Lowell Sherman (1885-1934)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Lowell Sherman (1885-1934)

Message par Kevin95 »

BORN TO BE BAD - Lowell Sherman (1934) découverte

Film à la lisière du code Hays, qui voit une mère totalement immorale se faire chourer son chiard par un couple de nantis. On pourrait s'attendre à une leçon de bonne conduire menée par les biffetons sur pattes mais Born to Be Bad est bien plus complexe. Mis en scène par l'ancien acteur Lowell Sherman et interprété par la sauvageonne Loretta Young, le film donne suffisamment d'espace et de dignité à cette mère indigne et ne semble pas totalement donner raison aux (beaux) parents dans leur bon droit. Oui, la miss est garce, tricheuse, usant de son corps pour arriver au sommet mais... elle aime profondément son gosse, bien plus que Cary Grant et sa moitié. Le fils semble plus apprendre des magouilles de sa génitrice que des loisirs (et de l'ennui) de sa parents adoptifs. Si la scène (folle) du tribunal voyant la mère et le fils mentant ouvertement pour toucher l'assurance condamne Loretta Young, la séquence finale avec le landau rempli de livres lui donne un dernier salut, comme pour montrer que derrière la noirceur du personnage se cache une profonde tristesse. Pas totalement maitrisé, Born to Be Bad reste tout de même une petite curiosité et l'occasion d'admirer le talent (frappant) de Loretta Young.
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Cinéfil31
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Re: Lowell Sherman (1885-1934)

Message par Cinéfil31 »

Je viens de découvrir à mon tour Born to be Bad. J'ignorais que l'acteur Lowell Sherman avait aussi été réalisateur. Je partage l'avis de Kevin95 : le film est intéressant, et sort un peu des sentiers battus. Loretta Young est convaincante dans son interprétation de jeune mère manipulatrice mais attachante par les failles qu'elle finit par révéler. J'ajoute que le film est très court : à peine une heure ! On ne peut donc pas se plaindre qu'il traîne en longueur, même si quelques minutes de plus auraient peut-être apporté une épaisseur supplémentaire à l'ensemble. Par ailleurs, Cary Grant est, comme toujours, excellent. Quant à Jackie Kelk, l'enfant acteur qui interprète le rôle du garnement, il ne semble pas avoir eu une longue carrière à l'écran.
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Profondo Rosso
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Re: Lowell Sherman (1885-1934)

Message par Profondo Rosso »

Born to Be Bad (1934)

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Letty est une magnifique jeune femme. Célibataire et sans argent, elle use systématiquement de ses charmes pour obtenir ce dont elle a besoin pour elle et pour son fils Mickey, qu'elle élève seule. Tout bascule quand Mickey est renversé par un camion. L'accident est sans gravité, mais le conducteur, Mal, tient à se faire pardonner. Letty, en grande manipulatrice, y voit l'occasion de profiter de la situation. Mais tout ne se déroulera pas comme prévu...

Born to Be Bad est une oeuvre encore teintée des provocations de l'ère Pré-Code mais qui souffrira de l'application désormais stricte du Code Hays. Le film est rejeté deux fois devant la commission pour atténuer la nature explicite de la profession de prostituée de luxe du personnage de Loretta Young, mais également ses apparitions en petite tenue (même si il en restera une à voir en début de film). Le film s'inscrit en tout cas la tradition de Pré-Code sociaux avec ces jeunes femmes prêtes à tout pour s'extraire de leur condition, et parfait endossant le rôle de mère indigne et sacrificielle comme dans Frisco Jenny de William A. Wellman. On suit donc ici Letty (Loretta Young) jeune mère immature et à la profession douteuse dont le fils Mickey (Jackie Kelk) semble également prendre un mauvais chemin. Lowell Sherman traduit de plusieurs manière la particularité du "foyer" dans sa première scène. A la négligence de la maison insalubre répond le "négligé" dans lequel Letty accueille le conseiller de discipline de son fils qu'elle calme de son charme. Les rapports mère/fils ne reposent que sur la camaraderie où Letty n'a que la débrouille et le mensonge à transmettre à son fils pour viser une meilleure situation.

C'est donc un choc pour tous les deux lorsqu'ils vont découvrir une autre manière d'envisager le rapport à l'autre au contact du riche Mal (Cary Grant) bien décidé à donner une meilleure éducation à Mickey. Le film se montre très juste (bien que naïf) dans la transformation du petit garçon désormais ni encouragé, ni puni dans ses exactions pour trouver une voie médiane où il prendra conscience qu'il peut agir différemment que par la filouterie. Letty se heurte aussi pour la première fois à ce qu'elle est et ne pourra jamais offrir à son fils, le scénario ne faisant intelligemment pas reposer cela sur le seul confort matériel. Mal et son épouse sont attentif envers l'enfant qu'ils n'ont jamais eu, alors que Letty livrée à elle-même et mère à 15 ans n'a jamais eu l'opportunité de vivre dans un cadre bienveillant lui donnant la notion du bien et du mal. Loretta Young est excellente, ne rendant jamais son personnage détestable et retranscrivant bien cet amour maternel boiteux, imparfait mais réellement sincère. Le travail sur les costumes et la photo jonglent habilement entre facticité racoleuse et imagerie plus immaculée pour faire basculer plusieurs fois Letty de la "tramp" qu'elle assume être à la mère respectable qu'elle pourrait devenir notamment dans le beau final. 4,5/6
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