Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Alexandre Angel a écrit :J'aime bien le côté tranquille, ces débuts d'épisode sans fanfare ni trompettes, qui ne cherchent pas à accrocher.

Disons que je suis motivé pour remonter vers les débuts.
:)

C'est bien vrai. Et oui, mieux vaut remonter vers les débuts que de poursuivre car la saison 5 n'est pas du même niveau même si je viens de tomber sur un épisode très attachant grâce surtout à la ravissante Patty Duke.
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Patty Duke

5.16- Sue Ann

Réalisation : Gerald Mayer
Scénario : Gabrielle Upton & True Boardman
Guests stars : Patty Duke
Première diffusion 11/01/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7/10

Le Pitch : Sue Ann (Patty Duke) est fatiguée de la pauvreté et de sa vie à la ferme où elle doit s’occuper de ses jeunes frères et de son père. Elle rêve de voler de ses propres ailes et de se rendre à San Francisco. Du jour au lendemain elle décide de partir et atterrit à Medicine Bow où elle pense gagner assez d’argent pour poursuivre son voyage. Mais son père et Joe, l’homme de main, partent à sa recherche, le second étant résolu de s’en faire épouser. La retrouvant, ils se rendent compte qu’ils n’arriveront pas à la convaincre de rentrer avec eux mais Joe se fait embaucher à Shiloh pour toujours être au plus près pour la protéger…

Mon avis : La Sue Ann du titre c’est Patty Duke ; rappelez-vous, il s'agissait de la jeune comédienne qui interprétait Helen Keller, la sourde-muette du très beau film de Arthur Penn, Miracle en Alabama (The Miracle Worker), dans lequel son personnage avait pour infirmière une inoubliable Ann Bancroft. Au souvenir de ce film on pouvait craindre que l'actrice nous livre à nouveau le même type de prestation un peu exagérée – mais totalement justifiée dans le film de Penn - d’autant que le site Le Monde des Avengers écrivait à son propos : "un peu agaçante dans son personnage [… ] il est difficile de la supporter jusqu’au bout dans son personnage geignard…" Me concernant il n’en est absolument rien, la jeune actrice (difficilement reconnaissable cinq ans après sa mémorable prestation de la sourde-muette) nous octroyant - grâce aussi aux scénaristes - l’un des personnages féminins les plus attachants et touchants que l'on ait pu croiser depuis les débuts de la série ; et pourtant Le Virginien ne manquait déjà pas de mémorables portraits de femmes parmi les personnages 'invités'. Sue Ann, une jeune fille qui vit depuis sa naissance dans une modeste ferme avec de maigres moyens ; sa mère étant décédée, elle passe son temps aux tâches ménagères et doit également s’occuper de ses deux jeunes frères, de son père et faire aussi le repas pour Joe, leur commis, ce dernier ayant dans l’idée de s’en faire épouser. Sue Ann est fatiguée de cette existence étriquée, de cette vie harassante et peu gratifiante ; elle ne comprend pas non plus pourquoi Joe a tant tardé à lui parler de ses projets. Elle ne veut pas être vieille avant l’âge comme l’était sa mère "because she had nothing to keep her young and put a spark in her face".

Voulant voir et vivre autre chose, une nuit elle fait son baluchon et part de la maison en laissant pour son père un mot d’explications. Ni lui ni Joe ne pouvant se passer d’elle, ils partent la rechercher en espérant la convaincre de rentrer. La jeune femme s’est arrêtée à Medicine Bow sur les conseils de Trampas qu’elle a rencontrée dans la diligence. L’employé de Shiloh est très empressé et souhaite la voir rester alentours. Elle a néanmoins beaucoup de mal à trouver un emploi ; le seul qui lui est proposé est celui de serveuse au saloon. Voulant absolument amasser une certaine somme d’argent afin de pouvoir réaliser son rêve, à savoir se rendre à San Francisco, elle n'a pas d'autres choix que de s'en accommoder. Avant ça, son père était parvenu à rapidement la retrouver mais n’avait pas réussi à la persuader de reprendre sa vie à la ferme ; ce qui ne l'empêchait pas de parfaitement la comprendre, lui souhaitant même bonne chance pour la suite tout en repartant penaud et attristé ; en revanche Joe, plus amoureux que jamais, avait décidé de rester sur place au cas où elle aurait besoin d’aide ; pour se faire il était arrivé à se faire embaucher à Shiloh. Sauf que les cowboys - dont Trampas - n’étant pas insensibles au charme de la nouvelle arrivante, il bouillait souvent intérieurement de jalousie et il lui arrivait même de foncer dans le tas. Le jour où il apprend le genre d'emploi trouvé par 'sa fiancée', il a honte pour elle et va essayer de la dissuader de continuer ; comprenant que c’est surtout l’argent qui lui manque pour arrêter son travail, il est amené à mettre les mains dans la caisse de Shiloh. Ce qui évidemment va lui valoir des ennuis mais encore plus à un autre nouvel employé de Shiloh sur qui les soupçons se reportent par le fait d'avoir déjà eu maille à partir avec la justice…

