Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Carter
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Jack Carter »

bruce randylan a écrit :
En fait Matarazzo est à Lourcelles ce que Sharon Stone est aux dictionnaire de Jean Tulard. :mrgreen:
:lol:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
bruce randylan
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Le navire des filles perdues (la nave delle donne maledette - 1954)

Une fille de la haute bourgeoisie a commis un infanticide en jetant son enfant illégitime dans un puit. Pour protéger sa réputation, sa famille oblige sa cousine à endosser la responsabilité du crime en lui promettant de l'aidée lors du procès. Mais elle est condamnée à 10 ans de bagne et est embarquée sur un navire remplie d'autres criminelles. Le hasard fait aussi que sa cousine désormais mariée à un riche parti se trouve également sur ce bateau en partance pour une plantation de son époux. Il y a aussi un autre passager - clandestin - son avocat qui est tombé amoureux d'elle et désire la faire innocenter à tout prix.

SPOILER

En effet, celui-là est plutôt pas mal... Mais pas forcément pour les bonnes raisons :mrgreen:
C'est tellement grotesque que ça en devient délirant. :lol:

Celà dit, il faut d'abord endurer la première heure, morne mélodrame en costume qui ne manque celà dit pas de cruauté tout en critiquant l’égoïsme et hypocrisie des fortunés qui n'hésitent pas à envoyer aux casse-pipes des classes sociales inférieures pour conserver leurs avantages et leurs positions. Il y a d'ailleurs un passage assez réjouissant où le père, la fille et la mère se balancent à tour de rôle la culpabilité de la condamnation de l’innocente avec une haine stupéfiante.
En parallèle de ça, il y a des moments d'une naïveté confondante d'idiotie avec le personnage de l'avocat (niais au possible et acteur médiocre au plus haut point) qui décrète qu'il faut libérer l'accusée parce qu'elle est belle et donc elle ne peut pas commettre le mal :shock:

Bref, tout ce beau monde se retrouve sur le bateau et c'est le début des festivités avec des facilités narratives ahurissantes ( par exemple le matelot qui découvre l'avocat passager clandestin est en fait son ancien prêtre et va donc gentiment l'aider dans sa mission ! :lol: ). Quant à la mariée désormais aristocrate, elle suinte tellement la perversité qu'elle prend plaisir à voir sa cousine se faire fouetter pour un crime qu'elle n'a (une fois de plus) pas commis. Ca sera la cause de la révolte des nombreuses criminelles sur la bateau (leur manière de s'évader est tout aussi stupide) et la manière dont elles s'emparent du bateau est un grand moment de "What The Fuck" puisqu'elles incitent les matelots qui leurs tirent dessus à déposer les armes pour venir copuler avec eux. :o Ce qu'ils font plus ou moins vite en se jetant des regards lubriques. :lol:
Puis une tempête éclate, l'équipage est totalement saoul et/ou à poil et n'a donc pas envie de sauver le navire. L'avocat et sa jeune protégée s'échappent sur un barque tandis que l'ancien prêtre profite d'un incendie qui arrive on sait pas comment pour purifier les âmes des pêcheurs qui ne demandent finalement qu'à se repentir avant de trépasser dans les flammes. Fin

Voilà, c'est tellement n'importe quoi qu'on rit à plusieurs reprises de bon cœur en se demandant si Matarazzo filme ça au premier degré ou s'amuse à la manière d'un Cecil B DeMille à mettre en scène des images fantasmées qu'il condamne la seconde d'après sous couvert de moralité bien-pensante ((le sourire au coin des lèvres hypocrite)
Ayant vu une dizaine de ses réalisations, j'ai envie de tendre vers la première solution tant le reste de sa filmographie comporte ce genre d’aberrations catho-scénaristiques-psychologiques (à un niveau moins "baroque" certes).

