John Ford (1894-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Supfiction
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Supfiction »

The Eye Of Doom a écrit : 16 janv. 22, 09:18 Les hasards des emprunts a la bibliotheque ont amené à découvrir hier « La derniere fanfare ».
Bon, je suis nettement moins enthousiaste que toi concernant ce film. Si effectivement la mise en scène épurée et le noir et blanc sont superbes, j’ai trouvé le propos souvent caricatural et simpliste, voire lourd (le fils, l’adversaire politique avec son chien, la scène des obsèques, la fin avec les gens apportant des fleurs..) et peu passionnant. Néanmoins un rôle sur mesure pour un Spencer Tracy en vieux sage roublard qui est la principale attraction du film aux côtés d’un bon Jeffrey Hunter attachant.
Dans le genre politique avec Spencer Tracy, je préfère très nettement L’enjeu de Capra.
The Eye Of Doom
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Sur la piste des Mohawks
Un jeune couple citadin part s’installer à la frontière. La nature est magnifique, la vie est rude et la guerre menace : les anglais se sont alliés avec de mechants indiens.

On est dans du 100% Ford.
C’est son 1er film en couleur et chaque plan est superbe.
Il s’agit d’évoquer (voire d’exalter) la construction de la nation via ces familles de colons qui constitue un collectif face à la difficulté à conquérir la terre (on defriche la foret pour faire des champs) ou face à la guerre.
Tout cela vu d’aujourd’hui a quelques fois des cotés caricaturaux (le bon indien, la veuve, le mechant au bandeau, …)
C’est la dernière partie du film que j’ai trouvé de trop ou mal menee. Elle fait redite par rapport à la 1ere attaque, autrement plus interessante. Certes la scene de la poursuite finale est de toute beauté mais il manque un vrai suspense (croit’on un instant que Fonda sera rattrapé par les indiens?) et la beauté de l’affaire (plans incroyable sur le coucher de soleil rougeoyant) donne un coté irréaliste à l’affaire.
Un autre passage m’a fait sortir du film :
Spoiler (cliquez pour afficher)
quand la veuve ridiculise deux indiens venus mettre la feu a sa maison.
Alors, pourquoi voir ce film aujourd’hui ?
D’abord pour l’incroyable sequence du retour et du recit de la bataille.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce qui me happe dans cette scene c’est l’incroyable détermination de Lana à soigner son epoux, indiffèrente au recit dramatique que fait Gil traumatisé, épuisé, … fait de ce qu’il a vecu au combat. Elle est entièrement sur un seul sentiment : il est vivant et une seule action : le soigner et lui laver ses blessures.
Tavernier dans son commentaire explique les conditions dans lesquelles cette scene est née et on mesure ici le genie du cineaste.
C’est pour moi un des sommets de l’oeuvre de Ford (enfin ce que j’en connait) qui justifie à lui seul de découvrir ce film.

Qui a bien aussi d’autre qualités.
Henri Fonda est excellent mais bon, ca surprendra personne.
Mais je trouve Claudette Colbert aussi tres bien. Elle porte « naturellement » ce personnage de jeune femme citadine et bourgeoise qui se retrouve projetée dans la dureté et l’hostilité. Certaines scènes ne fonctionnent pas, mais le plus souvent c’est elle qui porte la sensibilité et l’émotion du film. Voir aussi la scene du depart à la guerre.
Le film lui doit beaucoup je trouve.

En fait, malgré quelques moments remarquables
Spoiler (cliquez pour afficher)
( notamment Fonda cherchant son epouse au millieu des cadavres et des blesses)
c’est ls seconde partie que j’ai moins aimée car comme indiqué deroulant une bataille un peu convenue.

Comme souvent Tavernier a une analyse tres juste du film, et sans en masquer les faiblesses qui l’empeche de rentrer au pantheon, exalte en quoi ce film est un moment majeur chez Ford.

