Le Cinéma asiatique

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Bounce Ko Gals de Masato Harada (1997)

Image

Lisa dispose d'un jour avant d'aller à New-York, elle décide alors d'aller à Shibuya, un quartier populaire de Tokyo. Là-bas, elle pense pouvoir se faire de l'argent facilement en vendant ses sous-vêtements ou en tournant dans une vidéo mais tout ne se passe pas comme prévu et elle se fait voler ses économies. C'est alors qu'elle rencontre Raku qui va lui présenter Jonko afin de l'aider à récupérer son argent en une nuit...

Bounce Ko Gals est une véritable photographie d’un phénomène de société scandaleux dans le Japon des 90’s, Enjo kōsai. Ce terme désigne la pratique voyant des lycéennes tenir compagnie à des hommes mûrs moyennant finances, le « moment » partagé allant du plus trivial (karaoké, restaurant) à la vraie prostitution. Les lycéennes s’y adonnant sont pour la plupart des kogals, adolescentes à l’apparence fortement sexualisée notamment par leurs jupes d’uniformes très courtes, leur maquillage tapageur et leurs cheveux décolorés. Cette prostitution était à la fois une forme de rébellion et d’avilissement, par une quête superficielle dans l’achat de marque de luxe avec les « gains » de cette activité, mais aussi une manière schizophrène de s’affranchir de l’autorité parentale tout en étant le jouet d’adulte libidineux. Un film comme Love and Pop d’Hideaki Hanno (1998) se penchait de manière documentaire et stylisée sur le phénomène, détaillant les processus de mise en contact (via les telekuras (telephone clubs) où adultes et lycéennes pouvaient échanger, se communiquer leur profil, convenir de la « prestation » et se fixer rendez-vous) tout en rendant assez opaque la personnalité et les motivations des adolescentes qui s’y adonnaient. Bounce Ko Gals se montre moins clinique et plus porté sur les personnages tout en édulcorant pas sa toile de fond. Tout au long du film par son usage de la longue focale, Masato Harada place le spectateur dans une position de voyeur, accompagnant les pérégrinations des jeunes filles par une caméra s’attardant sur leurs jambes, rasant leur jupes si raccourcies. La scène d’ouverture donne le ton et les échanges décomplexés des lycéennes semblent finalement à la hauteur du filmage racoleur, puisqu’elles causent du rendez-vous avec les clients du jour, d’un énième avortement à subir ou des prochaines fringues à la mode qu’elles pourront s’acheter. Le récit évite ainsi le manichéisme puisque si le penchant trouble des adultes est inqualifiable, le cynisme et l’inconscience de certaines adolescentes y répondant l’est tout autant.

Image

L’histoire va nous faire suivre trois héroïnes y étant confronté pour des motifs plus complexes que ce premier regard. Lisa (Yukiko Okamoto) est une jeune fille qu’on suppose en fugue et qui souhaite s’envoler pur New-York, terre de ses rêves. Pour compléter le budget de son voyage imminent, elle va basculer au cours de cette journée dans les différents business exploitant le fantasme adolescent, de la vente de ses sous-vêtements à une séance photo fétichiste, avant que la nuit venue la vraie prostitution ne reste comme seule solution pour vite gagner de l’argent. Elle va se lier d’amitié dans cette unité de temps à Laku (Yasue Sato), entremetteuse pour ses amies kogal mais elle-même encore innocente, et Jonko (Hitomi Satō). Chacune des héroïnes représentent une faillite des adultes les ayant poussés à ces extrémités. On le devinera au fil du récit avec Lisa écrasée par l’image de fille modèle que lui imposent ses parents, Laku au contraire confrontée à l’indifférence des siens face à ses absences scolaires et sorties nocturnes, et enfin Jonko qui découvre que son propre père est amateur de jeunes filles.

Image

Masato Harada déploie toute l’imagerie artificielle précédemment évoquée en début de film à travers une narration chaotique, avant un recentrage dramatique brillant sur les trois adolescentes et la quête financière de Lisa. C’est une manière de nous faire comprendre que sous la désinvolture de certaines (le personnage de Maru (Shin Yazawa) satisfait de sa position d’objet sexuel et qui en paiera le prix) se cachent différents parcours intimes douloureux qui les ont menés à ce résultat. Dès qu’il s’agit de capturer les interactions de l’amitié immédiate et intense (typique des émotions à vif de l’enfance et l’adolescence) de son trio, Harada retrouve une candeur et une proximité tendre à travers la bande-son aérienne, les fondus enchaînés et le montage syncopé qui accompagnent les rires complices. C'est lorsque l'esthétique prend cette imagerie dynamique, à l'opposé des plans fixes les soumettant au regards concupiscents, que les héroïnes trouvent la liberté d'être et non plus d'appartenir - les deux sentiments s'entrecroisant lors de la scène suivant la rencontre avec le vieillard.

Image

Cependant le sinistre monde des adultes va constamment rattraper nos héroïnes au cours de cette folle nuit. Il s’avère que cette prostitution précoce perturbe les affaires de l’industrie du sexe et plus précisément les yakuzas qui vont vite s’avérer menaçant. Cette dépravation des adultes en qui l’on ne peut avoir confiance s’illustre d’ailleurs par la nature des clients rencontrés, et dépouillés sans états d’âmes. Un salary-man fébrile, un vieillard sans demande sexuelle mais en quête d’auditrices pour ses horribles récits de proxénétisme, ou encore un membre du gouvernement, tous représentent une forme d’institution et constituent de détestables prédateurs. Subissant regards torves et propositions indécentes depuis le plus jeune âge, les kogals (comme le soulignera Jonko dans un dialogue cinglant) ont donc décidées de prendre leur part dans les perversions que les adultes leur imposent. Masato Harada par cette absence de jugement moral capture brillamment la fièvre autodestructrice qui pousse les adolescentes à cette vie, dont seul un objectif (la quête de New-York pour Lisa) peut faire réchapper.

Image

Mais la beauté du film vient de sa dimension lumineuse, de sa croyance en des jours meilleurs à travers le lien profond unissant les héroïnes. Toutes se comprennent implicitement dans les raisons qui les ont réunies et le réalisateur notamment dans l’épilogue harmonieux ravive cette foi que l’on doit conserver en l’autre. Ce sera via les deux anges gardiens inattendus du récit, le dragueur maladroit Sap (Jun Murakami) et surtout le yakuza Oshima (Kōji Yakusho) paradoxalement seule figure adulte compréhensive (les chemins menant à cette voie criminelle étant tout aussi sinueux), bienveillante et sans arrière-pensées. Une œuvre brillante qui nous emmène des ténèbres clinquantes (et la nuit urbaine tokyoïte des 90’s saisie comme rarement) à un possible salut rédempteur qui nous fait croire au futur de ses héroïnes. 5/6
Avatar de l’utilisateur
Ikebukuro
Machino
Messages : 1218
Inscription : 31 mars 12, 19:28
Contact :

Re: Le cinéma asiatique

Message par Ikebukuro »