En revanche la réalisation est toujours aussi exécrable pour ne pas dire lamentable. La scène de mutinerie par exemple est vraiment affligeante : le découpage est catastrophique, la gestion de l'espace inexistante, les acteurs ne savent pas quoi faire... Bref rarement vu un tel sentiment d'approximation dans la mise en scène. C'est du sous Roger Corman j'ai envie de dire.
Et tout le reste pour ainsi dire est de ce niveau là. Mais cette radicalité des péripéties a quelque chose de fascinant.
Dernière modification par bruce randylan le 23 juil. 13, 16:41, modifié 1 fois.
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Jeremy Fox »

Intrigant en tout cas ce réalisateur !!!
Je vous dirais un jour (si j'en ai l'occasion car je ne vais pas me précipiter non plus dessus) si je me situe dans le camp Lourcelles/Gregg ou Randylan/Harding :mrgreen:
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par francesco »

Oui, je viens de commander le coffret Criterion à cause de toutes ces critiques virulentes ... et ce week-end j'irai voir Paolo et Francesca et Verdi .. je regrette terriblement pour le Navire des filles perdus qui ne passe plus ! :fiou:
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par riqueuniee »

Pour ma part, je n'en n'ai vu qu'un : Verdi. A lire ces avis négatifs, je me dis que j'ai peut-être vu son meilleur film :mrgreen:
Sans doute parce que, compte tenu de son sujet , le film bénéficie d'un scenario ne comportant pas d'incohérences et d'extravagances, même s'il s'éloigne parfois de la réalité historique (mais pas plus, voire moins, que dans nombre de films biographiques).
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

riqueuniee a écrit :Pour ma part, je n'en n'ai vu qu'un : Verdi.
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A lire ces avis négatifs, je me dis que j'ai peut-être vu son meilleur film :mrgreen:
Non pas forcément. Je trouve ça mauvais mais d'autres trouvent ça sublime.
Tancrède est assez friand d'ailleurs. Il compare la mise en scène à l'épure d'un Dreyer (ce qui désamorce l'aspect trop forcés du mélodrame pour lui).
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Ann Harding »

Je n'ai pas fait de critique du Verdi passé au Cinéma de Minuit. Mais, pour moi, c'est un film qui a très peu d'intérêt avec une relecture ridicule de la vie de Verdi avec Giuseppina Strepponi version Nous deux. A fuir (même pour une mélomane amateur d'opéra comme moi). :?
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par daniel gregg »

bruce randylan a écrit :
riqueuniee a écrit :Pour ma part, je n'en n'ai vu qu'un : Verdi.
Spoiler (cliquez pour afficher)
A lire ces avis négatifs, je me dis que j'ai peut-être vu son meilleur film :mrgreen:
Non pas forcément. Je trouve ça mauvais mais d'autres trouvent ça sublime.
Tancrède est assez friand d'ailleurs. Il compare la mise en scène à l'épure d'un Dreyer (ce qui désamorce l'aspect trop forcés du mélodrame pour lui).
Ouh là, rien que çà ne me dit rien qui vaille ! :o
Vous commencez à me faire sérieusement douter.
Voilà maintenant un bail que je n'ai pas vu ses films.
Une petite révision s'impose... :mrgreen:
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Jack Carter
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par Jack Carter »

Jack Carter a écrit :Olivier Père, pro-Matarazzo donc ( :lol: ), nous livre ses impressions sur 4 films programmés à la Cinematheque

http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... matarazzo/
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... ancaise-1/
et il en remet une couche, je le verrai bien prendre un verre avec bruce, la discussion serait passionnante :lol:
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... ancaise-2/
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Jack Carter a écrit :
et il en remet une couche, je le verrai bien prendre un verre avec bruce, la discussion serait passionnante :lol:
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... ancaise-2/
Ah oui, j'aimerai bien lui causer au bonhomme c'est sûr.

D'ailleurs il parle de celui-là que j'ai également regardé sur les "bons conseils" de Lourcelles :P
Il birichino di papà (1943)

