Film du mois d'avril 2021
Garden of stones de Francis Ford Coppola.
Films (Re)découverts
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The Wicker man de Robin Hardy (1973) –
6.5
Des paganistes insulaires dévoyés tendent une toile d’araignée pour piéger un flic catho aveuglé par sa propre foi. Un drôle de patchwork fait de fantasmes, de cauchemars, de distorsions et de chasse aux lièvre… en chocolat. Un voyage en Absurdie pas si absurde que ça.
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Allemagne, année zéro de Roberto Rossellini (1948)
8,5
Rossellini concentre les stigmates d’un Berlin détruit, exangue, déboussolé sur Edmund, un enfant de douze ans. Le fardeau est insoutenable. Les conséquences, effroyables. Un film déchirant où tout espoir semble perdu.
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The intruder de Roger Corman (1960) -
8
Fallait être sacrément gonflé pour aborder l’antiségrégationniste au début des années 60. Corman l’a fait et sa vision de la suprématie blanche colle encore des frissons quand on songe à l’Amérique post-Trump. « Son héros », un manipulateur exalté à l’esprit malade, crache le venin qui enflamme les haines. Les noirs, les juifs, les communistes : tous coupables ! William Shatner est formidable dans la peau de ce serpent venimeux. Un film sec qui dénonce les pouvoirs d’un « gourou » à transformer les habitants d’une bourgade en une meute déchaînée. Glaçant.
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Le daim de Quentin Dupieux (2019) –
6.5
L’histoire d’un type qui perd les pédales après une rupture. Entre schizophrénie, pulsions animales et métamorphose… un drôle de film sur la dérive d’un être esseulé qui se raccroche à une obsession délirante en totale rupture avec la réalité. Une proposition audacieuse et déjantée à laquelle j’ai adhérée alors que ce n’était pas gagné d’avance.
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La piste des géants – The big trail de Raoul Walsh (1930)
9
Une épopée de sueur, de larmes et de sang bien plus véridique que les versions subjectives et parfois factices que les Studios filmeront après. Ici, on mesure l’ampleur de cette migration humaine, la force qu’il fallait pour affronter les obstacles naturels, les tribus indiennes hostiles, la dureté du quotidien. Loin des propositions manichéennes qui suivront, la vision de Walsh est sincère et cela se sent.
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L’homme de l’Arizona – The tall T de Budd Boetticher (1957)
7.5
Ce qui frappe dans The tall T, c’est la profondeur des personnages. Parfois un détail sur leur passé suffit à les extraire d’un stéréotype. Boetticher sait rendre la complexité des êtres humains et de leurs relations. Il esquive voyeurisme et surenchère et réussit un drame saisissant.
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Jardins de pierre – Gardens of stone de Francis Ford Coppola (1987)
9
Le film de Coppola est magnifique, intelligent, original dans son approche. Il donne aux personnages principaux une ampleur, une complexité sans jamais tomber dans le manichéisme.
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Le renne blanc de Erik Blomberg (1952) -
4
Blomberg cherche l’équilibre entre la fiction et le document ethnographique… en ce qui me concerne, je suis restée à la lisière des deux. Malgré des paysages à couper le souffle, des cadrages au cordeau, il manque à ce conte vampirique une charpente plus solide, un rythme qu’il ne trouve pas vraiment.
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Le récif de corail de Maurice Gleize (1939)
7
Un mauvais garçon, une fille perdue, un commandant trouble et un flic opiniâtre dans un film aux inspirations multiples. Héritage de l’expressionisme et anticipation de l’univers du film noir sur le plan formel teinté d’une touche d’exotisme et d’aventure. Influence du réalisme poétique pour la note désespérée. Gabin anti-héros abonné au destin poisseux et Morgan fragile et lumineuse.
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L’homme du jour de Julien Duvivier (1939)
5,5
Féroce comme à son habitude, Duvivier dénonce les faiseurs de héros, la naïveté et l’avidité collective quelque soit le milieu concerné : populaire, bourgeois, artistique et médiatique. Un film mineur du réalisateur mais pas dénué d’intérêt, travaillant certaines de ses thématiques et avec un Maurice Chevalier en grande forme.
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Extérieur, nuit de Jacques Bral (1980) –
7
Il faut (re)découvrir Extérieur nuit pour ce qu’il dit d’une époque, du refus d’une vie balisée, d’un modèle sociétal aliénant. Il faut le voir pour son trio formidable porté par le personnage de Christine Boisson. Une femme forte, libre, une boule d’énergie qui se cabre dès qu’elle se sent menacée.
