Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Alexandre Angel
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Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Alexandre Angel »

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Un peu en deçà de mes attentes personnelles mais néanmoins très très bon, Elle étonne et séduit de par la place étrange qu'il occupe désormais dans le paysage du cinéma français : celle émanant d'un regard transis d'une étrangeté qui était, beaucoup l'ont déjà souligné, celui de Luis Bunuel, lorsqu'il faisait grincer de très françaises marquèteries bourgeoises, avec la malicieuse complicité de Jean-Claude Carrière, au cours des années 70. C'est dans une veine similaire qu'Isabelle Huppert arpente l'ahurissante fiction qui constitue le postulat du film; traversée dont le détachement onirique rappelle celui des personnages bunueliens, alors même qu'ils rencontraient les situations les plus invraisemblables. Il y a également, dans Elle, quelque chose de la dernière manière d'Alain Resnais (et la présence d'Anne Consigny apporte un peu d'eau à ce moulin). Non seulement dans cette visitation par l'imaginaire de réalités bien de chez nous, dans cette façon particulière de faire suinter l'insolite d'une source dont un réalisateur banal n'aurait tiré rien que de très conventionnel, dans cette conclusion prenant pour cadre un cimetière mais aussi, et surtout, de par la qualité translucide, poétique du regard qui rend n'importe quel plan du film au moins intéressant à regarder. Ce sont là de belles références. Mais heureusement, avant tout, Verhoeven est Verhoeven et Elle porte la marque de sa manière particulière d'accueillir avec générosité les matériaux les plus hétérogènes pour les plier, les travailler à la manière de l'esthète, du peintre de la Renaissance que le hollandais a dû être dans une autre vie. De tous les cinéastes du monde, Verhoeven est un de ceux dont on reconnaît le style au physique de ces créatures. Marmoréennes, cireuses, "grévines" même, dotées de yeux souvent bleus verts, on les croisent dans tous les films du cinéastes qu'elles soient adipeuses (la "dondon" qui sert de cache à Schwarzenegger dans Total Recall ou la grosse go-go dancer de Showgirls) ou jolies (les poupées Barbie ou les "Action Joe" de Starship Troopers).
Ce qu'il y a de génial dans Elle se résume à l'incroyable traitement réservé à Isabelle Huppert, qui ne se contente pas d'être le joyau d'un écrin ciselé, mais se mue sous nos yeux en créature de l'orfèvre, étrange, inventive, fantasque. Vous savez quoi ? Verhoeven lui donne peut-être son plus grand rôle.
Dernière modification par Alexandre Angel le 30 mai 16, 00:43, modifié 1 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Profondo Rosso
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Profondo Rosso »

Nous avions laissé Paul Verhoeven sur l’époustouflant Black Book (2006) et depuis la nouvelle provocation du « hollandais violent » se faisait attendre. Il adapte ici le roman de Philippe Dijan Oh et faute de financement aux Etats-Unis se plie à un tournage en France avec le langage et casting idoine. Ce changement de contexte n’empêche pas de signer une œuvre singulière typique de son cinéma. La nature dominant/dominés des relations hommes/femmes a toujours constitué une notion subversive chez Verhoeven qui en donne un versant clinique et déroutant ici. La femme d’affaire Michèle Leblanc (Isabelle Huppert) est violée par un inconnu vêtu de noir et cagoulé dans le pavillon de banlieue où elle vit seule. Le film s’ouvre sur ce traumatisant moment dont la brutalité se révèle d’abord par le son des cris et du mobilier brisé sur fond d’écran noir, avant de se le laisser voir crument par l’image. Ce choix amorce l’idée du déni de l’héroïne de cette agression, ou du moins d’une acceptation placide de ce qui constitue le pire des abus pour une femme. Isabelle Huppert excelle à exprimer cela par un détachement qui relève du maladif, rangeant machinalement l’appartement dévasté, commandant chinois et prenant un bain. La tâche de sang apparaissant dans le blanc immaculé du bain moussant exprime pourtant subtilement la brisure mentale et psychique indélébile sous la normalité de façade.

