Et hop, ça continue. Après Londres, la suite des aventures de Fifi en Autriche. Voici le compte rendu d'un nouvel Opéra, qui s'est déroulé à Linz à l'occasion de l'inauguration d'une grande salle de concert. J'ai pas pu y assister mais ça avait l'air joyeusement barré :
Par curiosité, tu travailles où ? Dans un secteur en relation avec ça ?
Non pas du tout. Rien à voir ! Et sinon, t'as pu trouver de bonnes places pour voir Einstein au Châtelet ?
J'ai une info aussi pour ceux que ça intéresse. L'opéra/Oratorio Satyagraha sera donné au théâtre de l'Eno à Londres cet automne. On peut réserver les places dés aujourd'hui :
C'est une reprise de la mise en scène de Phelim Mcdermott, qui avait déjà était donné en 2007 avec un assez grand succès. Rien n'égale à mon avis la mise en scène originale futuriste qu'avait réalisé Achim Freyer en 1981 à Stuttgart mais visuellement c'est quand même assez spectaculaire, notamment grâce à l'utilisation de marionnettes géantes qui apparaissent sur scène lors de certains actes !
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Oui, j'ai pris ma place pour Einstein. J'avais peur que ça parte, et comme j'avais loupé Montpellier, je voulais pas me faire avoir.
Cat 1, premier rang du 1er balcon central (dans l'axe quoi). Ca devrait aller je pense.
Et toi ?
J'ai pris d'assaut le 1er balcon central, pour la représentation du Dimanche. On devrait pas être bien loin donc si t'as réservé pour ce jour là.
Pas sûr que ça s'arrache vite au niveau des places, vu qu'il y a plusieurs dates de prévus et qu'ils l'ont déjà joué à Montpellier. Et puis bon, Glass c'est pas Rihanna ou Johnny Hallyday non plus ; mais bon c'est vrai que pour avoir les meilleurs emplacements vaut mieux s'y prendre quand même assez à l'avance.
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Toi aussi, mon Giftongue, tu vas pouvoir désormais recevoir l'adoubement et être proclamé Chevalier de la taste de Verre !
Je trouve que c'est dans ce genre d’œuvres un peu hybrides et inclassables, entre opéra lyrique, pop et musique électronique que Glass est le plus à son aise !
Ici, tu peux zieuter un petit reportage sur la création française de l'Hydrogène à Nantes, il y a quelques années. Il y a aussi des extraits vidéos de conférences.
J’ai dégoté une vidéo de l’opéra, « Spuren der Verirrten » réalisé par la télévision autrichienne, lors de la première, le 16 Avril 2013. Sans doute pourra t-on espérer, comme pour The Perfect American, la sortie d’un dvd, à venir dans les prochains mois. Voici mon petit compte rendu :
Véritable « Opéra-Monstre », (parce qu’à ce niveau là, ce n'est plus vraiment de l’opéra), Spuren der Verrirten, a était composé cette année pour l’inauguration de la nouvelle salle d’opéra de Linz. L’œuvre combine à la fois, le théâtre, le chant, la danse, la musique, dans un maelström indescriptible d’éléments de décors, accessoires et costumes bigarrés très « Regietheater Stil », qui voisine d’assez prés avec le théâtre de l'absurde de Samuel Beckett. Faudrait que je puisse avoir la traduction du texte, car le contenu du livret m’a complètement échappé, mais d’après les quelques avis que j’ai pu lire, les autrichiens eux-mêmes n’y ont pas compris grand-chose non plus. Tout le texte est interprété en allemand, dans un livret très formaliste et non-narratif du poète-dramaturge Peter Handke, qui fait deviser des couples sur le (non-)sens de la vie sous le regard de trois archétypes (un « spectateur », un « protagoniste » et un « troisième »).
Dans l’ensemble, c’est assez inégal et foutraque mais c’est à prendre comme tel, et ça reste probablement l’un des opéras les plus modernistes de Fifi depuis au moins Einstein on The Beach. Il n’y aura sans doute pas d’autres représentations, en dehors de ceux donnés à Linz en ce moment, car je vois mal comment un projet aussi hors norme pourrait être monté ailleurs. Ça demande un effectif considérable. Il y a au moins une centaine d’acteurs sur scène et pas moins de 400 costumes. A l’évidence, il s’agissait surtout de bien mettre en valeur les potentialités techniques de la nouvelle salle d’opéra de Linz. On trouve en particulier un vaste plateau tournant, qui permet de passer astucieusement d’un décor à l’autre sans interruption ou baisser de rideau.
L'opéra est divisé en deux moitiés distinctes clivées par un entracte, où se côtoie une galerie de personnages bigarrées et insolites. Des vachères homosexuelles, l’Abraham de la Bible, Un blessé d’hôpital, des militants anti-nucléaires, ou même Alice au pays des merveilles.
Le prologue débute par une musique inquiétante, jouée par des cordes aigus aux bourdonnements menaçants, ponctuées par des cloches tubulaires, du célesta et quelques cuivres caverneux. Une ballerine pénètre sur scène, éclairer une bougie dont les volutes partent en fumée..
