Les Ensorcelés (Vincente Minnelli - 1952)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruno37
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Message par bruno37 »

Banane a écrit :Enfin, que dire du superbe film de Minelli [+ sucreries]

Un film essentiel sur "Hollywood l'envers du décor", à ranger sur la même étagère que "Sunset blvd" ou "La comtesse aux pieds nuds".

Banane
Je n'arrive pas à m'intéresser à ces films. Des films SUR le cinéma... je baille dès les premières minutes, les situations sont fausses, artificielles, exagérées. Les tourments psychologiques de ces vedettes millionnaires, leurs gloires passées... :roll: :roll:

Petite remarque sur le film de Mankiewicz : c'est à mon avis un film sur l'impuissance, pas sur Hollywood ; mais il est ennuyeux quand même :?
Nick Ferrante
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Message par Nick Ferrante »

Bon c’est un film nostalgique qui parle d’Hollywood mais ce n’est pas le meilleur Minnelli manque surtout ici la couleur, lui qui est avant tout un peintre qui fait avec les histoires des autres souvent de manière splendide, qui se les approprie esthétiquement, est un peu moins à l’aise dans le N&B, qui est trop naturaliste pour lui, manque le simulacre, le factice, la pâte esthétique qui transcende le plus faux en une vérité plus que palpable, la vérité de l’artiste la seul envisageable peut être. pour lui.
Le scénario est un peu trop littéraire compliqué et mode dans ses structures, on sent l’influence de Citizen Kane et du roman contemporain, trois flash-back qui scindent l’histoire en trois temps, alors que l’intrigue aurait mérité plus de fluidité moins de mécanique scénaristique un peu théorique qui bloque l’émotion, les trois temps du film se terminant par contre par trois climax extraordinaires ou tout l’art de Minnelli se fait sentir, troué poétique dans le corps du film c’est la marque de sa sensibilité débordante.
Un film nostalgique qui parle d’Hollywood, une star, un réalisateur et un scénariste ce sont les trois fameux temps, eux les ensorcelés.
Voilà donc, le système hollywoodien, le star system, la déchéance, l’alcool, la prépondérance des producteurs, évocations à peine déguisée de Val Lewton et Irvin Thalberg…, superbe clin d’œil à Jacques Tourneur et à sa poésie du hors champs et quelques amusantes piques un peu théoriques sur la rivalité producer, réalisateur avec cette question en suspend, qui est le vrai auteur ? , tout cela est évidement pertinent et Minnelli ce fait entomologiste distant, le film mélange un peu le drame à une ironie qui passe assez mal, le scénario est passionnant, mais comme dit plus haut il n ‘est pas assez fluide et trop conceptuel.
Un film nostalgique qui parle d’Hollywood, oui mais surtout un film nostalgique qui parle de Minnelli, longtemps considéré comme un formaliste qui n’avait rien à dire, c’est pourtant un cinéaste de l’intime, qui ne parle que de lui, de la création, alors qu’il fait figure d’illustrateur doué une sorte d’artisan sage, ses personnages ne sont quasiment que des artistes, Peintres, Danseurs, Cinéastes, Ecrivains, Fous..., voilà son sujet, des être ultrasensibles qui se heurtent à la vie qui cherchent à se fondrent dans le décor, par la danse, par l’abandon, par la légèreté ou la pesanteur, ce sont ces fameuses brèches poétiques, sorte de trous noirs magnifiques, ou le sujet et le film ne font plus q’un, ici dans les Ensorcelés, c’est la scène admirable quasiment sublime ou Lana Turner, délaissée, au plus profond de « son » désespoir perd le contrôle d’elle-même, s’oublie dans son chagrin et se laisse guidée par sa voiture vers la mort,croit-elle ? , là l’intime prend le pouvoir sur l’ordinaire du scénario, c’est la revanche d’artiste de Minnelli sur les studios, c’est son empreinte sa marque tout ce qui fait le prix singulier de son cinéma, ce basculement du personnel vers l’universel qui fait de lui un peintre de l’âme magnifique et un homme libre.


origine du post > http://www.jamrek.com/forum/viewtopic.p ... 3&start=15 :wink:
The Eye Of Doom
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Message par The Eye Of Doom »

Sans vouloir dénoter dans ce concert de louanges, j'ai vu les Ensorcelés l'année dernière et franchement j'ai trouvé la réputation de ce film surfaite.
A part la scène grandiose de la fuite en voiture de Lana Turner, je ne retiens pas grand chose. Peut etre est ce la structure " a sketches " du film qui lui donne un coté trop systématique donc sans surprises. A la sortie j’avais plutot envie de revoir Quinze jours ailleurs dont je gardais un excellent souvenir mais vu il y a bien longtemps.
J'ai de beaucoup préféré Brigadoon, ou Comme un torrent.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

bruno37 a écrit :
Je n'arrive pas à m'intéresser à ces films. Des films SUR le cinéma... je baille dès les premières minutes, les situations sont fausses, artificielles, exagérées.
comme le cinéma hollywoodien ou le cinéma de Minnelli :idea:

C'est comme si tu reprochais à Charlie Chaplin d'être drôle ou à Bergman d'être austère, à Mankiewicz d'être intelligent...

