Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Alexandre Angel »

Dale Cooper a écrit : 16 janv. 22, 17:33
Demi-Lune a écrit : 16 janv. 22, 16:18 Photo bleutée 80's... moui moui moui...
Ah mais ce n'est pas forcément un mal ! C'est surtout un vrai constat et je crois que tu n'as compris le sens de ma phrase, je disais qu'à côté d'une révolution technique comme Barry Lyndon (film de Kubrick, donc comparable), difficile de parler des éclairages de Noël de Eyes Wide Shut.
[...]
Tout le mal que vous me faîtes dire de mon film préféré de Kubrick. :mrgreen: Je lui trouve juste des défauts qui m'empêchent de le voir comme un classique
Je crois qu'on a déjà échangé à ce sujet.
Autant je suis d'accord sur certaines impuretés présentes dans Eyes Wide Shut : les flashs érotiques de Kidman très...téléfilms M6 (encore que je ne sais pas à quoi ressemble un téléfilm de M6 :mrgreen: ), le plan de la petite fille qui saisit un jouet dont on lit clairement la marque, quelques transparences vieillottes
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Image
auxquelles je trouve pourtant un certain charme.., autant je n'ai pas du tout ton ressenti sur le côté bleuté années 80 (sans même qu'il y ait jugement de valeur sur ce dernier), mais vraiment pas du tout. Je trouve l'image de Eyes Wide Shut (j'ai compris que tu aimes beaucoup ce film, attention!) d'une somptuosité (on en mangerait) à la fois spécifique à ce film-là (influence de Storaro ou pas) et en même temps d'une netteté photographique qui imprègne toute la filmographie, du Baiser du tueur au dernier. L'image est creusée, contrastée, rutilante. En ce sens,, on a affaire à un vrai film de Kubrick, généreux avec l'œil, visuellement riche, dont on se repaît de chaque détail. Je ne vois pas, ne ressent pas, un poil de "tape-à-l'oeil" eighties dans cette mise en image, puisque c'est quand même ce que tu sembles dire, l'assimilant aux défauts du film.
Je te dis tout ça parce que je trouve que c'est intéressant ces différences d'appréciations.
Mais oui, là, si toutefois j'ai bien pigé ce que tu dis, on est pas d'accord sur l'esthétique du film.
Concernant Barry Lyndon, ce qui en fait un classique porte moins sur la révolution technique qu'il représente (les bougies, tout ça, OK mais le film est éminemment classique dans son déroulement, son écriture, sa calligraphie romanesque) que sur le côté monumental de la représentation du XVIIIème siècle au cinéma.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Torrente
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Torrente »

Alexandre Angel a écrit : 16 janv. 22, 18:59 certaines impuretés présentes dans Eyes Wide Shut : les flashs érotiques de Kidman très...téléfilms M6 (encore que je ne sais pas à quoi ressemble un téléfilm de M6 :mrgreen: )
J'avais lu une interprétation intéressante à ce propos (je ne sais plus si c'était dans Les cahiers, Positif ou Les inrockuptibles).
Ces flashs seraient la représentation en images du récit de Kidman tel que l'imagine Cruise quand il l'entend. Une façon de souligner la pauvreté de l'imaginaire du mâle hétéro basique. Un truc dans ce goût là mais évidemment beaucoup mieux dit et bien mieux démontré.
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Alexandre Angel
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Alexandre Angel »

Torrente a écrit : 16 janv. 22, 19:06
Alexandre Angel a écrit : 16 janv. 22, 18:59 certaines impuretés présentes dans Eyes Wide Shut : les flashs érotiques de Kidman très...téléfilms M6 (encore que je ne sais pas à quoi ressemble un téléfilm de M6 :mrgreen: )
J'avais lu une interprétation intéressante à ce propos (je ne sais plus si c'était dans Les cahiers, Positif ou Les inrockuptibles).
Ces flashs seraient la représentation en images du récit de Kidman tel que l'imagine Cruise quand il l'entend. Une façon de souligner la pauvreté de l'imaginaire du mâle hétéro basique. Un truc dans ce goût là mais évidemment beaucoup mieux dit et bien mieux démontré.
Oui, mais je crains que l'on pénètre là dans les eaux nébuleuses du "tout est voulu" parce que c'est Kubrick, le contrôleur fou de tout ce qu'il y a sur l'écran.
Bien sûr que c'est la subjectivité de Cruise qui projette ces plans, mais ça reste d'une grande banalité visuelle. Cela dit, ça reste minoritaire et on trouve des images pauvres et/ou vulgaires ici ou là à travers la filmographie (je déteste le plan au grand angle de Patrick Magee, dans Orange Mécanique, qui reconnait Singin' in the rain que fredonne Alex).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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tchi-tcha
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par tchi-tcha »

