Anatole Litvak (1902-1974)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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riqueuniee
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par riqueuniee »

Cathy a écrit :Rapatriement de mon commentaire su ma vision récente de Mayerling

Mayerling (1936)

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L'archiduc Rodolphe de Habsbourg, prince héritier de l'Empire austro-hongrois tombe amoureux d'une petite baronne Mary Vetsera. Après une liaison aussi passionnée qu'impossible, ils se suicident à Mayerling.

Tout le monde connaît l'histoire de Mayerling et sa version romantique, à savoir le suicide par amour désespéré de deux amants. Curieusement quasiment à la même époque, le Secret de Mayerling abordera l'autre thèse qui semble plus véridique historiquement parlant de la thèse du complot politique menant à l'assassinat du prince Rodolphe et de sa maîtresse. Anatole Litvak choisit la version traditionnelle et romantique qui donnera lieu en 1968 à un remake signé Terence Young et interprété par Catherine Deneuve et Omar Sharif. La Vienne choisie par Anatole Litvak sent pourtant curieusement les faubourgs parisiens, de par les chansons choisies, notamment la mélopée soit disant "tsigane" qui sonne plus comme du Frehel ou autre chanteuse de l'époque, de par les comédiens aussi, ainsi les deux policiers chargés de suivre Rodolphe ont un accent et des expressions qui sonnent plus parisiens qu'autre chose. Il y a aussi les comédiens, Suzy Prim en Comtesse Larisch ou Gabrielle Dorziat en Impératrice Elisabeth qui malgré sa stature naturelle est loin de l'image que l'on connait de Sissi. Seul Jean Dax en empereur François Joseph semble plus proche des images habituelles. Heureusement que Charles Boyer et Danielle Darrieux sont parfaits dans le couple de héros romantique, lui ténébreux, séduisant et malsain ce qu'il se doit, elle fraiche, innocente, charmante. Malgré ce côté parisien du film, celui-ci n'est pas dépourvu de charme et certaines scènes sont particulièrement réussies comme celle de l'Opéra où se superposent ballet et souvenir de la rencontre entre les deux futurs amants (même si on ne peut une fois encore être qu'étonnée qu'ils écoutent Casse-Noisette créé trois ans après leur mort) ou cette arrivée au bal par une petite fenêtre. Si les acteurs sont trop "français" dans leur interprétation, un soin particulier a été apporté aux décors et aux costumes qui eux restituent assez correctement cette ambiance viennoise ou celle de Mayerling, l'interieur du pavillon de chasse est particulièrement réussi. En dépit de ces quelques petites réserves, Mayerling n'en demeure pas moins une très belle illustration de l'histoire et de la légendre du couple autrichien, le fim étant porté par son couple de vedettes.
Un film que, malgré les faiblesses 'd'interprétation que tu pointes (mention spéciale, pour ça, à Suzy Prim), est pour moi bien supérieur à la version de Terencce Young. Si le film fait parfois un peu trop "français", il restitue quand même quelque chose de l'ambiance viennoise. Darrieux est très touchante , et la scène de la fin (le double suicide) réussie.
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Cathy
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Cathy »

Raccrochez votre erreur, Sorry Wrong number (1948)

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Une femme malade entend une conversation téléphonique qui parle du meurtre d'une femme à 11h15 le soir. Son mari est absent et son seul contact avec l'extérieur est le téléphone

Anatole Litvak réalise un thriller brillant porté par l'interprétation sublime de Barbara Stanwyck en femme malade plus psychologiquement que physiquement. D'un livre ou d'une pièce qui ajoute au fur et à mesure des morceaux au puzzle, Litvak dresse un film aux nombreux flashbacks, y compris flashback dans flashback pour dépeindre les personnalités de ce mari faible qui devient petit à petit fort détestable et de cette femme qui suit le chemin inverse, femme prête à chiper le petit ami d'une de ses amies, à l'épouser et à le contraindre à supporter tout ce qu'elle veut. Le film raconte donc cette histoire d'amour entre ces deux être que finalement tout oppose, sans doute l'explication concernant la carrière du mari subit une petite perte de rythme, mais le film est haletant même si on se doute de la fin quoiqu'encore ! Burt Lancaster est tout aussi impressionnant dans ce rôle de type pas forcément sympathique et assez loin de ses rôles habituels ! Un bon thriller mené de main de maître !
feb
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par feb »

