Ray Milland (1907-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Ray Milland (1907-1986)

Message par Rick Blaine »

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Panique année zéro (Panic in year zero ! - 1962)

Première découverte pour moi du travail de Ray Milland à la réalisation, et ce Panique année zéro est une excellente surprise. Le film brille par son originalité dans le registre post-apocalyptique, qui se concentre le plus souvent sur la destinée d'un homme seul après l'apocalypse, à la recherche d'un congénère. Ici, le film fait tout l'inverse, l'autre est un danger, et la sauvagerie de l'humanité est réactivée par la catastrophe. Il en résulte un récit au ton particulièrement pessimiste, loin d'être porteur d'espoir pour l'humanité, et qui n'épargne même pas son personnage principal qui lui aussi cède à la barbarie. Il en résulte une réflexion intéressante sur ce qui fait la civilisation et sur le point d'équilibre très instable qu'elle constitue pour chacun de nous. L'interprétation de Milland rend cette dimension avec finesse, tout comme globalement le reste du casting, notamment un Frankie Avalon très convainquant.
Produit par AIP, Panique année zéro est clairement un film à petit budget, ce qui se voit notamment dans le très petit nombre de décors, mais Milland s'en tire avec les honneurs, cachant la misère comme un excellent artisan hollywoodien. Le film est convainquant visuellement, rythmé, et Milland gère particulièrement ses scènes de tensions et de violence.
Voilà qui donne envie de découvrir le reste de sa filmographie en tant que réalisateur, notamment L'homme de Lisbonne qui fait envie.
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tenia
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Re: Ray Milland (1907 - 1986)

Message par tenia »

Film très sympathique effectivement, efficace quoiqu'assez simple (pour ne pas dire anodin). Ça se regarde cependant très bien, avec peut-être uniquement cette musique complètement hors-sujet qui finit par faire doucement rigoler. Mais c'est réalisé et joué avec un savoir-faire appréciable.
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Rick Blaine
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Re: Ray Milland (1907 - 1986)

Message par Rick Blaine »

tenia a écrit : 11 août 22, 10:42 avec peut-être uniquement cette musique complètement hors-sujet qui finit par faire doucement rigoler.
Effectivement... mais je ne suis pas totalement d'accord.
Certes, elle est globalement un peu trop guillerette, par contre lors de ses utilisations diégétiques (via l'auto-radio), cela correspond à des moments où la tension s'allège, ou la situation penche plus vers la civilisation que la barbarie, soulignant des moments plus rassurants. Ca mériterait d'être vu dans le détail, mais j'ai le sentiment que son utilisation n'est pas totalement hasardeuse.
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Jeremy Fox
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Jeremy Fox »

Découvert aussi tout récemment ; bonne surprise également avec notamment une excellente première demi heure. J'ai été un peu moins captivé par la suite mais peut-être la fatigue était de la partie. A revoir donc.
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John Holden
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par John Holden »

Rick, à l'occasion je te conseille également A man alone, petit western atypique qui transcende avec la même inventivité un budget indigent. :wink:
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Rick Blaine
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Rick Blaine »

John Holden a écrit : 12 août 22, 12:22 Rick, à l'occasion je te conseille également A man alone, petit western atypique qui transcende avec la même inventivité un budget indigent. :wink:
Oui, j'ai a priori un DVD qui traine à la maison.
La question, c'est où ? :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Jeremy Fox »

John Holden a écrit : 12 août 22, 12:22 Rick, à l'occasion je te conseille également A man alone, petit western atypique qui transcende avec la même inventivité un budget indigent. :wink:
Yep
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Ann Harding
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Ann Harding »

Je vous recommande chaudement la lecture des mémoires de Ray Milland intitulées WIDE-EYED IN BABYLONE. Je les ai découvertes par hasard et j'ai vraiment adoré son style. C'est très britannique - pas anglais, car il était gallois - avec une plume acérée sur le petit monde hollywoodien. On sent un européen qui est toujours resté légèrement en retrait, comme un observateur, face aux délires de la 'factory of dreams'. Et c'est en même temps un parcours de vie. Il reste humble en racontant son entrée, par hasard, dans un studio et sa très lente montée des échelons du vedettariat. Un des meilleurs livres de mémoires que j'ai lu.
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par beb »

...
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manuma
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par manuma »

SURVIVAL RUN (1979)

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Un petit mot sur cette production américano-mexicaine qui m'aura longtemps fait fantasmer pour rien, ou pas grand-chose. J'imaginais un survival bien tendu, bien méchant, à la William Fruet, et je n'ai obtenu pour récompense à cette longue attente qu'une maladroite série B d'action qui met une bonne demi-heure à rentrer dans le vif du sujet, desservie par une musique parfois totalement à côté de la plaque. La seconde partie de l’œuvre relève un peu le niveau. Le rythme y est plus soutenu - ce qui n'est pas un exploit non plus - l'action un chouia plus cohérente, mais l'interprétation tout aussi grimaçante et la réalisation pas davantage capable d'instaurer une vraie tension. Quant à Ray Milland, on sent qu'il fait tout ce qu'il peut pour ne pas trop mouiller la chemise en sens propre. Une prestation qui transpire l'implication minimum (comme régulièrement dans sa carrière, à partir des années 70, j'ai l'impression).
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Watkinssien
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Watkinssien »

Il faudra que je plonge dans les films réalisés par Ray Milland (5 films de cinéma, plus précisément).

