Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Roilo Pintu
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Roilo Pintu »

Supfiction a écrit : 14 nov. 21, 11:52
Roilo Pintu a écrit : 14 nov. 21, 11:41 Je pense que la pudeur va perdurer, même avec le changement d'acteur.
On dit pudeur un peu par pudeur. On pourrait dire puritanisme.
Le générique n’est que le reflet du film et il aurait été totalement hypocrite de mettre des filles à poil au générique de films dénués de sexe.
Les films de Craig ne trahissent rien et sont totalement raccord avec leur époque. C’est ce qui rend la saga fascinante.
Exactement, j'aime ta formule.
Trahison est certainement un mot un peu fort; disons qu'ils préfèrent tous tourner la tête désormais sur cette approche du générique.
Je ne suis pas sûr que le générique doit être le reflet du film, Maurice Binder a souvent fait ses génériques au dernier moment, ce qui rendait fou Cubby, il avait une vague idée du scénario, ou de l'ambiance. Je me demande même, de mémoire si il ne lui disait pas "du moment que tu mettes des filles sexy..." (à vérifier).
Alors oui sur ce dernier film, il est raccord avec l'époque puritaine et l'histoire qu'il raconte; mais je ne suis pas sûr que mettre des silhouettes féminines aurait dénaturées le film ou ses choix. Je vois plus des producteurs craintifs de se faire pointer du doigt, que des producteurs souhaitant être cohérent avec leur note d'intention.
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tenia
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par tenia »

De mémoire, y avait pas des tonnes de nanas à poil dans le générique de Casino Royale et c'était y a 15 ans, pas vraiment la même époque socio-culturelle qu'aujourd'hui.
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Roilo Pintu
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Roilo Pintu »

Sauf erreur, aucune.
Sur les suivant, c’est clairsemé ou très soft. Très « Daniel Craig »?
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Supfiction
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Supfiction »

tenia a écrit : 14 nov. 21, 12:11 De mémoire, y avait pas des tonnes de nanas à poil dans le générique de Casino Royale et c'était y a 15 ans, pas vraiment la même époque socio-culturelle qu'aujourd'hui.
Il y en avait même aucune (alors qu’on en voit subrepticement dans les trois suivants).
Il y a 15 ans, on était déjà dans la même époque socio-culturelle mais cela ne sautait pas encore aux yeux de tout le monde de manière aussi flagrante. Isabelle Alonzo (les chiennes de gardes) officie déjà les radios puis les plateaux de france télévision à la fin des années 90, les Femen suivent dans les années 2000.
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Message par Sledge Hammer »

Les génériques de Binder commençaient sérieusement à partir en vrille à la fin des années 70, on avait l'impression de regarder des couvertures de SAS en ombres chinoises et animées avec des filles sur trampoline filmées sous différents angles. Celui d'Octopussy est particulièrement craignos de ce côté, avec ses travelings sur sa fausse blonde. Il s'était calmé sur ses derniers, notamment ceux pour Timothy Dalton. Binder, c'était de toute façon un sous-Saul Bass, et quand la chanson n'est pas mémorable, on repère vite ses limites.

Ça a été en tout cas un énorme coup de jeune quand Daniel Kleinman a pris la relève, et qu'il a mis de la 3D et surtout conçu la séquence comme une préfiguration de l'intrigue (le déboulonnage des statues de l'ère soviétique et le buste de Janus aux deux visages dans GoldenEye), parce que lui, au moins, semble avoir lu le script dans son ensemble. Les filles sont restées, habillées en images de synthèse, mais il y avait déjà sous Brosnan une volonté de sortir des clichés. Là où elles étaient au service de Bond dans l'époque Roger Moore (parfois carrément à ses pieds), elles deviennent des personnages plus actifs dans les nouvelle séquences. Et il y a Meurs un autre jour, qui est quand même un montage illustrant les tortures subies par Bond pendant des mois.