Un des plus beaux films japonais que j'ai vus, avec une galerie de personnages très bien définis, notamment la nana qui ne peut pas marcher sur des lignes :shock: je n'ai jamais oublié son handicap...
Oui, le Yakuza ancien communiste révolutionnaire est aussi très bien.
Mon blog sur le Japon : http://japon.canalblog.com/
Mon blog sur le cinéma : http://kingdomofcinema.canalblog.com/
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Lonelyheart de Nobuhiko Obayashi (1985)

Image

Hiroki est un lycéen plein de vie, qui aide ses parents au temple pendant son temps libre, et qui aimerait bien aussi se rapprocher d’une jeune fille, belle, mystérieuse et solitaire… mais qu’il n’a encore jamais osé aborder. Un jour, alors qu’il rangeait des vieilles affaires de famille devant l’un des autels du temple, un brusque coup de vent viendra emporter des photos… Rien de bien grave au demeurant. Et pourtant… très rapidement une drôle de jeune fille, au visage blanc et paraissant capable de passer un peu partout, va faire irruption dans sa vie : Sabishinbô (cœur solitaire).

Lonelyheart est au sein de la filmographie de Nobuhiko Obayashi le dernier volet de la trilogie d'Onomichi. Cette série de films a pour spécificité de se dérouler au sein de la ville natale du réalisateur, Onomochi, et de croiser à un récit adolescent un postulat surnaturel métaphore/contribution à la maturité du personnage principal. Ce sont les aptitudes à voyager dans le temps de l'héroïne de The Little Girl Who Conquered Time (1983) ou l'échange de corps fille/garçon de I are you, You am me (1982). Les deux premiers films semblaient porter plus d'attention aux personnages féminins (même indirectement avec le garçon coincé dans un corps de fille de I are you, You am me alors qu'au premier abord, Lonelyheart semble plus focalisé sur le point de vue de son héros masculin Hiroki (l'acteur fétiche d'Obayashi, Toshinori Omi). C'est d'ailleurs littéralement sur ce point de vue que s'ouvre le film lorsque, du zoom de l'objectif de son appareil photo, il observe la ville depuis ses hauteurs. La thématique centrale du film s'y révèle à travers deux éléments à priori antinomiques. D'un côté l'objectif arpente la maison d'Hiroki où sa mère (Yumiko Fujita) s'affaire à des tâches ménagères, ce qui permet à l'adolescent de fustiger le côté terre à terre de celle-ci. De l'autre Hiroki zoome sur le lycée féminin voisin, et plus particulièrement sur cette élève qui vient s'exercer seule au piano après les cours. Cette jeune fille dont il tombe instantanément amoureux, il va la dénommer Sabishinbô (cœur solitaire). Obayashi déploie ainsi dans un même mouvement deux problématiques typiquement adolescentes, l'incompréhension du monde des adultes (et plus spécifiquement les parents), et le mélange d'euphorie et de désespoir provoqué par le premier amour. On peut trouver ces éléments plutôt opposés mais ils vont habilement se rejoindre, et Obayashi glisse un indice de ce lien avec le morceau qu'Hiroki "entend" Sabishinbô jouer, « Tristesse »de Frédéric Chopin qui est également le morceau préféré de sa mère.

Le film semble dans un premier temps bien plus potache et moins mélancolique que les précédents films de la trilogie, multipliant les facéties loufoques d'Hiroki et ses amis sources de nombreux gags. Le surnaturel s'invite cependant à nouveau dans le cadre d'un temple bouddhiste (le père d'Hiroki étant prêtre) comme dans I are you, You am me, lorsque Hiroki disperse de vieilles photos familiales alors qu'il range les lieux. A partir de cet instant va ponctuellement surgir dans sa vie une facétieuse jeune fille au masque de cire également surnommée Sabishinbô. D'abord seulement visible par notre héros, elle apparait progressivement à tous, semant la zizanie dans son entourage et semblant omnisciente quant aux petits secrets de chacun. Si un Hiroki ahuri mettra le temps avant de comprendre son identité, le spectateur aura vite compris que la magie du temple a matérialisé sa mère telle qu'elle était adolescente sur une des photos perdues. L'importance n'est pas dans cette révélation mais plutôt sur le lien qui unit le premier amour vivace d'Hiroki et cette apparition du passé, puisque les deux Sabishinbô ont les mêmes traits (ceux de l'actrice Yasuko Tomita). Obayashi travaille ainsi les émotions en écho, les dépits amoureux d'hier et d'aujourd'hui partageant le même visage, et leurs douleurs se rythmant aux notes de Chopin. La réconciliation du présent et de l'ancien qui nous hante annonce le traitement mythologique et introspectif du magnifique The Deserted City (1984) à venir. Cependant le côté filial le rapproche aussi grandement du superbe Chizuko's Younger Sister (1991), quatrième itération qu'Obayashi donnera à son cycle d'Onomochi et où il sera question de deuil fraternel. L'aspect humoristique initial s'estompe ainsi progressivement au fil des révélations qui rapprochent les deux axes du film. Hormis les purs éléments narratifs, ce lien passé/présent se dessine à travers la très belle relation mère/fils. La complicité taquine des deux fonctionne à merveille, la mère faussement sévère mais sensible à la veine artistique du fils (les photographies de femmes nues de celui-ci qu'elle regarde avec lui sans sourciller) et ce dernier plus amusé que réellement agacé des remontrances. Dès lors la compréhension plus intime qui s'amorce peu à peu offre des moments poignants comme quand Hiroki jouera la fameuse mélodie de Chopin au piano devant sa mère. Deux émotions se rejoignent là, celle de l'amour perdu dont la douleur est vivace, et celle dont ne demeure qu'un souvenir tendrement entretenu. La mère console le fils et inversement dans un sentiment implicite qu'Obayashi parvient merveilleusement à faire passer, bien aidé par l'interprétation habitée de Yumiko Fujita (formidable)) et Toshinori Omi.

Formellement Obayashi parvient à donner une fois de plus un visage inédit à cette ville d'Onomichi qu'il a tant filmé (c'est d'ailleurs amusant d'avoir des réminiscences des autres films dans certains lieux bien identifiables où l'on a vu d'autres évènements). Le cadre insulaire donne pour l'essentiel une dimension ensoleillée reflétant l'aspect juvénile et bondissant initial, mais l'histoire se déroule pourtant bien à l'automne. La photo de Yoshitaka Sakamoto traduit donc bien cette entre-deux, à la fois lumineux et estival, mais aussi mélancolique et automnal dans le travail sur la couleur (tout cela annonçant le fabuleux travail chromatique de The Deserted City). L'immédiateté comique (toutes les pochades lycéennes, les apparitions improbables de Sabishinbô) alterne avec un romantisme qui endosse la fulgurance (le premier échange de regard à vélo) et la pure rêverie contemplative lors de l'hypnotique scène du retour en ferry au crépuscule. Un joli film en apparence plus léger que le reste de la trilogie mais tout aussi profond. 4,5/6
Avatar de l’utilisateur
Southead
Assistant(e) machine à café
Messages : 119
Inscription : 14 déc. 13, 16:05

Re: Le cinéma asiatique

Message par Southead »

Je serais curieux de savoir où tu as pu te procurer des sous titres anglais ou français de ce film :fiou: C'est un des seuls Obayashi qu'il me reste à voir avec Seven Weeks.

