Mauro Bolognini (1922-2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

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Justin Kwedi nous parle aujourd'hui de La corruption qui vient de sortir en DVD chez SNC/M6 video.
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Jeremy Fox
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

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Justin Kwedi nous parle aujourd'hui de La Veine d'or sorti en DVD chez M6 Video/SNC.
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Profondo Rosso
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

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Une fille formidable (1953)

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Ignazio Panizza detto Gardenio, un vieil artiste de variété qui n'a jamais connu le succès, gagne péniblement sa vie en présentant des spectacles de troisième ordre dans les provinces. Il n'est donc pas étonnant qu'il soit hué et sifflé lors d'une de ses représentations. Au cours de cette dernière, à la demande des spectateurs, Caterina, la séduisante caissière du bar, est autorisée à chanter. C'est un succès et Caterina rentre immédiatement dans la petite troupe de Gardenio. C'est alors qu'un imprésario propose un contrat en or à la jeune femme. Elle accepte à la condition que Gardenio en est un aussi...

Après des études d'architecture à Florence, Mauro Bolognini s'était réorienté vers le monde du cinéma où il gravira lentement les échelons, assistant-réalisateur en Italie (essentiellement pour Luigi Zampa) et en France pour Yves Allegret sur Nez de cuir (1952) et Jean Delannoy pour La Minute de vérité (1952) avant d'avoir sa chance la mise en scène avec Une Fille formidable. Le film s'inscrit dans le mouvement du "néoréalisme rose", délaissant la noirceur du néoréalisme pour une veine plus légère qui amorcera la tradition vers la comédie à l'italienne. Mauro Bolognini reniera par la suite ces comédies de commande antérieure à sa collaboration avec Pasolini qui le dirigeront vers un cinéma d'auteur entre mélodrame et film en costume mais Une fille formidable constitue néanmoins un charmant divertissement où l'on décèle déjà les qualités du réalisateur sous les conventions.

Le film est une sorte de relecture italienne et positive d'Une étoile est née. On quitte le strass de la version hollywoodienne pour plonger dans les galères des artistes de scènes italien. Dès la scène d'ouverture, l'élégance de la mise en scène de Bolognini (un mouvement de grue arpentant le décor d'une galerie marchande où se retrouvent les artistes en quête d'emploi) se conjugue à la trivialité et truculence des échanges avec le vétéran Gardénio (Carlo Dapporto) essayant tant bien que mal de réunir une troupe pour une tournée. Le boniment grossier n'a d'égal que le manque de moyen, les artistes devant financer eux-mêmes le voyage. On rit également beaucoup lors des scènes de tournée, entre désagréments ordinaires (car brinquebalant tombant en panne au milieu de nulle part) et un public provincial rustre au jet de projectile facile. Autre élément de discorde, la guerre des égos entre les artistes avec en tête une Sophia Loren aussi sexy que teigneuse (et rousse !) qui trouve là son premier rôle important au cinéma. Au milieu de ce chaos Gardénio va pourtant trouver la perle rare avec Caterina (Nilla Pizzi), jeune chanteuse en quête d'ailleurs et qu'il va ramener avec lui à Rome. Le talent de Caterina lui offre enfin les contrats auquel il aspirait mais la protégée très sollicitée va prendre son envol, non sans reconnaissance pour Gardénio qu'elle va épouser.

Le film réinterprète avec habilité la thématique d'Une étoile est née, l'égo du "pygmalion" étant mis à mal par le triomphe de Caterina. Patauger en solidarité avec sa troupe de saltimbanques ou être le faire-valoir de sa star d'épouse est ainsi le dilemme de Gardénio, ajouté l'humiliation d'être entretenu dans cette société italienne machiste. Le montage et la réalisation de Bolognini dresse peu à peu un cruel parallèle entre eux. Caterina perd en gaucherie et déploie une aura de diva (dans l'allure comme les tenues de scènes) au fil de ses prestations radiophoniques, Bolognini la magnifiant par ses mouvements de caméra et ses cadrages en plongée. La transition n'en est que plus cruelle avec le studio étriqué où Gardénio en est réduit à enregistrer des jingles publicitaires, toujours plus humilié. Malgré quelques péripéties, jamais le script n'explore la noirceur d'Une étoile est née, en restant à la légèreté et la bonne humeur inhérente au réalisme rose. Dès lors on s'accroche à la forme où Bolognini brille à mettre en valeur ce monde du spectacle. La dernière scène offre aussi un superbe moment, gardant le côté bricolé de ces artistes modestes tout en déployant un faste et une sensualité qui culmine avec une inoubliable dans lascive de Sophia Loren. Un bon moment porté par l'alchimie et la vérité émanant du couple vedette, Carlo Dapporto étant un vrai artiste du music-hall italien depuis les années 40 et Nilla Pizzi une star de la chanson italienne de l'époque. 4,5/6
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

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Gli innamorati (Les amoureux; 1956)

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Premier film que je vais voir au cinemed 2016. Un Bolognini. Je crois que je vais en voir plein. Je suis entré dans la salle Pasteur plein d’entrain et d'appétit. Le souvenir ému du Bel Antonio reste présent. Et ce petit film s’est avéré être un petit bijou qui confirme ma passion naissante pour le cinéaste.

