Luigi Zampa (1905-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Moins connu que les Comencini, Monicelli, Scola ou Risi, Luigi Zampa n'en demeure pas moins une figure majeure de la comédie à l'italienne dont il fut même l'un des pionners.

Presque aucune diffusion télé de ses films (même au cinéma de minuit ! :o ), presque aucun DVDs sortis chez nous (les années difficiles et uniquement en VF :| ), on peut dire que la rétrospective qui lui est consacrée en ce moment à la Cinémathèque est l'occasion rêvée pour faire connaissance avec son oeuvre.

http://www.cinematheque.fr/cycle/luigi-zampa-180.html

Les années rugissantes (Gli anni ruggenti - 1961)
Au milieu des années 1930, un petit village italien est émoi : une lettre annonce qu'un inspecteur des fascistes va venir pour faire une inspection surprise. Alors quand un homme de Rome débarque pour quelques jours, tout le monde (à commencer par les membres du conseille municipal) font tout pour se montrer sous leurs meilleurs jours. Sauf qu'il s'agit un simple assureur.

Très bon début de rétrospective avec cette comédie grinçante dans la grande lignée des réussites de ce genre si savoureux qu'est la comédie italienne.
Il ne manque pas grand chose au cahier des charges entre situations doucement absurdes et décalées, bassesse et hypocrisie des comportements humains, dimension sociale, discours politique, satire des moeurs...
Le scénario en lui-même n'est pas très original ni surprenant et on peut dire que beaucoup de séquences sont prévisibles, comme autant de passages obligées, mais ça n'empêche pas que pratiquement toute les scènes fonctionnent bien aidées avec un casting réussi et surtout une écriture solide (Ettore Scola est d'ailleurs de la partie et d'autres pointures comme Ruggero Maccari ou Sergio Amidei).
Le film est donc une succession de moments croustillants qui provoque quelques francs sourires : "l'interrogatoire" du maire derrière les lunettes, le quiproquo autour de la visite du mari cocu, le transfert des vaches et le passage à l'aérodrome (où les gags s'enchaînent très vite), la destruction d'une maison, la préparation du défilé... Soit autant de passages à la mécaniques bien huilée et dosée.

Par contre, le dernier quart souffre d'un virage dans le drame qui manque d'équilibre lorsque que l'assureur découvre la double réalité : celle de son identité supposée et celle du quotidien misérable des pauvres en marges de la ville. Même si la séquence en elle-même est vraiment très réussie, le glissement n'a pas la force d'un Monicelli par exemple. D'ailleurs, la suite est assez ratée avec Nino Manfredi aviné qui dit ses quatre vérité à une soirée mondaine. La plume est moins sophistiquée et Manfredi n'est guère crédible (sans parler du personnage féminin qui aurait mérité d'être plus étoffé) donnent un gout inachevé et maladroit à la séquence qui aurait dû pourtant être le point d'orgue du film mais ne ressemble qu'à un pétard mouillé jouant la facilité.
Comme pour rattraper le coup, les auteurs compensent avec une dernière séquence qui est elle admirable, en refusant tout happy end ou revirement psychologique de dernières minutes. L'ultime plan confine même au génie avec ce retour au néo-réalisme tragi-comique et son ironie pathétique pour une simplicité vraiment percutante dans la lecture d'une lettre paysanne au milieu d'un couloir de train.
Dernière modification par bruce randylan le 14 janv. 20, 22:38, modifié 1 fois.
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Père Jules
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Re: Luigi Zampa (1905 - 1991)

Message par Père Jules »

Découverte hier du Medico della mutua, farce pathétique sur le milieu de la médecine.
Sordi est grand comme d'habitude, le film est de bonne facture même si je ne suis qu'à moitié convaincu par le système de narration qui alourdi un peu le propos.
De la comédie italienne de la plus pure tradition.
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Re: Luigi Zampa (1905 - 1991)

Message par bruce randylan »

Père Jules a écrit :Découverte hier du Medico della mutua, farce pathétique sur le milieu de la médecine.
Sordi est grand comme d'habitude, le film est de bonne facture même si je ne suis qu'à moitié convaincu par le système de narration qui alourdi un peu le propos.
De la comédie italienne de la plus pure tradition.
JF Rauger l'a très bien vendu celui-là lors de l'ouverture. Je jugerais sur pièce d'ici 5-6 semaines.

L'honorable Angelina (L'onorevole Angelina - 1947) est un film très curieux capable du meilleure comme du plus regrettable.