Pour Casino Royale, il y avait une volonté délibérée, à la demande des producteurs et du réalisateur, de revenir à quelque chose de plus sobre, et la séquence de Kleinman est quand même une des plus marquantes de toute la série, avec son utilisation de la couleur, et ce sans qu'il y ait les filles nues. On les retrouve tout de même sous forme de dunes dans Quantum of Solace (qui n'a pas été fait par Kleinman). Et si elles ne sont guère présentes dans Skyfall (les sirènes) ou Spectre (les mains qui retirent la chemise de Craig) et encore moins dans Mourir peut attendre, on retrouve dans ce dernier énormément d'autres marqueurs des génériques précédents de Binder comme de Kleinman : ça commence avec les points de Dr No, il y a la statue de Britannia (figure déjà vue dans le générique d'Au service secret de Sa Majesté) qui s'écroule, etc.


Et pour revenir à la question plus centrale des Bond avec et après Daniel Craig, je crois que le choix de faire mourir Bond a été très certainement une décision commune de Wilson, Broccoli et Craig. Au moment de Casino Royale, Michael Wilson pouvait enfin accomplir son vieux rêve de faire un film sur les débuts de Bond, avec qui plus est un nouvel acteur. Mais le coup de jeune apporté par Casino Royale, les écarts pris par rapport à la tradition, ont certainement beaucoup emmené la franchise dans des directions plus inattendues que ce qui était prévu au départ, et même un film comme Skyfall montrait que l'on ne pouvait pas tout à fait revenir au statu quo, ni même faire un reboot pouvant porter la série sur 25 ou 30 ans de plus. Rajoutons ensuite des décisions narratives discutables (Blofeld en frère adoptif de Bond dans Spectre…) et on arrive au cinquième film de Craig à un truc qui est extrêmement particulier, avec un accent sur les hantises et les failles du personnage plus prononcé que dans les autres films (ou même les romans de Fleming), qui faisaient aussi ressortir de façon plus saillante ses mérites, au point que c'était probablement la meilleure décision à prendre que de clore l'ère Craig aussi explicitement qu'elle n'avait commencé, comme si ces cinq films étaient finalement une mini-série à l'intérieur de toute la franchise. Ce qui lui permettra aussi de laisser sa marque sur la série bien plus que Brosnan ou même Roger Moore. On a des réactions (en bien ou en mal) plus fortes à ses films qu'à tous ceux qui ont été faits depuis la fin de l'ère Connery.
La fin du Bond de Craig est au fond cohérente avec tout ce que l'on avait dit sur le personnage au moment de son introduction dans Casino Royale : les agents 00 ont une courte espérance de vie, et il le sait parfaitement. En tout cas, je ne crois pas du tout à une lubie de Craig parce qu'il détesterait le personnage, avec les producteurs qui auraient cédé. C'est plutôt quelqu'un qui a bien compris ce que Bond, en tout cas "son" James Bond peut faire et ne pas faire, et qui a conscience qu'il a des facettes détestables (celles que beaucoup des films précédents ne faisaient que constater), mais qu'elles font partie du rôle et de son identité. Et ils ont tenté d'imaginer une conclusion que Ian Fleming lui-même aurait pu trouver pour lui, plutôt que de faire une nouvelle mission de plus.

Quant à la fin de la franchise, c'est grotesque. Pour Bond 26, qui sera visiblement un nouveau reboot complet (on voit mal l'équipe du MI6 revenir après avoir fait l'éloge funèbre de Bond autour d'un verre de whisky), j'imagine que seront partants ceux qui veulent plus de comédie et de légèreté par rapport aux années Craig, comme ceux qui avaient souvent du mal avec les côtés machos des films précédents et qui ont commencé à aimer la série avec Craig. Il restera un homme, avec un fond de misogynie (qu'il ne sera plus nécessaire d'explorer autant) et il aura désormais une palette plus complète d'émotions que les films seront libres d'explorer, là où la personnalité de Bond pendant des décennies était pratiquement mécanique.
Mourir peut attendre sera un film à part, celui où UN Bond, celui de Craig, a trouvé la mort. Il ne sera pas nécessaire de rééditer le coup, mais ce qui restera, c'est que c'est un être humain, pas un super-héros ou une figure célébrée jusqu'à la caricature et qu'il vaut mieux qu'il le reste pour l'intérêt des films.

