J'avoue ne pas saisir ...Demi-Lune a écrit :jacques 2 a écrit :Sinon, j'attends toujours (désespérément) une édition avec VF ou au moins VOSTF de "All the marbles" (Deux filles au tapis): un excellent Aldrich méconnu, et dans une veine très différente ...
Grâce au FRCD, je suis vacciné pour quelques temps de toute envie de voir ce film.
Robert Aldrich (1918-1983)
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Vera Cruz (1954)
Deux aventuriers acceptent d'aider l'empereur Maximilien et de convoyer une comtesse à Vera Cruz, en pleine révolution juariste.
Ce western d'Aldrich apparaît plus comme un film d'aventures que comme un véritable western. Tourné entièrement au Mexique, il évoque cette période trouble qui opposa l'empereur Maximilien et Bénito Juarez, mais ce conflit sert de toile de fond à l'association d'aventuriers qui ne cherchent qu'à s'enrichir en servant le plus offrant. Les scènes de bravoure sont assez impressionnantes avec ce déploiement de nombreux figurants, notamment dans l'assaut final. La violence est aussi présente plus d'une fois, avec ces crimes commis de sang froid. Le film permet aussi d'opposer Gary Cooper et Burt Lancaster, le premier reste dans son rôle de cow boy taciturne qui malgré ses envies reste grand seigneur, et le second est un bandit odieux, mais au charme évident, son sourire carnassier y est sans doute pour beaucoup. Voici un méchant qu'on aime détester. Cesar Romero complète le casting avec son flegme et son sourire habituel, côté féminin Denise Darcel manque de charme pour rendre cette comtesse sympathique, par contre Sara Montiel illumine l'écran par sa beauté. On admirera le travail de reconstitution que ce soit des combats, ou du grand bal. Un film d'aventures très plaisant malgré une violence et un côté immoral constant !
Deux aventuriers acceptent d'aider l'empereur Maximilien et de convoyer une comtesse à Vera Cruz, en pleine révolution juariste.
Ce western d'Aldrich apparaît plus comme un film d'aventures que comme un véritable western. Tourné entièrement au Mexique, il évoque cette période trouble qui opposa l'empereur Maximilien et Bénito Juarez, mais ce conflit sert de toile de fond à l'association d'aventuriers qui ne cherchent qu'à s'enrichir en servant le plus offrant. Les scènes de bravoure sont assez impressionnantes avec ce déploiement de nombreux figurants, notamment dans l'assaut final. La violence est aussi présente plus d'une fois, avec ces crimes commis de sang froid. Le film permet aussi d'opposer Gary Cooper et Burt Lancaster, le premier reste dans son rôle de cow boy taciturne qui malgré ses envies reste grand seigneur, et le second est un bandit odieux, mais au charme évident, son sourire carnassier y est sans doute pour beaucoup. Voici un méchant qu'on aime détester. Cesar Romero complète le casting avec son flegme et son sourire habituel, côté féminin Denise Darcel manque de charme pour rendre cette comtesse sympathique, par contre Sara Montiel illumine l'écran par sa beauté. On admirera le travail de reconstitution que ce soit des combats, ou du grand bal. Un film d'aventures très plaisant malgré une violence et un côté immoral constant !
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
The Choirboys, je ne sais pas si vous l'avez tous vu mais c'est une infamie, direction d'acteurs catastrophique, pourtant cela démarre plutôt bien puis ça dérape vers je ne sais quoi, j'exècre ce film autant que je voue un culte irraisonné à Emperor of the North Pole avec Lee Marvin. Pour ce dernier l'histoire est intéressante Keith Carradine est splendide dans son rôle de jeune indompté pris sous l'aile de Marvin et Ernest Borgnine en tyran du chemin de fer déboulonnant les hobos qui se risque à voyager gratis est asssez impressionnantt. Un film proche du chef d'oeuvre.
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Plus que "plaisant", je parlerais d'un chef d'oeuvre qui marque la fin d'un certain western ...Cathy a écrit : Un film d'aventures très plaisant malgré une violence et un côté immoral constant !
