Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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Ricardo Montalban




7.05- The Wind of Outrage

Réalisation : James Sheldon
Scénario : Alvin Sapinsley
Guest stars : Ricardo Montalban
Première diffusion 16/10/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Trampas et le Virginien se sont rendus pour affaires non loin de la frontière canadienne. Pour attendre l’homme qui leur doit de l’argent, ils font une halte dans une auberge tenue par un canadien (Ricardo Montalban). En sa fiancée, Trampas reconnait une femme qui l’a jadis escroqué ; mais à sa pressante demande il n’en dit rien à son futur époux. Quatre trappeurs viennent eux aussi faire une pause en ces lieux. Comme le patron de l’établissement, ce sont en fait des rebelles au gouvernement en place au canada ; persuadés que nos deux hommes de Shiloh sont des chasseurs de primes payés pour les arrêter, ils les emprisonnent…

Mon avis : Après The Orchard peu de temps avant, James Sheldon confirme à nouveau cette totale confiance que l'on peut avoir en lui, faisant figure de remarquable remplaçant de Don McDougall qui fut durant six saisons le réalisateur le plus constant et doué de la série. On pourrait ainsi de nouveau brièvement résumer les plus grandes qualités de Sheldon qui aura fait sa carrière entière sur la petite lucarne : une astucieuse utilisation des ellipses, une attention toute particulière portée aux paysages et à la photographie, une belle gestion du suspense, une mise en scène globalement de qualité et une grande rigueur de l'ensemble. A propos de la photographie, rarement nous n’avions vu au cours de la série des nuits américaines aussi réussies et il faut mentionner de nouveaux lieux de tournage particulièrement bien mis en valeur et notamment ce lac magnifique d’où repartent au final les métis ‘héros’ de cette histoire qui ont décidé de reprendre le combat contre le gouvernement canadien qui leur a menti et qui les a spoliés. Ce fait historique vous rappelle peut-être un épisode antérieur et vous auriez raison ; il s’agit du splendide et puissant Harvest of Strangers qui mettait déjà sur le devant de la scène ces canadiens au sang mêlé français et indiens Crees qui vivaient sur la baie d’Hudson depuis longtemps mais qui dès 1867 se font fait déposséder de leurs terres par la confédération canadienne du gouverneur William McDougall, ce dernier devant alors faire face à une rébellion légitime due à l'opposition des colons encore majoritairement francophones qui n’avaient pas été consultés quant à l’annexion de ce qui deviendra la province de Manitoba, étant depuis ce jour considérés et traités plus mal que des chiens. Les Métis s’organisèrent alors pour reconquérir leurs droits ainsi que les terres qui leur avaient été confisquées.

Dans Harvest of Strangers de Paul Stanley (le meilleur épisode de la série à ce jour) un petit groupe de métis - comme ils se prénomment eux-mêmes avec fierté - arrivait à Medicine Bow pour y recevoir une somme conséquente destinée à combattre ceux qui les avaient dépossédé de leurs biens et accueillir celui qui avait été désigné comme leur chef. Sauf qu'ils ne voulaient pas ébruiter le but de leur visite, les espions canadiens étant déjà à leur recherche. Il en va de même dans The Wind of Courage, un groupe de quatre trappeurs arrivant à l’auberge tenue par un homme qui n’est autre que leur ancien leader à qui le gouvernement canadien avait promis d’accorder la liberté à son peuple à la seule condition que lui s’exile aux USA. Apprenant que les hommes politiques canadiens n’ont pas tenu leurs promesses, les métis veulent repartir au combat et viennent rechercher celui qu’ils considèrent comme le plus apte à les diriger. Ce dernier, Louis Boissevain, est interprété par l’excellent Ricardo Montalban qui nous avait déjà fait grande impression dans un des premiers épisodes de la série au ton bien plus léger, The Big Deal. Il est à nouveau parfait dans ce rôle bien plus sérieux de leader politique qui finira par décider de reprendre la lutte aux dépens de l’amour. En effet, exilé de l’autre côté de la frontière pour respecter l’accord qu’il avait passé avec le gouvernement, il a rencontré Suzanne dont il est tombé amoureux et dont il a fait sa fiancée ; il ne connait cependant pas le passé de cette jeune femme qui fût un temps - sans trop pouvoir faire autrement - complice d’un escroc qui n’était autre que son mari. Trampas en avait alors fait les frais (exactement comme dans l’assez récent épisode The Hell Wind dans la saison 6 où il expliquait déjà s'être fait voler tout l'argent qu'il possédait) et plus tard la jeune femme avait été non seulement emprisonnée mais également dans l’interdiction de revoir son tout jeune fils qui avait été placé dans une famille d’accueil. Elle narre son histoire tragique un soir à Trampas en lui disant instamment de ne rien en dire à son futur mari qui en concevrait non seulement de la colère mais aussi de la jalousie ; dans son intention de se faire épouser elle avoue qu’elle a surtout comme arrière-pensée de récupérer son enfant, ce qui ne l’empêche pas d’être sincèrement amoureuse de Louis dont elle ignorait de son côté qu’il fut ce célèbre leader politique.

