Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Arn
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Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Arn »

Le Dernier Duel (The Last Duel, Ridley Scott - 2021)
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TheGentlemanBat a écrit : 13 oct. 21, 19:57 Le dernier duel : 7.5/10

Un Scott somme toute classique dans sa facture qui s'inscrit dans la continuité de Kingdom of Heaven (en moins ample) et se révèle assez passionnant à suivre, en dépit d'une construction narrative qui sans l'expérience de vieux baroudeur de Sir Ridley (et le talent de Matt Damon et Ben Affleck qui co-signent le scénario) aurait pu virer à l'ennui puisqu'on revit à chaque chapitre les mêmes évènements du point de vue d'un des 3 protagonistes principaux. Funfact : il m'a fallu attendre le 2ème chapitre qui laisse son personnage s'exprimer davantage pour reconnaître justement l'ami Ben, au look détonnant.
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Roilo Pintu a écrit : 15 oct. 21, 11:40 Le Dernier duel – Ridley Scott (2021) : 8/10
A 83 ans Ridley Scott revient avec une efficacité toujours aussi étonnante, il réunit un casting talentueux, où Jodie Comer est impressionnante, capable d’exister dans un casting expérimenté (Adam Driver et Matt Damon ne démérite pas) et tenir le bon ton, même quand elle est écartée du récit ou marginalisée délibérément.
Drame médiéval captivant reposant sur une agression, Le Dernier duel est une histoire sur le récit avec trois versions de la vérité, chacune façonnée par l’ego, la vanité, la sensibilité du narrateur.
Comme toujours chez Ridley Scott, Le Dernier duel se distingue par son attention méticuleuse des détails, des rituels, un travail impressionnant des décors et des costumes, soutenue par une photo somptueuse. Une attention payante comme toujours, qui plonge le spectateur de manière immersive dans son film, les tableaux s’enchainent et impriment la mémoire, une attention qui participe autant de la documentation que du récit. A voir sur grand écran!
Watkinssien a écrit : 17 oct. 21, 12:51
Demi-Lune a écrit : 17 oct. 21, 12:41 LE DERNIER DUEL (Ridley Scott) : 7/10
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Je suis assez fan de Scott qui a réalisé quelques uns de mes films de chevet (Alien, Blade Runner, Les Duellistes, voir Gladiator), et je fais parti de ceux qui trouve matière à sauver ses Prometheus et Alien Covenant.
Ca plus mon amour des films médiévaux, j'étais assez chaud (sans non plus me faire trop d'illusion, ça fait longtemps qu'il est loin du niveau de ses trois premiers films).

Le résultat est à peu près ce à quoi je m'attendais : il y a de belles choses de cinéma, on passe (en tout cas je passe) plutôt un bon moment (les 2h30 file), mais Ridley Scott a la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
La narration à la Rashomon saute au yeux mais est bien moins fine que dans le film de Kurosawa (dont je ne suis pour autant pas très fan) même si elle fonctionne sans ennui, et surtout ce qui me gêne le plus c'est le propos #MeToo qui clignote en police 72 pendant tout le film. Alors certes c'est surement en parti imputable à Ben Affleck et Matt Damon qui ont oeuvré au scénario avec Nicole Holofcener (adapté d'un roman), qui avait par ailleurs tout deux fait l'object d'accusation (pour Affleck) ou de polémique (pour certains propos de Damon sur le sujet). Est ce que ça a joué sur l'aspect gros sabot ? Ca pourrait.
Mais la mise en scène n'est pas non plus des plus subtiles et vient souvent appuyer un récit déjà très explicite.
Le tout créé un sentiment d'anachronisme. Pas qu'on ne puisse pas faire un film sur la condition féminine au XIVème siècle, loin de là. Mais les questions soulevés par #MeToo sont tellement évidentes voir paraphrasés que ça créé un certains décalage.
Et un peu de nuance dans les différents personnages n'auraient pas fait de mal non plus.

