Phil Karlson (1908-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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John Holden
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par John Holden »

Lord Henry a écrit : 20 juil. 08, 12:10 Avec Mister Majestyk de Richard Fleischer, voilà probablement ce que le genre a donné de mieux. Comme quoi, un bon réalisateur fait toujours la différence; ce qui est plutôt rassurant.
Walking tall (1974)

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Voilà ce que disait l'irremplaçable Lord Henry il y a déjà 12 ans.
Certes on est ici dans une certaine apologie, par défaut, du film d'auto défense, une allégorie moderne et ultra violente du western. La ville devenue gangrenée par la corruption et la lâcheté des citoyens, le saloon étant figuré par une salle de jeu, un bordel organisé à ciel ouvert. Le constat est sordide, implacable. Phil Karlson pourrait être soupçonné de complaisance, on devine quand même, sous jacent, un refus de s'abandonner définitivement au pessimisme. Il y aurait encore lieu de faire une petite place à l'intégrité dans cette société désabusée.
La mise en scène de Karlson n'a rien perdu de sa nervosité, la caractérisation de ses personnages est d'une belle acuité. On regrettera juste, une certaine tendance au manichéisme, notamment lors des courtes scènes de tribunal, mais ce serait faire un procès un peu pâle aux bonnes intentions manifestes du réalisateur.
Une belle surprise à ne pas manquer sur Paramount Channel en ce moment, pour ceux qui ne l'ont pas encore vu.
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Alexandre Angel
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Alexandre Angel »

J'en ai vu un sur le câble (déjà Paramount?) il y a 5 ans je crois : étais-ce celui-là? Ou Framed qui débute par une baston, dans un garage, incroyablement violente ?
Je les confonds.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par The Eye Of Doom »

En attendant le prochain Masumura et le coffret des muets Duvivier, je continue une escapade côté films noir, avec
L’inexplorables enquête
Un patron de presse à scandale au passé trouble se retrouve embarrassé par l’enquete de son jeune poulain

Je renvoie au presentation de Tavernier, Brion et Guerif (excuser du peu) pour la genese de ce film adapté de Sam Fuller.
C’est le premier de Karlson que je vois et j’ai tres favorablement saisi.
En effet le film deroule une intrigue dont on devine assez facilement la trajectoire, le jeune premier est assez tete a claque, le personnage feminin bien falot (et moralisateur), …
Mais le film decole grace à une mise en scene nerveuse, une tres belle photo et ambiance de film noir, et l’interprétation remarquable de Broderick Crawford. Karlson insuffle une reelle tension dans les scenes clés ce qui rend le film prenant et tres agréable.

Pris au hazard a la bibliotheque, c’est une bonne pioche !
La copie du dvd est impec.

Je vais donc chercher Le 4ieme homme ou Les freres Rico..
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par The Eye Of Doom »

Les frères Rico
Un entrepreneur, qui fut comptable de la mafia, vas se retrouver plongé dans son ancien milieu en tendant de retrouver son frere en mauvaise posture.

Adapté de Simenon, le scénario du film n’est pas d’une grande originalité.
Par contre, toute sa force et son interet aujourd’hui tiens dans la facon dont on assiste a une forme de traversee du miroir, pour decouvrir en face cachée de la société americaine, une mafia regissant tout à la facon d’une grande entreprise froide et efficace.
Tout le passage avec le propriétaire de l’hotel et son acolyte est exemplaire, porté par une interprétation remarquable avec Richard Conte en tete.
Le film commence par des scènes de couple « au naturel », tres bien restitués, jusqu’au ridicule de Conte montrant ces biceps a son epouse avant de tenter ( reussir ?) à l’attirer sous la douche. Et puis doucement l’inquiétude vas poindre. Conte se croit ranger des camions mais ses freres ont faits des conneries. Ses retrouvailles avec son ex boss et ami sont toutes en amities viriles mais grace à la mise en scene fine de Karlson, on comprends que le cauchemar commence.

Mon expérience par rapport à ce film a ete la meme que pour l’inexorable enquête. D’abord on rentre dans un film au style plastique classique et léché : belle photo, cadre impeccable,… l’histoire se deploie sans nécessairement susciter un interet tres franc, au point de se demander si ca vaut le coup de continuer, puis grace des choix de scénario /mise en scene tres personnel portés par une interprétation de haut niveau, on réalise qu’on regarde un film dont on se souviendra.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par The Eye Of Doom »

Kansas city confidential
Un « cerveau » monte le casse d’une banque. Lui seul connait ses hommes de main mais eux ne le connaissent pas. D’ailleurs comme tout le monde porte un masque ils ne connaissent pas entre eux.