Devant tant d’arguments convaincants, Trampas décide de rester muet ; peu de temps après il est fait prisonnier par les métis qui voient en lui un espion à la solde du Canada chargé de les faire tomber dans un piège. Il aurait été passé par les armes sans l'intervention de Boissevain qui avait juré ne plus jamais vouloir verser le sang, encore traumatisé par un lynchage qu'il avait autrefois ordonné. Quant au Virginien soupçonné lui aussi, il échappe de peu à l’enfermement en s’enfuyant à temps mais en restant dans les parages pour tenter de délivrer son ami. Bref, comme on peut le constater à la lecture de ces lignes cet épisode part sur plusieurs pistes toutes d’égale importance mais se révèle être au final un patchwork étonnement harmonieux constitué d’un arrière-plan historique passionnant, d’une réflexion sur la condition des métis et leurs revendications, d’une transaction politique et financière captivante car s’avérant être une vile machination qui met à mal l’éthique des institutions gouvernementales et des grosses sociétés et qui par ce fait s’avère toujours autant d’actualité, d’une histoire d’amour qui peut capoter d’un moment à l’autre si certains secrets venaient à être dévoilés, d’un suspense tendu quant au sort de nos deux héros pris pour des espions et qui pourraient être assassinés et enfin par de magnifiques séquences d’actions aérées, filmées au sein de paysages majestueux de forêts et de lacs. Un épisode très cinématographique dans sa mise en scène qui n’est pas avare de savoureuses idées comme cette auberge située au sein d’un fort abandonné, ainsi que très adulte dans son scénario aux superbes dialogues : en voici un exemple lors d’une séquence d’adieux bouleversante entre Ricardo Montalban et Lois Nettleton (déjà émouvante dans l’épisode Nobility of Kings) :
Louis : - “Have you ever, my darling, waked in the morning from a beautiful dream and tried to reach out, clutch, draw back those last disappearing wisps to keep the dream for a moment more but knowing all the time, it would never return.
Suzanne : - “Can't you dream the dream again?
Louis : - “Yes, but, in the end, you will always wake up again. It is better to live with memories than with dreams, far better. My memories will be the most beautiful. More than the most beautiful of dreams. I wish yours could be the same. Goodbye, my precious.

Pour l’anecdote, le Virginien porte une veste en cuir noir qui nous change un peu de son habituel vêtement rouge et noir et qui lui permet de mieux se faire discret la nuit alors qu’il est recherché par les trappeurs. Et comme à leur honorables habitudes, les auteurs de la série reviennent une fois de plus sur la deuxième chance accordée à chacun ; ici Louis Boissevain fait taire sa future épouse lorsqu’elle décide enfin de lui révéler les secrets pas très reluisants concernant son passé : "Whatever you have done in your life, you have made Louis Boissevain the happiest man that ever walked the earth. As long as there is a God in the sky, he will smile upon you for this. Goodbye, my dearest love, may our dreams meet in the days and nights ahead.” A chaque fois que la série a abordé des thématiques politiques en est sorti un épisode captivant ; c’est ici encore le cas d’autant que tous les comédiens sont magistralement dirigés à commencer par notre touchant couple de Guest Stars : régalez-vous !


