Quel avenir pour le cinéma ?

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Flol »

Coxwell a écrit : 8 sept. 21, 16:45 Il y a une imagerie, un traitement de photo, une lumière, une matière qui est très conditionnée en fonction du support destiné - dominant (grand écran, salle de cinéma, écran/smartphone). Il y a un certain type de photo/modelé de l'image qui change non pas seulement en raison des caméras numériques, mais aussi des conditions prévues par les plateformes et les producteurs de ce type (TV, échelle de gris, compression, etc.). Je l'ai entendu à plein de reprises de la bouche des réals petits ou grands. Netflix n'est pas qu'une plateforme, c'est aussi un producteur et un initiateur d'un certain type de contenus esthétiques.
Cela me rend triste car je constate jour après jour ce formatage esthétique dans les productions récentes estampillées Netflix and co. Et je ne parle même pas du contenu à l'écriture, qui est encore plus navrant sans doute.
On en a déjà parlé moult fois par ici, mais je ne serai jamais d'accord avec ce constat.
Surtout lorsque pour le justifier, on choisit des films qui ont simplement été achetés par Netflix, ce qui rend la démonstration totalement caduque.
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Coxwell
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Coxwell »

Supfiction a écrit : 8 sept. 21, 16:49 Je ne comprends pas bien ce reproche technique car bien avant Netflix, une majorité de films avait une vie essentiellement sur les petits écrans, qu’il s’agisse de comédies françaises destinées à passer sur TF1 le dimanche soir ou de nombreux films héritiers des séries B d’antan que l’on voyait en vhs/dvd.
Ce n'est pas une question de format mais de matière, de lumière, d'imagerie au sens large. Il y a un certain type d'image qui change, et ce n'est pas en soi uniquement lié à la technologie numérique. Il y a des cahiers des charges qui ont changé. Les sujets de réflexion à venir dans les écoles de cinéma seront très intéressants.
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Coxwell
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Coxwell »

Flol a écrit : 8 sept. 21, 16:52
Coxwell a écrit : 8 sept. 21, 16:45 Il y a une imagerie, un traitement de photo, une lumière, une matière qui est très conditionnée en fonction du support destiné - dominant (grand écran, salle de cinéma, écran/smartphone). Il y a un certain type de photo/modelé de l'image qui change non pas seulement en raison des caméras numériques, mais aussi des conditions prévues par les plateformes et les producteurs de ce type (TV, échelle de gris, compression, etc.). Je l'ai entendu à plein de reprises de la bouche des réals petits ou grands. Netflix n'est pas qu'une plateforme, c'est aussi un producteur et un initiateur d'un certain type de contenus esthétiques.
Cela me rend triste car je constate jour après jour ce formatage esthétique dans les productions récentes estampillées Netflix and co. Et je ne parle même pas du contenu à l'écriture, qui est encore plus navrant sans doute.
On en a déjà parlé moult fois par ici, mais je ne serai jamais d'accord avec ce constat.
Surtout lorsque pour le justifier, on choisit des films qui ont simplement été achetés par Netflix, ce qui rend la démonstration totalement caduque.
Quels exemples ai je pris ici-même ? Des films Netflix, produits (avec leurs contraintes posés aux reals) diffusés et vendus par leurs gentils "community manager" comme "arty" ET laiteux dans l'imagerie comme dans l'écriture, il y en a des légions à faire frémir Méphisto.
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Supfiction »

Format, lumière ou matière, cela ne change pas le fait que les films faisaient déjà depuis longtemps leur vie (et leur beurre) sur les écrans bien davantage que dans les cinémas. Non ?
Sans parler du fait que les écrans de cinéma se ressemblent de plus en plus a des écrans OLED géants.
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Flol »

Coxwell a écrit : 8 sept. 21, 16:55 Quels exemples ai je pris ici-même ?
Je ne parle pas de la discussion que nous actuellement sur ce topic, mais d'une précédente sur le même sujet, et qui avait pour point de départ un ou des films que Netflix n'avaient même pas produits, mais simplement achetés.
Enfin bref, comme on en a déjà PLEEIIIINNNNN de fois, je ne vais pas me répéter ad nauseam. ;)
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Message par Ender »