City for conquest (Ville conquise) - Anatole Litvak (1940)
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Anatol Litvak est un homme bien chanceux...
City for Conquest est un film qui prend sa source dans la ville de New-York et dédié à ses habitants : ceux de la classe ouvrière et ceux de la haute société. Anatole Litvak nous livre avec ce film d'une grande sobriété et d'une grande modernité, une histoire d'amour touchante entre ces 2 personnages, Danny et Peggy : lui est un chauffeur de camion, fier de sa modeste condition et prêt à tout pour la fille qu'il aime; elle ne rêve que de devenir une grande danseuse et de voir son nom en toutes lettres en haut de l'affiche.
Pour nous présenter les personnages au tout début du film, Litvak remplace la voix-off par un personnage, The Old Timer, sorte de guide qui nous décrit la ville telle qu'il la conçoit : des gens qui se battent pour (sur)vivre, qui s'aiment, qui veulent profiter de cette cité, une ville marquée par la musique...On découvre alors Danny le bagarreur, son frère Eddie qui ne s’intéresse qu'à la musique et Peggy qui ne rêve que de danse, 3 personnages que nous allons suivre tout au long du film et dont les destins vont être liés quelque soient les épreuves.
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James Cagney incarne Danny, chauffeur de camion satisfait de cette vie modeste, boxeur occasionnel qui refuse de se battre pour l'argent et amoureux de la belle Peggy (Ann Sheridan :oops: ). Cette dernière va succomber à l'appel de la célébrité en tombant dans les bras d'un danseur professionnel refusant de ce fait la vie que lui propose Danny. Il accepte alors la proposition d'un manager de boxe de réaliser quelques combats et profite de ses cachets pour aider son frère à finir la symphonie qu'il compose. Peggy réussit à atteindre son rêve mais préfère mettre un terme à son contrat en apprenant à la radio qu'un combat de boxe truqué fait perdre la vue à Danny.

Ici pas de gangsters ou de règlement de comptes, City for Conquest c'est la démonstration qu'un homme au bas de l'échelle peut se satisfaire de sa condition, qu'il peut être fier de sa vie. Anatole Litvak nous offre une histoire d'amour touchante, une description de la vie à New York des 2 cotés de la ville et de l'échelle sociale : East Side et West Side. James Cagney propose une fois de plus une prestation solide et émouvante tout comme la très belle Ann Sheridan touchante lorsqu'elle retrouve Danny dans la rue en vendeur de journaux.
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A noter aussi la prestation de Arthur Kennedy dans le rôle du frère qui, dans une scène finale riche en émotion, dédie sa symphonie à Danny. Les seconds rôles sont également à mettre en avant avec Anthony Quinn dans le rôle du partenaire de danse de Peggy et Elia Kazan, gangster ami de Danny, qui va venger ce dernier lors de son dernier combat.
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City for Conquest est aussi un film rythmé par la musique (superbe thème musical de Max Steiner "Magic Isle Symphony")
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rythmé par les combats de boxe (le combat où Danny perd la vue étant parfaitement maîtrisé et rythmé) et par cet amour difficile entre Danny et Peggy, 2 personnages aux rêves si différents, aux trajectoires opposées mais qui finiront par se retrouver.

