Ronald Neame (1911-2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Capitaine Blood2
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Ronald Neame (1911-2010)

Message par Capitaine Blood2 »

Ronald Neame, réalisateur britannique est décédé mercredi à l'age de 99 ans.
Il a fait de tres bons films : l'aventure du posseidon, mystère sur la falaise, les fuyards de zahrain,...
et franchement, j'aimerais decouvrir les films qu'il a fait avec alec guinness (scroodge, les fanfares de la gloire, de la bouche du cheval, trois dames et un as) ainsi que son prudence et la pillule avec david niven.

RIP Ronald
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AtCloseRange
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Re: Ronald Neame

Message par AtCloseRange »

Ce fut aussi un collaborateur important de David Lean à ses débuts.
J'avais fait de l'excellent "The Man WHo Never Was" un de mes films du mois.
AtCloseRange a écrit :L'Homme qui n'a jamais existé (Ronald Neame)
A partir d'un sujet magnifique (le rôle authentique joué par un mort inconnu dans la seconde guerre mondiale), Neame réalise un film au scénario parfait avec une minutie de tous les instants. Neame qui a été un ancien collaborateur de David Lean a pas mal appris de ses premiers films et il y a une dignité dans le traitement du sujet et des personnages, voir la scène de l'habillage du mort, la rédaction de la (fausse) lettre d'adieu.
Les acteurs sont parfaits, notamment un Clifton Webb très sobre.
Et puis il y a Gloria Grahame... même si je la préfère en noir et blanc. Là, elle est un peu maquillée comme une voiture volée.
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Jeremy Fox
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Jeremy Fox »

Je me rappelle avoir beaucoup apprécié son The Prime of Miss Jean Brodie avec une Maggie Smith magistrale et j'ai un faible pour The Seventh Sin tout simplement par le seul fait qu'Eleanor Parker n'a jamais été aussi belle et qu'elle porte ce mélodrame exotique sur ses épaules.
luc
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par luc »

AtCloseRange a écrit :Ce fut aussi un collaborateur important de David Lean à ses débuts.
J'avais fait de l'excellent "The Man WHo Never Was" un de mes films du mois.
AtCloseRange a écrit :L'Homme qui n'a jamais existé (Ronald Neame)
A partir d'un sujet magnifique (le rôle authentique joué par un mort inconnu dans la seconde guerre mondiale), Neame réalise un film au scénario parfait avec une minutie de tous les instants. Neame qui a été un ancien collaborateur de David Lean a pas mal appris de ses premiers films et il y a une dignité dans le traitement du sujet et des personnages, voir la scène de l'habillage du mort, la rédaction de la (fausse) lettre d'adieu.
Les acteurs sont parfaits, notamment un Clifton Webb très sobre.
Et puis il y a Gloria Grahame... même si je la préfère en noir et blanc. Là, elle est un peu maquillée comme une voiture volée.
Je confirme , ce film est très original ... il existe d'ailleurs en zone 1 avec VF d'époque sur Price Minister à 8.75 €
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Jeremy Fox
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Jeremy Fox »

L'aventure du Poséidon (The Poseidon Aventure) : 1972

Après une première demi-heure assez ridicule dans sa présentation des personnages, la catastrophe débute et l'on suit alors le film sans trop d'ennuis grâce à Gene Hackman et Ernest Borgnine, d'intrigants décors retournés (puisque le paquebot a fait un demi-tour sur lui-même) et une gestion du suspense assez efficaces durant certaines scènes. On reconnait aussi la patte de John Williams mais l'ensemble n'aura quand même été guère plus captivant que ça faute à une brochette de personnages assez pénible. Pour la même période, je trouve que le premier Airport a bien mieux vieilli.
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Rick Blaine
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Rick Blaine »

J'en garde un excellent souvenir et je le considère comme le meilleur "film catastrophe" assez nettement. Ce que j'ai vu depuis de Ronald Neame confirme que j'aime ce réalisateur, mais cela fait plus de 15 ans que j'ai découvert ce film, à revoir.
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Jeremy Fox
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :J'en garde un excellent souvenir et je le considère comme le meilleur "film catastrophe" assez nettement.
Dans mon souvenir aussi. La redécouverte a été un peu décevante même si le visionnage n'a pas été désagréable :(
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Kevin95
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Kevin95 »

Bah... et The Towering Inferno les gars ???
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Jeremy Fox
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Jeremy Fox »

Kevin95 a écrit :Bah... et The Towering Inferno les gars ???

