Ken Russell (1927-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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gnome
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par gnome »

Major Tom a écrit :Et puis cette scène où l'acteur principal est déguisé en bite, se mettant debout au ralenti pour imiter une érection, sur une version synthétique et inécoutable de "Ainsi parlait Zarathoustra" (décidément)... ça a de quoi ruiner une carrière pour un acteur. :mrgreen:
J'adore cette scène... :mrgreen:
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Major Tom
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par Major Tom »

gnome a écrit :
Major Tom a écrit :Et puis cette scène où l'acteur principal est déguisé en bite, se mettant debout au ralenti pour imiter une érection, sur une version synthétique et inécoutable de "Ainsi parlait Zarathoustra" (décidément)... ça a de quoi ruiner une carrière pour un acteur. :mrgreen:
J'adore cette scène... :mrgreen:
Bah elle est marrante. :) Pas de trace sur YouTube malheureusement.

Mais curieusement je retiens surtout ce genre de plan: http://www.ecranlarge.com/movie_video-v ... 2-5417.php
Soyons honnête, c'est surtout pour la musique, un futur CD que Demi-Lune écoutera en boucle?... :mrgreen:
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Profondo Rosso
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par Profondo Rosso »

Les Jours et les Nuits de China Blue (1984)

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Un jeune père de famille, détective pour arrondir ses fins de mois, est engagé pour surveiller la trop discrète styliste Joanna que son patron soupçonne de vendre ses modèles à la concurrence. Mais la nuit, Joanna devient China Blue, prostituée dans les bas-fonds de LA où, parmi ses clients, elle fascine un prêtre défroqué psychopathe...

Les Jours et les Nuits de China Blue (une fois n'est pas coutume on préférera le fantasmatique titre français au plus quelconque Crime of Passion original) s'ouvre sur une scène de thérapie de groupe qui en résume en tout point la thématique à travers les échanges entendu et la maladroite confession finale de celui qui s'avérera être le héros. Il est ici question des difficultés des rapports hommes/femmes et des traumas qui en résultent pour qui ne sait pas les appréhender : détresse sentimentale et par extension sexuelle. Ces problèmes, Joanna Crain (Kathleen Turner) les as résolus de la plus schizophrène et radicale des manières. Le jour elle est une styliste solitaire et obnubilée par son travail et fuyante avec les hommes, facette traduite par ses tenues très masculine et dénuée de séduction.

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La nuit, elle devient China Blue, prostituée des bas-fonds de LA prête à assouvir les fantasmes les plus fous de ses clients. Ce qui semble une audace est en fait une vraie fuite pour le personnage. Déçue par ses expériences avec les hommes et craintive de souffrir à nouveau, elle transpose toute son désir refoulé dans cet alter-ego sulfureux. En miroir des pulsions de ces hommes frustrés, elle peut alors endosser tous les rôles, accepter tous les outrages tant qu'elle a cette certitude : elle garde le contrôle de la situation. Ken Russell créer une dichotomie marquée entre le monde réel terne symbolisé par la vie de famille morne de Bobby (John Laughlin), le quotidien solitaire de Joanna et celui de tous les possibles intervenant la nuit venue.

Ken Russell et son style tout en excès confère donc une imagerie de conte sombre et pervers à cette dépravation. Imagerie tape à l'œil baroque tout en éclairages outrancier, théâtralité de tous les instants (extraordinaire première apparition de China Blue élue reine de beauté) et audace folle dans l'illustration du sexe parcourent ces instants-là. Kathleen Turner est réellement extraordinaire dans ce double rôle. Empruntée et effacée en Joanna, elle électrise à chaque transformation en China Blue. C'est une véritable femme frisson à la sensualité constamment agressive, que ce soit par le festival de dialogue truffé de jeu de mots et de sous-entendus tendancieux, les poses lascives et le dialogue brûlant. Tout cela n'est pourtant qu'une illusion qui va voler en éclat à travers deux rencontres.

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D'abord par Bobby, homme marié frustré et malheureux qui va la combler et éveiller ses sentiments de manière inattendue. Russell effectue ce mouvement le temps d'une fabuleuse scène d'amour où l'on quitte progressivement la sphère du fantasme pour toucher à l'intimité de Joanna sous le masque de China Blue. La scène montre donc China Blue mener le jeu avec un déshabillage lent et langoureux, la stylisation et l'abandon se confondent à travers les multiples positions adoptées en ombres chinoises par les partenaires avant de se conclure par le visage de Kathleen Turner arborant un rictus de plaisir. Elle ne joue plus, ce n'est pas China Blue mais bien Joanna qui touche à l'orgasme ainsi. Sans un dialogue trop explicite et par la force de l'image on comprend que tout a basculé pour une vraie histoire d'amour.

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L'autre élément révélateur sera le prêtre au désir sexuel coupable joué par Anthony Perkins. La conclusion ira dans ce sens en en faisant un double de Joanna qui déchiré entre ses perversions (nettement plus inquiétantes) et sa foi. Lorsqu'il harcèle China Blue de son inquisition moralisatrice, c'est en fait sa propre culpabilité qu'il nourrit. On y verra bien sûr une réminiscence du message des Diables du même Ken Russell à travers cette dimension religieuse bien que ce soit à relativiser puisque dans le script originel le personnage était un marchand de chaussure avant de devenir un prêtre à la demande d'un Perkins fiévreux et dérangé.