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Missouri breaks de Arthur Penn (1976) –
7.5
https://www.dvdclassik.com/forum/posti ... &p=2894062
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L’ange blanc - Night nurse de William Wellman (1931)
6
Vision édifiante du monde médical en partie corrompue et d’une bourgeoisie dépravée où la pègre se substitue à une justice démissionnaire. Un sujet osé (affamer deux fillettes pour toucher un héritage) tiré d’un fait divers. Barbara Stanwyck, sa vocation d’infirmière chevillée au corps, est formidable et parfaitement épaulée par une Joan Blondell plus désinvolte et un Gable débutant.
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La Ciociara de Victorio de Sica (1960)
7.5
L’odyssée tragique d’une mère et sa fille dans une Italie ravagée par la guerre. Sophia Loren, en femme libre et mère dévouée irradie le film de bout en bout.
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La brigade héroïque - Saskatchewan de Raoul Walsh (195)
5.5
Un film mineur mais pas sans attraits à commencer par les paysages et le traitement des liens interraciaux. Ajoutons à cela la scène nocturne du vol des canoés et la scène finale totalement épique et on obtient un bon divertissement.
- La vallée de la peur – Pursued de Raoul Walsh (1947)
8.5
Du trauma de l’enfance à l’incarnation de la haine viscérale et dévastatrice dans un western aux allures de film noir. Une redécouverte formidable.
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Shotgun stories de Jeff Nichols (2007) –
8
Ici
https://www.dvdclassik.com/forum/posti ... &p=2895033
Films revus
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Coup de torchon de Bertrand Tavernier (1981) –
9
Une fresque puante et caustique élevée au déshonneur des colons français où gigotent une bande d’affreux dénués de la moindre parcelle d’humanité. Du cinéma néo-classique de ce calibre, j’en veux bien tous les jours.
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Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (1958) –
5.5
Impression mitigée en revoyant le film de Malle qui tient de l’expérimentation, de la volonté d’agglutiner des ingrédients pour former un tout qui ne s’agrège qu’en partie. À commencer par les ficelles scénaristiques franchement voyantes et les dialogues ampoulés qui décrédibilisent les personnages. Il existe cependant, des moments de réelle adhésion : les déambulations nocturnes de Jeanne Moreau, l’échappée en voiture du jeune couple, les scènes dans l’ascenseur. Et la B.O. de Miles Davis que je connais par cœur.
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Le dernier métro de François Truffaut (1980)
6.5
L’entreprise d’une relecture en terrain trop connu ne m’a pas enthousiasmée et au final j’ai trouvé le film très surévalué. Certes, l’idée de traiter de l’occupation dans le microcosme d’un théâtre est originale mais la forme, elle, ne l’est pas.
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Elephant man de David Lynch (1980)
10
En ce qui me concerne, c’est un chef-d’œuvre. J'en ai longuement parlé ici
https://www.dvdclassik.com/forum/viewt ... 4#p2890334
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La grande évasion – High Sierra de Raoul Walsh (1941)
7.5
Pour les détails, c'est par là
https://www.dvdclassik.com/forum/viewt ... 1#p2893111
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L’enfer est à lui – White heat de Raoul Walsh (1949)
10
Révisons de ce classique mené tambour battant. Précision des cadrages et découpage redoutable : la marque de fabrique de Walsh. Les profils psychologiques sont traités avec modernité, une volonté de cerner les raisons et les pulsions qui les habitent. De Cody Jarrett (James Cagney) miné par la folie et la sauvagerie à Verna (Virginia Mayo) qui décline les stratégies de survie en passant par Hank Fallon (Edmond O’Brien), le flic infiltré. Un film explosif dans tous les sens du terme.
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Poulet au vinaigre de Claude Chabrol (1985
) 6
J’en gardais un goût fade.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Après faisandage, le poulet m’apparaît plus fort en bouche. Au fourneau, Chabrol. Dans la cocotte, des notables de province méprisants, magouilleurs, criminels, persuadés d’être au-dessus des lois. Ajoutez une louche de vieille rancune, un verre de ressentiment, un jeune facteur fourbe, une mère foldingue, une postière amoureuse et un inspecteur roublard et laissez mijoter. On obtient un avant-goût de La cérémonie réalisée dix ans plus tard. Le film souffre cependant d’un manque de rythme. Les motivations des personnages sont laissées dans des zones d’ombre ce qui rend l’exercice un peu vain. Reste l’interprétation savoureuse… de Lucas Belvaux à la regrettée Pauline Laffont en passant par Jean Poiret, Stéphane Audran, Michel Bouquet et Clémentine Cellier.
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Le mécano de la Général de Buster Keaton & Clyde Bruckman (1926)
9
Du burlesque hors-norme sur fond de guerre civile tourné en décor naturel. Le chef-d’œuvre de Keaton dont je me délecte à chaque vision.
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La horse de Pierre Granier-Deferre (1970) –
1.5
Platitude de la mise en scène, scénario inconsistant et personnages secondaires qui font tapisserie. Bref, rien à sauver.
Documentaires
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Les damnés de la commune de Raphaël Meyssan
8
Original et passionnant.