City of Conquest est tout simplement un film beau et émouvant.
Dernière modification par feb le 1 nov. 11, 09:39, modifié 1 fois.
Julien Léonard
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Julien Léonard »

Je dois en conclure que tu as aimé ! :D

Très content en tout cas, je guettais ton avis en ces pages. Un bien beau film sur une autre lecture du rêve américain : oui, même dans une Amérique où la conquête du pouvoir et de l'argent font des envieux de toutes parts, on peut tout de même être fier d'être vendeur de journaux et heureux de vivre simplement. Sujet assez rarement traité pour que l'on le souligne. Un film magnifique sur la modestie d'une existence, interprété par un James Cagney en apesanteur et aidé par une distribution épatante. Et puis, cette scène de concert... On s'envolerait presque. Litvak signe son film que je préfère, indéniablement (et pourtant il en a fait quelques-uns des grands films).
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feb
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par feb »

Julien Léonard a écrit :Je dois en conclure que tu as aimé ! :D
Tu peux oui :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Jeremy Fox »

Je me rappelais au titre l'avoir vu il y a longtemps mais n'en avait plus aucun autre souvenir ; tu viens de me le remémorer avec passion. Très beau thème de Max Steiner effectivement. :wink:
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Flavia
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Flavia »

This Above all - Anatole Litvak (1942)

Prudence Cathaway, jeune aristocrate anglaise, choque sa famille en s'enrôlant comme infirmière dans la WAAF (Women's Auxiliary Air Force). Elle devient amie avec Violet Worthing, qui va lui présenter un jeune homme d’origine modeste, Clive Briggs dont elle va tomber amoureuse. Ce dernier semble cacher un secret que la jeune femme va finir par découvrir...
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Sur fond de seconde guerre mondiale, Anatole Litvak nous propose un film de propagande mais surtout une très belle histoire d'amour. Face à la caméra, le couple Tyrone Power et Joan Fontaine est tout simplement le couple idéal vue l'alchimie entre les 2 interprètes. Si l'acteur est tout à fait crédible en militaire canadien, désabusé par l'horreur du conflit et par la reconnaissance que peuvent en tirer certains haut-placés, j'ai été touchée et bouleversée par le personnage de Joan Fontaine. L'actrice y est superbe, douce, poignante et trouve ici un rôle qui démontre un talent qui n'a pas à rougir de celui de sa soeur aînée. Joan Fontaine sait se montrer juste et émouvante dans les nombreuses scènes où son personnage doit faire face aux difficultés liées au contexte de la guerre et à l'amour qu'elle porte à cet homme. Au fur et à mesure que l'histoire d'amour se développe, le personnage de Clive Briggs se montre de plus en plus distant et tourmenté allant même jusqu'à quitter la jeune femme afin de la protéger des risques qu'elle encourt...
Spoiler (cliquez pour afficher)
Clive Briggs étant un déserteur, il est recherché par l'armée.
Ne faisant pas partie des films les plus connus des 2 acteurs, This Above all mérite réellement qu'on s'y attarde ne serait-ce que pour la prestation de Joan Fontaine qui m'a émue aux larmes dans la dernière partie du film - je l'ai trouvée bouleversante - et dont la beauté illumine ce film à la très jolie photographie N&B. Avec Lettre d'une inconnue, l'actrice trouve dans ce film un superbe rôle à tel point que Tyrone Power semble s'effacer devant elle....beau et émouvant.
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par André Jurieux »

THE LONG NIGHT. 1947

Avec Henry Fonda, Barbara Bel Geddes, Vincent Price et Ann Dvorak.

J'ai longtemps voulu voir ce film, remake du célèbre LE JOUR SE LEVE de Carné. Il ne fallait pas le rater car à ma connaissance, il n'est pas souvent passé
sur les chaines françaises. La dernière diffusion doit être celle du cinéma de minuit datant de 1998. Or, j'avais raté ce film qui était passé dans un cycle
consacré aux REMAKES.

J'ai donc fini par le voir assez récemment. Je n'attendais pas forcement un film du niveau du Carné/Prévert mais on en est même assez loin, trop loin.

Je ne résumerais pas l'intrigue puisque le film de Litvak suis assez fidèlement le film original. Souvent il reprend même très fidèlement les plans et le
découpage du film de Carné, sauf, et ce n'est pas secondaire, dans les scènes finales dont je ne dirais rien, ni mon jugement personnel sur celles-ci....
Mais pourquoi diable :evil: Espèce de :twisted: et autre :roll:

Puisque le scénario est presque identique, pour distinguer les 2 films, il faut parler du reste.