Ce film là est une sorte de vagabondage au gré des atermoiements amoureux de jeunes gens dans un quartier populaire de Rome. Très délicat comme sait l'être le cinéma de Mauro Bolognini, le scénario propose un marivaudage italien. C'est toujours compliqué, d’aimer, d'être aimé, ça l’est même d’autant plus que cette bande de jeunes se connaît depuis toujours. Ils ont grandi ensemble dans les petites ruelles près de la Piazza Navona. Les sentiments sont encore confus, mais filles et garçons sentent bien qu'il va falloir se décider à choisir. Sans froisser les uns et les autres, c’est encore plus dur. On suit donc les couples, les virages, les espoirs, les désillusions, les angoisses et ce désir de plus en plus puissant que la sensualité autour du dancing rend difficilement contrôlable.

La caméra de Mauro Bolognini met somptueusement en valeur les comédiennes. Ce n’est pas une nouveauté : Bolognini aime les femmes, il les filme à leur avantage, il en dessine les courbes et la délicatesse. Mais les hommes, malgré quelques roulements de mécanique n’en sont pas moins tendres.

Le regard porté sur cette jeunesse bouillonnante et sentimentale reste très empathique. On n’est ni dans la comédie italienne ni dans la tragédie viscontienne. Mauro Bolognini est à part, mais son cinéma léché et humain peine à exister en comparaison dans l’historiographie cinéphile. Scandaleusement injuste.

Il convient d’autre part de souligner ce qui peut être une singularité de ce film dans la filmographie de Bolognini : son optimisme. Je n’ai pour le moment pas vu énormément de ses premiers films. Je ne sais donc pas s'ils sont nombreux dans ce cas à offrir un développement aussi léger et heureux. J’ai au contraire remarqué la noirceur et la violence des sentiments, des rapports humains dans ses autres films.

Celui-ci est proche de mal finir, la violence n’est pas exempte des relations entre les personnages, mais les conclusions sont optimistes. Du moins le film se termine-t-il sur des notes colorées. Le cinéaste travaille ici sur un scénario écrit à 4 mains et sans doute n’est-il pas encore tout à fait maître de ses choix. Ce que j'essaie de dire, c'est que dans le fond le propos du film ne ressemble pas tout à fait au cinéma de Bolognini que je connais, il s’en rapproche et s’en échappe à la toute fin.

Sur la forme par contre, l'image léchée, toute belle filme magnifiquement les femmes. Mauro Bolognini est un des cinéastes qui rend les actrices encore plus belles. C’est spectaculaire ! Que ce soit sur Valeria Moriconi, Cosetta Greco ou même la juvénile Antonella Lualdi, la photographie de Massimo Sallusti s'évertue à en sublimer le grain de peau, la finesse des traits.

Sous le soleil d’un Rome populaire lumineuse, ces demoiselles en quête d'amour reposent insensiblement leurs têtes sur les épaules et les dos de leurs prétendants le temps d’une danse ou d'une balade en Vespa. Cosetta Greco, épouse trop jeune d’un mari vieillissant (formidable Gino Cervi), est travaillée au corps par des hormones encore vibrantes. Sa sensualité explose sous le regard fiévreux d’un Franco Interlenghi (parfait pour ce rôle compliqué). Tiens oui, parlons-en de ce comédien! Voilà un acteur qu’on voit souvent mais dont on oublie trop fréquemment le nom. Injuste, tant il est bon et sait varier son jeu.

On retrouve également Nino Manfredi, tout jeunot, dans un rôle pas vraiment flamboyant mais qu’il parvient à étoffer avec cette sensibilité qu’on lui connaît et déjà bien prégnante à l'époque.

Je ne connaissais pas Sergio Raimondi. Il me fait penser à Henri Vidal, ce genre d’acteurs qui ont eu du succès auprès des midinettes des années 50/60 et qui ont été un oublié depuis. Dans un rôle somme toute ordinaire de bellâtre un peu dur mais au fond pas mauvais gars, rôle qu’on a vu mille fois ailleurs, il se défend pas trop mal, sans jamais non plus vraiment marquer les esprits.