Sinon, je ne crois pas qu'Amazon puisse convaincre (pour peu qu'ils en aient envie) les producteurs de faire des spin-offs en film ou en série sur des personnages que l'on a déjà vus dans les films avec Craig. EON souhaite clairement que la carrière des Bond ait lieu sur grand écran, et ça n'aurait pas grand sens de maintenir en parallèle deux continuités, dont une avec le prochain acteur.
Ce qu'on peut avoir en revanche, c'est un financement beaucoup moins difficile à négocier pour les prochains volets. Les films ont régulièrement subi des problèmes de financement ou de droits qui ont pesé sur la production : les budgets ont commencé à être réduits après On ne vit que deux fois, parce que le public était saturé de Flint, Matt Helm et de plein de sous-James Bond. Rien que pour vos yeux est un film du "retour aux sources" parce que United Artists était sans le sou après La Porte du paradis. GoldenEye et Skyfall ont "bénéficié" d'un cycle de développement plus long en raison des ennuis financiers ou juridiques traversés par le studio, pour Casino Royale, il a fallu un compromis avec Sony (qui voulait bétonner les droits sur Spider-Man), etc.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par El Dadal »

Sledge Hammer a écrit : 14 nov. 21, 14:43 Et il y a Meurs un autre jour, qui est quand même un montage illustrant les tortures subies par Bond pendant des mois.
Justement, à mes yeux la fausse bonne idée de ce générique, qui nous prive en quelques sortes de séquences fortes. Je crois me souvenir que cette décision a été prise sur le tard afin de raccourcir le film.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par halford66 »

Certains soulignent la durée "peplum"du film cependant les précédents films affichaient sensiblement la même durée à l'exception de Quantum of solace qui ne durait que 1H45,le moins bon pour beaucoup mais le film avat e mérite d'aller droit à l'essentiel et n'affiche pas de longueurs notables.

Casino royale comporte de très bons moments mais il y a des longueurs vraiment pénibles comme la partie de cartes interminables ou le final à multiples rebondissements.

A une époque les films longs étaient bannis par les studios car pour eux ils fonctionnaient moins bien et offraient moins de séances quotidiennes cependant j'ai constaté que les films longs de 2H,2H30 voire plus étaient de plus en plus nombreux et que cela n'était pas forcément bénéfique ,je me souviens d'un Pirate des Caraïbes (le 3)interminable qui durait près de 3H et pour lequel j'ai eu dû mal à aller jusqu'au bout!

Mourir peut attendre avec un Rami Malek plus inexpressif que Ryan Gosling (si si c'est possible)j'aurais beaucoup de mal à le revisionner en entier,c'est vraiment dommage car il y a des passages que j'ai bien aimés comme l'intro.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Supfiction »

Tu ne confonds pas Ryan Gosling et Ryan Reynolds ?

Mourir peut attendre est encore meilleur la seconde fois compte tenu de la complexité de l’intrigue. Mais c’est vrai que le personnage de Malek est le point faible du film. Je ne comprends d’ailleurs plus trop bien ces motivations (à part qu’il est méchant) une fois qu’il a eu sa vengeance sur Spectre. et notamment pourquoi s’en prendre à Madeleine Swann alors qu’il l’a précédemment épargné à deux reprises.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Sledge Hammer »

Le plan est assez trouble. Ce que j'ai compris, c'est qu'il souffre clairement d'hybris, de démesure qui le fait se prendre pour un dieu.
Sa famille dirigeait les travaux sur les poisons pour SPECTRE depuis leur base dans les îles Kouriles. Blofeld a décidé toutefois de les éliminer, en confiant la mission à M. White (le père de Madeleine), qui les a empoisonnés à la dioxine, ce qui a permis à SPECTRE de prendre directement le contrôle de la base. Le fils cadet, Lyutsifer, a toutefois survécu, mais a longtemps été très fortement marqué au niveau de son visage (cf. l'empoisonnement de l'opposant ukrainien Ioutchenko en 2006), d'où le fait qu'il porte un masque de théâtre nô quand il attaque la maison des White en Norvège à la fin des années 90 pour tuer toute la famille.
White n'est pas là, le couple est divorcé, il tue simplement sa femme et décide d'épargner Madeleine quand celle-ci fait preuve de sang froid alors que ce n'est qu'une gamine. Mais il estime avoir alors une relation privilégiée vis-à-vis d'elle, qui va l'obséder.

