Ernst Lubitsch (1892-1947)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Eye Of Doom
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par The Eye Of Doom »

Sybille a écrit :Désormais je trouve Charles Boyer bon acteur mais ça ne m'était pas apparu comme une évidence au début.

En ce qui concerne "Cluny Brown", je trouve que c'est un très bon choix, je ne vois pas trop qui aurait pu le remplacer.

Tout à fait d'accord, le rôle lui vas tres bien : charmeur, naturel, ambigu,drole,... et son pseudo accent "frenchy" est un atout dans le contexte.
J'adore son regard quand il écoute Cluny : charmé, respectueux, amoureux et aussi malheureux.
Je viens de verifier : il avec 47ans au moment du tournage et Jennifer Jones 27. Ce qui, selon les canons de l’époque, est encore acceptable. Mais le personnage de Cluny est clairement plus jeune : 17-18 ans je dirais.
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moonfleet
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par moonfleet »

Sybille a écrit :Désormais je trouve Charles Boyer bon acteur mais ça ne m'était pas apparu comme une évidence au début.

En ce qui concerne "Cluny Brown", je trouve que c'est un très bon choix, je ne vois pas trop qui aurait pu le remplacer.
Melvyn Douglas évidemment, j'aurais bien vu aussi Herbert Marshall ou à contre-emploi James Mason ou George Sanders, grands acteurs à forte puissance de séduction dont on a jamais exploité le potentiel comédie, mais qui ne nageaient pas dans le vivier Lubitsch....
Bon après c'était le choix du maître et je le respecte :mrgreen:, cela n'est pas au point de me gâcher le film.
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Supfiction
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Supfiction »

La francitude un peu coquine de Charles Boyer est parfaitement adaptée et exploitée pour cette comédie. Un acteur américain n’aurait pas donné le même résultat.
George Sanders ? J’ose même pas imaginer .. cela aurait donné un ton vraiment different, peut-être totalement pervers! :mrgreen:
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par The Eye Of Doom »

je viens de relire la "critique" de Serge Daney, recueillie dans le livre publié sur Lubitsch par les cahiers dans la collec Petite bibliotheque des Cahiers (je crois que c'est la reedition du n° special qu'ils avaient sorti qcq années auparavant).
J'ai du mal a suivre sa pensée mais voici deux citations (en debut et en fin du papier) qui illustre la position unique du film (selon Daney) dans une oeuvre où le cinéaste hédoniste ne peut qu’être condamné à refaire le meme film (comme Guitry) ; dont "les films s’oublient à peine vus, (on sait seulement qu'on les a aimé), de meme qu'un repas aussi remarquable soit'il ne peut rassasier une fois pour toute".

"Contrairement aux autres films de Lubitsch dont il est comme la face cachée, Cluny Brown est un film creux (profond) et vide (admirable), le seul qui est fait un spectacle de ce que les autres éludaient."

"Cluny Brown parle bien du plaisir mais d'un plaisir enfui ou encore à venir, il y est bien question de disponibilité mais devenu errance et recoupements vagues. Ce que l'on voit, c'est semble t'il, c'est ce qu'il y avait entre les plans des autres films : la vie qui avance au hazard et le temps perdu sans joie".

Sacré Daney!
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par moonfleet »

Supfiction a écrit : George Sanders ? J’ose même pas imaginer .. cela aurait donné un ton vraiment différent, peut-être totalement pervers! :mrgreen:
Entre autres George a interprété un personnage presque lunaire, doux et amoureux dans le film de R.Siodmak The Strange Affair of Uncle Harry, il interpréta aussi brillamment un médecin et un inspecteur plutôt positifs dans Hangover Square et The Lodger,Yvanhoé, The Strange Woman... il n'a pas fait que des rôles de cad (titre de ses mémoires).
De plus je pense que les grands acteurs peuvent tout jouer, malheureusement les propositions qu'ont leur a faites sont souvent tributaires d'une image plus ou moins formatée par les studios hollywoodiens, qui aimaient bien caser un acteur comme "gentil" ou "méchant".