On a passé un tres bon moment avec ce « Quatrieme homme ».
Karlson nous plonge des les premieres images dans la tension de la préparation du casse, quasi ritualisée. Mais on sent bien que l’on ne vas etre dans le film de n’importe qui. Le coté sec, précis, calculé, avec lequel sont cochés pour le quatrième ou cinquième jours les heures des rondes devant la banque traduit la minutie et le volontarisme de la preparation. En deux trois plans, Karlson imprime sa marque. Ce qui suit est à l’avenant avec la description de l’adipeux Eddy.
Bref un film démarrant fort, de façons tres personnel.
Et qui continue de façon fort inattendue.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le casse est expédié en 5 minutes et c’est alors que le film part sur une toute autre voie, entre scenario de centrant sur une victime collatérale du braquage qui vas chercher à poursuivre les gars qui l’ont mis dans la merde.
l’originalité du scénario est sans contest une des grandes qualités du film et garantit l’attention soutenue du spectateur.
Interprétation impeccable avec un John Payne assez craquant dans le style beau mec juste viril ce qui faut, l’excellent Jack Elam dans celui du mec à cran et on croisse Lee Van Cleef jeune et charmeur latino.
Quand à Karlson il met en valeur ses acteurs, sait etre tres synthetique et pas ambigue
Spoiler (cliquez pour afficher)
La description des tortures de la police
Soigne les ambiances.

On est loin du pensum, c’est un petit film de genre sans prétention, mais original et exécuté de main de maitre.

Belle copie.
Je regrette pas mon achat à vil prix chez Bluecats.
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Supfiction
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Supfiction »

beb a écrit : 28 févr. 23, 17:57
frédéric a écrit : 28 févr. 23, 17:20 Cycle Phil Karlson dans les légendes de Mars.
Ahhh, bonne nouvelle
J'ai repéré
- L'épée de Monte-Cristo
- La ruée sanglante
- Justice sauvage
- Le Quatrième Homme
- La trahison se paie cash
- L'inexorable enquête
- Massacre pour un fauve
Mais j'ai pu en louper
EDIT : oui : Les frères Rico
Les reines du Music-hall
Le proscrit
Et l’excellent western Le salaire de la violence
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Jeremy Fox
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit : 4 mars 23, 09:01
Et l’excellent western Le salaire de la violence
Un des très grands westerns des années 50
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par Profondo Rosso »

The Phenix City Story (1955)

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Phenix City, une ville d'Alabama, est gangrenée par la corruption depuis plusieurs générations, soutenue par une mafia locale qui tire ses revenus de la prostitution et de l'organisation de jeux d’argent truqués. Rentré de la Seconde Guerre mondiale, le juge John Patterson s'y installe et veut mettre fin à cette impunité. Un de ses espoirs réside dans la candidature de son propre père, Albert, au poste de procureur général de la région aux prochaines élections. Face à cette menace, les criminels répondent par une escalade de violence, dirigée contre John, son père et tous ceux qui les soutiennent.

The Phenix City Story est un solide film noir démontrant une nouvelle fois toute l'efficacité dont est capable Phil Karlson. Le récit s'inspire des tragiques faits réels ayant eu un an plus tôt à Phenix City, en Alabama, fomentés par la mafia locale tenant la ville sous sa coupe à travers ses business de jeux et de prostitution. Le film puise grandement dans la couverture des évènements que fit le journaliste Ray Jenkins pour son journal Columbus Ledger, et lui valut de remporter le Prix Pulitzer. Une longue introduction de dix minutes ancre d'ailleurs grandement le film dans cette réalité avec une sorte de reportage où un journaliste va interroger les vrais protagonistes du fait divers. Malgré la rigueur de la démarche, tout cela nous semble encore un peu abstrait mais la crudité du traitement de Karlson va se charger de faciliter l'immersion dans la fange de la "red-light district", ruelle où siègent tous les commerces mafieux. La caméra arpente une salle de jeu en accompagnant le numéro d'une chanteuse aguicheuse, un client récalcitrant est passé à tabac et jeté à la rue en plein jour, démontrant l'impunité des exactions. Pour souligner la "normalité" du vice ambiant, nous allons alors découvrir la bonhomie de Tanner (Edward Andrews), le parrain local qui se promène et alpague de façon enjoué les passants tout allant menacer l'air de rien l'homme de loi Albert Patterson (John McIntire). Ce dernier, las, a renoncé depuis bien longtemps à entraver la mafia de la ville qui s'en est jusque-là toujours sortie à coup de menaces, corruption et violence.