Alors pourquoi ce "malgré" ?
"immoral" : le cinéma doit il être une leçon de morale bourré de bons sentiments jusqu'à la gueule alors que, d'évidence, la vie ne l'est guère ?
"violence" : elle paraît quand même bien légère cette violence, déjà à l'époque alors pour le spectateur d'aujourd'hui ...
C'était à mon avis heureusement rafraichissant, surtout à l'époque, de rencontrer un tel film surtout en regard avec les westerns moralisateurs "à la papa" de John Wayne (dont j'apprécie les films avec Ford, Hawks et quelques autres mais guère la fin de carrière)
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Si je suis d'accord concernant l'importance et la qualité de Vera Cruz, ça n'a été que le N ième film "marquant la fin d'un certain western" et il y en aura une dizaine d'autres à sa suite : on aurait déjà pu dire de même de Stagecoach, Canyon Passage, Yellow Sky ou Across the Wide Missouri.Plus que "plaisant", je parlerais d'un chef d'oeuvre qui marque la fin d'un certain western ...
Non, mais doit-il pour autant toujours être immoral pour trouver grâce aux yeux des plus cyniques ? Les deux ne peuvent-ils pas coexister et avoir autant de valeur ?"immoral" : le cinéma doit il être une leçon de morale bourré de bons sentiments jusqu'à la gueule alors que, d'évidence, la vie ne l'est guère ?
Sacrément violent pour l'époque quand même !"violence" : elle paraît quand même bien légère cette violence, déjà à l'époque alors pour le spectateur d'aujourd'hui ...
Encore une fois, les deux ne pourraient-ils pas coexister en bonne entente ? Quant aux westerns "moralisateurs à la papa", je trouve qu'il s'agit d'une expression bien "clichée" : True Grit, Le Dernier des géants, Les Cow-boys peuvent-ils aussi rentrer dans cette "catégorie" ?C'était à mon avis heureusement rafraichissant, surtout à l'époque, de rencontrer un tel film surtout en regard avec les westerns moralisateurs "à la papa" de John Wayne (dont j'apprécie les films avec Ford, Hawks et quelques autres mais guère la fin de carrière)
Et puis la morale, les bons sentiments et "le cinéma de papa" ce ne sont pas non plus des tares, "ce n'est pas sale" pour reprendre l'expression de Simone Choule
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Ce n'est pas parce que c'est immoral que c'est mauvais, mais bon, les héros ne cherchent qu'une chose tuer l'autre et récupérer l'argent pour eux, si ce n'est pas immoral, on me dira ce que c'est à moins que ce ne soit bien de tuer et de voler !
Violent, oui, quand Burt Lancaster embroche sciemment le mexicain, si ce n'est pas de la violence gratuite, on me dira ce que c'est. J'ai beaucoup aimé Vera Cruz que j'avais déjà vu, mais je n'avais plus en mémoire cette immoralité consciente et cette violence gratuite ! Il me semble que la mort de Ballad est aussi de la tuerie gratuite ! Mais ce n'est pas pour cela que le film est mauvais, je n'ai mis que des "bémols" sur ce film que j'ai une fois encore aimé !
Violent, oui, quand Burt Lancaster embroche sciemment le mexicain, si ce n'est pas de la violence gratuite, on me dira ce que c'est. J'ai beaucoup aimé Vera Cruz que j'avais déjà vu, mais je n'avais plus en mémoire cette immoralité consciente et cette violence gratuite ! Il me semble que la mort de Ballad est aussi de la tuerie gratuite ! Mais ce n'est pas pour cela que le film est mauvais, je n'ai mis que des "bémols" sur ce film que j'ai une fois encore aimé !
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Cathy et Jeremy,
Je voulais être nuancé, c'est tout : l'importance de ce film me paraït indéniable car, même si il n'est pas le seul à renouveller le western traditionnel, il est un des plus marquants à mes yeux : la veulerie des personnages (quoique Cooper à la fin est conforme à ce qu'on attend de lui), la violence (importante pour l'époque) et un anti héros qui vole quand même pas mal la vedette au héros (ah, le sourire de Lancaster)
La violence ? Eternel débat : je pense qu'il vaut mieux la montrer frontalement à certains moments que systématiquement hors champ et sans conséquences graves. Elle doit déranger plus que fasciner et dans Vera Cruz elle n'est pas montrée de manière à fasciner.
