Lina Wertmüller (1928-2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Re: Lina Wertmüller

Message par Kevin95 »

manuma a écrit : 8 oct. 21, 10:22 Vu, et Kevin s’en sort bien.
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manuma
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Re: Lina Wertmüller

Message par manuma »

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Karras
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Re: Lina Wertmüller (1928-2021)

Message par Karras »

Lina Wertmüller, reine de la comédie italienne et première réalisatrice nommée aux Oscars est morte à 93 ans
https://www.francetvinfo.fr/culture/cin ... 75055.html
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Supfiction
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Re: Lina Wertmüller (1928-2021)

Message par Supfiction »

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Rita la zanzara sur Netflix. Il faut un peu zapper les intermèdes musicaux yéyés (Rita Pavone, interprète italienne de Si j’avais un marteau, à la voix aussi stridente que Celentano) et c’est souvent couillon (façon Les sous-douées au pensionnat, dans lequel les jeunes filles s’évertuent à martyriser leurs professeurs et le personnel) néanmoins le film s’améliore progressivement par la suite en une sorte de comédie du travestissement dans laquelle Giancarlo Giannini est un professeur de musique rasoir et narcolepsique le jour, et un chanteur yéyé la nuit rapidement démasqué par ses élèves. Une comédie gentiment féministe destinée au jeune public féminin des années 60. Le titre fait référence à une affaire judiciaire concernant un journal étudiant dont ses rédactrices mineures avaient été dénoncés et jugées (mais finalement acquittées) pour obscénité en raison d’articles abordant la sexualité. Grosses lunettes à l’appui, Giancarlo Giannini n’est pas dans le registre phallocrate des autres films de Wertmuller mais s’avère assez drôle dans ce registre opposé de souffre-douleur faussement coincé.
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Re: Lina Wertmüller

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit : 29 oct. 13, 03:11 Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l'été (1974)
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Rafaella, femme d'un milliardaire, tyrannise son entourage sur le yacht qui l'emmène en croisière. Un incident sur un dinghy conduit Rafaella et Gennarino, un de ses marins, sur une petite ile où il leur faut survivre et se supporter. Une véritable lutte des classes les oppose avant de céder la place à un amour passionné...

Lina Wertmüller signe son film le plus populaire et célébré avec ce magnifique Travolti da un insolito destino nell'azzurro mare d'agosto dont le titre aussi cocasse que poétique résume parfaitement la confusion de sentiments à venir. Lina Wertmüller s'était imposée comme une réalisatrice majeure au début des 70's avec une magistrale trilogie où se succédèrent Mimi métallo blessé dans son honneur (1972), Film d'amour et d'anarchie (1973) et Chacun à son poste et rien ne va (1974). Comédie, mélodrame, brûlot social et politique s'y mêlaient dans une fièvre démesurée sur un postulat creusant le même sillon : un provincial quittait sa campagne pour gagner la ville, animé de motifs aussi différents qu'échapper à la mafia (Mimi Metallo), commettre un assassinant politique (Film d'amour et d'anarchie) ou tout simplement gagner sa vie (Chacun à son poste et rien ne va). Dans tous les cas cette vie urbaine allait être source de désillusion et de souillure, révélant les pans les plus sombres de la personnalité des héros que ce soit le machisme ou le matérialisme ordinaire.

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La réalisatrice renoue avec ces thèmes mais en renouvelant son inspiration, cette fois il ne s'agira pas de se perdre dans les tentations de la ville et de la civilisation mais au contraire de s'en détacher. Aux grande fresques des films précédents, on oppose cette fois un cadre restreint mais tout aussi bouillant de passions contrariées. En croisière sur un yacht, Raffaella (Mariangela Melato) épouse d'un milliardaire mène la vie dure au personnel de bord. Sa victime favorite, le marin Gennarino (Giancarlo Giannini) militant communiste à ses heures qui a eu le malheur de la fusiller du regard lorsqu'elle déblatérait une de ses grandes tirades capitalistes. Aucune humiliation ordinaire et plainte futile n'est épargnée par la perfide Raffaella à un Gennarino enrageant en silence face à ces nantis hédonistes qu'il méprise. Comme à son habitude, Lina Wertmüller charge la mule à travers ces deux personnages dont la caractérisation condense toutes les oppositions morales, sociales et politiques déchirant la société d'alors, et italienne plus précisément. Gennarino est donc un homme, un militant communiste et issu du sud pauvre de l'Italie. Raffaella est-elle une femme, symbole de ce nord richissime et méprisant envers les plus pauvres.

