Supfiction a écrit :On ne sait même pas bien précisément quelles ont été les motivations du personnage, ce qui a pu le choquer en 1940 pour avoir cette attitude, si c'est simplement le fait de tuer ou d'envahir des pays ou si c'est strictement le rejet de la politique du Reich (et dans ce cas, pourquoi ne pas avoir réagit plus tôt ? pourquoi avoir accepté de faire la campagne de France ?)
Oui mais c'est là ou tu est un peu agaçant. Les motivations du personnage sont connues et historiques: sa foi catholique et son refus de prêter serment à Hitler. Quand tu en parles comme ça, on a l'impression qu'il a été faire la guerre en France en 1940, puis a été pris d'un subit refus de prêter serment - ou d'aller faire la guerre en 1943. Il n'a jamais été mobilisé avant 1943 et, à priori, il ne refusait pas d'aller se battre mais de prêter serment - c'est là-dessus que porte son objection de conscience. Ce n'est même pas dans le film, c'est le personnage historique. Ce n'est pas comme dans
Tu ne tueras point de Mel Gibson, un objecteur de conscience qui refuse de se battre. C'est quelqu'un qui refuse de prêter serment à Hitler. Pour des raisons religieuses mais qui n'ont rien à voir avec le refus de combattre. C'est une autre objection de conscience.
Là, Malick y mêle ses propres goûts pour le panthéisme américain. Mais c'est lui que ça regarde.
Supfiction a écrit : Et peut-être, pensais-je naïvement, avoir une discussion.
Mais aucune discussion n'est possible, même pas un contre-argumentaire sans sarcasme. Il est tellement plus aisé de prendre les gens pour des cons ou leur dire qu'ils ont dormi devant le film. Le destin de cet homme devrait émouvoir.
Pas pour des cons, mais le cinéma de Malick mérite, par sa qualité, de se documenter un peu avant de voir ses films. Tu te sors de Maurras en désignant Peguy. Mais as-tu lu Peguy? En dehors de son poème sur les morts de guerre qui reviennent à la terre et la fertilise, je ne vois pas trop de rapport entre son oeuvre littéraire et Malick. Ce n'est pas non plus un obsédé du geste paysan et du rapport entre la terre fertile et ceux qui la créent. Ça, c'est intellectuellement en-dessous et du niveau de "La terre, elle, ne ment pas". Malick, c'est Thoreau, et pas l'"Idéologie française".
Dunn a écrit :En tout cas on ne sert à rien pour la terre. L'humain n'apporte rien à la planète. Citez moi des exemples où l'humain sert à quelque chose pour la terre (ne cherchez pas vous ne trouverez pas). Par contre, à l'inverse, la terre on s'en sert un peu trop... c'est pour ça qu'on est condamné.
Là, par contre, ça peut faire rebondir le débat. Parce que sans l'homme, c'est qui qui nous raconte la terre? Mon ami l'ours polaire, le morse, l'antilope, ou soyons plus ouverts, le végétal, l’herbe fertile (pour quoi?) ou le sequoia (de très longue vie, pourquoi et par rapport à quelle vie?)...C'est là où j'adore Terrence Malick et ses délires un peu curieux de ses derniers films.
Il adore sa planète terre. Il constate le désastre parce qu'il est est très écologiste. Il a une vision très panthéiste du monde. Mais il place l'homme au centre de sa vision. Parce que sans l'homme, qui voit?
Il fait quelques films assez curieux, parce que c'est un artiste et qu'il sait voir au-delà des mots. Et il livre un film, certes, avec ses défauts, mais sur la conscience. Ce que le règne animal n'aura jamais.