A l’instar de ses mélodrames, les comédies de Matarazzo se suivent et se ressemblent et forment un ensemble cohérent. Réalisé un an après Giorno di nozze, Il birichino di papà (traduction littérale « la polissonne à son papa ») reprend de nombreux acteurs du film précédent, à commencer par le très drôle Armando Falconi toujours en patriarche farfelu. Il birichino di papà repose une nouvelle fois sur l’antagonisme famille pauvre / famille riche, et met également en scène la liberté et la fantaisie contre l’austérité, la prétention et le mépris de classe. Une gamine espiègle élevée comme un garçon manquée par son père veuf est envoyée en pension lorsque sa sœur aînée épouse l’héritier d’une famille d’aristocrates. Réfractaire à toute forme d’autorité elle s’échappe du pensionnat après y avoir semé la zizanie et prend les affaires en main lorsqu’elle découvre que sa sœur est trompée par son mari. Certains éléments propres au mélodrame (enfant séparée de son père, épouse bafouée, enfermement forcé) sont ici traité sur le ton de la comédie endiablée, et la jeune Chiaretta Gelli fait preuve d’un sacré tempérament. Le récit est ponctué de chansons (plusieurs films de Matarazzo, gais ou triste, contiennent des passages chantés, dans la tradition du cinéma populaire italien.)
Il est plutôt sympathique celui-là.
Je continue de trouver ça anecdotique à quelques passages près mais au moins c'est pas déplaisant et j'ai même souri à 2-3 reprises ! (le père passant en courant devant sa future belle-mère parce qu'il n'a pas de veston ou la dernière partie chez l'avocat plutôt drôle et assez rythmé - mais sans génie). Il y a aussi un passage - malheureusement trop court - vraiment audacieux vu son année de réalisation où la jeune adolescente est envoyée dans un pensionnat et perturbe l'ordre établie qui s'apparente clairement aux fascistes (chansons "jeunesse populaire", les enfants qui marchent au pas en bottes etc...). De plus ces quelques minutes sont bien réalisées, détournant les codes visuels des films de propagandes avec un vrai sens du découpage et de la rupture.
Mais c'est vraiment quelques brèves minutes. Vus comme ces passages sont furtifs, on peut se dire que la censure a sûrement fait son travail pour n'en garder que le strict minimun.

Mais encore une fois, avec Matarazzo, rien n'est sûr tant je trouve sa continuité dramatique sans rigueur avec certains péripéties primordiales dans l'évolution du récit qui sont tout simplement oubliées en cours de route (cf la liaison entre le mari dont tout le monde se fiche à la fin). Car comme le souligne Olivier Père, l'essentiel des ressorts dramatiques repose sur les rapports parents-enfants. Ca m'avait déjà marqué à plusieurs reprises et plus que la thématique d'un auteur, j'y vois un chantage affective et émotionnelle dans sa volonté de "divertissement populaire".
Dans celui-là, celà dit, c'est pas encore trop dérangeant.

Sinon, la jeune Chiaretta Gelli m'a fait fortement pensé à Deanna Durbin tant dans le caractère que le look, le tempérament et évidément la voix (et le style de chanson). J'avais découvert deux de ses films tournés sous la direction d'Henry Koster (Three Smart Girl et It started with Eve) que j'avais autrement plus frais, charmant et pétillant.

Quant aux considération sociales, une fois de plus, je trouve ça très léger. Et c'est pas Treno populare qui m'a faire changer d'avis... Mais ça j'en parlerai plus tard ;)
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par francesco »

Vu hier soir Paolo et Francesca, qui développe les lignes de Dante (rappelées à la fin du film) sur Paolo le beau et Francesca da Rimin, beau-frère et belle soeur qui s'embrassèrent en lisant la légende Lancelot et Guenièvre, furent surpris plus tard par le mari de l'une (qui était donc le frère de l'autre) et furent assassinés. On retrouve quelques points communs avec la pièce de d'Annunzio (qui a inspiré un opéra, magnifique, à Zandonaï) mais le troisième frère (le traitre de l'histoire) est remplacé par un abject astrologue.

J'ai aimé le film, en ne sachant pas du tout ce qu'il fallait attribuer au réalisateur, parce qu'en réalité je connais peu le cinéma italien et peut-être que Paolo et Francesca ressort juste d'un genre très spécifique dont il épouse les qualités ?

