Marco Ferreri (1928-1997)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Jeremy Fox »

L'Audience, film rare et méconnu de Ferreri, ressort en salle ce mercredi chez Tamasa.

La chronique est signée Olivier Bitoun.
Amarcord
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Amarcord »

Jeremy Fox a écrit :L'Audience, film rare et méconnu de Ferreri, ressort en salle ce mercredi chez Tamasa.
La chronique est signée Olivier Bitoun.
Film en effet assez méconnu de Ferreri (on le cite rarement), mais que j'aime beaucoup.
Précisons tout de même que le film est dispo en DVD chez nous... Ce qui n'est hélas pas le cas de nombreux autres films de Ferreri (j'espère encore notamment Break up).
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Addis-Abeba
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Addis-Abeba »

Film méconnu mais passé récemment au cinéma de minuit. Pareil j'ai beaucoup apprécié, typiquement Italien, humour, situation absurde, une Claudia Cardinale à se damner et une critique assez virulente de l'église comme souvent chez Ferreri, dommage que les rôles de Gassman ou Piccoli ne soient pas plus étoffés ou mieux développés.
bruce randylan
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par bruce randylan »

Break Up / Érotisme et ballon rouges (L'uomo dei cinque palloni - 1965)

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Après s'est fait offrir plusieurs ballon gonflable promotionnel, un industriel devient de plus en plus obsédé par la quantité d'air qu'un ballon peut emmagasiner avant d'exploser. Ce qui commençait comme un simple jeu devient un véritable crise

Pendant longtemps, j'ai nourri de sérieux préjugés envers le cinéaste à cause du parfum de scandale autour de la Grande bouffe et la réputation de ses films des années 80's.
J'ai fini par voir La grande bouffe (que j'ai beaucoup aimé :oops: ), ce qui m'a motivé pour surmonter ma phobie et donner sa chance à ce Break up. Grand bien m'a pris puisque j'ai adoré. C'est un film assez incroyable, avec un scénario qui part d'un postulat génialement simple pour devenir de plus en plus profond. On commence comme une comédie de mœurs insouciante, très nouvelle vague dans sa narration relâchée, avant de glisser doucement dans l'abstraction pour finir dans le drame psychologique existentialiste. C'est menée et racontée de main de maître par Ferreri qui effectue sa progression subtilement pour une obsession à la fois insaisissable et totalement compréhensible. Comme dans la grande bouffe, c'est une sort de parabole sur une certaine aliénation de la société de consommation où le point de rupture du ballon renvoie à celui du personnage de Marcello Mastroianni, homme d'affaire très à cheval sur le rendement et la productivité. L'humour un peu loufoque laisse est remplacé au fur et à mesure par un malaise grandissant, inquiétant et dérangeant.

Avec un tel concept, le film connut une vie très compliquée. Effrayé par le premier montage, le producteur Carlo Ponti bloqua l'exploitation avant de le remonter pour en constituer un segment d'une vingtaine de minutes pour le film à sketch Aujourd'hui, demain et après-demain. Face aux bons retours de la partie Ferreri, il débloqua finalement une nouvelle somme pour que le cinéaste tourne de nouvelles séquences (en couleurs !). Mais cette seconde version ne satisfit toujours pas le producteur qui condamna le film a une distribution confidentielle avant de laisser les droits à la MGM et donc chez Warner une fois le studio vendu. Il a donc fallut attendre l'an dernier pour que le film puisse être restaure.
La vingtaine de minutes en couleurs issues du deuxième tournage est pas mal, il fluidifie le virage maladif de Mastroianni mais n’évite pas quelques répetitions qui font un peu retomber l’équilibre d'une narration très affûtée tout en faisant des concessions à un esthétisme pop très vogue à l'époque (excellente BO au passage).

En tout cas, il faut désormais espérer que Break Up trouve une nouvelle exploitation et enfin son public d'autant que Mastroianni livre l'une de ses meilleures prestations.
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Kevin95
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Kevin95 »

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L'UOMO DEI CINQUE PALLONI (Break-up, érotisme et ballons rouges) - Marco Ferreri (1965) découverte

Culte car invisible, le film de Marco Ferreri est introuvable de chez introuvable (arrêtez de regarder le net croyez-moi) mais vise à une résurrection grâce à une récente restauration d'une Cinémathèque italienne. Le pitch du film a déjà de quoi faire saliver (Marcello Mastroianni, imbuvable patron, se prend d'amour pour des ballons en plastique avant de complétement disjoncter) et se retrouve sous diverses formes dans la filmo de Ferreri (version courte pour Oggi, domani, dopodomani / Aujourd'hui, demain et après-demain, version revolvérisée pour Dillinger è morto / Dillinger est mort). Le résultat est moins fendard que dérangeant, le réalisateur sait ce qui gratte et insiste sur l'aspect malsain de son intrigue sans tomber dans la sécheresse d'un Dillinger è morto. Si Carlo Ponti en bon producteur a renommé le film en référence au Blow-Up de Michelangelo Antonioni, le geste n'est pourtant pas totalement stupide (enfin si mais pas que) puisque les deux films partagent plus d'un point commun. Radioscopies l'Europe des 60's, se dégage des deux une mélancolie sous les couleurs flashes et la mise en scène d’un homme aux idées fixes qui va complétement perde pied. La fin coupe court aux vagues sourires possibles chez le spectateur et aligne le film sur d'autres du réalisateur (La Grande Bouffe entre autres). Étrange, par moment hésitant, mais plus on repense à L'uomo dei cinque palloni, plus on lui trouve des qualités.
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Jack Carter »