On entrevoit par cette description une intrigue plutôt riche même si les amateurs d’action et de westerns seront sans doute un peu dépités ; ceux qui en revanche ne sont à la recherche que d’une belle histoire devraient au contraire grandement apprécier ce portrait très attachant d'une femme qui veut s’émanciper et faire ses propres expériences afin de profiter de la vie et ne pas vieillir trop vite. Le final fera peut-être grincer quelques dents, mais après tout, pourquoi après avoir tenté d’autres voies ne pas vouloir revenir au foyer s’occuper de sa famille et de son mari : ce n’est pas un choix automatiquement conservateur ; elle aura pris son envol, aura décidé d’elle-même de quitter ses proches et expérimenté d’autres choses que la vie pouvait offrir avant de décider de revenir en toute connaissance de cause et après avoir découvert le réel amour que lui portait le jeune commis de la ferme, ayant été capable des choses les plus folles afin que selon lui elle retrouve une vie respectable. Dans l'écriture scénaristique, les situations comme les personnages semblent très crédibles ; pour en rester sur les seconds, tout autant celui de Sue Ann que celui de Joe qu’interprète Paul Carr, comédien que l’on avait vu en 1961 dans le rôle d’un jeune fou de la gâchette qui perdait tous ses moyens au moment de devoir réellement se défendre dans Posse from Hell (Les Cavaliers de l’enfer) de Herbert Coleman aux côtés d’Audie Murphy. On notera aussi une bonne description du jeune homme qui pâtit un peu de tout ça, interprété par un très bon Tim McIntire, ainsi qu’un portrait également très poignant du père joué par Edward Binns.

Nous sommes également ravis de retrouver Clu Gulager, Ryker faisant sa réapparition en tant que shérif après avoir déserté la série depuis un bon moment. Les adeptes de la continuité feront certainement des bonds car rien n’explique sa rapide disparition pas plus que sa surprenante réapparition ; comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, il faut donc bien prendre chaque épisode indépendamment les uns des autres pour ne pas être déçu par ce genre de ‘trous’ scénaristiques. Pour résumer, pas nécessairement un sommet de la série mais une bien belle surprise portée à bout de bras par la ravissante et talentueuse Patty Duke, à quoi l'on ajoute une belle réalisation de Gerald Mayer qui la filme amoureusement, une jolie histoire de Gabrielle Upton et True Boardman, et enfin une parfaite interprétation d’ensemble. Quant à la morale de cette histoire, même si elle pourra paraitre à beaucoup un peu vieillotte, les dialogues sont assez intelligents pour nous empêcher d’en faire un épisode ‘réac’ : "we can't trap things or people to stay with us. They only stay because they want to […] Pa loved me enough to let me go and you loved me enough to steal for me. I forgot that love was the most important thing." Voilà, juste l’amour qui triomphe de toutes autres considérations ! Un épisode 'fleur bleue' très émouvant.


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Morgan
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Re: Le Virginien

Message par Morgan »

Alexandre Angel a écrit :Allez, plus que quatre de la 4ème saison et j'ai fini :D

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C'est pas rien quand même, 30 épisodes d'1h10 :shock:
J'en suis au même point, mais j'hésite pour la saison 5, Lee J Cobb va me manquer :(
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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Kelly Jean Peters & Don Quine

5.17- Yesterday's Timepiece

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Al Ramrus, John Shaner & Sy Salkowitz
Guests stars : Andy Devine, Audrey Totter, Pat O'Brien...
Première diffusion 18/01/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 2/10

Le Pitch : Stacey achète une montre en or à un marchand ambulant. Il semblerait que cette dernière ait été celle qui avait été donnée à son fils par John Grainger et qui aurait disparu depuis le massacre du père de Stacey par les Indiens. Cet objet retrouvé ravivant ses cauchemars quant à la tragédie familiale, le petit fils demande à son grand-père la permission de partir à la recherche de la vérité quant à la mort de ses parents. Il va tenter de remonter la piste des différents propriétaires de la montre pour en apprendre plus, accompagné par une autre orpheline (Audrey Totter) qui l’eut un moment en sa possession…

Mon avis : Avec une régularité de métronome qui devient vraiment un peu pénible, la saison 5 poursuit son incessante succession d’épisodes très bons et très mauvais : jusqu’à quand ce manque de ‘stabilité’ va-t-il durer et nous faire légèrement reculer à chaque fois que l'on va vouloir poursuivre le visionnage de la série ?! Sue Ann ayant été une très belle surprise, épisode d’une grande douceur et d’une grande sensibilité porté à bout de bras pas la ravissante Patty Duke, on aura immédiatement compris que ce Yesterday’s Timepiece semble vouloir nous faire payer ce bon moment, se révélant cette fois ci tout aussi ennuyeux que laborieux. Et pourtant ils s’étaient mis à trois scénaristes pour plancher dessus avec au final un résultat indigne de la réputation de la série, malgré une histoire à priori intéressante replongeant dans le passé de la famille Grainger en contant l’enquête de Stacey tentant de découvrir la vérité sur la mort de ses parents que son grand-père a toujours mis sur le compte d’un massacre par les indiens. Le fait que l’un des trois auteurs ne soit autre que Sy Salkowitz, déjà signataire du minable Long Ride to Wind River et du médiocre Trail to Ashley Mountain, aurait pu nous mettre la puce à l’oreille quant à la faible qualité dramatique de l’épisode. Mais l’on a déjà vu au sein de la série de beaux retournements de situations quant à l’écriture de certains scénaristes, comme True Boardman par exemple faisant d'un coup à l'autre souffler le chaud et le froid ; tout était donc possible !