Ensuite un narrateur fait soudainement irruption dans la salle en se mêlant au public confortablement installé, et déclame un texte métaphysique, sur la futilité et les souffrances de la vie quotidienne. « Où sommes-nous? Où allons nous ? Que faire maintenant ? … »
La première partie, assez kaléidoscopique, alterne des décors minimalistes et bucoliques où traîne sur scène tout un tas d’objets épars, comme par exemple un cerveau géant, un mouton sur roue, un lapin surdimensionné... Plusieurs protagonistes dialoguent où soliloquent, sans qu’aucun ne se révèle être réellement l’activant principal de l’intrigue… Car d’intrigue il n’y en a pas vraiment. En fait il n’y a que le narrateur, qui revient de tant à autre entre les scènes et qui sert un peu de fil conducteur au public légèrement déboussolé. L’acte se clôt par une chorégraphie saisissante où des danseurs s’agitent frénétiquement sur des lits d’hôpitaux.
La deuxième partie, beaucoup plus sombre verse dans un spectacle post-apocalyptique, à la JG Ballard où une masse de population hagard et titubant, se déplace dans des espaces vides et nocturnes…
Ça culmine ensuite dans un final totalement barnumesque, où l’orchestre tout entier, arboré de chapeaux clownesques (Dennis Russell Davies, le conducteur, se retrouve avec une couronne en papier) migrent sur scène, tandis que les protagonistes et les chanteurs s’installent dans la fosse en mimant des instruments imaginaires…
Quant à la musique, c’est du Glass pur jus : massif, symphonique et très rythmée, avec un important usage des percussions et un vibraphone dans le rôle du basso contino. Il y a aussi des passages plus chambristes, où l’on trouve sur scène des instruments très variés, comme la guitare électrique, la flûte, le violon ou l’accordéon. Glass qui ose tout a également intégré dans sa partition, des instruments du folklore autrichien, comme la cithare et même trois cors des Alpes, joués par des interprètes habillés à la tyrolienne
Démonstration :
Au final, un sacré bric à brac sonore, haut en couleurs, qui évoque parfois l’esprit chaotique d'Alfred Schnittke, mais sans toutefois atteindre le même brio orchestral du grand compositeur russe. La musique de Fifi faisant elle, davantage fonction de « tapisserie sonore », en illustrant benoîtement les différents dialogues entre les protagonistes, sans laisser d’empreinte profondément indélébile, comme à la glorieuse époque de Satyagraha.
Si ce n’est pas d’une très grande subtilité d’écriture, (les puristes de la musique classique ont dû farouchement tirer la gueule), on trouve cependant une belle diversité instrumentale, un ensemble choral énergique, et quelques passages rythmiques efficace où le grand Glass refait surface. Au début du second acte, on peut noter par exemple une sorte de danse-bachanale enfiévrée entre deux protagonistes, allusion sans doute à la danse du voile du Salomé de Richard Strauss.
Dans l’ensemble, ça fait quand même plaisir de constater que Fifi, continue encore à œuvrer dans des projets toujours aussi loufoques et démesurés. Ça serait bien que l’opéra sorte en dvd, car rien que pour le spectacle scénique très dynamique et les chorégraphies nerveuses sous amphétamines d’Amir Husseinpuur, ça mérite le coup d’œil.
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Je me souvenais même plus d'avoir dit ça ! C'est vrai qu'il est bien plus reconnu maintenant en France. Et Glass aussi d'ailleurs j'ai l'impression. Faut dire que le directeur du Châtelet fait pas mal d'efforts, pour donner des œuvres plus modernes et relativement accessibles. Bon par contre, le I was looking at the Ceiling qu'ils ont donné cette année, c'était un peu tiédasse, même si la mise en scène était très inventive. Enfin, bon, il a voulu tenter quelque chose de différent. C'était plutôt aventureux... Mais il le refera pas deux fois ce truc là à mon avis. Ils jouent pas mal Sondheim aussi. D'ailleurs je voulais allez voir Sunday in the Park mais après avoir écouté quelques extraits, j'ai était moyennement emballé ; mais j'aurais dû peut-être y aller. Là aussi, la mise en scène devait être sûrement très intéressante.
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Faudrait effacer les 20 premières pages en fait. Cette discussion "Pour ou Contre Glass", ça a trop tourné au vinaigre, et c'était pas tellement intéressant. D'ailleurs depuis, Christian n'a plus jamais remis les pieds sur Classik. Je suis sûr qu'il m'en veut encore l'animal !
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Tu m'as fait une émotion. J'ai cru qu'il était mort !
Anorya a écrit :
Je connaissais pas cet épisode. Ben s'il arrive à avoir du son, avec une platine pareille.
Celui qui était pas mal, c'était un épisode de South park où les parents d'élèves, de religions différentes se disputaient le choix de la musique pour la fête de noël de l'école. Du coup, histoire de mettre tout le monde d'accord, ils ont eu droit à un concert minimaliste de Philip Glass, où les pauvres gosses étaient obligés de faire une chorégraphie à la Einstein on the Beach.
A la vu du spectacle, les parents sont offensés. Y'a un type qui dit un truc du genre. "Mais c'est horrible. Je crois que c'est la plus grosse merde que j'ai jamais entendu." Et l'un des instits qui lui répond. "Oui mais c'est vous qui avez insisté pour que ça soit comme ça".
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
