Bon c’est un film nostalgique qui parle d’Hollywood mais ce n’est pas le meilleur Minnelli manque surtout ici la couleur, lui qui est avant tout un peintre qui fait avec les histoires des autres souvent de manière splendide, qui se les approprie esthétiquement, est un peu moins à l’aise dans le N&B, qui est trop naturaliste pour lui, manque le simulacre, le factice, la pâte esthétique qui transcende le plus faux en une vérité plus que palpable, la vérité de l’artiste la seul envisageable peut être. pour lui.
Le scénario est un peu trop littéraire compliqué et mode dans ses structures, on sent l’influence de Citizen Kane et du roman contemporain, trois flash-back qui scindent l’histoire en trois temps, alors que l’intrigue aurait mérité plus de fluidité moins de mécanique scénaristique un peu théorique qui bloque l’émotion, les trois temps du film se terminant par contre par trois climax extraordinaires ou tout l’art de Minnelli se fait sentir, troué poétique dans le corps du film c’est la marque de sa sensibilité débordante.
Un film nostalgique qui parle d’Hollywood, une star, un réalisateur et un scénariste ce sont les trois fameux temps, eux les ensorcelés.
Voilà donc, le système hollywoodien, le star system, la déchéance, l’alcool, la prépondérance des producteurs, évocations à peine déguisée de Val Lewton et Irvin Thalberg…, superbe clin d’œil à Jacques Tourneur et à sa poésie du hors champs et quelques amusantes piques un peu théoriques sur la rivalité producer, réalisateur avec cette question en suspend, qui est le vrai auteur ? , tout cela est évidement pertinent et Minnelli ce fait entomologiste distant, le film mélange un peu le drame à une ironie qui passe assez mal, le scénario est passionnant, mais comme dit plus haut il n ‘est pas assez fluide et trop conceptuel.
Un film nostalgique qui parle d’Hollywood, oui mais surtout un film nostalgique qui parle de Minnelli, longtemps considéré comme un formaliste qui n’avait rien à dire, c’est pourtant un cinéaste de l’intime, qui ne parle que de lui, de la création, alors qu’il fait figure d’illustrateur doué une sorte d’artisan sage, ses personnages ne sont quasiment que des artistes, Peintres, Danseurs, Cinéastes, Ecrivains, Fous..., voilà son sujet, des être ultrasensibles qui se heurtent à la vie qui cherchent à se fondrent dans le décor, par la danse, par l’abandon, par la légèreté ou la pesanteur, ce sont ces fameuses brèches poétiques, sorte de trous noirs magnifiques, ou le sujet et le film ne font plus q’un, ici dans les Ensorcelés, c’est la scène admirable quasiment sublime ou Lana Turner, délaissée, au plus profond de « son » désespoir perd le contrôle d’elle-même, s’oublie dans son chagrin et se laisse guidée par sa voiture vers la mort,croit-elle ? , là l’intime prend le pouvoir sur l’ordinaire du scénario, c’est la revanche d’artiste de Minnelli sur les studios, c’est son empreinte sa marque tout ce qui fait le prix singulier de son cinéma, ce basculement du personnel vers l’universel qui fait de lui un peintre de l’âme magnifique et un homme libre.
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