Il y avait aussi pourtant beaucoup d’invités d’un certain prestige – plus peut-être que dans n’importe quel autre épisode - comme Andy Devine (le conducteur de la diligence dans La Chevauchée fantastique - Stagecoach de John Ford), Stuart Erwin (Ben Dalton dans When the Daltons Rode de George Marshall), Karl Swenson (au générique de très nombreux westerns signés Delmer Daves, Henry Hathaway, Jack Arnold, Sam Peckinpah…), Robert F. Simon (le juge dans l’excellent Le Salaire de la violence - Gunman's Walk de Phil Karlson), Pat O’Brien (Le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey), l’excellent Bruce Bennett (surtout mémorable dans un Raoul Walsh mésestimé et peu connu, Cheyenne, dans lequel il interprétait avec classe un mystérieux voleur poète) ou encore Audrey totter, l’inoubliable épouse de Robert Ryan dans le chef-d’œuvre du film de boxe réalisé par Robert Wise, Nous avons gagné ce soir (The Set-Up), également pas mal du tout dans La Femme qui faillit être lynchée de Allan Dwan où elle interprétait l’épouse de Quantrill, ex-chanteuse de saloon qui n’hésitait pas à jouer du poing et du pistolet. Dans le rôle de la jeune Elaine partie elle aussi à la recherche de son passé, Kelly Jean Peters ; malheureusement, que ce soit elle ou Don Quine, ils manquent ici tous deux de charisme et ne parviennent ainsi pas à nous toucher malgré les histoires familiales tragiques de leurs protagonistes qui comme on l’imagine très vite vont finir par s’imbriquer. Il y avait vraiment un bon postulat de départ ainsi que de bonnes idées à travers ce récit : le fait par exemple que l’on découvre que les indiens n’y sont en fait pour rien dans les massacres incriminés ; que les deux jeunes gens partis ensemble à la recherche de leurs origines vont se voir devenir ‘ennemis’ au fur et à mesure de leurs découvertes après avoir été très proches…

Seulement l’écriture mécanique et trop systématique du scénario - qui voudrait ressembler un peu à celui du superbe western d'Anthony Mann, Winchester 73, par le fait comme fil conducteur de suivre la trace d’un objet, ici une montre, là un fusil – devient vite pesante, la galerie de personnages rencontrés n’étant pas des plus ni passionnante ni originale, l'ensemble avançant très mollement, rendu encore plus lourd par l’inutile complexification de l’intrigue, mix ici un peu raté entre film policier, road movie et western. La séquence la plus intéressante est celle qui se déroule dans la réserve indienne avec cette bonne idée scénaristique de faire renoncer Stacey à sa vengeance puisque le massacre de ses parents résultait d’un acte de guerre… mais les décors carton-pâte sont tellement calamiteux que l’on a vraiment du mal à s’y immerger malgré le fait de retrouver à cette occasion dans le rôle de l’indien, Henry Brandon, le comédien qui endossait déjà la défroque de l’inoubliable chef Scar dans le chef-d’œuvre de John Ford, La Prisonnière du désert (The Searchers). Son personnage de ‘loup infaillible’ dans cet épisode est le seul qui parvient à nous sortir de notre torpeur ; il n’aura malheureusement que très peu de temps présence excepté aussi dans les séquences de rêves/flash-back guère finaudes non plus niveau réalisation, Abner Biberman semblant avoir abdiqué devant un scénario qu'il ne sentait peut-être pas trop.

Une trop belle occasion ratée par la série ; en même temps l'on constate que les quelques épisodes du Virginien qui nous permettaient déjà de connaitre le background des protagonistes principaux, sauf exception, n’avaient jamais encore accouchés de grandes fictions. Ici il y avait peut-être encore plus d'éléments pour aboutir à une histoire poignante et touchante ; mais ça aura été un coup d’épée dans l’eau ! Comptons sur Don McDougall pour relever le niveau en espérant cette fois que Biberman qui lui succèdera fasse preuve d'un peu plus de convictions pour l'épisode 19.


