Flandres (Bruno Dumont - 2005)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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2501
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Message par 2501 »

Ca me dit rien, pas aimé son premier film et j'en ai pas vu d'autre depuis. Je lui reconnais un certain talent formel et une originalité assez radicale dans le paysage cinématographique français. Mais ça me semble d'une complaisance dans la noirceur et la laideur humaine... :?
Art Core a écrit :Tout semble irréel, comme abstrait (ça m'a fait penser à Avalon)
Je vais p'têt y jeter un coup d'oeil. 8)
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Vic Vega
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Message par Vic Vega »

2501 a écrit :
Art Core a écrit :Tout semble irréel, comme abstrait (ça m'a fait penser à Avalon)
Je vais p'têt y jeter un coup d'oeil. 8)
Le passage guerrier est abstrait dans le filmage mais en meme temps ça en fait des tonnes dans le réalisme boucher. Pour une vision de la guerre finalement pauvre. Les personnages n'ayant dès le départ aucune humanité, on perd une des forces de certains classiques du film de guerre qui nous montrent comment des etres ordinaires, humainement attachants peuvent basculer dans la barbarie de la façon la plus naturelle en temps de guerre. Vu ce que tu reproches au premier Dumont, je te conseillerai de passer ton chemin tant ça correspond à mes réserves sur le film.
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Art Core
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Message par Art Core »

Oui effectivement, le côté Avalon c'était simplement pour le côté totalement irréalistique des évenements. Comme si tout n'était qu'une vision fantasmée ou onirique de la guerre
Spoiler (cliquez pour afficher)
D'ailleurs Barbe a cette etrange réplique disant qu'elle a tout vu, qu'elle a vu Demester laisser tomber son collègue.
Donc n'y va pas en pensant retrouver des elements du film de Oshii car on en est, ici, à mille lieux.
2501
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Message par 2501 »

J'ai hésité, j'y suis pas allé finalement (j'venais d'me taper La Fille de l'eau juste avant aussi... ça aurait été une bien rude journée !).

Je pense pas que c'est pas mon truc. Au mieux une découverte dvd ou TV suffira amplement (mais t'as failli me piéger Art Core :mrgreen: ).
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tronche de cuir
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Message par tronche de cuir »

Encore une fois, Dumont prouve avec Flandres qu'il est un des meilleurs metteurs en scène en France. Il est incontestablement l'un de ses cinéastes les plus radicaux. La première partie est étonnante par sa capacité à délivrer une tension latente avec un minimun d'éléments. Que ceux qui s'attendent à une caractérisation et à une dramatisation traditionnelles passent leur chemin tant le film malmène les régles en vigueur actuel. Dumont creuse et radicalise son cinéma, entérine l'idée que le cinéma n'est pas l'illustration plate d'un scénario ou son corrolaire. Pour lui, le cinéma c'est avant tout question d'agencement de séquences, d'organisation et de dynamique des plans,de l'utilisation du son. Une leçon !!!
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

SPOILERS

Une leçon, peut-être (si tu le dis :wink: ), mais c'est un cinéma qui ne me touche pas. Je n'ai pas vraiment saisi toutes les nuances du film et je suis resté sur quelques détails communs à ses films, et que je n'arrive pas à expliquer.

Dumont continue à ceuser l'écart avec le cinéma traditionnel, c'est vrai. A commencer par ses acteurs, non professionnels et aux physiques anti glamour, et (pour certains) à la diction très locale. Le personnage masculin principal a un physique pas facile, par contre les filles elles sont plutôt jolies, simplement. C'est là le seul point qui rejoindrait le cinéma traditionnel: plutôt que d'avoir des actrices grosses et moches il préfère quand même des filles au physique agréable (c'était déjà le cas dans LA VIE DE JESUS). Mais ça s'arrête là, car la jeune fille qu'on suit ici a des moeurs très particulières et servirait presque de défouloir sexuel au premier garçon qui passe. Fille facile? Je n'en ai pas l'impression mais le personnage est mystérieux.

Les personnages contemplent souvent leur environnement, les paysages qui les entourent. Je n'ai pas saisi pourquoi.

On nous montre dans le film des pulsions primaires. Il y a beaucoup de sexe, mais un sexe froid, mécanique, sans coeur. Les garçons font leur affaire, se défoulent (je l'ai dit) et la fille ne prend pas de plaisir (sauf dans la voiture, mais je dis ça uniquement à cause des sons). Un acte qui va dans un sens, qui n'est pas partagé, et qui présente la femme comme un animal ou un objet mais qui consent. Pas toujours ceci dit car cela se reproduit avec un viol, en Afrique.
Pulsions primaires aussi avec l'instinct de survie et la mort. C'est la partie guerre qui est concernée. Les morts sont dures, viennent par surprise, anonymes. C'est tuer ou être tué, il n'y a pas de choix plus primaire.