L'interprétation :

Grand fan de Fonda, j'attendais de le voir en prolo, maniant la sableuse et le pistolet à peinture...Et bien, même ,s'il n'est pas véritablement décevant, ce
n'est pas Gabin non plus. Si Fonda en cul-terreux était sublime, en prolo, çà le fait moins. A moins que çà ne soit Gabin, exceptionnel dans ce registre là
qui fausse un peu le jugement. Je penche plutôt pour cette seconde hypothèse.

Toute l'interprétation est du reste inférieure à celle de l'original.
Ann Dvorak est très loin d'Arletty
Vincent Price n'est pas mal du tout mais ce n'est pas le génial Jules Berry
Barbara Bel Geddes est assez séduisante dans son premier rôle au cinéma mais elle est (c'est écrit comme çà) moins ambiguë que la petite amie de Prévert
dans le film de Carné (J'ai oublié son nom)

Le dialogue :
Il ne reste rien ou presque de la poésie de chat de gouttière de prévert

La musique :

Celle de Jaubert était absolument sublime. Celle du remake anodine et illustrative.

Bilan :
Si le film de Carné vaut 10/10, celui de Litvak vaudrait 6 ou 7/10... et encore je suis bienveillant
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Flavia
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Flavia »

City for Conquest (Ville conquise) - Anatole Litvak (1940)

En 1936 à New-York, Danny Kenny travaille comme livreur et lutte pour sortir de la misère et réaliser son rêve : devenir boxeur professionnel. Il est amoureux de Peggy Nash, qui souhaite ardemment faire une carrière de danseuse.

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Anatole Litvak livre un superbe mélodrame déchirant, poignant, humain et accentué par une très belle musique tout le long du film. James Cagney, une nouvelle fois, est remarquable, sa partenaire l'adorable Ann Sheridan est très émouvante, attachante, et l'on ressent une parfaite alchimie entre eux. Quant à Arthur Kennedy, par un jeu sobre et toute en retenue, il est vraiment crédible dans le rôle du frère musicien.

City for Conquest nous délivre des scènes fortes, comme le combat de boxe où tout va basculer pour Dany ainsi qu'au Carnegie Hall, pur moment d'émotion.

Après White Heat, je suis de nouveau bluffée par James Cagney époustouflant, cet acteur m'impressionne de plus en plus : seul regret c'est de ne pas avoir découvert plus tôt ses films, mais je me rattrape !
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Supfiction
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Supfiction »

Cathy a écrit :Rapatriement de mon commentaire su ma vision récente de Mayerling

Mayerling (1936)

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L'archiduc Rodolphe de Habsbourg, prince héritier de l'Empire austro-hongrois tombe amoureux d'une petite baronne Mary Vetsera. Après une liaison aussi passionnée qu'impossible, ils se suicident à Mayerling.

Tout le monde connaît l'histoire de Mayerling et sa version romantique, à savoir le suicide par amour désespéré de deux amants. Curieusement quasiment à la même époque, le Secret de Mayerling abordera l'autre thèse qui semble plus véridique historiquement parlant de la thèse du complot politique menant à l'assassinat du prince Rodolphe et de sa maîtresse. Anatole Litvak choisit la version traditionnelle et romantique qui donnera lieu en 1968 à un remake signé Terence Young et interprété par Catherine Deneuve et Omar Sharif. La Vienne choisie par Anatole Litvak sent pourtant curieusement les faubourgs parisiens, de par les chansons choisies, notamment la mélopée soit disant "tsigane" qui sonne plus comme du Frehel ou autre chanteuse de l'époque, de par les comédiens aussi, ainsi les deux policiers chargés de suivre Rodolphe ont un accent et des expressions qui sonnent plus parisiens qu'autre chose. Il y a aussi les comédiens, Suzy Prim en Comtesse Larisch ou Gabrielle Dorziat en Impératrice Elisabeth qui malgré sa stature naturelle est loin de l'image que l'on connait de Sissi. Seul Jean Dax en empereur François Joseph semble plus proche des images habituelles. Heureusement que Charles Boyer et Danielle Darrieux sont parfaits dans le couple de héros romantique, lui ténébreux, séduisant et malsain ce qu'il se doit, elle fraiche, innocente, charmante. Malgré ce côté parisien du film, celui-ci n'est pas dépourvu de charme et certaines scènes sont particulièrement réussies comme celle de l'Opéra où se superposent ballet et souvenir de la rencontre entre les deux futurs amants (même si on ne peut une fois encore être qu'étonnée qu'ils écoutent Casse-Noisette créé trois ans après leur mort) ou cette arrivée au bal par une petite fenêtre. Si les acteurs sont trop "français" dans leur interprétation, un soin particulier a été apporté aux décors et aux costumes qui eux restituent assez correctement cette ambiance viennoise ou celle de Mayerling, l'interieur du pavillon de chasse est particulièrement réussi. En dépit de ces quelques petites réserves, Mayerling n'en demeure pas moins une très belle illustration de l'histoire et de la légendre du couple autrichien, le fim étant porté par son couple de vedettes.

