Steven Soderbergh
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Re: Steven Soderbergh
C'est simplement le cinéaste de 2021. 2 films, 2 studios, 2 propositions. Ce type m'impressionne.
Je repense à Laundromat et ensuite je songe à Don't look up et je me gausse.
Du Cinéma partout, tout le temps, de la malice, de l'impact, face à une blague lisse et proprette restée au stade adolescent pour brosser tout le monde dans le sens du poil.
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- Flol
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Re: Steven Soderbergh
Je n'ai pas encore vu No Sudden Move, mais qu'un film soit une "proposition", ok sur le principe ; mais en quoi cela ferait un bon film ? Je cherche encore.
C'est bon, je crois qu'on a bien compris.
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Re: Steven Soderbergh
Ce n'est pas ce que j'ai dit, alors tout va bien.Flol a écrit :qu'un film soit une "proposition", ok sur le principe ; mais en quoi cela ferait un bon film ? Je cherche encore.
Ce sont simplement 2 propositions différentes (tu peux utiliser le terme que tu veux, je n'ai pas trouvé mieux mais je n'ai pas cherché longtemps, il était minuit passé), comme souvent avec ce cinéaste qui expérimente, propose et se remet en question tout le temps. C'est passionnant, son œuvre vit, mue, bouge tout le temps.
Même quand il fait des films de genre, ce ne sont jamais des natures mortes (comme ce que font certains de ses collègues).
D'ailleurs, je n'arrive jamais à être méchant, même devant ses films que je n'aime pas et il y en a une tonne (Traffic, Erin Brokovich, Ocean's eleven, twelve, thirteen, The informant etc).
Ça me fait penser qu'il faut encore que je découvre Che et Liberace mais comme je n'aime pas les biopics, je procrastine.
Holà, tu n'es pas prêt de me voir arrêter. Je ne fais que commencerFlol a écrit :C'est bon, je crois qu'on a bien compris.Torrente a écrit :Je repense à Laundromat et ensuite je songe à Don't look up et je me gausse.
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Dernière modification par Torrente le 4 janv. 22, 19:42, modifié 1 fois.
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Re: Steven Soderbergh
En vrai je faisais simplement de la taquinade, parce que j'adore Soderbergh moi aussi. Sa versatilité ne cesse de m'étonner et rien que pour ça, il a toute mon admiration.
Et son œuvre me passionne bien plus que celle de McKay, donc au fond nous sommes parfaitement raccords.
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Re: Steven Soderbergh
Sexe, Mensonges et Vidéo (1989)
Graham Dalton (James Pader) collectionne les interviews vidéo de femmes qui racontent sans ambages leur vie sexuelle. De retour dans sa ville natale il retrouve John (Peter Gallagher) un ancien copain de fac qui a "réussi" et sa femme Ann (Andie MacDowell). Cette rencontre va avoir pour tous des conséquences surprenantes.
Le temps passant, on peut souvent distinguer deux types de projets dans la filmographie de Steven Soderbergh. D’un côté ceux se prêtant à une recherche formelle et narrative marquées, travaillant une stylisation et expérimentation constante. De l’autre des œuvres travaillant l’épure, la traduction d’une authenticité et d’une modestie dans les récits, les milieux sociaux voire les castings (le choix d’acteurs non professionnels de certains films). Le budget n’influe pas forcément sur la direction de la catégorie, un Erin Brockovich (2000) porté par Julia Roberts s’inscrivant plutôt dans la seconde, l’alambiqué L’Anglais dans la première tout comme Hors d’atteinte et sa distribution prestigieuse. Cette dualité traduit la volonté contradictoire d’un film à l’autre de poser un regard plus démiurge et distant dans la première partie de sa carrière puis dans ses productions plus récentes au contraire de d’observer une réalité intime et/ou économique autour d’un microcosme social.