C'est dommage car au delà de ça, je trouve que Scott avec ses 83 ans sait toujours très bien rendre une ambiance et un univers palpable (coucou Dune 2021). La photo grisâtre colle assez bien au récit, Matt Damon passe quasi tout le film le visage tout dégueulasse, les armures semblent lourdes, la puissance des chevaux est bien rendu. Vraiment il y a un beau travail au niveau des scènes de combats/batailles, notamment en terme d'effets sonores.
Bon on a toujours quelques plans qui piquent un peu les yeux (ou dont on sait qu'ils piqueront les yeux d'ici 5/10 ans, comme un plan large de Paris, qui fait penser à certains plans CGI de Rome dans Gladiator) mais sinon visuellement et en terme d'immersion je trouve ça assez réussi.

Bilan en demi teinte donc, mais ça fait pas mal de temps qu'on est habitué à ça avec Scott.
Probablement un 6/10 chez moi.
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Supfiction
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Supfiction »

Arn a écrit : 18 oct. 21, 10:54
Le tout créé un sentiment d'anachronisme. Pas qu'on ne puisse pas faire un film sur la condition féminine au XIVème siècle, loin de là. Mais les questions soulevés par #MeToo sont tellement évidentes voir paraphrasés que ça créé un certains décalage.
Même sentiment et pourtant le récit semble assez véridique jusqu’au roi de France à moitié débile.
Sentiment encore plus flagrant lorsque l’on vient d’enchainer Mourir peut attendre, Eugénie Grandet et Le dernier duel, trois films qui utilisent (ou même alterent) trois matériaux radicalement différents (un mythe moderne, un roman de l’un des plus grands génies de la littérature et un récit historique) pour suivre la vague féministe contemporaine.

Malgré cela, et en dépit de la répétition un peu lourde du récit (dont les variations ne portent que dans le détail) j’ai bien aimé. Adam Driver (bon mais dans un registre désormais bien connu) et un Matt Damon étonnant (dans un registre à contre emploi) n’y sont pas pour rien et Jodie Comer a (presque) réussi à me faire oublier son odieux personnage de Killing Eve. Néanmoins en 2h30, leurs personnages auraient pu être bien davantage développés et nuancés (chose rendu impossible par le choix scénaristique de répétition).
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Arn »

Je ne sais pas si c'était si impossible d'avoir des personnages plus fouillé malgré la répétition.
Par exemple j'aime bien la variation sur le personnage de Damon dans les deux premiers chapitres. Ils se donnent le beau rôle dans sa propre vérité tout en faisant assez rustre. Et aux yeux de Driver il apparaît surtout comme un beauf bas du front. C'était différent mais notre vision du personnage en ressorti enrichi. Le soucis c'est que le chapitre 3 annule presque totalement les deux premiers.
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Roilo Pintu
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Roilo Pintu »

La mise en scène de Ridley Scott me semble plus nuancée et efficace qu’elle n’y parait, et essentiellement parce qu’on s’attarde trop sur la grille de lecture #Metoo. Une grille qu’on ne peut écarter non plus car la promotion tourne largement dessus, y compris dans les intervenants. Sur le peu que j’ai pu voir, Jodie Comer et Nicole Holofcener sont les principales à être mise en avant, et un peu Ridley quand même. Effectivement on pourrait y voir l’occasion pour Ben Affleck de faire amende honorable avec cette histoire féministe et se faire oublier, mais pour son personnage c’est tout le contraire, Pierre d’Alençon nous y ramène et pas qu’un peu. Si on enlève la grille #Metoo, le film fonctionne toujours car traitant de questions qui restent intemporels et sont évidemment toujours d'actualité : la manière dont les récits sont façonnés par ceux qui ont suffisamment de poids pour les manipuler, la manière dont les victimes de ce genre de crimes sont souvent marginalisées et ignorées, la tendance à réduire ce genre de questions à des spectacles publics grotesques.

