Scream (Wes Craven - 1996)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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jay
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par jay »

Demi-Lune a écrit :C'est Ghostface le vrai "héros"
Alambic a écrit :Quand Scream est arrivé, le genre était déjà mort et enterré dans une épaisse couche de second degrés et de dérision, et le tueur n'était plus source d'angoisse mais d'intérêt..
Demi-Lune a écrit : (je veux pas faire mon psychanalyste à deux balles, mais que le film ait inspiré de sordides faits divers n'est peut-être pas tellement étonnant). .
En revoyant quelques extraits, je n'ai décidément pas l'impression que Ghostface soit traité en "héros", source non plus d'angoisse mais "d'intérêt". Il y a suffisamment d'empathie pour les personnages persécutés. Qui a envie d'applaudir s' ils sont exécutés? Et quand bien même Ghostface projeterait à moment une image "cool" (ce que j'ai du mal à imaginer), lorsque le masque tombe, lorsque les vrais visages sont dévoilés, le traitement des assasins est sans équivoque.
Car Ghostface n'est pas un personnage à part entière comme Freddy ou Jason. C'est un simple costume qu'endosse les détraqués. C'est l'image de tous les psychopathes, de tous les tueurs*. Et si dans la réalité, certains ont endossé ce costume pour commettre leurs méfaits, ce n'était qu'un prétexte dévoilant leur véritable nature. Ils seraient passés à l'acte de toute façon. C'est en tout cas le propos du film : Quand Sidney lance aux deux tueurs (qui citent Norman Bates ou Hannibal Lecter comme modèles) que "regarder des films d'horreur les a rendu tarés", l'un d'eux réplique que "ces films ne créent pas des psychopathes, mais rendent les psychopathes plus créatifs ". Alors peut-être est-il dérangeant moralement de leur donner des modèles de mise en scène pour leurs crimes, mais est-ce que cela change fondamentalement quelque chose?

*Je note avec intérêt qu'au moment de se débarrasser d'un de ses agresseurs alors démasqué, c'est Sidney qui revêt brièvement le costume de Ghostface le temps d'asséner un coup de couteau.
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Watkinssien
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par Watkinssien »

A l'époque, j'avais trouvé çà déjà cynique et faussement malin et pourtant j'étais ado. Quand cela voulait faire peur, c'était trop mou et quand cela voulait faire rire, c'était trop insipide. De plus, je trouvais tous les acteurs mauvais.

Quand je le revois aujourd'hui, je trouve cela gentiment médiocre, autant dans sa mise en scène que dans son écriture. Mais il y a une bonne bande-son (Nick Cave rules) et au moins le personnage masqué du tueur a gagné ses galons de vilains cultes.
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tenia
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par tenia »

Demi-Lune a écrit :Mais je pense que les meilleurs slashers n'oublient jamais un ingrédient déterminant : la peur, le malaise. L'inconfort. On doit stresser pour le personnage mis en danger, on doit craindre autant que lui les apparitions du tueur parce que la perspective de la mort dans des conditions atroces provoque une réaction viscérale. Or pour moi le grand problème de Scream, c'est que cette réaction viscérale, elle est très rare. Et elle est très rare parce que la finalité du suspense n'est plus tellement l'épouvante, mais une forme de plaisir. Et ça, ça me dérange quand même beaucoup, comme avec les suites de Freddy, lorsqu'il est devenu un tueur cool. C'est Ghostface le vrai "héros", il est marrant avec sa gestuelle cartoonesque, ses facéties de gosse et tous les trucs qu'il se prend dans la gueule. L'ouverture du film mise à part, son jeu aux dépens de ses victimes provoque un suspense non plus fondé sur la peur mais sur une forme de jubilation (mais où est-il ?), on passe de son côté... tout cela baigne dans une ambiance tellement ludique et décontractée que le fait qu'il poignarde un ou une innocente n'inspire pas grand-chose, ce que je trouve vraiment problématique (je veux pas faire mon psychanalyste à deux balles, mais que le film ait inspiré de sordides faits divers n'est peut-être pas tellement étonnant).
Pour l'avoir revu il y a peu et être plus enthousiaste que toi, je trouve que c'est précisément là où Scream reste "unique". Ce n'est plus un simple slasher, c'est autre chose. Mieux ou moins bien, chacun en conviendra en fonction de ses attentes perso, mais le slasher se doit aussi d'être divertissant, avec des morts connes et visuellement inventives, un côté "jeu de l'oie de la mort" que la franchise des Destination finale a poussé dans ses derniers retranchements avec plus (le 2e film) ou moins (les 4e et 5e films) de réussite.

