Ida Lupino (1918-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Sybille
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Sybille »

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Deep valley / Le repère du forçat
Jean Negulesco (1947) :

Je poursuis ma découverte de la filmographie d'une de mes actrices préférées, Ida Lupino, avec ce méconnu "Deep valley". Bien m'en a pris car ce film de Negulesco recèle de nombreux atouts. La mise en scène est riche, teintée d'accents naturalistes ou plus expressionnistes, et certains plans se révèlent de toute beauté, formant une atmosphère le plus souvent d'une inquiétante sensibilité, parfois traversée d'instants plus doux, rayonnants, vivifiants, hélas trop rares pour les personnages. Car entre cette jeune femme réprimée dans son corps et son esprit et ce prisonnier en fuite, violent, rejeté de la société, l'histoire d'amour peut s'éveiller mais demeure trop fragile, confuse et incertaine. Les décors naturels de forêt californienne sont superbement employés, tant visuellement que plus psychologiquement. Le couple formé par Lupino et Dane Clarke est réussi. Elle donne une nouvelle preuve de son talent en incarnant un personnage assez complexe, qui évolue au fil du récit, cela avec ce brouillage de solidité et de délicatesse, de vitalité sous tension dont elle détient le secret. Son partenaire est plus limité même s'il reste convaincant de bout en bout. Je l'ai même trouvé plutôt séduisant. Les autres interprètes les accompagnent avec justesse : les parents en particulier apparaissant finalement plus nuancés qu'ils ne semblaient l'être de prime abord. Si le film accuse quelques naïvetés plus ou moins caractéristiques de l'époque, perd modérément de son rythme en dernière partie et seul bémol conséquent, souffre de la musique assez exaspérante de Max Steiner, il demeure avant tout un drame émouvant et illustre admirablement ce qu'est un bon film hollywoodien classique en cette fin des années 1940. 7/10
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Supfiction
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Supfiction »

J’avais adoré également Ida dans ce film. Peut-être son plus beau rôle.
Par contre je ne m’en rappelle plus du tout là. :oops:

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 5#p2405885
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Sybille »

Je ne sais pas si c'est son plus beau rôle mais il en fait incontestablement partie.
Quoiqu'à y réfléchir, vous avez peut-être raison. En dehors du fait que je n'ai pas exploré toute sa filmographie, je me rends compte que j'ai du mal à opérer un distinguo probant entre qualité d'un film et intérêt/force d'un rôle pour un interprète. Je confonds peut-être un peu rapidement les 2, ce qui est compréhensible et souvent légitime, mais parfois, c'est plus subtil que ça...

Sinon, je suis d'accord avec vos 2 textes.

Supfiction, tu parles de "film noir champêtre" et j'ai justement lu l'avis en anglais d'une personne qui parle de "pastoral noir", terme bien trouvé.
kiemavel a écrit :Jouer une jeune fille arriérée, c'était dur à interpréter pour Ida Lupino. Certains acteurs/trices n'éprouvaient aucune difficulté à paraitre bête (Fais comme t'en as l'habitude, coco…) mais pour Ida, c'était un rôle de composition et on a du mal à la croire seulement un peu neuneu :mrgreen: . Plus c'est compliqué, plus son personnage s'enrichi et donc plus le film avance et plus elle est sublime.
C'est tout à fait ça :lol: Mais comme vous l'avez évoqué, il s'agit moins d'idiotie mentale ou de stupidité que d'un être en grand malaise.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par kiemavel »

Content de voir s'exprimer un autre grand admirateur d'Ida Lupino.

En ce qui concerne son personnage dans le Negulesco, :wink: c'est surtout effectivement une jeune fille perturbée par la relation malsaine de ses parents

Je ne sais pas où tu en es de tes découvertes mais presque tous les films noirs ou apparentés avec Ida Lupino valent la peine :
DVD ou B-R, éditions françaises : La grande évasion. Une femme dangereuse. La maison dans l'ombre. La cinquième victime. Le grand couteau.
DVD zone 1 : La femme aux cigarettes (avec vost)
Passage TV : L'araignée (un peu moins connu mais néanmoins excellent)

Selon moi, un cran en dessous :
Edités : La péniche de l'amour (DVD zone 1 et 2). The Man I Love.
Passage TV : La manière forte. Out of the Fog. Femmes en prison. Beware, my Lovely.
Ladies in retirement (vost de contrebandiers). ici brigade criminelle (pareil)

On peut s'en passer :
Strange Intruder (et pas si facile à voir). Jennifer.