Dale Cooper a écrit : 16 janv. 22, 14:10 J'ai toujours pensé que les week-ends le forum était mort (j'ai l'impression que Classik c'est aussi un moyen de s'occuper au boulot dans la semaine :mrgreen:).
Pour Flol, Supfiction, AtCloseRange ou feu Major Tom c'est le cas, oui :fiou:
Mais pour d'autres, Classik est un vrai lieu d'échange cinéphilique et convivial.
(et c'est super pratique pour s'occuper dans le train entre Bressuire et Angers ou en attendant le bus)

Alexandre Angel a écrit : 16 janv. 22, 18:59 (...) quelques transparences vieillottes
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Des transparences dans Eyes Wide Shut ?
Et "vieillottes" en prime ?
Non mais t'as vu ça où, toi ?
:shock:

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- Stanley, y'a un mec sur Classik qui prétend qu'on a des transparences sur notre film.
- C'est qui ?
- Alexandre Angel.
-Ah, lui ? Laisse tomber, une fois je cherchais un titre de film, c'est un guignol.



Vraiment, ça mérite un smiley qui roule des yeux... :roll:


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(j'espère que cette photo s'affichera correctement chez Alexandre Angel, sinon ça ruine tout le second degré de mon message :mrgreen: )

"Vieillottes", certainement, mais ça contribue au charme de cette drôle de rêverie qu'est Eyes Wide Shut, je trouve :)

Ce n'est pas parce que Kubrick est considéré comme un démiurge que son souci maniaque du détail vise forcément au réalisme. Dans d'autres films certainement, mais ici les notions de réalisme (avec ces sapins qui surgissent à longueur de plan) ou de crédibilité des péripéties (avec cette imagerie érotique digne d'un Dorcel), il s'en fiche royalement.
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Alexandre Angel
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Alexandre Angel »

tchi-tcha a écrit : 16 janv. 22, 19:33 (j'espère que cette photo s'affichera correctement chez Alexandre Angel, sinon ça ruine tout le second degré de mon message)
Ah oui, ça aurait été ballot :lol:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Demi-Lune »

tchi-tcha a écrit : 16 janv. 22, 19:33 Image
Ce que j'adore sur ces photos de coulisses (que j'avais découvertes dans l'indispensable pavé The Stanley Kubrick Archives de chez Taschen), c'est que Cruise ne s'est pas fait chier à enlever ses pompes Décathlon de randonnée pour être raccord avec le costume de son personnage. Et pour cause, ça n'apparaîtra pas dans le cadre. Magie du cinéma, magie du démiurge Kubrick!
Ça me fait penser à cette anecdote de tournage d'Indiana Jones et la dernière croisade, lors de la scène de confession père/fils dans le dirigeable allemand : il faisait tellement chaud sur le plateau que Connery et Ford ont tous les deux viré leur futal, ne gardant que leurs vêtements du haut. Vous ne verrez plus jamais cette scène de la même façon en sachant que les deux sont en fait en slibard sous la table. :mrgreen:
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Truffaut Chocolat »

tchi-tcha a écrit : 16 janv. 22, 02:25 Image

Ce samedi, les classikiens ont décidé de parler du dernier film de Stanley Kubrick (ne me demandez pas pourquoi).
Le forum n'étant rien d'autre qu'un gigantesque HS permanent, ils n'ont juste pas été fichus d'en parler dans le topic dédié.

Voici donc un résumé de la journée :

[insérer ici le gif habituel de la fille qui passe le balai]

candygirl a écrit : 14 janv. 22, 16:59 (...) ''2001" aussi, dont j'ai largement préféré le roman. Je trouve que le film de Kubrick est parfois d'une langueur monotone et contemplative dont il aurait pu se passer (quoi qu'il en soit, je préfère mille fois ''2001'' à ''Eyes Wide Shut", mais ce dernier est-il un film réputé ?).
tchi-tcha a écrit : 15 janv. 22, 00:00 (...) vous pouvez arrêter de taper sur Eyes Wide Shut s'il vous plaît ?
Je ne sais pas s'il est considéré comme un classique (c'est l'ultime film de Kubrick et il arrive longtemps après une série de masterpieces officiels et définitifs), mais c'est ce que son réalisateur a fait de plus intime depuis Barry Lyndon, et le running gag des sapins de Noël me fait toujours autant marrer.
Jeremy Fox a écrit : 15 janv. 22, 06:31 Je l'ai déjà dit mais l'ultime opus de Kubrick reste à ce jour mon plus beau souvenir en salles. Je ne m'attendais pas à ce qu'il termine sa carrière par un tel monument.