Ta critique me donne encore plus envie de le voir.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

69 de Sang-il Lee (2004)

Image

Nagasaki, en 1969. Ken est la forte tête du lycée, chef d'une petite bande. Pour séduire la belle Kazuko, il a compris la technique : se mettre à la mode soixante-huitarde qui se répand dans le monde entier, même s'il n'y comprend pas grand chose. Le tout est de se la jouer rebelle. . Alors Ken et ses potes préparent un festival évidemment expérimental.

L'œuvre littéraire de Ryu Murakami est peuplée de personnages torturés et autodestructeurs s'enfonçant dans des situations aussi glauques que surréalistes, le tout baignés dans un humour noir à éviter pour les âmes sensibles. Il existe pourtant une exception dans ce tableau avec le roman 69, désopilante chronique autobiographique où l'auteur revenait sur sa jeunesse tumultueuse lors de sa dernière année de lycée en 1969. Sang-il Lee en signe donc en 2004 cette adaptation plutôt réussie. L'attrait du roman reposait sur l'écho constant entre les émois adolescents et l'agitation socio-politique d'alors (Mai 68, Guerre du Vietnam), qu'elle soit mondiale ou plus spécifiquement japonaise.

Nous suivons donc Ken (Satoshi Tsumabuki), lycéen féru de culture occidentale qui va avec ses camarades concrétiser ses marottes politiques et artistiques en deux gestes très différents. Ce sera d'abord la vandalisation du lycée par des barricades, tags et bannières aux messages engagés puis, plus tard, l'organisation d'un festival culturel avec concert et projection de films. Ces deux hauts faits n'empêchent pas nos héros d'être de vrais adolescents avec toute la joyeuse futilité qui en découle. La plupart des grandes causes de Ken naissent ainsi de la volonté d'épater la belle Kazuko "Lady Jane" Matsui (Rina Ohta) et le réalisateur joue habilement des scènes de fantasmes haut en couleur pour illustrer les "motivations de Ken, tout en mine ahurie et attitude frimeuse. Sang-il Lee caractérise d'ailleurs brillamment chaque personnage par un gimmick visuel, un gag récurrent, qui fait toujours mouche car prolongé par la prestation de l'excellent casting. Par ce décalage dynamique se rejouent par l'image les tordantes montées de mythomanie du personnage, que Murakami désamorçait en une phrase laconique à l'écrit après être parti dans des descriptions délirantes et qui passe ici à travers le timing comique du montage. Le placide et séduisant Adama, (Masanobu Andō) surnommé ainsi pour sa ressemblance avec Salvatore Adamo, fait au contraire naître l'humour par son stoïcisme face à l'agitation ambiante, la logorrhée et les élucubrations de Ken se dégonflant justement par un retour sur la mine impassible d'Adama. Cela fonctionne aussi dans une dimension plus dramatique avec Iwase (Yuta Kanai) complexé par le charisme et le savoir de ses deux amis. Là aussi un simple gag traduit cette relation inégale lorsqu'il ramène trois boissons chaque fois qu'ils se retrouvent tous, et qu'un micro-évènement fait systématiquement qu'il n'aura pas la sienne.

La fascination de la jeunesse japonaise (et qui trouvait son équivalent en France aussi à l'époque d'ailleurs) pour la culture occidentale est bien capturée, servant une facette poseuse où l'on recrache son discours marxiste pour épater la galerie sans comprendre tout le sens de ce que l'on dit, où l'on cite Rimbaud et se délecte des films de Godard que qu'on a probablement pas vu. Là encore la petite pointe d'exagération dans le discours, la légère moue trop fière vient désamorcer par l'image ce que Murakami moquait avec causticité et autodérision (puisque Ken est bien le double de l'auteur). Même un élément impossible à faire passer pour le lecteur occidental (le gag récurrent qui voit Ken passer du patois japonais local à l'accent tokyoïte snob quand il veut convaincre d'un projet farfelu quelconque) se ressent mieux dans le film pour le spectateur attentif où la sonorité japonaise traînante et gouailleuse du cru passe à un ton plus grave, pédant et mesuré. L'humour fonctionne donc très bien notamment lors de la fameuse scène de vandalisation nocturne du lycée.

Le seul point où le film rate le coche est la facette sociale. Dans le roman l'aspect amour/haine pour l'imagerie américaine fonctionnait mieux avec cette ville portuaire de Sasebo où s'érigeait une base américaine. Tout creux qu'il soit, le discours politique des personnages trouvait un vrai arrière-plan qui n'existe pas vraiment ici où l'on croise un GI noir caricatural. L'autre élément fondamental était l'opposition entre l'éducation castratrice et la volonté si japonaise de (faire) rentrer dans le rang. Les professeurs (pour nombre d'entre eux ayant connus la guerre) s'y montraient violents et intolérants, stimulant les facéties des héros. La brutalité du professeur de sport est dans le film uniquement source de gags et du coup le mini "Mai 68" du lycée pur soutenir Ken brimé ne fonctionne pas faute d'une implication suffisante dans ce qui précède. De même la préparation du festival, vrai fil rouge plein de rebondissements, est bien trop elliptique et frustrante et la béatitude de l'évènement se savoure moins bien sans le labeur qui l'a précédé. Le rythme est un peu plus flottant dans la dernière partie alors que Sang-il Lee avait si bien capté l'énergie du court roman dans un premier temps. Un très bon moment donc qui rend bien justice au livre malgré quelques imperfections. 4,5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Nouvelle vidéo Eastasia consacrée à Tsui Hark

Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54817
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Le cinéma asiatique

Message par Flol »

Top, je me mate ça dès demain (merci télétravail !).
Je sens que ça va me motiver pour me lancer enfin dans Il était une fois en Chine. :D
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Four Sisters de Nobuhiko Obayashi (1985)

Image

Nobuhiko Obayashi adapte avec Four Sister un manga shojo (soit une cible éditoriale ciblant un lectorat féminin) à succès de Kazuo Oyama. Sous les postulats fantastiques inventifs, la mélancolie adolescente et les couleurs pop, on pouvait deviner chez Obayashi un goût prononcé pour le mélodrame que l'on avait pu réellement voir s'exprimer dans le magnifique et introspectif The Deserted City (1984). La source shojo lui permet d'embrasser le genre dans le lyrisme le plus prononcé, ainsi qu'un classicisme dans lequel se fondent ses idées formelles plus expérimentales.