Cet équilibre, Soderbergh l’avait déjà magistralement atteint dès son premier film Sexe, Mensonges et Vidéo. L’idée du film naît d’une rupture amoureuse où il imagine la vidéo comme échappatoire à son personnage pour surmonter, ou du moins endormir sa douleur. Les œuvres qu’il envisage comme modèles sont notamment La Dernière séance de Peter Bogdanovich (1971), Ce plaisir qu’on dit charnel de Mike Nichols (1971) et Cinq pièces faciles de Bob Rafelson (1970). Ces trois films se caractérisent justement par les éléments évoqués plus haut : microcosme géographique et social prégnants qui déterminent l’esthétique très singulière de chacun tout abordant des problématiques introspectives. Le titre, le postulat et l’amorce de Sexe, Mensonges et Vidéo ont tout du mauvais thriller érotique avant de bousculer progressivement nos certitudes. Graham (James Spader), séduisant inconnu qui s’immisce dans le quotidien du couple en crise de son copain de fac John (Peter Gallagher) et ne laisse pas indifférente son épouse Ann (Andie MacDowell).
Graham exerce une fascination immédiate par le mélange de proximité et d’austérité qu’il dégage. Il a une manière très déstabilisante de poser des questions intrusives à ses interlocutrices, tout en révélant crûment des facettes de lui-même susceptible de les mettre en confiance (ou de les décevoir ?) comme le fait qu’il soit impuissant. Sa vulnérabilité est surprenante et rassurante pour les femmes dont l’intimité peut se révéler à son contact, de façon inconsciente pour les plus pudiques (le geste équivoque d’Ann avec son verre lors de la conversation au bar) et exhibitionnistes pour les autres (Cynthia (Laura San Giacomo) se déshabillant et se masturbant face à lui) à travers sa marotte de filmer leurs confidences sexuelles. Le gimmick de montage faisant débuter un dialogue de la séquence suivante à la fin de la précédente tout au long du film est là pour placer chaque protagoniste sur un pied d’égalité dans leurs impasses personnelles. Cynthia a certes une sexualité active et décomplexée, mais c’est au prix de la trahison de sa sœur Ann et d’un rapprochement avec son détestable beau-frère John. Ce dernier est un cynique et individualiste qui a fini par ne s’attacher qu’au paraître. Enfin Ann est une femme pétrie de complexes dont le mal-être se répercute sur sa désormais absence de libido. Graham par son attitude neutre et ambiguë sert de révélateur aux failles de chacun tout en ayant ses propres démons.
L’erreur serait de le prendre pour un grand maître du jeu manipulateur alors que son attitude ne sert que d’accélérateur à des évènements qui aurait finis par arriver, quand sa situation est finalement plus tragique. Soderbergh escamote chaque séquence de confidence filmée, nous faisant vite comprendre que le plus troublant n’est pas la parole libérée des femmes, mais l’attitude de Graham. Si détaché d’ordinaire, il devient soudain plus concerné, impliqué par ce qu’il entend. Nulle excitation ou perversité là-dedans, c’est simplement un instantané d’humanité et d’émotions dont il n’est plus capable qui s’offre à lui à travers ses discussions. La manière dont Soderbergh le filme lorsqu’il interroge une femme ou revoit ses rushes vidéo, les inflexions de sa voix et surtout le langage corporel de James Spader exercent une fascination constante. L’intention supposée de ces scènes est totalement inversée en faisant par la mise en scène de l’intervieweur celui qui s’expose et de la confidente celle qui se joue de lui – même si la conversation entraîne des conséquences sur leur vie à tout deux.
