Avec Fredric March dans Sarah and Son (1930) et The Dummy (1929)
Female - Michael Curtiz (1933)
Alison Drake dirige la Drake general motors, société héritée de son père, et prend plaisir à séduire ses employés en les invitant à diner puis en les mettant dans son lit pour mieux les rejeter le lendemain. Lassée d'être courtisée pour son statut et son argent, elle décide un soir de sortir en ville où elle fait la rencontre du séduisant Jim Thorne qui la laisse rentrer seule chez elle. Le lendemain, alors qu'il embauche au sein de la Drake General Motors, il se retrouve face à la jeune femme qui l'invite à diner chez elle le soir même. Mais le jeune homme résiste à son jeu....
Female est un pur film pré-code et se révèle d'une étonnante liberté de ton dès le début. Ruth Chatterton incarne une femme à la tête d'une entreprise automobile (poste pourtant fortement lié à l'homme) gérant cette dernière sans arrière-pensée et avec une main de fer et qui utilise cet univers masculin comme un énorme parc de chasse : la jeune femme choisit au hasard un homme, jeune si possible, pour l'inviter chez elle le soir même et passer une agréable soirée en sa compagnie....jusqu'au lendemain matin. Le personnage de Ruth Chatterton présente des similitudes avec celui de Barbara Stanwyck dans Baby Face (autre production Pré-Code de la Warner/First National Pictures) sauf que Alison Drake profite ici de sa supériorité hiérarchique pour assouvir son "appétit sexuel" et non de ses charmes pour grimper socialement comme le fait magnifiquement Lily Powers dans le film de Alfred E. Green. Ici pas de condition misérable pour la jeune femme - Alison Drake est riche, belle et peut se permettre de choisir à l'envie sa future proie - et donc pas de besoin de grimper les échelons pour profiter de la vie; elle s'amuse de sa position même si on comprend qu'elle aimerait rencontrer un homme qui l'aime pour ce qu'elle est réellement... Ruth Chatterton, actrice que je découvre dans ce film, incarne un personnage libre, qui profite de la vie et s'avère parfaite dans ce rôle : son jeu naturel, très contemporain et sa beauté collent parfaitement au personnage et la production de la Warner n'a ici rien à envier aux films de la MGM : décors art-deco superbes, tenues très classes, mise en scène agréable qui sert parfaitement le récit tout ça dans 60 petites minutes.
Mais ces 60 minutes sont également le seul défaut du film : la fin semble bâclée avec ce changement radical et trop rapide du caractère de la jeune femme et cette quasi-obligation de la part des producteurs de clore le film sur une note qui colle parfaitement avec la morale : la jeune femme, enfin amoureuse, part à la recherche de l'homme et promet de tout quitter pour lui et pour le bien de la future famille. Mis à part ce défaut, Female est un exemple parfait de film Pré-Code, la prestation de Ruth Chatterton, qui balaye très facilement le reste du casting, est d'un naturel et d'une modernité réjouissante et donne envie d'en voir plus avec elle.