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A travers ces deux figures masculines figurent aussi les choix possible de Joanna. S'autodétruire dans une double identité qu'elle n'assume plus ou accepter de fusionner ses sentiments et son désir en s'attachant à Bobby. Ken Russell tenait encore une grande forme dans les 80's et le film malgré les dérapages divers et les fautes de gouts 80's est impressionnant de maîtrise. Son gout pour la provocation est toujours là (la scène SM avec le policier tout en zoom agressifs et inserts tordus) mais il peut également faire preuve d'une étonnante sensibilité comme lors de ce beau moment où China Blue doit réveiller la libido d'un vieil homme mourant.Un très bon Russell 5/6
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nobody smith
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par nobody smith »

J’aurais besoin d’un petit renseignement (ou plutôt d’une indice d’appréciation) de la part des admirateurs de Ken Russell. J’ai exploré dernièrement les bonus du Phantom Of The Opera de Joel Schumacher (quoi ? j’ai le droit d’acheter des gros globiboulgas boursoufflés si ça me chante !). Dedans on trouve un clip réalisé par Ken Russell. Je n’ai rien vu de la filmo de Russell si ce n’est quelques photos intrigantes mais rien en mouvement. Ma question après la vision du clip est simple : ces films sont quand même pas aussi moches que ça ? Parce que là, ça fait passer la version de Schumacher pour un sommet d’élégance et de raffinement. Si quelqu’un pouvait donc éclairer ma lanterne, je le remercie par avance.

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gnome
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par gnome »

Ben Russell, il y a souvent un certain côté kitch assumé (dans le bon sens du terme). Mais il faut aimer le style. Je n'ai jamais trouvé un Russell ringard.
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Nestor Almendros
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par Nestor Almendros »

Découvert hier soir ALTERED STATES (quelle idée de lui avoir donné en français le titre de la série tv :roll: ).
Et c'est une très bonne surprise. Effets spéciaux réussis, histoire et ambiance intéressantes. Je n'en dirai pas autant sur la fin, abrupte et expédiée, qui conclue le film en demi-teinte, dommage. Pour le reste, c'est assez prenant. J'ai beaucoup pensé à David Cronenberg, c'est tout à fait son genre d'histoire.

On s'habitue vite à un certain niveau de qualité avec les blu-rays Warner et, malheureusement celui-ci est plusieurs crans en dessous. Pas grand chose à dire sur la propreté, les contrastes (poussés) ou la colorimétrie, c'est plutôt au niveau de la définition que ça pêche: image dégrainée massivement et rendu beaucoup trop doux, à la limite du lissage.
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par Jack Carter »

Pour rappel

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le dvd zone 2 fr est disponible depuis le 20 novembre :wink:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par monfilm »

Nestor Almendros a écrit :On s'habitue vite à un certain niveau de qualité avec les blu-rays Warner et, malheureusement celui-ci est plusieurs crans en dessous. Pas grand chose à dire sur la propreté, les contrastes (poussés) ou la colorimétrie, c'est plutôt au niveau de la définition que ça pêche: image dégrainée massivement et rendu beaucoup trop doux, à la limite du lissage.
Ah bon? Pas ressenti ça du tout en projection. J'ai au contraire trouvé l'image bien nette et je n'ai pas remarqué ce dégrainage.

Sinon quelqu'un connait The boy friend?
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Tout le reste est dérisoire.
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par locktal »

monfilm a écrit : Ah bon? Pas ressenti ça du tout en projection. J'ai au contraire trouvé l'image bien nette et je n'ai pas remarqué ce dégrainage.

Sinon quelqu'un connait The boy friend?
J'ai vu The boy friend assez récemment via le DVD Trésors Warner.

La copie est loin d'être parfaite, ce qui est dommage pour un film aussi coloré, mais elle est tout à fait regardable.

Le film n'est pas un très grand Ken Russell, mais j'avais passé un très agréable moment avec ce film au rythme infernal, bourré de trouvailles visuelles, dans lequel brille la jolie Twiggy !
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par feb »

Sybille a écrit :Valentino
Ken Russell (1977) :

