1.05 - The Brazen Bell
Réalisation : James Sheldon
Scénario : Roland Kibbee
Guest Stars : Royal Dano & George C. Scott
Première diffusion 17/10/1962 aux USA – Jamais diffusé en France mais sorti doublé en salles le 23/10/63 sous le titre
Panique à l'Ouest
DVD : VOSTF
Note : 7/10
Le Pitch :
Arthur Lilley (George C. Scott) arrive à Medicine Bow. Il vient de l'Est pour le poste vacant d'instituteur. Là où il enseignait avant, faute à sa lâcheté, un drame s'était produit qu'il souhaiterait oublier. Pas de chance, peu après avoir débuté dans sa nouvelle fonction, deux bagnards évadés font irruption chez lui avec pour idée de prendre les enfants de l'école en otages afin d'obtenir en échanges toutes les vivres et munitions dont ils auront besoin pour rejoindre la frontière canadienne. L'un d'eux est un demeuré très dangereux tandis que son chef (Royal Dano) est un homme cultivé mais qui ira jusqu'au bout quitte à tuer...
Mon avis : L'épisode commence par l'évasion violente de deux bagnards alors qu'ils étaient en train d'effectuer des travaux forcés en extérieur au sein de paysages idylliques. L'un des deux, Molder, semble être un homme cultivé puisqu'il cite d'emblée Kipling, tandis que son compagnon d'échappée est un jeune fou sanguinaire qui se joint à lui en lui forçant la main, lui disant que s'il avaient besoin de tuer au cours de leur périple pour ne pas être repris, il s'en chargerait avec plaisir. Autant dire que l'on comprend d'emblée qu'il ne s'agira pas d'un épisode 'léger' comme pouvait l'être le précédent puisque l'on apprend également que Molder allait probablement être pendu le lendemain, ayant été condamné pour le meurtre de sa femme. Malgré tout, les 30 premières minutes -hormis les séquences où l'on suit la cavale des prisonniers- restent très amusantes et une fois encore, grâce ici surtout au personnage de Molly, nous sommes en présence d'un épisode sacrément progressiste, mettant en avant l'importance du civisme et de l'éducation malgré la réticence des parents qui préfèrent garder leurs enfants à la maison dans le but de les aider plutôt que de les envoyer à l'école. La journaliste déplore également que ses concitoyens -adultes cette fois- ne soient pas plus matures et "
n'élargissent pas leurs centres d'intérêt au lieu de ne lire et de ne s'intéresser qu'aux seuls faits divers sanglants". Car, comme c'était déjà le cas dans les épisodes précédents, l'on est témoin que dans cette gentille petite ville où le puritanisme est encore bien présent, que la majorité des habitants regrettent le temps de la justice expéditive, qu'ils aiment bien se saouler et se bagarrer le samedi soir et que certains n'hésitent pas en s'en vantant à escroquer leurs concitoyens, notamment ici l'épicier.
Trampas est une fois de plus d'une muflerie et d'un égoïsme 'drôlement réjouissant', refusant d'aider à porter le courrier "
car personne ne lui écrit", et sera à nouveau l'arroseur arrosé suite à une mauvaise blague faite au juge, ayant fait croire au couple de nouveaux arrivants que la maison de son patron était un hôtel où ils seraient bien accueillis, nourris, logés. Pour en revenir aux idées modernistes des auteurs -ici Roland Kibbee qui écrira plus tard le très beau scénario de
L'Homme de la Sierra (The Appaloosa) de Sidney J. Furie avec Marlon Brando-, le Virginien qui s'est vu confier le poste de shérif en l'absence de ce dernier, préfèrera la prévention à la répression pour ce samedi soir chahuteur qui l'attend. Que des sujets étonnamment toujours autant d'actualité, comme également toutes ces notations et réflexions sur ce que doit être le journalisme, l'empathie que le reporter doit avoir -ou non- face à un dramatique fait divers relaté... Répliques qui fusent, séquences savoureuses de drôlerie, intelligence du propos, rythme enlevé... puis c'est l'irruption brutale de la violence après avoir déjà assisté à celle, effrayante, qui émane de certains élèves ; à ce propos la séquence au cours de laquelle l'un des adolescents turbulents -comme par hasard le rejeton du père qui regrettait le temps des lynchages- menace son professeur, n'est pas indigne -même si bien plus brève- des moments tendus dans
Graine de violence (Blackboard Jungle) de Richard Brooks. C'est là que le couple venu de 'l'Est civilisé des USA' se rendra compte du contraste entre leur lieu de départ et cet Ouest encore sauvage ; il vont y être directement et brutalement confrontés au cours d'un huis-clos éreintant de tension et au cours duquel ils auront une nouvelle fois à s'interroger sur les notions de courage, d'instinct de survie et de lâcheté.
Durant toute cette dernière partie que je ne me permettrais pas de raconter pour éviter de dévoiler des importants éléments de l'intrigue, l'on sera une fois encore étonné de la continuité de la modernité du discours, notamment celui sur l'inhumanité des prisons dans lesquelles, en citant Oscar Wilde, "
seules les qualités de l'homme s'y épuisent et s'y flétrissent", phrase tirée de son recueil '
La ballade de la geôle de Reading' publié en 1898 à la fin de sa propre incarcération. C'est le remarquable George C. Scott -futur
Patton- qui déclame une longue partie d'un des poèmes -qui sera aussi son arme- lors du climax de la séquence finale se terminant par un Gunfight d'une cinglante sécheresse et d'une redoutable efficacité, une violente prise d'assaut menée par Le Virginien. Aux côtés de cet immense comédien tenant ici un contre-emploi dans le rôle d'un instituteur timoré et trouillard, pour tenir celui des évadés, deux autres acteurs tout aussi convaincants et dont les visages sont bien plus connus que les noms, à savoir Royal Dano (l'un des amis d'Audie Murphy dans le fabuleux
La Charge victorieuse -
The Red Badge of Courage de John Huston) ainsi que l'inquiétant John Davis Chandler qui, avec ses yeux bleus et ses paupières tombantes, interprétait avec James Drury cette même année l'un des épouvantables frangins dans le chef-d’œuvre de Peckinpah,
Coups de feu dans la Sierra - Ride the High Country. Ce segment permettra de lancer d'autres réflexions sur la violence, le danger du port d'armes ou la 'Self Preservation' tout en nous contant une belle histoire de rédemption ; tout un programme !
Même si tout à fait subjectivement ces histoires de prises d'otages en huis-clos ne m'ont jamais vraiment passionnées, je dois avouer que l'écriture du scénario, sa construction, la qualité de l'interprétation et de la mise en scène ont fait que l'ennui n'a quasiment jamais pointé le bout de son nez. Ajoutez à ça une astucieuse utilisation des ellipses, une belle gestion du suspense, une mise en scène de qualité... et la rigueur de l'ensemble finit d'entériner la réussite de ce
Brazen Bell, un épisode dans lequel James Drury et Doug McClure n'ont pas un grand temps de présence. Le réalisateur James Sheldon qui aura fait sa carrière entière à la télévision signera encore sept autres épisodes de la série ; on s'en réjouit par avance !
Le même texte illustré sur le site.