Mais pour revenir sur les aspects cinématographiques du film, et les nuances plus fines que peut apporter Ridley Scott au récit, je pense à l’attention qu’il peut avoir sur les rituels, qu’ils soient religieux ou de l’ordre du quotidien de cette vie médiévale : la carafe de cire utilisée pour faire un sceau, le passage de la bénédiction d'une cérémonie matrimoniale, la signature de la documentation sur la collecte d'une dîme, la perception de la prime de guerre ou encore le vêtement porté. Le film s’ouvre avec chacun des trois personnages s’habillant pour ce dernier duel, suggérant que leur monde reste autant motivé par l’apparat que l’honneur. Peu importe ce qui se passera, le plus important étant l’éclat apporté par les costumes, le rituel, à la cérémonie. Peu importe quel homme gagne, dans un monde où les femmes sont vouées à perdre.

La performance de Ridley Scott, elle est également dans son déroulé. Un premier chapitre suffisamment dense et clair pour que chacun puisse avoir son idée de la situation, c’est un chapitre qui donne l’impression qu’il s’efforce de couvrir un maximum de décors possibles. Les chapitres suivants découlent facilement compte tenu de cette énergie dépensée dans cette première partie rigoureuses et rythmée.

Oui, 83ans et quelle efficacité, quelle forme.
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tchi-tcha
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par tchi-tcha »

Deux choses m'embêtent avec ce film.

Primo, je partais avec plein d'a-priori en pensant le détester, et au final je n'ai pas vu les 2h30 passer. A son âge, avec son rythme et ses méthodes de tournage, c'est pas maintenant que Ridley Scott va changer, donc on retrouve son style, sa photo, ses qualités et ses lourdeurs habituelles. Ceci dit, une "routine" d'un tel niveau, ce n'est pas donné à tous les cinéastes.
La tentation est grande de faire un lien avec ses Duellistes, comme s'il bouclait une boucle, mais vu que le bonhomme a déjà 20 autres projets sur le feu et un House of Gucci qui sort sous peu, c'est je pense une fausse bonne idée.
Le discours #metoo n'est pas très finaud (ni forcément pertinent, Dame Jodie Comer n'est pas une meuf du XXIe siècle, sapristi diantre que Diable), mais finalement plus nuancé que ce que à quoi je m'attendais.
Et même si j'ai du mal en général avec Adam Driver (quand je le vois je repense à son personnage concon de Star Wars ainsi qu'à la séance de torture de l'entendre chanter chez Carax), et même si Ben Batman Affleck semble sortir de Sacré Graal, l'interprétation est elle aussi tout à fait solide.
Bref j'y allais à reculons et j'en suis ressorti très agréablement surpris. Comme quoi, des fois ce n'est pas une mauvaise idée de voir les films avant de les juger, faudra que je fasse ça plus souvent.

Deuzio, je ne sais toujours pas trop quoi penser de la construction "à la Rashomon" et de son impact sur la durée du produit final. Est-ce qu'on aurait pu raconter l'histoire autrement ? Est-ce que ça aurait été le même film ? A cette dernière question la réponse est évidement non, ce qui me coupe l'envie de continuer à me prendre la tête avec ça, d'autant qu'en l'état le procédé est efficace.
Prenons la scène centrale du viol (pas de panique, pas de spoilers). Chapitre 1 : le mari est parti réclamer des sous à Paris, donc il apprend l'agression à son retour (et on ne la voit pas, forcément). Chapitre 2 : on découvre le point de vue du violeur qui pense sincèrement n'avoir rien à se reprocher puisqu'il est amoureux et que la passion est plus forte que tout (je précise que c'est son point de vue, en aucun cas le mien et clairement pas non plus celui de sa victime qui se débat). Un détail curieux, Jodie Comer enlève ses souliers avant de monter les escaliers. Chapitre 3 : le point de vue de la victime (avec un carton qui nous précise que cette fois-ci c'est bien LA VERITE), qui n'a pas enlevé ses souliers mais les a en fait perdu dans sa tentative de fuite.
Bilan, rien à redire, c'est du solide, le cinéma est affaire de point de vue, la façon dont on filme est aussi importante que ce qui est raconté, et Ridley Scott connait son métier.
Mais là où ça me gêne, c'est que parfois les trois protagonistes vivent la même scène de la même façon (par ex. les retrouvailles/réconciliation de Damon et Driver ou la bataille de Poitiers en ouverture). On dirait que Scott nous refile les mêmes images trois fois de suite, sans que ça apporte quoi que ce soit de plus au puzzle. Et ça semble vraiment être EXACTEMENT les mêmes plans (pas comme les enfants qui refusent de monter se coucher dans Une Femme sous Influence ou les roulades de Chow Yun-fat sur la plage dans The Killer - deux cas où on semble voir différentes prises collées bout à bout). Et ce sont peut-être ces quelques images déja-vues éparpillées tout au long du récit qui donnent cette impression de lourdeur du procédé.

