Olivier Gourmet est l'acteur le plus épatant en France actuellement, selon moi.
Ses deux derniers films, Jamais de la vie et L'odeur de la mandarine m'ont totalement scotché.. Terre battue précédemment, et surtout le très bon L'exercice de l'état lui avaient donné l'occasion de tenir enfin des films en tête d'affiche en France et plus seulement d'être un excellent second rôle (comme dans Mesrine ou Grand Central entre autres).
Olivier Gourmet marche à cadence forcée : cinq films en 2015, huit en 2017, déjà trois et un feuilleton en 2019. Dans « Ceux qui travaillent » (en salles le 25 septembre), premier film très réussi d’Antoine Russbach, l’acteur incarne Frank, un cadre sup dans une entreprise de logistique maritime, qui prend une décision fatale. Déchiré par la culpabilité, lesté d’une lourde faute morale, le personnage révèle toute la palette d’Olivier Gourmet, jadis considéré comme un amuseur, aujourd’hui empreint d’une gravité tragique. Il a été cardinal dans « l’Ami, François d’Assise et ses frères », photographe dans « le Secret de la chambre noire », aventurier dans « En amont du fleuve », anarchiste dans « le Jeune Karl Marx », croque-mort dans « Grand Froid », bandit dans « Tueurs », régent de France dans « l’Echange des princesses », cabotin dans « Edmond » et avocat flamboyant dans « Une intime conviction ». Il passe de l’aristocratie au prolétariat, du rire aux larmes, du monde de Flaubert à celui de Dany Boon avec simplicité et virtuosité, et certains personnages, comme celui du veilleur de nuit de « Jamais de la vie » de Pierre Jolivet (2015), sont inoubliables. Ce natif de Namur a gardé du pays natal une pointe d’accent, un respect bien ancré pour une bonne gueuze, et n’hésite pas à faire une zwanze (blague en bruxellois) aux petits oignons.