Image

Anzu (Yasuko Sawaguchi), Akane (Atsuko Asano) et Ai (Yasuko Tomita) sont trois sœurs élevées par leur aînée Aya (Misako Konno) depuis la mort de leur parents. Anzu, jolie lycéenne très courtisée voit deux camarades, Togo (Togo Yuzuki) et Oba (Toshinori Omi) lui déclarer simultanément leur flamme. Togo plus entreprenant remporte le duel amoureux mais, issu d'une famille bourgeoise qui le promettait à une cousine, voit sa mère enquêter sur Anzu et lui révéler un terrible secret. Anzu, Akane et Ai ne sont pas sœur biologiques et ont été adoptées, et seul Aya est la fille naturelle de leur parents adoptifs défunt. La nouvelle va ébranler la fratrie, d'autant que l'aîné et la cadette Akane connaissait le secret. Dès lors cette découverte va distendre l'harmonie et l'innocence de leur existence insouciante, accélérant la volonté d'indépendance de chacune et le passage à l'âge adulte. Obayashi endosse l'emphase mélodramatique du shojo tant dans certains rebondissements que dans sa mise en scène. Tout comme The Deserted City le film semble à la fois épuré dans sa ligne claire narrative (et divisée en trois chapitres) mais également stylisé, sans pourtant donner dans les effets plus tapageurs de ses récits adolescents. On a plutôt l'impression que ce sont les moments suspendus de ces derniers qui se prolongent ici sur la longueur du récit. L'annonce remet en question la vision des quatre sœurs avec ce lien plus ténu entre elle. Anzu retrouvée par sa vraie mère décide de prendre son destin en main, de renoncer à son amour pour Togo et la compagnie de ses sœurs pour devenir institutrice et s'occuper à son tour d'enfants esseulés. Aya voit son statut "maternel" déchu et repense désormais aux sacrifices personnels qu'elle a fait pour élever ses sœurs, dont un mariage avec un fiancé médecin. La benjamine et sage Ai cède quant à elle à l'autodestruction et au désespoir. Akane est la figure centrale qui va les réunir à nouveau.

Image

Condamnée par la maladie, Akane recherche donc à la fois un accomplissement intime, mais aussi l'émancipation comme l'épanouissement de ses sœurs. Obayashi exprime les heurts émotionnels par un travail impressionnant au montage, les transitions et les raccords fluides prenant une veine purement sensorielle dans les basculements d'espaces, le passage d'un décor à l'autre pour les personnages, les apparitions inattendues. Cet effet accentue le sentiment de protagonistes débordés par la tragédie des évènements tout comme par leurs émotions. C'est la figure bienveillante et sacrificielle d'Akane qui amène toute la mélancolie contemplative du récit. Elle est observatrice résignée des évènements lorsqu’Obayashi filme sa silhouette puis son visage aux yeux embués de larmes lors du déchirant départ d'Anzu. Elle est la cause de la fébrilité des autres quand Oba son amour secret et éphémère observe le flux d'une rivière alors qu'elle accouche de leur enfant, dans une magnifique composition de plan. Akane est surtout actrice et maîtresse de son destin lorsqu'elle décide d'affronter son mal et de laisser à ses sœurs ce qui ravivera leurs liens avec ce bébé. Obayashi lui réserve ses plus beaux moments de lyrisme, notamment dans l'usage de la rétroprojection pour les deux voyages à la mer avec Oba. L'artificialité assumée du procédé, tout comme les scènes de studio qu'on devine aisément, façonnent un écrin intime qui symbolise le souvenir qu'Akane veut emporter. Son métier de photographe justifie ainsi la texture de polaroid marquée de l'image, chaque moment précieux étant comme figé dans les cadrages chargés de poésie et de nostalgie d'Obayashi. Le travail sur la couleur est subtil (et lorgne une nouvelle fois les tentatives de The Deserted City), le noir et blanc s'invitant discrètement dans l'image couleur et inversement (tel cette feuille d'automne seul élément coloré d'une image noir et blanc et dont le détachement nous annonce une mort imminente).

Image

A quelques exceptions près (une scène de boite de nuit, une tentative de suite), Obayashi ménage ses effets qu'il met au service du grand mélodrame qui serait plus proche d'une version contemporaine d'un Mizoguchi que des écarts bariolés de House (1977). Plus le film avance plus l'émotion repose sur les tableaux minutieusement mis en scène (au vu du rythme de tournage d'Obayashi - cela doit bien être son 2e ou 3e film pour cette seule année 1985 - cette méticulosité sans faille est assez stupéfiante), l'apaisement des personnages passant par cette approche après les ruptures de ton de la première partie où la discorde s'installait. Les quatre actrices sont excellentes même si ce sont Yasuko Sawaguchi et surtout Atsuko Asano (toutes deux fameuses Idol à la ville) qui emportent le cœur du spectateur par leur sensibilité à fleur de peau. Obayashi réussi sur les deux tableaux, la description touchante d'une fratrie, la tragédie d'une romance, mais aussi la croyance en un renouveau. L'histoire se répète ainsi (dans un mimétisme des images de l'arrivée des filles fraîchement adoptée, et du bébé devenu petit garçon) pour rejouer l'accueil et l'affection donnée à un orphelin, tandis que le souvenir de la disparue s'incarne par sa voix enregistrée et se fige dans une photo. Grande réussite où Obayashi capture l'essence même du shojo. 5,5/6

ImageImageImage
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Beijing Watermelon de Nobuhiko Obayashi (1989)

Image

Le film est basé sur de vrais événements. Il se concentre sur Shunzo, un marchand de légumes populaire qui vit dans une ville près de Tokyo. Sa vie, et celle de sa femme, Michi et de leurs deux enfants, subit un changement dramatique lorsqu'il rencontre Li, un pauvre étudiant chinois.

Sorti de ses œuvres plus psychédéliques et tapageuses comme House (1977) ou de ses nombreux récits adolescents (I are you, you am me (1982), The Little girl who conquered time (1983), Lonely Heart (1985), Chizuko’s Younger Sister (1991)), on trouve dans la filmographie un vraie veine humaniste et pacifiste. Cela s'explique par la douleur précoce de l'expérience de la Deuxième Guerre Mondiale et il prônera alors l'échappée par l'enfance, la rêverie où le spectre du souvenir face à ces maux dans Bound for the Fields, the Mountains, and the Seacoast (1986) ou dans le cycle pacifiste de ses derniers films comme Casting Blossoms to the Sky (2012), Seven Weeks (2014) et Hanagatami (2017). On retrouve cela dans le méconnu Beijing Watermelon qui s'il ne se déroule pas et n'évoque pas directement la guerre, propose un message de fraternité entre deux pays qui s'y sont farouchement livrés l'un contre l'autre, le Japon et la Chine.