Et une note sur la violence : beaucoup de spectateurs autour de moi dans la salle (et pas forcément les plus âgés) ont été choqués par la brutalité du duel final. La violence n'est pas un exutoire, elle règle un conflit mais n'apporte aucun réconfort. Et ça aussi ça fait du bien de le rappeler. Ridley Scott n'est pas Tarantino, d'où peut-être la surprise de certains.

Bref, excusez-moi pour ce long pavé qui aura au moins le mérite de montrer que le film est bien plus intéressant que ce que sa bande-annonce et la filmographie de Sir Ridley depuis une vingtaine d'années m'avaient laissé craindre au départ.
(enfin... j'espère :mrgreen: )
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Supfiction
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Supfiction »

tchi-tcha a écrit : 19 oct. 21, 03:28
Un détail curieux, Jodie Comer enlève ses souliers avant de monter les escaliers. Chapitre 3 : le point de vue de la victime (avec un carton qui nous précise que cette fois-ci c'est bien LA VERITE)
Ce détail est effectivement LE changement entre les deux dernières versions (à l’exception de la subjectivité des plans). Mais même au sein de la vision Adam Driver, il ne change pas fondamentalement la scène à nos yeux. Aux siens, il semble bien que si et c’est là que réside peut-être le cœur du propos féministe. Par conséquent, on peut effectivement s’interroger sur la pertinence de la succession de ces trois versions différentes contenant d’aussi minces variations. C’est une force et une faiblesse.

Sinon, c’est intéressant, je n’ai pas le souvenir d’avoir lu « La vérité » sur le carton. Mais on se doute de toutes façons que Scott est du côté de Jodie Comer.
Roilo Pintu a écrit : 19 oct. 21, 00:37on s’attarde trop sur la grille de lecture #Metoo. Une grille qu’on ne peut écarter non plus car la promotion tourne largement dessus, y compris dans les intervenants.
Pour avoir échappé à toute promotion (je savais simplement que j’allais voir un film médiéval de Ridley Scott) et n’étant pas trop au courant des problèmes de Ben Affleck, je peux dire que la lecture #metoo est totalement intrinsèque au film. La seule façon de ne pas y penser serait d’avoir été totalement imperméable à ce mouvement depuis quatre ans (ça existe!).
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Arn »

