Annette (Leos Carax - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Manolito
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Manolito »

En tout cas, il y a du travail en cours sur Les amants du pont neuf dans les labos français en ce moment. Très beau film d ailleurs...😊
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Kevin95
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Kevin95 »

Flol a écrit : 9 juil. 21, 11:49 Alors que le plus grand problème de Leos Carax finalement, c'est Denis Lavant.
J'ai un peu honte mais... +1
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par G.T.O »

poet77 a écrit : 9 juil. 21, 19:53 Annette: 9/10

Qu'est-ce qu'aimer? Eternelle question déclinée grandiosement du point de vue scénaristique, visuel et surtout musical. De la musique avant toute chose!
Moi qui n'ai jamais beaucoup apprécié les films de Carax jusqu'à présent, me voilà bien surpris et tout retourné! Quelle claque!
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par G.T.O »

ballantrae a écrit : 11 juil. 21, 22:24 Annette de Leos Carax 9/10
Après bien des atermoiements dus au caractère très inhabituel du film (j'ai vu le film mercredi et ne savais si ce serait un 7, un 8, un 9...) , verdict très positif car les sommets sont hallucinants de beauté, d'invention et d'émotion.
On est dans le mélange des registres, dans la coexistence entre le grotesque et le sublime cher à Hugo. On voit tellement de films peu surprenants malgré leurs qualités que lorsqu'on voit un auteur qui essaie la nouveauté quitte à ne pas réussir à tous les coups il faut le célébrer. Je pense le revoir pour comprendre comment il a su me cueillir à certains moments particulièrement hallucinants car cela venait après des moments plus faibles ou lassants mais du coup c'était un peu les montagnes russes.
La BO est incroyable sinon et je l'écoute en boucle.
Notez bien que Holy motors m'avait pas mal déçu lors de sa découverte et bien plus à la revoyure.Je prévois tout l'inverse pour Annette: il y a même des chances qu'il monte!
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shubby
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par shubby »

Annette, Titâne... Antoinette ds les Cévènnes a encore frappé ^^
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Phnom&Penh
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Phnom&Penh »

Leos Carax a énormément compté pour moi. Je l'ai découvert avec Mauvais sang en 1986, j'avais 16/17 ans, dans des conditions assez spéciales.
J'étais déjà cinéphile mais très "classiques". Je connaissais très bien Chaplin, Ford, Lang, Hawks, Walsh, Renoir, Cocteau, je ne ferai pas la liste.

Pour les films contemporains, je les voyais en salle, plutôt pour me distraire que pour me cultiver. Il y avait du bon, du très bon, mais aussi tous les films des années 80 oubliés aujourd'hui. Je ferai une exception pour Neil Jordan dont Mona Lisa m'avait fait un effet énorme. Mais pas autant que Mauvais sang.

Mauvais sang m'a scotché. J'avais été le voir un soir où j'avais du temps. Il y avait de bons acteurs, une belle affiche et surtout rien de très distrayant cette semaine là. C'est la première fois de ma vie que je suis resté en salle non pas pour le revoir une fois de plus mais carrément trois fois de suite. Ce film est essentiel dans ma vie, d'adolescent, je précise.

J'ai tout simplement découvert ce soir là que le cinéma pouvait se servir des classiques et produire une oeuvre très moderne. Quelque part, j'ai découvert à la fois la modernité et que la modernité pouvait vous faire, elle aussi, pleurer d'émotion. J'avais 16/17 ans et je me suis mis à lire de la critique de cinéma, à réfléchir sur ce que j'aimais et pas seulement à me faire une culture classique.

Dans les années qui ont suivi, j'ai vu Les amants du Pont-Neuf et Pola X - aussi Boy meets Girl mais en VHS, pas au cinéma. J'ai adoré les deux premiers et trouvé que le troisième (dans mon ordre de visionnage, pas chronologique) était vraiment un "film neuf".

Et puis, j'ai vieilli, comme tout le monde, et je n'ai plus été adolescent. J'ai revu des années après Mauvais sang et Les amants du Pont-Neuf, et j'ai trouvé qu'ils avaient eux aussi un peu vieillis. Pola X, à l'inverse, j'y ai découvert du métier qui prenait forme adulte. Pour ne donner qu'un exemple, il y a au début, un long travelling qui est un hommage à Belle de jour (Catherine Deneuve, bien sûr). Mais ce n'est pas de la référence, c'est de l'inspiration. Carax a un grand talent, mais pour faire de la référence une inspiration qui est du grand art et pas de la copie, il faut aussi du métier - et, de la part du spectateur, un peu plus que la connaissance des classiques, un oeil éduqué à la mise en scène.