Inspirée d’une histoire vraie, le film suit Shunzo (Bengaru), truculent marchand de légumes dans la banlieue tokyoïte. Son quotidien monotone, fait de réveil aux aurores, d'achat rudement négociés au marché et de vente dans son magasin, lui pèse mais il coule des jours heureux avec son épouse Michi (Masako Motai) et leurs deux enfants. Un beau jour un jeune étudiant chinois démuni déambule timidement devant sa boutique et tente de négocier des légumes au rabais. A la fois amusé et agacé par l'insistance de l'intrus, Shunzo joue la ristourne au "pierre-ciseau-feuille" et perd. Problème le jeune chinois Li revient à la charge le lendemain et tente de refaire le coup mais se heurte au refus de Shunzo. Au détour d'une livraison Shunzo recroise la route de Li quelques jours plus tard, au bord de la syncope pour malnutrition. Notre commerçant va alors prendre le migrant chinois sous son aile le temps de la guérison. Touché, Li en informe ces compatriotes chinois étudiants qui vont désormais solliciter Shunzo à leur tour tant pour ses légumes au rabais que pour des services divers et variés. Contre toute attente, Shunzo se prend au jeu et devient le bienfaiteur de la jeune diaspora chinoise au Japon, au grand dam de son entourage.

Le fossé entre la lassitude initiale de Shunzo et son entrain à aider ses protégés de toutes les manières possibles exprime finalement comment se consacrer aux autres peut soudainement donner un sens à notre vie. Obayashi se déleste de tout son style sophistiqué et expérimental pour traduire ce rapprochement dans une forme de quotidien. C'est l'accumulation des bienfaits plus que leur échelle qui traduit l'importance que prend Shunzo pour les chinois, et c'est le plaisir amusé qu'il prend à leur faire qui exprime cette fraternité naissante. Cela passe par un montage percutant qui façonne une musicalité rieuse, travaillant le comique de situation lorsque Shunzo (pancarte en idéogrammes chinois mal écrits à la clé) doit aller chercher la fiancée d'un étudiant à l'aéroport, où la pure énergie burlesque chaleureuse quand Shunzo traverse Tokyo en camionnette pour qu'un chinois étudiant en architecture puisse étudier toutes les constructions de la ville. Cette énergie fonctionne aussi sur le style à la Robert Altman que développe Obayashi sur le film. Dans Beijing Watermelon, les personnages ont le choix entre être seuls, égoïstes et silencieux ou entourés, nombreux et bruyants. L'intégration et la fraternité n'existe que par ce sentiment de trop-plein et d'anarchie, où le nouveau venu se sent alors pleinement acceptés. Dans un premier temps le dispositif fonctionne avec un chinois frêle et sans le sou que Shunzo invite à manger dans sa famille, à fêter le nouvel an avec ces amis. Cela s'inverse ensuite avec Shunzo considéré comme un père et d'ailleurs appelé ainsi (le "otōsan" japonais a d'ailleurs un sens plus fort, en Asie comme en Afrique d'ailleurs l'emploi de ce titre pour un bienfaiteur aillant une portée intime très forte) par la communauté chinoise qui l'accueille avec entrain en son sein. Dès lors Obayashi construit des moments à la MASH où seule l'ambiance et la connexion des présents compte, dans de longs plans fixes (dans le magasin où tous les jeunes chinois viennent désormais, dans des scènes de bars) où ils laissent volontairement la confusion régner dans le grouillement de personnes, dans la cacophonie des dialogues. Et le miracle de tout cela, c'est qu'il parvient par là à idéalement caractériser toutes cette communauté, que ce soit le groupe de chinois ou le voisinage d'amis japonais qui auront chacun leur petit moment qui nous laissera un souvenir à la fin du film.

Tout cela n'ira pas sans heurts, entre la méfiance d'un entourage parfois jaloux, égoïste et/ou raciste, mais aussi à l'excès de générosité de Shunzo qui délaisse sa famille et son affaire. Finalement mis à mal financièrement et au niveau de sa santé, Shunzo va pourtant trouver une formidable récompense à sa prodigalité. Bengaru est excellent de bonhomie bourrue et de truculence en bon samaritain qui s'ignore et est formidablement accompagné par Masako Motai, pour montrer l'empathie fragile à laquelle tient cette générosité. Obayashi parvient à montrer la rudesse de ce quotidien prolo (la scène où Michi fond en larmes en voyant que Shunzo a offert son pendentif - qu'elle n'a jamais eu le temps de mettre pour se faire belle car submergée de travail - à une migrante chinoise) et la valeur de cette dévotion aux autres. Mais réussite totale du film tient à son épilogue. Obayashi avait prévu de tourner la dernière partie du film à Pékin pour montrer les retrouvailles entre Shunzo invité par ses anciens protégés qui avaient réussis dans leur pays. Les tragiques évènements de Tiananmen obligent le réalisateur à tourner ce final émouvant en studio au Japon. Pourtant au lieu de chercher à donner l'illusion d'un tournage en Chine, le film se déleste de son ton réaliste et révèle totalement l'artifice tant visuellement (décors studios et équipe de tournage bien visibles) que narrativement avec un Shunzo qui brise le quatrième mur en nous expliquant que tout cela a été tourné au Japon. Obayashi met son style expérimental au service du récit et du contexte politique qui s'avère explicite sans être évoqué nommément. L'émotion s'en trouve décuplée, notamment l'ellipse touchante sur la réminiscence d'un dialogue où Shunzo et un jeune chinois se disputaient sur la pastèque ayant le meilleur gout, la japonaise ou la chinoise - la réponse nous en est donc donnée. Un vrai petit bijou qui appelle l'individu à toujours surmonter le clivage des nations (détail amusant au vu du gouvernement japonais actuel dans le déni de son passé belliqueux, Shunzo pour obtenir un logement à ses amis chinois raillera le propriétaire en lui disant qu'il a à se faire pardonner car son grand-père à probablement tué beaucoup de chinois durant la guerre). 5,5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

The Mystery of Rampo de Rintaro Mayuzumi et Kazuyoshi Okuyama (1994)

Image

Le célèbre écrivain japonais Edogawa Ranpo vient de voir le dernier de ses projets refusé par la censure. Passablement usé par ces abus de pouvoir, l’énigmatique artiste décide d’arrêter l’écriture. Un fait divers va alors raviver sa flamme : Ranpo apprend en effet qu’une jeune femme, soupçonnée du meurtre de son mari, vient d’être relaxée. L’homme est mort exactement de la manière que l’écrivain a précisément décrite dans sa dernière nouvelle, boudée par la censure…

The Mystery of Rampo est un projet lancé pour célébrer à la fois le centenaire de la naissance des studios Shochiku mais aussi celui de l’écrivain Edogawa Ranpo dont l’œuvre retrouvait un gain de popularité et d’intérêt critique en ce milieu des années 90. Le film est un objet singulier entre adaptation, hommage et mise en abyme de l’univers de l’écrivain. La scène d’ouverture donne le ton avec l’adaptation sous forme d’animation de sa nouvelle Osei. Celle-ci narrait comme un homme souffrant, suite à une partie de cache-cache avec son fils, se retrouvait coincé dans une malle où il allait mourir étouffé. La beauté de cette entrée en matière animée subjugue d’emblée par sa stylisation, son travail sur la texture et les couleurs évoquant l’estampe japonaise, et surtout grâce une forme de poésie macabre et onirique qui traduit bien le malaise des meilleurs écrits de Ranpo. Un changement majeur intervient cependant, dans la nouvelle la femme de l’homme laisse volontairement son époux mourir piégé dans la malle (pour pouvoir vivre librement avec son amant ensuite) quand le film reste flou sur le sujet et en reste aux conséquences. On assiste ainsi à une première mise en abyme par un retour au réel où Ranpo (Naoto Takenaka) se heurte à la censure pour cette nouvelle qui sera interdite de publication (ce qui fut une réalité à l’époque).