Le rytme est extrêmement lent, assez lyrique, les personnages prennent leur temps pour parler, respirent entre les échanges, même quand le danger presse. Ca donne une dimension assez hypnotique à l'ensemble, d'ailleurs, qui est renforcée par la direction d'acteurs, volontairement très théâtrale, les trois héros entrent et sortent du champ avec la même lenteur, avancent en procession. Leurs corps est souvent utilisés par le réalisateur pour composer des images (le mariage de Francesca est frappant de ce point de vue), très solennelles, qui peuvent à nouveau rappeler un opéra mis en scène dans les années 50, avec la volonté de pompe, de beauté plastique et de décoration qu'on peut imaginer. Ailleurs on pense beaucoup à des images ou à des peintures qui s'animeraient (pour le coup je suis sûr que le réalisateur suit cette voie). Le long travelling arrière qui conclut le film sur les deux corps parfaitement diposés et gracieux de Paolo et Francesca dans la mort est un bon exemple de cet esthétique "du sublime" qui porte le film (ou qui pourrait plomber j'imagine). Les quelques moments plus rapides sont très théâtraux également, il y a quelque chose de très artificiel (l'entrée de Paolo, leur mort) mais qui ne parait pas ridicule dans le corps d'un film traité de cette manière.

Il faut s'arrêter quelques instants sur l'usage des gros plans sur le visage, toujours très beaux, même quand l'objet n'est pas séduisant. Celui sur l'astrologue au moment où il maltraite un page est spectaculaire, mais le réalisateur magnifie surtout Paolo et Francesca, joués par deux acteurs au visages superbes (Armondo Francioli et Odile Versois, tous les deux très crédibles et très à l'aise dans ce registre particulier).

Notons, pour terminer, qu'en réalité c'est tout le film qui est splendidement éclairé et photographié. C'est un très bel objet de cinéma d'ailleurs, les décors (qui ne font jamais "toc" ou studio et pour cause, je pense que tout a été filmé sur place, sans d'ailleurs chercher à dissimuler certaines parties abimées des pièces), les costumes, les accessoires, sont tous un régal pour l'oeil et on a vraiment l'impression de voir une Italie médiévale rêvée, préraphaelite, probablement beaucoup plus séduisante que ce qu'elle fut en réalité. Beaucoup de littérature finalement, de la musique aussi (la BO est très importante, avec un motif "tristanesque" pour l'amour de Paolo et Francesco et quelques choeurs post-romantiques très efficaces) dans ce film qui convoque à la fois Romeo et Juliette, Tristan et Iseult (le philtre de mort se confond avec un philtre d'amour) et, pour certains dialogues et situations (le frère jaloux qui épie Francesca et Paollo dans le jardin), Pelléas et Mélisande de Maeterlinck.

En somme, malgré un vague sentiment d'ennuie parfois (parce que finalement les personnages restent très distants de nous, dans une espèce de monde vague) je dois dire que j'ai plutôt été favorablement impressionné par le film.

Allez, un vrai bon point pour Matarazzo, qui semble en avoir besoin.
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Treno populare (1933)

Profitant d'un jour de congé et d'une ligne de train abordable, la population romaine part pour le village touristique d'Orvieto

Il n'y aurait pas l'avis prestigieux des défenseurs, j'aurais trouvé cette petite comédie rafraîchissante, "mignonne" et inoffensive.
Je serais sans doute passer à côté de sa dimension historique puisqu'il fut en effet l'un des premiers films italiens (voire européens) à être tourné en son direct et en extérieur. Cet aspect n'est certainement pas à négliger et il faut reconnaître à Matarazzo un certain courage d'avoir tourné le film dans ces conditions.

Après, de là à lui donner le titre de film fondateur du néo-réalisme, faut peut-être pas déconner... Tout d'abord parce que le film est dans la lignée ouverte par le magnifique Les hommes le dimanche qui date tout de même de 1930 (en reconnaissant qu'il était muet)
Ensuite parce que la dimension sociale est tout de même plus que minime. A part le postulat qui sert vaguement d'argument à l'histoire, l'aspect sociale est tout simplement absent. Les personnages sont on ne peut plus stéréotypés et caricaturaux, répondant aux clichés les plus éculés qui n'ont pas évolués depuis les burlesque des années 1910 : l'intellectuel fade à lunettes, le dragueur sportif, la blonde superficielle mais pas méchante, le couple formé par un quadragénaire dragueur et sa femme avec un fichu caractère et pas très attirante... D'ailleurs, leurs psychologies s'arrêtent vraiment à cette simple description. Je trouve qu'on est loin justement Des hommes le dimanche qui parvenait adroitement à capter un état d'esprit, l'élan d'un génération et sa soif de liberté.
Là, on ne dépasse pas la formule... Mais d'ailleurs l'un des gros reproche que je trouve à Matarazzo, c'est cette manière d'évacuer la composante sociale très rapidement pour ne garder que des schémas et des personnages reposant sur des conventions populaires dans ce que ça implique de plus artificielle. C'est rageant car la dimension sociale donnerait autrement plus de poids et de force que ces péripéties mélodramatiques et/ou humoristiques totalement déconnectées du réel.
Je trouve hallucinant que Lourcelles amenuise la puissance de Toni de Renoir pour mettre en avant ce Treno populare.