Cela reste diffus jusqu’à la magistrale confrontation finale entre Graham et Ann. Lasse de son existence morne, Ann est enfin prête aux aveux filmés et ce faisant avoue à Graham le désir qu’elle éprouve pour lui. C’est désormais à lui de sortir de sa torpeur et d’expliquer son incapacité à répondre à cette avance, et dès lors la curiosité, la fascination est du côté d’Ann face à cet homme acculé dans ses contradictions. Soderbergh donne une portée plus grande encore à cette séquence en la faisant visionner sous forme d’enregistrement à au mari infidèle avant de pleinement amener la révélation. Une nouvelle fois c’est le supposé voyeur qui doublement est renvoyé à ses manques. L’exploit de Soderbergh sera de traduire cette atmosphère de sensualité et de désirs refoulés en se montrant d’une sobriété exemplaire dans les scènes de sexe réduites à leurs plus simples expressions, ou escamotées lors des confidences vidéo les plus crues. Au début du film, Graham dit dans une phrase que « plus un homme désire une femme et plus il l’aime tandis que plus une femme aime un homme et plus elle le désire ». C’est plus ou moins le cheminement qui aboutit à la magnifique scène d’amour (pudiquement interrompue) finale entre Graham et Ann. Coup d’essai et coup de maître pour Steven Soderbergh récompensée par la Palme d’Or en 1989, et dont il reste le plus jeune lauréat à ce jour. 5,5/6
Graham Dalton (James Pader) collectionne les interviews vidéo de femmes qui racontent sans ambages leur vie sexuelle. De retour dans sa ville natale il retrouve John (Peter Gallagher) un ancien copain de fac qui a "réussi" et sa femme Ann (Andie MacDowell). Cette rencontre va avoir pour tous des conséquences surprenantes.
Le temps passant, on peut souvent distinguer deux types de projets dans la filmographie de Steven Soderbergh. D’un côté ceux se prêtant à une recherche formelle et narrative marquées, travaillant une stylisation et expérimentation constante. De l’autre des œuvres travaillant l’épure, la traduction d’une authenticité et d’une modestie dans les récits, les milieux sociaux voire les castings (le choix d’acteurs non professionnels de certains films). Le budget n’influe pas forcément sur la direction de la catégorie, un Erin Brockovich (2000) porté par Julia Roberts s’inscrivant plutôt dans la seconde, l’alambiqué L’Anglais dans la première tout comme Hors d’atteinte et sa distribution prestigieuse. Cette dualité traduit la volonté contradictoire d’un film à l’autre de poser un regard plus démiurge et distant dans la première partie de sa carrière puis dans ses productions plus récentes au contraire de d’observer une réalité intime et/ou économique autour d’un microcosme social.
Cet équilibre, Soderbergh l’avait déjà magistralement atteint dès son premier film Sexe, Mensonges et Vidéo. L’idée du film naît d’une rupture amoureuse où il imagine la vidéo comme échappatoire à son personnage pour surmonter, ou du moins endormir sa douleur. Les œuvres qu’il envisage comme modèles sont notamment La Dernière séance de Peter Bogdanovich (1971), Ce plaisir qu’on dit charnel de Mike Nichols (1971) et Cinq pièces faciles de Bob Rafelson (1970). Ces trois films se caractérisent justement par les éléments évoqués plus haut : microcosme géographique et social prégnants qui déterminent l’esthétique très singulière de chacun tout abordant des problématiques introspectives. Le titre, le postulat et l’amorce de Sexe, Mensonges et Vidéo ont tout du mauvais thriller érotique avant de bousculer progressivement nos certitudes. Graham (James Spader), séduisant inconnu qui s’immisce dans le quotidien du couple en crise de son copain de fac John (Peter Gallagher) et ne laisse pas indifférente son épouse Ann (Andie MacDowell).