Image

L’exposition nous montre alors la place d’auteur à succès qu’occupe alors Ranpo dans ce Japon des années 20 à travers l’adaptation cinématographique n cours d’une des aventures de son héros fétiche le détective Akechi. C’est surtout une manière de le caractériser en intellectuel introverti, plus à l’aise seul dans son bureau et donnant libre cours à son imagination, plutôt que dans les mondanités que son statut impose. L’histoire prend un tour plus trouble lorsque Ranpo va découvrir qu’une femme est accusée du meurtre de son mari, disparu dans les circonstances exacte de la nouvelle Osei. C’est un mystère qui s’impose à Ranpo avec la réalisation d’un écrit qui n’a pourtant pas été montré au public et n’a pas pu servir d’inspiration criminelle. Il va ainsi se rapprocher de la femme en question, la belle Chizuko (Michiko Hada). Les lecteurs d’Edogawa Ranpo se délecteront là de la connaissance impeccable de son œuvre littéraire par les scénaristes. Ranpo à l’habitude dans de nombreux écrits de se mettre lui-même en scène à la première personne pour narrer les étranges situations et rencontres que ce statut d’écrivain à suspense l’amènent à rencontrer. C’est le cas dans La Proie et l’ombre, l’un de ses plus fameux romans où justement il tombe sous le charme d’une femme séduisante et manipulatrice. Le film constitue ainsi une suite inventée de la nouvelle Osei, mais également une adaptation libre de La Proie et l’ombre.

Image

Le trouble est de mise à travers la séduction discrète de Chizuko, qui fascine un Ranpo dont les sens et l’inspiration sont stimulés par sa présence. Visuellement le film s’imprègne à la fois de tout le chatoiement et l’excès de cette ère Showa à son sommet, croisée avec l’imaginaire débridé d’Edogawa Ranpo. On oscille entre un environnement répressif marqué par des couleurs ternes (l’uniforme brun des troupes militaires omniprésentes de ce Japon va-t’en guerre, la lumière grise qui baigne l’office de censure) avec celles plus vives des milieux culturels ou des récits dans le récit écrits par Ranpo. Pour le premier point, on pense notamment à cette fête donnée pour le lancement du film où les convives portent tous un masque. Mais c’est surtout dans la nouvelle que poursuit Ranpo que la vraie folie intervient, avec ce décor incroyable de château européen à l’extérieur flamboyant et aux intérieurs baroques. Là règne l’extravagant Marquis Ogawara (Mikijirô Hira), figure de noble raffiné et dépravé typique de l’auteur. Ogawara se plait à lire des poèmes de de Poe (auquel Ranpo doit une partie de son pseudonyme) devant une assemblée en partie occidentale conquise (on peut soupçonner Park Chan Wook d’avoir vu ce film pour son Mademoiselle (2016) les atmosphères y renvoient clairement), vit avec son temps pour ce qui est de ses vices avec un attrait pour la pornographie filmée. Là encore la dimension référentielle est idéalement introduite puisque parmi les plaisirs d’Ogawara on trouve le travestissement, et la scène où on le verra ainsi paré renvoie immédiatement à Akihiro Miwa, acteur travesti japonais qui incarnait l’adversaire d’Akechi dans l’adaptation du Lézard Noir de Kinji Fukasaku (1968). La tenue, le jeu et la gestuelle de Mikijirô Hira renvoient en tout point à son illustre modèle.

Image

La mise en abyme reposera sur le fait que Chizuko partage l’ambiguïté de l’héroïne de La proie et l’ombre (qui constitue la réalité du film) mais aussi celle de l’épouse de la nouvelle Osei (qui là est un produit de l’imagination de Ranpo dans le film) jouées par la même actrice, et dont le destin répète à nouveau les écrits de Ranpo. C’est brillamment vertigineux tout en gardant une belle veine romanesque tordue, puisque c’est la retenue de Ranpo préférant traduire dans son texte ses fantasmes pour Chizuko (qui le désire) qui façonne cette ligne narrative parallèle où c’est elle qui peut assouvir son amour pour lui – le détective Akechi (le charismatique Masahiro Motoki) y symbolisant le double de Ranpo. Toute cette idée est parfaitement résumée dans une des plus belles scènes du film. Ogawara projette une bobine pornographique à Chizuko dans laquelle deux films se mêlent, un initial montrant une étreinte puis un autre où des spectateurs s’adonnent aussi à l’amour dans une projection du film. Les corps et les niveaux de réalité s’entremêlent encore plus quand Ogawara va caresser à son tour Chizuko dans un même jeu érotique tout en regardant le film.

Image

Tout le décorum et l’imaginaire de Ranpo servent ainsi d’alibi, de bulle où se réfugie l’écrivain qui préfère y projeter ses idées les plus perverses plutôt que de les réaliser. L'union se fera finalement dans un entre-deux, entre la fiction et le réel. L’idée est finalement simple mais la manière de la mettre en œuvre est passionnante et superbement déférente à Edogawa Ranpo. Le moyens sont là et servent une esthétique rococo et luxueuse des descriptions de Ranpo, même si l’érotisme (gros budget oblige) peut paraître un peu timide face à certaines mémorables adaptations des 70’s comme La Maison des perversités de Noboru Tanaka (1976). Un film passionnant (qui sera un grand succès au box-office japonais) dont les subtilités se savourent d’autant plus si l’on est fervent lecteur de Ranpo. 4,5/6

Image
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Cherry Blossoms de Eddie Fong (1988)

Image

Au début du XXème siècle, le jeune Yu Dafu part faire des études de médecine au Japon alors que les nationalistes monte en puissance. Rapidement, il est davantage attiré par les jeunes femmes et la poésie.

Cherry Blossoms est la seconde réalisation d'Eddie Fong, surtout connu à Hong Kong pour son travail de scénariste où il brille autant pour la Nouvelle Vague hongkongaise (L'enfer des armes de Tsui Hark (1980), Nomad de Patrick Tam (1982)) que dans le cinéma d'auteur notamment pour sa femme la réalisatrice Clara Law (Farewell China (1990)) ou le grand mélo populaire comme le superbe A Fishy Story de Antony Chan (1989) qui fera de Maggie Cheung une star. Dans Farewell China et A Fishy Story, on trouve deux héroïnes (incarnées par Maggie Cheung dans chacun des films) chinoises exilée ou aspirant à l'être, exprimant ainsi une forme de schizophrénie entre amour de la patrie et une volonté de la fuir pour des raisons sociales ou économiques. Cherry Blossoms explorait déjà ce motif, mais sous la forme du récit initiatique et du film historique. Le film adapte la jeunesse du poète chinois Yu Dafu et notamment de la période où il poursuivit ses études au Japon entre 1913 et 1922. L'œuvre de Yu Dafu se caractérise par sa nature introspective, autobiographique et existentielle, notamment dans son plus célèbre roman Le Naufrage (paru en 1921) qui fit scandale par sa description sans fard de la sexualité. Le film d'Eddie Fong, sans être un biopic à proprement parler parvient en tout cas par sa narration en voix-off, son récit en flashback et le lyrisme de sa mise en scène à traduire l'esprit de Yu Dafu tout en explorant des thèmes propres au réalisateur.