La première moitié est dans l'ensemble assez réussi avec son approche néo-réaliste et progressiste où des mères de famille s'unissent derrière l'une d'elle (Anna Magnani) pour essayer d'avoir de meilleures conditions de vie : Leurs vétustes maisons se trouvent sur un terrain souvent inondée, elles doivent faire face de fréquente coupures d'eau sans oublier un commerçant qui détourne les provisions des tickets de rationnement pour les revendre sur le marché noir. Anna et ses voisines se mobilisent donc pour faire entendre leur voix y compris au sein de leurs propres famille puisque les maris voient d'un mauvais œil leurs engagement civiques qui les détournent des tâches ménagères et culinaires.
Toute cette partie qui occupe les 2 premiers tiers est d'une belle qualité. Le quotidien est filmé sans misérabilisme sans pour autant sonner faux ou artificiel grâce à son tournage en extérieur, un scénario qui sait exploiter ses ellipses et surtout un casting soigné avec en premier lieu une excellente Magnani qui j'ai trouvé plus juste que chez Rosselini je dois avouer (voir la scène où, en toute simplicité, elle donne le sein à son bébé le visage tiré et cerné).
L'approche est un peu simpliste tout de même avec quelques situation avec un trop calculée (le mari d'Angelina est un policier chargé de mettre fin à ses activités contestataires ; l'histoire d'amour avec le fils du propriétaire).

Par contre, le dernier tiers tombe dans les conventions les plus éculés et formatés du mélodrame avec une situation qui se retourne contre son héroïne que tout le monde va condamner en quelques secondes sans chercher à comprendre le pourquoi du parce que. Sans parler que tout se produit en même temps (le problème avec le fils ou le père en pleine crise).
Le reste laisse un goût encore plus amer puisque rien ne justifie le revirement du propriétaire tandis que le propos raconte l'anti-thèse total du début à savoir que les femmes ne devraient pas s'occuper politique et se limiter à tenir la maison et s'occuper du mari. Mouais :?
Même si on sent que Zampa éprouve de la méfiance envers les partis politiques (voir la scène où Angelina est courtisée par plusieurs représentants pour qu'elle rejoigne leurs mouvements), ce dernier acte sombre dans une vision vraiment rétrograde de la société et de la place des femmes qui avaient pourtant le droit de vote depuis un peu plus d'un an.

Les monstresses (Letti selvaggi - 1979)
Pour son ultime réalisation, Zampa signe un film à sketch alors que la comédie à l'italienne est à bout de souffle. Sans être raté, cet opus manque de croquant, d'originalité et de virulence. Celà dit, seul un sketch est vraiment raté (celui sur la veuve), la majeure partie oscillant entre le sympathique et l'amusant.
Tout le projet repose surtout sur ses 4 comédiennes qui occupent chacune 2 sketchs.

Dans l'arabe Sylvia Kristel est une vamp séduisant un italien sans le sous (se grimant en arabe :?: ) avec pour stratagème de le faire passer pour l'assassin de son mari (préalablement refroidi). Pas mal, un peu prévisible, un peu trop long mais Sylvia y est :oops:
Durant sa seconde intervention, elle joue une jeune mariée effacée et souvent réprimandée par son mari, professeur trop scolaire y compris dans son foyer. La aussi prévisible mais sa brièveté joue en sa faveur.

Les deux Ursula Andress sont les plus faibles. Outre la veuve médiocre donc, elle campe une femme qui s'exhibe en sous-vêtement à un carrefour pour provoquer des accidents automobiles qui profiteront à son complice, un garagiste. Très court, ça permet de ne garder que l'essentiel. Le problème de ces deux sketchs réside principalement dans son actrice, très limitée quand même (et plus vraiment sexy pour correspondre aux rôles il faut dire).

Laura Antonelli se trouve peut-être dans les sketchs les plus grinçants. Dans le premier elle prouve de manière radicale ( :mrgreen: ) à son mari jaloux qu'il n'a aucune raison de craindre un passant qu'il prend pour son amant. Très court donc bien efficace.
Le dernier est une comédie savoureuse où un chef d'orchestre espère passer du bon temps avec une femme d'affaire. Sauf que cette dernière a une emploi du temps très chargée et qu'ils n'arrivent jamais à rester plus de 3 secondes au même endroit, ce qui repousse au passage à chaque fois sa cession d'enregistrement. C'est bien écrit, le tempo ne faiblit pas et on compatit au malheurs de ce pauvre soupirant.