Dans les années suivantes, Safin reste en retrait le temps de mettre en place son plan pour éliminer les dirigeants de SPECTRE et faire de Madeleine sa chose. Il entre en contact avec Valdo Obruchev, un scientifique russe qui bosse en secret dans un labo pour le MI6 sur le programme Héraclès, qui devient un agent double pour lui. Quand SPECTRE récupère Héraclès et Obruchev, leur premier projet est, à la demande de Blofeld, de faire venir Bond dans une réunion à Cuba et de le tuer en présence de tous les grands pontes de l'organisation, avec l'œil bionique de Primo qui transmettrait la scène à Blofeld. Obruchev, dont les travaux sur Heracles sont allés plus loin que ce qu'imaginait SPECTRE, branche dans l'appareil une autre clé USB et ce qui est injecté dans la dose de poison, ce n'est pas l'ADN de Bond (qu'on aurait d'ailleurs pu retrouver sur quantités de draps de palace ou de navettes de sauvetage au fil des décennies), mais des marqueurs génétiques s'appliquant à tous les hauts gradés de SPECTRE présents à la réunion et même leurs familles (les seconds couteaux sont épargnés). Ce qui fait qu'ils meurent tous avec la dose censée tuer Bond.
Il ne reste que Blofeld en place. Le MI6 intercepte son propre œil bionique. Safin refait alors surface et, avec une peau en meilleur état, va voir Madeleine Swann, en menaçant de tuer sa gamine si elle ne va pas voir Blofeld, son patient au quartier de très haute sécurité, après avoir vaporisé le contenu d'une fiole sur elle. C'est évidemment du Heracles taillé sur mesure pour Franz Oberhauser. Madeleine se dégonfle après avoir vu Bond, qui l'agrippe par les bras et qui devient donc porteur du poison. En s'approchant de Blofeld à la fin de leur entrevue, il lui transmet donc la dose qui suffit à le tuer.
La troisième étape du plan, c'est de récupérer Madeleine et Mathilde, qu'il considère comme sa propriété comme Madeleine lui doit la vie, et vendre des doses industrielles d'Heracles, produites dans sa base, à des pays non mentionnés, ce qui pourrait aboutir à des génocides. Il kidnappe la mère et la fille, Bond étant désormais insignifiant à ce stade. Mathilde ne compte d'ailleurs pas vraiment non plus pour lui, elle n'est qu'un moyen d'avoir la coopération de Madeleine jusqu'à ce qu'il applique un autre poison (qui en ferait apparemment une esclave sans volonté). Il a demandé de plus à Obruchev de lui préparer une dose d'Heracles visant Madeleine et sa fille, sans en parler à qui que ce soit d'autre.
C'est la fiole qui se casse dans le combat avec Bond dans le Jardin de la mort sur la base.


Mais, plus fondamentalement, le personnage de Rami Malek sert au final à une simple fonction : c'est celui qui tue Bond, sans avoir beaucoup de mérite pour y être parvenu, étant un méchant quelque peu générique.
En faire un personnage extraordinaire et intéressant aurait également diminué le sacrifice de Bond : il ne meurt finalement pas pour sauver le monde d'un méchant mégalo mais pour protéger sa propre famille. Sinon, il ressemble beaucoup, à gros traits, au personnage de Dr No, avec sa base coupée du monde, sa collection de peintures (on voit à un moment des Nymphéas de Claude Monet) et évidemment le masque nô.