Merci Cathy. Je cherchais des informations, le dvd vient de sortir..
http://video.fnac.com/a5280760/Mayerlin ... DVD-Zone-2
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par bruce randylan »

Cathy a écrit :The Sisters - Nuit de Bal (1938)

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Durant quatre ans, la vie de trois soeurs qui voient leurs destins changer après un soir de bal d'Election présidentielle aux USA.

Un film de contre-emploi, voilà ce à quoi ressemble The Sisters, dont le titre français est un peu réducteur, et léger, alors que le film est un mélodrame. Trois soeurs se marient deux par amour, la troisième par intérêt, mais leurs maris présentent tous les défauts, le riche alcoolique, l'écrivain maudit lui aussi alccolique et le mari trompeur. Bette Davis est dans son registre de femme forte devant les évènements mais qui ne dirige pas entièrement sa vie. Errol Flynn lui est dans un rôle assez inhabituel de jeune premier totalement looser, alcoolique, loin du flamboyant héros qu'il incarna si souvent. Anatole Litvak arrive à montrer la force du fameux tremblement de terre de San Francisco (qui prend une dimension cruelle en ce moment) dans une seule scène où Bette Davis seule dans son appartement voit sa vie s'écrouler au propre et au figuré. Anita Louise et Beulah Bondi sont ces deux autres sisters qui servent plus de faire valoir et d'anecdotes qu'autre chose. Anatole Litvak réalise donc un bon mélodrame porté par ses deux interprètes principaux, mais il ne faut pas oublier aussi de citer ces grands seconds rôles que sont Donald Crisp ou encore Ian Hunter, incontournables dans un certain nombre de films de cette époque. Un film agréable sans être un chef d'oeuvre.

Copie TCM
Bon, ben j'ai l'impression que Cathy a tout dit. :)
Je la rejoins tant sur les qualités du film que ses défauts (à savoir essentiellement les deux soeurs bien trop en retrait, surtout celle qui épouse Alan Hale qui disparaît tout simplement au bout d'un moment). Mais sinon le duo Davis-Flynn fonctionne très bien dans des interprétations plus ou moins à contre-emploi, la réalisation de Litvak est une nouvelle fois fluide, vivante et par moment dynamique mais sans que ça soit trop démonstrative. D'ailleurs l'ouverture du film, le bal, la séquence du tremblement de terre ou le mouvement de grue qui suit Flynn portant Davis dans les escalier de leur immeubles sont de jolis moments de cinéma. A ce titre l'émotion est bel et bien présent dans le dernier tiers avec quelques passages qui m'ont presque fait venir les larmes tout en étant filmés avec délicatesse et sensibilité.