Après, nous avons tous continué à vieillir. Leos Carax n'a plus rien fait, et il y eu Holy Motors en 2012. Là, je me suis dit, je n'ai pas le tiers du quart du dixième de son talent, mais je ne suis plus un adolescent. Lui, donne l'impression d'avoir toujours du talent (il y a de très belles scènes dans Holy Motors), mais est vraiment resté un adolescent. C'est décousu, sans queue ni tête

Et petit aparté sur Denis Lavant:
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Il est formidable, très jeune, dans les premiers films de Carax. Mais après...quel désastre, même chez Carax.
Je me suis vraiment dit qu'il était fini.
Et Annette, je réserve mon avis, vu cet après-midi.
Sur la mise en scène, je l'ai trouvé splendide. Sur le thème du film, ce n'est pas décousu, c'est elliptique.

Et puis, à la fin, il y a "A Natya". Je me suis demandé qui était cette Natya. Elle est créditée plus tard dans le générique comme Natya Golubeva - Carax. Je pensais que Leos Carax n'avait pas d'enfants. Mais il a eu une fille avec Katerina Golubeva. D'ailleurs, Holy Motors était déjà dédié "A Natya". Quand on connaît les circonstances de la mort de Katerina Golubeva en 2011 à 44 ans, on se dit que l'éternelle adolescence de Leos Carax lui est peut-être passée et que Natya, qui doit avoir maintenant près de vingt ans, n'est pas seulement un hommage mais le sujet du film. Attention, quand je dit sujet, je parle d'inspiration, pas de référence. Et que Carax est devenu adulte en pleine possession de ses moyens.
Le film n'est pas un chef d'oeuvre, je ne sais pas si c'est un grand film, mais il est beau et il a vraiment de la gueule.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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Supfiction
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Supfiction »

Phnom&Penh a écrit : 12 juil. 21, 22:03
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Leos Carax a énormément compté pour moi. Je l'ai découvert avec Mauvais sang en 1986, j'avais 16/17 ans, dans des conditions assez spéciales.
J'étais déjà cinéphile mais très "classiques". Je connaissais très bien Chaplin, Ford, Lang, Hawks, Walsh, Renoir, Cocteau, je ne ferai pas la liste.

Pour les films contemporains, je les voyais en salle, plutôt pour me distraire que pour me cultiver. Il y avait du bon, du très bon, mais aussi tous les films des années 80 oubliés aujourd'hui. Je ferai une exception pour Neil Jordan dont Mona Lisa m'avait fait un effet énorme. Mais pas autant que Mauvais sang.

Mauvais sang m'a scotché. J'avais été le voir un soir où j'avais du temps. Il y avait de bons acteurs, une belle affiche et surtout rien de très distrayant cette semaine là. C'est la première fois de ma vie que je suis resté en salle non pas pour le revoir une fois de plus mais carrément trois fois de suite. Ce film est essentiel dans ma vie, d'adolescent, je précise.

J'ai tout simplement découvert ce soir là que le cinéma pouvait se servir des classiques et produire une oeuvre très moderne. Quelque part, j'ai découvert à la fois la modernité et que la modernité pouvait vous faire, elle aussi, pleurer d'émotion. J'avais 16/17 ans et je me suis mis à lire de la critique de cinéma, à réfléchir sur ce que j'aimais et pas seulement à me faire une culture classique.

Dans les années qui ont suivi, j'ai vu Les amants du Pont-Neuf et Pola X - aussi Boy meets Girl mais en VHS, pas au cinéma. J'ai adoré les deux premiers et trouvé que le troisième (dans mon ordre de visionnage, pas chronologique) était vraiment un "film neuf".