La moralité ? C'est vrai que les héros trop ouvertement ultrapositifs et sans taches m'ont toujours dérangé : ici, Cooper est peut être immoral au départ mais fait finalement preuve de droiture même si il lui en coûte visiblement de tuer Lancaster.
Alors, non, la morale et les bons sentiments, ce n'est pas sale mais il faut que ce soit bien présenté et avec nuances : "Vera Cruz" in fine est un film très moral ou alors on n'a pas vu le même et surtout la même conclusion.
D'ailleurs, dans les westerns de Boetticher ou dans "la prisonnière du désert" entre autres exemples, les héros ont manifestement leur part d'ombre et c'est très bien ainsi : cela apporte de la densité et du réalisme à leurs personnages
Enfin, Jeremy, j'adore "cent dollars pour un sherif", film qui a marqué mon enfance et que j'ai acheté en dvd puis blu ray (belle édition, soit dit en passant)
Je voulais être nuancé, c'est tout : l'importance de ce film me paraït indéniable car, même si il n'est pas le seul à renouveller le western traditionnel, il est un des plus marquants à mes yeux : la veulerie des personnages (quoique Cooper à la fin est conforme à ce qu'on attend de lui), la violence (importante pour l'époque) et un anti héros qui vole quand même pas mal la vedette au héros (ah, le sourire de Lancaster)
La violence ? Eternel débat : je pense qu'il vaut mieux la montrer frontalement à certains moments que systématiquement hors champ et sans conséquences graves. Elle doit déranger plus que fasciner et dans Vera Cruz elle n'est pas montrée de manière à fasciner.
La moralité ? C'est vrai que les héros trop ouvertement ultrapositifs et sans taches m'ont toujours dérangé : ici, Cooper est peut être immoral au départ mais fait finalement preuve de droiture même si il lui en coûte visiblement de tuer Lancaster.
Alors, non, la morale et les bons sentiments, ce n'est pas sale mais il faut que ce soit bien présenté et avec nuances : "Vera Cruz" in fine est un film très moral ou alors on n'a pas vu le même et surtout la même conclusion.
D'ailleurs, dans les westerns de Boetticher ou dans "la prisonnière du désert" entre autres exemples, les héros ont manifestement leur part d'ombre et c'est très bien ainsi : cela apporte de la densité et du réalisme à leurs personnages
Enfin, Jeremy, j'adore "cent dollars pour un sherif", film qui a marqué mon enfance et que j'ai acheté en dvd puis blu ray (belle édition, soit dit en passant)
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Inoubliables dans ce film (le sourire et l'acteur)(ah, le sourire de Lancaster)
Il n'y a pas de règles à mon avis. Et quand je te citerais la première séquence de 7 hommes à abattre de Boetticher (ou la scène du puits dans The Tall T), je pense que tu ne pourras qu'acquiescer. Séquences tout au moins aussi fortes que les carnages dans les films de Peckinpah (que j'adore également)La violence ? Eternel débat : je pense qu'il vaut mieux la montrer frontalement à certains moments que systématiquement hors champ et sans conséquences graves.