Voilà, Cathy a juste omis de préciser que Alan Hale est tout aussi attachant et bon vivant que chez Walsh et que Max Steiner signe une fort belle composition (lapalissade ?)
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Profondo Rosso
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Profondo Rosso »

Le Mystérieux Docteur Clitterhouse (1938)

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Psychologue brillant, le Docteur Clitterhouse (Edward G. Robinson) souhaite mieux saisir les motivations et sentiments des criminels, pour lesquels il voue une certaine fascination. Il se fait alors malfaiteur lui-même, à des fins purement académiques : il braque ainsi un coffre privé durant une soirée de la haute société et va jusqu'à s'associer avec la bande de Rock Valentine, un redoutable gangster joué par Humphrey Bogart. Mais l’expérience au départ innocente se change bientôt en véritable révélation lorsque le médecin réalise son attrait pour le crime…

Comédie noire et polar s'entrecroisent pour un résultat étonnant dans ce film qui offre un écrin idéal au génial Edward G. Robinson. Ce ton singulier vient sans doute de l'origine du film adapté d'une pièce anglaise de Barré Lyndon et jouée à Broadway dont la Warner et la Paramount se disputèrent les droits pour son adaptation cinéma. Le postulat très original y est pour beaucoup avec ce Docteur Clitterhouse (Edward G. Robinson), brillant médecin désireux de saisir de manière scientifique la psychologie du criminel. Il va pousser l'expérience jusqu'à d'abord effectuer quelques larcins et c'est ainsi qu'on le découvre en début de film lorsqu'il dérobe les bijoux de son hôte lors d'une soirée mondaine, coupant même l'herbe sous le pied au vrais voleurs s'apprêtant à entrer en action. Dès le départ, la prestation malicieuse de Robinson tout en rictus moqueur nous indique que l'intérêt de Clitterhouse dépasse le cadre scientifique et qu'il jubile de ses exactions. Tous les protagonistes qui l'entourent se partage entre pantins hystérique (les richissimes victimes de ses vols), idiots incompétents (tous les personnages de policier) ou bienveillant mais trop limités pour comprendre l'importance de ses travaux comme son infirmière qui le démasquera. Sûr de sa force, il est donc temps pour Clitterhouse de pousser plus loin l'expérience et se mêler à de vrais truands.

Là encore, sa distinction et intelligence vont le placer en position de supériorité lorsqu'il va intégrer le gang de la receleuse Jo Keller (Clair Trevor). Admiré par les malfrats simplets et ignorants et secrètement désiré par Jo Keller peu habituée à un homme de sa prestance, Clitterhouse va pourtant par son arrogance s'attirer un ennemi mortel avec le dangereux Rocks Valentine (Humphrey Bogart parfait de séduction et de menace). Robinson par sa politesse et ses manières distinguées semble constamment en décalage dans ce cadre criminel et notamment par la façon dont il perturbe de pures situations de film noir, tirant le film vers la comédie. En plein cambriolage qu'il a minutieusement organisé, il interrompt ainsi ses acolytes pour les ausculter, prendre leurs pouls et scruter les pupilles afin de ne manquer aucune variante de leur comportement au moment fatidique. Petit sourire en coin, toujours le bon mot pour ridiculiser son interlocuteur et d'une témérité frisant l'inconscience (la scène où il nargue un policier alors qu'il a les poches remplies de diamants volés), Robinson offre une performance d'autant plus jubilatoire quand on se souvient de son lourd passif de vrai gangster à l'écran (Le Petit César (1931)). La mise en scène assez sage d'Anatole Litvak s'orne de quelques idées formelles appuyant bien le propos notamment lorsque Robinson apparaît gigantesque et terrifiant à travers les yeux drogués de Bogart ou encore le final halluciné qui semble plier cet environnement à la personnalité égocentrique de Clitterhouse.

Clittehouse va pourtant devoir s'avouer le réel plaisir qu'il prend à ses exactions et sera rattrapé dangereusement de ses audaces. La vraie folie du personnage éclate justement par ce sang-froid à toute épreuve qui le verra franchir la ligne rouge en commettant un meurtre. Mais plutôt que de prendre un ton réellement plus sombre le récit scrute cette folie sous un angle ironique avec un surprenant épilogue judiciaire. C'est justement dans cette aisance et égo démesuré (où tout perdre vaut mieux que perdre la face) qu'éclatera la démence latente de Clitterhouse dans un final assez génial. 4,5/6
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Profondo Rosso
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Profondo Rosso »

L'Étrangère (1940)

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A Paris, sous la monarchie de Juillet, Henriette Deluzy-Desportes est gouvernante chez le duc et la duchesse de Praslin, qui la soupçonne, à tort, d'entretenir depuis quelque temps une liaison passionnée avec son mari. Henriette, pourtant, ne pense qu'au bonheur des enfants qui lui sont confiés.