C'est un cinéma qui ne me parle pas, donc, mais qui reste intéressant. J'irai voir certainement les prochains films du monsieur mais je reste très mitigé sur ce coup-là...
Tony Hunter
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Message par Tony Hunter »

Vu aujourd'hui, mon 1er Dumont.

Il n'y a pas à débattre Dumont sait bien filmer et maitrise complètement son cinéma en proposant un métrage© au montage et au cadre très réussi, à la fois très doux et très brut.
C'est plutôt sur le scénario que je me pose des questions, j'ai du mal à comprendre les personnages de Dumont et le cheminement qu'ils suivent.
Si quelqu'un a "compris" le film, je serai très intéressé de lire son point du vue
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Grant Boyer
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Message par Grant Boyer »

Tony Hunter a écrit :Si quelqu'un a "compris" le film, je serai très intéressé de lire son point du vue
Réponse toute faite et insatisfaisante:
Ca se ressent, ça ne se comprend pas.
"le bon goût est l'ennemi de la créativité"
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Tony Hunter
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Message par Tony Hunter »

Dumont n'a quand même pas écrit son film en usant de l'écriture automatique.
Il a bien dû suivre une certaine logique non ? En particulier celles de ses personnages...
C'est tout cela qui m'échappe.
tronche de cuir
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Message par tronche de cuir »

Entretien éclairant de Mister Dumont:



“Je n’ai pas envie d’épargner le spectateur”

Ancien professeur de philo, méconnu du grand public et auteur de films controversés, il s’explique sur la brutalité de son cinéma. Qu’il estime nécessaire.
Très prisé, et primé, dans les plus grands festivals de cinéma, Bruno Dumont n’en reste pas moins un quasi-inconnu, et un cas à part. A 48 ans, il a signé quatre longs métrages, sans connaître de succès public à la hauteur des décorations et des éloges critiques recueillis. Il se dit étranger à la « famille » du cinéma français, en dehors de son producteur, Rachid Bouchareb (le réalisateur d’Indigènes). Il est venu au long métrage après avoir enseigné la philo et réalisé des films d’entreprise. Il vit en province, près de Bailleul (Nord), où il a tourné ses deux premiers opus, La Vie de Jésus et L’humanité.
Son cinéma, controversé, dit sa nature de franc-tireur : terrien, corporel et à la fois spiritualiste, métaphysique. Cru et bressonien. Sexuel et abstrait. Des histoires de gens frustes, mais pleins de bizarreries savamment travaillées, et qui oscillent entre l’abjection et la grâce. Ce n’est pas tout : pour trois de ses quatre films, il a eu recours à des acteurs non professionnels recrutés dans sa région. Deux d’entre eux ont gagné des Prix d’interprétation à Cannes, en 1999, créant une polémique au passage. Qu’est-ce qu’un acteur ? La question passionne le cinéaste. Il nourrit paradoxalement l’ambition de diriger un jour une star hollywoodienne, catégorie qui, selon lui, équivaut à celle des amateurs : pas de technique, rien que de l’incarnation pure.Aujourd’hui, avec Flandres, il semble achever un cycle : le film ressemble (trop, selon ses détracteurs) aux précédents, et en diffère sensiblement par un terrifiant chapitre de guerre, d’une triste actualité. Sur tous ces sujets, et d’autres, Bruno Dumont ne mâche pas ses mots.



Télérama : Vous avez reçu un deuxième Grand Prix du festival de Cannes en sept ans. Vous voilà devenu le plus reconnu des cinéastes français, disons, radicaux. Cette étiquette vous convient-elle ?

Bruno Dumont : La radicalité, c’est relatif. Il est vrai que mon film n’est pas fabriqué industriellement pour rencontrer la sensibilité commune qui est, selon moi, un peu plate. Notre monde est gouverné par l’économie. La politique, bonne fille, suit. Conséquence, la sociologie, pensée économique, est devenue pensée unique… C’est une imposture et c’est dramatique. Les sociologues sont partout. Sondages, taux, statistiques, audiences, part de marché, études de consommation : le combien fait loi. Cette mentalité massificatrice et comptable a naturellement engendré une esthétique, une sensibilité, un goût, misérables. La misère esthétique est une catastrophe quand on sait la part prépondérante que doit avoir la sensibilité sur nos jugements et actions. Alors, face à un cinéma industriel qui usine son bois standard et droit, je suis effectivement un artisan : le bois est un peu tordu… « Du bois tordu de l’humanité, rien de droit ne peut être façonné », disait Kant…

Télérama : Il y a de la sauvagerie dans tous vos films, des images difficiles à soutenir. Est-ce votre riposte ?

