Life - saison 02

[pol gornek]

02x01 :

Après une fin de première saison un peu précipitée, grêve des scénaristes oblige, on attendait de pied ferme le retour de Charly Crews. Et l'on doit dire que l'on n'est pas déçu. Le fil rouge est toujours maintenu en arrière plan. Et l'enquête comme intrigue principal est remarquable. Il y a quelque chose dans l'écriture des personnages ou des situations qui fait en sorte que Life ne ressemble pas aux autres séries policières. Il y a, c'est vrai, ce policier hors norme, mais c'est surtout de petits détails, des scènes, que l'on ne retrouve pas habituellement dans les canons du genre. Et dans cet épisode, on retrouve cette particularité, dans une séquence magnifique, qui sacrifie le suspense pour dévoiler le meurtrier d'une façon très belle, angoissante. Où comment démontrer la démence du coupable, parfait sociopathe effrayant, dans une posture qui durera jusqu'à la fin de l'épisode.

A noter l'apparition d'un nouveau capitaine. Il faudrait autrement développer son personnage pour le rendre appréciable. Car en l'état, il est très lourd.

02x02 :

Une nouvelle enquête inspirée. On regretterait presque qu'elle dure le temps d'un seul épisode, tant l'affrontement intellectuel entre Crews et le coupable pouvait donner de très belles séquences. On apprécie toujours autant les réflexions de Crews, cette fascination pour son cerveau et son fonctionnement. Les scénaristes jouent avec la mémoire des spectateurs, où comment des informations données en début d'épisode, peuvent s'avérer décisives pour sa résolution. Argento faisait cela sur la perception et l'image, dans Life, c'est l'ouïe et les mots qui sont exploités.

02x03 :

Une intrigue un peu confuse et décevante autour de la mort d'un chercheur. La découverte du corps est intéressante, les thèmes abordés convaincants, mais sans génie. Seulement le tout est emballé de façon trop approximative pour convaincre. Les apports comiques trop nombreux peinent à fonctionner, pas trop de répétitions et un manque de finesse assez évident. Une narration trop maladroite achève de faire de cet épisode, un faible représentant, bien loin des exigences de la série. En revanche, la quête de Crews gagne une nouvelle et décisive information.

[Momo la crevette]

Autant j'avais adoré la première saison, autant je suis extremement déçu par ces trois premiers épisodes de la saison 2. La quête de Crews est retombée comme un soufflet, on a perdu le personnage de Reese et les intrigues policières, sous couvert de "légèreté" sont en fait indigentes. Celle de l'épisode 2 n'aurait pas dépareillée dans un Cordier (et ce n'est pas un compliment) avec ses persos ultra caricaturaux.
En ce qui concerne l'épisode 3, c'est peu dire qu'il n'a aucun intérêt.

[pol gornek]

02x04 :

L'épisode avait tout de l'effet calculé des scénaristes. Celui d'imposer une saveur cathartique à Crews. Remake du film allemand L'expérience, qui voit une poignée d'étudiants se soumettre à un test grandeur nature de sociospychiatrie. Enfermé dans une prison fictive, la moitié campe des gardiens, l'autre des prisonniers. Le tout, organisé de haut, un peu comme dieu, par un professeur avide d'expérimentations à échelle humaine. Plonger Charlie dans une prison, même fictive, c'est rappeler aux specateurs que sa condition d'homme libre n'est pas aussi complète que l'on a bien voulu croire. Un peu à l'image de sa relation aux voitures. Derrière ses discours zen, sa philosophie de vie acquis en prison, il existe des blessures internes bien tenaces. L'épisode narre l'évolution au sein de cette pseudo prison, comment les esprits manipulés réagissent. Derière un script favorisant la confrontation direct, on interroge la place de l'être humain dans des conditions extrêmes. Et comment générer ces conditions. Sur le plan thématique, l'épisode est une réussite. Sur le plan narratif, on peut émettre quelques doutes. L'intrigue parallèle autour du nouveau et ancien capitaine. Inutile et plombant l'intrigue principal. Ensuite, sur la progression dramatique de cette dernière. Un rythme bancal (et pour cause), une gestion difficile des retournements de situations, quelques fausses pistes approximatives. On retrouve aussi de beaux portraits. Qui auraient mérité un traitement plus en profondeur. La progression de Crews est intéressante : à l'aise au départ, il laisse ses pulsions revenir. Comme autant de mauvaises pensées venues le hanter. On peut émettre des réserves à un tel procédé exposé sur un seul épisode (on aimerait que la série bouscule ses habitudes et n'hésite pas à conclure ses intrigues en deux épisodes, parfois - sans parler du fil rouge).

Et puis cette toute dernière image. Qui va rassembler autant que diviser. Coup pensé et réfléchi ou aveu d'impuissance face à la longueur ?

[pol gornek]

02x05 :

Une enquête qui manque d'inspiration. Cheminement classique, résolution assez évidente. En évoluant dans le monde des rencontres sur internet, on pouvait s'attendre à des réflexions de la part de Crews. La série a toujours joué avec ce décalage. De deux époques qui s'entrechoquent. Hors, il n'en est rien. Et le spectateur de ne pas avoir grand chose à se mettre sous la dent. Les scénaristes poursuivent le temps d'une séquence, l'arc autour de l'ex-femme. Et on ne comprend pas très bien l'utilité d'une telle entreprise. Sinon d'offir un pendant soap guère excitant et rompant avec le ton naturel de la série (on appréciait plus la quête puéril et sans lendemain de Crews contre le mari actuel, un peu à l'image de Hank Moody dans Californication).

La quête personnelle s'offre deux ou trois séquences, avance à petit pas. Dans ce qui semble s'apparenter à un complot d'une poignée de flics. Espérons que le syndrome X-Files ne pointe le bout de son nez.

[pol gornek]

La série s'offre un prime time le dimanche soir sur TMC (depuis le 20, avec rediff le samedi après-midi), à 20h40. Le show policier mérite vraiment le coup d'œil.