Un grand et beau mélodrame historique typique des productions Warner des années 30 mais qui sait faire oublier son réel faste pour souligner sa dimension profondément intimiste. C'est d'ailleurs par cette voie intimiste que s'amorce le récit lorsque l'institutrice Henriette Deluzy-Desportes (Bette Davis) est cruellement prise à partie par ses nouvelles élèves. Celles-ci ont découvertes le scandale qui accompagne l'enseignante et lui rappellent impitoyablement par de pénibles allusion. Pas loin de céder au découragement et au désespoir, Henriette décide de leur raconter son histoire. Quelque années plus tôt, Henriette quitta son poste de gouvernante en Angleterre pour être engagée chez le duc (Charles Boyer) et la duchesse () de Praslin pour s'occuper de l'éducation de leurs enfant. Elle ne tarde pas à découvrir la chape de plomb régnant sur la maison avec le caractère névrosé et égoïste de la duchesse dont le besoin d'affection étouffant la fait constamment tourmenter son époux et délaisser ses enfants qui la craignent. Par sa bienveillance, sa gentillesse et bonté, Henriette va amener progressivement la paix et le bonheur dans ce foyer, s'attirant l'affection des enfants, la reconnaissance et sans doute bien plus du duc et surtout la haine et jalousie inconsidérée de la duchesse.

Le bonheur revêt constamment une facette factice et illusoire tout au long du film, soulignant son caractère éphémère dans cette histoire forcément destinée à se conclure tragiquement. Les leçons et jeux dans la salle d'étude truffées d'accessoires et jouets, le sous-bois au décor studio de conte de fée lors des vacances à Melun, tout concours à appuyer ce côté rêvé du bonheur qui se refusera à Henriette. Le plus significatif sera la symbolique de cette romance tout à la fois ardente et retenue entre le duc et Henriette avec cette neige qu'ils observent tomber ensemble puis la boule de neige qui rappellent le côté étouffé de leur amour impossible. Charles Boyer et Bette Davis, tout en gestes sobres et en regards ardent s'aiment dans une passion aussi silencieuse qu'intense et qui ne daigne transparaître que dans leur préoccupation commune des enfants. Ce qui donnera quelques magnifiques séquences comme la longue maladie du petit garçon renforce leur proximité, le très beau score de Max Steiner appuyant bien cette émotion sobre. Face à leur sobriété, Barbara O'Neil compose un personnage autrement plus outrancier avec cette détestable épouse abusive dont où la pure méchanceté se mêle à une sorte de folie malveillante. Cette aura négative agit comme une sourde menace tout au long du film, amenant la séparation puis le terrible drame final.

La dernière partie réoriente l'ensemble vers la facette film historique avec la longue partie juridique (et les vrais évènements utilisés dans le livre de Rachel Field ici adapté) et la façon dont l'affaire menace la fragile Monarchie de Juillet. Cette ampleur rend l'ensemble un peu moins prenant mais l'émotion demeure avec les poignantes dernières scènes entre Charles Boyer et Bette Davis. Le regret se mêle à l'espoir de jours meilleurs dans un bel épilogue pour une Henriette enfin apaisée. 5/6
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Frances
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Frances »

Cœurs de Lilas d’Anatole Litvak avec André Luguet, Marcelle Romée, Jean Gabin. 1932

Un directeur d'usine est assassiné sur les fortifications. Le gant de Couchoux, dite Lilas, est trouvé près du cadavre. La police a un suspect, mais l'inspecteur André Lucot le croit innocent et va s'infiltrer dans le milieu en se disant placier en béton afin de mener l'enquête.