Ah oui exact. Faudrait d'ailleurs que je pense à me le procurer car grandiose souvenir d'adolescence.
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Rick Blaine
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Rick Blaine »

Kevin95 a écrit :Bah... et The Towering Inferno les gars ???
J'aime beaucoup aussi, mais j'ai toujours placé le Neame un cran au dessus.
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Alexandre Angel
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Alexandre Angel »

Rick Blaine a écrit :
Kevin95 a écrit :Bah... et The Towering Inferno les gars ???
J'aime beaucoup aussi, mais j'ai toujours placé le Neame un cran au dessus.
Moi, c'est l'inverse.....mais de plus d'un cran.
Bon allez, auto-citage
Alexandre Angel a écrit :Bon sinon, je vais être très original : LE film catastrophe est La Tour infernale.
Evidemment, Titanic est l'énorme rival, mais Titanic, que voulez-vous, est un produit des années 90. Le naufrage, aussi somptueux soit-il, est avant tout un magnifique tour de force technique relayé par une mise en scène inspirée, certes, mais trop déconnectée de l'intrigue principale qui est calculée, superficielle, non crédible (ah, le doigt d'honneur de Kate Winslet!). On marche mais il faut trier le grain de l'ivraie (s'ajoute à cela l'extrême proximité graphique de l'excellent Atlantique Latitude 41°, de Roy Ward Baker). Le film de John Guillermin (dont le métier suscite que l'on en repère la personnalité) et d'Irwin Allen, si il est réac et conventionnel (limite infranchissable du film catastrophe), possède un truc qui le classe dans le peloton de tête du genre, et en amont, et en aval : c'est le sens de l'épique. Voilà un film que j'aurais adoré voir à sa sortie en Mars 1975 (je ne l'ai vu, en reprise, qu'en Juillet 1979,mais quelle claque!). Tous les autres films catastrophe déçoivent à plus d'un titre, y compris L'Aventure du Poséidon,et antérieur, et du même producteur, excellemment réalisé mais déjà routinier dans ses péripéties. La Tour infernale nous la joue film de guerre. C'est Le Jour le plus long, sauf que c'est la nuit . C'est beau comme un feu follet, une luciole géante, une descente au flambeau. La barre est placée haut, dès le générique, dont la musique, méconnue ici, de John Williams, annonce celle de Superman, le film, et pastiche l'Elmer Bernstein des 7 Mercenaires. On sait d'emblée, puisqu'on connaît la durée du film, à savoir 2h50, qu'on est pas prêt d'en finir, et comme l'a dit quelqu'un plus haut, ça démarre vite. 2h50 en 1975 pour un film de ce genre, c'était grandiose et ça le reste. C'est un truc de fous. Bon la caractérisation des personnages, comme je le suggérais plus haut, est faiblarde, mais elle existe et leur sort nous ébranle. Impossible de rester insensible à l'aventure de Robert Wagner, ni au devenir de Jennifer Jones. J'affirme qu'aucun film de 2h50, dans l'histoire du cinéma (péremptoire, quand tu nous tiens :mrgreen: ) n'aura été aussi peu ennuyeux (si, y a Casino). La Tour est remarquablement construit (mais pas construite, par contre), faisant monter la sauce avec un sens évident du graduel, de la gestion du suspense, et du spectacle. Au diapason du sujet, on s'achemine vers quelque chose. L'ennemi est désigné: c'est le feu. La photo remarquable de Fred Koenekamp magnifie les maquettes et leurs flammèches boostées mais le vrai feu, celui au milieu duquel de vrais cascadeurs se déhanchent, est photographié avec la modernité cinégénique nécessaire à ce qu'il soit un adversaire crédible, dangereux. Aucun autre film du Samedi soir ultérieur nous aura autant donné chaud aux fesses.
Si la résolution du sinistre déçoit un peu, c'est parce que ce genre de films finit, tôt ou tard, par avoir maille à partir avec le réalisme.
Mais, tout de même, on aura pas été floué.
Mais il convient de rappeler que L'Aventure du Poséidon est le premier film catastrophe au sens actuel de l'acception. Le premier Airport, si mes souvenirs sont bons, n'a rien de véritablement "catastrophique".
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Kevin95
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Ronald Neame (1911-2010)