Graham exerce une fascination immédiate par le mélange de proximité et d’austérité qu’il dégage. Il a une manière très déstabilisante de poser des questions intrusives à ses interlocutrices, tout en révélant crûment des facettes de lui-même susceptible de les mettre en confiance (ou de les décevoir ?) comme le fait qu’il soit impuissant. Sa vulnérabilité est surprenante et rassurante pour les femmes dont l’intimité peut se révéler à son contact, de façon inconsciente pour les plus pudiques (le geste équivoque d’Ann avec son verre lors de la conversation au bar) et exhibitionnistes pour les autres (Cynthia (Laura San Giacomo) se déshabillant et se masturbant face à lui) à travers sa marotte de filmer leurs confidences sexuelles. Le gimmick de montage faisant débuter un dialogue de la séquence suivante à la fin de la précédente tout au long du film est là pour placer chaque protagoniste sur un pied d’égalité dans leurs impasses personnelles. Cynthia a certes une sexualité active et décomplexée, mais c’est au prix de la trahison de sa sœur Ann et d’un rapprochement avec son détestable beau-frère John. Ce dernier est un cynique et individualiste qui a fini par ne s’attacher qu’au paraître. Enfin Ann est une femme pétrie de complexes dont le mal-être se répercute sur sa désormais absence de libido. Graham par son attitude neutre et ambiguë sert de révélateur aux failles de chacun tout en ayant ses propres démons.
L’erreur serait de le prendre pour un grand maître du jeu manipulateur alors que son attitude ne sert que d’accélérateur à des évènements qui aurait finis par arriver, quand sa situation est finalement plus tragique. Soderbergh escamote chaque séquence de confidence filmée, nous faisant vite comprendre que le plus troublant n’est pas la parole libérée des femmes, mais l’attitude de Graham. Si détaché d’ordinaire, il devient soudain plus concerné, impliqué par ce qu’il entend. Nulle excitation ou perversité là-dedans, c’est simplement un instantané d’humanité et d’émotions dont il n’est plus capable qui s’offre à lui à travers ses discussions. La manière dont Soderbergh le filme lorsqu’il interroge une femme ou revoit ses rushes vidéo, les inflexions de sa voix et surtout le langage corporel de James Spader exercent une fascination constante. L’intention supposée de ces scènes est totalement inversée en faisant par la mise en scène de l’intervieweur celui qui s’expose et de la confidente celle qui se joue de lui – même si la conversation entraîne des conséquences sur leur vie à tout deux.
Cela reste diffus jusqu’à la magistrale confrontation finale entre Graham et Ann. Lasse de son existence morne, Ann est enfin prête aux aveux filmés et ce faisant avoue à Graham le désir qu’elle éprouve pour lui. C’est désormais à lui de sortir de sa torpeur et d’expliquer son incapacité à répondre à cette avance, et dès lors la curiosité, la fascination est du côté d’Ann face à cet homme acculé dans ses contradictions. Soderbergh donne une portée plus grande encore à cette séquence en la faisant visionner sous forme d’enregistrement à au mari infidèle avant de pleinement amener la révélation. Une nouvelle fois c’est le supposé voyeur qui doublement est renvoyé à ses manques. L’exploit de Soderbergh sera de traduire cette atmosphère de sensualité et de désirs refoulés en se montrant d’une sobriété exemplaire dans les scènes de sexe réduites à leurs plus simples expressions, ou escamotées lors des confidences vidéo les plus crues. Au début du film, Graham dit dans une phrase que « plus un homme désire une femme et plus il l’aime tandis que plus une femme aime un homme et plus elle le désire ». C’est plus ou moins le cheminement qui aboutit à la magnifique scène d’amour (pudiquement interrompue) finale entre Graham et Ann. Coup d’essai et coup de maître pour Steven Soderbergh récompensée par la Palme d’Or en 1989, et dont il reste le plus jeune lauréat à ce jour. 5,5/6
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Re: Steven Soderbergh
Zemat a écrit : Autant je partais super confiant pendant les 10/15 premières minutes, autant la mécanique m'a très vite saoulé.
Torrente a écrit : Ah, OK.
Ça, c'est typique du genre Film noir. Tu ne devais pas être dans bon jour. Ou alors le genre te gonfle "en général". C'est possible aussi.
C'est marrant parce que je me suis laissé embarquer directement et je n'ai pas subi du tout la "mécanique" dont tu parles. Il faut vraiment que je me concentre et encore, je ne me souviens pas vraiment de ce type d'effets incessants au point de souler.
