Out of The Fog (1941, A. Litvak) avec John Garfield, Ida Lupino, Thomas Mitchell et John Qualen
A Brooklyn, Jonah Goodwin (T. Mitchell) et Olaf Johnson (J. Qualen), des pêcheurs à la ligne, sont victimes d'un racketteur, Harold Goff (J. Garfield). Ils doivent lui payer 5$ par semaine pour éviter de retrouver leur barque incendiée. Puis, Goff commence à tourner autour de Stella (I. Lupino), la fille de Goodwin...
Cette production Warner fait partie des premiers films américains de Litvak. Adapté d'une pièce d'Irwin Shaw,
The Gentle People, le film nous plonge dans l'atmosphère poisseuse de la zone portuaire de Brooklyn. Les gens sont laborieux et pauvres. La pêche est le seul loisir de Goodwin (T. Mitchell), un tailleur, et d'Olaf (J. Qualen), un cuisinier harcelé par sa patronne. Au milieu de ces braves gens, il y a le voyou ricanant et sans morale joué par John Garfield. Il s'en donne à coeur joie en mauvais garçon sans foi ni loi qui connait toutes les ficelles pour échapper à la loi. Si on refuse de le payer, il incendie ou il tabasse avec méchanceté. Le personnage est totalement noir et n'engendre aucune sympathie. On apprécie cependant la performance de Garfield qui joue le rôle à fond dans la noirceur. Ida Lupino est à nouveau une pauvre fille qui se laisse séduire par ce racketteur aux poches bien garnies. Elle ne veut pas croire qu'il soit capable de meurtre ou de violence. Elle est fatiguée par son travail de téléphoniste et elle supporte de moins en moins son petit ami (Eddie Albert) qui ne lui offre aucune perspective. Les manigances odieuses de Garfield vont pousser Thomas Mitchell à agir pour protéger sa fille. On sent que la censure à du passer par là pour permettre à Mitchell et à Qualen de se débarrasser de Garfield sans être inquiété par loi. Ce quasi film noir est bien réalisé par Litvak aidé par un James Wong Howe en pleine forme derrière la caméra. Mais, je trouve que les personnages sont juste un tout petit peu trop caricaturaux pour être totalement crédibles. Ce manichéisme nuit à la crédibilité. De tous, je trouve que Thomas Mitchell est celui qui se sort le mieux de son rôle. Il est le plus humain et le plus sensible. Victime de racket, tabassé, il va trouver le courage d'affronter son bourreau. Garfield et Lupino sont tous deux excellents, mais leurs personnages n'ont pas de zones d'ombres. les seconds rôles sont de très grande qualité avec le scandinave Qualen, Aline MacMahon (dans un rôle sacrifié) et un jeune Eddie Albert en jeune homme honnête et sentimental. Donc, ce n'est pas un très grand film, mais une production honnête et bien réalisée par Litvak. Le film est disponible en Warner Archive (très belle copie).