… sans parler de ses propres films ou du sublime : Le vaisseau fantôme (dans lequel elle est fascinante mais ils sont tous en état de grâce : Robinson, Garfield … et Curtiz)
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Sybille »

J'ai vu la plupart des films que tu cites effectivement :) Parmi ceux encore à découvrir, je retiens L'araignée que je ne connaissais même pas de nom, ainsi que Le vaisseau fantôme (il ne m'attire pas forcément beaucoup mais à force d'en entendre du bien, ça va finir par me décider !). Et quand même Beware my lovely parce qu'il y a Robert Ryan.

Parmi les films noirs, mes préférés sont "Une femme dangereuse", "La maison dans l'ombre" et "La femme aux cigarettes".
Ah par contre, j'avais également beaucoup aimé "The man I love" et "La manière forte", trouvé "Out of the fog", "Ladies in retirement' et surtout "La péniche de l'amour" plus que corrects. J'avais même apprécié "Jennifer", pourtant assez faible il est vrai. Mais je suis plutôt bon public.

Quant aux films qu'elle a réalisé, je n'ai pour l'instant vu que "Outrage" et "Bigamie", très bons.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Supfiction »

La péniche de l'amour est frustrant parce que Gabin en anglais, ça ne fonctionne pas bien. Dommage. Mais le film vaut le coup d’œil quand même.

Concernant Le vaisseau fantôme, le problème est tout autre : il ne faut surtout pas avoir lu le livre de Jack London avant car c’est une énorme déception qui se profile dans ce cas. Les scénaristes ont tout changé et mélangé les personnages. Adapter s’avere parfois nécessaire ou profitable mais a condition de ne pas dénaturer le sens de l’oeuvre originale. C’est le cas ici. Je n’ai pas aimé du tout mais peut-être aurais-je été moins déçu si je n’avais pas lu le livre avant.

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Tiens je mets ici la réponse que j’avais commencé à faire à Julien Leonard et que je n’ai je crois jamais postée car elle est restée inachevée :
Julien Léonard a écrit :The sea wolf (Le vaisseau fantôme) - Réalisé par Michael Curtiz / 1941 :

Un choc esthétique et émotionnel, tout bonnement. Voir Michael Curtiz s'épanouir sur certains films possède une saveur particulière, unique, et The sea wolf se paye le luxe d'être la représentation parfaite du plus haut degré de perfection du travail de Curtiz. Certes, sa filmographie regorge de grands films, mais certains (plus que d'autres) donnent la preuve de son immense talent. Un auteur à part entière, je rejoins une fois de plus allen john, et qui, comme le souligne Pierre Berthomieu dans son exceptionnel article consacré au cinéaste (dans le livre Hollywood classique : Le temps des géants), était un artiste à l'univers fort ambigu. L'enfer et les cieux, le bien et le mal, les contradictions d'une existence humaine dédiée à la réussite, le courage (ou la barbarie) d'affirmer ses besoins en dépit de ses envies, voilà tout ce dont l'oeuvre de Curtiz est si souvent remplie.

The sea wolf, c'est un film incroyable, porté par un casting extraordinaire, filmé avec la grâce et l'intensité d'une ambition artistique terriblement efficace. Un film personnel pour le cinéaste, parmi les grands classiques de commande qu'il signe à l'époque. A cette époque, Curtiz est à son zenith : Les anges aux figures sales, Virginia city, La piste de Santa Fe... Ses héros s'assombrissent, brisent leur idéal dans une étreinte maudite et involontaire, tournent le dos à leur destin personnel pour embrasser celui du folklore. Le héros le plus sombre de cette période, c'est Edward G. Robinson dans The sea wolf, un homme cruel, antipathique, tourmenté par un passé terrifiant et menacé par lui-même, le personnage curtizien type poussé à son paroxysme, au point de non retour. Face à lui, John Garfield, Ida Lupino, Alexander Knox sont tous splendides et embrassent une part du meilleur de leurs carrières. Ce capitaine dirigeant un bateau de repris de justice, maudit jusqu'à la cale, pourri jusqu'au sommet du mat principal, ne cesse de hanter les mers, fuyant son frère, poursuivant son avènement.

Je ne compte plus les scènes d'anthologie, de furie, de suspense, aux relents tragiques, encerclant les personnages jusqu'au cou, c'est fabuleux ! Pour le moment, je reste pris par ce film, tant et si bien que je n'en dirais que peu de choses et m'en tiendrais là pour le moment. Robinson, cet acteur hors norme, aura pourtant été rarement meilleur qu'ici, c'est dire le niveau de sa prestation. Rarement j'aurais autant senti la putréfaction, la mort, l'enfer au sens littéral du terme (avec toutes les métaphores que cela engage) et la détresse-cruauté mêlée. Ajoutez à cela une gestion des noirs profonds et charbonneux comme rarement vous en aurez vu, un éclairage subtil et une façon de filmer les visages qui confine au génie, et vous aurez une petite idée du film.

