Le BR vient de sortir:
http://www.amazon.fr/Epouses-Concubines ... pd_sim_d_1
A quand le premier test ?
Epouses et concubines (Zhang, 1991)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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Epouses et concubines (Zhang, 1991)
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- magobei
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Re: Epouses et concubines (Zhang, 1991)
Il y en a déjà un là, mais j'y ferai qu'une confiance limitée:
http://www.notrecinema.com/communaute/h ... tdvd=14118
Sinon, très beau film de Yimou, quoique assez clinquant. Plus de mal avec Adieu ma concubine par contre. Enfin, beaucoup de mal avec Chen Kaige en général...
http://www.notrecinema.com/communaute/h ... tdvd=14118
Sinon, très beau film de Yimou, quoique assez clinquant. Plus de mal avec Adieu ma concubine par contre. Enfin, beaucoup de mal avec Chen Kaige en général...
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Epouses et concubines (Zhang, 1991)
Pour moi les 2 sont de beaux films, surtout Adieu ma concubine, magnifique fresque avec l'histoire contemporaine de la Chine en toile de fond.
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Re: Epouses et concubines (Zhang, 1991)
« Epouses et concubines », constitue le troisième volet de la trilogie où Zhang Yimou se consacre à la couleur rouge. Le titre anglais « Raise the Red Lantern » rend davantage cette volonté de jouer sur la symbolique d’une couleur comme l’indiquait déjà « Le Sorgho rouge ». L’omniprésence de lanternes rouges à l’image souligne d’évidence le penchant du cinéaste pour l’esthétisme ainsi que du jeu sur les symboles qui l’accompagne.
« Epouses et concubines » va prolonger également le thème récurent du cinéaste pour la lutte de la femme contre l’oppression masculine. Le film s’ouvre sur un plan-séquence montrant le visage d’une jeune femme, Songlian (Gong Li) :
Songlian : - « Mère arrêtez ! Vous parlez depuis trois jours. J’ai bien réfléchi. D’accord, je me marierai »
La mère : - « Bien, avec qui ? »
Songlian : - « Avec qui ? Ais-je le choix ? Vous parlez toujours d’argent. Pourquoi pas un homme riche ? »
La mère : - « Si tu épouses un homme riche, tu ne seras que sa concubine »
Songlian : - « Laissez-moi être une concubine. N’est-ce pas le destin d’une femme ? » (Une larme coule sur son visage alors qu’on entend une musique traditionnelle chinoise).
Séquence d’ouverture on ne peut plus claire sur ce que l’on veut dénoncer, à savoir le manque absolu d’alternative pour une femme en Chine. La mise en scène du cinéaste travaillant sur la sobriété du plan-séquence (On reste sur le visage de Songlian, sans se laisser distraire par un contre-champ sur le visage de la mère) indique immédiatement une grande maîtrise de la narration cinématographique. On connaissait déjà le talent de Zhang Yimou avec ses deux films précédents et ici, il confirme dès les premières secondes, notamment dans la seconde séquence où l’on aperçoit au loin dans une forêt un cortège qui suggère que Songlian est emmenée vers sa nouvelle vie, quand tout d’un coup, elle apparaît dans l’image, valise à la main, regardant le cortège s’en aller et décide d’emprunter le chemin dans la direction opposée qui nous amène pourtant vers sa demeure de concubine. On apprendra plus tard qu’une voiture était venue la chercher et qu’elle a décidé de venir à pied vers sa « prison ». Extraordinaire mise en scène qui joue du contre-pied, tout en simplicité, en indiquant que Songlian reste maîtresse d’elle-même malgré ce qui lui arrive, suggérant qu’elle ne compte pas subir la suite des événements sans broncher. Et tout ça, en deux plans et sans un mot !