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Re: Le Virginien

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Morgan a écrit :
Alexandre Angel a écrit :Allez, plus que quatre de la 4ème saison et j'ai fini :D

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C'est pas rien quand même, 30 épisodes d'1h10 :shock:
J'en suis au même point, mais j'hésite pour la saison 5, Lee J Cobb va me manquer :(

Surtout que son remplaçant, Charles Bickford, semble totalement inerte. Il vivait ses derniers instants mais quand même ; c'est aussi triste pour lui qui fut un excellent comédien que pour nous à qui il ne procure absolument aucune émotion.
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Toujours à propos du Virginien, as-tu eu l'occasion de voir le film réalisé en regroupant deux épisodes avec C.Bronson : Le solitaire de l'Ouest (Bull of the West)

Ce doit être curieux comme montage :?:

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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Morgan a écrit :Toujours à propos du Virginien, as-tu eu l'occasion de voir le film réalisé en regroupant deux épisodes avec C.Bronson : Le solitaire de l'Ouest (Bull of the West)

Ce doit être curieux comme montage :?:

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Il parait que la plupart des films issus du mix entre deux épisodes sont plus débiles que curieux étant donné qu'ils n'ont quasiment aucun points communs niveau intrigue. Bref, ça ne m'intéresse pas de voir ça :wink:
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Re: Le Virginien

Message par Morgan »

Jeremy Fox a écrit :
Morgan a écrit :Toujours à propos du Virginien, as-tu eu l'occasion de voir le film réalisé en regroupant deux épisodes avec C.Bronson : Le solitaire de l'Ouest (Bull of the West)

Ce doit être curieux comme montage :?:

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Il parait que la plupart des films issus du mix entre deux épisodes sont plus débiles que curieux étant donné qu'ils n'ont quasiment aucun points communs niveau intrigue. Bref, ça ne m'intéresse pas de voir ça :wink:
C'est également ce que je pense :wink:
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Cloris Leachman


5.18- Requiem for a Country Doctor

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Chester Krumholz
Guests stars : Cloris Leachman & Coleen Gray
Première diffusion 25/01/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 6.5/10


Le Pitch : En arrivant dans une petite ville où il cherche Stacey, le Virginien voit une potence en train d’être dressée ; il apprend peu après qu’elle doit servir à pendre le fils Grainger qui aurait, après avoir perdu aux cartes, tué le gagnant de la partie qui n’était autre que l’homme le plus aimé et respecté de la bourgade. Le Virginien, étant persuadé de l’innocence du fils de son patron, va tout faire pour le tirer de ce mauvais pas, y compris se confronter à la veuve (Coleen Gray) et à la fille du défunt. Une troisième femme aura de l’importance au cours de son enquête pour découvrir le véritable coupable, Clara (Cloris Leachman), la tenancière du saloon…

Mon avis : On pourra donc toujours compter sur Don McDougall pour relever le niveau ; à force de le répéter, il pourrait vraiment s’agir de l’homme qui aura le plus contribué à faire du Virginien l’une des séries 'westerniennes' les plus intéressantes et les plus adultes de l’époque. Il faut tout d’abord encore une fois louer son immense talent dans la direction d’acteurs, tous les épisodes qu’il a réalisé s’étant avérés remarquables de ce point de vue. Il en va encore de même pour ce Requiem for a Country Doctor, une enquête du Virginien pour sauver la tête de Stacey accusé du meurtre de l’homme le plus respecté d’une petite bourgade. Mélange de polar et de western, ce récit, au fur et à mesure de son avancée, se révèlera surtout être un touchant mélodrame au secret bien gardé jusqu’au bout. Mais je n’en dirais pas plus afin de ne pas trop déflorer une intrigue certes très classique mais plutôt bien écrite par un trio de scénaristes. Pour en revenir à la direction d’acteurs, nous retiendrons les prestations de James Drury - toujours aussi convaincant lorsque son personnage, fortement déterminé, fonce de l’avant et ne lâche rien quitte à se comporter avec une dureté peu en accord avec son statut de 'héros' de série familiale -, celles de tous les seconds rôles, mais avant tout celles des comédiennes, pas nécessairement Debbie Watson limitée dans son jeu (elle ne fera d’ailleurs quasiment plus rien par la suite), mais Coleen Gray dans le rôle de la femme du défunt et surtout Cloris Leachman dans la peau de la Saloon Gal.

Cette dernière sera mémorable quatre ans plus tard dans le touchant et magnifique La Dernière séance (The Last Picture Show) de Peter Bogdanovich : il s’agissait de la femme d’âge mur, épouse d’un entraineur sportif qu’elle n’aime plus, tombant alors dans les bras du jeune Timothy Bottoms. Son premier rôle au cinéma reste également mémorable pour les cinéphiles puisque ce fut dans Kiss me Deadly (En quatrième vitesse) de Robert Aldrich ; nous la découvrions dès la fulgurante séquence initiale : c’est elle qui apparaissait à l’écran vêtue d’un imper, courant seule dans la nuit au milieu d’une route ; éclairée de dos par les phares d’une voiture, elle forçait le véhicule de Mike Hammer à s’arrêter. Dans l’épisode qui nous concerne ici, c’est elle qui fait la plus forte impression et c’est d’ailleurs autour de son personnage d’entraineuse ("In my business, conscience isn't a necessary part of the equipment!") que l’enquête du régisseur de Shiloh va se concentrer et finir par se focaliser même si ce que l’on pourrait croire tout du long n’est absolument pas ce qui en ressortira en fin d’intrigue ; c’est d’ailleurs l’une des plus grandes qualités de l’épisode que de nous emmener là où ne l’attendait pas. Et enfin pour en terminer avec Cloris Leachman, nous avons en plus la chance de la voir interpréter ici une bonne chanson et de constater que sa qualité de chanteuse pouvait être égale à son talent dramatique. Quant à la ravissante Coleen Gray, les amateurs de westerns la connaissent un peu mieux ; ce fut la jeune barmaid dans Quand les tambours s’arrêteront (Apache Drums) de Hugo Fregonese et fut de la distribution du génial et méconnu Le Mariage est pour demain (Tennessee’s Partner) de Allan Dwan aux côtés d’un magnifique trio d’acteurs, Rhonda Fleming, Ronald Reagan dans son plus beau rôle et John Payne.