Si le film porte son âge par la quasi obligation pour les vedettes de l’époque de pousser la chansonnette (ici tour à tour Fréhel, Gabin et André Luguet) et le jeu forcé de certains acteurs il s’avère plutôt réussi dans l’ensemble.
Litvak ouvre les réjouissances par un montage nerveux et élégant, des mouvements de caméra inventifs et sophistiqués d’autant plus que la première partie se situe essentiellement en exté-rieurs. Ainsi il rend formidablement bien l’effervescence des enfants qui jouent sur les hauteurs de quartier de la Chapelle puis celle de la découverte du corps d’un directeur d’usine boulevard Sérurier.

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La population s’excite, la justice se met au travail prenant bien vite parti pour le bourgeois contre l’ouvrier et tord les événements pour aboutir à la conclusion souhaitée dixit le juge : « A qui ferez-vous croire que cet homme intègre changeait toutes les nuits de fille de joie sur les fortifications ? »
André Lucot, jeune inspecteur encore naïf et non corrompu se heurte à ses supérieurs peu motivés à retrouver le véritable assassin ni à réinterroger Lilas, la fille de joie dont on a retrouvé un gant à proximité du cadavre. Lucot demande alors une semaine de congé pour infiltrer le milieu des péripatéticiennes et des marlous.
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Jolie trouvaille pour lever « le rideau de fer » sur ce monde interlope. On entend le son de l’orgue de barbarie alors qu’à l’image un homme actionne la manivelle pour ouvrir la grille de son bistrot.
Lucot débarque dans ce monde bien organisé avec ses règles maison et ses figures taillées au tesson de bouteille. Les patrons de l’hôtel de passe préfigurent « les affreux « de La traversée de Paris d’Autant Lara. Les filles entourées de leur hareng sirotent une liqueur en attendant le chaland. Les clients se plaignent de la vétusté de la maison espérant se défiler sans payer mais le proxo veille et fait régner l’ordre. Martousse (Jean Gabin) est de ceux-là. Il garde un œil sur Lilas en jouant les gros bras.

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Peu après l’arrivée de Lucot, une bagarre éclate entre lui et Martousse au sujet de Lilas. Rivalité naissante qui ne se démentira pas. La lutte est essentiellement filmée hors champ et symbolisée par des sons et des objets qui se brisent ou traversent le champ.
Contre toute attente le flic va rapidement tomber amoureux de la belle Lilas qu’il soupçonne de meurtre.
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Maintenant que l’essentiel est posé je ne vais pas raconter tout le film mais citer quelques scènes très réussies.
- La scène de « rapprochement », séduction en creux à bord d’un bus. Le couple sillonne la ligne d’un bout à l’autre encore et encore jusqu’au petit matin et finit par s’endormir dans une intimité toute neuve.
- Une scène situé dans le quartier des halles qui a aujourd’hui valeur de document et un pique nique au pied de la fontaine des Innocents (belle métaphore !)
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- Changement vestimentaire, escapade romantique et réhabilitation sur les berges de la Marne. Lucot n’est plus flic. Il est amoureux.
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- Les visages hilares de joyeux drilles se superposent à la fuite effrénée de Lilas comme autant d’hallucinations entre réalité et cauchemar.

Litvak fait preuve d’une vraie inventivité dans sa mise en scène et propose une critique acerbe de la police et de la justice. Il n’épargne pas pour autant le patron bourgeois et le milieu des mauvais garçons et brosse un tableau fort intéressant de ce microcosme bien particulier.

A découvrir donc pour les raisons évoquées ci-dessus, la mise en scène élégante et intelligente de Litvak et ses accents de film noir.
Dernière modification par Frances le 26 déc. 13, 13:19, modifié 1 fois.
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Tommy Udo
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Re: Anatole Litvak (1902-1974)

Message par Tommy Udo »

Merci pour cette petite chronique, Frances :D

Un film que j'ai vu il y a une dizaine d'années, donc j'aurais vraiment du mal d'en parler.
Mais j'ai le souvenir d'avoir beaucoup aimé et d'avoir été agréablement surpris par le jeu de Marcelle Romée^^

Tu me donnes envie de le revoir. Je vais essayer de me le programmer dans les prochains jours :D
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