Sinon il me semble évident qu'il soit devenu un classique.
odelay a écrit : 15 janv. 22, 08:18 Et on parle du dernier mot qui finit Eyes wide shut et donc la carrière de SK? Et il est employé dans son sens propre et non en tant que juron. J’adore.
Dale Cooper a écrit : 15 janv. 22, 09:35 Eyes Wide Shut est mon Kubrick préféré, mais je doute qu'il soit réellement considéré comme un "classique".
Papus a écrit : 15 janv. 22, 09:45Itou
The Eye Of Doom a écrit : 15 janv. 22, 10:42 Il faudrait que je lui donne une seconde chance mais j’avais trouver le film incroyable de prétention (moi Kubrick, du haut de mon genie, je vous delivre le film définitif sur le couple !),autarcique (je me fous de ce que d’autres ont pu faire sur le sujet), kitsch (merci Helmut Newton!), mal joué par certain, invraisemblable, sans interet (on s’en fout complètement ude ces partouzes de grands bourgeois), … anachronique : le grand cineaste visionnaire des années 60/70 semblant être resté dans une bulle spatio-temporelle et ne rien avoir vu,compris de la société de la fin de 20ieme siecle et de son cinema.

Bref, j’ai trouvé ca particulièrement mauvais.
(...)
Thaddeus a écrit : 15 janv. 22, 12:53 (...)


Évident pour moi aussi. Il coche toutes les cases.
cinéfile a écrit : 15 janv. 22, 13:19 Je suis d'accord avec le fond de tes arguments (assez largement partagés parmi les détracteurs de ce film) *, ce qui ne m'empêche pas d'adorer Eyes Wide Shut par ailleurs. Je trouve le "discours" des films de Kubrick rarement intéressant et très fin de façon générale, leurs qualités se situent à d'autres niveaux. Dans le cas de ce film-ci, c'est peut être en partie à l'insu de Kubrick lui-même. Mais cette vulgarité est-elle celle du cinéaste ou de son personnage principal (pas finaud) ? En tout cas, la forme du film me fascine, le côté rêve éveillé (la première partie surtout) puis son envers. J'adore. Même chose pour Orange Mécanique, qui n'est finalement qu'une grosse farce, et en tant que telle, réussie. Prendre le film par un autre bout me semble vain.
(...)
* cinéfile fait ici référence au message de The Eye Of Doom (pour ceux qui ne suivent pas)
candygirl a écrit : 15 janv. 22, 14:34 (...) Pour ma part, j'ai ressenti exactement la même chose que The Eye of Doom pour "Eyes Wide Shut''. Le premier visionnage fut une grande déception car je n'ai trouvé aucun intérêt dans cette histoire de fantasmes sexuels qui m'a parue aussi désuète qu'ennuyeuse. Il y a 18 mois, j'ai revisionné l'intégrale de Kubrick, cette fois dans l'ordre chronologique, et ce fût littéralement passionnant jusqu'à "Eyes Wide Shut" devant lequel j'ai tenu 30 minutes. C'est sûrement un grand film, je ne le juge pas sur ce point, mais ça ne passe pas en ce qui me concerne. En fait, je me fiche de l'histoire de ce couple. Elle me passe complètement au-dessus de la tête.
(...)
Et peut-être que je changerai d'avis dans quelques années en redécouvrant ''Eyes Wide Shut"...
Thaddeus a écrit : 15 janv. 22, 15:16 Remarque intéressante * car elle pointe la dissociation existant entre la lucidité d'un jugement et l'investissement personnel que l'on peut mettre dans un film - celui qui détermine une vraie rencontre, une vraie adéquation, avec celui-ci. Pour ma part, je dirais que 95% au moins des "grands films" (ou consacrés par la postérité comme tels) que je n'aime pas me laissent de marbre sur le strict plan de l'engagement subjectif, sans que je n'aie rien à leur reprocher par ailleurs. Dans l'immense majorité des cas, je perçois leurs qualités, je comprends le statut qu'ils ont acquis, mais ils ne me touchent pas, ils ne m'intéressent pas, point. Pour beaucoup de spectateurs, le cas Kubrick est caractéristique de cette dichotomie. On admire l'art du cinéaste, sa maîtrise démiurgique, l'ampleur de son imagerie, la perfection de sa technique, mais on ne s'investit pas (quand j'écris "on", je ne parle pas pour moi). Il est du coup très difficile d'étayer un argumentaire car la réserve porte sur un plan strictement affectif. "C'est un grand film, mais je n'aime pas". Combien de fois me suis-je trouvé dans cette situation frustrante... Eyes Wide Shut n'échappe sans doute pas à la règle, même si je trouve qu'il s'agit peut-être (avec Barry Lyndon) du film le plus frémissant, le plus chargé émotionnellement, le plus incarné de Kubrick. Lorsque Bill/Tom Cruise, à la fin, éclate en sanglots et se blottit dans contre sa femme en épanchant son aveu ("je vais tout te dire..."), c'est le dénouement similairement bouleversant de L'Aurore qui me vient en tête.
(...)
* Thaddeus fait ici référence à la remarque précédente de Candygirl (non mais dites, vous suivez ou quoi ?)
Alexandre Angel a écrit : 15 janv. 22, 16:37 (...)
Eyes Wide Shut est un beau Kubrick, très précisément parce qu'il est à mi-chemin de la maîtrise démiurgique (un peu la marque du bonhomme) et de la sensibilité à vif du réalisateur, qui est un américain complètement imprégné d'esthétique et d'imaginaire non seulement européen, mais plus précisément "mittel européen".
C'est ce dernier versant qui prime dans Eyes Wide Shut et c'est ça qui est beau : c'est un film qui éclaire toute la filmographie. Kubrick, en adaptant Schnitzler, se boucle lui-même.
The Eye Of Doom a écrit : 15 janv. 22, 20:16 Durant toute la projection, j’ai justement pensé à After Hours, autre cauchemar éveillé, en me disant: Putain dans After Hours il y a un vrai sentiment de peur de la mort : le personnage pour une illusion stupide a provoqué la mort d’une femme et risque de perdre sa vie. Dans Eyes Wide Shut, on y croit pas un instant aux supposés dangers que court T. Cruise *
* Alors là, The Eye Of Doom répondait à cinéfile (vous n'êtes vraiment pas attentifs, c'est pénible à la fin)