Le retour de son fils John (Richard Kiley) et le meurtre de trop impuni ravive la conscience d'Albert qui va se présenter à l'élection de procureur général pour obtenir le pouvoir de défier la mafia. Même si les autres films de Phil Karlson devraient nous y avoir accoutumé, la violence exercée par la mafia atteint des degrés de brutalité et de sadisme sidérant pour illustrer sa mainmise et détermination. Meurtres d'enfants, lynchage public, assassinats arbitraires, rien ne nous est épargné, tout est exposé crûment (tout juste un viol reste suggéré mais bien devinable) pour renforcer à la fois la peur et la révolte des quidams locaux. A cela s'oppose la vertu sans faille de Patterson remarquablement incarné par John McIntire emportant l'adhésion par son naturel de quidam normal ayant eu le courage d'élever la voix. Phil Karlson instaure un montage alterné entre les discours enflammés de Patterson et les crimes mafieux, le tout porté par une voix-off à la fois neutre et incantatoire selon un procédé simple mais très efficace. On observe ainsi progressivement la peur changer de camp, et la violence criminelle prendre un tour de plus en plus ciblé jusqu'au terrible rebondissement final.

Karlson parvient ainsi à nous maintenir sous tension, quitte à s'arranger avec la réalité pour certains éléments (le meurtre d'une enfant noire n'ayant jamais eu lieu) où la motivation d'autres, le meurtre final semblant dans la réalité avoir davantage de motifs politiques que de lien avec la mafia - ce qui est suggéré lorsque Tanner poussé à bout admet un autre crime mais nie celui-ci. Toujours est-il que Karlson a réussi à instaurer cette angoissante atmosphère de poudrière, l'accalmie ne tenant qu'à un fil lors de la fin ouverte puisque tout n'était pas pleinement résolu à Phenix City lors de la sortie du film. Quant à Phil Karlson, il renouera avec les récits inspirés du réel sur un registre plus série B et "vigilante" dans Justice sauvage (1973) avec son shérif seul bras armé contre une nouvelle mafia locale. 5/6
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par The Eye Of Doom »

The Eye Of Doom a écrit : 27 nov. 21, 20:16 Mon expérience par rapport à ce film a ete la meme que pour l’inexorable enquête. D’abord on rentre dans un film au style plastique classique et léché : belle photo, cadre impeccable,… l’histoire se deploie sans nécessairement susciter un interet tres franc, au point de se demander si ca vaut le coup de continuer, puis grace des choix de scénario /mise en scene tres personnel portés par une interprétation de haut niveau, on réalise qu’on regarde un film dont on se souviendra.
Si j’ai outrecuidance de me citer à propos des Freres Rico, c’est parce que j’ai rien de plus à dire apres avoir découvert ce soir Le salaire de la violence. Sur la base des echos tres favorables lu ici.

Meme si c’est moins la mise en scene de Karlson, pourtant tres à l’aise avec un beau scope technicolor, qui m’a frappé que la qualité de l’écriture et l’interprétation. Tout pouvait donner un film grossier dans son deroulé ou son propos caricatural : le conflit pere/fils, le bon et le mauvais fils, les bons indiens, l’ouest à conquérir et la civilisation,…. Bref que des trucs assez bateau.
Or le film est toujours tres fin, sans effet de manche, sans cabotinage, ni sentimentalisme , dans une montée dramatique qui vous prends jusqu’à la dernière scène bouleversante.
Van Helfin est remarquable mais le reste de la distribution assure aussi.
Un fort beau western !

Ps : vu le post précédent, je sais ce qui me reste à faire (enfin si ca existe en support physique)
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AtCloseRange
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par AtCloseRange »

The Eye Of Doom a écrit : 29 janv. 24, 23:24 Ps : vu le post précédent, je sais ce qui me reste à faire (enfin si ca existe en support physique)
Film formidable en effet. Peut-être le Karlson que j'ai préféré.
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Re: Phil Karlson (1908-1985)

Message par The Eye Of Doom »

J’ai regardé les bonus du Salaire de la violence, avec un Tavernier enthousiaste, tres juste sur le film.
Du coup j’ai repensé à une scène assez incroyable :
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quand le toubib montre sa collection de balles de revolver à Van Helsing, expliquant que ce sont ses balles qu’il a gardé.
Et qu’il ne collectionnera pas les balles de son fils.
Dialogue etonnant, intense, où beaucoup est dit sur la proximité et la relation des deux personnages.
Ce qui est particulièrement fin dans ce western c’est d’avoir fait du personnage de Lee un homme qii est certes quasi omnipotent mais qui n’est jamais un despote ou un homme qui abuse de son pouvoir. Contrairement à tant de figure de self made man arrivés.
C’est un homme qui apprecie son pouvoir mais qui a fondamentalement un bon fond, ce qui fait qu’il est respecté de sa communauté. Qui sait d’autre part ce qu’elle lui doit. Ceci donne une intensité à chasue scène où il est fasse à la communauté, ses représentants, ses membres.
L’homme malgré ses travers est d’un bout à l’autre du film un personnage qui suscite de la sympathie.
On peut voir aussi la belle scelle où il fait tirer ses fils à coté du plan d’eau. La encore une scène où tout semble ecrit d’avance pour le spectateur mais dont l’exécution dejouera le programme stéréotypé.
Vraiment un film d’une grande finesse.
Tres intéressant personnage du sheriff aussi.
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