Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Ann Harding »

daniel gregg a écrit :Et tu as bien fait ! :wink:
D'ailleurs te souviens tu qu'elle était la durée exacte du film, à sa diffusion au CDM ( Schiava del peccato), car il me manque la fin ?
1h38'39''
daniel gregg
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par daniel gregg »

Ann Harding a écrit :
daniel gregg a écrit :Et tu as bien fait ! :wink:
D'ailleurs te souviens tu qu'elle était la durée exacte du film, à sa diffusion au CDM ( Schiava del peccato), car il me manque la fin ?
1h38'39''
Merci.
Pour les films les plus significatifs de Matarazzo, outre son premier film, déjà les films évoqués dans mon premier post sont très recommandables. :wink:
bruce randylan
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Ann Harding a écrit :L'Intrusa (1955, R. Matarazzo) avec Lea Padovani et Amadeo Nazzari

Luisa (L. Padovani) est retrouvée inconsciente dans une barque. Le médecin (A. Nazzari) du village la soigne et lui trouve un emploi. Il l'épouse un peu plus tard...

Il semble que Matarazzo est devenu un réalisateur 'culte' après avoir été ravagé par la critique dans les années 50. Dans un vieux numéro de Positif de 1976, j'ai retrouvé quelques articles sur ce réalisateur qui attirait les foules dans les années 50 en Italie. Il avait apparemment commencé sa carrière en tournant des comédies. Mais, les années 50 font de lui le roi du mélo lacrymal. J'avais vu précédemment les deux Matarazzo diffusés au Cinéma de Minuit, dont Nestor a parlé ci-dessus. Comme lui, j'avais trouvé les films assez moyens. Mais, pour cette Intrusa, les bras m'en sont tombés devant une intrigue tellement bourrée de clichés que j'avais l'impression de voir un roman-photo tiré de Nous Deux. La pauvre Lea Padovani est retrouvée inconsciente après avoir dérivé dans une barque, mais son maquillage est absolument parfait, ses cheveux en place et ses ongles manucurés. Son histoire d'amour avec le médecin du village est totalement dépourvue d'intérêt. Il faut dire qu'Amadeo Nazzari est un acteur incroyablement figé, une vraie buche dans le style Rock Hudson. Il est absolument incroyable de penser que ce Nazzari ait été le chouchou N°1 du public italien à l'époque. :shock:...surtout si on le compare aux formidables interprètes masculins du cinéma italien comme Vittorio de Sica ou Marcello Mastroianni. Les rebondissements de l'intrigue sont tellement tirés par les cheveux que ça en devient comique. La pauvre Lea a été séduite et abandonnée. Elle a perdu l'enfant qu'elle attendait et elle est maintenant stérile. Miracle! Elle se retrouve face à son ancien séducteur. La femme de celui-ci est enceinte et son médecin de mari va l'accoucher. Puis, le mari devient jaloux du séducteur avant d'avouer qu'il n'a épousé la pauvre Lea que par pitié. Oh la la....Evidemment, tout est bien qui finit bien au final. Avec une telle intrigue on pourrait espérer au moins une mise en scène inspirée. A vrai dire, il se passe bien peu de chose au niveau visuel. Nous sommes claquemurés presque du début à la fin dans une maison où les acteurs se lancent dans des discours interminables sur leurs tourments intérieurs. Franchement, j'adore le cinéma italien, les comédies de Camerini, les mélo de Soldati ou les comédies de Risi, Germi et Monicelli. Mais, les qualités de ce Matarazzo m'échappent complètement...
Oui, pas mieux (ou pas pire :? )
En fait, j'ai totalement décroché au bout de 30 minutes. J'ai suivi ça en fil rouge pour vérifier si ça devenait pas mieux à un moment... Ben même pas... j'avais l'impression de me retrouver devant le pire des mélos mexicain des années 30 :mrgreen:

J'avais aussi regardé L'avventuria Del Piano Di Sopra que j'ai vu en entier :lol:
Le fait que ce soit une comédie doit surement aidé même si ça reste anecdotique avec une mise en scène qui est incapable de donner un vrai tempo à un scénario pourtant rondement bien mené sur le papier. Le sens de l'espace de Matarazzo est à ce titre très limité.
Le rythme ne s'emballe que sur la fin et encore pas bien longtemps. Heureusement qu'il reste l'abattage des acteurs (surtout De Sica)
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Ann Harding »

Catene (Le mensonge d'une mère, 1949) de R. Matarazzo avec Yvonne Sanson et Amadeo Nazzari

Rosa (Y. Sanson) est mariée avec un garagiste (A. Nazzari). Elle est heureuse avec ses deux enfants. Mais, son ancien fiancé devenu voyou réapparaît...

