Commissaire Juve a écrit :Julien Léonard a écrit :Across the 110th street est un bon polar, mais effectivement un peu largué vers la fin. Bon, perso je trouve Dirty Harry tout aussi dérangeant et malsain...
Le foldingue de Dirty Harry est malsain*, mais le film est plus "mainstream", plus propre sur lui. C'est pour ça que je parlais de "Bibliothèque rose".
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EDIT : c'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas poussé le vice jusqu'à le racheter en HD. Le DVD est suffisant.
C'est là que nos points de vue divergent mon cher commissaire.
Au contraire, je trouve que
Dirty Harry est un film sulfureux, pas du tout propre sur lui, vraiment sale (fondamentalement parlant) et qui repousse son propos discursif dans des ornières sombres et aujourd'hui totalement disparues des gros films hollywoodiens. Je n'ose imaginer une Major capable de sortir aujourd'hui ce genre de film, au risque de voir rappliquer toutes les ligues de je ne sais où pour taper sur le dit film.
C'est un film d'adultes, pour adultes, au propos global extrèmement discutable (mais voulu comme tel), passionnant à plus d'un titre, hargneux et sans compromis. La réalisation de Siegel lui donne une aura monstrueuse (avec en outre une technique absolument remarquable). Mais bon, c'est mon avis, et nous ne sommes pas obligés de nous situer sur la même longueur d'onde.
Les suivants, par contre, se baladent ensuite sur un chemin plus consensuel.
Magnum Force demeure impressionnant par son regard régulièrement bigarré sur les institutions, et son utilisation des armes facilement complaisante (Quel générique ! Aussi dérangeant que fascinant...), confinant ensuite à un onirisme de dernière minute tout à fait innatendu. C'est en tout cas le dernier vrai grand film de la saga (un peu déséquilibré, mais très efficace), quoique la tentative de "consensualiser" le personnage gravite déjà autour du récit. Ce que je trouve intéressant, c'est qu'on voit finalement bien ce qu'a écrit John Milius et ce qu'a écrit Michael Cimino (les deux regards apparaissent assez clairement selon les scènes).
Le troisième est assez plat, avec sa réalisation carrée mais sans imagination. Un film déjà moins baroque, plus terne, si ce n'est au travers de quelques scènes plus réussies que d'autres. Un troisième opus respectable et relativement bon, mais effectivement beaucoup plus propre sur lui. Là, je suis d'accord.
Le quatrième appartient aux années 1980, et pour moi, si le film demeure intéressant, le mythe
Dirty Harry s'effrite considérablement. Le film part sur un registre qui est étranger au personnage. Je reste surpris, mais un peu déçu.
Le cinquième, mieux vaut l'oublier. C'est même parfois assez "pathétique", dans le sens "moderne" du terme. Quitte à se refaire une bonne séance polar années 1980, et sans nécessairement passer par Friedkin ou Cimino (l'année 1985 leur doit deux immenses films), je conseille plutôt d'aller faire un tour sur
L'arme fatale, premier du nom, un film qui vieillit très bien, doublé d'un excellent exercice du genre.