Reste la rayonnante Monica Vitti que je trouve décidément très à l'aise dans la comédie. Elle est excellente dans le sketch où elle incarne une prostituée à qui un cancre demande de se faire passer pour sa mère auprès de son proviseur (Roberto Benigni !). Assez drôle et le duo fonctionne allègrement.
Celui où elle joue une voleuse de diamant est plus dispensable bien trop long et avec une chute qu'on voit venir de loin. Reste qu'elle est parfaite dans le rôle.

Mineur donc mais il y a pire comme fin de carrière.


Le tocsin (Campane a martello - 1949)

Après le départ des soldats américains, une prostituée cherche à récupérer l'argent qu'elle a économisé et envoyé au prêtre de son village natal, personne sûr de confiance pour elle. Sauf que lors de son arrivée, elle apprend que ce dernier est mort et que son remplaçant à utiliser l'argent pour ouvrir un orphelinat.

Très inégale aussi avec son mélange de néo-réalisme, de comédie de moeurs et de bons sentiments envahissants. Le scénario est intéressant avec des péripéties qui sortent un peu de l'ordinaire ce qui donne un déroulement moins prévisible que ce qu''on pouvait craindre à la vue du postulat redoutable. Ca tient surtout à la psychologie de son héroïne qui demeure crédible dans sa réaction tandis que celle du prêtre est assez ambigu et manipulateur au final. D'ailleurs la fin est plutôt étonnante, refusant le happy end attendu pour une conclusion plus réaliste et crédible même si le pathos est loin d'être exclu.
Les personnages secondaires sont assez bien dessinés entre un policier compréhensible et humain et un conseil municipal uniquement obsédé par un monument au morts alors que les finances de la ville méritent d'autres priorités.
La bonne surprise c'est Gina Lollobrigida, alors en début de carrière, qui se révèle très convaincante, bien meilleure que sa partenaire Yvonne Sanson.

Sympathique mais le scénario demeure un peu bancal, prisonnier de ses différents registres. Mais la réalisation est jolie avec des extérieurs bien trouvés (le village portuaire possède beaucoup de charme)
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

La ligne blanche (Cuori senza frontiere - 1950)

En 1947, un nouveau traité redéfini la frontière entre l'Italie et la Yougoslavie. Hors celle-ci vient désormais littéralement couper un petit village en deux.

Inspiré d'un fait réel (la ville de Gorizia), Zampa compose un film très curieux, à la fois naïf, idéaliste, lucide et très amer. On sent un profond humaniste qui rejette à la fois les partis politiques qui attisent des tensions qui n'avaient pas lieu d'être, l'administration qui crée cette situation ubuesque et le concept même de frontière, anticipant par là l'UE.
Plus que le monde des adultes, c'est celui des enfants qui l'intéresse et qui se retrouve souvent au cœur du film avec cette bande de gosses qui se voit priver de jeux puisque leur piste de caisses à savon est désormais impraticable. Un nouveau sentier est bien trouvé mais uniquement du côté italien à la grande frustration des "yougoslaves" qui éprouvent de la jalousie envers leurs camarades frontaliers, largement entretenu par la virulence de leurs parents pour leurs voisins.
Le ton oscille donc entre touches humoristiques, charges anti-communistes (l'endoctrinement dès l'école, la suspicion envers les paysans propriétaires, les accès de violence), critique du capitalisme (des discours, des belles paroles mais jamais d'action concrète, bureaucratie envahissante) et drame personnel vécu au travers d'une famille obligée de passer côté yougoslave s'ils veulent cultiver leur champ (et retrouver leur vache).
Les portraits adultes sont un peu schématiques et stéréotypés, condensés dans la rivalité amoureuse entre deux hommes pour Gina Lollobrigida qui se termine littéralement par une guéguerre d'écolier aussi violente que puérile.

Les enfants sont donc plus matures que les adultes dans ce film et le dénouement est assez inéluctable à ce titre. Elle résume bien les qualités et les défauts du film, assis entre deux chaises. Mais ce supplément de coeur, d'indignation, d'espoir (toujours réaliste cependant) et de révolte donne envie de pardonner ses lacunes : pas toujours bien rythmé, interprétation inégale, psychologie peu fouillé pour certains...
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par Jack Carter »

Rapatriement des avis de Kevin95, histoire de faire vivre un peu le topic :wink:

Kevin95 a écrit : Image

GLI ANNI RUGGENTI (Luigi Zampa, 1962) découverte

Nino Manfredi est un chien (benêt) lancé dans le jeu de quilles du fascisme italien. Un quiproquo et voilà tout un système qui montre son vrai visage, ses incompétences et évidemment son ridicule. Zampa ne cherche pas la note grave ou un contexte tendu et inscrit son récit dans un coin reculé d'Italie, où il peut à loisir se foutre gentiment de ces fascistes du dimanche sans se soucier de la grande Histoire et son cortège de drames. Manfredi n'est ni un saint à la Capra ni une ordure, c'est un monsieur tout le monde capable d'applaudir Mussolini tout se désolant du sort réservé à certaines castes. Le film est un délice tout juste amoindri par un dernier quart d'heure plus explicatif où Zampa prend le virage du drame avec un pas plus lourd. Rien de raté, mais une légère faiblesse pour un film qui en a peu. 8,5/10
Kevin95 a écrit :Image

VIVERE IN PACE (Luigi Zampa, 1947) découverte

Aldo Fabrizi est un Père tranquille qui ne voit rien ou presque de la guerre en cours jusqu'au jour où des ricains débarquent dans sa ferme et lui offre la possibilité d'agir en héro. Comme pour le René Clément, il s'agit ici moins de faire le procès d'une Italie fasciste (tout juste incarnée par un petit chef plus ridicule qu'autre chose) que de panser les plais du pays en mettant en scène l’héroïsme lambda, la résistance sans flonflons. C'est bien l'humanité et la drôlerie de Fabrizi qui tiennent les reines sans quoi, on serait tomber dans une forme de naïveté et d'opportunisme. Zampa construit son récit en crescendo, en misant sur des petites choses pour alimenter son suspense comme cette longue séquence géniale où un simple repas se transforme un moment de tension, de délire puis de chaos. Ça rachète facilement une conclusion lourdement mélodramatique. 8/10

Image

UN AMERICANO IN VACANZA (Luigi Zampa, 1946) découverte

Phénomène étrange, voyez cet œil cynique qui assiste méfiant à la première demi-heure de cette bluette italienne, se laisser happer par le charme que dégage le film avant de marcher complétement telle une midinette prépubère. Zampa a beau filmer les ruines de l'après-guerre comme les copains, c'est du coté d'Hollywood, entre On the Town et Roman Holiday, qu'il traine ses guêtres. Une fois acceptée la naïveté du point de vue (sans ça, autant arrêter le visionnage) on se glisse avec bonheur dans une comédie romantique légère et élégante. Un bonheur qui émane pour beaucoup de l'interprétation de Valentina Cortese, rayonnante et décontractée, qui fait de chacun de ses gros plans un moment précieux (cousin Imdb me signale que c'est la diva italienne de La Nuit américaine, waaatchaaa). C'est aussi l’occasion de voir Adolfo Celi jeune et fin (un moment d'Histoire en somme). 8/10
Kevin95 a écrit :Image

L'ONOREVOLE ANGELINA (Luigi Zampa, 1947) découverte

Zampa s'efface devant le mythe Anna Magnani, lui offre un film à la gloire de son imagerie de divine prolétaire, de femme forte, résignée, combattante de toujours. L’actrice y apparait plus grandiose que jamais, toujours les manches retroussées, les poches sous des yeux qui ne demandent qu'à pleurer devant les injustices de son pays. Le mythe cannibalise le film, le fait marcher au pas, offre peu d'à coté ou de personnages secondaires forts. L'intrigue ne sert que de terrain de jeu à la tragédienne et même si le film s'en trouve fragilisé, il trouve son intérêt justement dans les frissons que procurent ces moments forts où la comédienne laisse exploser ses émotions. La morale, pas conservatrice mais presque, est en revanche plus étonnante et plus difficile à avaler. 7,5/10

Image

LETTI SELVAGGI (Luigi Zampa, 1979) découverte

Dernier film de Zampa qui aborde le genre erotico-mique avec un peu de maladresse comme le choix de Tonino Guerra au scénario (habitué en général aux films d'Antonioni ou de Francesco Rosi) ou des fins de sketch jamais vraiment convaincantes. Si aucun des segments n'est raté, tous ont des faiblesses plus ou moins importantes. Étonnement, les meilleurs sont ceux avec Sylvia Kristel, principalement celui où Emmanuelle est mariée à un type imbitable (donc merveilleux pour la comédie). Les plus cabotins sont ceux avec Monica Vitti (dont celui où elle s'acharne sur un petit gros un tantinet attardé) tandis que les plus étranges sont ceux avec Laura Antonelli (avec un quasi pré After Hours). Malheureusement pour elle, Ursula Andress hérite des bonnes idées maltraitées comme cette séance photo longuette, prévisible qui aboutie sur pas grand chose. Oui c'est inégale, oui c'est attachant. 8/10

