Supfiction a écrit : ↑17 févr. 21, 12:16
Encore une fois, je ne fais pas d’amalgame, je dis simplement que ces thèmes portés par Trump font fortement écho à ceux de ces films de EastWood.
Par contre, l’homme seul qui affronte le système, c’est plutôt du populisme de droite, la gauche se revendiquant plutôt du collectif (contre les forces de l’argent en gros) et de l’Etat protecteur.
Je ne suis pas du tout convaincu par cette idée. Ce n'est pas parce qu'on entend Trump dire ça, que cela doit oblitérer le fait que les films d'Eastwood ne sont pas l'écho de Trump mais d'idées qui sont bien antérieures et différentes de ce qui est décrit. C'est très bancal comme réflexion.
Quant à la question du populisme, il ne faut pas confondre la gauche avec le populisme de gauche.
Il y a une énorme porosité entre les différents populismes (gauche et droite) ce qui est par ailleurs l'essence même des mouvements populistes - historiques (faut-il rappeler que le fascisme italien s'est construit sur le rassemblement de forces anarcho-syndicales, crypto-léninistes + réactionnaires de droite anti-capitalistes qui fustigeaient le "système" en place. Beaucoup de transfuges communistes ont migré dans le parti fasciste).
Le populisme est une notion très complexe à définir : elle a au moins deux aspects différents par rapport à la démagogie : la construction d'un discours anti-système et d'une proposition où il ne s'agit plus vraiment de faire corps avec toute la structure de la société pour proposer un "vivre ensemble" prenant en compte l'ampleur du spectre sociétal (entièreté), mais de définir et de grandir politiquement sur la construction d'une opposition barricadée entre le "eux" et le "nous". On définit ensuite le "nous" avec des critères plus moins différents en fonction du champ racial/social/économique, le tout reposant plus ou moins sur l'idée que si le "nous" ne fonctionne pas/souffre, c'est en raison de la conspiration multi-factorielle du "eux" précédemment défini par le courant populiste en question.
"L'homme seul ici affrontant le système" n'est en rien un populisme de droite. C'est plutôt une expression symptomatique dun petit libertarian américain avec les ressorts habituels transférés du XIXe au XXIe. Fondamentalement, c'était le petit éleveur-agriculteur cow boy du Wyoming affrontant avec difficulté "l'oppression" grandissante de l'Etat fédéral qui lui dit qu'il ne peut plus faire ce qu'il veut au nom du collectif encadré par un Etat supra-local, et qui entend donc régir ses terres dans le cadre de l'incorporation de l'Etat à celui des Etats-Unis - et du champ de Washington. Ce n'est pas du populisme, c'est une forme crypto-libertarienne, anarchiste de droite héritée de l'ADN américain du 19e et rafraîchie à la sauce d'aujourd'hui. C'est une expression classique de certains courants républicains qui n'ont rien de populiste à mes yeux.