A decouvrir sans hésiter.
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Stromboli
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Stromboli »

Critique nuancée et sans doute juste, ça fait assez longtemps que je n'ai pas revu le film.
Mais je me souviens que plastiquement il est souvent exceptionnel et que ça mérite évidemment visionnage d'autant que Fonda et Colbert sont jeunes, beaux et excellents.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Rashomon »

Déplacé dans la section "Quand les cinéastes s'insultent".
Dernière modification par Rashomon le 2 sept. 22, 20:28, modifié 1 fois.
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Stromboli
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Stromboli »

Rashomon a écrit : 2 sept. 22, 18:57 Spike Lee dégueule sur John Ford:

https://faroutmagazine.co.uk/spike-lee- ... john-ford/
Franchement à poster à la limite dans les grands cinéastes s'insultent mais ici ça a peu d'intérêt : le propos cité mélange Wayne et Ford, n'entre pas dans les détails du cinéma de Ford et est plus une dénonciation du cinéma classique hollywoodien dans ses stéréotypes, connu et démontré depuis longtemps qu'une nouvelle approche détaillée contre John Ford en particulier.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Rashomon »

Il y a un truc qui m'a toujours impressionné et interloqué chez Ford, c'est qu'il ait pu avoir une carrière aussi longue et aussi prestigieuse sans jamais ou presque faire de concessions aux codes et conventions hollywoodiens de l'époque. Il a travaillé pour tous les studios mais il n'a jamais été un réalisateur de studio: tous ses films, même les plus mineurs, portent sa marque à tel point qu'on se demande pourquoi il a fallu si longtemps à la critique française pour voir en lui un auteur. Etait-il la "caution artistique" des studios, bénéficiant à ce titre d'une liberté de création refusée à ses collègues moins chanceux?
The Eye Of Doom
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Rashomon a écrit : 2 sept. 22, 20:36 Il y a un truc qui m'a toujours impressionné et interloqué chez Ford, c'est qu'il ait pu avoir une carrière aussi longue et aussi prestigieuse sans jamais ou presque faire de concessions aux codes et conventions hollywoodiens de l'époque. Il a travaillé pour tous les studios mais il n'a jamais été un réalisateur de studio: tous ses films, même les plus mineurs, portent sa marque à tel point qu'on se demande pourquoi il a fallu si longtemps à la critique française pour voir en lui un auteur. Etait-il la "caution artistique" des studios, bénéficiant à ce titre d'une liberté de création refusée à ses collègues moins chanceux?
Peut etre qu’il etait plus dans les codes et conventions que tu le dit… rétrospectivement c’est pas facile à trancher.
D’un autre côté, Quand tu regarde la version « de travail » de My darling Clementine » et la version finale revue et « améliorée » par le studio, on voit le pollisage effectué: racoursissement de scenes, musique ajoutee (inutile bien sur), fin modifiée…
Peut etre que l’habilite de Ford etait de fournir du matériel facilement adaptable aux codes en vigueur.
Et surtout de faire des films qui rapportent (comme Eastwood….)
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Stromboli »

Alors il y a eu bien des périodes chez Ford mais une des raisons de sa relative tranquillité dans le système c'est que la plupart de ses films fonctionnaient assez bien auprès du public, étaient rarement des productions extrêmement chères et aussi que c'était un sacré politique, parfaitement à l'aise aussi bien avec les grands patrons qu'avec les politiques.

C'était même une sorte de héros après la 2e guerre mondiale, difficile à attaquer.
En plus tu parles de conventions ou de codes qu'il aurait su ne pas respecter mais il se fondait assez bien avec beaucoup des contraintes du système : travail avec des stars masculines, respect du code de censure, vision d'une americana un peu légendaire et conservatrice conforme aux souhaits de la société de l'époque.

Certes son talent lui a permis de transcender ça et de multiplier les chefs d'œuvres mais il est parfaitement à l'aise dans le système.
Et une partie de sa liberté vient d'avoir commencé à avoir du succès dès le muet et d'avoir reçu des Oscars très tôt.
Capra (même s'il a choisi de rester à la Columbia), Wyler, Wellman et Hawks ont connu le même genre de liberté malgré des parcours différents.
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Roilo Pintu
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Roilo Pintu »

Le Convoi des braves – John Ford (1950)