En tout cas, j'ai trouvé que c'était le film le plus brillant de l'année. Tout en étant ludique. Avec une photo, une prod', une BO et un casting de premier ordre. Ça m'a fait beaucoup de bien surtout vu tous les machins qu'on s'est coltinés cette année.
Particulièrement apprécié, en effet, de mon côté. Soderbergh semble capable d'assurer dans tous les genres, mais je crois que c'est dans le film noir que je le trouve à son meilleur niveau. Underneath, The Limey, Out of sight et ses 2 épisodes de la série Fallen angels (dont l'un offrant déjà un beau contre-emploi à Brendan Fraser) constituent pour moi des sommets de sa filmographie, et ce No sudden move n'est vraiment pas loin de les rejoindre niveau réussite.Torrente a écrit : ↑17 janv. 22, 15:45 J'ai édité mon message avant ta réponse.
Et vraiment désolé, mais non je n'ai pas trouvé ça pire ou plus que dans d'autres Films noirs suivants ce même principe.
En fait, il faut juste accepter qu'on ne saura jamais avant la fin et que tout le monde joue une partie de poker menteur dans son coin.
Rien que d'en reparler, j'ai envie de le revoir une troisième fois
Quand je pense que ça ne sortira probablement jamais en Blu-ray
Le côté mic-mac pyramidal de l'intrigue ne m'a pas gêné non plus. Je le vois aussi comme l'un des fondements narratifs du genre. En tout cas je n'ai pas ressenti cela comme poussif ou répétitif. Je trouve à l'inverse assez brillante cette façon qu'à le film d'élargir progressivement son propos vers une sorte de réflexion sur les rouages du capitalisme moderne, écrasant au passage complétement la plupart de ses personnages. En cela, le film m'a par moment fait penser au superbe Cutter's way d'Ivan Passer.
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Re: Steven Soderbergh
... tout en étant moins dépressif et plus ludique.
Mais j'ai prévu de revoir Cutter's way, un de ces jours, pour le ré-évaluer (il m'avait simplement mis le moral à zéro... ce qui est le but donc bon, je ne devrais pas lui en tenir rigueur).
En tout cas, tu décris exactement ce que j'ai ressenti.
Ce qui m'a complétement conquis, et qui a fini de l'assoir pour moi comme l'un des films les plus ambitieux (et réussis) de l'année (sans aucune mesure, vu la concurrence d'une faiblesse sans nom - on a célébré et donné des prix cette année à des cinéastes à gros sabots qui m'ont assommé avec leurs leçons de vie péremptoires), c'est la profusion de personnages que Soderbergh et le scénariste parviennent à gérer sans forcer, avec finesse et humilité.
Tous prennent vie en quelques coups de pinceaux, parfois une simple esquisse et les acteurs se chargent de les développer (soit par des postures, des tics, un accessoire ou un phrasé particulier, ils existent). C'est tellement rare, depuis quelques années. Vraiment. On ne se rend pas compte mais c'est un talent qui se perd. Ce que je trouve encore plus jouissif et qui entérine sa réussite à ce niveau-là, c'est de réaliser qu'il parvient à gérer cette opulence de personnages sans avoir recours à un format extra-long ni à une mini-série ; facilités auxquelles ont recours nombre de leurs confrères depuis quelques années (une mode qui m'agace de plus en plus) et que les maîtres du passé savaient contourner (et des maîtres du film Noir, il y en a pléthore).
D'autre part, il "utilise" le genre pour parler de choses qui raisonnent dans nos sociétés actuelles mais il le fait sans cynisme, avec beaucoup d'élégance et de subtilité. On peut très bien remiser cet aspect au placard si on veut, sans pour autant perdre tout le suc du film.
C'est du bel ouvrage. Un travail d'artisan comme je les aime. A la fois, film de genre de première classe et grand film d'Auteur. Une passerelle rêvée, en somme.