Et puis, j'ai vieilli, comme tout le monde, et je n'ai plus été adolescent. J'ai revu des années après Mauvais sang et Les amants du Pont-Neuf, et j'ai trouvé qu'ils avaient eux aussi un peu vieillis. Pola X, à l'inverse, j'y ai découvert du métier qui prenait forme adulte. Pour ne donner qu'un exemple, il y a au début, un long travelling qui est un hommage à Belle de jour (Catherine Deneuve, bien sûr). Mais ce n'est pas de la référence, c'est de l'inspiration. Carax a un grand talent, mais pour faire de la référence une inspiration qui est du grand art et pas de la copie, il faut aussi du métier - et, de la part du spectateur, un peu plus que la connaissance des classiques, un oeil éduqué à la mise en scène.

Après, nous avons tous continué à vieillir. Leos Carax n'a plus rien fait, et il y eu Holy Motors en 2012. Là, je me suis dit, je n'ai pas le tiers du quart du dixième de son talent, mais je ne suis plus un adolescent. Lui, donne l'impression d'avoir toujours du talent (il y a de très belles scènes dans Holy Motors), mais est vraiment resté un adolescent. C'est décousu, sans queue ni tête

Et petit aparté sur Denis Lavant:
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Il est formidable, très jeune, dans les premiers films de Carax. Mais après...quel désastre, même chez Carax.
Je me suis vraiment dit qu'il était fini.
Et Annette, je réserve mon avis, vu cet après-midi.
Sur la mise en scène, je l'ai trouvé splendide. Sur le thème du film, ce n'est pas décousu, c'est elliptique.

Et puis, à la fin, il y a "A Natya". Je me suis demandé qui était cette Natya. Elle est créditée plus tard dans le générique comme Natya Golubeva - Carax. Je pensais que Leos Carax n'avait pas d'enfants. Mais il a eu une fille avec Katerina Golubeva. D'ailleurs, Holy Motors était déjà dédié "A Natya". Quand on connaît les circonstances de la mort de Katerina Golubeva en 2011 à 44 ans, on se dit que l'éternelle adolescence de Leos Carax lui est peut-être passée et que Natya, qui doit avoir maintenant près de vingt ans, n'est pas seulement un hommage mais le sujet du film. Attention, quand je dit sujet, je parle d'inspiration, pas de référence. Et que Carax est devenu adulte en pleine possession de ses moyens.
Le film n'est pas un chef d'oeuvre, je ne sais pas si c'est un grand film, mais il est beau et il a vraiment de la gueule.
Merci pour ton témoignage, tu me redonnes envie de donner sa chance au film alors que j’ai trouvé récemment Les amants du pont-neuf peut-être pire encore que Holy Motors.
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Lockwood »

Hello à tous,

Personnellement, je suis allé voir le film, pour la simple et bonne raison que Sparks est des groupes que j'admire le plus, pour sa capacité à se ré-inventer au fil des décennies que je trouve assez folle..

Car voici justement une formation qui, contrairement à beaucoup d'autres tombés dans l'impasse créative, a eu cette capacité à survivre au delà des années 70-80, quitte à faire évoluer constamment son style. C'est un peu l'ADN du groupe; du rock psychédélique des débuts (loufoque et sympathique mais tombé dans l'oubli) au glam rock tonique et déjanté de "Kimono my house" - "Propaganda" - "Indiscreet" (le trio indispensable du groupe, à écouter) à la synth pop des années 80 (Gros virage stylistique suite à un premier essoufflement commercial et créatif), Sparks a bien marqué musicalement son époque avant de connaitre un creux monumental, où il aura un peu tout essayé (jusqu'à la dance music, ouille).

La musique d'Annette, composée au début des années 2010, s'inscrit bien dans leur renouveau musical du début des années 2000, à savoir une musique pop plus expérimentale, inspirée de leur aveu de Steve Reich et de Philip Glass, usant beaucoup de boucles sonores répétitives et de paroles déclamées...très étrange à la première écoute (A ceux qui ont aimé la musique, je recommande d'écouter leur production depuis Lil' Beethoven (2002))
Les deux gus qui composent le groupe (Ron et Russell Mael) ont aujourd'hui plus de 70 ans passés et je trouve assez remarquable de les voir sur un projet aussi ambitieux, (histoire et B.O, magnifiquement mis en scène par Leos Carax), apothéose tardive de leur volonté d'inscrire leur musique dans un projet plus global, après les tentatives avortées avec Tim Burton.. et Jacques Tati.