Et pour terminer, je vous laisse méditer sur cette hypothèse audacieuse de AtCloseRange (grand admirateur de Kubrick comme chacun le sait), pour qui si le cinéma n'a plus produit de chef d'oeuvre après 1999 c'est en grande partie à cause du décès du Maître :
AtCloseRange a écrit : 15 déc. 21, 21:15
De là à dire que c'est de la faute de Kubrick, il n'y a qu'un pas...
Voilà, c'était un samedi ordinaire sur Classik.

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Bonus :

Chassol Odissi Part III
(le morceau que j'écoutais en boucle en compilant tous ces messages)

C’est aussi une comédie à la Shining :mrgreen: parce que tu as un mec qui passe le plus clair de son temps à essayer de tromper sa femme et qui n’y arrive pas. Dit comme ça, ça sonne comme une histoire drôle ashkénaze et ça me fait bien marrer de voir les choses sous cet angle.
Entre le premier arc (celui où Bill tente par tous les moyens de se venger d’Alice - waouh, elle lui a juste avouée qu’une fois elle avait été tentée par un autre homme :lol: ) et le second (où tel un détective privée à la petite semaine il revient sur les lieux d’un crime qu’il n’a pas commis) jamais ô grand jamais la possibilité que le couple se sépare est ne serait-ce qu'envisagée. Le couple tout court n'est même pas abordé en fait.
Dans ces conditions la fin aux airs de réconciliation n’a en réalité pas trop de sens… et ça me pose pas de problème.