Image

SIGNORI, IN CARROZZA ! (Luigi Zampa , 1951) découverte

Un employé de train a deux pays, deux femmes et deux foyers quand déjà la comédie de boulevard française a la bave aux lèvres. Pas de bol pour elle et heureusement pour nous, c'est un cinéma italien au taquet qui s'en charge. Les ressorts habituels (genre placard et sous de lit) sont brocardés au profit d'un face à face entre Aldo Fabrizi et son beauf Peppino De Filippo qui relève du bonheur en barre. Tout est de ce niveau et même certaines situations disons classiques (deux repas pris simultanément à deux endroits différents par exemple) sont traitées avec un tel sens du rythme et de la réplique qu'on croirait les découvrir pour la première fois. Co-production oblige, on assiste à quelques vues touristiques et à l'apparition improbable de comédiens français doublés (Julien Carette et Noël Roquevert notamment) mais ils ne perturbent en rien cette gourmandise italienne. 9/10
Kevin95 a écrit :Image

CUORI SENZA FRONTIERE (Luigi Zampa, 1950) découverte

On dit des premiers Zampa, qu'ils naviguent dans un certain néo-réalisme "rose"... c'est ici pleinement le cas. Le réalisateur n'est ni Rossellini ni De Sica et son approche de l'Italie d'après-guerre n'y va pas de main morte dans le sentimentalisme le plus exacerbé et les grosses ficelles. Un pays coupé en deux et voilà notre réalisateur qui multiplie les situations mélo, les symboles pas finauds et les répliques qui résument toutes les dix minutes le discours des auteurs. Les couple Gina Lollobrigida/Raf Vallone est fadasse mais l’intérêt est plutôt du coté des gamins un rien roublards, traités un peu en singe savant mais dont la gouaille rattrape tout. Un peu d'anti-communisme, pas mal d'imagerie catho, le film de Zampa se casse la tronche sur de nombreux points mais trouve un peu de souffle dans la peinture tragique d'une famille de paysans. Pourquoi pas. 6,5/10
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par Kevin95 »

J'aurai laissé bruce faire le taf m'enfin... :mrgreen: :fiou:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Non, mais est-ce que je viens t'embêter dans "notez les films" ? :P
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

L'art de se débrouiller (L'arte di arrangiarsi - 1954)

Semi déception pour ce film qui avait tout pour accoucher d'une satire féroce : Alberto Sordi jouant un opportuniste étant tour à tour fasciste, résistant, communiste ou démocrate quand la situation l'exige.

Le problème c'est que le film a été produit 10 ans trop tôt et que le scénario de Vitaliano Brancati manque de tranchant, de virulence, de causticité etc... Une décennie plus tard, une demi-douzaine d'auteurs se seraient démenés pour enrichir l'histoire de 1001 trouvailles et d'idées réjouissantes et hilarantes.
Ici, c'est un peu plat à quelques détails près (la planche à pain pour brûler les vêtements fascistes ou la fiancée diabétique). Hormis la séquence du duel à l'épée, le film possède un rythme assez plat et routinier qui manque cruellement de vigueur et de nervosité. C'est aussi les limites de son cinéaste dont la mécanique mériteraient d'être huilée (avec quelques chevaux en plus dans le moteur). On peut même dire que certaines parties tombent à plat comme le segment "Sordi producteur de cinéma" qui n’emmène pas bien loin.

D'ailleurs pour parler de Sordi, bien qu'il porte littéralement le film sur ses épaules, il n'a pas encore la puissance de ses futures interprétations.

Tout juste sympathique donc, et seulement ponctuellement.

EDIT : En sortant de la séance de Il Vigile, Kurtz me parlait de Rodolfo Sonego, le scénariste attitré de Sordi. Il est justement absent du générique de L'art de se débrouiller, ça explique sans doute pourquoi je ne retrouve pas le brio habituel des autres Sordi. Hasard ou non, c'est peu après la sortie de ce film que Sonego et Sordi vont entamer leur fructueuse collaboration.
Dernière modification par bruce randylan le 15 févr. 16, 18:44, modifié 1 fois.
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

La belle romaine (La romana - 1954)

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Malgré les mises en garde de sa mère, une jeune femme entame une histoire d'amour avec un chauffeur de voiture. Sa meilleure amie lui conseille plutôt d'entamer un liaison avec un leader fasciste qui est tombé sous son charme.