Voilà donc, le film est une agréable petite comédie où un blondinet drague la fiancée d'un scribouillard tête à claque et où une marâtre surveille son mari qui court les filles plus jeunes que lui. Je peux paraître un brin condescendant en décrivant le film comme ça mais il n'est guère plus et je précise que j'ai trouvé ça plutôt sympathique dans l'ensemble grâce à son tournage en extérieur qui donne de très beaux paysages, un sens du cadre assez soigné, une photographie très réussie, un petit sens de l’observation dans sa première partie qui n'est pas loin de la comédie de mœurs et quelques idées de montage rigolotes (l'homme qui baille et l'entrée dans le tunnel). Mais d'autres moments sont également plus plats et maladroits (qui peuvent venir) sans doute des contrainte du tournage.
Toutefois le film n'est certainement pas entièrement tourné en extérieur puisque tout ce qui se déroule dans le train (soit un tiers du film tout de même) est clairement filmé à l'arrêt (et en studio ?) avec des volets fermés aux fenêtres. Et une nouvelle fois je trouve que sa gestion de l'espace est vraiment brouillonne car même quand Matarazzo filme 2 personnes l'une en face de l'autre, on ne sait jamais qui se trouve où.

Treno populare est charmant, audacieux dans son parti pris mais je ne peux m'empêcher de trouver sa portée exagérée même si son influence n'est surement pas à négliger. Mais j'aimerais tout de même bien lire les éloges d'autres réalisateurs pour y croire pleinement. :twisted:

Voilà, ce film marquera pour moi la fin du cycle Matarazzo à la cinémathèque. J'aurais vu 8 films (plus 3 au cinéma de minuit et en attendant Verdi enregistré également chez Brion) et aucun ne m'aura procuré un vrai enthousiasme, à peine aurais-je trouvé 2-3 titres plus regardables... Ce qui une première depuis 2007 que je fréquente l'endroit (bien que je sois loin d'avoir été à toute les rétrospectives/Cycle)

Je précise que sur les 5-6 cinéphiles que je croise régulièrement à la cinémathèque et avec qui je papote régulièrement, seul 1 ou 2 trouvent ça vraiment sublime, les autres sont très circonspects et certains ont rapidement baissés les bras. Je précise tout de même que je dois être celui qui a la réception la plus dure et critique à l'encontre de Matarazzo.
Dans les défenseurs, le journaliste de Mad Movies, Gilles Esposito va jusqu'à dire que c'est presque la rétrospective la plus importante organisée par la cinémathèque depuis qu'elle est située à Bercy :shock:
(mais il n'avait pas aimé les Masumura, ça confirme son absence totale de bon gout :mrgreen: )
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par daniel gregg »

Jeremy Fox a écrit :Intrigant en tout cas ce réalisateur !!!
Je vous dirais un jour (si j'en ai l'occasion car je ne vais pas me précipiter non plus dessus) si je me situe dans le camp Lourcelles/Gregg ou Randylan/Harding :mrgreen:
Tu auras donc bientôt l'occasion de subir une douloureuse épreuve. :mrgreen:
Jack Carter a écrit :sur Classic
Dimanche 2 fevrier : Tourments
Dimanche 9 fevrier : La Femme aux deux visages
bruce randylan
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par bruce randylan »

Le pire c'est que je vais surement les tenter (avant d'abandonner au bout de 15 minutes :lol: )
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Re: Raffaello Matarazzo (1909-1966)

Message par beb »

...
Dernière modification par beb le 31 mars 23, 15:04, modifié 1 fois.
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