Je n'ai pas été aussi enthousiaste à propos d'un Néo-Noir depuis Miller's crossing (qui figure dans mon Top 10 de tous les temps) ou l'Anglais (quelques années plus tard). C'est évidemment moins bon et il faudra du temps pour le digérer et qu'il trouve sa véritable place mais je suis confiant. Il y a pire représentant contemporain pour le film Noir, me semble t il.
Mais j'ai prévu de revoir Cutter's way, un de ces jours, pour le ré-évaluer (il m'avait simplement mis le moral à zéro... ce qui est le but donc bon, je ne devrais pas lui en tenir rigueur).
En tout cas, tu décris exactement ce que j'ai ressenti.
Ce qui m'a complétement conquis, et qui a fini de l'assoir pour moi comme l'un des films les plus ambitieux (et réussis) de l'année (sans aucune mesure, vu la concurrence d'une faiblesse sans nom - on a célébré et donné des prix cette année à des cinéastes à gros sabots qui m'ont assommé avec leurs leçons de vie péremptoires), c'est la profusion de personnages que Soderbergh et le scénariste parviennent à gérer sans forcer, avec finesse et humilité.
Tous prennent vie en quelques coups de pinceaux, parfois une simple esquisse et les acteurs se chargent de les développer (soit par des postures, des tics, un accessoire ou un phrasé particulier, ils existent). C'est tellement rare, depuis quelques années. Vraiment. On ne se rend pas compte mais c'est un talent qui se perd. Ce que je trouve encore plus jouissif et qui entérine sa réussite à ce niveau-là, c'est de réaliser qu'il parvient à gérer cette opulence de personnages sans avoir recours à un format extra-long ni à une mini-série ; facilités auxquelles ont recours nombre de leurs confrères depuis quelques années (une mode qui m'agace de plus en plus) et que les maîtres du passé savaient contourner (et des maîtres du film Noir, il y en a pléthore).
D'autre part, il "utilise" le genre pour parler de choses qui raisonnent dans nos sociétés actuelles mais il le fait sans cynisme, avec beaucoup d'élégance et de subtilité. On peut très bien remiser cet aspect au placard si on veut, sans pour autant perdre tout le suc du film.
C'est du bel ouvrage. Un travail d'artisan comme je les aime. A la fois, film de genre de première classe et grand film d'Auteur. Une passerelle rêvée, en somme.
Je n'ai pas été aussi enthousiaste à propos d'un Néo-Noir depuis Miller's crossing (qui figure dans mon Top 10 de tous les temps) ou l'Anglais (quelques années plus tard). C'est évidemment moins bon et il faudra du temps pour le digérer et qu'il trouve sa véritable place mais je suis confiant. Il y a pire représentant contemporain pour le film Noir, me semble t il.
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Re: Steven Soderbergh
c'est un faux ami, ce n'est pas françaisFlol a écrit : ↑4 janv. 22, 19:36 En vrai je faisais simplement de la taquinade, parce que j'adore Soderbergh moi aussi. Sa versatilité ne cesse de m'étonner et rien que pour ça, il a toute mon admiration.
Et son œuvre me passionne bien plus que celle de McKay, donc au fond nous sommes parfaitement raccords.
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Re: Steven Soderbergh
https://www.larousse.fr/dictionnaires/f ... 3%A9/81642
ce n'est donc pas un compliment ? versatilité
nom féminin
Littéraire. Caractère versatile : Personne d'une grande versatilité.
Synonymes :
inconstance - instabilité - légèreté - mobilité - variabilité
Contraires :
constance - entêtement - fidélité - obstination - opiniâtreté - persévérance
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Re: Steven Soderbergh
Oui merci, j'ai trouvé exactement le même lien.
Disons que je trouve Soderbergh d'une grande "mobilité"/"variabilité", voilà.
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Re: Steven Soderbergh
Polyvariattitude.
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Re: Steven Soderbergh
Disons protéiforme.
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Re: Steven Soderbergh
Il popote quoi.
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