’avait pas totalement perdu son talent en passant à la Fox comme il a souvent été dit (la ‘Negulesconnerie’ d’un critique français n’était donc pas totalement justifiée). Il faut dire qu’il a été fort bien secondé par une chaude photographie de Leon Shamroy et par de somptueux décors qu’il s’est plu à filmer avec beaucoup de goût. Papa Longues Jambes, une comédie romantique musicale au charme prégnant, drôle, pétillante et jamais ennuyeuse ; le sourire ne devrait pas quitter pas vos lèvres du début à la fin.
Pas mieux.

En ce qui me concerne, un régal de délicatesse et d'élégance

J'en avais bien besoin :mrgreen:
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Cathy
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)

Message par Cathy »

Je poste ici mon avis sur Daddy Long Legs
Jeremy Fox a écrit :Image Image

Papa Longues Jambes (Daddy Long Legs, 1955) de Jean Negulesco

Après avoir valsé dans les bras de Gene Kelly (Un Américain à Paris) et de Mel Ferrer (Lili) et avant de tomber dans ceux de Louis Jourdan (Gigi), Leslie Caron était passée aussi par ceux de Fred Astaire dans ce Papa Longues Jambes qui, contrairement à sa réputation peu flatteuse, ne démérite pas aux côtés de ces titres prestigieux et s’avère au contraire une comédie musicale tendre et exquise qui n’a rien à envier aux productions d’Arthur Freed. En effet, il s’agit du seul film que Fred Astaire a tourné pour le studio le plus concurrentiel de la MGM dans le domaine du ‘Musical’, à savoir la 20th Century Fox.
En effet, tout y est au contraire délectable à commencer par la prestation du danseur qui venait pourtant de perdre son épouse en cours de tournage. Tour à tour drôle, dynamique, charmant et touchant, il forme avec la charmante Leslie Caron un couple tout à fait délicieux. Outre lors de la superbe et célèbre chanson ‘Something’s Gotta Give’ qui commence sur une terrasse devant un New York nocturne de studio absolument magique et qui se termine par des danses tourbillonnantes dans un couloir d’hôtel luxueux, on les retrouve dans un ‘Sluefoot’ enlevé ; leur romance est émouvante et particulièrement convaincante. Musicalement réussi, le film nous offre également deux splendides séquences oniriques traduites à l’écran par des ballets de Roland Petit aussi beau plastiquement (les décors dessinés sont superbes) que dans leurs chorégraphies, véritable festival Leslie Caron successivement en tutu, en vamp ou en adorable pierrot lunaire. Les deux acteurs principaux sont très bien entourés notamment par le duo Thelma Ritter et Fred Clark (la secrétaire et le chargé d’affaires du millionnaire) qui nous concèdent eux aussi de succulentes interprétations. Les dialogues et situations à quiproquos sont savoureux, le film ne voit à aucun moment son rythme faiblir et Jean Negulesco a rarement aussi bien utilisé le cinémascope (en tout cas bien mieux que dans son médiocre Comment épouser un millionnaire) nous prouvant ici qu’il n’avait pas totalement perdu son talent en passant à la Fox comme il a souvent été dit (la ‘Negulesconnerie’ d’un critique français n’était donc pas totalement justifiée). Il faut dire qu’il a été fort bien secondé par une chaude photographie de Leon Shamroy et par de somptueux décors qu’il s’est plu à filmer avec beaucoup de goût. Papa Longues Jambes, une comédie romantique musicale au charme prégnant, drôle, pétillante et jamais ennuyeuse ; le sourire ne devrait pas quitter pas vos lèvres du début à la fin.

Si les DVD musicaux de la Fox n'ont pas été toujours au top (la première édition du roi et moi était catastrophique), il n'en est pas de même pour ce film car le DVD est magnifique.
Je dois avouer ne pas partager ton enthousiasme débordant pour ce film. Certes ce film est agréable, mais Leslie Caron n'est guère convaincante
Spoiler (cliquez pour afficher)
Elle est plutôt mal photographiée, laide, et semble trop gironde pour être gentille :oops:
. En plus quand Roland Petit lui donne à danser des chorégraphies à la Cyd Charisse, sa plastique n'est vraiment pas la même.
Alors certes, il y a un charme dans cette comédie musicale, mais comme dans quasiment tous les films tournés par Fred Astaire. Celui-ci se montre encore un magnifique danseur. La mise en scène est certes alerte, mais comme souvent avec Negulesco, je dois avouer un gros faible pour "Comment épouser un millionnaire". L'intérêt principal réside dans les chorégraphies de Roland Petit réglées pour son étoile française, et bien caractéristique de ce mélange danse, décors, musique si important à cette époque pourtant il sera bien plus inspiré dans Hans Christian Andersen. Alors effectivement on ne s'ennuie absolument pas, les numéros musicaux sont réussis, mais il manque ce quelque chose à Leslie Caron qui fait qu'on n'adhère pas totalement au film.
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Re: Notez les films naphtalinés - août 2009

Message par Ballin Mundson »

bruce randylan a écrit :
Captives à Bornéo ( Jean Negulesco - 1950 )
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Excellente surprise que ce film d'un réalisateur dont je n'attendais rien.
C'est un drame tiré d'une histoire vraie et écrit par la personne ayant vécu elle-même les événements : Agnes Newton Keith, une écrivaine vivant à Bornéo qui fut envoyée dans un camp de prisonnier puis séparée de son mari lors de l'invasion japonaise en 1941.

Première grosse qualité : à aucun moment le film tombe dans une quelconque propagande. Les ennemis ne sont jamais diabolisé mais décrit avec justesse y compris dans l'aveuglement militariste des japonais. La peinture est tout à fait crédible et il est à parier que l'auteur à du suivre l'adaptation très fidèle. L'héroïne dit d'ailleurs qu'elle déteste la guerre, pas les ennemis mais seulement la guerre. A ce titre le général japonais est saisissant et vraiment très inhabituel. Il donne quelques unes des scènes les plus émouvantes du film tout en rappelant brièvement l'injustice causé par la bombe H sur la population civile.

Mais de manière générale, l'émotion est toujours présente mais là aussi jamais mélodramatiquement ( bon, ok, peut-être la dernière d'autant que le titre US qui spoile à fond mais bon ). Il faut dire que les acteurs sont formidables ( Claudette Colbert en tête, comme d'habitude ), que la réalisation est très sobre et trouve un rythme parfait à sa narration et que la photo en NB est un petit bijou... Bien qu'aucunes scènes ne soit inutiles ou bâclées, certaines sortent tout de même du lot : Colbert malade essayant de rejoindre son mari de l'autre coté de grillages, des GI tentant de franchir des barbelés pour aller fricoter avec les femmes, la dernière scène entre Colbert et le général Japonais et surtout la scène d'au-revoir entre les maris et les femmes/enfants séparé par un petit fossé sont des instants merveilleux dans ce que le mélo à de plus beaux sans verser dans le larmoyant ou le pathétique.
Tout à fait d'accord. Un très joli film.
bruce randylan a écrit : Des DVDs existent aux EtatsUnis et en Angletterre mais je ne connais ni leur qualité ni la présente éventuelle de sous-titres ( je l'ai vu sur le cable dans une copie fatiguée )
J'ai pris celui-ci pour une somme ridicule sur pacific.

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Il est très honorable, même si ça n'est pas comparable avec la qualité des DVD warner.
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