Ne pas adhérer à tous les styles cinématographiques, à tous les genres ou à tous les réalisateurs, c'est tout à fait normal et ce n'est pas moi qui viendrais te blamer là dessus. Mais venir leur reprocher ce qui fait l'essence même de leur style, je n'en vois pas trop l'intérêt. Ca revient à rejeter de ta part 80% de la production hollywoodienne
Les tourments psychologiques de ces vedettes millionnaires, leurs gloires passées...
et pourquoi pas ?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Nick Ferrante a écrit :Bon c’est un film nostalgique qui parle d’Hollywood mais ce n’est pas le meilleur Minnelli manque surtout ici la couleur, lui qui est avant tout un peintre qui fait avec les histoires des autres souvent de manière splendide, qui se les approprie esthétiquement, est un peu moins à l’aise dans le N&B, qui est trop naturaliste pour lui,
Pourtant ce noir est blanc est antinaturaliste au possible.
Banane
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Message par Banane »

bruno37 a écrit :Je n'arrive pas à m'intéresser à ces films. Des films SUR le cinéma... je baille dès les premières minutes, les situations sont fausses, artificielles, exagérées. Les tourments psychologiques de ces vedettes millionnaires, leurs gloires passées... :roll: :roll:
Ce sont des sujets comme des autres, Mike Leigh ou Einseinstein n'ont pas les mêmes sujets. Minelli est un enfant d'Hollywood, et il est normal qu'il soit contaminé par ce sujet et ait décidé de le traiter, de manière directe dans "Les ensorcelés" ou "15 jours ailleurs", de manière indirecte dans d'autres. Pour moi, il n'y a rien de faux ni d'artificiel quand on se renseigne sur certaines personalités bigger than life d'Hollywood (de Howard Hugues à Orson Welles, en passant par Selznick). "Les ensorcelés" et "Sunset Blvd" montrent le crépuscule des dieux d'un certain Hollywood, celui des studios, qui sera "officiel" en 1962 avec la mort de Monroe. Wilder l'avait pressenti, et d'autres cinéastes également. C'est ce qui rend, à mon sens, ces oeuvres fascinantes, elles mettent en scène des dieux agonisants.
Petite remarque sur le film de Mankiewicz : c'est à mon avis un film sur l'impuissance, pas sur Hollywood ; mais il est ennuyeux quand même :?
Oui on connait les reproches éternels à JLM, c'ets un brillant scénariste, un dialoguiste de génie, mais un metteur en scène fadasse, blablabla (mêmes reproches à Billy Wilder ou Woody Allen). JLM pensait lui-même que le "film le + brillamment mis en scène est celui où le spectateur ne perçoit aucun mouvement de caméra, aucun effet de technique cinématographique. Si un spectateur se met à admirer un travelling, le réalisateur a perdu la partie", et il assumait à fonds. Pourtant il a une écriture complètement cinématographique à mon sens.

Mes goûts à moi me font apprécier les films très écrits, c'ets vrai. Mais la technique doit être au service de la vision qu'un cinéaste a du monde, et non tourner à vide.

Un de mes écrivains préférés est Stendhal, et j'ai aimé la Comtesse, car c'est une héroïne assez stendhalienne. Il n'y a pas que l'impuissance (du comte) qui soit traitée (en plus ce personnage devait à la base être homosexuel), mais de manière générale, celle d'une héroïne, son inadaptation aux divers "royaumes de poseurs" qu'elle fréquente et qui sont : Hollywood et l'Aristocratie Italienne.

Banane
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Banane a écrit :
Petite remarque sur le film de Mankiewicz : c'est à mon avis un film sur l'impuissance, pas sur Hollywood ; mais il est ennuyeux quand même :?
Oui on connait les reproches éternels à JLM, c'ets un brillant scénariste, un dialoguiste de génie, mais un metteur en scène fadasse, blablabla (mêmes reproches à Billy Wilder ou Woody Allen).
De toute manière, qui a jamais écrit que Wilder ou Mankiewicz étaient des réalisateurs fadasses ? S'ils existent, qu'ils chaussent de nouvelles lunettes.
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Message par Banane »

Ben si, à l'époque ça a été écrit, et on disait que la critique française les surestimait complètement !

Personnellement, je trouve qu'il suffit juste de comparer "Pandora and the flying Dutchman" de Lewin et "The Barefoot Comtessa" de JLM, pour se rendre compte de la différence.

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Message par Alex Blackwell »

Mankiewicz est un réalisateur élégant et il n'a certes jamais montré l'ambition visuelle démesurée de Lewin dans Pandora.
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Message par kim »

Alex Blackwell a écrit :Mankiewicz est un réalisateur élégant et il n'a certes jamais montré l'ambition visuelle démesurée de Lewin dans Pandora.
Difficile de comparer les deux réalisateurs;
Lewin est baroque, il aime apparement avant tout l'image, les couleurs, le mélange des syles...quoique dans LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY, son film est mis au service du dialogue, avec une élègante mise en scène.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Alex Blackwell a écrit :Mankiewicz est un réalisateur élégant et il n'a certes jamais montré l'ambition visuelle démesurée de Lewin dans Pandora.
Quel rapport avec la fadeur, Mankiewicz étant au contraire d'une rare élégance dans sa mise en scène ?
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Message par Alex Blackwell »

Jeremy Fox a écrit :
Alex Blackwell a écrit :Mankiewicz est un réalisateur élégant et il n'a certes jamais montré l'ambition visuelle démesurée de Lewin dans Pandora.
Quel rapport avec la fadeur, Mankiewicz étant au contraire d'une rare élégance dans sa mise en scène ?
Oui, c'est ce que j'ai écrit en effet, élégant. Je ne suis pas non plus d'accord avec le terme de fadeur.
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Message par Abronsius »

Ce que j'aime dans ce film : la passion du cinéma avant tout, comme une drogue, pour preuve la scène finale.

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Message par Philip Marlowe »

J'ai loué le dvd aventi...et si l'image avait l'air potable, yavait que la vf :x
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Message par Abronsius »

Philip Marlowe a écrit :J'ai loué le dvd aventi...et si l'image avait l'air potable, yavait que la vf :x
Soon le donne, pratiquement...
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