Voici mon quatrième opus de Matarazzo et je suis toujours aussi dubitative face aux oeuvres de ce cinéaste. Dans un numéro de Juil-Août 1976 de Positif, il y a un long panégyrique sur Matarazzo. On peut y lire par exemple: "Dans le mélodrame, le Destin n'est pas métaphysique, mais social ou politique. C'est pourquoi le mélodrame est la tragédie bourgeoise, dépendant d'une conscience de l'existence de la société. Cette parfaite définition de Jean-Loup Bourget pourrait s'appliquer à Catane." Malheureusement, l'encrage des thèmes de Matarazzo dans la société italienne est plus que léger. Nous ne voyons jamais réellement les liens qui unissent les époux Aniello à leur environement. Tout cela est éludé pour ne nous présenter que les ressorts les plus éculés du mélo à trois sous avec d'énormes ficelles. La pauvre Rosa est une fois de plus une femme frappée par la Destinée: un ancien amant réapparaît et la menace de tout révéler à son mari. D'abord qu'a-t-il réellement à révéler ? Si on en croît le dénouement, elle n'a eu avec lui qu'une relation platonique, alors pourquoi tout ce ramdam ? Le sommet est atteint avec l'auto-dénonciation de la femme pour sauver le mari meurtrier de son supposé amant. Dans ce même Positif, un critique se permet même l'hypothèse que Catene soit à l'origine de ces deux chefs d'oeuvre de la comédie grinçante italienne que sont Divorzio all'italiana et Sedotta e abbandonata, tous deux du génial Pietro Germi. Certes, on y retrouve le thème de l'adultère et de la femme séduite et abandonnée. Mais, Germi y réalise une critique sociale extrêmement féroce tout en maniant un humour noir fabuleux quand Matarazzo se contente d'enregistrer un mélo sentimental qui n'interroge pas le moins du monde la société. Si encore l'interprétation offrait un véritable plaisir au spectateur, on pourrait gober ce mélo roman-photo. Hélas, Amadeo Nazzari est toujours aussi raide et inexpressif. Quant à Yvonne Sanson (censée être un modèle de sensualité selon certains!) n'est pour moi qu'une actrice assez lourde et terne, comme le chignon qu'elle porte durant presque tout le film. Passablement ennuyeux et terne....
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Abronsius »

J'ai vu les deux premiers du coffret Eclipse/Criterion : une purge.

http://myimaginarylandscapes.blogspot.f ... 0Raffaello

Du coup les deux autres me tentent beaucoup moins.
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

La rétro Matarazzo a commencé hier à la cinémathèque pour les courageux :mrgreen:

Je vais essayer d'en tenter 2-3 en évitant ses mélodrames comme la peste :fiou:
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Jack Carter
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Jack Carter »

Le Navire des filles perdues a bonne reputation, mais je ne sais pas si c'est un melo :mrgreen:

j'ai quelques titres en stock, mais Abronsius, qui s'est tapé courageusement le coffret Eclipse, ne m'a pas vraiment encouragé à les voir :lol:
Apres, Daniel gregg est fan, donc ça me tente un peu quand meme :lol:
cruel dilemme !
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Jack Carter a écrit :Le Navire des filles perdues a bonne reputation, mais je ne sais pas si c'est un melo :mrgreen:
Celui-là, je vais vraiment essayer de le voir au 2ème passage (puisque je ne pouvais le voir hier lors de l'ouverture du cycle)
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

La fille de la rizière (la risaia - 1955)

Le patron d'une grande rizière découvre qu'une de ses employée saisonnière est sa fille. Alors qu'elle ignore les liens qui les unissent, il essaye de se rapprocher d'elle tandis que son neveu tente de la séduire sans ménagement et qu'elle rencontre l'amour via un garagiste.