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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Sybille »

Merci pour l'extrait de Daney, bon je n'ai pas bien compris non plus mais ça a l'air intéressant :mrgreen:

Charles Boyer, en plus des qualités positives énoncées par The eye of doom et Supfiction, possède également ce côté un peu veule qui sied bien au personnage et que je ne ressens pas chez Herbert Marshall. Peut-être davantage chez Melvyn Douglas, mais c'est lui, la couardise serait de tonalité plus comique.

Le fait que Boyer soit lui-même d'origine étrangère est effectivement un atout dans ce film, ça ne fonctionnerait pas aussi bien avec un acteur anglais, même très doué.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par moonfleet »

Ce n'est pas mon ressentiment, mais comme je l'ai dit plus haut : respect du choix d'Ernst :wink:
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Supfiction »

moonfleet a écrit :
Supfiction a écrit : George Sanders ? J’ose même pas imaginer .. cela aurait donné un ton vraiment différent, peut-être totalement pervers! :mrgreen:
Entre autres George a interprété un personnage presque lunaire, doux et amoureux dans le film de R.Siodmak The Strange Affair of Uncle Harry
Effectivement, mais si je me fie à ce que j’avais écrit ici, je n’avais pas été du tout convaincu par son interprétation dans ce film :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 2#p2437112
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par The Eye Of Doom »

Revu hier The shop around the corner.
Que du bonheur!
Petite chronique familiale : mon fils évoquais de temps en temps ce film avec le gars qui fuit les allemands et une jeune femme qui doit se marrier et qui se fait jeter par la mere lors d’un diner parce qu’elle se conduit pas bien.
Sans se rappeler ni du titre ni bien sur du realisateur...
Il a bien voulu regarder The Shop hier car on lui a précisé que c’était le meme auteur. Il a du admettre que le film lui plaisait bien et c’était un film qui rendais heureux.
Fin de la chronique.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par The Eye Of Doom »

Plus d’un an apres avoir decouvert les Lubitsch Musical du coffret Criterion, je me suis décidé à commander le dvd « The merry widow ».

Dans le principe, on prends les memes et on recommence, le film est dans la lignee directe des oeuvres precedentes. On est en terrain (tres) connu. Comme je ne connaisais rien de l’operette d’origine, j’ai decouvert pour l’occasion que certains airs etaieng giga connus.

J’ai beaucoup aimé. Jeanette MacDonald a beaucoup de charme et un jeu fin face au cabotinage de Chevalier. Elle est l’atout majeur du film, comme des precedents.
Le film est souvent brillant, dans son registre bien sur. La scene a priori kitchissime où la veuve chante au balcon dans la nuit est tres reussie. Lubitsch ne se moque pas du monde. Les scenes au palais sont plus de comédie, avec des decors de laque blanc tout a fait ridicules. Je dois avouer que a cause de la vo sans stt meme anglais, j’ai pas tout saisi des dialogues. Le morceau de bravoure est la partie chez Maxim’s où l’art de Lubitsch est au sommet. On est emporté par son art à rendre le marivaudage (le terme drague serait peut etre plus adapté pour le personnage de Chevalier) et le tragi-comique de la situation. L’accessoire principal de la mise en scene de Lubitsch est present en masse: on ne compte plus les plans sur les portes.
Quelques passages savoureux: le duel avorté, la scene avec le roi et la reine, ... d’autres moins réussis (le personnage turc, la lecture du telegramme codé, ...)
Un truc tout de meme assez incomprehensible car franchement raté :
Alors que nos deux amants fâchés voient leur corps se réconcilier à l’ecoute de la fameuse valse, et dans un mouvement fluide entament une danse sur une terrasse vide, Lubitsch les faits se noyer dans une vague de couples dansants surgissant de l’interieur du palais. Cette scene est superbe et je ne sais pourquoi m’a touché, peut etre l’idee d’un anonymat simple retrouvé comme ci le couple retrouvait une normalité salvatrice.
Et la, suivent une suite de scenes nulles, repetitives, où l’image est rempli ( a ras bord) de danseurs qui virevoltent: c’eSt moche, nul et casse la dynamique du recit. J’ai du mal a croire que Lubitsch edt voulu ces scenes indignes.