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Ces conflits jusque-là sournoisement exploités (Raffaella) ou contenus (Gennarino) vont pouvoir éclater avec force lorsque suite à un concours de circonstances, nos deux héros vont se trouver coincés ensemble sur une île déserte. Wertmüller laisse s'exprimer son gout de l'excès dans un hilarant sens de la farce. La milliardaire capricieuse va subir la terrible revanche de son ancienne victime bien plus débrouillarde dans cette contrée sauvage. Giancarlo Giannini en fait des tonnes en gros rustre qui va d'abord prendre un malin plaisir à narguer une Mariangela Melato affamée, les insultes fleuries et les coups volent dans ce théâtre sauvage prolongeant ce choc des cultures. Le jeu va pourtant prendre un tour plus pervers lorsque tout ce ressentiment va générer un rapport dominant/dominé d'abord amusant puis assez dérangeant car nourrissant autant le mépris initial de Raffaella que le réel machisme de Gennarino. Gifles, corvées ménagères et servitude semblent ainsi répondre aux injustices de la première partie mais surtout punir la morgue de cette femme qui n'a pas su rester à sa place. Les deux protagonistes sont ainsi renvoyé dos à dos, Lina Wertmüller balayant ainsi toutes les idéologies d'un revers de la main, la malveillance bien humaine les rendant forcément utopiques. Tout cela était bien sûr déjà là dans les précédents films : l'ouvrier syndicaliste devenait un impitoyable contremaître une fois au sommet dans Mimi Metallo, l'anarchiste de Film d'amour et d'anarchie nourrissait finalement plus son égo que la cause et l'entraide des jeunes travailleurs de Chacun à son poste et rien ne va volait en éclat dès les premières sommes gagnées.

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C'est en tirant cet affrontement vers l'abject (une tentative de viol) qu'à l'inverse la réalisatrice désinhibe définitivement ses deux héros (procédé réutilisé plus tard dans D'amour et de sang (1978)). Tous ce qui les oppose provient en fait de codes issus du monde moderne, de la civilisation et des codes sociaux qui l'animent. Après avoir montrés tant de personnages se perdre dans cette ville tentatrice dans les films précédents, Lina Wertmüller va enfin montrer deux êtres se trouver dans l'isolation purificatrice de la nature dans une pure logique rousseauiste. La réalisatrice filme les scènes les plus sensuelles de sa carrière où les amants s'abandonnent enfin après nous avoir fait rire de leurs caricatures depuis le début. Les silences dominent désormais dans les regards intenses qu'ils échangent et ce sentiment changeant s'exprime par la photogénie que leurs confère désormais Lina Wertmüller. Mariangela Melato (jamais aussi inspirée que chez Wertmüller passant de la godiche à la vipère ou la femme fatale avec un même brio) n'a jamais été aussi belle, le regard de Giancarlo Giannini plus ardent et le cadre de l'île jusque-là simple arrière-plan sans saveur prend des allures de jardin d'Eden à travers la photo somptueuse d'Ennio Guarnieri. Le score psyché folk de Piero Pieccioni ajoute encore à ce sentiment de rêve éveillé où toutes les entraves morales s'estompent (exprimées par une demande très crue de Raffaella en pleine étreinte). D'ailleurs cette agressivité et tension ayant eu cours entre eux est toujours vivace dans leurs échanges corporels mais maintenant baignée de complicité charnelle qui change tout.

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Loin de la farce initiale, le déchirement final est typique de Lina Wertmüller avec un retour sur terre cruel auxquels cet amour ne pourra survivre complètement. Magnifique et bouleversant final pour un grand film.
Un remake à la sinistre réputation (pas vu) en sera tiré avec Madonna et le fils de Giancarlo Giannini reprenant le rôle de son père, on doute qu'il en effleure l'intensité. 6/6
Je viens de revoir le remake, A la derive, actuellement sur SALTO. J’en avais gardé un bon souvenir mais c’était bien avant d’avoir découvert le magnifique film de Wertmüller (et probablement aussi parce qu’à l’époque j’aimais encore beaucoup la chanteuse). Pourtant, c’est un remake quasi identique à l’original, presque plans pour plans. Le fils de Giancarlo Giannini qui reprend le rôle de son père s’en sort pas trop mal mais n’a pas le côté bestial, primitif et rugueux de Giancarlo. Mais le problème principal du remake est surtout Madonna, trop antipathique, et c’est un comble, beaucoup moins sexy que Mariangela Melato (l'actrice italienne savait être très antipathique et même crispante au départ mais également drôle et surtout très émouvante dans la seconde partie, ce que Madonna n'est jamais).
La scène de « viol » est ainsi adoucie par rapport à celle quelque peu choquante d’origine. Le film est ainsi édulcoré en ce qui concerne les insultes et brutalités physiques assez sidérantes subies par Rafaella (Madonna a droit deux trois petites claques, rien à voir avec ce qu'inflige le père Giannini). Le fond politique est toujours là mais superficiel.
Enfin, il me semble que les scénaristes ont ajouté une explication à la scène finale de l’hélicoptère. Si je ne m’abuse (j’ai un doute), le doute persistait sur les intentions de Raffaella et on ne savait pas exactement ce qui s’est passé avant le décollage alors que dans cette nouvelle version, on assiste à un stratagème du mari.
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Jeremy Fox
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Re: Lina Wertmüller (1928-2021)

Message par Jeremy Fox »

Justin nous propose la chronique de Les Basilischi.
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Re: Lina Wertmüller (1928-2021)

Message par Courleciel »

Rétrospective Lina Wertmüller à la cinémathèque Française en 2024.
"- Il y avait un noir a Orly, un grand noir avec un loden vert. J'ai préféré un grand blond avec une chaussure noire a un grand noir avec un loden vert
- Dites-moi, mon petit vieux, pour faire de la littérature, attendez la retraite. Bonne appétit."
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