Christian Gion

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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sixtiesfan
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Christian Gion

Message par sixtiesfan »

Le jardin des supplices (1976)

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1926. À la suite de problèmes liés à la drogue, Antoine Durrieu, jeune médecin dévoyé, est contraint de quitter la France et embarque à bord d'un navire en route pour la Chine. Durant la traversée, il fait la connaissance de la belle et trouble Clara Greenhill, fille d'une riche et influente personnalité basée à Canton. Dès son arrivée, Antoine va pénétrer dans un monde au cadre étrangement idyllique vicié par la torture et les meurtres, tandis qu'au dehors couve une révolution populaire.

Du roman de Mirbeau, que je connais bien, il reste à la fois peu de choses, et le principal : avec des moyens limités et une appétence sans doute assez faible pour le genre littéraire fin de siècle, Gion parvient à restituer une bonne part de l'ambiance de tropiques pourrissantes du texte original. Evidemment il subsiste peu des scènes de tortures hallucinées du roman : ces choses sont simplement impossibles à filmer. La productrice Vera Belmont souhaitant un film inscrit dans le sillage du « Emmanuelle » de Just Jaeckin pour d'évidentes raisons commerciales, a dû tousser un peu en voyant le film de Gion. On est loin de la légèreté des aventures légères de Sylvia Kristel : l'héroïne du Jardin des supplices ne semble sexuellement excitée qu'en présence de la mort, celle des suppliciés comme celle, à venir, de ces colons dégénérés et du monde qu'ils représentent. On pourra, si on y tient, trouver plusieurs niveaux de lecture : le parallèle entre pulsions sexuelles et pulsions de mort, l'écroulement du monde colonial, le pourrissement des institutions (un prêtre cynique et syphilitique, des diplomates méprisant toute vie humaine...), thème dominant de l'oeuvre de Mirbeau.
On pourra aussi se contenter de voir cela comme du cinéma d'exploitation bien fait, honnête dans son genre, avec suffisamment d'étrangeté pour sortir du lot.
Il y a bien quelques creux, quelques scènes un peu raides et bavardes mais sur la longueur du film, il y a toujours quelque chose à se mettre sous le regard : la photographie est élégante, un peu brumeuse sans toutefois trop évoquer les cousineries et autres coquineries hamiltoniennes.
Roger Van Hool est impeccable d'élégance, Isabelle Lacamp très belle, et les dialogues de Pascal Lainé se sortent très honorablement de cette gageure d'adapter un texte aussi peu transposable au cinéma.
La copie de cette édition Le Chat Qui Fume est très belle, propre et restituant au mieux la dimension crépusculaire du film. Encore une fois, merci à eux de fouiller dans les marges du cinéma d'exploitation français et d'en extraire de telles pépites!
Entretien intéressant en bonus, dans lequel Christian Gion apparaît comme un homme sans aigreur, sympathique et détendu, très modeste quant à son oeuvre cinématographique.
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sixtiesfan
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Re: Christian Gion

Message par sixtiesfan »

Le pion (1978)

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Je m'attendais à une suite de gags d'internat, j'ai été surpris par la tonalité joliment sentimentale du film et son écriture bien plus soignée que la moyenne des comédies françaises de l'époque. Il se dit que Michel Audiard lui-même aurait donné un coup de main, ceci expliquerait le mordant et l'élégance de beaucoup de dialogues. En tout cas on est très loin de la grosse farce et des "comédies navrantes" telles que définies par Christophe Bier, même si les gamins font preuve de beaucoup d'inventivité en matière de déconnade. Le film est très bien photographié malgré un budget probablement restreint, tous les acteurs semblent impliqués : Guybet excelle en pion dépassé mais jamais amer, plus préoccupé de littérature que de la réalité, ce qui le rend instantanément sympathique, Piéplu en censeur du lycée et Galabru en inspecteur académique font le métier, et c'est un plaisir de voir Bernard Musson avoir plus de deux répliques et dans un rôle autre que ceux de loufiats ou de majordomes auxquels il a été cantonné. Très belles scènes entre Guybet et Claude Dauphin, dont c'est la dernière apparition au cinéma, ce qui la rend encore plus touchante, et entre Guybet et la merveilleuse Claude Jade.
En générique de fin, très jolie chanson du regretté Jean-Michel Caradec. Copie du DVD Gaumont image et son d'origine, mais tout à fait honorable.
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Jean-Pierre Festina
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Re: Christian Gion

Message par Jean-Pierre Festina »

Bien d'accord, ce film est vraiment joli, sans rien de la bassesse qu'il est de bon ton de voir dans ce genre de comédie.
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"


Non mais ALLOOOO quoi
Boba Fett 69
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Re: Christian Gion

Message par Boba Fett 69 »

Ah les chats volants... :mrgreen:
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