Message par Kevin95 »

ESCAPE FROM ZAHRAIN - Ronald Neame (1962) découverte

Bande exotique d'aventure, comme un croisement entre Exodus d'Otto Preminger et Un taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière. Un pays arabe, un pouvoir répressif, des rebelles et un groupe de personnages en fuite dont une infirmière sympa (une infirmière quoi !), un américain cynique (un américain quoi !), un jeune rebelle fiévreux (Sal Mineo quoi !) et son leader Yul Brynner qui ne quitte jamais son turban (un chauve quoi !) Bien mené, réalisé sans débordements et avec élégance, Escape from Zahrain ne vise pas à marquer les esprits mais à faire passer le temps sans honte. De la production 60's en somme, sans personnalité mais suffisamment efficace pour qu'on trouve sa place. Détail amusant qui mériterait (peut-être... enfin si quelqu'un a le temps) approfondissement, le film tisse de nombreux liens avec Mad Max : Fury Road de George Miller : même intrigue, même décorum ou même séquence dans laquelle des personnages se jettent, cocktails Molotov en pogne, sur des véhicules à toute vitesse. Étonnant non ?
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Profondo Rosso
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Profondo Rosso »

Je rajoute ça ici

The Chalk Garden de Ronald Neame (1964)

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Une grand-mère cherche une préceptrice pour sa petite fille de 16 ans, Laurel, qui fait fuir tout le monde en révélant leur passé. Lorsqu'une postulante se présente avec un passé mystérieux, Laurel décide de découvrir ses secrets à tout prix. Dans le même temps, la mère de Laurel, mariée, divorcée, remariée, séparée... refait surface.

The Chalk Garden est un superbe mélodrame produit en Angleterre par Universal et plus précisément Ross Hunter dont on retrouve la patine des productions américaines dans le croisement d'esthétique chatoyante et de fonds torturé dans le propos. Le film est adaptée de la pièce éponyme d'Enid Bagnold écrite en 1956 et sera l'occasion d'offrir un de ses grands rôle à la star Disney et désormais adolescente Hayley Mills, ici bien entourée au casting avec son père John Mills, Deborah Kerr et Edith Evans. Elle incarne la jeune Laurel, adolescente vivant avec sa grand-mère (Edith Evans) et dont le caractère tempétueux a déjà épuisé nombre de gouvernante. Elle va trouver plus de résistance avec la mystérieuse Miss Madrigal (Deborah Kerr), nouvelle venue qui va se montrer d'une patience sans faille et afficher un répondant narquois qui va déstabiliser Laurel. La nature excentrique et l'attitude exécrable de Laurel tout comme la retenue de Miss Madrigal semblent pourtant être pour chacune une armure dissimulant des douleurs plus secrète. Ce seront d'abord celles de Laurel qui se révèleront. Hors des cadres proprets de Disney, Hayley Mills fut un des enfants acteurs au talent le plus manifeste et aux rôles les plus risqués comme dans le formidable Tiger Bay (1959). Elle le confirme ici avec cette Laurel complètement torturée, brassant des idées noires et capable par son bagout de déstabiliser n'importe quel adulte dont elle se délecte à repérer les faiblesses, déterrer les secrets en fouillant dans son intimité. Elle va pourtant tomber sur un mur avec Miss Madrigal, jeune femme sans passé, peu diserte mais dont le stoïcisme est trahit par quelques habitudes étranges comme de toujours laisser la porte de sa chambre ouverte. Miss Madrigal retrouve ainsi beaucoup de l'adolescente qu'elle était en Laurel, sait ainsi en parer tous les coups et devine les raisons de son comportement.