C'est clair.D'ailleurs, dans les westerns de Boetticher ou dans "la prisonnière du désert" entre autres exemples, les héros ont manifestement leur part d'ombre et c'est très bien ainsi : cela apporte de la densité et du réalisme à leurs personnages
Mais c'est vrai que sa fin de carrière comporte plus de déchets que de films mémorables.Enfin, Jeremy, j'adore "cent dollars pour un sherif", film qui a marqué mon enfance et que j'ai acheté en dvd puis blu ray (belle édition, soit dit en passant)
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Les personnages sont tous sauf veules !!! Personnellement Gary Cooper n'est pas plus le héros que Burt Lancaster, je dirais qu'il y a le bon et le méchant. Enfin le bon façon de parler, simplement plus moral que l'autre, et qui sans doute grâce à la jeune mexicaine voit aussi la cause qui lui rappelle la sienne.jacques 2 a écrit :Cathy et Jeremy,
Je voulais être nuancé, c'est tout : l'importance de ce film me paraït indéniable car, même si il n'est pas le seul à renouveller le western traditionnel, il est un des plus marquants à mes yeux : la veulerie des personnages (quoique Cooper à la fin est conforme à ce qu'on attend de lui), la violence (importante pour l'époque) et un anti héros qui vole quand même pas mal la vedette au héros (ah, le sourire de Lancaster)
Ce n'est pas parce qu'on signale que des scènes sont violentes qu'on la dénonce forcément mais on peut la signaler tout simplement, ce que j'ai fait ! On ne peut quand même pas occulter les actions "barbares" de Burt Lancaster qui tuent plusieurs fois avec un sourire (ah ce sourire dans ce film) carnassier.La violence ? Eternel débat : je pense qu'il vaut mieux la montrer frontalement à certains moments que systématiquement hors champ et sans conséquences graves. Elle doit déranger plus que fasciner et dans Vera Cruz elle n'est pas montrée de manière à fasciner.
Il y a quand même une immoralité pronée tout le long du film, là aussi, je ne l'ai que signalée, elle ne m'a pas dérangée. J'aime les films moraux et les films immoraux. On peut aussi avoir des héros à part d'ombre et des films moraux comme les Anthony Mann/James Stewart, où son héros a systématiquement des parts d'ombre, mais où il y a quand même une moralité sans que cela soit des bons sentments ! La fin de Vera Cruz est peut-être morale, mais tout le film baigne dans l'immoralité, la traitrise, la tuerie.La moralité ? C'est vrai que les héros trop ouvertement ultrapositifs et sans taches m'ont toujours dérangé : ici, Cooper est peut être immoral au départ mais fait finalement preuve de droiture même si il lui en coûte visiblement de tuer Lancaster.
Alors, non, la morale et les bons sentiments, ce n'est pas sale mais il faut que ce soit bien présenté et avec nuances : "Vera Cruz" in fine est un film très moral ou alors on n'a pas vu le même et surtout la même conclusion.
Et une fois encore j'ai beaucoup aimé Vera Cruz comme j'ai aimé les Anthony Mann, beaucoup aimé les deux cavaliers qui a aussi sa violence, son héros qui a ses parts d'ombre et est franchement immoral. L'immoralité n'est pas une tare c'est aussi une simple constatation !
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Trop tard pour les héros (Too Late The Hero, 1970).
Aïe aïe aïe. Lorsque les personnages interprétés par Cliff Robertson et Michael Caine se mettent à courir en zig-zag ("I zig... you zag") sur un immense terrain désert pour éviter les tirs de mitraillettes ( ), il doit s'agir d'une des scènes les plus grotesques que j'ai jamais vues. Les soldats japonais sont décrits comme étant moins cinglés que les soldats britanniques, épargnant même la vie de deux prisonniers. Alors ça peut éclater le cinéphile occidental antimilitariste d'écrire un papier là-dessus, mais ça va largement contre les faits historiques (les Japonais étaient en réalité sans pitié et plus eugénistes encore que les Nazis durant la guerre, traitant leurs prisonniers comme des sous-merdes) et du coup c'est plus révoltant qu'autre chose. Scénario pas terrible, mise en scène molle. Je n'ai pas non plus trouvé les interprétations exceptionnelles, même Michael Caine en fait trop, lui qui est pourtant rarement mauvais, rarement. J'en viens même à trouver Cliff "je-suis-expressif-que-quand-j'me-brûle" Robertson meilleur que lui. Je connais mal la filmo de Robet Aldrich mais si ça ce n'est pas son pire film, alors son pire film je ne veux pas le voir. Allez hop, aux oubliettes!