Là où Scream fonctionne, c'est au-delà du slasher, lorsqu'il s'amuse avec la violence à l'écran. Si on finit par prendre une certaine jubilation et passons du "côté" de Ghostface, il ne faut pas oublier qui est derrière, comment il s'agit (comme toujours) de quelqu'un de cinglé au fond. Le malaise, l'inconfort, il est là. Il démarre avec l'intro qui place clairement le côté profondément complaisant dans la violence du film, mais ce côté n'est pas désamorcé par un foutoir portnawakesque imposé comme chez les Freddy ou Jason ou co. Tous ces films étaient, en 1997, des suites toutes plus "kitschs" les unes que les autres, et même des sagas plus récentes comme Chucky, ou même les Return of the Evil Dead (pour viser large), ont alors des composantes involontairement drôles ou alors clairement portnawaks.

Scream prend cela, l'intègre, mais ne le régurgite que lorsque ça fait mal. Oui, on finit par apprécier le jeu de massacre de tous ces ados débiles qui se la pètent. Sauf qu'au final, moralement, c'est un peu plus malaisant que quand on se fend la gueule lorsque Jason prend 2 campeurs dans des sacs de couchage et les cogne l'un contre l'autre.

Après, oui c'est aussi pétri de défauts de narration, ça, je suis amplement d'accord là dessus. Le fait d'arrêter la narration pour ré-expliquer en long et en large (et ça, c'est le cas sur les 4 films ! C'est pas genre "on a compris, on le fait que dans le 1er film parce qu'il faut juste expliquer une fois pis voilà), non non) n'aide pas à construire l'angoisse.


Par contre, l'inspiration de faits divers réels... Comme j'ai toujours dit, l'être humain n'a pas attendu le cinéma pour s'entre tuer et ensuite se chercher des excuses à 2 balles une fois mis face à ses responsabilités. "Ah non j'vous jure, m'sieur, c'est la faute au film qui m'a donné des mauvaises idées !"
Imaginez si on disait ça avec les films de cul quand on pense au trafic internet que celui ci génère. Le nombre de mecs qui dormiraient sur la canapé... "Ah non ma chérie, j'te jure, c'est le film qui m'a donné des mauvaises idées !" :mrgreen:
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par Alambic »

jay a écrit :
Alambic a écrit :Quand Scream est arrivé, le genre était déjà mort et enterré dans une épaisse couche de second degrés et de dérision, et le tueur n'était plus source d'angoisse mais d'intérêt..
En revoyant quelques extraits, je n'ai décidément pas l'impression que Ghostface soit traité en "héros", source non plus d'angoisse mais "d'intérêt".
Intérêt n'est peut-être pas le mot adéquat.
Dans la première séquence, le tueur parle ciné d'horreur au téléphone avec sa future victime et la coince sur un truc de fan. On peut penser que le spectateur de Scream (fan de ciné d'horreur supposé) s'identifie immédiatement au tueur plutôt qu'à cette cruche qui n'a même pas vu correctement Vendredi 13.

On est bien loin du Leatherface de Hooper, qui ne regarde pas de film, qui n'en discute pas avec ses victimes, qui semble même totalement étranger au genre humain. En fait, il évoque plutôt un animal (il y a une scène où il reste à regarder par la fenêtre, qui fait penser à un chat qui "observe voler la poussière").
Taux d'identification : zéro.
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tenia
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par tenia »

Ca me fait penser à ceux qui reprochaient à Rob Zombie de caractériser Myers parce que la figure horrifique sans caractérisation, c'est bien aussi, c'est plus fantasmagorique.
On est un peu dans le même débat ici : vaut-il mieux un slasher très terre-à-terre avec un tueur dézinguant ceux qui ne connaissent pas le tueur du 1er Vendredi 13 où un délire abstrait à la TCM ? J'aurais tendance à dire : l'un n'empêche pas l'autre.
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par jay »