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Ronald Neame offre une mise en scène au lyrisme feutré, la beauté du cadre portuaire, du luxueux domaine et de son jardin étant toujours au service de l'angoisse sourde habitant les personnages. Une atmosphère tendue et pesante règne constamment sous le semblant de légèreté, symbolisant l'emprise de la grand-mère incarnée par une Edith Evans incarnant un être bien plus complexe que sa bonhomie affable laisse entendre. La nature destructrice de Laurel lui doit beaucoup car elle a littéralement façonné le caractère de l'adolescente à l'aune de ses propres déceptions et rancœur, celle-ci représentant un trophée lui permettant de se venger de sa propre fille qui n'a pas suivi le parcours qu'elle lui destinait. Elle garde ainsi jalousement près d'elle Laurel, l'empêchant de retourner avec sa mère et la montant contre elle. Hayley Mills est fabuleuse pour illustrer ce mélange de dureté adulte et de recherche d'affection inavouée, chaque ouverture possible étant tempérée par une réaction violente où une répartie acerbe. Neame s'appuie sur son jeu expressif, son bagout et sa malice qui la rendent tour à tour fragile et menaçante selon les lieux dépeint. Hors de l'influence néfaste de la maison, elle se montre plus avenante et capable d'exprimer ses douleurs même si elle se referme très vite (la scène de dessin sur la falaise, les retrouvailles nocturnes sur la plage) tandis que dans les scènes d'intérieurs c'est un vrai démon cherchant toujours à faire vaciller l'interlocuteur. L'amusante scène de début où elle fait fuir une gouvernante venue postuler semble placer le récit dans un ton guilleret mais une saisissante noirceur s'installe très vite. Cela passe par les réplique crues et brutales de Laurel (tournant toujours autour de la mort ou du sexe) et les moments où elle s'abandonne, plus inquiétants que vraiment charmant comme lorsqu'elle adoptera en cachette des attitudes tendres et maternelle envers a poupée comme pur exprimer celle qu'elle n'a pas eu.

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Deborah Kerr est tout aussi captivante dans un registre plus retenu où sa présence dégage une sentiment de force et de fébrilité, à l'image des rôles de mentor/victimes qu'elle a pu tenir dans Le Narcisse Noir, Bonjour Tristesse ou Les Innocents. Comme dans chacune de ces œuvres, un tumulte intérieur et un passé douloureux se devine sous le masque impassible.t La sensation d'avoir un pendant adulte et une image future Laurel se fera de plus en plus fort, un élément du passé de Miss Madrigal expliquant ainsi son attachement et sa crainte de voir la jeune fille prendre le même chemin. Neame l'exprime subtilement dans sa mise en scène où lorsque les deux personnages sont ensemble à l'image, le plus instable apparait toujours en amorce sur la droite de l'écran. C'est le plus souvent Laurel, mais le réalisateur perturbe de nombreuse fois ce repère en donnant cette place à Deborah Kerr comme pour nous montrer le mimétisme et le même trouble entre les héroïnes.

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Le cadrage d'une des dernières scènes plus apaisée les voit même occuper ensemble cette place à l'image. Son secret se distillera au fil de moments ludiques où Laurel l'épie, la questionne et fouille ses affaires, laissant poindre quelques indices qui trouveront leur explication dans un moment saisissant où Deborah Kerr brille par l'intensité de son jeu. On est jamais loin de basculer dans la pur noirceur et le quasi thriller, notamment par le score inquiétant (un thème au piano vraiment entêtant pour exprimer les fêlures) de Malcolm Arnold mais sous cette facette le film (et certainement la pièce) pose un regard finalement bienveillant. Edith Evans paraîtra ainsi plus comme une femme craintive de la solitude et de la vieillesse. Le final résout ainsi les conflits, tout en y laissant une part de mystère (le passé de Deborah Kerr omettant un détail essentiel). Une belle découverte. 5/6

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Profondo Rosso
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Profondo Rosso »

Un hold-up extraordinaire (1966)

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Deux petits truands projettent de voler une statue de l'impératrice Nissu avec l'aide d'un taxi-girl de Hong Kong qui ressemble à la fois à l'impératrice et à la défunte femme du milliardaire à qui ils doivent dérober l'objet.