Supfiction a écrit : 8 sept. 21, 16:32 Sa phrase est très ambiguë. Elle commence par parler de l’apparence des films avant d’enchainer immédiatement sur leur réception et leur rayonnement.
Effectivement, et ce qui concerne le rayonnement m'interpelle plus, mais peut-être faut-il entendre que les deux ont partie liée. L'apparence même des films change de ne plus avoir de protocole d'apparition, celui mentionné par tenia. Pris en tenaille entre le flux hypertendu des nouveautés et la dérive dans l'océan de contenus, des films privés d'actualité propre et de devenir historique ou "légendaire" Jenkins dixit, changent d'apparence parce que le regard porté sur eux s'en trouve changé ; en quelque sorte ils n'apparaissent plus du tout. Peut-être les regarde-t-on de plus en plus avec l'estomac, moins avec les yeux, selon un rituel digestif, un protocole de disparition.
(...bon je ne suis pas sûr de vouloir prendre à mon compte l'ensemble de ce discours sur le mode de la déploration, c'est plutôt pour réfléchir aux métamorphoses en cours...)
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par tenia »


Coxwell a écrit : Des films Netflix, produits (avec leurs contraintes posés aux reals) diffusés et vendus par leurs gentils "community manager" comme "arty" ET laiteux dans l'imagerie comme dans l'écriture, il y en a des légions à faire frémir Méphisto.
En pratique, Netflix achètent bien plus des films déjà finis (ou rachètent en cours de route) plus qu'ils ne produisent eux-mêmes directement. Si contraintes il y a, elles ne viennent donc pas de Netflix (au-delà de se dire qu'ils peuvent acheter des films collant visuellement à ce que serait leur charte graphique).

Par ailleurs, des photos quelconques mais dans l'ère du temps, à savoir ultra numériques et laiteuses (et avec, au hasard, un diptyque récurrent bleu/orange), on en voit des tonnes depuis des années sur nos écrans. Forcément, vu le poids de ce type de photos, on le retrouve aussi parmi ce que Netflix achète. Auquels on peut cependant opposer, en contre-exemple, des prods Netflix n'ayant pas ce souci, des prods non-Netflix l'ayant, et des acquisitions Netflix qui l'ont alors qu'elles étaient/sont prévues en salles.

Bref, comme d'hab et comme le rappelle Flol à juste titre : de quoi on parle exactement (et dont on n'aurait pas parlé déjà 10 fois) ?

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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par hellrick »

tenia a écrit : 8 sept. 21, 17:51 Par ailleurs, des photos quelconques mais dans l'ère du temps, à savoir ultra numériques et laiteuses (et avec, au hasard, un diptyque récurrent bleu/orange), on en voit des tonnes depuis des années sur nos écrans.
Dans les 90's quasiment tous les films avaient une photo bleutée, ce qui était quand même un peu plus joli que la mode suivante du "jaunâtre délavé" puis du "grisâtre genre faux noir et blanc parce que mon film est sombre et pesant". J'attends le retour des couleurs qui pêtent façon Mario Bava / Argento :fiou:

C'est cyclique.
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Coxwell
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Coxwell »

Supfiction a écrit : 8 sept. 21, 17:00 Format, lumière ou matière, cela ne change pas le fait que les films faisaient déjà depuis longtemps leur vie (et leur beurre) sur les écrans bien davantage que dans les cinémas. Non ?
Sans parler du fait que les écrans de cinéma se ressemblent de plus en plus a des écrans OLED géants.
Je sais différencier les films qui existaient avant les plateformes et les films conditionnés et produits par les plateformes ou avec l'intention d'y être diffusé.
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Coxwell »

tenia a écrit : 8 sept. 21, 17:51
Coxwell a écrit : Des films Netflix, produits (avec leurs contraintes posés aux reals) diffusés et vendus par leurs gentils "community manager" comme "arty" ET laiteux dans l'imagerie comme dans l'écriture, il y en a des légions à faire frémir Méphisto.
En pratique, Netflix achètent bien plus des films déjà finis (ou rachètent en cours de route) plus qu'ils ne produisent eux-mêmes directement. Si contraintes il y a, elles ne viennent donc pas de Netflix (au-delà de se dire qu'ils peuvent acheter des films collant visuellement à ce que serait leur charte graphique).

Par ailleurs, des photos quelconques mais dans l'ère du temps, à savoir ultra numériques et laiteuses (et avec, au hasard, un diptyque récurrent bleu/orange), on en voit des tonnes depuis des années sur nos écrans. Forcément, vu le poids de ce type de photos, on le retrouve aussi parmi ce que Netflix achète. Auquels on peut cependant opposer, en contre-exemple, des prods Netflix n'ayant pas ce souci, des prods non-Netflix l'ayant, et des acquisitions Netflix qui l'ont alors qu'elles étaient/sont prévues en salles.