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Jeremy Fox
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Don Stroud



7.06- Image of an Outlaw

Réalisation : Don McDougall
Scénario : Joseph Hoffman
Guest stars : Don Stroud
Première diffusion 23/10/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 5/10


Le Pitch : Un cavalier se retrouvant face à face avec Rafe Judson (Don Stroud) prend peur, fait volte-face et se rend à Medicine Bow annoncer au shérif Abbott qu’il vient de croiser la route d’un tristement célèbre bandit qu’il a reconnu pour avoir récemment été victime d’une de ses attaques. L’homme de loi se rend donc à Shiloh arrêter ce cowboy pourtant sérieux et travailleur d’après les dires de Trampas et du Virginien. Rafe réussit facilement à s’innocenter et il est vite prouvé que le dangereux outlaw est un sosie de Rafe, ce dernier allant profiter de cette ressemblance pour s’accaparer l’argent dont il a besoin pour se mettre à son compte…

Mon avis : Don McDougall semble s’être un peu lassé depuis toutes ces années, montrant pas mal de signes de faiblesse depuis quelques épisodes alors qu’il avait été jusque-là le réalisateur le plus régulier et le plus convaincant de la série ; James Sheldon parait avoir les capacités de le remplacer de ce point de vue qualitatif. Quoiqu’il en soit, même s’il se laisse parfois aller à un peu trop de nonchalance technique et s’il cède parfois aux sirènes de la mode (abus de zooms avant et arrière…), son travail demeure tout à fait honorable et nous permet de suivre Image of an Outlaw sans trop s’ennuyer malgré un scénario vraiment peu crédible. L’épisode débute en plein air avec une séquence assez insolite, celle de la rencontre de deux hommes, l’un semblant reconnaitre l’autre avec frayeur, tournant immédiatement les talons et chevauchant ventre à terre jusqu’au bureau du shérif de Medicine Bow pour le prévenir être tombé nez à nez avec le bandit dont il venait d’être victime quelques jours auparavant lors de l’attaque d’une diligence. Ce qui nous surprend immédiatement est la réaction de l’homme censé être le hors-la-loi et qui parait encore plus étonné par le fait que le cavalier ait eu peur de lui comme s’il avait vu un fantôme. Il comprendra mieux ce réflexe lorsque quelques heures après on viendra l’arrêter et on lui présentera l’avis de recherche avec la tête d’un homme totalement identique à la sienne. Ayant un alibi en béton puisque se trouvant loin du lieu de l’attaque lorsqu’elle eut lieu, Trampas et le Virginien appuyant le fait puisqu’étant avec lui ce jour-là à marquer des bêtes, Rafe Judson comprend alors qu’il a un parfait sosie dans les parages.

Au début cette situation va le mettre dans l’embarras car certains resteront néanmoins méfiants malgré les preuves de son innocence et un chasseur de prime viendra même lui chercher des noises. Mais lorsqu’il constate que le banquier ne lui fait pas trop confiance pour un prêt alors qu’il a toujours économisé pour pouvoir s’acheter un petit lopin de terre, il va avoir dans l’idée de se servir du fait d’avoir un sosie mauvais garçon terré dans la région et de tirer avantage de cette confusion pour faire quelques coups tranquilles en sachant qu’il ne serait pas inquiété par la police qui fera endosser tous ses méfaits au véritable bandit. Difficile de croire à un tel revirement au vu de la description initiale des auteurs concernant Rafe ; certes il s’agit d’un homme qui, comme la plupart lorsqu’ils sont attirés par l’argent facile, pourrait commettre des actes répréhensibles ; de là à se transformer en un tueur au sang-froid, il n’y a pas qu’un petit pas mais un gouffre. Le thème est intéressant mais Don Stroud qui interprète donc les deux rôles a bien du mal à nous rendre tout ça très vraisemblable ; on l’a connu plus inspiré dans Paid in Full déjà réalisé par Don McDougall au début de la saison 6 où il interprétait le fils tout juste sorti de prison de James Whitmore. Il faut néanmoins dire qu'il n'est pas vraiment aidé par le scénariste Joseph Hoffman peu à l’aise avec les portraits psychologiques de ces personnages qui auraient mérité d’être un peu plus fouillés, déjà auteur des médiocres Dead-Eye Dick, l’épisode un peu bêta réalisé par Ida Lupino, ainsi que The Strange Quest of Claire Bingham qui comme celui qui nous concerne ici auront bien eu du mal à nous tenir en haleine.