Au final, je suis sorti de la salle très enthousiaste pour cette rétrospective naissante (avec 4 autres tickets en poche pour la suite, miam). Je suis ravi par le voyage temporel dans cette Rome perdue : la gare en face de la pyramide Sextus n’existait pas, il y avait un cirque dans un terrain vague par exemple.

Heureux aussi de rencontrer cette distribution au jeu très italien, hâbleur, chaleureux, vivant et capable de monter très vite en pression, tout en maintenant une pudeur étonnante, un casting fin et brillant.

Un bon film mais qui ne ressemble pas à l'image que je me fais d’un Bolognini. Une surprise heureuse. On le sent pointer le bout du nez, mais il ne se dévoile pas encore totalement.
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La notte brava (Les garçons, 1959)

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Ah, nom d'une pipe de chameau vermoulu ! Quel casting! Terzieff, Brialy, Lualdi, Schiaffino, Ferrero, Martinelli, Interlenghi, Demongeot, Milian, Pasolini et Bolognini ! L'association des deux derniers pique ma curiosité. A la fin, je suis troublé. Le fond est nettement pasolinien, alors que dans l'esthétique est carrément bologninienne. L'alliage reste incertain selon moi. J’aime bien le film pour ces deux aspects divergents, en aucun cas pour leur combinaison. Comprenez ?

D’un côté, on a un scénario tellement pasolinien, très critique à l'égard de la jeunesse, surtout de la façon dont la société livre ces jeunes à eux-mêmes leur laissant pour seul horizon l’argent. Ces gamins sont comme des enfants essayant d’attraper la queue de Mickey. Ils sont prêts à toutes les bassesses pour y arriver, à toutes les trahisons, toutes les violences. L’objectif n’est pas tant de manger (ils y parviennent toujours) mais de brûler la chandelle par les deux bouts, comme les riches. Les rapports sociaux sont pervertis par cet argent. Riches ou pauvres sont victimes de ces rapports tronqués. Très pasolinien. On est devant le feu sacré de la jeunesse, la nécessité de vivre pleinement, de prendre du plaisir avant tout, et ce, contre le sort, contre les autres. Très très pasolinien.

D’un autre côté, on a une image très lisse, très belle. Que du beau gosse et de la belle donna. Au grand dam de Pasolini qui avait rêvé de Citti à la place de Terzieff par exemple et de tout un casting de comédiens amateurs. Sur l’esthétique du film, la patte bologninienne est évidente. Les plans sont magnifiques, pensés, cadrés au cordeau. Il sait attraper la lumière. Rome y pourvoit à foison : à Fumicino comme dans les thermes de Caracalla, le soleil fait resplendir les visages.

A mon goût, à ce jeu là, les deux gagnants sont Laurent Terzieff et Elsa Martinelli. La sublime italienne a une peau si blanche qu’elle capte ici l’attention avec aisance alors que Laurent Terzieff de manière plus animale, plus féline est l’axe majeur de la troupe. Je n’ai jamais captivé par cet acteur que j’ai trouvé trop rigide, figé et parfois même comme artificiel. Or, ici, c’est l’exact contraire : il donne à son rôle une incarnation, une fougue à la fois virile et émouvante, fragile, enfantine. Son jeu est remarquable de finesse. Très impressionnant.

Antonella Lualdi surprend. Dans ce film, elle fait preuve de caractère, d’agressivité. Aux antipodes de la douce donzelle des “Amoureux”.

J’ai beaucoup aimé Franco Interlenghi, encore une fois. Je viens de le voir et l’apprécier dans “Les amoureux” grâce à cette rétrospective Bolognini du Cinemed 2016. Il est encore plus intéressant dans ce rôle plus complexe, lui aussi très animal et encore enfantin par certains aspects.

Chez les rupins, Tomas Milian a un superbe rôle, très ambigu, par moments inquiétant, lui aussi très pasolinien. Parfait pour ce personnage de oisif. Et puis, il y a l’extraordinaire beauté de Mylène Demongeot, irradiante, mystérieuse et oh… enfantine aussi. Que de gamins dans ce film! C’est dingue ce que ce film peut paraître moderne!, très actuel, avec cette vision de la jeunesse désenchantée, regard pessimiste certes, mais si peu porté par son temps et tellement parlant aujourd’hui. Très en avance sur son temps. Peut-être que mon enthousiasme déborde. Car la même année 1959 voyait Claude Chabrol dessiner également une jeunesse dévoyée, dure, avec aussi Jean-Claude Brialy, dans “Les cousins”. L’air du temps? Sans doute. Et puis, on a toujours tendance à s’imaginer le pire pour aujourd’hui, alors qu’il est éternel.