Bien mieux que ceux découverts au cinéma de minuit (Le mensonge d'une mère, l'intrusa) ce mélodrame n'en demeure pas pour autant une réussite voire un titre réussi. Mais les acteurs sont dans l'ensemble (un peu) moins agaçant, l'approche "tire-larmes" bien moins prononcée et artificielle et la mise en scène est un peu moins stérile : le cinémascope est assez jolie (encore que Matarazzo abuse un peu trop des lignes diagonales avec les travailleuses en ligne indienne), la musique est assez jolie et la photo plus que décente.
Dans les bons points il faut aussi souligner l’interprétation assez subtile et touchante de Folco Lulli dans le rôle du père qui se découvre une fille et qui ne sait pas comment témoigner sa tendresse envers quelqu'un qui ignore son existence. Et puis Elsa Martinelli est vraiment magnifique ( :oops: ) même si ça reste une piètre actrice (son jeu où elle craque après la tentative de viol est risible :uhuh: ).

Sinon, l'approche est vraiment traitée avec de gros sabots : pour bien montrer que Elsa Martinelli est une fille pure et bien, elle est la seule du film à porter une crucifix autour du cou, la musique devient hystérique par moment pour souligner certains moments dramatiques sans vrais raisons d'ailleurs (les retrouvailles entre Lulli et son ancienne maîtresse qui devient du coup assez surréaliste et presque absurde), la scène de l'incendie du dortoir est assez ridicule aussi (et totalement irréaliste), la dimension sociale est quasi inexistante, la psychologie est on ne peut plus manichéisme (le neveu et sa tante sont des monstres égoïstes sans la moindre nuance)... Bref, le grotesque est souvent de mise dans les péripéties.

Ca se suit gentiment pour le charme sensuel de Elsa Martinelli, pour le catalogue d'images mais ça n'empêche de trouver le temps régulièrement long et d'avoir des envie de ricaner devant les ressorts mélodramatiques bien appuyés et éculés.
J'imagine qu'en étant "bon public" et en aimant l'eau de rose dégoulinante, ça doit valoir le coup. D'ailleurs le public de la cinémathèque n'avait pas l'air d'avoir trouver ça déplaisant... mais bon, j'ai l'impression qu'avec eux, n'importe quel mélodrame est un chef d'oeuvre. :mrgreen:
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

L'anonima Roylott (1936)

Un industriel sans scrupules est assassiné dans son bureau. Entre les concurrents, les proches ayant des intérêts personnels à le voir disparaître et ceux qui se sont retrouvés ruinés, les suspects ne manquent pas. D'autant que les collaborateurs du mort semblent menacer aussi

Curieux film que voilà.
La narration va à une vitesse folle, plus que les pré-code US de la même période donc, au point que les 20 minutes d'exposition sont très dures à suivre : près d'une dizaine de personnages avec des rapports complexes entre eux, des scènes qui ne durent que quelques échanges/secondes... Une sorte de zapping incessant assez ardu.
Ça se calme après la séquence du meurtre. Le film prend alors des allures de whodunit pas désagréable avec quelques idées correctes de mise en scène (caméra en vue subjective avec la main tenant le revolver en amorce - comme dans un FPS) et plusieurs moments au rythme très dynamique comme ces nombreux échanges téléphoniques qui sont reliés par des volets de transitions où les plans se poussent les uns les autres par la gauche, la droite, le bas, le haut. Ca crée une sacrée nervosité très moderne.
Sinon, le film oscille entre le policier, un peu d'humour et une critique du capitalisme pour un mélange pas toujours homogène mais qui permet de maintenir un bon tempo, aidé par une courte durée de 66 minutes. Le scénario est assez astucieux il faut dire avec ces victimes en devenir qui hésitent entre reconnaître leur délits (financiers et criminels) pour avoir la protection de la police et faire face à leur bourreau par leur propres moyens. La fin va même assez loin dans la folie des personnages victimes et coupables en même temps dans un face à face final surprenant (mais pas forcément crédible).

