Je n'ai pas encore vu le film mais là, tu dis vraiment des bêtisesSupfiction a écrit : Il y a de belles choses pourtant comme cette peinture presque maurrassienne d'une vie simple et harmonieuse, de la beauté du geste de l'artisan et du paysan, de la communion avec la faune et la flore. Mais l'agacement provoqué par le maniérisme, l'étirement extrême et l'abstraction des dialogues au profit d'une voix off lénifiante gâche ces qualités.
Je ne suis pas un grand spécialiste de cette littérature américaine, mais il est bien connu que Malick est très inspiré par le "panthéisme" et "l'harmonie de l'homme et de la nature" d'Henry David Thoreau, de Walt Whitman...Je mets entre guillemets parce que, je le répète, je n'ai jamais lu Walden et ainsi de suite, mais c'est quand même assez connu pour ne pas aller chercher des liens avec le conservatisme français. Cela se voit dans la totalité de ses films, notamment The Tree of Life, et surtout To the Wonder, et même Song to Song. Dans ces deux derniers films la dysharmonie entre l'homme et la nature créé la dysharmonie dans le couple, parce que la terre, la nature et l'homme sont en liens.
Dans la littérature française, ce lien peut exister mais n'a rien de ce religieux au sens concret comme au sens large. Rousseau, que tu cites ailleurs, théorise, et la plupart des auteurs qu'on pourrait vaguement rapprocher de ce mouvement américain ne sont pas religieux du tout.
Tant qu'à Charles Maurras, il n'a vraiment rien à voir là-dedans. Ce n'est pas un fils de paysan (je dis ça parce que je suppose que ta référence fait allusion au "La terre, elle, ne ment pas" qui est de Pétain, qui lui, l'était), ça a toujours été un citadin, et il n'est pas vraiment obsédé par la nature, c'est le moins qu'on puisse dire. Certes il aimait la Provence, la langue provençale et Frédéric Mistral...mais on est très très loin de ce qu'évoque Terrence Malick. La simplicité et l'harmonie, la communion avec la faune et la flore...ce n'étaient pas vraiment ses sujets, c'est le moins qu'on puisse dire.
Si j'insiste là-dessus, c'est parce que je trouve que démolir un film en quelques phrases, c'est toujours facile, mais encore faut-il au moins ne pas tout mélanger. On peut très bien ne pas apprécier la vision panthéiste (et dans son cas, évidemment religieuse du monde) de Malick, mais elle est profondément américaine. Elle n'a rien à voir avec le bon sauvage du XVIIIe français, encore moins avec le conservatisme français qui voyait le paysan et sa terre comme notre fondement culturel. Tant qu'à Maurras, qui s'intéressait aussi peu à la nature qu'au cinéma, là franchement, laisse ce pauvre Malick tranquille, je doute qu'il n'en ait jamais lu une ligne.
Si on veut vraiment trouver des racines européennes, Martin Heidegger, peut-être...Mais là je t'avoue que ça me dépasse encore plus que les films de Malick que je vois avec plaisir. Je crois juste savoir qu'il a finit sa vie dans une cabane dans les bois avec sa femme Et ses liens avec le nazisme, s'ils ont peut-être été exagérés, sont en tout cas moins innocents que ceux du héros d'Une vie cachée. Mais ma connaissance de l'oeuvre du philosophe ne me permet pas d'aller plus loin sur ce sujet.