Parmi les seconds couteaux, des têtes connues de tous les amateurs de cinéma hollywoodien comme Morgan Woodward (le prisonnier), Dick Foran (le maire/juge de paix) ou John Doucette. Ces personnages de notables vont tenter par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues du Virginien, ne souhaitant à priori pas que certaines choses peu glorieuses ressortent de son enquête ou voulant faire taire les rumeurs et protéger certaines réputations dont celle du médecin assassiné. Le juge ne voulant absolument pas accorder de délai supplémentaire à l’accusé, une véritable course contre la montre s’engage pour notre héros s’il veut découvrir le vrai coupable ou alors ce qui s’est réellement passé le soir du drame ; condition sine qua non s’il veut sauver la tête de son ami et employé, le jeune Stacey, complètement KO debout dans sa cellule, se faisant déjà à l’idée de vivre ses derniers instants. La rencontre en prison de Stacey avec la fille du docteur est assez émouvante, faisant vaciller d’un coup les certitudes de la jeune femme quant à la culpabilité de son interlocuteur au vu de la sincérité et de la gentillesse de ce dernier. Durant ses investigations, le Virginien passera de sales quarts d’heure, se faisant même passer à tabac dans une ruelle sombre, la séquence étant assez sèche et vigoureuse. L'on trouve également une intéressante description de l’application de la loi à l’époque à travers cette réplique du juge au Virginien lorsque ce dernier lui demande pourquoi ils ont été si vite à condamner Stacey sans grandes preuves : "this town is growing, bursting at the seams. Miners, cattlemen, traders, easy money easy virtues, it's an old song, I know--but when the disease strikes, when the epidemic comes under these conditions it must be dealt with speedily and efficiently!

Sans atteindre des sommets car on a connu épisodes quand même bien plus captivants, tendus ou émouvants, une bonne cuvée au sein de cette saison plus qu’inégale ; grâce avant tout à une belle écriture et d’excellents dialogues mais surtout au réalisateur Don McDougall qui continue à nous fournir un travail très professionnel sans abus de vilains décors ou un trop plein de transparences et qui prouve une fois de plus qu’il savait parfaitement bien choisir et diriger ses comédiens. Une réplique du Virginien résume assez bien le pitch de l’épisode : "Everybody's been trying to protect something; themselves, each other or the doctor. I've been trying to protect a friend”. C'est clair, net et efficace ; comme cet épisode loin d’être désagréable.


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Re: Le Virginien

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Et celui à venir est excellent avec un John Saxon grandiose et un tout jeune Harrison Ford

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Re: Le Virginien

Message par Morgan »

Jeremy Fox a écrit :Et celui à venir est excellent avec un John Saxon grandiose et un tout jeune Harrison Ford

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Un gamin :lol:
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Re: Le Virginien

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John Saxon


5.19- The Modoc Kid

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Leslie Stevens
Guests stars : John Saxon & Harrison Ford
Première diffusion 01/02/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 8/10

Le Pitch : Le Hold-up de la banque de Medicine Bow ayant capoté, la bande de Dell Stetler (John Saxon) s’enfuit en laissant sur place un mort et un blessé. Ils ne sont plus que trois fuyards : Dell, Cullen (Harrison Ford) et son frère gravement blessé. Ne voulant pas abandonner ce dernier, ils se rendent au ranch le plus proche qui n’est autre que Shiloh. Là, ils prennent en otage les trois Grainger, ayant auparavant appris que tous les cow-boys étaient partis convoyer du bétail loin d’ici. Les bandits vont tenter de faire venir un médecin sans que les autorités soient mises au courant ; tout ce petit monde confiné, la tension va aller crescendo…