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Alligator
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Senilita (Quand la chair succombe, 1962)

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Après avoir vu au cinemed “Les amoureux” et “Les garçons”, des films que l’on peut qualifier de lumineux, du moins au niveau photographique, me voilà devant un film beaucoup plus sombre de Mauro Bolognini.

D’abord la copie est très abîmée, les sous-titres anciens blancs se délitent et surtout l’histoire se déroule dans une atmosphère très éloignée de la Rome ensoleillée. Nous sommes à Trieste, sous la pluie et le vent, dans une Italie du Nord qui encore relativement récemment était autrichienne.

J’ai eu beaucoup plus de mal avec ce film qu’avec les deux précédemment cités. Pas pour des raisons météorologiques bien entendu, mais bien plutôt à cause du personnage central, plus précisément de sa trajectoire affective qui m’a fatigué. Je supporte peu les héros qui s’apitoient ainsi sur leur sort. Or, c’est toute la thématique du film : un homme (Anthony Franciosa) plutôt conservateur tombe amoureux d’une jeune femme (Claudia Cardinale) qu’il s’imagine angélique, mais qui se révèle être très libérée, à la limite d’être une pute même. Ce qui pose problème, je trouve. Ce manque de clarté à ce sujet provoque une ambiguïté malsaine, qui sous-entend qu’une femme libérée est plus ou moins une pute. Cicéron nous tape sur l’épaule et nous susurre “O tempora, o mores”. Certes, il convient de garder en tête le contexte de l’époque, néanmoins le regard porté sur cette jeune femme et la relation qu’elle noue avec le héros semble un brin condescendant d’abord, puis finalement misogyne.

Mais c’est le regard adopté par le héros lui même. Cela fait partie de cette orientation majeure que prend le film en dépeignant cette déchéance morale à laquelle il se livre. Un homme coincé dans une morale qui le décentre de la réalité. Il n‘est pas foutu de voir en cette femme ce qu’elle est vraiment et en construit une image erronée. Quand il se rend compte de son propre fourvoiement, il est déjà trop tard, il est passionnément amoureux et n‘est plus capable de se raisonner. Affectivement, il est aliéné à ces sentiments et ce fantasme modelé au départ, incapable de s’en défaire. Trop immature, il ne peut rompre avec cet idéal.

Il n’est pas plus capable de considérer sa soeur (Betsy Blair) comme une femme. Il la maintient sous sa coupe, la sur-protégeant ; il lui interdit de flirter avec son meilleur ami Stefano (Philippe Leroy). Par conséquent, il la tue à petit feu. La frustration naît de cette cohabitation dysfonctionnelle. L’austérité, la froideur, la stricte architecture de Trieste en hiver sont des parures très évocatrices du carcan dans lequel vivent cet homme et sa soeur.

Ce qui est formidable dans ce film reste la capacité de Mauro Bolognini et de ses deux co-scénaristes à ne pas non plus faire peser sur le personnage un jugement trop moral. Bien sûr, le récit plein de justesse maintient un certain équilibre entre les faits et l’opinion que l’on peut s’en faire. Il n’élude pas la part de responsabilité morale du héros, mais ne la fustige pas non plus. Le film montre l’évolution auto-destructrice d’un homme qui croit bien faire, pris à son propre piège.

Malheureusement, à titre personnel, j’ai peine à entrer en empathie pour ce genre de personnage. Il m’irrite même. Et sa déchéance ne réussit pas non plus à me toucher plus que ça. J’ai bien aimé l’idée d’ensemble, ainsi que la toute fin de cette fable, cependant les détails du voyage m’ont paru par moments bien longuets, difficiles à endurer. Je comprends toutefois ceux qui accrochent à ce genre de drame moral. Il y a un aspect “romantique noir” très puissant qui peut plaire.
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

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La viaccia (Le mauvais chemin, 1961)

http://alligatographe.blogspot.fr/2016/ ... mondo.html

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En ce qui me concerne, c’est l’avant dernier film de Bolognini que je vois dans cette rétrospective du cinemed 2016. Après avoir vu “Les amoureux”, “Les garçons” et “Quand la chair succombe” et avant “Une fille formidable”, ce “Mauvais chemin” constitue le clou de cette rétro selon moi, le film que je ne voulais manquer sous aucun prétexte. Le rendez-vous avec Claudia Cardinale et Jean-Paul Belmondo était déjà marqué d’une pierre blanche avant même le début des hostilités, à la parution du programme.

Et quand on se fait d’un film une aussi grande montagne, le risque d’être désappointé est tout aussi grand. Dans une certaine mesure, je suis en effet un peu déçu. Je n’ai pas eu le sentiment de voir un très grand film. Je n’ai pas reçu une nouvelle claque, comme ce fut le cas avec “Le bel Antonio”, ni sur le plan formel, ni sur le fond.