Alambic a écrit : Dans la première séquence, le tueur parle ciné d'horreur au téléphone avec sa future victime et la coince sur un truc de fan. On peut penser que le spectateur de Scream (fan de ciné d'horreur supposé) s'identifie immédiatement au tueur plutôt qu'à cette cruche qui n'a même pas vu correctement Vendredi 13. On est bien loin du Leatherface de Hooper, qui ne regarde pas de film, qui n'en discute pas avec ses victimes, qui semble même totalement étranger au genre humain. En fait, il évoque plutôt un animal (il y a une scène où il reste à regarder par la fenêtre, qui fait penser à un chat qui "observe voler la poussière").
Taux d'identification : zéro.
Potentiel horrifique : maximum
Je vous trouve particulièrement tordus. J'espère que ce n'est pas parce qu'on est fan de films d'horreur qu'on s'identifie à un tueur qui s'y réfère. Je m'identifie évidemment à la pauvre victime, et je ne vois pas en quoi le fait de se tromper sur l'identité du tueur de Vendredi 13 ferait d'elle une cruche (cet échange ne fait que poser les bases du whodunit à venir).
D'autant que (et ce n'est pas un hasard), il s'agit d'une actrice connue, Drew Barrymore, la petite Gertie de E.T. Wes Craven procède de la même manière qu'Hitchcock avec Janet Leigh. On est d'autant plus horrifié par ce qui lui arrive. Taux d'identification à elle : 100%. Potentiel horrifique : Maximum!
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par Alambic »

jay a écrit :Je vous trouve particulièrement tordus. J'espère que ce n'est pas parce qu'on est fan de films d'horreur qu'on s'identifie à un tueur qui s'y réfère. Je m'identifie évidemment à la pauvre victime
S'identifier à un personnage ne veut pas dire "se mettre dans la peau de".
Dans Orange Mécanique on s'identifie plus à Alex, le bourreau, qu'à la femme aux chats, pauvre victime mais dont on ne saura pas grand-chose. On compatit, oui, mais on ne s'identifie pas à elle. On finit par contre à s'identifier à Alex, un tout petit peu. Dans le cas contraire, le film de Kubrick est une perte de temps.
jay a écrit :D'autant que (et ce n'est pas un hasard), il s'agit d'une actrice connue, Drew Barrymore, la petite Gertie de E.T. Wes Craven procède de la même manière qu'Hitchcock avec Janet Leigh. On est d'autant plus horrifié par ce qui lui arrive. Taux d'identification à elle : 100%. Potentiel horrifique : Maximum!
Le fait que la victime, qu'on ne connait pas à ce moment du film, soit interprétée par une actrice ayant joué, enfant, dans un film que j'ai adoré devait décupler le potentiel horrifique de la scène ? Alambiqué... mais pourquoi pas, après tout. En tout cas, ça n'a pas fonctionné chez moi.
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par jay »

Alambic a écrit : S'identifier à un personnage ne veut pas dire "se mettre dans la peau de".
Alors ça veut dire quoi pour toi? Je me réfère à la définition commune.
Alambic a écrit : Dans Orange Mécanique on s'identifie plus à Alex, le bourreau, qu'à la femme aux chats, pauvre victime mais dont on ne saura pas grand-chose. On compatit, oui, mais on ne s'identifie pas à elle. On finit par contre à s'identifier à Alex, un tout petit peu. Dans le cas contraire, le film de Kubrick est une perte de temps.
Il me semble que ça n'a pas grand chose à voir. Kubrick joue sur le malaise de l'identification, qui intervient en réalité dans la seconde partie, quand de bourreau, Alex devient la victime.
Alambic a écrit : Le fait que la victime, qu'on ne connait pas à ce moment du film, soit interprétée par une actrice ayant joué, enfant, dans un film que j'ai adoré devait décupler le potentiel horrifique de la scène ? Alambiqué... mais pourquoi pas, après tout. En tout cas, ça n'a pas fonctionné chez moi.
C'est en tout cas la volonté de Craven, et je ne pense pas que cela soit si alambiqué. Confier le rôle à quelqu'un de connu permet de créer rapidement un lien avec le spectateur sans passer par la case backround du personnage, et de décupler l'horreur du spectateur quand il est massacré.
Après, évidemment, j'admets que la même réaction n'est pas garantie chez tous les spectateurs, heureusement... mais de là à s'identifier davantage au tueur, il y a quand-même un monde...
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par Alambic »