Mon avis : A la fin de mon avis plus que mitigé sur Yesterday’s Timepiece, l’épisode 17 de cette même saison déjà réalisé par Abner Biberman, j’écrivais : "Comptons sur Don McDougall pour relever le niveau en espérant cette fois que Biberman qui lui succèdera fasse preuve d'un peu plus de convictions pour l'épisode 19." McDougall avait tenu ces promesses et comblé cet espoir ; Biberman ne démérite pas, tout au contraire, nous livrant même avec The Modoc Kid l’un des sommets de la série. La malédiction 'dents de scie' aurait-elle enfin pris fin ?! Ne nous réjouissons pas trop vite et profitons de cette fameuse réussite. L’histoire est signée Leslie Stevens, le réalisateur d’un petit film culte, Propriété privée (Private Property), sa première réalisation "qui compte parmi les films indépendants des années 60 annonçant le ton et les méthodes du Nouvel Hollywood" dixit Jean Gavril Sluka sur le site ; la ligne du récit est claire et s’achemine vers un suspense à huis-clos à très 'haute tension'. Tout commençait pourtant d’une manière très fantaisiste, l’adjoint du Shérif – Ryker/Clu Gulager qui semble être enfin revenu pour de nombreuses reprises au sein de la série après une disparition de longue durée que l’on pensait définitive – plaisantant sur l’achat de poules par Elisabeth Grainger, ce qui restera un running gag durant tout l’épisode, permettant au spectateur de reprendre son souffle durant quelques secondes, l’atmosphère d’ensemble restant sinon constamment lourde et menaçante. Avec une extrême rigueur dans la conduite du récit, l’on assiste ensuite aux préambules du hold-up de la banque de Medicine Bow qui capote grâce à Ryker qui trouvait ces nouveaux arrivants assez louches et qui leur a tendu un piège. Résultat de la débandade qui s’ensuit : 1 blessé, 1 mort et 3 fuyards dont parmi eux un autre gravement blessé.

L’estropié resté sur place (Harry Carey Jr, l’un des comédiens de la 'famille John Ford', entre autres l’un des trois bandits/héros de Three Godfathers - le Fils du désert) est emmené en prison afin d’être interrogé sur l’éventuel lieu de rendez-vous où devaient se rejoindre les membres du gang après leur larcin ; celui ayant réussi à fuir malgré son sale état est le frère de Cullen, l'un des deux hommes étant parvenu à semer les hommes du shérif. Les deux hors-la-loi ne voulant pas l’abandonner à son triste sort, ils décident de se rendre au ranch le plus proche afin de s’y cacher et de soigner leur acolyte. Pour se faire, ils devront prendre en otages les résidents du lieu qui ne sont autres que les trois Grainger puisque la propriété est Shiloh. Les gangsters ayant appris au saloon avant le braquage que tous les cow-boys de ce domaine étaient partis une quinzaine de jours pour convoyer du bétail, ils s’en souvinrent à cette occasion et estimèrent à juste titre que c’était une belle aubaine pour eux : seulement trois personnes à surveiller dont un vieil homme et une jeune fille. Disons-le d’emblée : malgré le fait d'avoir répété à plusieurs reprises que l’une des principales raisons de la médiocre qualité de cette saison 5 reposait sur le manque de charisme des trois comédiens tenant les rôles des membres de la famille Grainger, il faut cette fois se rendre à l’évidence : grâce à la superbe écriture de Leslie Stevens et à la mise en scène plus qu'honorable d’Abner Biberman, pour la première fois Charles Bickford s’avère extrêmement convaincant, Don Quine et Sara Lane nous octroyant probablement aussi à cette date leurs meilleures prestations au sein de la série. Un huis-clos va donc se mettre en place, encadré pour les amateurs de mouvement par deux séquences d’action, chacune d’une extrême efficacité : le hold-up raté et évidemment le règlement de comptes final dont on se doute très bien dès le départ qu’il finira par avoir lieu.

Non seulement le scénario est d’une belle solidité (à l’exception peut-être de la séquence aux enjeux un peu flous de la ferme abandonnée ; à moins que ce ne soit moi qui ait eu une baisse de concentration à ce moment-là) mais, encore plus remarquable, l’interprétation est aux petits oignons. Outre nos trois comédiens récurrents depuis le début de cette saison ainsi que Clu Gulager égal à lui-même, ou encore le prolifique Paul Fix dans le rôle du docteur, saluons surtout les prestations d’Harrison Ford qu’il n’est pas besoin de présenter et surtout d’un inoubliable John Saxon interprétant ici l’un des Bad Guys les plus inquiétants depuis les débuts de la série avec celui que jouait Clu Gulager dans l’épisode 17 de la première saison, The Judgment, avant qu’il n’endosse l’uniforme d’homme de loi et n'entre dans la peau de Ryker. John Saxon, c’était l’intrigant Johnny Portugal dans Le Vent de la plaine de John Huston dans lequel il avait déjà pour partenaire Charles Bickford ; puis, dans L’homme de la sierra (The Appalossa) de Sidney J. Furie, pour faire face à Brando et contraster avec l’interprétation toute en intériorité de ce dernier, les auteurs auront eu la bonne idée de faire appel à lui qui nous offrait à cette occasion une prestation bien plus extravertie et presque tout aussi mémorable dans la peau du rancher cruel et sadique. Entre des deux, dans Les Cavaliers de l’enfer (Posse from Hell) de Herbert Coleman, il aura été le Tenderfoot de l’expédition punitive, le personnage le plus intéressant du film, Saxon volant même la vedette à Audie Murphy. Autant dire un comédien à redécouvrir et notamment dans le rôle de cet inquiétant Modoc Kid, un bandit sans aucune conscience ("You know, I'm gonna buy me a spread just like yours. Bigger. With a nice trout stream running right through it. It took you a whole life to earn your way to something like that, didn't it? Take me about two weeks! Strike it rich in some nice little bank. You see, we all want the same thing. I'm just taking mine while I'm young enough to enjoy it!") et qui cherche coute que coute à imposer le respect par la peur et la force : "I'm not asking you to give me help, I'm giving you orders!"