Le point de départ lointain d'Annette, c'est une commande pour la radio suédoise, "The Seduction of Ingmar Bergman", pièce chantée qui imagine la vie du réalisateur suedois si celui-ci avait succombé aux sirènes d'Hollywood.
L'exercice plait au groupe, qui veut aller plus loin en imaginant un spectacle sur scène autour de la future histoire d'Annette. Mais les deux frères rencontrent alors Leo Carax qui a utilisé un de leur titre dans "Holy Motors" et qui est fan du groupe. Ils lui envoient leur production, sans vraiment attendre quoique ce soit selon leurs dires et le réalisateur leur répond qu'il veux en faire un film !

C'est bien le point fort du film à mon sens, on sent une harmonie évidente entre la musique - réussie à mon sens - du groupe et la mise en image très créative du film. Ce que je pense du reste du film ? Je comprends que celui-ci ait pu déconcerter.
L'introduction détonne et donne une impression presque trompeuse sur le reste du film. On s'attend alors à une fantaisie musicale pleine d'entrain, Leos Carax nous sert une œuvre certes poétique mais plombante et terriblement cringe par moment. Le long métrage a du mal à se laisser découvrir pendant la première demi-heure, on suit ce couple avec beaucoup de distance et il faut attendre la naissance d'Annette pour que l'on se sente plus impliqué par ce qui se passe à l'écran. La deuxième partie du film est réussie, riche visuellement et émotionnellement, mais il ne faut pas être allergique à la voix particulière d'Adam Driver, qui vampirise le film, au détriment d'une Marion Cotillard, qui au final se révèle assez sous-utilisée.

L'exercice de style, qui ne délaisse à aucun moment le chant, est atypique, tout comme le ton du film et c'est la raison pour laquelle je suis bien en peine de recommander le film autour de moi. Car il présente pas mal de chances de laisser le spectateur non averti sur le bas côté. Mais pour celui qui accepte le postulat du film et sait à quoi s'attendre, c'est que du bonheur (je pense en plus que c'est le genre de film qui se bonifie à la revoyure)!
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Mosin-Nagant
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Mosin-Nagant »

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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Phnom&Penh »

Lockwood a écrit : 15 juil. 21, 20:18 Hello à tous,
Hello Lockwood,

Je ne fais pas des citations de ton texte parce qu'il est juste au dessus du mien et que je ferai le faignant ce soir :)

Les Sparks, tu as raison, c'est un point essentiel du film. Encore faut-il les connaître. When I'm with you a été un énorme tube dans les années 85. Donc, si tu as été ado dans ces années là, tu connais les Sparks. Sauf que cette chanson n'était pas du tout dans leur style habituel.
Leur style, pour aller vite, c'est du Queens pour boomers. Sauf que - à nouveau, désolé :) , les futurs boomers n'étaient pas si nombreux en 1985. Donc - désolé une fois de plus :mrgreen: - il fallait connaître. Perso, je les ai découvert dans un "Les 1000 CD que vous DEVEZ connaître vers 2000". Et j'ai découvert, amusé, qu'ils faisaient surtout de l'opéra-rock...à la manière de Queens mais en plus intello - et avec beaucoup moins de succès.

Bref, Sparks oubliés mais connus, j'ai découvert Annette.
Après deux jours de réflexion, mon bilan est le suivant:
- Leos Carax est un très grand poète, mais intellectellement, il n'a pas dépassé l'adolescence.
- Il a eu une adolescence très fructueuse, et il a un talent fou. Nombre de ses scènes sont au top du cinéma mondial. Il ne tient pas le le film, mais il te fait des séquences dignes de Stroheim.
- Il a une inspiration du feu de Dieu. Il ne copie jamais, il s'inspire, et avec grand talent.

Que lui manque t-il? A mon avis, la vraie culture. Ronsard, Montaigne et je ne remonterai pas jusqu'a Paul Valery. Leos Carax est un enfant de 60 ans. Avec Holy Motors, je trouve qu'il s"est vraiment planté, ici, avec Annette, je trouve qu'il se retrouve. Oui, pas terrible comme formule :uhuh:
De toute façon, je lui pardonne tout. Parce que quand j'avais 16/17 ans, il a été le premier à me faire rester en salle 3 séances de suite. C'est comme ça qu'on devient amoureux du cinéma. Et Leos Carax, qu'on l'aime ou pas, est un grand amoureux du cinéma.
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Lockwood »