Après le succès international de Alfie (et une nomination à l'Oscar à la clé) Michael Caine se voyait proposer son premier grand rôle à Hollywood avec ce caper movie plein de classe et parfaitement équilibré entre tension et dérision. Ces deux facettes se traduisent par la nature facétieuse de son couple vedette et d'un scénario fort astucieux. Michael Caine afin de duper un milliardaire dont il souhaite dérober une statuette engage donc Nicole Chang (Shirley MacLaine) danseuse eurasienne sans le sous et sosie parfait de son épouse défunte. Lors des première séquences, Caine arbore une allure élégante et pleine d'assurance, presque Bondienne et trop belle pour être vrai. Le recrutement de MacLaine se fait donc en un clin d'oeil tandis que le plan infaillible se déroule sans accrocs : Nicole Chang joue parfaitement son rôle de potiche (Shirley MacLaine décroche son premier mot au bout de 30 minutes étonnant !), la victime s'avère idéalement crédule et manipulable (Herber Lom grimé en indien façon Peter Sellers dans The Party) et Michael Caine s'avère bien entendu irrésistible (un des slogans du film à sa sortie sera d'ailleurs Alfie meets Shirley). Sauf que par la grâce d'une astucieuse pirouette scénaristique tout cela va s'avérer faux et que le vrai cambriolage sera autrement plus compliqué.Le script confronte fantasme et réalité à travers différentes déconvenues qui vont ébranler le plan bien huilé de Michael Caine. Herbert Lom va s'avérer bien plus roublard en réalité avec un joli jeu de dupes, les circonstances bien moins favorable et surtout Shirley MacLaine n'a rien de la jolie poupée de porcelaine mutique envisagée. Le charme de la star opère à plein avec cette femme gouailleuse, séductrice et surtout bien plus fine et intelligente que prévu au grand désarroi de Caine qu'elle supplante en connaissance lors des joute verbale avec Herbert Lom.

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On réhausse ainsi la nature de la supposée potiche tout en jouant des origines de modeste Caine pour le montrer mal à l'aise dans les instants les plus mondain finalement (il faut le voir hésiter et répondre à côté à chaque relance de Lom). Cette différence rend les deux personnages complémentaires et contribue à leur rapprochement progressif en très joli couple. Sous la légèreté manifeste de l'ensemble, Neame gère idéalement l'aspect hold-up qui s'avère très prenant par la nature (comme souvent) infranchissable du système de sécurité (surtout après avoir ridiculisé ainsi Caine qu'on n'imagine pas capable de le briser) et la longue séquence de casse truffée de rebondissements inattendus est très réussie. La conclusion offre d'ailleurs un contrepied assez génial comme on en voit peu dans ce type de film et qui scelle magnifiquement la touche romantique jusque là diffuse de l'histoire. Gambit est également un objet sixties du plus bel aloi avec la photo pétaradante de couleur de Clifford Stine (illuminant autant les intérieurs luxueux que les extérieurs les plus exotiques), un Maurice Jarre qui s'est lâché dans la partition easy listening et une direction artistique pleine d'idées avec ses divers gadget et décors à double emploi. Michael Caine une fois brisée son flegme de façade s'avère d'un charme parfait et Shirley MacLaine (qui change de tenue toute les scènes) montre une fois de plus ses exceptionnelles disposition dans la comédie. 4,5

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Alexandre Angel
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Re: Ronald Neame (1911-2010)

Message par Alexandre Angel »

As-tu vu The Golden Salamander (1950), avec Anouk Aimée et Trevor Howard, dont Bertrand Tavernier dit ceci:

"THE GOLDEN SALAMANDER de Ronald Neame avec Trevor Howard et Anouk Aimée [...] se révèle une très jolie surprise. C’est un thriller bien mené, tourné en grande partie en extérieurs réels, en Afrique du Nord où l’on voit un archéologue démasquer de dangereux contrebandiers menés par l’inévitable Herbert Lom. La mise en scène est assez nerveuse et la photo d’Oswald Morris plutôt belle. Dans ses mémoires, Neame qui est fier du film (le premier qu’il produisit) dit qu’il se fâcha avec Freddie Francis qui quitta le tournage pour aller rejoindre Powell. Fut-il remplacé par Morris ? La vraie surprise du film vient d’Anouk Aimée, encore créditée Anouk sur le générique qui est ici vive, mutine, flirteuse, touchante. Ses scènes avec Howard sont excellentes et il se passe quelque chose entre eux. Neame dit d’ailleurs qu’il exploita le fait qu’ils avaient une liaison et que cela rejaillit dans le film". (12 novembre 2012)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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