Grâce à cette adaptation d'Alberto Moravia, Zampa signe l'un de ses meilleurs films de sa première période. C'est un pur drame, sans ajout de comédie ou de réelle dimension néo-réaliste pour mieux se focaliser sur ses personnages qui sont très bien écrits avec beaucoup d'humanité (et les faiblesses que ça implique). Pas de manichéisme dans le traitement et le protagoniste masculin le plus touchant (dans son pathétisme) est presque le fasciste dont les motivations politiques n'ont pas l'air d'une sincérité absolue, loin des zélés brutaux et hypocrites traditionnels du genre. C'est seulement pour lui une manière comme une autre d'accéder à un rôle important dans la société..
Par contre, le point commun que partagent les hommes sans exceptions dans cette histoire est leur égoïsme et leur cynisme face à cette Romaine qui se fait manipuler par tous quelque soit leurs classes sociales : fasciste, communiste, criminel en fuite ou simple employé. De ce point de vue, le film est incroyablement pessimiste à l'image de la mère qui est devenue très amère sur la condition des italiennes après des années à vivre sous le joug d'un mari qui l'a enfermée dans les tâches ménagères. C'est pour cette raison qu'elle s'oppose à la relation de sa fille avec un "banal" prolétaire car elle sait qu'elle sera toute sa vie étouffée.
C'est l'un des personnages les plus intéressants du film et je regrette qu'on ne la retrouve pas plus souvent, surtout sur la fin où elle disparaît quasiment du récit alors que son regard aurait encore pu approfondir la vision du cinéaste.

Ce dernier semble d'ailleurs inspiré par le matériel et livre l'un de ses réalisations les plus "solides " de l'époque avec une photographie assez sombre et une atmosphère presque asphyxiante avec une utilisation très "Wellessienne" des plafonds. Il y a dans la Belle romaine une rigueur qui parvient à se hisser au niveau du matériel pour toucher quelque chose de plus profond (sans aller jusqu'à l'existentialiste). On ne peut donc que regretter un relâchement dans le dernier acte avec la figure d'un assassin en cavale pour un suspens un peu trop artificiel qui brise le réalisme et la lucidité du sujet.

Un beau film porté par une Gina Lollobrigida très convaincante dans sa spirale inéluctable vers la prostitution.
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Il vigile (1960)

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Un père de famille vaniteux (et un peu couard) est prêt à tout pour être motard dans la gendarmerie nationale de son village

A près la semi déception de L'art de se débrouiller (même si pour son époque, c'est très précurseur celà dit), cette association Sordi/Zampa fait des étincelles et s'avère excellente de bout en bout même si quelques passages demeurent plus convenus (ou plutôt prévisibles).
C'est surtout l'occasion pour Sordi de livrer un nouveau personnage mémorable pour une interprétation jubilatoire dans la lignée de ses rôles marquants. A la fois lâche, arrogant, prétentieux, naïf, désarmant, touchant, maladroit... Ce genre de caractère se prête bien à un écriture privilégiant la narration par épisodes (Sordi harcèle le maire, Sordi règle circulation à un rond point, Sordi rencontre une vedette de la télévision...) mais suffisamment bien emballée pour éviter le film à sketch.
C'est surtout le cas dans la première moitié assez enlevée et rythmée. La seconde devient plus grinçante avec cette satire directe et désabusée de la corruption, du pouvoir et du capitalisme typique de Zampa. Plus que la colère (pour reprendre le terme de Rauger pour décrire le cinéaste), le cinéaste est un profond indigné.
Celà dit, cette critique à charge contre l’hypocrisie et l’impunité des classes dirigeantes est ce qui dessert un peu le film quand il se dirige vers son ultime acte. Tout ce qui succède le dîner mondain est alors un peu trop démonstratif et redondant alors que le face à face avec les fonctionnaires/avocats étaient suffisamment éloquent pour être presque terrifiant avec cette violence froide et implacable. Jusque là, on sentait un pur "véhicule" pour Sordi mais en voulant se ré-approprier le scénario, Zampa brise un peu son film dans son élan .
Rien de catastrophique non plus, ça concerne 10-15 minutes du film et la séquence finale vient d'ailleurs finir en beauté cette excellent représentant de la "Comédie à l'italienne", genre qui n'en finit plus de me ravir. :D
Dernière modification par bruce randylan le 14 janv. 20, 22:49, modifié 1 fois.
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Pour l'amour du ciel (È più facile che un camello - 1949)
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Industriel obnubilé par son travail, Carlo Bacchi décède dans un accident de la circulation. Pour éviter de finir aux enfers à cause de son égoïsme, on lui octroie un retour de 12 heures pour rattraper ses erreurs.