Bref, comme d'hab et comme le rappelle Flol à juste titre : de quoi on parle exactement (et dont on n'aurait pas parlé déjà 10 fois) ?
Le CTO de Netflix lui-même l'a évoqué dans une conversation avec certains professionnels du secteur (La salle de cinéma propose un format dont les conditions techniques sont connues et standardisées. Les DP le savent et travaillent dans ce sens, ce n'est pas qu'une question de couleur dominante ou de noirs gris. Il y a un modelé et des matières qui ne parlent peu ou plus). Il y a une volonté d'opérer une révolution et dans la manière de voir le film et la façon de le concevoir dans son esthétique. Ce n'est que le début, il y a une accélération dont les streamers/producteurs vont amplifier le phénomène. Je ne sous-estime pas le process qui est en cours, et je n'ai aucune conception irénique sur l'avenir à ce sujet. Netflix n'est pas l'initiateur, mais un élément qui est à la hauteur du reste des transformations en cours des arts, de leur réception et de la façon de générer des ressources financières. On a les oeuvres que la société et son paradigme méritent après tout. C'est une réflexion systémique sur les tendances de fond dans la société sur des sujets qui relient l'art, l'individu, l'instantané, la durabilité et la transcendance de façon générale de l'oeuvre par rapport à son temps, et à l'homme.
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Alibabass »

Est-ce que cette "crise" de la colorimétrie et de l'esthétisme Low-Coast au profit d'économie (j'imagine) risque d'être une normalité ?
SI c'est le cas, c'est flippant ... aussi flippant que dans le film "France" dont le cinéaste se moque assez fortement dans le 3/4 du film.
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Flol »

Coxwell a écrit : 8 sept. 21, 18:16
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le CTO de Netflix lui-même l'a évoqué dans une conversation avec certains professionnels du secteur (La salle de cinéma propose un format dont les conditions techniques sont connues et standardisées. Les DP le savent et travaillent dans ce sens, ce n'est pas qu'une question de couleur dominante ou de noirs gris. Il y a un modelé et des matières qui ne parlent peu ou plus). Il y a une volonté d'opérer une révolution et dans la manière de voir le film et la façon de le concevoir dans son esthétique. Ce n'est que le début, il y a une accélération dont les streamers/producteurs vont amplifier le phénomène. Je ne sous-estime pas le process qui est en cours, et je n'ai aucune conception irénique sur l'avenir à ce sujet. Netflix n'est pas l'initiateur, mais un élément qui est à la hauteur du reste des transformations en cours des arts, de leur réception et de la façon de générer des ressources financières. On a les oeuvres que la société et son paradigme méritent après tout. C'est une réflexion systémique sur les tendances de fond dans la société sur des sujets qui relient l'art, l'individu, l'instantané, la durabilité et la transcendance de façon générale de l'oeuvre par rapport à son temps, et à l'homme.
Tu m'auras au moins permis d'apprendre l'existence du terme "irénique".
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Joshua Baskin »

Pour en revenir aux photos standardisées, production ou postérieur par Netflix, il me semble que peu importe. Il est tout à fait possible de réetalonner un film pour répondre à d'éventuels standards de la plateforme.

De mon côté je vois aussi tout à fait cette esthétique Netflix même si bien sûr les exceptions existent.
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El Dadal
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par El Dadal »

Joshua Baskin a écrit : 9 sept. 21, 23:40 Pour en revenir aux photos standardisées, production ou postérieur par Netflix, il me semble que peu importe. Il est tout à fait possible de réetalonner un film pour répondre à d'éventuels standards de la plateforme.

De mon côté je vois aussi tout à fait cette esthétique Netflix même si bien sûr les exceptions existent.
Ah tiens, en regardant Beckett hier soir, je me suis dit que le film n'avait justement rien de visuellement netflixien (seulement distributeur ici, mais avec une promo assez lourde). La photo était même plutôt très jolie, émulant avec succès un certain cinéma européen des années 60 (bizarrement beaucoup pensé à Antonioni, oui oui).

Et sinon, c'est la fin de l'histoire d'amour entre Nolan et la Warner, sans doute précipitée par la décision unilatérale du studio de sortir tous ses titres majeurs de 2021 en salles+VOD.
https://deadline.com/2021/09/christophe ... 234832975/
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Alexandre Angel
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Re: Quel avenir pour le cinéma ?

Message par Alexandre Angel »

El Dadal a écrit : 14 sept. 21, 21:19 Ah tiens, en regardant Beckett hier soir, je me suis dit que le film n'avait justement rien de visuellement netflixien (seulement distributeur ici, mais avec une promo assez lourde). La photo était même plutôt très jolie, émulant avec succès un certain cinéma européen des années 60 (bizarrement beaucoup pensé à Antonioni, oui, oui)
A condition que je sois supposer reconnaître le "look" Netflix, j'ai trouvé que Beckett ne faisait pas du tout exception à la règle.

The Irishman non plus mais le scénario et la grande qualité de la réalisation font que ce n'est que peu rédhibitoire.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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