jay a écrit :
Alambic a écrit :S'identifier à un personnage ne veut pas dire "se mettre dans la peau de".
Alors ça veut dire quoi pour toi? Je me réfère à la définition commune.
L'identification c'est un lien qui se crée entre le spectateur et un personnage, et qui tient souvent à un (ou une accumulation de) détail, plus ou moins subtil. Je crois.
Il n'y a pas forcément assimilation complète (qui est assez rare à mon avis) : je ne parle pas du gamin qui "s'identifie" à Superman et se balance par la fenêtre, le poing en avant, en sortant du ciné.
jay a écrit :
Alambic a écrit :Dans Orange Mécanique on s'identifie plus à Alex, le bourreau, qu'à la femme aux chats, pauvre victime mais dont on ne saura pas grand-chose. On compatit, oui, mais on ne s'identifie pas à elle. On finit par contre à s'identifier à Alex, un tout petit peu. Dans le cas contraire, le film de Kubrick est une perte de temps.
Il me semble que ça n'a pas grand chose à voir. Kubrick joue sur le malaise de l'identification, qui intervient en réalité dans la seconde partie, quand de bourreau, Alex devient la victime.
Il n'en reste pas moins un meurtrier et un violeur. Et on s'identifie. Mais pas à la femme aux chat (qui refuse d'ouvrir à un accidenté de la route, prétextant ne pas avoir le téléphone, ce qui est faux), ni à l'honorable gardien de prison (trop zélé, trop obséquieux), ni aux parents (trop mous)...

Donc s'identifier plus à un tueur qu'à sa proie n'a rien de tordu.
Dans un slasher, je trouve ça contre-productif.
Enfin, je ne m'identifie à personne dans Scream, que j'ai toujours trouvé médiocre, comme film d'horreur et comme film tout court.
Mais je comprends qu'il fonctionne chez certain. La peur, comme le rire, ça se commande difficilement.
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par Mama Grande! »

Alambic a écrit : Dans la première séquence, le tueur parle ciné d'horreur au téléphone avec sa future victime et la coince sur un truc de fan. On peut penser que le spectateur de Scream (fan de ciné d'horreur supposé) s'identifie immédiatement au tueur plutôt qu'à cette cruche qui n'a même pas vu correctement Vendredi 13.
Ce n'est pas spécialement une cruche (si se tromper sur le tueur d'un film d'horreur ça fait de quelqu'un un idiot...), c'est juste une ado américaine ni plus ni moins cruche que la moyenne, une parfaite girl next door qui se fait persécuter par un tueur invisible. Pour être avec la victime il n'y a pas besoin de s'identifier, mais il faut de l'empathie pour elle. Et oui on a naturellement plus d'empathie pour une lycéenne qui s'apprête à passer une soirée télé tranquille sans embêter personne que pour un psychopathe invisible qui persécute psychologiquement sa victime avant de l'étriper.
Dans cette scène, l'angoisse ne vient pas du tueur même que l'on n'a pas encore découvert, mais tout simplement de savoir que la mort rôde à proximité, qu'elle nous voit mais qu'on ne la voit pas.
C'est un effet d'angoisse des plus classiques, mais qui dans mon cas fut diablement efficace. Je me rappelle quand j'ai vu cette scène à 13 ans seul à la maison, impossible de dormir après :lol:
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Re: Scream (Wes Craven)

Message par mannhunter »

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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par cinéfile »

Je viens de me refaire les trois premiers épisodes en 24h (j'ai mis sciemment de côté le 4ème).