Aïe aïe aïe. Lorsque les personnages interprétés par Cliff Robertson et Michael Caine se mettent à courir en zig-zag ("I zig... you zag") sur un immense terrain désert pour éviter les tirs de mitraillettes ( ), il doit s'agir d'une des scènes les plus grotesques que j'ai jamais vues. Les soldats japonais sont décrits comme étant moins cinglés que les soldats britanniques, épargnant même la vie de deux prisonniers. Alors ça peut éclater le cinéphile occidental antimilitariste d'écrire un papier là-dessus, mais ça va largement contre les faits historiques (les Japonais étaient en réalité sans pitié et plus eugénistes encore que les Nazis durant la guerre, traitant leurs prisonniers comme des sous-merdes) et du coup c'est plus révoltant qu'autre chose. Scénario pas terrible, mise en scène molle. Je n'ai pas non plus trouvé les interprétations exceptionnelles, même Michael Caine en fait trop, lui qui est pourtant rarement mauvais, rarement. J'en viens même à trouver Cliff "je-suis-expressif-que-quand-j'me-brûle" Robertson meilleur que lui. Je connais mal la filmo de Robet Aldrich mais si ça ce n'est pas son pire film, alors son pire film je ne veux pas le voir. Allez hop, aux oubliettes!
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
El Perdido (1961)
O'Malley, coupable de meurtre, est poursuivi par le shérif Dana Stribling. Alors qu'il fuit vers le Mexique, O'Malley décide de rendre visite à Belle Breckenridge, qu'il a aimée, seize ans plus tôt. Quand il la retrouve, il apprend qu'elle est mariée et qu'elle a une fille de seize ans, Missy. John Breckenridge, un ivrogne et un lâche, cherche des hommes pour conduire son troupeau jusqu'au Texas. O'Malley accepte, contre le cinquième de ce troupeau. Quand Stribling le rejoint, O'Malley lui propose de reprendre son ancien métier de cow-boy et de l'aider à conduire les bêtes jusqu'à la ville où il est justement recherché pour meurtre...
The Last Sunset se situe dans une période creuse de la carrière de Robert Aldrich. Après avoir aligné les chefs d'oeuvres dans la première moitié des années 50, le réalisateur marquait le pas après l'échec du Grand Couteau. La fermeture de sa société de production Associates and Aldrich (qui renaîtra de ses cendres grâce au succès des Douze Salopards) l'obligeait à accepter des projets impersonnels où il ne s'impliquera guère (Sodome et Gomorrhe officieusement dirigé par Sergio Leone) et lui faisant perdre de son pouvoir de décision sur ses films. Cela s'avérera particulièrement vrai sur El Perdido où Kirk Douglas acteur et producteur via sa société Bryna (en difficulté à l'époque par la production couteuse de Spartacus) s'oppose dès le départ à son réalisateur qu'il ne juge pas assez impliqué Aldrich convoquant (selon Douglas) sur le tournage des scénaristes avec qui il travaille sur ses futurs projets. Tout cela donnera un résultat bancal mais néanmoins réussi et très significatif avec notamment La Vengeance au deux visages de Brando sur les mutations en cours du western américain.
On sent bien les entraves posées par Kirk Douglas à Aldrich dont le sens de l'excès et la violence ne surgissent que par intermittences, notamment lors des accès de rage de O'Malley (ce moment où il tente d'étrangler un chien) où une terrible scène révélant la lâcheté de l'époux alcoolique joué par Joseph Cotten. Ici la violence est plus sourde et retenue que véritablement active mais n'en est pas moins intense. Les liens passés tumultueux qui lient les personnages instaure ainsi une tension de tout les instants. Rock Hudson pourchasse ainsi le criminel Kirk Douglas meurtrier de son beau-frère et les deux vont devoir s'associer en attendant de passer la frontière mexicaine pour convoyer le troupeau conduit par Joseph Cotten, époux claudiquant de Dorothy Malone amour de jeunesse de Douglas. La tension entre Hudson et Douglas n'atteint pas tout à fait les sommets attendu malgré l'interprétation irréprochable car le personnage d'Hudson semble moins fouillé et mis en valeur mais la rivalité amoureuse qui interviendra à mi film exprime bien ce qui oppose et rapproche les deux héros.
