Comme les temps ont changé.
Il y a 35 ans, il fallait être membre d'un commando d'élite et avoir le physique d'un culturiste autrichien pour avoir une chance de tenir tête à une entité extraterrestre de plus de 2 mètres et quasiment invincible.
En 2022, il suffit d'être une jeune femme de 1m65 et bonne guerrière, pleine de fougue et de malice, pour en venir à bout. On peut sans doute voir l'influence de Disney et de l'air du temps dans ce personnage de jeune fille qui désire s'émanciper de son rôle arbitrairement assigné, pour se découvrir soi-même et enfin prouver sa véritable valeur (trope que l'on retrouve aussi bien dans Mulan, Brave, Vaiana, etc...).
Mais bien heureusement, le film de Dan Trachtenberg (déjà auteur du très bon 10 Cloverfield Lane) a autre chose à proposer. Oubliez les suites et spinoffs tout nazes auxquels on a eu droit, et faites place au meilleur opus de la saga depuis celui de Stephen Hopkins (que les gens ont beaucoup trop tendance à oublier) : brutal, sanglant, sans bout de gras et méchamment épique à certains moments.
Dans la droite lignée du chef-d'oeuvre de McTiernan en somme, dont le film de Trachtenberg pourrait presque un remake chez les Améridiens - très belle idée de contexte d'ailleurs, et parfaitement utilisée, avec ce que ça implique de batailles primitives et sans concessions.
Des séquences d'action lisibles et efficaces, magnifiées par une très belle photo de Jeff Cutter. Et il faut reconnaître que Amber Midthunder dans le rôle-titre a un sacré charisme et dégage ce qu'il faut de brutalité pour qu'on y croit. Je serais prêt à la suivre n'importe où.
Je regretterais juste un abus d'animaux en CGI au rendu pas toujours super réussi, mais LA bête qui nous intéresse a clairement de la gueule - et pas la même que celle de 1987 (le concept est différent mais tout aussi impressionnant). Le Predator fait peur, c'est une véritable menace et le symbole du chasseur ultime (même un ours brun, il le termine tranquillement à mains nues). Ce que l'on avait un petit peu oublié dans les épisodes précédents.
On tient donc là un actioner vraiment solide, qui n'hésite pas y aller franco dans la violence graphique et qui ne cherche pas à multiplier bêtement les clins d'oeil au film original (hormis le quasi obligatoire "If it bleeds, we can kill it"), mais dont la simplicité pourrait presque constituer sa limite. Il y manque une complexité, une portée mythologique qui lui auraient donné un peu plus de fond.
Une fois le film terminé, on se dit "Okay c'était cool...et ?". Il ne va pas m'en rester grand-chose, au-delà d'un plaisir simple de 1h40. Ce qui n'est déjà pas si mal, surtout en ces temps cataclysmiques où le blockbuster moyen est un enfer artistique qui donne envie de se défenestrer.
Et si, en plus, cela peut permettre d'ouvrir la porte à d'autres épisodes one-shot tel que celui-ci, mais situés dans d'autres contextes et d'autres périodes de l'histoire (les possibilités sont infinies), alors c'est un grand oui.