Chez Verhoeven la sexualité féminine est tout à la fois un instrument de pouvoir et de souffrance. Les personnages les moins subtils en font une simple arme de manipulation de la gent masculine telle la Sharon Stone de Total Recall (1990) et Basic Instinct (1991). Souffrance et pouvoir se conjuguent chez les figures les plus fascinantes comme l’innocente Jennifer Jason Leigh abusée dans La Chair et le Sang (1985), le passif douloureux que l’on devine chez l’héroïne white trash et ambitieuses de Showgirl (1995) et bien sûr la résistante juive infiltrée de Black Book. Dans chacune de ces œuvres, Verhoeven dilue habilement les repères moraux, les héroïnes s’avérant insaisissables et ambiguës dans leur rapport à ceux dont elles voulaient se venger. Jennifer Jason Leigh hésite entre trahison et amour qui ne s’avoue pas envers le brutal Rutger Hauer, Elizabeth Berkeley se confronte aux contradictions de son ambition dans Showgirl, et l’ennemi nazi prend un visage moins uniforme pour Carice Van Houten dans Black Book. Le sens de la provocation de ses œuvres hollandaise explorant les mêmes questions (Business is Business (1971), Katie Tippel (1975) ou Le Quatrième Homme (1983)) trouvaient leur équivalent dans l’outrance et la démesure de sa période américaine, dessinant des sociétés corrompues où les femmes devaient s’astreindre de toute vertus morales ou physiques pour s’imposer. Paul Verhoeven y agissait comme un véritable agent du chaos bousculant la bienséance de la société hollandaise ou l’hypocrisie de la société américaine. Le problème de Elle est de vouloir reprendre ces motifs avec une sorte de retenue, de subtilité. Ce n’est pas le registre de Verhoeven qui n’est jamais aussi bon que dans l’outrance, le portrait au vitriol et la violence (physique, sexuelle, psychologique) exacerbée jusqu’à l’absurde qui fait tout s’annuler. Une démarche qui fonctionne parfaitement dans les contextes hauts en couleurs de ces films américains, le Moyen Age paillard et bigot de La Chair et le sang, Las Vegas terre de tous les vices dans Showgirl, le néo noir hypersexué de Basic instinct sans parler des futurs cauchemardesques de Robocop (1987) et Starship Troopers (1997). La banalité du cadre franchouillard de Elle ne s’y prête pas et ne fait jamais décoller le propos de Verhoeven.

Cette retenue se justifie dans un premier temps par la nature froide et « sous contrôle » d’Isabelle Huppert. Le traumatisme ressurgit au gré d’une construction habile (le montage révélant le rôle malheureux du chat dans l’agression), d’un décalage comique réjouissant et inattendu - la désinvolture avec laquelle l’héroïne révèle les faits à ses amis – avant de tenter de refaire naître la tension lorsque le violeur nargue Isabelle Huppert, lui faisant comprendre qu’il l’observe et est prêt à récidiver. La banlieue pavillonnaire terne, le milieu du jeu vidéo vu de façon très superficielle et la galerie de personnage grossièrement dessinée (mention spéciale à l’amant queutard joué avec de gros sabots par Christian Berkel) tisse un environnement trop quelconque pour faire basculer le film dans cet ailleurs monstrueux et immoral que sait si bien dépeindre Paul Verhoeven. Il se repose avant tout sur une extraordinaire Isabelle Huppert perdue entre attente et crainte de son agresseur (dont l’identité peut aisément s’anticiper), mais qui comme souvent finit par vampiriser l'ensemble. En poussant jusqu’à l’absurde vulgaire et violent ces autres films, Verhoeven balayait d’un revers tout jugement moral des pourfendeurs de ses films (Basic Instinct provoquant les foudres du milieu gay, Starship Troopers accusé de nazisme) tandis que Elle par une approche plus subtile et/ou timorée (selon les gouts) provoque des réactions certes injustifiée mais compréhensible des féministes y voyant une apologie du viol. La force des autres films de Verhoeven était d’interroger par la satire son Hollande d’origine ou ses Etats-Unis d’accueil, difficile de voir un vrai regard sur une France résumée à des banlieues pavillonnaires et adultères bourgeois qu’on trouverait partout ailleurs. Les quelques pistes lancées avec le personnage du fils sont trop grossières (et desservie par l’interprétation de Jonas Bloquet et Alice Isaaz en jeune fiancée) pour rétablir cette faille. Le cadre qui oppresse/brise l'héroïne n'existe pas assez pour rendre son redressement aussi spectaculaire et puissant que dans les autres films du réalisateur. Paul Verhoeven pèche par une retenue qui ne lui sied guère et facilite les interprétations hasardeuses pour les moins familiers à son cinéma dans ce qui est son film le plus faible avec Hollow Man (2000). 3/6
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Blue »