Zampa délaisse l'univers Néo-réalisme (et ses variations) pour aller vers la fable qui, fort heureusement, n'est pas contaminé par le prêchi-prêcha religieux et moralisateur. On est donc pas si loin d'un Frank Capra mais avec une ambition (et un talent) moindre.
Ca passe sans trop de problème cela dit même si au niveau de l'implication émotionnelle du spectateur, c'est très timoré. Sans doute causé par des personnages manquant de caractère. Il n'y a que sa relation avec sa fille que j'ai vraiment trouvée réussi.

Tout cela est assez cousu de fil blanc, régulièrement prévisible et la période des 12 heures est un choix assez mal exploité d'autant qu'elle se déroule de 21h00 à 9h00 du matin sans avoir aucune influence sur les personnages (tout le monde doit faire des nuits blanches j'imagine).
Comme le film dure 90 minute sans réel temps mort, on n'y pense pas vraiment sur le coup mais c'est un choix plutôt curieux qui aurait pu donner des moments cocasses.
Le choix intéressant par contre est d'avoir choisi comme condition rédemptrice un pleurnicheur horripilant et strident au lieu du pauvre agneaux malchanceux attendu.

Il faut aussi reconnaître que la co-production franco-italienne est plus un handicap d'un réel gain tant la voix italienne de Gabin ne correspond pas du tout à sa vraie voix et à son physique. D'ailleurs le casting lui-même est très inégal. Je serai donc curieux de la revoir en version française d'autant que les dialogues sont signés d'Henri Jeanson. Ce qui pourrait peut-être enrichir ceux assez plats italiens (on trouve déjà De Funés dans les voix Fr).
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Frénésie d'été (Frenésia dell'estate - 1963)

La vie d'une petite dizaine de personnages le temps de quelques jours ensoleillé dans une ville portuaire.

Ca aurait pu être un film à sketch mais Zampa et son armée de scénaristes en font un film choral. Ce qui s'avère un choix payant :)

On croise la pâtissière vendant se beignets sur la plage et qui héberge un cycliste professionnel espagnol épuisé qui ne demande qu'à retrouver des forces ; un vieux top model sur le déclin qui cherche à manipuler une jeune femme naïve pour rendre jaloux sa maîtresse ; un officier militaire perturbé depuis un spectacle de transsexuel en étant obsédé par l'un(e) d'eux/elles sans savoir qu'il s'agit d'une une vraie femme ; un petit escroc essaye de monter un numéro de publicité aérienne.

La construction est plutôt équilibrée, passant d'une intrigue à l'autre avec assez de fluidité pour ne jamais donner un sentiment de lassitude ou de longueur. Il y a juste la partie sur le militaire qui est vraiment déconnectée des autres sous-intrigues là où un photographe amateur fait la liaison entre la pâtissière, l'escroc et le vieux top-model.
On ne se plaindra pas vraiment car c'est la partie la plus réussie du film avec un Vittorio Gassman génial en macho complétement déboussolé à se sentir des attirances homosexuelles. Cependant, j'aurais bien voulu que Michèle Mercier (la travestie) soit un peu plus présente.
La partie sur la pâtissière (Sandra Milo) possède aussi un réel charme avec cette femme candide et qui conserve une réelle pureté dans ses différentes liaisons grâce à un naturel et une bonté presque angéliques.
Quant à Amedeo Nazzari il dresse un portrait assez touchant (et ridicule) d'un homme qui veut se convaincre qu'il est plus jeune que son âge.
En revanche, le segment sur la publicité aérienne est plus en retrait et le personnage central plus "banal" même si quelques moments sont très amusants (surtout l'inscription finale ! :lol: ).

Zampa met pour une fois de côté sa dimension socio-politique, totalement absente ici. Rien de gênant car on sent qu'il s'attache réellement à tous ces personnages avec humanité et tendresse sans jamais verser dans la méchanceté ou la cynisme. L'ambiance reste donc décontracté et légère mais avec toujours une pointe de mélancolie.

Parmi les nombreux scénaristes, on trouve Mario Monicelli et Age et Scarpelli. Je ne serais pas surpris qu'ils soient à l'origine du segment sur Gassman avec leur regard caustique et anti-militariste.
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Anni Facili (1953)

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Un intègre professeur sicilien est muté à Rome. Le maire de son village, un ancien fasciste, en profite pour lui demander d'accompagner le dossier pour la commercialisation d'un nouveau médicament que sa société vient de créer... d'autant que le professeur possède des amis politiques.