Oui en fait le carton du chapitre 3 affiche "La vérité selon Dame Marguerite", puis tout s'estompe pour ne laisser apparaître que "La vérité". Un petit peu lourd.
tchi-tcha a écrit : 19 oct. 21, 03:28 Mais là où ça me gêne, c'est que parfois les trois protagonistes vivent la même scène de la même façon (par ex. les retrouvailles/réconciliation de Damon et Driver ou la bataille de Poitiers en ouverture). On dirait que Scott nous refile les mêmes images trois fois de suite, sans que ça apporte quoi que ce soit de plus au puzzle. Et ça semble vraiment être EXACTEMENT les mêmes plans
Je trouve au contraire que chaque scène présenté dans deux ou trois chapitres recèlent de petit détails qui font la différence. Typiquement celle que tu évoques se différencie par le jeu des acteurs, et surtout de Comer (qui a l'air d'apprécier le baiser qu'elle doit donner dans le chapitre 2, beaucoup moins dans le 1 et le 3). Mais Damon est aussi beaucoup plus froid et directif dans le chap 3 par rapport au premier et au second. C'est au contraire une scène que j'ai bien aimé. Comme celle de la danse qui suit entre Comer et Damon présente dans le chapitre 2 où on a l'impression que Comer arrête pas de mater Driver, alors que dans le chapitre 3 elle parle sur lui en le regardant, et pas que en bien.
Je trouve justement ces petits nuances (comme les chaussures en effet) bien faites et presque ludiques, elle m'ont fait apprécier la répétition des séquences.
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Wile E.
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Wile E. »

tchi-tcha a écrit : 19 oct. 21, 03:28 les retrouvailles/réconciliation de Damon et Driver ou la bataille de Poitiers en ouverture). On dirait que Scott nous refile les mêmes images trois fois de suite, sans que ça apporte quoi que ce soit de plus au puzzle. Et ça semble vraiment être EXACTEMENT les mêmes plans. Et ce sont peut-être ces quelques images déja-vues éparpillées tout au long du récit qui donnent cette impression de lourdeur du procédé.
Ce n'est pas au niveau de l'image qu'il faut être attentif durant ces 2 moments, mais au son.

Pour la bataille d'ouverture, dans le chapitre 1 c'est Jean de Carrouges qui lance l'assaut dans un discours valeureux et pleins d'entrain.
Et bien sur dans le chapitre 2 Carrouges est présenté comme quelqu'un d'ingérable et impulsif qui part seul à l'assaut (personne ne le suis), et Jacques le Gris comme la voix de la raison qui déclame son petit discours vaillant et est à l'origine de l'assaut générale.

Pour la scène de la réconciliation qui et effectivement quasi identique visuellement dans les 3 chapitres (oui seulement quasi car il y a une subtilité durant le 1er chapitre), c'est sur QUI que tout se joue.
Dans le chapitre 1 c'est Jean de Carrouges qui déclame la tirade sur l'amitié... qui provoque les applaudissements de l'assistance.
Dans le chapitre 2 c'est évidemment Jacques le Gris qui s'approprie exactement la même tirade.
Et dans le chapitre 3 tu découvres que ce n'est ni l'un ni l'autre, mais leur hôte qui est à l'origine de ces mots.

Quant à la subtilité visuelle, dans le chapitre 1 le baisé est hyper chaste, la où dans les 2 autres chapitres il est baveux et rendu les 2 fois par Jacques le Gris.
Dernière modification par Wile E. le 19 oct. 21, 10:57, modifié 4 fois.
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Supfiction »

Wile E. a écrit : 19 oct. 21, 10:50
Quant à la subtilité visuelle, dans le chapitre 1 le baiser est hyper chaste, la où dans les 2 autres chapitres il est baveux et rendu les 2 fois par Jacques le Gris.
Ah non, il n’y a il me semble que dans la version Jacques Le Gris qu’il est « baveux ». Ce qui dans sa tête justifie toute la suite.

Arn a écrit : 19 oct. 21, 10:42
Je trouve justement ces petits nuances (comme les chaussures en effet) bien faites et presque ludiques, elle m'ont fait apprécier la répétition des séquences.
Tout à fait. Ludique mais un peu lourd à la fois.
La brutalité et l’égocentrisme de Matt Damon dans la troisième version est effectivement essentielle. Elle permet d’élargir le propos au delà de la question du viol.
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Wile E. »

Supfiction a écrit : 19 oct. 21, 10:53 Ah non, il n’y a il me semble que dans la version Jacques Le Gris qu’il est « baveux ». Ce qui dans sa tête justifie toute la suite.
Le baiser est bien identique dans les chapitres 2 et 3. C'est la lecture de la réaction de Marguerite qui diffère.
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Supfiction »