Non seulement bien écrit et bien interprété mais également remarquablement réalisé, Abner Biberman réussissant aussi bien ses séquences d’action – notamment la fusillade qui suit le hold-up ou encore le final - que ses scènes dialoguées, parvenant à maintenir une tension et un suspens constant ; il s'avère tout aussi virtuose dans son montage et son découpage, l’exemple le plus évident étant celui de l’arrivée des bandits pour prendre en otages les trois membres de la famille Grainger, la scène étant d’une très grande efficacité dramatique, tout comme l’arrivée des hors-la-loi à Medicine Bow en ouverture du récit. Soulignons aussi une belle attention apportée aux gros plans et aux éclairages, témoin la scène de nuit se déroulant entre John Saxon et Charles Bickford dans la ferme abandonnée. Un thriller westernien aux dialogues assez crus ("You shut your mouth, Mister, before I slop hot coals after it!") et à la violence psychologique assez inconfortable ("In that split second before the flash, before everything goes black, you'll believe! Only then it'll be too late!") ; un grand épisode et un mémorable Bad Guy : "People look up to a man who stands above the law...My name strikes fear!" Enfin notons le dernier plan qui rétrécit jusqu’à devenir une vignette au milieu de l’écran : une petite coquetterie assez curieuse dont on se demande ce qu'elle aura bien voulu nous dire !


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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

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Marian McCargo & Peter Mark Richman

5.20- The Gauntlet

Réalisation : Thomas Carr
Scénario : Lou Shaw
Guests stars : Peter Mark Richman
Première diffusion 08/02/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7/10

Le Pitch : Alors qu’il est sur le chemin du retour suite à un voyage d'affaires au Mexique, le Virginien est blessé à l’épaule par un voleur de bétail qu’il avait surpris sur un immense ranch texan appartenant à Al Keets (Peter Mark Richman). Ce dernier le recueille le temps qu’il se remette ; le virginien comprend vite que rien ne va plus dans la vie conjugale du couple Keets et qu’au moment où Mary l’a trouvé, elle était sur le point de quitter son mari, accompagnée de son jeune fils. Keets découvrant dans le Virginien un homme intelligent et intègre, il lui offre la place de contremaitre. Malgré la proposition très alléchante, il refuse…

Mon avis : Troisième épisode consécutif de grande qualité ; nous nous reprenons à espérer un arrêt de la médiocrité d’ensemble de cette cinquième saison d'autant que le modèle de stabilité et de rigueur qu'est Don McDougall va réaliser un épisode sur deux durant le dernier tiers. En attendant la suite, aux manettes ici, Thomas Carr, capable du meilleur (le splendide High Stakes), comme du pire (Vengeance Trail) ; à l’écriture, Lou Shaw, déjà auteur du sympathique mais oubliable Outcast, qui s’en tire ici bien mieux, nous livrant un script dense et riche surtout dans la caractérisation du couple maudit de l’histoire interprété par Peter Mark Richman et Marian McCargo, tous deux très convaincants. Le premier avait déjà été remarqué à deux reprises dans le courant de la série, dans l’atypique A Portrait of Marie Valonne durant la saison 2 puis surtout dans The Girl from Yesterday durant la saison suivante où il tenait le rôle d’un inquiétant Bad Guy sans aucuns scrupules. Ce sera d’ailleurs - tout comme sa partenaire - un familier des principales séries des années 60/70. Notons de suite que le jeune Stefan Arngrim qui interprète le fils sans cesse balloté entre père et mère s’en sort lui aussi plutôt bien, ce qui prouve que la direction d’acteurs de Thomas Carr est bien au point, la qualité de l’épisode reposant avant tout à la fois sur l’écriture et sur un casting de grande qualité sachant rendre crédibles les différents protagonistes quels que soient leur importance.

Le récit de Lou Shaw s’avère très rigoureux malgré des retournements de situations parfois un peu durs à avaler notamment dans le dernier quart d'heure ; il s'agit également d'un épisode un peu masochiste au cours duquel notre héros, ici seul protagoniste récurrent de la série, se verra bien malmené, se faisant tirer dessus, recevant des coups bien teigneux dans la figure et le ventre, passant même près de finir la corde au cou. Mais revenons-en à la première séquence qui nous montre le Virginien arrivant devant un panneau indiquant qu’il est strictement interdit de pénétrer sur les terres de ce domaine au risque de se faire tuer sans préavis. Néanmoins, apercevant un homme en train de dépecer une bête, voilà le régisseur de Shiloh s’approchant pour voir ce qu’il en est réellement. Pas de chances, il reçoit une balle à l’épaule, tombe de cheval et s'évanouit alors que le voleur prend la fuite. Le Virginien est découvert par Mary, une femme passant justement par là en carriole avec son jeune fils. Elle s’arrête pour lui porter secours et l’on apprend peu après qu’il s’agit de l’épouse du grand propriétaire despotique du domaine, Al Keets. L’intendant est emmené dans le ranch afin d’y être soigné et le temps qu’il se remette. Durant son séjour le Virginien va être témoin des violentes rivalités et querelles conjugales qui se font jour au sein du couple qui l’a recueilli ; il va comprendre que Mary quittait son époux au moment où elle lui est venu en aide et que sans lui elle aurait réussi à réaliser son rêve, partir loin d’ici avec son fils. Ceci étant, Al trouve d’énormes qualités à son ‘invité’ au point de lui proposer dans un premier temps une place d’intendant avant de vouloir en faire carrément son associé.