Malgré son talent, Don McDougall ne peut pas faire grand-chose pour relever la sauce si ce n’est mettre en boite l'ensemble avec soin et nous proposer de très bonnes séquences comme celle entièrement tournée en extérieur du piège final mis en place par nos héros pour dévoiler le véritable coupable et mettre fin à ses agissements. On sent alors que le réalisateur avait encore de la ressource malgré beaucoup moins de subtilité que par le passé ainsi que quelques fautes de gouts et qu’il allait peut-être encore falloir compter sur lui pour empêcher de mauvais scénarios d’aboutir à de trop mauvais épisodes. A signaler aussi une musique très inégale signée Jack Marshall avec dans l’ensemble une orchestration qui parait un peu au rabais mais relevée par de nombreuses jolies variations très lyriques autour du thème principal de Percy Faith que l’on aura rarement entendu aussi souvent que dans cet épisode. Autre remarque sans grande importance mais qui pourra intéresser les fans de la série : alors que la durée moyenne de quasiment tous les épisodes tourne autour de 74 minutes, on note que celui-ci dure trois bonnes minutes de moins. De là en tirer quelque conclusion que ce soit ! Au final, un épisode on ne peut plus moyen comme en atteste ma note. Une fiction assez peu crédible (tout comme le fait pour Rafe d’acheter une carabine pour l’envoyer en cadeau de Noël à son frère) mais cependant pas trop désagréable grâce à de bons acteurs et une réalisation correcte.

On appréciera notamment aussi le côté sacrément vicieux de la compagne du bandit, l’humour du shérif quant à la difficulté de son métier, les aveux du Virginien comme quoi il est têtu de notoriété publique (à la remarque de Trampas "Did anybody ever tell you you were stubborn?" notre régisseur lui rétorque tout de go "All the time") et enfin la conclusion de nos deux compères dévoilant une fois encore une partie de leurs personnalités respectives : alors que la hors-la-loi a pu être appréhendé, Trampas observe que "If he'd been smart enough to quit while he was ahead he'd be home free" ; sur quoi, plus, plus sage et droit dans ses bottes le Virginien lui répond en guise de conclusion "If he was that smart, he never would have started in the first place." Une intéressante réflexion sur la duplicité et la cupidité de la nature humaine ; dommage que l’écriture manque à ce point de rigueur ! Pas mauvais pour autant mais probablement guère mémorable.


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Jeremy Fox
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Buffy Sainte Marie & Ned Romero



7.07- The Heritage

Réalisation : Leo Penn
Scénario : Stephen Lord
Guest stars : Buffy Sainte-Marie
Première diffusion 30/10/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 3/10


Le Pitch : Nai’Be (Buffy Sainte Marie) est une jeune fille de la tribu Shoshone que ses amis les Grainger ont trouvé astucieux d’envoyer étudier dans l’Est. De retour à Medicine Bow, elle revoit avec plaisir ses connaissances, son prétendant et sa famille sauf que quelque chose semble s’être cassé en elle ; elle est certaine de la disparition prochaine de son mode de vie et de ses coutumes ; en quoi elle n’a pas tort, les membres de sa tribu étant obligés de quitter leurs terres pour se rendre dans une réserve, les politiciens ayant fait machine arrière quant à leurs droits, un éleveur faisant pression pour récupérer leur point d’eau…