Très belle découverte avec Le Convoi des braves de John Ford, un western « à petite échelle » mais suffisamment merveilleux car il permet à ses personnages de faire le spectacle plutôt que l’action de dicter le tempo ou des grandes stars d'en faire son attrait. Un récit simple et contenu sur la solidarité, la tolérance, sans surprise John Ford brille dans ses compositions, les vastes étendues sont capturées d’une manière qui donne envie de participer à l’aventure, juste contempler le paysage, il laisse le temps passer et l’histoire se dérouler naturellement à partir des interactions des personnages. On pourrait croire que le rythme va s’accélérer avec l’arrivée des Clegg, mais non, le jeu du chat et de la souris continue à son rythme pour créer de la tension qui déborde dans les derniers instants.
Très bon moment, à renouveler en DVD Z2 ou juste le blu ray Warner Archive Z1 si j'ai bien cherché.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Roilo Pintu a écrit : 30 nov. 22, 20:52 Le Convoi des braves – John Ford (1950)

Très belle découverte avec Le Convoi des braves de John Ford, un western « à petite échelle » mais suffisamment merveilleux car il permet à ses personnages de faire le spectacle plutôt que l’action de dicter le tempo ou des grandes stars d'en faire son attrait. Un récit simple et contenu sur la solidarité, la tolérance, sans surprise John Ford brille dans ses compositions, les vastes étendues sont capturées d’une manière qui donne envie de participer à l’aventure, juste contempler le paysage, il laisse le temps passer et l’histoire se dérouler naturellement à partir des interactions des personnages. On pourrait croire que le rythme va s’accélérer avec l’arrivée des Clegg, mais non, le jeu du chat et de la souris continue à son rythme pour créer de la tension qui déborde dans les derniers instants.
Très bon moment, à renouveler en DVD Z2 ou juste le blu ray Warner Archive Z1 si j'ai bien cherché.
C’est clairement pour les raisons que tu évoques un des grands Ford.
Il y a aussi un excellent passage avec les indiens. On est dans un humanisme simple, sans discours, chaleureux, respecteux.
M..e, me vla parti pour acheter le bluray…
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Roilo Pintu
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Roilo Pintu »

Oui j'aime beaucoup le passage des indiens, qui sera suivie d'une scène assez rude, et dure.
Je pense que je vais craquer - avec plaisir - aussi pour l'achat.
Au passage une fois de plus très bonne chronique du film sur le site :D
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Roilo Pintu a écrit : 30 nov. 22, 21:27
Au passage une fois de plus très bonne chronique du film sur le site :D
Merci :wink:

Vous m'avez donné envie de le revoir.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Lohmann »

Roilo Pintu a écrit : 30 nov. 22, 20:52 Très bon moment, à renouveler en DVD Z2 ou juste le blu ray Warner Archive Z1 si j'ai bien cherché.
Le BR est All zone il me semble (https://www.blu-ray.com/movies/Wagon-Ma ... ay/248070/)
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Joshua Baskin »

A l'assaut du boulevard
Rancho Diavolo
Du sang dans la prairie


Sortis récemment chez Rimini, je ne rentrerai pas vraiment dans le détail de chacun des films, tous sortis entre 1917 et 1918 qui m'ont paru au mieux anecdotiques malgré mon amour pour John Ford. Je trouve que les films muets qu'il a réalisés à partir de 1920 et visibles dans le coffret Ford at Fox sont bien plus aboutis et esquissent ce qui sera le John Ford que l'on connait. Ici, malgré quelques scènes d'action sympas, on est vraiment dans un cinéma muet qui ne me parle pas. Personnages caricaturaux, acteurs surmaquillés, mise en scène relativement statique, il y a bien quelques plans qui attirent l'oeil comme celui de ces vieux jumeaux qui fument dans Du sang dans la prairie mais malgér des durées d'une heure max, j'ai très vite trouvé le temps long.

Et j'en suis arrivé à la conclusion que pas ou peu de films pré-1920 trouvent grâce à mes yeux. C'est vraiment à partir de cette année qu'on sent une bascule vers quelque chose de moins statique, plus ambitieux. En prenant un peu de recul, c'est fou de se dire que le cinéma est passé de quelque chose de désuet au cinéma parlant et à la transgression pré-code.
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