Al Keets est un homme qui fait tout pour se faire haïr ; il se montre tyrannique, aigri, cruel et ne fait pas beaucoup démonstrations de sentiments que ce soit pour son épouse ou son jeune fils qu’il refuse néanmoins de voir partir avec sa mère si jamais celle-ci décidait de les quitter. Il les traite si mal que c’est cependant bien leurs intentions même si Mary continue à défendre son mari devant les autres, lui trouvant des excuses et refusant que son fils parle mal de lui ; d’où la confusion de ce dernier qui ne cesse de croitre. Cette animosité dans le couple vient du fait que Al croit que Mary l’a épousé uniquement pour son argent. L’épisode est principalement basé sur leurs relations très tendues mais où l’on soupçonne encore de la tendresse et de l’amour ; c’est cette richesse qui fait tout le prix de l’épisode, l’auteur n’étant jamais manichéen, la superbe prestation de Peter Mark Richman parvenant à nous rendre son protagoniste parfois attachant malgré le fait qu’il soit le plus souvent détestable ; le Virginien répondra d’ailleurs à sa proposition de travail en lui disant "you’re two different men, one of them I understand, the other I don’t like" ; mais, toujours aussi droit, il refuse néanmoins de le juger devant autrui. James Drury est vraiment très bien dans cet épisode, très convaincant lorsqu'il explique sa fierté d’être régisseur de Shiloh et ne voulant pas changer de poste par amitié pour ses patrons, répétant à plusieurs reprises qu’il est son propre maître et qu’il est ainsi libre de faire ses choix, aussi étonnants soient-ils. ‘L’attraction’ qu’opère le Virginien sur Al est également captivante et superbement décrite, le despotique rancher se montrant toujours plutôt affable pour son hôte qu’il ne se cache pas d’admirer : si Grainger accorde une si grande confiance à son contremaitre, c’est qu’il doit être un homme exceptionnel qu’il aimerait donc bien s'accaparer, en tout bien tout honneur. Mais sans le savoir le Virginien va se faire complice de son épouse, ce qui va rendre les tensions encore plus fortes entre les principaux protagonistes de ce récit.

Le jeune Keets se prend aussi d’amitié pour le Virginien, découvrant en lui le père attentionné qu’il n’a jamais eu ; nous assisterons ainsi à une belle séquence bucolique d’apprentissage de pêche à la ligne. Mais allez vous me dire, et le 'Gauntlet' du titre ? Il s’agit d’un tournoi où tous les coups sont permis qu’organise Al chaque année afin de faire gagner quelques bêtes ; une ‘fête’ totalement illégale... mais comme le rancher s’estime représenter la loi dans sa région… Une course à cheval qui aura lieu en fin d’épisode et qui est évidemment le clou de l’épisode, en tout cas en ce qui concerne les amateurs d’action car il est permis de préférer tout ce qui aura précédé au cours de cette histoire assez sombre. Cette confrontation finale qui voit Al se faire défier par Le Virginien viendra après quelques séquences assez crues et violentes avec pas mal de morts à la clé, des passages à tabac, un enlèvement – celui de l’enfant par des hommes de main très cruels dont l’un est interprété par un inquiétant Harry Lauter – et des fusillades mortelles. Bref, devant ce mélange de suspense psychologique, de drame conjugal et de violences morales et physiques en tous genres, tout le monde devrait s’y retrouver. Et le Virginien une fois de plus de vilipender la violence en étant dégouté du sort qui a été réservé à son agresseur : "Looks like you used him for target practice" et en tournant le dos à ceux qui pensent ainsi l’avoir vengé. Une réussite !


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Re: Le Virginien

Message par hansolo »

Jeremy Fox a écrit :
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John Saxon


5.19- The Modoc Kid

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Leslie Stevens
Guests stars : John Saxon & Harrison Ford
Première diffusion 01/02/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 8/10
Stricto sensu Ford n'est pas guest star dans le Virginien
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

hansolo a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
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John Saxon


5.19- The Modoc Kid

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Leslie Stevens
Guests stars : John Saxon & Harrison Ford
Première diffusion 01/02/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 8/10
Stricto sensu Ford n'est pas guest star dans le Virginien

Tu veux dire qu'il n'est pas listé Guest Star au générique ? Son rôle est suffisamment important et il me semblait légitime de l'y ajouter à postériori :wink:
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