Image

Le récit nous fait passer d'un Yu Dafu adulte et mélancolique (Chow Yun Fat) à son incarnation adolescente (Tat Wah Fok), jeune homme envoyé par sa famille au Japon pour y suivre des études de médecine. Même si tourné sous forme de scènes potaches, le poids de l'exigence parentale et des soubresauts politiques en Chine pèsent sur tous ses étudiants chinois exilés appelés à occuper des postes important à leur retour. Yu Dafu plutôt que le sérieux et "l'utilité" des études de médecine est attiré par les lettres et la poésie, ce qui se répercute dans son quotidien de jeune homme en proie à ses premiers émois amoureux et sexuels. Il va ainsi tomber sous le charme de la belle Lung, fille d'un opposant politique chinois exilé. Cette famille représente la schizophrénie de cette identité chinoise puisque par crainte pour sa vie et celle de sa fille, le père de Lung souhaite désormais en faire une japonaise assimilée en changeant son nom et voit donc d'un mauvais œil le rapprochement avec Yu Dafu. Les étudiants chinois subissent de leur côté le racisme des japonais mais Eddie Fong évite de se montrer manichéen dans son observation. Le quotidien de notre héros à l'école, son amitié avec un aîné (et rival amoureux) japonais montre l'esprit belliqueux et nationaliste qui régnait alors au Japon. L'exhortation à montrer sa force et sa virilité via les harangues des professeurs de sport en uniforme militaire, un film de propagande au cinéma o tous les spectateurs se dresse pour hurler les vertus supérieures du Japon, tout dans l'atmosphère impose une volonté (de tout temps mais particulièrement féroce alors) de rentrer dans le rang, d'obéir et de ne pas se poser de question. Les jeunes chinois exilés aspirent à importer cette supposée grandeur à leur retour, mais souffre de cet autoritarisme fanatique.

ImageImage

L'échappée ne peut se faire que dans l'insouciance des premiers amours et Eddie Fong déploie une mise en scène qui dénote du film historique classique. Le travail sur la couleur, la fougue des mouvements de camér ( le style caméra à l'épaule ou l'usage du grand angle durant le marivaudage pastoral) et l'érotisme troublant constituent une bulle de modernité et d'espièglerie dans ce cadre oppressant. Tous les instants de triangle amoureux font preuve d'un charme où soudain les clivages sociaux (la modernité et le bagout du personnage féminin) et culturels s'estompent pour simplement observer des jeunes gens qui s'épanouissent. La réalité va vite les rattraper et le drame sera autant dû au complexe d'infériorité chinois d'alors qu'au sentiment de supériorité et à l'aveuglement japonais. Notre héros s'élèvera donc au-dessus des problématiques idéologiques qui rongent son temps pour se plonger dans son art, les évènements auxquels on vient d'assister étant supposé lui avoir inspiré son roman "Le Naufrage" qui narre les amours d'un étudiant. Les jeunes acteurs sont excellents et Chow Yun Fat (un peu trop mis en avant dans la promo et les affiches vu son temps de présence à l'écran) exprime magnifiquement la mélancolie et les regrets des temps passés, dévorant l'épilogue de son charisme. Le film produit en 1985 par la Shaw Brothers restera malheureusement trois ans dans les tiroirs pour ne sortir qu'en 1988 (agrémenté de quelques scènes de nu pour attirer le chaland), le fondant plus dans l'esthétique émergente des Wong Kar Wai qu'il a pourtant précédé. Ces mésaventures ne suffisent pourtant pas à dénaturer le très beau film qu'est Cherry Blossoms. 4,5/6

Image
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Murder on D Street de Akio Jissoji (1998)

Image

Murder on D Street est une adaptation d'Edogawa Ranpo qui s'inscrit dans le regain d'intérêt que trouve l'écrivain au Japon dans les années 90, bénéficiant de rééditions prestigieuses, d'études universitaires et de transpositions cinématographiques nanties. Alors que les adaptations des années 60/70 (Le Lézard noir de Kinji Fukasaku (1968), La Bête aveugle de Yasuzo Masumura (1969), Horror of Malformed Men de Teruo Ishii (1969), La Maison des perversités de Noboru Tanaka (1976)) travaillent une forme de provocation notamment dans la violence et l'érotisme, celles des 90's, fortes de ce retour en grâce de l'auteur, creusent plutôt un sillon méta et référencé. C'est le cas du fascinant The Mystery of Ranpo de Rintaro Mayuzumi et Kazuyoshi Okuyama (1994), objet inclassable entre adaptation et biopic fantasmé d'Edogawa Ranpo. On retrouve de cela dans Murder on D Street qui adapte la première aventure de Kogoro Akechi, le plus célèbre personnage de Ranpo et sorte Sherlock Holmes à la japonaise. C'est le succès de cette nouvelle qui incita Ranpo, à la demande de ses éditeurs, d'en faire un héros récurrent que l'on retrouvera tout au long de douze romans et nouvelles. Dans la version écrite de Murder on D Street, Akechi n'est donc pas encore le gentleman détective charismatique et perspicace, mais plutôt un jeune homme féru d'énigme policière qui va se trouver par hasard à une affaire criminelle qu'il va résoudre. Le film se démarque de cet aspect et tient compte de la connaissance du grand public japonais pour le personnage, pour le montrer à la fois sous son jour le plus iconique mais aussi le déconstruire. Ainsi Akechi nous est d'abord présenté comme un reclus hirsute et désabusé, retiré des affaires policières malgré une célébrité qui demeure après ses exploits passés (l'occasion de faire dans le référentiel lorsqu'un personnage lui cite certaines anciennes affaires résolues qui firent la une des journaux, et donc autant de citations de roman).