Et du côté symbolisme du nom, les scénaristes aiment de plus faire des allusions polyglottes. On avait déjà eu dans le film précédent la très proustienne Madeleine Swann. Ici, c'est encore plus simple pour les francophones : Lyutsifer Safin, soit Lucifer Sa Fin (celle de Bond).
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Demi-Lune »

Sledge Hammer a écrit : 15 nov. 21, 15:09et évidemment le masque nô.
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L'illumination... Allusion à la fermeture de la saga que complète celle du motif des cercles colorés dans le générique, comme ceux du tout premier épisode.
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Message par Supfiction »

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Merci Sledge Hammer!
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par harry »

shubby a écrit : 14 nov. 21, 08:20 Y'a un truc societal avec ce besoin actuel de détruire des icônes. Cf les derniers Star Wars. Ca accompagne ce trip de l'ecoanxiété je trouve. Et une certaine forme d'égoïsme generationnel qui ne voudrait rien laisser à la suivante.
Ca rentre dans la tendance des dernières années ou il faut "déconstruire" tout et n'importe quoi (surtout si il y a des males blancs hetero...). La, ca serait plutôt la nouvelle génération qui détruit ce qui a traversé les générations précédentes.
Complexe? Jalousie? Rejet? Refus de la réalité? Angoisse de n'avoir rien créé de signifiant?
Et une fois qu'on a tout déconstruit, qu'il ne reste plus rien, on fait quoi? On reconstruit avec leurs héros vides, insignifiants, inintéressants et inconséquents?

shubby a écrit : 14 nov. 21, 08:20Après moi le chaos. On tue l'espoir ds le réel et ds le ciné. Qui reste un marqueur puissant de l'air du temps. Ca n'est pas joli joli en l'occurrence. D'autant qu'en ce qui concerne James,
Spoiler (cliquez pour afficher)
un vol en deltaplane ou un plongeon avec issue en suspend aurait suffit. La malédiction qu'il portait était déjà bien assez lourde pour justifier un nouveau départ et un passage de relais. Ne jamais tuer une icône face caméra, CQFD. Cela étant, pas certain qu'ils auraient maintenu cette fin si le film avait été réalisé post covid.
Rien que le fait de tuer JB est contraire au fondements du personnage, il est le héros triomphant qui s'en tire toujours et tue le méchant à la fin (en emballant la meuf au passage). C'est un archétype, il peut être au plus bas, être dans un état pas possible, avoir toutes les difficultés du monde contre lui, il est condamné a réussir. Le tuer, c'est déconstruire l'archétype sans comprendre pourquoi et comment il marche.
On peut "déconstruire" un personnage mais a un moment il reste le noyau sur la base duquel on peut reconstruire.
Visiblement, ils n'ont pas compris ca.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Supfiction »

harry a écrit : 15 nov. 21, 16:28
Rien que le fait de tuer JB est contraire au fondements du personnage, il est le héros triomphant qui s'en tire toujours et tue le méchant à la fin (en emballant la meuf au passage).
Ok c’est le réflexe que l’on avait tous. Mais on ne pouvait pas faire ça pendant 150 ans. La période Brosnan était déjà de trop et une relique du passé (comme dit M d’ailleurs).
Y a t-il vraiment une tendance à « détruire les icônes » ou au contraire à les prolonger artificiellement jusqu’à plus soif ?
Là par contre, après le renouveau Craig, j’ai vraiment du mal à voir dans quelle nouvelle direction Broccoli pourrait aller. Un retour en arrière me semble quasi-impossible. Et aller plus loin dans la modernité détruirait définitivement le personnage.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par Sledge Hammer »

Je ne pense pas que ce soit une fermeture. Mourir peut attendre n'est pas du tout censé être le dernier film de la saga. Le dernier carton du générique promet à nouveau que James Bond reviendra.
Ce n'est pas non plus le couronnement d'une histoire commencée il y a 25 films. Quel que soit le statut que l'on donne à la chronologie des films des cinq acteurs précédents, et malgré la présence de Judi Dench en M au début, les films avec Craig ont toujours été présentés comme à part, couvrant toute sa carrière. Bond étant cependant une franchise ultra-référentielle, il y avait toutefois des éléments des films précédents qui revenaient, par porosité : la DB5 de Skyfall, réparée à la fin de Spectre et en action au début de Mourir peut attendre (après avoir été retapée par Q), est visiblement la même que celle de Sean Connery dans Goldfinger, avec le même numéro de plaque et les mêmes gadgets, et n'est donc pas la même que celle gagnée au poker contre Dimitrios dans Casino Royale (c'est un modèle avec conduite à gauche). Et son Aston Martin de secours dans sa planque est celle conduite par Timothy Dalton dans Tuer n'est pas jouer. Mais le Bond de Craig n'a pas non plus été marié à Tracy, il ne s'est pas battu contre Requin, il n'a pas été dans l'espace, etc.