Je l’ai vu il y a déjà quelques jours et j’espérais que le temps faisant son oeuvre, j’aurais une meilleure idée de la relation très compliquée que nouent Claudia Cardinale et Jean-Paul Belmondo. En fait, je la situe mal. Comme souvent avec Mauro Bolognini, la couche de vernis social ou moral qui recouvre les comportements et l’expression amoureuse des personnages est très épaisse. Parfois, comme ici, elle forme une sorte de carapace qui a bien du mal à livrer la vérité des sentiments.

Surtout, l’habillage scénaristique, notamment la relation tout aussi opaque entre le père (Pietro Germi) et le fils (Jean-Paul Belmondo) ajoute à ma confusion. Je n’arrive pas à comprendre, à justifier que l’on s’y attarde autant pour donner du sens à l’histoire sentimentale du couple Belmondo/Cardinale.

Bref, il y a beaucoup d’éléments qui semblent m’échapper dans le détail. Ce que je retiens avant tout, c’est le jeu très fin et puissant de la jeune Claudia Cardinale. Elle m’a sidéré. Belmondo est plus en retrait, dans la contention, si je puis dire, une cocotte minute. A cet exercice, l’acteur n’est pas mauvais. Pietro Germi évolue dans le même registre. Ce sont des paysans, des taiseux. Normal qu’ils soient à l’économie. Logique.

J’ai apprécié le très beau travail de reconstitution historique, le tableau descriptif de la vie quotidienne d’un bordel fin XIXe siècle, le portrait acide de la paysannerie avec ses petites histoires crapoteuses, sordides autour de ses morts et de l’argent. Tout cela est dépeint avec rigueur. La photographie de Leonida Barboni est plutôt belle. Même si la copie visionnée n’était pas géniale, elle donnait un aperçu fort plaisant.

Me voilà au final décontenancé, un peu assis au bord du chemin et attendant toujours ce satané bus qui ne vient pas.

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Ci troviamo in galleria (Une fille formidable, 1953)

http://alligatographe.blogspot.fr/2016/ ... loren.html

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Si je ne m’abuse, il s’agit du premier film de Mauro Bolognini? C’est aussi le dernier film que je vois lors de cette rétrospective Cinemed 2016. Et c’est la grosse déception : je me suis ennuyé et pas qu’un peu!

Heureusement qu’il y avait la jeune Sophia Loren pour maintenir mes sens éveillés, sinon j’aurais sombré. A tel point que sur les 14 films proposés lors de cette rétro cette année, je me demande pourquoi celui-ci y figure. Je ne vois absolument aucun intérêt à cette vague comédie musicale. Même si Sophia Loren n’est pas sans charme, son jeu débutant manque encore un peu de souplesse : littéralement, elle semble figée par moments dans ses mouvements, son port de tête trop rigide, on la sent pas à l’aise. Et je le répète, elle est jolie, attrape tellement bien la lumière, mais sa prestation ne sauve pas le film.

De toute manière, c’est bien plus Carlo Dapporto et Nilla Pizzi qui sont au centre de la distribution. Avant la projection, on nous a “vendu” le film en faisant l’éloge de la chanteuse Nilla Pizzi. Malheureusement, à titre personnel, les numéros musicaux ont constitué un écueil insurmontable. La voix de Nilla Pizzi est peut-être jolie, il n’en demeure pas moins que j’ai le sentiment qu’elle chante la même chanson tout le long du film. Très monotone, cette comédie musicale m’a ennuyé.

Et les numéros de clowns de Carlo Dapporto n’ont jamais su être assez drôles pour me chatouiller les zygomatiques. Sur ce film, ce Dapporto ne vaut pas mon Toto. On sent bien qu’il louche de ce côté là, mais il ne lui arrive pas à la cheville, désolé.

On a droit à un petit sketch d’Alberto Sordi qui s’insère dans le récit avec un pied de biche. Percutant, mais totalement étranger au reste du film, cette vignette apparaît très artificielle.

Entre des chansons qui se ressemblent, un clown fade et une Sophia Loren sous-utilisée et trop inexpérimentée, j’aurais bien de la peine à trouver une raison de garder un souvenir de ce film. Et surtout, il n’y a pas grand chose de bologninien là-dedans : une image colorée pastel, sans jolies nuances, quelques rares mouvements de caméra, beaucoup de plans fixes et ternes, rien de bien folichon.

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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

Message par Profondo Rosso »

Le Chevalier de Maupin (1966)

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Au XVIIè siècle, la jeune et innocente Magdeleine de Maupin est forcée de fuir la maison de son oncle où les soldats hongrois sont sur le point d'arriver. Déguisée en abbé, elle prend la route du couvent. Prise pour un homme, elle est arrêtée par une troupe du roi qui décide de l’enrôler contre son gré. C'est à partir de ce moment qu'elle prend le nom de Theophile.