Même pas un mot sur Catherine Spaak... c'est un scandale !!! :o
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Kevin95
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Kevin95 »

Jack Carter a écrit :Même pas un mot sur Catherine Spaak... c'est un scandale !!! :o
Très beau nombril.
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Amarcord »

Pour les Parisiens, au cinéma L'Arlequin, ce vendredi 26 janvier à 13h30, en présence de Serge Toubiana et d'Andrea Ferreol, projection de Lucida follia di Marco Ferreri, un documentaire d'Anselma dell'Olio racontant l'histoire de Marco Ferreri, dans lequel interviennent également Roberto Benigni et Isabelle Huppert... Je n'ai pas trouvé d'info sur une sortie nationale, ou en tout cas plus large...
La bande-annonce :
>>> https://vimeo.com/229193006/16946366ae
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :Liza (1972)

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En croisière sur un yacht avec des amis, Liza éprouve l'envie de tout quitter et nage jusqu'à l'île la plus proche. Elle fait la connaissance du propriétaire des lieux, Giorgio, qui vit seul dans une boule de pierre. Ils passent la nuit ensemble. Giorgio la ramène à terre mais Liza revient, tue le chien et prend sa place.

On se souviendra plus de ce Liza pour avoir été le film de la rencontre du couple Catherine Deneuve/Marcello Mastroianni que pour être un grand cru de Marco Ferreri. Le postulat (adapté du roman Melampus de Ennio Flaianoa et adapté par Jean-Claude Carrière) a pourtant tout pour intriguer au vu des vertus provocatrices d'un Marco Ferreri qui signerait La Grande Bouffe l'année suivante. Giorgio (Marcello Mastroianni) est un peintre ayant fui la civilisation et vivant seul avec son chien sur une île au sud de la Corse. Ce quotidien paisible se voit troublé par l'arrivée de Liza (Catherine Deneuve), jeune femme ayant quitté sa croisière sur un coup de tête et s'accrochant à lui désormais. Seulement les minauderies et caprices de Liza ne trouvent guère d'échos chez un Giorgio qui s'il n'est pas insensible à ses charmes préférera toujours la compagnie et la conversation de son chien... Qu'à cela ne tienne la belle va provoquer la mort du canin pour susciter plus d'attention, jusqu'à se substituer à lui dans un jeu d'amour et de soumission étrange et dangereux.

Au départ on est aussi intrigué que captivé par la beauté des images et d'une Catherine Deneuve radieuse et dévêtue plus souvent qu'à son tour. On voit le rapport curieusement s'inverser, celle qui se plaisait à plier le monde à ses caprices soudainement s'épanouir dans la soumission/humiliation quand celui ayant fui les hommes trouve un nouvel éclat de vie par cette domination. Les séquences curieuses et embarrassantes s'enchaînent donc, Catherine Deneuve ramenant le bâton lancé par son "maître", attendant la tape et le regard approbateur de celui-ci et lui léchant le visage avec affection... Ces scènes sont tellement étranges que l’on n’arrive même pas complètement à songer au machisme qu'elles dégagent pour simplement en rester à l'absurde, l'ensemble ne tenant la route que par la conviction des personnages pour exprimer cette relation qui montrera ses limites confrontée à la civilisation. La séquence où Catherine Deneuve fidèle et docile retrouve la trace de Mastroianni reparti vivre en ville vaut ainsi le détour, sur la corde raide entre la tendresse réelle et le ridicule.

Malheureusement passé cet argument et l'abattage du couple vedette l'intérêt se dilue progressivement faute d'enjeu dramatique concret auxquels s'accrocher et c'est l'ennui qui domine. Le retour à une relation "normale", au contraire une poussée plus extrême dans la déviance, rien de tout cela n'est réellement creusé et pour compliquer le tout Ferreri ajoute encore une dimension vaguement politique et philosophique avec l'évocation du marxisme ou la dénonciation de la brutalité militaire (supposée plus barbare que le lien unissant nos héros). D'une beauté plastique indéniable et mettant magnifiquement Catherine Deneuve en valeur, une curiosité tout au mieux donc. Quelques années plus tard, Catherine Deneuve ira enquiquiner un autre reclus dans un film un peu plus vivant, Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau. 2,5/6
« Avec qui je vais parler maint’nant! »
J’ai adoré cette réplique de Mastroianni quand il découvre que Deneuve a tué son chien Melampo (j’ai cru à l’accident au départ mais je crois que tu as raison vu le regard de Deneuve avant de se jeter à l’eau).
Deneuve est extrêmement sexy et Mastroianni très drôle avec pourtant pas grand chose à jouer. Rappeneau prouvera qu’on pouvait faire beaucoup mieux avec une même base de départ. Le Ferreri est plus érotique et plus profond mais manque d’une intrigue un peu plus consistante. Un bon moment néanmoins pour ma part.
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Jeremy Fox »

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Boubakar
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Re: Marco Ferreri (1928-1997)

Message par Boubakar »

A noter que Le mari de la femme à barbe est dispo sur la plateforme TF1 +
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