Wile E. a écrit : 19 oct. 21, 11:14
Supfiction a écrit : 19 oct. 21, 10:53 Ah non, il n’y a il me semble que dans la version Jacques Le Gris qu’il est « baveux ». Ce qui dans sa tête justifie toute la suite.
Le baiser est bien identique dans les chapitres 2 et 3. C'est la lecture de la réaction de Marguerite qui diffère.
Ah, il me semblait qu’il était un peu moins appuyé dans la troisième version. Comme quoi, même nous on a pas le même ressenti concernant les ressentis/versions des trois protagonistes.
Dernière modification par Supfiction le 19 oct. 21, 11:53, modifié 1 fois.
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par L'heure Magique »

On hésite entre un adaptation indirecte mais réussie de Jeanne d'Arc ou une itération loupée du Berserker, mais on tombe quand même d'accord pour dire que Le Dernier Duel reste le meilleur Ridley Scott depuis longtemps.

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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par Alexandre Angel »

L'heure Magique a écrit : 19 oct. 21, 11:44 on tombe quand même d'accord pour dire que Le Dernier Duel reste le meilleur Ridley Scott depuis longtemps.
Bonne nouvelle! (vérification personnelle ce soir)
Pour moi, le dernier bon fut Seul sur Mars (et avant cela Mensonges d'état et American Gangster)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par tchi-tcha »

Supfiction a écrit : 19 oct. 21, 10:53
Arn a écrit : 19 oct. 21, 10:42
Je trouve justement ces petits nuances (comme les chaussures en effet) bien faites et presque ludiques, elle m'ont fait apprécier la répétition des séquences.
Tout à fait. Ludique mais un peu lourd à la fois.
Voilà, c'est exactement ça, ludique ET lourd à la fois, ce Last Duel, décidément bien plus complexe et nuancé qu'il n'y parait, bien autre chose qu'un papy Scott grabataire qui referait un Kingdom of Heaven à la sauce #metoo.
Du coup je serais bien infoutu de lui coller une note là tout de suite.

Et l'avantage de ce film, c'est qu'on peut en parler sans balises. Dès la bande-annonce on sait que deux gars vont se battre en duel parce que la meuf du premier accuse le second de l'avoir violée, donc il n'y a pas grand chose à divulgâcher, ci ce n'est le fait que
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à la fin James Bond meurt avec un doudou à la ceinture
Finalement, ce Ridley Scott qui déboulait avec ses gros sabots va peut-être s'avérer une des bonnes surprises de cet automne.
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Re: Le Dernier Duel (Ridley Scott - 2021)

Message par tchi-tcha »

Wile E. a écrit : 19 oct. 21, 10:50
tchi-tcha a écrit : 19 oct. 21, 03:28 les retrouvailles/réconciliation de Damon et Driver ou la bataille de Poitiers en ouverture) (...) ça semble vraiment être EXACTEMENT les mêmes plans. Et ce sont peut-être ces quelques images déja-vues éparpillées tout au long du récit qui donnent cette impression de lourdeur du procédé.
Ce n'est pas au niveau de l'image qu'il faut être attentif durant ces 2 moments, mais au son.
Effectivement. Et merci pour les précisions pour cette scène absolument centrale (puisque c'est là que la future victime rencontre son violeur, jetée dans ses bras par son balourd de mari qui la traite comme une jument qu'on exhibe). N'empêche, L'IMAGE du couple entrant dans la cour me semble bien être exactement la même dans les trois chapitres. Ce qui me chagrine, c'est que ce sont peut-être justement ces images répétées qui donnent l'impression (subliminale?) de lourdeur à ce procédé narratif pourtant nuancé.

Et à peine inscrit sur ce forum j'ai déjà écrit plusieurs fois "nuance" et "Ridley Scott" dans la même phrase, ce film est décidément une surprise.
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