Mauro Bolognini signe un trépidant récit picaresque avec Le Chevalier de Maupin qui le voit adapter le roman Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier. La mise à mal de la figure masculine avait eu lieu dans Le Bel Antonio (1960) tandis qu’un féminisme éclatant s’exprimerait avec la Claudia Cardinale résistante de Liberté, mon amour (1975). Ces deux voies s’expriment dans Le Chevalier de Maupin avec Magdeleine (Catherine Spaak), corsetée dans ses robes comme dans les conventions, destinée à simplement être belle pour un futur époux qu’elle ne désire pas. Cette pensée rétrograde correspond d’ailleurs à la mentalité bourgeoise avec cette ironie en début de film durant la fête où les discussions s’amusent d’un possible révolte du peuple.

Les circonstances de la grande Histoire vont précipiter l’émancipation de Magdeleine à travers un travestissement en homme pour échapper aux sbires de l’impératrice d’Autriche. Le mélange d’espièglerie et d’innocence de notre héroïne va donc la promener dans ce monde qu’elle connaît si peu, un monde poreux dans sa dynamique masculin/féminin. Plutôt que de s’amuser de l’opposition de la frêle jeune fille à des environnements d’hommes (élément à fort potentiel puisqu’elle est malgré elle enrôlée dans l’armée), c’est à l’inverse au trouble que sa présence androgyne développe chez les autres qui intéresse Bolognini. La promiscuité crée un désir qu’il refoule et ne s’explique pas chez le Capitaine Alcibiade (Robert Hossein) pure figure virile qui révèlera ses failles, tandis que la noblesse décadente du Chevalier d’Albert (Tomás Milián étonnant en dandy précieux) accepte et poursuit son attirance coupable. Les péripéties savent donc exprimer charme distancié et veine picaresque grâce aux dialogues subtils mais aussi le brio formel de Bolognini. Le réalisateur fige des tableaux réalistes (les scènes de ville pleine de vie), stylisé (les compositions somptueuses du final dans la maison close) et raffiné grâce au costumes de Piero Tosi et à la photo solaire de Ennio Guarini.

C’est cependant dans l’érotisme trouble et feutré que le film fait merveille. Les formes se laissant deviner sous l’uniforme de Catherine Spaak laisse planer une sensualité latente que Bolognini rend explicite par intermittences par de superbes idées formelles (le postérieur de Catherine Spaak visible dans le reflet d’une flaque d’eau). Les dialogues piquants et étonnamment explicites sur l’homosexualité donnent quelques séquences comiques et audacieuses où il s’agira d’assumer ses penchants. Cela semble plus simple pour une noblesse sans œillères morales, mais c’est une liberté intime de plus à conquérir pour les modestes que sont Alcibiade (ou Ninon la prostituée en quête d’émancipation qu’incarne Ottavia Piccolo). Mauro Bolognini lui-même homosexuel s’amuse ainsi à faire bouger les lignes (un baiser inattendu, un lit partagé et quelques gestes équivoques) des unions même s’il fait retomber l’ensemble dans la norme lors du final. La perdition du lieu (une maison-close) donne une fascinante contradiction au charivari romantique final, où la caméra suit les amoureux qui s’épient, se cherchent et se suivent dans un décorum tout sauf chaste. Un superbe écrin à la beauté et au charisme de Catherine Spaak, dont l’élégance s’élève au-dessus des normes de genres. 4,5/6
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

Message par moonfleet »

Et toujours pas d"édition sur support de prévue pour cette magnifique comédie !!
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bruce randylan
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

Message par bruce randylan »

Chronique d'un homicide (Imputazione di omicidio per uno studente - 1972)

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Lors d'une manifestation étudiantes, un militant de gauche et un policier trouvent la mort. Alors que l'affaire est déjà délicate par les tensions autour des brutalités policières, le magistrat chargé de l'affaire ignore que son propre fils est responsable d'un des décès.