La suite du film est travaillée en huis clos à l’intérieure de la demeure traditionnelle et ancestrale, où Songlian va apprendre à lutter contre les autres épouses qui ne vivent que d'intrigues, de complots et de mensonges, tentant d’exister tant que faire se peut au sein d’une situation dégradante et humiliante. Le lieu ressemble à un univers carcéral où va se jouer une tragédie en trois actes et un épilogue rythmé par les saisons. Le scénario est subtilement écrit, tiré d'un recueil de trois nouvelles par un jeune auteur de l’époque, Su Tong. On se retrouve dans un drame, certes, mais toujours en distanciation par la géniale mise en scène de Zhang Yimou. Par exemple, comme c’était le cas pour la mère de la séquence de préambule, on ne verra jamais le visage du maître des lieux, ce qui favorise l’imagination sur le travail des symboles. La caméra filme autant les paysages que les lieux que les objets que les personnages, alternant sans cesse l’intérêt du regard. Zhang Yimou faire vivre un décor très étroit et un récit minimaliste avec brio, unissant le fond magnifiquement avec la forme. On garde longtemps en tête les sublimes images de cette demeure traditionnelle et de ses lanternes rouges, le tout illuminé par le charisme incroyable de Gong Li. C’est avec ce film que Zhang Yimou signe véritablement son premier chef-d’œuvre, réussissant en plus à exploser à la face du monde. Il gagne le Lion d’argent à la Mostra de Venise pour couronner le tout. Magnifique !!!
Symbolique du lieu
Songlian, à l'approche de sa nouvelle demeure. Derrière elle, un mur et des écrits qui la domine, suggérant la force de l'endroit. Elle regarde en l'air la toute puissance du lieu qui l'accueille.
Songlian est arrivée et pose sa valise. Dos à elle, la caméra nous suggère ce qu'elle voit et ressent, à savoir encore la toute puissance du lieu, froid, sans vie.
Songlian, première fois en gros plan depuis son arrivée. Même si pour la première fois, l'humain domine le lieu sur l'image, le visage craintif de Songlian qui regarde vers le haut suggère encore et toujours la puissance du lieu.
Enfin de la vie. Mais la place qu'occupe la personne dans l'image est dérisoire. Encore et toujours la puissance du lieu.
Les deux personnages dans le même plan, totalement dominés par l'endroit...
Comme elle paraît minuscule....
Comme ils paraissent minuscules...
Les plans se multiplient offrant toujours l'avantage au décor sur l'humain. Ici, il est clairement mis à l'avant-plan...
Songlian entrant dans le pavillon qui lui est destiné. Ici, la puissance du lieu est suggéré par les nombreuses lanternes rouges qui dominent le plan.
Oui, pourquoi ?
... Car elles font partie intégrante du lieu...
... centrales dans ce lieu...
... puissantes.... Elles illuminent le lieu, puissantes et dominantes, rejetant l'humain hors du plan !
Dernière modification par Chrislynch le 13 juin 13, 09:01, modifié 3 fois.
- cinephage
- C'est du harfang
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Re: Epouses et concubines (Zhang, 1991)
Je partage tout à fait ton enthousiasme pour ce très beau film.
J'ajouterais juste une remarque sur la remarquable cinégénie de Gong Li, qui parvient à exister et donner corps à son personnage, malgré cette façon de cadrer qui rapetisse les personnages. Elle rend son récit d'autant plus tragique, et s'est vraiment fait remarquer par le grand public (toutes proportions gardées) à l'issue de ce film. Pour moi, c'est sans doute son meilleur role.
J'ajouterais juste une remarque sur la remarquable cinégénie de Gong Li, qui parvient à exister et donner corps à son personnage, malgré cette façon de cadrer qui rapetisse les personnages. Elle rend son récit d'autant plus tragique, et s'est vraiment fait remarquer par le grand public (toutes proportions gardées) à l'issue de ce film. Pour moi, c'est sans doute son meilleur role.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Epouses et concubines (Zhang, 1991)
Heureux de partager avec toi le plaisir pour ce film.cinephage a écrit :Je partage tout à fait ton enthousiasme pour ce très beau film.
J'ajouterais juste une remarque sur la remarquable cinégénie de Gong Li, qui parvient à exister et donner corps à son personnage, malgré cette façon de cadrer qui rapetisse les personnages. Elle rend son récit d'autant plus tragique, et s'est vraiment fait remarquer par le grand public (toutes proportions gardées) à l'issue de ce film. Pour moi, c'est sans doute son meilleur role.
Concernant Gong Li, j'ai également beaucoup apprécié Qiu Ju, une femme chinoise, où il y avait encore davantage d'espace offert par le même Zhang Yimou pour exprimer toute l'étendue de son jeu d'actrice.