J'étais curieux de voir si les films tenaient le coup ou non après 20 ans (le troisième est sorti le 19 avril 2000, à paraître bientôt dans le topic "il y a 20 ans au cinéma" :wink:), en particulier du point de vue de l'évolution de mon regard en tant que spectateur. J'avais découvert le 1er en VHS quelques mois avant la sortie du 3ème, celui-là vu en salle. Pour les gars de mon âge (30 ans et quelques), la saga Scream faisait partie des premiers films d'horreur/slasher qu'on voyait. Notre maitre étalon, en quelque sort, bien que cela puisse paraitre absurde dans la mesure où le film se place en marge du genre par son second degré. C'est peu dire qu'il fixera les codes pour le deux décennies à venir : réflexion méta, jeux des références et de citations pour public geekisé... Bien au-delà du petit univers du slasher et de la médiocre vague des Souviens-toi l'été dernier etc

Et bien je dois dire qu'outre la petite pointe de nostalgie qui a pu poindre occasionnellement, cette saga m'a semblé relativement insipide à la revoyure.

Contrairement à mes attentes, le premier épisode n'a pas eu ma préférence. Je m'y suis plutôt ennuyé. Passé la célèbre intro, j'ai trouvé la réalisation molle et pas très réussie (abondance de cadres obliques complètement incongrus). Les séquences de meurtre sont particulièrement répétitives et peu prenantes. En soit, l'absence d'effroi pur n'est pas trop problématique, surtout que le film évolue sur un autre niveau, mais le manque d'intensité l'est beaucoup plus. C'est étrange de le constater après avoir gentiment flippé devant les mêmes séquences à la (pré)-adolescence, mais ce tueur masqué est en fait diablement empoté. Il se prend constamment des portes, met des plombes à étriper ces victimes, quand il se dispense carrément de les achever... Mais avant cela, il faut se coltiner une première heure où il ne se passe pas grand chose, et où on a droit à des scènes pas super bien jouées. Pas de reproche envers Neve Campbell, qui porte assez bien son personnage, ni David Arquette, vraiment irrésistible en shérif assistant pèquenaud et constipé (un personnage que n'aurait pas renié les frères Coen). En revanche, Matthew Lilliard (Stu) et Jamie Kennedy (Randy, le nerd) sont à baffer tout du long. Surtout le premier, qui ruine toutes les scènes dans lesquels il apparait. A ce niveau-là, on a du mal à savoir jusqu'à quel point cela est voulu. C'est d'ailleurs toute la difficulté d'évaluation du film. A quel degré se trouve l'intention profonde du film et de ses responsables artistiques ?

Le second épisode s'avère beaucoup plus satisfaisant car il a l'avantage de ne pas avoir à s'encombrer d'une longue exposition. Le rythme est plus pêchu, les attaques du tueur plus sophistiquées et chorégraphiées. On retrouve les personnages forts du précédent, avec en renfort Cotton/Liev Schreiber (acteur que j'adore et qui a bien confirmé depuis) et une apparition sympa de David Warner en prof de théâtre (le rôle du britannique de service). Sympatoche.

Le troisième film, résolument tourné vers l'humour et la mise en abyme poussée au maximum, démarre plutôt bien. Le duo Cox/Arquette assure le show alors que N. Campbell ne débarque réellement qu'après une heure de film. Malheureusement, tout ça se gatte rapidement par la suite et la confrontation finale est une nouvelle fois des plus ridicule.
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Message par mannhunter »

Philip Marlowe a écrit :Et bien je l'aime bien ce SCREAM! Autant je vomis sur Souviens toi l'été dernier etc...mais celui-là je le trouve vraiment bien foutu.
La séquence d'ouverture m'avait bien foutu les chocottes et j'aime bien l'ambiance teen movie poisseux. Et puis je trouve qu'il y a plus d'un élément intéressant et que oui, c'est dérangeant comme tout film d'horreur qui se respecte(enfin pour moi).

Oui, c par moment drôle, mais dans mon cas, l'humour ne tue jamais l'angoisse et au contraire s'y mélange parfaitement. Le perso principal est réussi et on passe un bon moment.