Le titre est un peu trompeur puisqu'il y a bien deux homicides. C'est pourtant tout l'intérêt du récit qui met en parallèle certains groupuscules d'extrême gauche qui n'hésitent pas à laisser un innocent en prison et les policiers prêts à tout pour couvrir leur abus de violence. Au milieu, il y ce procureur qui semble de bonne foi pour mener avec impartialité l'enquête sur les deux fronts, sans se rendre totalement compte qu'il accorde plus de bienveillance à ces collègues qu'aux manifestants.
Même sans penser aux récents événements (qui le rend toujours d'actualité), le scénario est assez passionnant, assez complexe et refuse le manichéisme. La réalisation dégraissée et sèche. Bolognini est sans doute moins esthétisant que d'habitude mais son style a plus d'impact comme lors de la manifestation du début qui retranscription bien le chaos, la fragmentation des événements et la multiplication des points de vue. Avec ce traitement plus réaliste, il évite le simple film à thèse et se dirige vers une forme d'impasse de la justice. Cependant, et peut-être conscient de cet aspect-là, l'histoire se recentre sur la relation père-fils dans la seconde moitié. Il perd en force et gagne en didactisme pour certaines ficelles voyantes ou dialogues appuyées. On n'est vraiment pas loin du mélodrame familial, ce qui nous éloigne des questions politiques initiales.
Dommage.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Beule
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

Message par Beule »

bruce randylan a écrit :Chronique d'un homicide l'histoire se recentre sur la relation père-fils dans la seconde moitié. Il perd en force et gagne en didactisme pour certaines ficelles voyantes ou dialogues appuyées. On n'est vraiment pas loin du mélodrame familial, ce qui nous éloigne des questions politiques initiales.
Dommage.
Autant je suis en phase avec ce que tu développes précédemment, autant je ne partage pas ta perception d'un glissement vers le mélodrame familial. Et pour cause : pour moi il n'y a aucun recentrage sur la relation père-fils. Cette relation est à l'épicentre des révélations sismiques apportées par l'instruction du juge Sora qui complètent un état des lieux – et rien de plus – d’une éloquence rare.

De bout en bout, Sola nous est présenté comme un homme d'une probité exemplaire, partout soucieux de faire appliquer l’esprit et l'équité de la Loi. Il est le garant ontologique des droits et libertés de la société italienne perturbée par des remous extrémistes qu'il estime marginaux. Mais pour reprendre la maxime rabelaisienne, l'ignorance est mère de tous les maux. Ce qu'il n'a pas intégré, c'est que ces perturbations, justement, n'ont plus rien de marginales, que même un séminariste peut désormais accompagner et relayer en toute bonne foi les revendications de l'extrême-gauche la plus athée lorsqu'elles recoupent la problématique humaniste... Que la fracture est devenue irréconciliable.

Cette ignorance est induite dès le début via la méconnaissance des pulsions radicales qui animent son fils, et mise en lumière dans un subtil contraste par l'appréhension instinctive qu'en a son épouse (Valentina Cortese formidable de compassion) pourtant bien moins avisée politiquement. La relation entre Balsam et Ranieri sous-tend toute l'articulation du récit. Elle est à la fois le catalyseur et le miroir grossissant de la prise de conscience progressive du magistrat, jusqu'à la révélation : cette majorité silencieuse (sic) qu'il croyait défendre n'est plus. Lotta continua et autres formations extraparlementaires révolutionnaires parmi les plus extrémistes en viennent à rassembler jusqu'aux fils des plus éminents fonctionnaires d'état. Ce qu'il tenait pour la marge est désormais la norme.

Il ne me semble pas que le renoncement à la charge magistrale soit étayé de quelque façon par les roueries du mélodrame familial. Bien au contraire. Motivant sa démission face au Procureur Général Salvo Randone, Sola déclare en substance : "Je ne veux plus juger (...) je ne veux pas me retrouver seul (...) je veux comprendre..". C’est bien l'affirmation d'une conscience aigüe, d’une authentique ouverture à la chose politique, qui point derrière cette confession poignante. En gardant à l’esprit que deux ans à peine s’étaient écoulés depuis le déclenchement des premières exactions imputées aux groupuscules révolutionnaires d’extrême-gauche, on est même en droit d’y lire la conclusion d’un état des lieux sidérant de lucidité, et que partant, on aurait souhaitée prophétique.

Imputazione... est un grand film politique mais en aucun cas un film didactique sur le mode partisan. Il se garde bien de déférer en jugement au spectateur l'une ou l'autre des parties antagonistes, quels que soient les travers ataviques ou aveuglément contestataires qu’il décrypte et expose limpidement. C’est d’ailleurs, me semble-t-il, une constante aux scripts majeurs d’Ugo Pirro que de savoir taire les accointances naturelles pour embrasser la chose politique dans toute sa complexité humaine.

Un film phare qui ne cesse de se bonifier dans ma mémoire depuis que je l’ai découvert il y a quelques mois. Ton avis me donne en tout cas envie de m'y replonger très vite.
bruce randylan
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

Message par bruce randylan »

Oui, en effet, quand je dis que "drame familial", j'aurais du dire "relation père-fils" (même si la mère donne quelques scènes - assez touchantes d'ailleurs par son impuissance et désarroi). Mais pour le reste, ça ne change pas mon ressenti.
Je n'ai pas compris pourquoi le juge ne demandait pas plutôt à être dessaisi de l'affaire (ou pourquoi cela n'était pas imposé dès que son fils intègre la liste des personnes convoqués. Peut-être que ce principe de transparence n'existait pas à l'époque mais j'y vois surtout une ficelle trop démonstrative des rapports en jeux.