Phnom&Penh a écrit : 16 juil. 21, 00:10
Lockwood a écrit : 15 juil. 21, 20:18 Hello à tous,
Hello Lockwood,

Je ne fais pas des citations de ton texte parce qu'il est juste au dessus du mien et que je ferai le faignant ce soir :)

Les Sparks, tu as raison, c'est un point essentiel du film. Encore faut-il les connaître. When I'm with you a été un énorme tube dans les années 85. Donc, si tu as été ado dans ces années là, tu connais les Sparks. Sauf que cette chanson n'était pas du tout dans leur style habituel.
Leur style, pour aller vite, c'est du Queens pour boomers. Sauf que - à nouveau, désolé :) , les futurs boomers n'étaient pas si nombreux en 1985. Donc - désolé une fois de plus :mrgreen: - il fallait connaître. Perso, je les ai découvert dans un "Les 1000 CD que vous DEVEZ connaître vers 2000". Et j'ai découvert, amusé, qu'ils faisaient surtout de l'opéra-rock...à la manière de Queens mais en plus intello - et avec beaucoup moins de succès.
Je n'étais pas né, je les ai découvert un peu par hasard il y a une dizaine d'année ! Mais ayant grandi avec Queen, c'est le genre de musique qui m'a tout de suite accroché.. du moins, les 3 albums cités (Propaganda, Kimono My House, Indiscreet) qui sont tout à fait dans ce que tu décris. When I'm with you correspond justement à leur premier gros virage artistique, issu de leur collaboration avec le producteur de disco Giorgio Moroder fin 70-début 80.

L'affiche du documentaire d'Edgar Wright, qui va sortir fin juillet sur le groupe, identifie Sparks "au groupe préféré de ton groupe préféré", j'imagine que c'est un peu l'esprit..
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Phnom&Penh »

Supfiction a écrit : 14 juil. 21, 11:22
Merci pour ton témoignage, tu me redonnes envie de donner sa chance au film alors que j’ai trouvé récemment Les amants du pont-neuf peut-être pire encore que Holy Motors.
J'aime beaucoup Les amants du Pont-Neuf, même si je suis d'accord avec les avis du topic du film, il a quelque chose du grand film malade...d'ailleurs, par sa réalisation, il l'était déjà pas mal avant sa sortie en salle.
Holy Motors, quand je revoie certaines scènes, je me dis que j'attendais peut-être trop du retour du grand réalisateur de mon adolescence, et que j'étais peut-être aussi de mauvaise humeur le soir où je l'ai vu en salle. C'est pas génial mais il y a de très belles scènes. Le début, je l'ai trouvé complétement raté, la fin aussi, et ça a du jouer sur mon avis général. Cela dit, je n'ai pas vraiment envie de le revoir.

En revanche, Annette, j'ai été le revoir aujourd'hui et j'ai adoré.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le premier visionnage, je n'étais pas de mauvaise humeur mais j'étais crevé, je voulais me détendre (je fais un boulot de chien :mrgreen: ), et je me suis aperçu en le revoyant que la première fois, j'avais dormi pendant au moins 20mn du film :lol:
C'est vraiment le retour du grand Leos Carax, poétique, filmant les arbres comme peu savent le faire, d'une captivante naïveté mêlée à une érudition sérieuse, des références hyper subtiles et évidentes quand on les a trouvé (mais ça, c'est le côté Cahiers du cinéma de la grande époque qui peut aussi agacer pas mal certains :uhuh: ) comme la robe jaune canari de Marion Cotillard dans la partie "bonheur", une grande direction d'acteurs...
Non seulement j'ai adoré, mais en relisant ce que j'écrivais au dessus sur l'adolescence qu'il n'a pas su quitter...je me dis que c'est moi qui suis devenu vieux et lui qui a su garder l'imagination de l'âge où on imagine beaucoup.
Lockwood a écrit : 16 juil. 21, 10:51Je n'étais pas né, je les ai découvert un peu par hasard il y a une dizaine d'année ! Mais ayant grandi avec Queen, c'est le genre de musique qui m'a tout de suite accroché.. du moins, les 3 albums cités (Propaganda, Kimono My House, Indiscreet) qui sont tout à fait dans ce que tu décris. When I'm with you correspond justement à leur premier gros virage artistique, issu de leur collaboration avec le producteur de disco Giorgio Moroder fin 70-début 80.