Concernant l'acteur, j'ai toujours apprécié sa présence entre élégance et violence carnassière. Bien sûr, je retiendrais avant tout ses impeccables interprétations dans Le poison de Billy Wilder et Le crime était presque parfait de Hitchcock ou encore Espions sur la Tamise de Lang, mais sa filmographie est encore à exploiter.
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manuma
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par manuma »

Un acteur qui je connais finalement mal, car essentiellement à travers sa fin de carrière, période 70 - début 80, via des prestations souvent alimentaires, mais dans des films parfois fort plaisants, comme le Frogs de George McGowan, le Compagny of killers de Jerry Thorpe, l'exotique Embassy de Gordon Hessler ou encore l'assez tordu hitchcockien Un par de zapatos del '32 dans lequel, chose plutôt rare à l'époque, il tenait le rôle principal. Concernant ses jeunes années, vu seulement chez Tourneur, Hitchcock et Fleischer. Sinon, je n'y avais jamais prêté attention auparavant, mais je constate une pause de 5 ans dans sa carrière, entre 64 et 69. Peut-être s'en explique-t-il dans ses mémoires...
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Supfiction
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Supfiction »

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Sa grande décennie sont les années 40 alors qu'il a la quarantaine triomphante, beau et charmeur. Une décennie fantastique commence pour lui en 1939, lorsqu'il acquiert une notoriété définitive en partageant la vedette de Beau Geste, réalisé par William Wellman, avec Gary Cooper. Durant la seconde guerre mondiale, alors qu'il travaille comme instructeur dans l'armée de l'air, il continue pourtant de faire des films. Il tourna excusez du peu pour Cecil B. DeMille (Les naufrageurs des mers du sud, 1942), Frank Borzage (dans le splendide Till We Meet Again) en 1944, Mitchell Leisen trois fois (Arise, My Love en 1940 sur un scénario de Billy Wilder déjà, Les nuits ensorcelées en 1944 et Les anneaux d'or en 1947), Fritz Lang (Espions sur la Tamise, 1944), John Farrow trois fois (Californie terre promise en 1947, l'excellent noir La grande horloge en 1948 et un western raté en 1950, Terre Damnée).
Et surtout pour l'immense Billy Wilder également à deux reprises (le génial Uniformes et jupon court en 1942 puis bien sûr The Lost Weekend en 1945, drame sur l'alcoolisme qui lui vaut un Oscar et un prix d'interprétation à Cannes)!
Mitchell Leisen et John Farrow trois fois, Billy Wilder deux fois en à peine quelques années. On peut dire qu'il était apprécié par ceux pour qui il travaillait!
Alors qu'il avait débuté plutôt dans des rôles romantiques et des comédies légères, comme Le docteur se marie (de Alexander Hall, en 1940, dont vous trouverez la chronique ici), il incarna progressivement des rôles de plus en plus sombres dans lesquels il excellait, avec comme point d'orgue bien entendu le mari assassin dans Le crime était presque parfait d'Alfred Hitchcock. Par ses expressions du visage subtilement inquiétantes et son grand talent, son physique se prêtait aux personnages ambigus.

Une décennie qui se termine notamment avec Alias Nick Beal dans lequel il compose avec grand talent un personnage maléfique dont la seule présence, parfois en retrait en arrière plan suffit (pour mieux manipuler ses victimes avec qui il joue comme aux marionnettes). Son Nick Beal apparaît et disparaît sur un caprice. Sans besoin de beaucoup de mots, Milland lui donne le pouvoir à travers ses yeux et ses expressions : un demi-sourire narquois ou un regard qui tue.
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Beule
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Beule »

Supfiction a écrit : 30 août 22, 14:38 Et surtout pour l'immense Billy Wilder également à deux reprises (le génial Uniformes et jupon court en 1942 puis bien sûr The Lost Weekend en 1945, drame sur l'alcoolisme qui lui vaut un Oscar et un prix d'interprétation à Cannes)!
Mitchell Leisen et John Farrow trois fois, Billy Wilder deux fois en à peine quelques années. On peut dire qu'il était apprécié par ceux pour qui il travaillait!
C'est peut-être, c'est probablement même vrai. Mais en l'état le simple énoncé des films qu'il a pu tourner sous contrat Paramount avec des réalisateurs "maison" (plus que trois avec Leisen d'ailleurs: j'en identifie spontanément au moins 5 sans compter son caméo dans Hold Back the Dawn - :oops: non je confonds avec Sullivan's travels) ne permet pas complètement d'en attester. Il faudrait le retour de ceux ou celles qui comme Ann Harding on pu lire son autobiographie pour en avoir le cœur net. Parce que compte tenu des contingences du système de production des majors, ce que l'on perçoit comme famille cinématographique relève parfois du trompe-l'œil. Et je ne sais pas jusqu'à quel point un réalisateur tel que Farrow avait la mainmise sur le choix de sa distribution.
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Ann Harding
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Re: Ray Milland (1907-1986)

Message par Ann Harding »

Dans son autobio, Milland raconte sa très lente montée des échelons du star system. Il débute en GB comme figurant en 1929, puis décroche un contrat à la MGM en 1930 qui se révèle un calvaire (il se fait humilier par Feyder sur le plateau de SON OF INDIA). Le studio se débarrasse de lui : il ne fait pas l'affaire. Il retourne en GB où il rame au théâtre en tournée. Puis, retour à Hollywood en 1933, où il va décrocher un rôle à la Paramount, en remplaçant un autre acteur, dans WE'RE NOT DRESSING avec Carole Lombard où il a un second rôle. Il reste 2nd rôle jusqu'en 1937 où il passe enfin au rôle principal toujours à la Paramount. Il a fallu qu'il se batte pour avoir le rôle de THE LOST WEEKEND; il n'était pas le 1er choix de Wilder d'autant plus qu'il ne supportait pas l'alcool. Il était malade après 2 verres... Enfin, rien n'a été facile. En tant qu'acteur sous contrat, il devait faire ce qu'on lui commandait de faire! Et les bons rôles étaient convoités par plein d'autres acteurs.
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