S'il n'est pas le grand retour espéré du "hollandais violent" depuis un exceptionnel "Black Book" il y a dix ans, "Elle" nous donne néanmoins suffisamment la sensation d'avoir retrouvé le ton satirique et grinçant qui animait les œuvres phares de Paul Verhoeven et fait encore l’originalité de son auteur, surnageant par défaut dans une production s'empêtrant aujourd'hui souvent avec bien moins de réussite dans du piètre humour noir, cynisme ou second degré, cachant la misère d'une propension pourtant réelle à l'aseptisation progressive du cinéma.
Là où le bât blesse, c'est qu'en allant aussi loin dans l'opacité des sentiments, à travers une Isabelle Huppert - par ailleurs brillante - dans un registre plein d’ambiguïté qui nous rappelle (trop ?) sa prestation de "La Pianiste" d'Haneke, à travers également une image chromatiquement terne (ce qui n'est pas là un défaut, mais un choix artistique qu'on peut au moins remettre en question), et en brouillant les repères moraux à n'en plus finir, Paul Verhoeven dans son numéro d'équilibriste franchit trop souvent la barrière de la froideur, à en rendre l'ensemble de son film un peu contre productif (voire inopérant par moment en terme d'intelligibilité) pour un spectateur ayant au final bien du mal à s'identifier à une héroïne aux réactions aussi décalées.
L'autre point noir, c'est peut être cette question de la foi juste effleurée à travers le personnage incarné par une Virginie Effira malheureusement trop peu visible pour lui donner suffisamment d'épaisseur.

6,5/10
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Alexandre Angel
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Blue a écrit : Paul Verhoeven dans son numéro d'équilibriste franchit trop souvent la barrière de la froideur, à en rendre l'ensemble de son film un peu contre productif (voire inopérant par moment en terme d'intelligibilité) pour un spectateur ayant au final bien du mal à s'identifier à une héroïne aux réactions aussi décalées.
Pas faux mais puisque tu parles d'équilibrisme, je trouve que le funambule s'arrange avec brio pour que l'équilibre se maintienne et que l'ensemble fonctionne. Je l'ai vu dans une salle bien remplie et j'ai ressenti de bonnes vibrations émanant du public, qui semble intégrer la bizarrerie du film. Mais c'est, en effet, un pur exercice d'équilibriste et il suffirait de peu pour que tout s'effondre. Le film tient grâce à sa vitalité créative.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par mannhunter »

Profondo Rosso a écrit :La banalité du cadre franchouillard de Elle ne fait jamais décoller le propos de Verhoeven.

La banlieue pavillonnaire terne, le milieu du jeu vidéo vu de façon très superficielle et la galerie de personnage grossièrement dessinée (mention spéciale à l’amant queutard joué avec de gros sabots par Christian Berkel) tisse un environnement trop quelconque pour faire basculer le film dans cet ailleurs monstrueux et immoral que sait si bien dépeindre Paul Verhoeven. Il se repose avant tout sur Isabelle Huppert perdue entre attente et crainte de son agresseur (dont l’identité peut aisément s’anticiper), mais qui comme souvent finit par vampiriser l'ensemble.
Les quelques pistes lancées avec le personnage du fils sont trop grossières (et desservie par l’interprétation de Jonas Bloquet et Alice Isaaz en jeune fiancée) pour rétablir cette faille. Le cadre qui oppresse/brise l'héroïne n'existe pas assez pour rendre son redressement aussi spectaculaire et puissant que dans les autres films du réalisateur. Son film le plus faible avec Hollow Man (2000). 3/6
Oui pour le caractérisation et le casting inégal...par contre j'avais bien aimé "Hollow Man" :oops: , formellement plus attrayant que ce dernier opus.
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Profondo Rosso
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Profondo Rosso »

mannhunter a écrit :
Profondo Rosso a écrit :La banalité du cadre franchouillard de Elle ne fait jamais décoller le propos de Verhoeven.