L'affiche du documentaire d'Edgar Wright, qui va sortir fin juillet sur le groupe, identifie Sparks "au groupe préféré de ton groupe préféré", j'imagine que c'est un peu l'esprit..
:uhuh: C'est toi qui n'étais pas né mais qui en fait les connaît bien mieux que moi :wink:
Je connaissais juste When I'm with you, énorme tube vers 1985. Je les ai découvert, si mes souvenirs sont bons au sujet de la revue, dans un numéro spécial de Rock & Folk paru vers 1998-2000, sur une compilation des 1000 CD à avoir. Je crois que l'album recommandé était Kimono My House avec une critique dithyrambique. Je dois toujours l'avoir mais je n'irai pas vérifier dans le fatras de mes vieux CD :) Bref, c'est là que j'ai découvert que ce qu'ils faisaient ne ressemblait pas du tout à leur plus grand tube, et où ça m'a rappelé Queen (et pas Queens :mrgreen: ) que j'écoutais beaucoup à cette époque.
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Barry Egan
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Barry Egan »

Eh bien ma foi, j'aurais pas regretté d'avoir payé ma place ce soir après la manif. C'était super, et j'ai été trompé et blessé par la fin, je m'attendais pas à ce que ça finisse aussi abruptement, pour autant c'est d'une évidence logique en y repensant, je voulais un quart d'heure de plus pour tout recoudre ! Les scènes d'amour sont assez magnifiques, et le chant d'Adam Driver, d'une technique on ne peut plus approximative, compense par son expressivité (au tribunal, c'est assez magique). Et puis les Sparks...

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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Phnom&Penh »

Barry Egan a écrit : 17 juil. 21, 21:07 C'était super, et j'ai été trompé et blessé par la fin, je m'attendais pas à ce que ça finisse aussi abruptement, pour autant c'est d'une évidence logique en y repensant, je voulais un quart d'heure de plus pour tout recoudre !
Je ne sais plus où, je croyais que c'était sur Classik mais je n'ai pas retrouvé, c'est sans doute sur une critique lue sur internet, quelqu'un disait que la fin était absolument bouleversante pour un père d'une fille.
La première fois que j'ai vu le film, j'ai trouvé ça très joli mais j'étais crevé (et j'avais dormi pendant les 20mn où "Baby Annette" est utilisée ( :mrgreen: :oops: )).
A la revoyure, la fin est effectivement bouleversante pour un père qui a perdu, on l'espère temporairement et quel que soit son avenir, le contact avec sa fille.

Je pense que ça vient du scénario des Sparks, Leos Carax, à ma connaissance, n'ayant jamais été utilisé par ses parents, contrairement aux frères Sparks. Mais, il a ajouté sa patte. Notamment, sur la poupée, j'ai lu une interview super intéressante de ceux qui ont fait la poupée d'Annette. Non pas exigeant, mais très directif sur la poupée qu'il voulait.

Pour tout recoudre, il faut que tu sois père d'une fille, et un peu d'imagination pour que la poupée devienne une vraie fille, comme à la fin du film. Et "A Natya" n'est évidemment pas une simple dédicace. Natya est Golubeva Carax. Elle apparaît un début et à la fin du film, avec une complicité qui n'a pas du être facile à recoudre.
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Re: Annette (Leos Carax - 2021)

Message par Mosin-Nagant »

Phnom&Penh a écrit : 17 juil. 21, 22:54Je ne sais plus où, je croyais que c'était sur Classik mais je n'ai pas retrouvé, c'est sans doute sur une critique lue sur internet, quelqu'un disait que la fin était absolument bouleversante pour un père d'une fille.
Je crois que c'est moi?
Mosin-Nagant a écrit : 7 juil. 21, 23:17Une séquence m'a particulièrement émue:
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La séquence finale où Henry parle avec sa fille. J'ai eu beau penser qu'à ce moment-là Carax tire un peu trop sur la corde sensible... j'ai tout de même fondu. Cette gamine qui chante, c'est un peu le coup de grâce que le réalisateur nous assène. Je suis sûr que tous les papas du forum auront la gorge serrée quand il verront ça. Sinon, j'appellerais l'Aide sociale à l'enfance! :mrgreen:
Mais je ne pense pas être le seul à l'avoir pensé alors, si ça se trouve, tu l'as peut-être lu ailleurs...
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