Bruno Dumont : Il y a aussi la puissance de l’amour, le gras de la terre, le silence des visages. Des sons et des images faciles à soutenir. Notre nature est ainsi faite : nous sommes mêlés, d’eau et de feu, du tumulte de nos désirs, de joie et peine. Nous progressons, créons, par association et contradiction. Alors, oui, il faut que l’homme se façonne, non à partir de quelconques préceptes, mais à partir de son propre éveil à sa nature, matière première faite de contraires. Le spectateur de cinéma doit en faire l’expérience. Voyez Lacombe Lucien, de Louis Malle. C’est une expérience formidable que d’affronter un héros collaborateur : face à lui, nos défenses immunitaires agissent. Si je pouvais faire un héros d’un terroriste, je le ferais, non comme modèle mais comme exutoire. J’ai a priori de l’estime pour le spectateur, donc pas envie de l’épargner. C’est plus bénéfique que d’assister à quelque chose d’idéal, de déjà moralisé et pensé. La catharsis, cela ne date pas d’aujourd’hui. Dans la tragédie, terreur et pitié opèrent une purgation de nos passions qui est saine pour la vie personnelle et sociale. Voyez Médée, Richard III, Barbe Bleue. Moi, je suis très troublé quand je lis Sophocle ou Shakespeare, ces représentations d’amour, d’inceste, de sang. La grandeur des hommes y côtoie leur misère.

Télérama : La chute et la rédemption, le mal et la grâce jalonnent vos récits, vous avez intitulé votre premier film La Vie de Jésus : êtes-vous un cinéaste catholique, chrétien?

Bruno Dumont : Absolument pas. Je me sens plus proche des archétypes de la mythologie gréco-latine que des pères de l’Eglise. Le Christ est un phénomène tardif dans l’histoire de la pensée et des représentations. Il est déjà lui-même une métaphore d’archétypes plus anciens. A noter que les Japonais ne me parlent jamais de christianisme à propos de mes films. Chaque spectateur réagit en fonction de son système de référence...

Télérama : Pourquoi vos personnages doivent-ils toujours en passer par la barbarie pour accéder à la conscience ?

Bruno Dumont : Le récit cinématographique qui m’intéresse est d’essence mythique. Il explore les fonds et les commencements de la condition humaine. On ne peut penser la civilisation et la culture qu’à partir de l’état de nature et du fond primitif de l’homme, comme l’ont fait Rousseau ou Hobbes. La sauvagerie de l’homme ne m’intéresse pas en soi, mais il faut bien l’interroger. Je me pose toujours la question des origines. Je me retrouve ainsi dans mes films avec des gens de la campagne, simples et humains, mais toujours mis en scène et représentés. Tous les mythes fondateurs racontent des commencements dans le sang et l’amour, au cœur de la nature et des instincts. Je travaille avec ça.

Télérama : Y a-t-il pour vous des limites dans la représentation du mal ?

Bruno Dumont : C’est encore une question de mise en scène. Un spectateur qui sort de la salle en cours de film, c’est un échec, pour moi et pour lui. Je n’ai pas envie de créer un malaise. Le film a besoin du spectateur, il n’existe pas sans lui. La mise en scène s’achève là où le spectateur commence… C’est la totalité du film qu’il faut juger et non une scène, ici ou là. Mais la seule limite que je me fixe, c’est celle de ma sincérité. Sinon, je ferais des calculs, du marketing, comme beaucoup d’autres. Il faut savoir filmer l’horreur, mais aussi la replacer dans un récit qui reste lumineux, qu’elle prenne sa juste place. C’est difficile, oui, et je reste humble devant cette question. Le spectateur doit sortir victorieux.

Télérama : Vous avez en projet un film américain à gros budget avec une star. Vous avez aussi tourné en Californie une sorte de road movie expérimental, 29 Palms. Etes-vous fasciné par le cinéma américain?