La fin et le dénouement se passent dans une cellule de prison (!!!?), comme une allegorie sur le mariage.

A noter, que contrairement aux opus precedents, l’acte sexuel n’est pas le sujet explicite du film, en partie en raison du materiel d’origine moins propice a un discours a la gloire de la gaudriolle, ou peut etre la mise en place du code.

L’ouvrage n’ajoute rien de majeur à l’oeuvre du maitre mais est indispensable pour les aficionados.
Il me reste a revoir « one hour with you » et peut etre de faire un crochet pour regarder Love Me Tonight
Tant la photo postée par Allen John donne envie.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par kiemavel »

Ah ben, non, pas peut-être le crochet par le Mamoulian. Il est digne de Lubitsch. Rien que la magistrale séquence d’ouverture te remet de bonne humeur si tu n'y es pas.
Je ne sais pas comment tu comptais le voir mais celui là a été édité chez nous dans la collection Les étoiles Universal. ça doit encore se trouver en occaz.

Sinon, The Merry Widow, il y au moins 2 versions. Une française (avec Jeanette qui parle et chante en français ... et une distribution partiellement différente intégrant des français) et une américaine avec Maurice en VO (enfin en VO, je me comprends).
La question est de savoir quelle version rendrait le plus dingue le commissaire :uhuh:
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The Eye Of Doom
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par The Eye Of Doom »

kiemavel a écrit : 21 nov. 20, 22:30 Ah ben, non, pas peut-être le crochet par le Mamoulian. Il est digne de Lubitsch. Rien que la magistrale séquence d’ouverture te remet de bonne humeur si tu n'y es pas.
Je ne sais pas comment tu comptais le voir mais celui là a été édité chez nous dans la collection Les étoiles Universal. ça doit encore se trouver en occaz.
Merci pour le tuyau je me mets en quete!
Quand a la version francaise de la veuve joyeuse, je doute d’avoir l’opportunité de la voir un jour.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Flavia »

Soirée Ernst Lubitsch le 2 décembre sur Ciné+Classic

20 h 50 The shop around the corner
22 h 25 Documentaire : Lubitsch, le patron
23 h 20 Ninotchka
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par Ikebukuro »

The Eye Of Doom a écrit : 11 oct. 20, 18:39 Revu hier The shop around the corner.
Que du bonheur!
Petite chronique familiale : mon fils évoquais de temps en temps ce film avec le gars qui fuit les allemands et une jeune femme qui doit se marrier et qui se fait jeter par la mere lors d’un diner parce qu’elle se conduit pas bien.
Sans se rappeler ni du titre ni bien sur du realisateur...
Il a bien voulu regarder The Shop hier car on lui a précisé que c’était le meme auteur. Il a du admettre que le film lui plaisait bien et c’était un film qui rendais heureux.
Fin de la chronique.
Tout est dit :D
Merci Mon Dieu pour les "Feel good movies".
Mon blog sur le Japon : http://japon.canalblog.com/
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kiemavel
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

Message par kiemavel »

Et de ce point de vue là, c'est l'un des plus parfaits. Je l'ai prêté il n'y a pas si longtemps à un couple d'amis pas spécialement branchés vieil Hollywood - film en N&B, et bien ils l'ont tellement pas aimé qu'ils l'ont regardé deux fois de suite :uhuh:
J'ai eu la chance de le voir une fois sur grand écran, au Studio 28, en novembre 2001 avec ma compagne de l'époque qui avait trouvé le film trop sentimental. Elle était délicieuse mais nous avons rompu assez vite (mais quand même pas pour ça :wink: )
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