Un film que j'ai trouvé détestable et qui m'a profondément ennuyée. On est en droit de se demander où se situe la frontière entre fiction et réalité, et quelles sont les parts d'exagération et de fantaisie que le réalisateur prend plaisir à attribuer à l'existence de ce pauvre Rudolph Valentino, qui semble alors bien misérable et incroyablement prétentieux. Divers pans de la vie de la star américaine du cinéma muet sont peu à peu dévoilés, cela par le biais des témoignages et des souvenirs des femmes qui l'ont connu. Un traitement utilisé ici avec bon sens et efficacité, là n'est pas le problème. Non, le pire concerne un scénario qui aime à multiplier les scènes ouvertement choquantes (en réalité simplement absurdes) et une symbolique que j'ai trouvée extrêmement lourde (l'orange qui roule et Noureev qui s'effondre à côté...) lors d'une fin que j'ai été très heureuse de voir arriver. 1/10
Ce message de Sybille résume assez bien ce que je pense du film, rien à ajouter. Extrêmement déçu par le traitement choisi par Russell, je n'ai pas réussi à accrocher une seule seconde au jeu de Rudolf Noureev, à son accent ridicule et à son visage impassible qui n'affiche aucune émotion (ce qui n'aide pas sur un film de 2H). A aucun moment on ne ressent d'émotion pour ce personnage ou pour ceux qui l'entourent, les scènes défilent, l'oeil est uniquement accroché par certains décors richement reproduits et c'est tout. Peu de référence au cinéma muet, toutes les scènes des films de Valentino sont tournées par les acteurs du film (avec un jeu parfois plus grotesque que celui des originaux) et l'ensemble est trop souvent brouillon dans son déroulement.
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odelay
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par odelay »

feb a écrit :
Sybille a écrit :Valentino
Ken Russell (1977) :

Un film que j'ai trouvé détestable et qui m'a profondément ennuyée. On est en droit de se demander où se situe la frontière entre fiction et réalité, et quelles sont les parts d'exagération et de fantaisie que le réalisateur prend plaisir à attribuer à l'existence de ce pauvre Rudolph Valentino, qui semble alors bien misérable et incroyablement prétentieux. Divers pans de la vie de la star américaine du cinéma muet sont peu à peu dévoilés, cela par le biais des témoignages et des souvenirs des femmes qui l'ont connu. Un traitement utilisé ici avec bon sens et efficacité, là n'est pas le problème. Non, le pire concerne un scénario qui aime à multiplier les scènes ouvertement choquantes (en réalité simplement absurdes) et une symbolique que j'ai trouvée extrêmement lourde (l'orange qui roule et Noureev qui s'effondre à côté...) lors d'une fin que j'ai été très heureuse de voir arriver. 1/10
Ce message de Sybille résume assez bien ce que je pense du film, rien à ajouter. Extrêmement déçu par le traitement choisi par Russell, je n'ai pas réussi à accrocher une seule seconde au jeu de Rudolf Noureev, à son accent ridicule et à son visage impassible qui n'affiche aucune émotion (ce qui n'aide pas sur un film de 2H). A aucun moment on ne ressent d'émotion pour ce personnage ou pour ceux qui l'entourent, les scènes défilent, l'oeil est uniquement accroché par certains décors richement reproduits et c'est tout. Peu de référence au cinéma muet, toutes les scènes des films de Valentino sont tournées par les acteurs du film (avec un jeu parfois plus grotesque que celui des originaux) et l'ensemble est trop souvent brouillon dans son déroulement.
J'avoue que j'ai du mal à comprendre ces deux avis. Pas dans le fait qu'on n'aime pas le film, ça je peux tout à fait le concevoir, mais plus dans le fait qu'on puisse s'attendre à un autre traitement.
C'est un film de Ken Russell, pas de Richard Attenbourough. Je m'attendais donc à une oeuvre remplie d'excès, où le personnage de Valentino et l'univers du cinéma muet seraient la base d'une sorte de débordement visuel qui n'aurait finalement peu de rapport avec la réalité. C'est en effet le cas, mais c'est ce que faisait Russell durant les années 70s. On a ici un film sur l’idolâtrie qui transforme le personnage principal en une sorte de messie. Comme pour "Tommy" ou Franz Lizt. Il s'agissait du grand thème de Russell à cette époque et ce, à travers une mise en scène qui côtoie souvent le too much et peut être aussi le mauvais goût. Quoique sur ce dernier point c'est très discutable, car visuellement le film est vraiment très beau et est moins une agression pour les yeux que ne l'était Tommy (chose qui m'avait néanmoins plu la 1ere fois que je l'avais vu). En tout cas je ne me suis absolument pas ennuyé un seul instant, j'ai eu exactement ce que je venais chercher. Nouriev, qui même s'il interprète un Valentino assez peu sympathique, est tout à fait concerné et s'en sort pas mal du tout (oui son accent russe qui e veut italien est qq peu ridicule, mais là encore je suis sûr que c'est voulu) et au bout du compte on ressort de là avec une impression forte qui exclu peut être l'émotion, mais qui offre beaucoup d'autres choses.. On pourrait comparer ça à du Baz Luhrmann d'aujourd'hui. Sauf que c'est plus couillu et surtout que ça vieillit bien mieux.

Un film à voir définitivement si on ne s'attend pas à un compte rendu historique d'une époque et d'un personnage malgré ce que peut faire penser le titre.
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par AtCloseRange »

Un petit up pour signaler la diffusion de Mahler sur Ciné Classic à partir de dimanche prochain.
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par julien »

A voir pour les esprits curieux, mais dans le même genre, le Music Lovers, sur Tchaïkovski était quand même plus convaincant et inspiré.
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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Ken Russell (1927-2011)

Message par Jeremy Fox »

Aujourd'hui, Justin Kwedi nous parle de Love sorti en Bluray chez Sidonis.
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