Certains acteurs sont très bons comme celui joue l'inspecteur, d'autres bien moins palpitants.
Mais ça reste très frustrant dans la mesure où on sent un certain goût inachevé et donc une précipitation narrative ne permet pas du tout de s'attacher aux personnages et donc de se passionner pour ce qui se passe à l'écran. Reste à savoir si le film s'est fait au montage ou si Matarazzo avait conçu sont film de cette manière au tournage.
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Giorno di nozze (1942)

Un modeste couple apprend que leur fille unique est fiancée à l'héritier d'un grosse puissance industrielle de l'Italie. Pour offrir la meilleure cérémonie et ainsi faire le bonheur de leur fille, la père lance un immense chantier pour agrandir et refaire entièrement leur logement miteux tout en sachant qu'il ne pourra pas payer tous les frais.

Olalala le calvaire !
Une comédie fatigante et agaçante à force de cabotinage incessant de la part d'un casting qui en fait des caisses et des tonnes. Le problème, ce ne sont pas des des grimaces à la Toto ou De Funés (qui ont un vrai sens de la gestuelle... qu'on apprécie ou pas), c'est que les comédiens ne maîtrisent absolument pas leurs effets. On a vraiment l'impression de voir une pièce de théâtre qui aurait été conçu pour être vu de très loin mais que Matarazzo aurait filmé en gros plan. Bref, ça roule des yeux, ça secoue les mains, ça se prend la tête, ça gesticule lourdement. Tout est appuyé dans un sentiment d'hystérie artificielle qui cherche sans doute à reproduire la frénésie des screwball comedy (façon Hawks avec les dialogues d'une multitude de personnages qui se chevauchent). Las ! tout tombe à plat, le timing est très mauvais et les scènes s'étirent douloureusement avec mêmes ressorts "humoristiques" (le père du fiancée qui interrompt toujours le père de la mariée).
J'ai presque envie de dire que rien ne fonctionne alors que le scénario était pourtant assez intéressant avec sa satire gentille de la recherche de l'apparence et de l'argent et que le "concept" de l'humour devrait fonctionner... mais en fait non.
Par exemple, le buffet de mariage est perturbé par les créanciers qui veulent récupérer les meubles, les petits fours et les bouteilles de champagne tandis que le père cherche à gagner du temps et à sauver les apparences. La scène devrait donner un moment enlevé et étourdissant mais sur l'écran c'est désespérément stérile et à côté de la plaque. Comme si pour Matarazzo, la gesticulation était le seul ressort comique qui mérite d'être exploiter. Il faut dire que la réalisation n'est pas vraiment travaillée avec un découpage qui manque vraiment d'impact et de tempo.
Et encore je ne parle des facilités du scénario (le propriétaire qui accepte de refaire tout son immeuble pour un seul locataire ? :| ), les rebondissements prévisibles (les actions à acheter par télégrammes) et de son sentimentalisme dégoulinant (la première demi-heure pathétique avec les parents qui décident d'aller voir leur fille dans son pensionnat).

Certes le film a été produit sous le fascisme et devait surement répondre à un cahier des charges spécifiques mais ça n'excuse pas tout.
Dire que Lourcelles classe ça ses meilleurs réalisations (et compare le cinéaste à Fritz Lang pour ses mélodrames) me laissent totalement pantois ! C'est très rare que je trouve un tel fossé entre les qualités que défendent les admirateurs et le résultat que je vois à l'image.
Car si je dis souvent du mal de Ford, Hitchcock ou de Chaplin, je suis le premier à reconnaître leurs qualités (quand il y en a :mrgreen: ).
Pour Matarazzo, c'est l'incompréhension totale.
C'est un peu ce mystère qui va me pousser à en voir encore quelques uns. Je veux comprendre ! :lol:
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Ann Harding »

bruce randylan a écrit :C'est un peu ce mystère qui va me pousser à en voir encore quelques uns. Je veux comprendre ! :lol:
Quel courage! Quelle abnégation! :mrgreen:
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par riqueuniee »