La banlieue pavillonnaire terne, le milieu du jeu vidéo vu de façon très superficielle et la galerie de personnage grossièrement dessinée (mention spéciale à l’amant queutard joué avec de gros sabots par Christian Berkel) tisse un environnement trop quelconque pour faire basculer le film dans cet ailleurs monstrueux et immoral que sait si bien dépeindre Paul Verhoeven. Il se repose avant tout sur Isabelle Huppert perdue entre attente et crainte de son agresseur (dont l’identité peut aisément s’anticiper), mais qui comme souvent finit par vampiriser l'ensemble.
Les quelques pistes lancées avec le personnage du fils sont trop grossières (et desservie par l’interprétation de Jonas Bloquet et Alice Isaaz en jeune fiancée) pour rétablir cette faille. Le cadre qui oppresse/brise l'héroïne n'existe pas assez pour rendre son redressement aussi spectaculaire et puissant que dans les autres films du réalisateur. Son film le plus faible avec Hollow Man (2000). 3/6
Oui pour le caractérisation et le casting inégal...par contre j'avais bien aimé "Hollow Man" :oops: , formellement plus attrayant que ce dernier opus.
Ah mais j'aime bien aussi Hollow Man (le meilleur homme invisible depuis la version des années 30 avec Claude Rains) mais le film est quand même très en dessous vu la série réussites impressionnantes qui précède :wink:
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Spongebob
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Spongebob »

Profondo Rosso a écrit : La banalité du cadre franchouillard de Elle ne s’y prête pas et ne fait jamais décoller le propos de Verhoeven.

Cette retenue se justifie dans un premier temps par la nature froide et « sous contrôle » d’Isabelle Huppert. Le traumatisme ressurgit au gré d’une construction habile (le montage révélant le rôle malheureux du chat dans l’agression), d’un décalage comique réjouissant et inattendu - la désinvolture avec laquelle l’héroïne révèle les faits à ses amis – avant de tenter de refaire naître la tension lorsque le violeur nargue Isabelle Huppert, lui faisant comprendre qu’il l’observe et est prêt à récidiver. La banlieue pavillonnaire terne, le milieu du jeu vidéo vu de façon très superficielle et la galerie de personnage grossièrement dessinée (mention spéciale à l’amant queutard joué avec de gros sabots par Christian Berkel) tisse un environnement trop quelconque pour faire basculer le film dans cet ailleurs monstrueux et immoral que sait si bien dépeindre Paul Verhoeven. Il se repose avant tout sur une extraordinaire Isabelle Huppert perdue entre attente et crainte de son agresseur (dont l’identité peut aisément s’anticiper), mais qui comme souvent finit par vampiriser l'ensemble. En poussant jusqu’à l’absurde vulgaire et violent ces autres films, Verhoeven balayait d’un revers tout jugement moral des pourfendeurs de ses films (Basic Instinct provoquant les foudres du milieu gay, Starship Troopers accusé de nazisme) tandis que Elle par une approche plus subtile et/ou timorée (selon les gouts) provoque des réactions certes injustifiée mais compréhensible des féministes y voyant une apologie du viol. La force des autres films de Verhoeven était d’interroger par la satire son Hollande d’origine ou ses Etats-Unis d’accueil, difficile de voir un vrai regard sur une France résumée à des banlieues pavillonnaires et adultères bourgeois qu’on trouverait partout ailleurs. Les quelques pistes lancées avec le personnage du fils sont trop grossières (et desservie par l’interprétation de Jonas Bloquet et Alice Isaaz en jeune fiancée) pour rétablir cette faille. Le cadre qui oppresse/brise l'héroïne n'existe pas assez pour rendre son redressement aussi spectaculaire et puissant que dans les autres films du réalisateur. Paul Verhoeven pèche par une retenue qui ne lui sied guère et facilite les interprétations hasardeuses pour les moins familiers à son cinéma dans ce qui est son film le plus faible avec Hollow Man (2000). 3/6
Entièrement d'accord avec toi. Je ne comprends pas les critiques élogieuses.
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odelay
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par odelay »

Ben moi je les comprends car une semaine après le film je n'arrête pas d'y penser et j'ai vraiment une grosse envie de le revoir.
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Mosin-Nagant »

Vu hier soir. Je vais également y retourner.

Hâte de voir son prochain projet français, durant la Seconde Guerre Mondiale.
Avec "Elle", j'ai eu l'impression que Verhoeven cherche ( et trouve ) ses marques dans ce nouveau contexte de production.
Ce qui s'annonce pourrait être encore meilleur. J'espère juste ne pas avoir à attendre encore 10 ans.

7,5 / 10
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Flol »

Mosin-Nagant a écrit :J'espère juste ne pas avoir à attendre encore 10 ans.
J'espère pas non plus, bientôt 78 ans le Paulo.
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Supfiction »

Est-ce qu'on va avoir droit à un match improbable Dumont/Verhoeven aux prochains Cesars ? :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Thaddeus »

Un article qui me laisse coi.