Bruno Dumont : Je suis fasciné par les images qui fascinent. Et ces images aujourd’hui sont indéniablement américaines. L’Amérique véhicule ses valeurs et son esthétique par son cinéma, et aussi par ses histoires imprégnées de morale puritaine, protestante, de Ford ou Hawks à Superman. Là, pour le côté curé, on est servi, même si, bizarrement, personne ne s’en plaint. Mais le cinéma est une affaire de désir, et les gens désirent le cinéma américain, ils y vont tête baissée. C’est ainsi. Entre un polar qui se passe à Paris et un autre qui se passe à Los Angeles, le second a tout de suite quelque chose en plus, l’imaginaire, les archétypes qui vont avec. On ne peut pas tourner dans la Creuse et faire comme si c’était le désert californien, ça ne marche pas. Actuellement, aucun acteur français ne peut rivaliser avec un acteur américain, en termes d’aura, de capacité à susciter le désir. C’est cela que je voudrais scruter. Donc, autant que j’aille tourner directement là-bas. Mais comme un acte de résistance.

Télérama : Quel est donc ce film que vous aimeriez tourner ?

Bruno Dumont : Je voudrais associer autrement les mêmes éléments qu’eux. Mon sujet ne serait pas tant le cinéma américain que le désir que nous avons pour lui. Et pour cela, j’aurais recours aux canons de la production américaine standard, mais en les modifiant… Bref, aucun producteur américain n’est intéressé pour l’instant ! J’y travaille. Ici, je fais des films avec 1,5 ou 2 millions d’euros, il n’y a pas de risque économique. C’est ce qui me donne la liberté de faire exactement ce que je crois. Or ce film américain coûterait 20 fois plus cher...

Télérama : Vous avez été prof de philo. En quoi cela influe-t-il sur votre pratique de cinéaste ?

Bruno Dumont : J’ai trouvé dans le cinéma ce que je n’avais pas trouvé dans la philosophie : un accès à la sensibilité, à la nature, à la réalité. En même temps, j’y trouve le même questionnement que dans la philosophie : qu’est-ce qui est juste, vrai… ? Mais dans le cinéma, je m’astreins à n’employer que les matériaux du réel. Les systèmes philosophiques ne concernent qu’une partie de l’être, à savoir la tête. Or nos instincts, notre corps, notre présence même sur le sol conditionnent nos pensées. L’aspect taiseux de mes personnages est lié aussi à ce refus de la cérébralité. Dans mes films, je cherche, autant que faire se peut, à faire disparaître ma pensée, mes intentions, à la faveur du récit et des personnages. Ils ne doivent pas être des porte-parole, des moyens d’expression, mais l’expression même.

Télérama : Y a-t-il trop ou trop peu de pensée dans le cinéma aujourd’hui ?

Bruno Dumont : Beaucoup de comédies françaises qui sortent à la chaîne sont plus intellectuelles que jamais : mais en ce sens que tout est prévu, étudié, calculé… pour que ça marche.

Télérama : On vous reproche de traiter vos personnages en cobayes...
Bruno Dumont : J’ai au contraire le sentiment d’être de plus en plus dans la soumission par rapport à mes personnages, en tout cas à mes acteurs, à leur rythme, à leur façon de parler, d’être. Je les aime beaucoup. Ce sont eux le cœur de l’ouvrage et je m’y astreins. Qu’un auteur surplombe ses personnages, c’est une faute très grave. Je fais tout ce que je peux pour l’éviter, mais en même temps, ils sont dans un récit que j’ai effectivement écrit. Ils sont alors obéissants comme des interprètes peuvent l’être, mais moi aussi je leur obéis. On se règle les uns sur les autres. Mes acteurs non professionnels sont d’ailleurs souvent récalcitrants. Dans le scénario de L’humanité, mon interprète principal avait un rôle beaucoup plus sexué. Il a dit non : il avait raison. Rencontrer ces êtres est aussi éprouver la validité de ce que je projette. Ce que je montre ne vient pas que de moi, mais de ma rencontre avec eux, c’est une synthèse.

Télérama : Nul ne vous attendait en réalisateur de film de guerre, ce que Flandres est en partie. Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Bruno Dumont : J’ai d’abord lu des récits sur la destruction de Bailleul, ville détruite par les Allemands parce qu’occupée par les Anglais, bombardée pendant la Première puis la Seconde Guerre mondiale. Ensuite j’ai vu un documentaire saisissant sur la guerre d’Algérie. Et sur le traumatisme de la barbarie : comment des gens ordinaires, boulangers, maçons, sont devenus des monstres, et comment ils vivent avec ça à leur retour. Pour la scène de viol, j’avais en tête une photographie de soldats français exhibant nue une jeune Algérienne. Et aussi des images de l’Afghanistan et de la guerre du Golfe… Je mélange. Je cherche à sortir des associations courantes et prévisibles, à exciter la perception du spectateur en instillant des éléments incongrus. De la guerre, on reçoit chaque jour des images. J’avais envie de les rendre, en les modifiant. Mon projet est d’aller vers une guerre primitive, essentielle. Je doute beaucoup de la culture, alors je l’asticote.
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Message par Jordan White »