Alors oui, ses suites, bien que cohérentes, sont à 1000 lieux en-dessous, ses descendants sont des daubes. Mais pas celui-là.
Philip Marlowe a écrit :j'ai plus stressé devant Scream que devant Evil Dead
Roy Neary a écrit :J'aime bien le premier Scream. Wes Craven a voulu poursuivre son entreprise de mise en abîme commencée avec le dernier épisode de Nightmare on Elm Street (le 7). Je trouve la réalisation soignée et le scénario plutôt intelligent. Un exercice malin et jouissif que j'ai apprécié.
Simone Choule a écrit :1.A Nightmare on Elm Street de Wes Craven :
Il y a bien sure cette idée géniale : un tueur tue des adolescents par l’intermédiaire de leur rêve… Wes Craven use avec maestria du passage rêve/réalité et fait des Griffes de La Nuit un film unique : un Slasher Bunuellien (référence clairement affichée par le cinéaste). Cette incertitude du moment (sommes-nous dans un rêve, dans la réalité ?) créé un sentiment de terreur grandissant qui ne s’est pas amoindri avec le temps.
Freddy est, encore ici, finalement peu présent… Et rien ne le prédispose à devenir le « héros » qu’il deviendra plus tard. Mais nous ne sommes pas prêt d’oublier ce tueur au visage cramé, au pull rayé rouge et vert, et coiffé d’un chapeau mou.
La musique de Elmer Bernstein, envoûtante et stressante, est magnifique…

2.Freddy’s Revenge de Jack Sholder :
C’est l’un des épisodes les moins aimé de la série. Pour cause, il abandonne le côté rêve qui avait fait le succès du premier (et aussi parce que Freddy y apparaît au grand jour…). Pourtant le film réalisé plutôt platement par le sympathique Jack Sholder (Hidden…) distille une atmosphère poisseuse et insidieuse assez étrange. Ici, Freddy prend possession du corps d’un adolescent et se fait le chantre de toutes ses pulsions sexuelles. Et le film de s’enfoncer dans une imagerie sado/maso/homo des plus réjouissantes (voire la scène où le prof de sport se retrouve cul nu sous la douche et se fait fouetter !). Mine de rien, cet épisode- aussi discutable soit-il - prépare le caractère métaphorique que Freddy va prendre par la suite… C’est aussi le plus angoissant de la série avec les deux opus de Wes Craven.

7.Wes Craven’s New Nightmare de Wes Craven
C’est tout simplement La Nuit Américaine des films d’Horreur. Craven – comme il le fera plus tard avec Scream – impose une mise en abîme qui loin d’amoindrir la croyance en ce qui est raconté, la relance.
Le cinéaste, dans un geste d’une magistrale beauté, efface toutes les erreurs du passé et redonne à sa créature toute sa puissance mythologique. Freddy fait de nouveau peur…
Le mythe est intact… Et cette fois, c’est pour toujours…
Freddy ne pourra décidément jamais mourir…"
plussun!
Flol a écrit :je considère Wes Craven comme un traître du cinéma de genre...
Tuck pendleton a écrit :il ne faut pas oublier Scream 2 qui , même s'il n'appporte pas le matériel parodique et reflexif sur le genre du slasher, contient des scènes beaucoup plus réussi que le premier.
Joshua Baskin a écrit :Sinon, Simone, je rejoins ton avis sur le jouissif Shocker, un film à réhabiliter.
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Re: Re:

Message par Flol »

Flol a écrit :je considère Wes Craven comme un traître du cinéma de genre...
Je précise quand même que ce n'est pas moi qui ai dit ça, mais un certain Ratatouille qui avait pour habitude de raconter de la merde à l'époque.
Alors qu'aujourd'hui, il dirait simplement que la réputation de Craven en tant que maître de l'horreur vaut surtout pour les très bons concepts qu'il a pu imaginer (Nightmare on Elm Street, Shocker), pour son premier film coup de poing mais quand même super bancal, plutôt que pour ses talents de metteur en scène somme toute relatifs.
Quant à l'aspect meta des Scream, il est finalement beaucoup plus à mettre au crédit de Kevin Williamson. La mise en scène, elle, transcende à peine tout ça (même s'il y a par-ci par-là quelques séquences fortes, notamment dans le second).
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Billy Budd
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Re: Scream (Wes Craven - 1996)

Message par Billy Budd »

Vous me donnez envie de me faire toute la saga, confinement oblige - de mémoire, je m'étais arrêté au troisième.
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