Kirk Douglas avec son allure d'archange noir et ses instincts de tueurs sans remords évoquent immédiatement le Lancaster de Vera Cruz. On découvrira pourtant progressivement un être passionné, romantique et figé dans le passé où Dorothy Malone adolescente fit chavirer son coeur. L'acteur délivre là une de ses prestations les plus sensible, la dureté masquant toujours une âme écorchée vive (magnifique déclaration nocturne dans le désert). Hudson est lui une figure solide et rassurante (qui représente plus l'avenir que la nostalgie douloureuse qu'éveille Douglas) pour une touchante Dorothy Malone dans un superbe rôle de femme mûre et marquée par la vie.
Ce noeud d'intrigues confère une tonalité romanesque inhabituelle chez Aldrich, qui vire même au psychanalytique dans une dernière partie audacieuse où flotte un parfum d'inceste. L'action se fait finalement assez rare (hormis un fulgurant affrontement en pleine tempête de sable) et le ton très introspectif et rêvé des dernières scènes envoute totalement : l'arrivée d'une sublime et virginale Carole Linley en robe jaune éveillée à la féminité, le regard chargé de souvenir et de désir de Douglas prêt à commettre l'irréparable... Une révélation finale renforce encore la teneur mélodramatique de l'histoire et lorsque Aldrich daigne enfin céder aux canons du genre lors du duel final, c'est une profonde mélancolie qui en guide l'issue avec un sacrifice déchirant. Malgré les défauts dû à sa gestation houleuse (rythme très inégal) un beau western qui n'a pas à rougir face aux autres tentatives d'Aldrich dans le genre.4,5/6
O'Malley, coupable de meurtre, est poursuivi par le shérif Dana Stribling. Alors qu'il fuit vers le Mexique, O'Malley décide de rendre visite à Belle Breckenridge, qu'il a aimée, seize ans plus tôt. Quand il la retrouve, il apprend qu'elle est mariée et qu'elle a une fille de seize ans, Missy. John Breckenridge, un ivrogne et un lâche, cherche des hommes pour conduire son troupeau jusqu'au Texas. O'Malley accepte, contre le cinquième de ce troupeau. Quand Stribling le rejoint, O'Malley lui propose de reprendre son ancien métier de cow-boy et de l'aider à conduire les bêtes jusqu'à la ville où il est justement recherché pour meurtre...
The Last Sunset se situe dans une période creuse de la carrière de Robert Aldrich. Après avoir aligné les chefs d'oeuvres dans la première moitié des années 50, le réalisateur marquait le pas après l'échec du Grand Couteau. La fermeture de sa société de production Associates and Aldrich (qui renaîtra de ses cendres grâce au succès des Douze Salopards) l'obligeait à accepter des projets impersonnels où il ne s'impliquera guère (Sodome et Gomorrhe officieusement dirigé par Sergio Leone) et lui faisant perdre de son pouvoir de décision sur ses films. Cela s'avérera particulièrement vrai sur El Perdido où Kirk Douglas acteur et producteur via sa société Bryna (en difficulté à l'époque par la production couteuse de Spartacus) s'oppose dès le départ à son réalisateur qu'il ne juge pas assez impliqué Aldrich convoquant (selon Douglas) sur le tournage des scénaristes avec qui il travaille sur ses futurs projets. Tout cela donnera un résultat bancal mais néanmoins réussi et très significatif avec notamment La Vengeance au deux visages de Brando sur les mutations en cours du western américain.