La mise en abime est au cœur même du récit. Tokiko Sunaga (Yumi Yoshiyuki) est une séduisante veuve qui va réclamer les services de Fukiya (Hiroyuki Sanada), peintre et faussaire de génie. Elle attend de lui qu'il peigne des copies parfaites des originaux d'un peintre controversé qu'elle a en sa possession. La première mise en abime intervient lorsque Fukiya comprend que le modèle des sulfureuses peintures bondage n'est autre que sa commanditaire au passé sulfureux sous ses airs respectables. L'égo de Fukiya va donc l'inciter à être le seul dépositaire de l'œuvre du peintre et que sa copie se substitue à l'original. Pour cela il doit tuer Tokiko, seule preuve vivante du subterfuge qu'il envisage. La mise en scène scrute les poses les plus scandaleuses des peintures en adoptant le point de vue fasciné de Fukiya, et les mets en parallèle des vrais ébats SM d'un couple adultère vivant dans la même rue. Un montage alterné entremêlera même plus tard les étreintes passionnées des amants avec la scène de meurtre par étranglement, faisant du sexe une danse de la mort typique du style d'Edogawa Ranpo - et ce jusque dans la réaction de la victime, excitée puis apeurée en voyant que cette violence ne relève plus du seul jeu sexuel. Le traitement du décor participe également à cette mise en abime. On voit littéralement lors de la scène d'ouverture la construction de la maquette de ce pan de rue, les arrière-plans sur fond noir sont surplombés d’immenses pages blanches bardées de kanji (avec des extraits d'ouvrage de Ranpo peut-être ?) tandis que les passants sont des silhouettes cartonnées. Tout cela travaille l'artificialité volontaire du film, qui nous plonge dans une bulle onirique dédiée à l'univers d'Edogawa Ranpo. La photo diaphane et stylisée travaille cette idée dans les scènes d'intérieurs, une forme de pastiche policier nourrit certains passages comme l'interrogatoire des suspects braqués par une lampe blanche dans le visage. C'est donc pour démonter le vrai du faux, la copie de l'original, la réalité de la mise en scène, que Akechi revient aux affaires pour résoudre le meurtre. Dès lors sous le regard du détective, l'artifice principal arme de Fukiya, vole en éclat lors de la superbe scène du test psychologique (qui fait d'ailleurs référence à une nouvelle éponyme où Akechi en use) où le travail sur la couleur vient contredire l'assurance du meurtrier. Kyusaku Shimada incarne est excellent Akechi, froid et réfléchi qui manœuvre brillamment son adversaire par l'égo démesuré de celui-ci. C'est à la fois austère et stylisé, avec le risque de perdre le non lecteur de Ranpo par sa distance assumée quant à son récit policier. Cela n'en demeure pas moins un travail très original en termes d'adaptation. 4,5/6

ImageImageImageImageImage
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Au Revoir, Mon Amour de Tony Au (1991)

Image

Saga se déroulant pendant la guerre sino-japonaise à Shanghai. Une chanteuse de cabaret (Anita Mui) est amoureuse d’un guerillero chinois qui apparaît et disparaît au gré de ses activités secrètes. Elle tombe enceinte de ce dernier, mais se morfond de l’absence de son amant...

Au revoir mon amour est une fresque historique que l'on doit à Tony Au, surtout pour son travail de directeur artistique chez Ann Hui (The Story of Woo Viet (1981), Boat People (1982), Stanley Kwan (Women (1985)), Sammo Hung (Shanghai Express (1986) ou plus récemment Wong Kar Wai sur The Grandmasters (2013). Il mena en parallèle une carrière de réalisateur dont ce Au revoir, mon amour est certainement un des budgets les plus nantis dont il a pu bénéficier. L'histoire se déroule dans la Chine occupée par les japonais à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. C'est une véritable poudrière où les japonais imposent tyranniquement leur volonté, aidé par la milice de collaborateur chinois menés par Tieh (Norman Chu) tandis qu'une résistance clandestine s'organise autour de Liang Seng (Tony Leung Kar fai). Le récit conjugue ainsi fresque historique, film de guerre et d'espionnage mais surtout en fil rouge l'histoire d'amour avortée entre Liang Seng et la chanteuse chinoise Mui Yi (Anita Mui). Le devoir pour la patrie empêche cette romance de pleinement s'épanouir, le contexte politique séparant les amants tout au long de l'histoire et posant nombre de sacrifices douloureux.

Le passé de directeur artistique de Tony Au éclate à l'écran avec une somptueuse reconstitution magnifiquement en valeur. On reconnaît bien là la patine du cinéma hongkongais des années 80/90 (notamment les productions FilmWorkshop de Tsui Hark) mais à laquelle le savoir-faire de Tony Au amène encore un faste et un soin supplémentaire dans la stylisation du décor (le cabaret en ouverture), l'usage des maquettes et la photo magnifique que se partagent rien moins que Peter Pau, David Cheung et Bill Wong. Le bât blesse donc plutôt sur le fond que la forme. Même si le drame du récit fonctionne sur les rendez-vous manqués entre Liang Seng et Mui Yi, leur moments ensemble ne possède pas le souffle et la puissance émotionnelle suffisante pour frustrer le spectateur et le rendre fébrile de leur retrouvailles. Tony Leung Kar fai et Anita Mui sont pourtant au sommet de leur glamour et photogénie, mais leurs rares scènes communes sont trop quelconques et elliptiques pour poser la fibre romanesque attendue - hormis peut-être la dernière scène. Les personnages énoncent leurs sentiments (les nombreuses voix-off) plus qu'ils ne les manifestent dans la mise en scène. A trop travailler l'idée de cette frustration, le scénario (signé Gordon Chan futur réalisateur de Fist of Legend (1994)) cloue un peu sa romance au sol, ainsi que le triangle amoureux avec le diplomate japonais joué par Hidekazu Akai. Il y a pourtant bien une vraie romance vibrante au sein du film, celle entre le "collabo" Tieh et la chinoise Wu (Carrie Ng). Là tout d'un coup les mots sont inutiles et c'est une fièvre sensuelle et érotique puissante qui guide leur irrépressible rapprochement, faisant imploser amitié et alliance politique en arrière-plan. C'est le traitement que l'on aurait voulu pour le couple principal, et avec touche d'ambiguïté bienvenue par l'humanisation du méprisable personnage de Tieh.

Le cadre dépeignant l'atmosphère d'une Chine sous occupation japonaise est intéressante mais trop timorée, loin des questionnements complexes du magnifique Red Dust de Yim Ho sorti l'année précédente, et encore plus loin de la violence insoutenable du plus récent City fo life and death de Chu Luan (2009). Le film est sans doute un peu écrasé par son cahier des charges cherchant à trop brasser de genres et direction, notamment quand surgissent de façon incongrues des scènes d'actions à la John Woo sans la virtuosité filmique et l'émotion viscérale. Pas inintéressant donc mais pas vraiment réussi. 3/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Le Cinéma asiatique

Message par Profondo Rosso »

Nouvelle vidéo Eastasia consacrée à Eric Khoo

Avatar de l’utilisateur
Ikebukuro
Machino
Messages : 1218
Inscription : 31 mars 12, 19:28
Contact :

Re: Le Cinéma asiatique

Message par Ikebukuro »

Je ne sais pas si j'en avais parlé ici : en matière de thèse, sur le cinéma japonais, j'avoue avoir été hyper impressionné par le travail de cette nana : "Thèse de Doctorat "Histoire du cinéma japonais en France des années 50 à 80" http://japon.canalblog.com/archives/201 ... 73785.html
Mon blog sur le Japon : http://japon.canalblog.com/
Mon blog sur le cinéma : http://kingdomofcinema.canalblog.com/
Répondre