Donc, oui, c'est la fin d'une ère, celle de Craig (avec probablement quelques autres acteurs et collaborateurs qui vont sans doute s'arrêter après ce film), et il y a évidemment un côté film anniversaire (le 25ème), comme pour Meurs un autre jour (les allusions aux 19 films précédents), Skyfall (50ème anniversaire, l'âge du whisky partagé par Silva), une ambiance tragique (c'est le miroir d'Au service secret de Sa Majesté), une volonté délibérée d'achever quelques uns des symboles iconiques de la franchise (la DB5 est détruite dès le début, Felix et Blofeld meurent, Bond n'a plus son matricule, il meurt, etc.) qui vont en mettre encore une couche, mais ce n'est pas la fin de la saga.

En fait, lorsque les premières images du film sont sorties, il y avait quelques personnes qui ont aussitôt fait le parallèle masque nô – Docteur No, et qui étaient convaincues que Rami Malek allait en fait jouer le docteur, comme si c'était le même coup que Christoph Waltz avec Blofeld dans Spectre.
Mais c'est clair qu'il n'y avait aucune raison de faire revenir un méchant, qui n'était de plus pas le plus mémorable de toute la série pour le grand public, alors que Blofeld est un adversaire récurrent. En revanche, le script et la mise en scène ont effectivement accentué les parallèles entre Safin et No. Safin est explicitement un méchant dans la lignée dans la lignée de No, et c'est un clin d'œil pour les fans.

Ah, pour la petite histoire, j'ai déjà parlé des éléments du script de Mourir peut attendre qui reprennent des pans entiers du roman On ne vit que deux fois. Le coup du grand chamboulement à la tête de SPECTRE, avec une nouvelle génération qui élimine la précédente sans vergogne au début de l'histoire, ça avait été au départ envisagé pour… L'Espion qui m'aimait. Il y a plein d'idées entassées au fil des décennies dans les cartons des scénaristes et qui n'attendent parfois qu'une occasion de refaire surface. Pour L'Espion qui m'aimait, Richard Maibaum voulait une action coordonnée de la Fraction armée rouge, des Brigades rouges, de Septembre noir et de l'Armée rouge japonaise, qui, après leur coup d'éclat contre Blofeld et ses lieutenants, allaient utiliser des sous-marins avec têtes nucléaires volés par SPECTRE pour anéantir les réserves de pétrole dans le monde.
Cubby Broccoli n'était toutefois pas très chaud pour l'idée, qui lui semblait trop politique, donc le script a vite remis Blofeld au premier plan, avant que l'on ne découvre qu'EON avait de toute façon déjà perdu les droits sur SPECTRE et le personnage de Blofeld. D'où le recours à "Stromberg", réécriture hâtive de Blofeld pour des raisons juridiques, même si pour le public français actuel, ce sont plutôt les similitudes physiques entre Curt Jurgens et François Asselineau qui sont aujourd'hui frappantes…


Sinon, je relève une tendance des "mâles blancs hétéros" qui s'identifient à des figures de "mâles blancs hétéros" durs à cuire, courageux et silencieux de pleurnicher continuellement sur les atteintes qui seraient perpétrées contre les "mâles blancs hétéros". Je comprends que l'on puisse se passionner pour des personnages de fiction, et avoir des réactions tranchées face à de nouvelles œuvres les impliquant, mais mettre en ligne sur YouTube des vidéos où l'on chouine pendant deux heures d'une voix monocorde pour se plaindre d'une volonté de personnes jalouses et aigries de saboter dans Les Derniers Jedi ou Mourir peut attendre ce qui constitue l'image de la virilité, c'est disons quelque peu ironique.
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Re: Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga - 2021)

Message par harry »

Ha j'ai froissé du petit gauchiste progressiste. Zut alors.
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