On sent bien les entraves posées par Kirk Douglas à Aldrich dont le sens de l'excès et la violence ne surgissent que par intermittences, notamment lors des accès de rage de O'Malley (ce moment où il tente d'étrangler un chien) où une terrible scène révélant la lâcheté de l'époux alcoolique joué par Joseph Cotten. Ici la violence est plus sourde et retenue que véritablement active mais n'en est pas moins intense. Les liens passés tumultueux qui lient les personnages instaure ainsi une tension de tout les instants. Rock Hudson pourchasse ainsi le criminel Kirk Douglas meurtrier de son beau-frère et les deux vont devoir s'associer en attendant de passer la frontière mexicaine pour convoyer le troupeau conduit par Joseph Cotten, époux claudiquant de Dorothy Malone amour de jeunesse de Douglas. La tension entre Hudson et Douglas n'atteint pas tout à fait les sommets attendu malgré l'interprétation irréprochable car le personnage d'Hudson semble moins fouillé et mis en valeur mais la rivalité amoureuse qui interviendra à mi film exprime bien ce qui oppose et rapproche les deux héros.
Kirk Douglas avec son allure d'archange noir et ses instincts de tueurs sans remords évoquent immédiatement le Lancaster de Vera Cruz. On découvrira pourtant progressivement un être passionné, romantique et figé dans le passé où Dorothy Malone adolescente fit chavirer son coeur. L'acteur délivre là une de ses prestations les plus sensible, la dureté masquant toujours une âme écorchée vive (magnifique déclaration nocturne dans le désert). Hudson est lui une figure solide et rassurante (qui représente plus l'avenir que la nostalgie douloureuse qu'éveille Douglas) pour une touchante Dorothy Malone dans un superbe rôle de femme mûre et marquée par la vie.
Ce noeud d'intrigues confère une tonalité romanesque inhabituelle chez Aldrich, qui vire même au psychanalytique dans une dernière partie audacieuse où flotte un parfum d'inceste. L'action se fait finalement assez rare (hormis un fulgurant affrontement en pleine tempête de sable) et le ton très introspectif et rêvé des dernières scènes envoute totalement : l'arrivée d'une sublime et virginale Carole Linley en robe jaune éveillée à la féminité, le regard chargé de souvenir et de désir de Douglas prêt à commettre l'irréparable... Une révélation finale renforce encore la teneur mélodramatique de l'histoire et lorsque Aldrich daigne enfin céder aux canons du genre lors du duel final, c'est une profonde mélancolie qui en guide l'issue avec un sacrifice déchirant. Malgré les défauts dû à sa gestation houleuse (rythme très inégal) un beau western qui n'a pas à rougir face aux autres tentatives d'Aldrich dans le genre.4,5/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 24 juin 13, 11:34, modifié 1 fois.
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Mon top perso:
1. En quatrième vitesse (1955)
2. Fureur apache (1972)
3. Deux filles au tapis (1981)
4. Chut, chut, chère Charlotte (1964)
5. Pas d'orchidées pour Miss Blandish (1971)
6. Vera Cruz (1954)
7. Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962)
8. Attaque ! (1956)
9. Le démon des femmes (1968)
10. Faut-il tuer Sister George ? (1968)
11. Les douze salopards (1967)
12. Bronco Apache (1954)
13. El Perdido (1961)
14. L'ultimatum des trois mercenaires (1977)
15. Le grand couteau (1955)
16. L'empereur du nord (1973)
17. Le vol du Phénix (1965)
18. Feuilles d'automne (1956)
19. Plein la gueule (1974)
20. Tout près de Satan (1959)
21. Trop tard pour les héros (1970)
22. La cité des dangers (1975)
23. Un rabbin au Far West (1979)
24. Big Leaguer (1953)
Dernière modification par Père Jules le 31 juil. 14, 23:43, modifié 8 fois.
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Cela ressemble beaucoup au top que je ferais moi même. Mais j'intervertirais Le grand Couteau et Trop tard pour les héros. Et L'empereur du Nord serait plus haut dans le classement !
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
Bientôt au cinéma en copies neuves, Deux filles au tapis et L'ultimatum des trois mercenaires en version longue
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Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Re: Robert Aldrich (1918-1983)
phylute a écrit :Bientôt au cinéma en copies neuves, Deux filles au tapis et L'ultimatum des trois mercenaires en version longue
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Une date un peu plus précise ? Je rêve d'emmener Miss Nobody voir All the Marbles.