A y regarder de plus près EWS ne raconte pas grand-chose (je suis à deux doigts de dire rien), pas plus que 2001, Barry Lyndon ou Shining (là c’est le pompon).
Il me semble que c’est justement Frédéric Raphael (à moins que ce soit un forumeur, je ne sais plus plus :mrgreen: ) qui expliquait que le K ne raisonnait jamais en termes narratifs mais uniquement structurels.
Aucun film n’illustre ce concept à ce point et c’est à mon sens pourquoi il divise autant.
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tchi-tcha
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par tchi-tcha »

Truffaut Chocolat a écrit : 16 janv. 22, 20:37 C’est aussi une comédie à la Shining :mrgreen: parce que tu as un mec qui passe le plus clair de son temps à essayer de tromper sa femme et qui n’y arrive pas. Dit comme ça, ça sonne comme une histoire drôle ashkénaze et ça me fait bien marrer de voir les choses sous cet angle.
Entre le premier arc (celui où Bill tente par tous les moyens de se venger d’Alice - waouh, elle lui a juste avouée qu’une fois elle avait été tentée par un autre homme :lol: ) et le second (où tel un détective privée à la petite semaine il revient sur les lieux d’un crime qu’il n’a pas commis) jamais ô grand jamais la possibilité que le couple se sépare est ne serait-ce qu'envisagée. Le couple tout court n'est même pas abordé en fait.
L'angle de la comédie, je l'ai utilisé aussi auprès de personnes qui étaient réticentes, parce que Kubrick est un "Maître", un "Démiurge", un "Génie", donc son cinéma serait forcément réservé à une caste de cinéphiles, trop imposant pour le commun des mortels, trop distant, pas accessible (et en plus ça dure deux heures et demi).
Alors c'est bon de rappeler en effet que Tom Cruise y est un parfait crétin, accepté dans la haute société uniquement parce que c'est toujours utile d'avoir un médecin sous le coude, dont l'imaginaire érotique est aussi pauvre que la représentation qu'il se fait de l'infidélité de sa femme, et qui passe deux heures à essayer de tirer son coup sans y parvenir, le pauvre petit chéri infoutu de pimenter sa vie sexuelle (et merci de laisser les orgies bourgeoises à la vraie bourgeoisie, toi tu retournes faire les achats de Noël avec ta femme, fuck).

Mais cet argument vaut seulement pour rassurer les personnes qui ne se considèrent pas comme des cinéphiles, qui croient que Kubrick n'est pas fait pour elles, qui n'osent pas s'y coltiner... ou qui pensent plus simplement que c'est un truc intello et qu'elles vont s'y faire chier. Et concernant Eyes Wide Shut, ce serait très réducteur de n'y voir que ça, non ?
Attention également, on prend le risque d'aggraver notre cas, puisqu'on fait partie de cette élite snob qui rit de choses qu'elle est la seule à trouver drôles et à saisir ("ha ha ha, ce Shining, quelle poilade ! mais bon, tu peux pas comprendre...").

C'est toujours bon de rappeler qu'il y a de l'humour chez Kubrick (pas toujours subtil, certes, son cinéma n'étant pas spécialement un modèle de légèreté), que même dans un space-opera métaphysique comme 2001 il peut y avoir des gags discrets (la lecture des instructions aux toilettes en cas de besoin urgent, ça ne doit pas être évident). Et c'est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles Eyes Wide Shut n'aurait pas droit à ses galons de classique : pour un réalisateur réputé pour signer LE film définitif dans chaque genre qu'il aborde, son ultime monument n'a rien de monumental, rien de définitif, et il est même franchement trivial.
Pour un cinéaste à la main aussi lourde, faire sa sortie sur un film aussi léger le rend encore plus touchant pour moi.

(Et non je ne le juge pas à travers le prisme de l'ultime oeuvre posthume. Même s'il avait enchaîné sur son projet de SF, la parenthèse Eyes Wide Shut garderait cet aspect touchant, ça resterait à mes yeux le Kubrick le moins intimidant.)
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Truffaut Chocolat »

tchi-tcha a écrit : 17 janv. 22, 06:22 Attention également, on prend le risque d'aggraver notre cas, puisqu'on fait partie de cette élite snob qui rit de choses qu'elle est la seule à trouver drôles et à saisir ("ha ha ha, ce Shining, quelle poilade ! mais bon, tu peux pas comprendre...").
Oui oui bien sûr c'est très juste.
Maintenant quand on parle de comédie faut aussi expliciter ce qu'on entend par là, perso y'a un malentendu et c'est ma faute parce que quand je parle de comédie j'entends par là de l'absurdité, beaucoup d'absurdité même... c'est pour ça que je trouve que ses films ne racontent pas grand-chose finalement.
Ses films fonctionnent sur un autre ressort (structurel, conceptuel) et c'est ce ressort-là qui en fait l'un des cinéastes les plus analysés avec Hitch.