Mais j'imagine que la tête que je fais en le lisant doit être à peu près celle que fait un fan de Tarantino lorsque je lui parle de ses derniers films, donc je vais faire profil bas.
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Watkinssien »

Thaddeus a écrit :Un article qui me laisse coi.

Mais j'imagine que la tête que je fais en le lisant doit être à peu près celle que fait un fan de Tarantino lorsque je lui parle de ses derniers films, donc je vais faire profil bas.
Tu fais preuve de sagesse sur ce coup-là. :wink:

Bon l'article vaut ce qu'il vaut, mais en voyant le film de Verhoeven, j'ai été à la fois horrifié autant que je grinçais des situations. C'est un film qui s'inscrit assez bien dans la filmographie du cinéaste, tout en apportant une position plus étrange d'un cinéaste d'une autre nationalité qui traite un sujet qui aurait pu être raconté dans d'autres cultures ou pays, sans problème.

Le film est sardonique, horrible dans ce qu'il raconte, mais explore les paradoxes de l'être humain qui compose avec entre les extrêmes de ces conditions. Bref, désolé, pas envie de violer qui que ce soit en regardant le film. :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Thaddeus »

Watkinssien a écrit :Tu fais preuve de sagesse sur ce coup-là.
Comme toujours. :mrgreen:

Le parallèle est très personnel et va sembler saugrenu, mais c'est un film qui m'a donné un peu la même impression d'achèvement que The Ghost Writer, sorti il y a six ans. C'est-à-dire qu'il fait preuve d'une dextérité assez invraisemblable pour manier l'ambigüité, l'invisible et le non-dit tout en restant parfaitement limpide dans les mécanismes qu'il emploie. Narration au rasoir, équilibre idéal entre latent et formulé, confiance maximale en la capacité du spectateur à saisir ce qui n'est pas explicitement dit : il n'y a rien à ôter ou à rajouter, tout est à sa place pour que l'on comprenne ce qu'il y à comprendre. C'est une marque de grande réussite : la lisibilité absolue, même - et surtout - lorsque le sujet est aussi trouble et ambivalent. De ce point de vue je suis un peu surpris lorsque je lis que le film est choquant ou amoral. Ce n'est pas du tout mon opinion. Il est ironique certes, volontiers grinçant bien sûr, assez corrosif évidemment, mais aussi tout à fait au clair avec les mécanismes intérieurs qu'il prétend décrire, et qui s'inscrivent dans un contexte fictionnel très particulier. Il n'y a bien évidemment aucune généralisation à en tirer : cette histoire est celle, tout à fait singulière, d'une femme survivante d'une apocalypse familiale et qui, en restant fidèle à elle-même, à son refus de se laisser dominer par qui que ce soit ou que ce soit, va inverser le rapport de force hérité du drame vécu. Non seulement Verhoeven ne la juge pas, mais surtout il consacre son énergie irrépressible, tout comme il offre à tous les personnages une occasion de surmonter leurs turpitudes, leurs faiblesses, leur veulerie. C'est quelque chose que je redoutais particulièrement au vu des critiques, même les plus élogieuses : la souscription à une misanthropie bête et méchante, et ce n'est pas du tout ce que j'ai vu. La réconciliation finale entre tous les protagonistes en atteste, même si certains y verront probablement une marque ultime de cynisme. "C'était vraiment nul", se désole le personnage d'Anne Consigny à celui d'Huppert, qui acquiesce, avant que les deux femmes repartent aussi soudées qu'avant. Ce faisant, Verhoeven souligne la lucidité de ses protagonistes aussi bien que leur capacité à dépasser ce qui aurait pu les briser. Toute sa philosophie vitaliste est contenue dans cet instant, mais elle parcourt le film entier, l'un des plus riches, passionnants et jubilatoires que j'ai vu ces derniers mois.
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Flol
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Re: Elle (Paul Verhoeven - 2016)

Message par Flol »

Thaddeus a écrit :Un article qui me laisse coi.
Les féministes, ce qui pouvait arriver de pire à la "critique" ciné.
(je suis un peu HS, mais dans le même ordre d'idées à la con, Rose McGowan se pose là elle aussi : http://www.ecranlarge.com/films/news/95 ... omotionnel)
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