L'un des meilleurs films de Zampa et sans doute le plus réussi de sa première période (pour ceux que j'ai vu tout du moins) :D
Une vision très pertinente de la corruption et de la bureaucratie qui, comme beaucoup de films de son cinéaste, est composé de plusieurs actes clairement identifiés et qui se conclut par un dernier quart sous forme de parabole/fable morale.

La première partie anticipe une nouvelle fois par certains aspects la comédie à l'italienne notamment dans le portrait politique de cette ville provinciale avec maire opportuniste adepte du changement de vestes et règlement de compte personnel au conseil municipal (sans oublier le "Virillon", le médicament censé doper la virilité au point de se prendre pour un loup-garou :mrgreen: ). La description n'est pas encore trop féroce, ce qui permet de rendre assez réaliste la situation et les personnages avec en premier lieu ce modeste professeur qui manque un peu de caractère et d'affirmation malgré des opinions assez marqués.
Le deuxième acte et sa bureaucratie n'est pas loin de Kafka dans son dédale de couloirs, bureaux, fonctionnaires, tampons et autres papiers à fournir qui ressemble à un absurde parcours du combattant sans fin.
Malgré tout ça, le brave professeur tente de garder patience et de rester dans le cadre de la légalité mais chaque scène l'immerge un peu plus dans cette corruption indispensable pour qui veut obtenir quelque chose (stupéfiant passage chez des fascistes nostalgiques :lol: ). D'où un dernier acte qui se recentre uniquement sur la dépréciation morale du héros pris au piège de la société dans son sens large : amis, famille, travail, collègues, administration, justice... L'humour disparaît au profit d'un sentiment forcément plus amer et désabusé, à un niveau inédit.

Un peu de bavardage excessif par moment et un protagoniste dont l'évolution reste trop théorique par certains points, Anni facili faiblit un peu par moment dans sa démonstration d'autant que, tout appliqué qu'il est, Zampa n'est pas un réalisateur toujours capable de dépasser la simple illustration du scénario.
Mais bon, le scénario est tout de même très passionnant, l'interprétation idéale et le mélange des genres particulièrement bien dosé. J'y trouve donc largement mon compte ! :D
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par bruce randylan »

Question d'honneur (Una questione d'onore - 1965)

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En Sardaigne, les traditions des "crimes d'honneur" est toujours aussi fortes. Ce qui contraint le pauvre Efisio à devoir connaître plusieurs années de célibat en attendant que la femme qui l'a offensé sorte de prison pour l'épouser.

Petit détour en Sardaigne pour Zampa qui s'attaque ici aux mentalités quasi moyen-âgeuses et leur codes archaïques et hypocrites : guerre absurde entre famille qui ne peut se solder que par l'extermination d'une fratrie, fiançailles forcées, l'assassinat de conjointe infidèle sur de simples présomptions... et ceux qui voudraient ne pas suivre ces règles seraient purement et simplement mis au ban de la société.

La peinture est assez féroce et Zampa ne manque de dureté pour critiquer ces comportements rétro-grade et conservateurs, surtout dans un dernier quart tragique et cauchemardesque.
Comme d'habitude chez le cinéaste (qui co-signe le scénario une fois de plus), la structure est un presque un copier-coller de ces précédents films, commençant dans la légèreté et l'ironie avant de glisser dans le sérieux dramatique.

Dans celui-ci, l'écart est un peu trop grand entre les deux registres pour un virage un peu trop brusque à mon goût. C'est assez mal structuré et rythmé, comme si les 80 premières minutes servaient d'introduction à la dernière demi-heure qui est du coup précipité. A côté de ça, la réalisation est un peu terne et manque de rigueur même si on trouve de jolis moments comme les premières scènes assez drôles, les retrouvailles de Tognazzi et son épouse après un exil de plusieurs mois, le malaise de Blier devant un enfant de 8 ans qui se prépare lentement à venger ses grands frères et bien-sûr les 10 dernières minutes vraiment poignantes et cruelles.

Dommage donc qu'en face de ces moments, on trouve d'autres moments plus relâchés voir bâclés (la relation Blier/Tognazzi).
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Kevin95
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Re: Luigi Zampa (1905-1991)

Message par Kevin95 »

bruce randylan a écrit :Question d'honneur (Una questione d'onore - 1965)
Je pose la question là car ça peut intéresser d'autres personnes que moi : La copie est-elle regardable ? Je ne sais trop sur quel pied danser lorsque la Tek précise "en mauvais état". Un americano in vacanza lui aussi dans un mauvais état, était très correct.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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