tchi-tcha a écrit : 17 janv. 22, 06:22 C'est toujours bon de rappeler qu'il y a de l'humour chez Kubrick (pas toujours subtil, certes, son cinéma n'étant pas spécialement un modèle de légèreté), que même dans un space-opera métaphysique comme 2001 il peut y avoir des gags discrets (la lecture des instructions aux toilettes en cas de besoin urgent, ça ne doit pas être évident). Et c'est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles Eyes Wide Shut n'aurait pas droit à ses galons de classique : pour un réalisateur réputé pour signer LE film définitif dans chaque genre qu'il aborde, son ultime monument n'a rien de monumental, rien de définitif, et il est même franchement trivial.
Pour un cinéaste à la main aussi lourde, faire sa sortie sur un film aussi léger le rend encore plus touchant pour moi.
ça aussi c'est très juste. Et c'est d'autant plus paradoxal d'en faire le sujet d'autant d'études et de thèses.
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par Torrente »

Truffaut Chocolat a écrit : 17 janv. 22, 09:01
tchi-tcha a écrit : 17 janv. 22, 06:22 Pour un cinéaste à la main aussi lourde, faire sa sortie sur un film aussi léger le rend encore plus touchant pour moi.
ça aussi c'est très juste. Et c'est d'autant plus paradoxal d'en faire le sujet d'autant d'études et de thèses.
En même temps, on ne compte plus "les cinéastes à la main lourde" célébrés partout et étudiés en long et en large :fiou:
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par primus »

Un film qui fait passer une mentalité petit bourgeois pour de la noblesse aristocratique. C'est là pour moi tout l'intérêt du film. Il rejoint Barry Lyndon dans cette imposture où le petit bonhomme a peur de tout perdre et fait donc tout pour que ça arrive. Dépassé par les évènements, par sa femme, par une partouze mystique et menaçante. Je ne vois pas bien où sont les mystères de ce film et ce qui justifierait qu'on se perde en théories fumeuses, à moins d'aimer ça. Sans y voir un chef-d'oeuvre c'est intéressant d'y replonger pour retrouver les travers habituels de la psychologie masculine. J'ai moi aussi le pavé de chez Taschen depuis des années.
Demi-Lune a écrit : 14 oct. 21, 15:27Ah par contre je suis affirmatif, monfilm = primus.
Je suis également Julien, Soleilvert, Nicolas Brulebois, Riqueunee, Boris le hachoir, Francis Moury, Yap, Bob Harris, Sergius Karamzin ... et tous les "invités" pas assez bien pour vous 8)
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par hoplahop »

James B Harris et Kirk Douglas ont dit qu'Eyes Wide Shut était le plus mauvais Kubrick et je pense qu'ils ont raison. Pour l'avoir revu récemment, c'est toujours aussi boursouflé. En particulier toute l’errance nocturne de Tom Cruise qui est beaucoup trop étirée. La scène avec la gamine et les deux zygotos est digne du pire Adryan Lyne. Pour moi il n'y a que la séquence du manoir avec les masques qui fonctionne. Là on retrouve effectivement le talent visuel du cinéaste et une certaine tension dramatique. Je pense d'ailleurs qu'il aurait dû concentrer tout son film sur cette histoire de société secrète plutôt que sur la relation entre Cruise et Kidman (qui en plus joue comme un cochon).
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par MJ »

hoplahop a écrit : 24 juil. 22, 12:04 Je pense d'ailleurs qu'il aurait dû concentrer tout son film sur cette histoire de société secrète plutôt que sur la relation entre Cruise et Kidman (qui en plus joue comme un cochon).
J'avais tendance à prendre la partie Fidelio comme très "onirique" ou imaginative, par manque de meilleurs termes ("conspi" serait le plus à la mode). Puis il y a eu l'affaire Jeffrey Epstein.
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par halford66 »

Son plus mauvais ?mouais parmi ses 1ers films certains n'étaient pas mémorables et ont méchamment vieilli,c'est dû aussi au fait qu'il s'est obstiné longtemps à tourner en NB(hormis Spartacus pris en cours de route il n'a commencé à tourner en couleurs qu'en 68 avec 2001)ce qui fatalement date ces films,je pense à Lolita ou Docteur Folamour.

Le couple Kidman/Cruise alors en pleine séparation est vraiment remarquable et visuellement le film est très réussi,c'est vraiment dommage que Kubrick ait tourné aussi peu car ses deux derniers films:FMJ et Eyes wide shut sont ce qu'il a fait de mieux avec 2001.
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Re: Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Message par AtCloseRange »

C'est vrai que le noir et blanc c'est un peu poussiéreux.
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