Cela me fait plaisir de te voir le défendre tronche. Je me préserve pour l'instant la surprise pour bientôt. Je veux découvrir cela avec l'esprit détaché de toute considération critique. Donc je ne lis presque rien en rapport et n'ai vu que la BA. Pas plus.
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Message par Leopold Saroyan »

Tony Hunter a écrit :Il a bien dû suivre une certaine logique non ? En particulier celles de ses personnages...
C'est tout cela qui m'échappe.
Je pense qu'il n'y a pas grand chose à comprendre si ce n'est le mécanisme intellectuel auquel beaucoup d'êtres humains diovent être confrontés dans des situations similaires. En gros, être un salaud ou pas, comment surmonter ses pulsions, coment exprimer ses émotions face aux autres; points sur lesquels Dumont fait fort.
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Message par Max Schreck »

Je crois que le film prend tout son sens avec la dernière réplique/dernier plan
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Demaester qui lâche enfin les mots d'amour tant attendus, souffle de vie trop longtemps retenu auquel il s'accroche enfin désespérément.
Là ça devient vraiment très fort et je me suis dit que Dumont était quand même bien courageux (pour ne pas dire couillu) d'oser un film aussi difficile d'accès uniquement pour en arriver à cette conclusion. Jusque là, c'est-à-dire pendant toute la projection, Flandres m'a vraiment agacé. J'avais l'impression d'un vide intersidéral, rien ne semblait naître des images, les dialogues improvisés m'ont embarrassé, les "péripéties" m'ont semblé soit peu crédibles, soit sans surprises. Pour moi, il s'agissait d'un film finalement dénué d'intérêt, presque un gâchis.

Et puis, alors que tout ça me semblait bouclé, cette dernière scène arrive et c'est comme si tout s'éclairait. Alors okay, je crois percevoir le discours derrière tout ça
Spoiler (cliquez pour afficher)
il a fallu que le mec traverse tout ça, aille jusqu'au bout de la barbarie dont il était capable pour enfin dire son amour
. L'idée est belle mais ça n'a pas rendu la séance plus appréciable pour autant.
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Message par Ous »

Très impréssionant ce Flandre... j'ai quand même mis 5 jours à le digérer :?

Les acteurs n'en sont pas. Ce sont des gens pris pour ce que leurs physiques respectifs expriment.

Le paysage acteur ? Le paysage parce que c'est là que se situe la plus grande violence dans le sens où ce paysage ne fait que retranscrire une ambiance dans laquelle l'humain évolue ou plutôt se déplace et vit...Tiens marrant de retrouver cette idée, j'ai une pensée pour Miami Vice in the mood again, in the mood... Mais attention, pas de paysage mental, c'est ici le phénomène inverse !

L'acte sexuel chez Dumont est systématiquement associé à une sauvagerie ontologique : c'est l'acte pendant lequel nos instincts les plus ancestraux se manifestent le plus. On ne tue pas dans nos cultures pour devenir un homme, on baise... La séquence du viol et ses conséquences... Morale ? Non, pas de cela mais simplement le constat édifiant que la culture des uns n'est pas exportable chez les autres...

On ne peut que s'incliner devant l'intelligence de mise en scène du monsieur...

Pas à conseiller à tout le monde...
Mao !
tronche de cuir
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Message par tronche de cuir »

Ous a écrit :Très impréssionant ce Flandre... j'ai quand même mis 5 jours à le digérer :?

Les acteurs n'en sont pas. Ce sont des gens pris pour ce que leurs physiques respectifs expriment.

Le paysage acteur ? Le paysage parce que c'est là que se situe la plus grande violence dans le sens où ce paysage ne fait que retranscrire une ambiance dans laquelle l'humain évolue ou plutôt se déplace et vit...Tiens marrant de retrouver cette idée, j'ai une pensée pour Miami Vice in the mood again, in the mood... Mais attention, pas de paysage mental, c'est ici le phénomène inverse !

L'acte sexuel chez Dumont est systématiquement associé à une sauvagerie ontologique : c'est l'acte pendant lequel nos instincts les plus ancestraux se manifestent le plus. On ne tue pas dans nos cultures pour devenir un homme, on baise... La séquence du viol et ses conséquences... Morale ? Non, pas de cela mais simplement le constat édifiant que la culture des uns n'est pas exportable chez les autres...

On ne peut que s'incliner devant l'intelligence de mise en scène du monsieur...

Pas à conseiller à tout le monde...

Enfin quelqu'un qui apprécie ce film radical !!! 8) :wink:
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