Et je relance le topic

Adieu Moscou (Mosca addio - 1987)

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Un drame poignant retraçant la vie d'Ida Nudel, juive moscovite qui fut persécutée pour avoir critiqué l'antisémitisme du pouvoir : elle fut interdite de quitter l'Union Soviétique avant d'être envoyée dans les camps de travaux en Sibérie.
On a toutefois plutôt l'impression de suivre un projet de Liv Ullmann (qui fut un soutien officiel d'Ida Nudel quand son cas fut médiatisé) que de Bolognini. Son interprétation est magistrale et souvent bouleversante. Elle est parfaite et toujours juste, sans vampiriser le rôle, laissant tour à tour éclater sa rage, son désespoir, sa résignation, sa lassitude, d'abnégation et surtout son indéfectible détermination.
Si elle porte le film sur ses épaules, Bolognini parvient tout de même a récréer astucieusement la Russie de l'époque avec pas mal de système D (malgré quelques stocks shots ou caméra cachée à la définition médiocre). Il donne au drame de Nudel ce qu'il faut de dignité et de noblesse. On sent un poids constant à sa mise en scène (gestion du temps, suite de décors emprisonnant, couleurs de plus en plus ternes, immobilisme) tout en évitant l'académisme. Derrière le réquisitoire assez puissant contre le totalitarisme soviétique et sa kafkaïenne machine à broyer les individus, il y a aussi une sorte de parcours existentiel qui aurait mérité d'être plus développé et je me demande si le dernier tiers n'a pas subi de nombreuses coupes (les relations de Liv Ullman avec les autres ouvrières et surtout sa relation avec sa geôlière).
J'ai entendu Jean Gili en parler quelques jours après et il n'était pas particulièrement tendre avec le film (genre "mais comment s'est-il retrouvé dans cette galère ?") tout en reconnaissant la qualité interprétation.

Dans les films à sketchs, grosse déception devant Caprices à l'italienne où peu de segments sortent du lot. C'est souvent convenu et ça manque cruellement de mordant.
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Pasolini essaie de faire preuve de poésie sur la condition humaine mais se plante avec ses comédiens agaçants et un symbolisme lourdingue.
Bolignini signent deux sketch totalement anodins ; le premier (très court) sur une épouse horripilante qui fatigue son mari alors qu'ils sont coincés dans un embouteillage et le second sur une femme jalouse qui croit que son mari la trompe. Pour ce dernier, l'écriture tourne en rond, peine à trouver un axe original et se déroule sans grande surprise jusqu'à une chute prévisible. Ca cabotine pas mal en plus. Au moins ça rend le sketch vivant.
Mario Monicelli livre un épisode méchant et amusant, peut-être le plus caustique avec une nounou qui veut préserver des enfants de la mauvaise influence des Comics et les terrorise des enfants en leur racontant Le Petit Poucet au premier degré.Cela-dit, c'est un peu tiède en mise en scène et ça aurait mérité d'être un peu plus développé.
Pino Zac et Franco Rossi mette en scène la Reine d'Angleterre en voyage en Afrique et tenant des propos raciste sans s'en rendre compte. Encore un opus qui tombe lui aussi à plat et de dépasse pas son simple postulat.

Finalement le plus plaisant est aussi le plus facile et le moins ambitieux : Toto qui se rebelle contre la jeunesse et décide de tondre la capillarité excessive des minets qu'il croise.
C'est profondément idiot - et un "poil" réact - mais Toto s'y amuse beaucoup avec pas mal de déguisements improbables et un scénario presque surréaliste. C'est signé par son vieux compère Steno.
Toto apparait d'ailleurs aussi dans le sketch de Pasolini. Pour sa (double) dernière apparition au cinéma, c'est finalement lui qui sauve l'honneur.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Supfiction
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Re: Mauro Bolognini (1922-2001)

Message par Supfiction »

Vu L’héritage cette semaine et contrairement à ce qui est dit plus haut, j’ai trouvé la photo et la mise en scène delicate et formidable. Je ne sais pas pourquoi mais les mouvements de caméra m’ont fait pensé à la mise en scène de Sergio Leone dans Il était une fois en Amérique. La sensualité de Dominique Sanda est totalement magnifiée.
Grand film!

Pendant que je suis là, Les garçons m’avait plutôt ennuyé en revanche.

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