Verdi (1953). 1901. Juste avant de mourir, Verdi revoit différents moments de sa vie, plus ou moins liés à la création de ses opéras.
Compte tenu des avis dans l'ensemble plutôt négatifs postés ici, je ne m'attendais pas à grand chose. C'est donc en fin de compte une assez bonne surprise.
Le scenario (7 scénaristes, dont Matarazzo lui-même et Mario Monicelli, sont crédités) n'est pas mal . Il laisse assez vite de côté les aspects historiques (notamment en lien avec la lutte pour l'indépendance, et l'unité italienne) pour se concentrer sur la vie personnelle (romancée) de Verdi. Il ménage quelques scènes très intéressantes, notamment la première de Nabucco et tout le passage sur la création de la traviata. Dommage que Matarazzo n'en tire pas un meilleur parti, même si le film est loin d'être un navet. J'ai eu par ailleurs l'impression que le film n'était pas tout à fait complet (il comporte des cartons indiquant qu'il était en 3 parties). Tel quel il fait 2 heures, il en faisait peut-être 3 à l'origine.
Belle utilisation de la musique , avec, pour les voix masculines, dans les scènes d'opéra, Tito Gobbi et Mario Del Monaco (je ne sais pas qui étaient les voix féminines, mais c'était du même niveau).
A noter que la copie proposée (la seule disponible ?) était dans un état épouvantable, y compris au niveau du son (plus pour les scènes musicales que pour les dialogues, ce qui est un comble pour un film sur un musicien).
PS Ca m'a donné envie de revoir la maison du souvenir (Carmine Gallone, 1954) sur Ricordi, fondateur de la maison d'édition du même nom (le titre original du film est d'ailleurs Casa Ricordi - le film aurait dût s'appeler la maison Ricordi en VF), qui édita les compositeurs italiens du XIXème siècle.
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Jack Carter
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Jack Carter »

Olivier Père, pro-Matarazzo donc ( :lol: ), nous livre ses impressions sur 4 films programmés à la Cinematheque

http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... matarazzo/
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... ancaise-1/
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Jack Carter a écrit :Olivier Père, pro-Matarazzo donc ( :lol: ), nous livre ses impressions sur 4 films programmés à la Cinematheque

http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... matarazzo/
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... ancaise-1/
Décidément certains éloges critiques me laissent vraiment sans voix. J'ai désormais vu 10 films ( :mrgreen: ) de Matarazzo et je n'arrive jamais à comprendre à quel moment le bonhomme est un cinéaste talentueux, virtuose, un véritable "maître". J'en arrive à un point où je me demande si Lourcelles (pour reprendre le plus connu des défenseurs) ne confond pas tout simplement avec une mise en scène médiocre et approximative et poussive avec des parti pris de réalisation (comme cette fameuse épure et le dépouillement de la réalisation)
Lourcelles vente dans son texte de Giorno di nozze un "film [...] magistral tant par l'utilisation prodigieuse des plans longs ou des plan-séquences que par les trouvailles visuelles." (auparavant il parle même de perfection)
Le plan séquence qu'il évoque (4 min où le couple fait ses comptes au début du film) n'est pour moi qu'une captation théâtrale statique et sans la moindre imagination. C'est filmé frontalement et les acteurs jouent d'ailleurs comme dans un théâtre (il y a même plusieurs moments où on voit leurs yeux parcourir l'espace derrière la caméra comme pour chercher l'approbation d'un public :lol: ). Quant aux trouvailles visuelles, j'ai beau fouiller dans ma mémoire, je me rappelle de rien du tout.

Bref, j'ai eut "la chance" de voir Lo sciopero dei Milioni (1947) pour la présence (entre autres) de Mario Monicelli et Steno aux scénario.
Un scénario qui reprend d'ailleurs l'idée du million de René Clair (que j'ai justement enregistré ce mois ci sur le câble sans avoir pris le temps de le regarder).
Bon, c'est pas terrible si ce n'est les 20 dernières minutes qui proposent enfin quelque chose d'à peu près dynamique. Toute la première heure - sans être forcément effroyable - n'est qu'une comédie pâlichonne qui repose sur des acteurs plus ou moins en roue libre, filmé platement par un réalisateur qui est décidément incapable (pour moi il faudrait croire :fiou: ) de porter une situation, un gag ou un rebondissement par sa mise en scène. Dans 90% du temps, un lecture du scénario ressemblerait au film.
Bon, je suis un poil méchant à cause de cette incompréhension sur le cinéaste car il y a quelques passages amusants tout de même : l'ouverture avec l'épouse et son rêve sur les résultats sportifs, le mari jaloux, le passage dans le cours de faux monnayeurs (seul passage où on retrouve le décalage de Monicelli) et l'espèce de course-poursuite pré-Benny Hill des 15 dernières minutes (le coup de la réunion politique et de la bombe est plutôt bien vue).