Michael Curtiz signe ici ni plus ni moins qu'un très grand chef-d'oeuvre, l'un des plus grands films de sa riche carrière. Cela fait bien 6 ans que j'attendais de le découvrir, c'est chose faite, ce fut merveilleux.
Supfiction a écrit :
Je suis beaucoup plus partagé sur le film.
La réalisation de Curtiz est certes admirable et Robinson impeccable (mais pratiquement comme toujours). Je n'en dirais pas autant des autres acteurs, notamment Ida Lupino (une de mes actrices préférées pourtant) qui n'est vraiment pas gâtée par son rôle et qui en plus ne le joue pas très bien.
Mais le plus gênant pour moi, c'est le scénario de Robert Rossen qui dénature totalement l'oeuvre de Jack London qui était l'histoire d'un homme faible qui apprend au contact d'un monstre de brutalité et d'intelligence à retrouver ses instincts primaires, à relever la tête et devenir un homme volontaire et viril ..
Alors, de mémoire, quelques années après cet avis avorté, l’anti-héros du livre de London est un journaliste (Humphrey Van Weyden) et critique littéraire qui après avoir échoué en mer en ferryboat est recueilli sur une goélette de chasse aux phoques et enrôlé de force par son capitaine. Mais ce personnage est mis de côté dans le film de Curtiz (le personnage existe toujours mais mis au second plan) au profit d’un autre personnage insipide joué par Garfield et qui dans le livre est lui un personnage secondaire de marin menant la mutinerie contre Robinson, le fameux loup des mers.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Sybille »

Supfiction a écrit :La péniche de l'amour est frustrant parce que Gabin en anglais, ça ne fonctionne pas bien. Dommage. Mais le film vaut le coup d’œil quand même.

Concernant Le vaisseau fantôme, le problème est tout autre : il ne faut surtout pas avoir lu le livre de Jack London avant car c’est une énorme déception qui se profile dans ce cas. Les scénaristes ont tout changé et mélangé les personnages. Adapter s’avere parfois nécessaire ou profitable mais a condition de ne pas dénaturer le sens de l’oeuvre originale. C’est le cas ici. Je n’ai pas aimé du tout mais peut-être aurais-je été moins déçu si je n’avais pas lu le livre avant.
Ca, c'est classique !
(Et je ne connais pas le livre de Jack London, je ne savais même pas que c'était adapté d'un de ses livres)

Concernant Gabin, j'avais trouvé qu'il se débrouillait bien en anglais (je ne sais pas s'il connaissait la langue ou s'il donnait ses répliques phonétiquement) mais il ne déméritait pas. Certes il avait son accent français mais ça aurait pu être bien pire, et puis ça ne l'empêchait pas d'insuffler de la conviction et de la justesse à ses phrases.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Supfiction »

J’ajoute que le personnage de Ida Lupino est dans le roman une femme de caractère et de culture, une poétesse célèbre, elle aussi repêchée par l’équipage de Robinson. Ça c’est dans le livre car dans le film elle est, sous les traits de Ida Lupino, une délinquante, évadée d'un bagne de femmes et surtout une faible femme à secourir et beaucoup plus effacée. Bref, tout le contraire! C’était il y a bien longtemps avant metoo..


Voilà ce qu’ont peut lire à propos du livre de London :

Le roman est rythmé par l'affrontement entre deux visions de la vie radicalement opposées, celle du cynique Loup Larsen dont les idées semblent directement inspirées de la sélection naturelle formalisée par Darwin ou encore par la théorie du surhomme de Nietzsche et celle de Humphrey qui croit à la morale et au caractère sacré de toute vie humaine.

Il ne reste pas grand chose de tout cela dans le film puisque Humphrey devient un personnage secondaire, supplanté par celui de John Garfield, un pickpocket poursuivi par la police.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Supfiction »

Le vaisseau fantôme est dispo en ce moment sur TCM justement (l’avantage par rapport au br c’est qu’il y a des sous-titres français).
Ainsi que Le voyage de la peur.
Dernière modification par Supfiction le 11 mars 20, 23:15, modifié 1 fois.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Jack Carter »

Supfiction a écrit :Le voyage de la peur est dispo en ce moment sur TCM justement.
Ainsi que Le voyage de la peur.
Je crois que TCM diffuse aussi Le Voyage de la peur.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Supfiction »

Jack Carter a écrit :
Supfiction a écrit :Le voyage de la peur est dispo en ce moment sur TCM justement.
Ainsi que Le voyage de la peur.
Je crois que TCM diffuse aussi Le Voyage de la peur.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Jack Carter »

:lol:

Ah oui, tres bon, le Curtiz !
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par Supfiction »

Jack Carter a écrit ::lol:

Ah oui, tres bon, le Curtiz !
La réalisation, la photographie et Edouard G. Robinson sont grandioses. En revanche comme je l’ai dit, le roman a été totalement perverti et détourné de son sens initial. Ida Lupino joue une pauvre fille échappée de prison alors qu’initialement c’était une poétesse célèbre, intelligente et raffinée. Le rôle principal, Humphrey Van Weyden, un homme de lettres distingué, a été réduit au profit de celui insignifiant joué par Garfield.
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

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Woman in Hiding (1949)

Réalisation : Michael Gordon
Scénario : Oscar Saul, Roy Huggins (d'après une histoire de James Webb)
Photographie : William H. Daniels
Avec : Ida Lupino, Stephen McNally, Howard Duff
92 minutes, Universal Pictures

Le film s'ouvre sur une femme fuyant en voiture et perdant le contrôle. La voiture tombe d'un pont au détour d'un virage. Est-elle morte ?
Le suspense ne durera pas bien longtemps puisque Deborah Chandler Clark (Ida Lupino) nous raconte alors son histoire. Et on l'a déjà entendu bien des fois : jeune femme innocente et fille d'un riche propriétaire d'une mine, elle est courtisé par un homme ambitieux, Seldon Clark (joué par Stephen McNally) malgré la désapprobation de son père. Clairvoyant, il ne l'apprécie pas et a deviné l’arriviste qui se cache derrière le prétendant. On apprend alors qu'un accident a eu lieu à la mine et que le père de Déborah est mort. Seldon est immédiatement là pour consoler Deborah et surtout pour lui proposer de l'épouser.. le jour même de l'enterrement. Le spectateur a tout compris. Mais Deborah non.
Si cela ne suffisait pas, le jour de ses noces, elle rencontre la maitresse de son nouveau mari, Patricia Monahan (jouée par Peggy Dow vu notamment dans The Sleeping City), une femme jalouse qui lui déclare que son mari ne l'a épousé que pour son argent.
Cette fois, Deborah commence à comprendre et prend la fuite le soir même en pleine nuit. Mais tout a été manigancé par Seldon qui a saboté la voiture.
Évitant de justesse la mort, et alors que toute la ville recherche son corps dans la rivière au moment où elle se réveille, Deborah préfère partir à la recherche de Patricia, craignant que personne ne croit à la tentative d'assassinat, afin de prouver la culpabilité de son mari.. Elle est alors contrainte de prendre une fausse identité et de se cacher...

C'est à partir de ce moment du récit, au bout de 25 minutes, que le film démarre vraiment et devient captivant et palpitant. Signalons d'ailleurs que Roy Huggins qui écrivit le scénario sera plus tard le créateur de la série Le fugitif dont Woman in Hiding fut très certainement une source d'inspiration. En effet, Deborah / Ida est traquée durant tout le film par son mari qui veut sa peau afin de devenir le seul propriétaire de la mine. Elle ne fait confiance à personne et elle a bien raison. D'ailleurs le scénario est très habile car il réserve quelques subtiles surprises, allant un peu à l’encontre des schémas habituels concernant les héros protecteurs.
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Je pense au personnage joué par Howard Duff, le good guy qui reconnait Ida/Deborah dans un journal et l’emmènera en fait dans la gueule du loup. En la ramenant à son mari, croyant bien faire, il refuse néanmoins la prime que le mari avait annoncé. Le tableau aurait été trop misanthrope peut-être.


Michael Gordon est aujourd'hui connu pour ses comédies réussies avec Rock Hudson et Doris Day (Pillow Talk, Le Coup de l'oreiller/A Very Special Favor, Move Over, Darling le second remake de Mon épouse favorite) mais aussi James Garner et Kim Novak (Boys' Night Out dans lequel Gordon retrouve Howard Duff). Par respect pour lui, on tentera d'oublier le ridicule Texas, nous voilà avec Dean Martin et Alain Delon.
Mais avant cela il avait réalisé plusieurs films noirs dont ce très bon Woman in Hiding.

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Sur la base d'une intrigue très classique (une femme un peu naïve prise dans une machination), Gordon réussit un film à suspense extrêmement prenant et attachant grâce à un un très bon Howard Duff. Et à l’interprétation nuancée d’Ida Lupino évidemment.

Le méchant du film est quant à lui joué par Stephen McNally, un spécialiste du film noir et habitué des rôles de salaud, connu notamment pour Johnny Belinda, Winchester '73, Grand Central Murder , Johnny Rocco, Criss Cross. Mais il n'a pas grand chose à jouer, sa gueule suffit ici. Et c'est d'ailleurs un choix habile de réduire les dialogues au stricte minimum lorsque Seldon Clark (Stephen McNally) poursuit et menace sa femme Deborah Chandler Clark (Ida Lupino).
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John Holden
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Re: Ida Lupino (1918-1995)

Message par John Holden »

Tiens merci pour l'idée de redécouverte. :idea:
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