Passable comme on dit.

L'albergo Degli Assanti (1939)

Une femme sans le sous est pris sous l'aile d'une femme indépendante et fortunée qui se fait séduire par un homme bien insistant. La belle fortunée échappe à une tentative d'enlèvement tandis que sa protégée se trouve séquestrée dans un hôtel aux issues murées dont il est impossible de s'échapper comme l'atteste la présence d'autres "clients" enfermés pour certains depuis plusieurs années.

Encore un truc que Courcelles considère comme un chef d'oeuvre qu'il rapproche aux grands sérials muets de Fritz Lang :o :|

Ben, en effet, le scénario est assez intéressant mais il faut quand même attendre le dernier tiers pour que les vrais bonnes idées arrivent. Et elles sont souvent souvent évacués par Matarazzo en quelques secondes... pour les rares fois où il les exploitent (les résidents de l’hôtel réduits à une horde de mort-vivants). Sinon, on s’embête pendant 1 heure avant d'être affliger par une réalisation sous anesthésie. Le climax au milieu des flammes dépassent tout ce qu'on pouvait imaginer en terme d'absence totale de rythme.
Même les plus mauvais sérial sortis chez Bach Films sont plus dynamiques et palpitants. Il y a même un passage surréaliste où le suspens est censé être à son sommet : lé héros doit traverser en pièce en flammes et à moitié inondée pour aller chercher de l'aide. Un seul plan large qui suit la (très) lente progression du héros dans un tout aussi lent panoramique. Alors qu'il barbote les pieds dans l'eau, il croise un tonneau qui flotte devant lui. Il le fait rouler pour l'enlever du chemin. Mais faire rouler un tonneau flottant équivaut à lui faire faire du surplace. Bref, durant 5-10 secondes, il lutte pour dégager ce pu*** de tonneau (avant de gagner avec tout autant de grâce la première marche en dehors de l'eau). Alors 5-10 secondes ça parait pas grand chose dit comme ça mais je peux vous jurer dans ce genre de scène, avec ce sens du découpage et du mouvement, ca devient pathétique.
Et je ne parle même pas l'hystérie collective qui s'empare des méchants en un clin d’œil pour les transformer en débiles sans nom qui gesticulent dans tous les sens sans qu'on sache ce qui leur prend. Surréaliste, tout simplement !

Non, malgré le scénario et un ou deux moments qui sont curieusement plus soignée visuellement (l'apparition d'un personnage masculin dans un couloir obscure qui fort bien éclairé), c'est tout bonnement consternant.

En fait Matarazzo est à Lourcelles ce que Sharon Stone est aux dictionnaire de Jean Tulard. :mrgreen:


EDIT :
Ah oui, sinon on m'a dit que Amore Mio (son ultime réalisation) était un vrai calvaire avec une réalisation uniquement composé de champ contre champ en plans moyens, que Cerasella est très indigeste, que Joe il rosso est une comédie insupportable (les acteurs seraient principalement la cause) et que le fameux Treno populare n'est pas si réussi que ça. Par contre I terribili sette serait une comédie bien potache mais pas désagréable.

Sinon, un autre ami (journaliste cinéma) trouve ça sublime, surtout ses mélodrames. Mais il a pris beaucoup de plaisir devant les comédies l'avventuriera del piano si Sopra et Giorno di Nozze. Quant Treno populare, c'est un monument incontournable selon lui !

Camarade ! Choisi ton camp :mrgreen:

Moi, faut que j'écrive 2 autres avis mais je suis pas sûr d'en tenter d'autre désormais. Préfère aller voir les Bette Davis :D
Dernière modification par bruce randylan le 23 juil. 13, 16:52, modifié 2 fois.
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