Mon avis : Leo Penn avait déjà réalisé Stacey, le dernier épisode qui allait mettre en scène le neveu des Grainger interprété par Don Quine, son départ d’ailleurs jamais expliqué ayant désormais laissé Elizabeth seule à Shiloh auprès de son oncle et sa tante. Quoiqu’il en soit, cet épisode était un des plus mauvais de la saison voire même de la série et il en est malheureusement de même pour The Heritage malgré ses très bonnes intentions de départ, ce qui nous amène une nouvelle fois à nous rendre à l’évidence comme quoi un postulat aussi digne et honorable soit-il peut aboutir à un résultat catastrophique ou (et) ennuyeux. The Heritage est la contribution la plus radicalement pro-indienne de la série le Virginien qui avait presque complètement délaissée cette thématique, les natives étant jusque-là en son sein très peu ou très mal représentés. Mais si c’était pour en arriver à un tel résultat, elle aurait d’ailleurs très bien pu éviter d’emprunter ce passage obligé du politiquement correct à l’époque – et encore plus maintenant – à savoir pour un western de prendre faits et causes pour les indiens. Il est bien évidemment tout à fait noble et légitime de prendre la défense de ce peuple opprimé et décimé sauf qu’en 1968 il n’était pas spécialement courageux de le faire car presque tout un chacun avait déjà posé sa pierre à propos de ce tragique sujet. Ceci dit notre Guest Star, la Folk Singer Buffy Sainte Marie, a accepté d’interpréter le personnage principal à condition que tous les figurants indiens soient issus de ce peuple, ce qui en soit fut non seulement une très bonne chose mais apporta également un peu de crédibilité à l’ensemble. Au moins ça !

L’actrice était elle-même née au Canada dans une tribu indienne. En plus de composer, de chanter ses propres chansons et d’avoir eu quelques rôles à la télévision, elle fut également renommée comme activiste ferme et vigoureuse, fondatrice du North American Women's Association. Sa chanson ‘Until It's Time for You to Go’ fut reprise par Elvis Presley ; quant à ‘Universal Soldier’ elle est en sorte devenue l'hymne des mouvements pour la paix. C’est elle qui chantait également la même année que cet épisode du Virginien la chanson du western culte de Ralph Nelson, Soldat Bleu (Soldier Blue) et qui écrira encore en 1982 ‘Up where we belong’ pour Officer and Gentleman de Taylor Hackford. Pour tout ceci, elle sera en tête des listes noires des artistes militantes politiquement ‘trop’ engagés et ne sera jamais bien vue de la Maison Blanche, Lyndon Johnson tout comme Richard Nixon la mettant en quelque sorte à l’index, ses titres étant alors interdits de diffusions à la radio et à la télévision. En 1983, elle épouse l’excellent compositeur américain Jack Nitzsche et continuait encore assez récemment à chanter sur les scènes du monde entier. Une personnalité tout à fait intéressante malheureusement pour nous meilleure chanteuse que comédienne ; son manque d’aptitude pour le métier d’actrice est en grande partie la cause du ratage de cet épisode qui pourtant empruntait les sombres et désespérants sentiers tracés par John Ford pour son Cheyenne Autumn (Les Cheyennes).

Comme dans ce célèbre western, l’épisode du Virginien va se révéler sans concessions, l’avenir des Indiens étant définitivement scellé, le peuple n’ayant pas d’autres solutions que de ployer l’échine et de se plier aux décisions gouvernementales, à savoir aller s’installer loin de leurs terres, dans des réserves qui leurs sont attribués, celles-ci de plus contrôlées et administrées par des blancs. L’image finale est très sombre voyant notre couple d’indiens traverser la rivière pour se rendre dans les nouveaux lieux qui leurs sont imposés, leur village situé au bord d’un magnifique plan d’eau leur étant désormais interdit pour que les ranchers puissent aller y faire se ravitailler leurs bêtes. Trompés et floués une nouvelle fois, le peu qu'il reste de cette tribu des Shoshones part en exil contraint et forcé. C’est le personnage de Nai’Be qui est témoin de ces changements qu’elle prévoyait mais qui s’avèrent d’autant plus tristes et cruels lorsqu’elle y est directement plongée. Cette jeune femme avait été envoyée par ses amis les Grainger étudier dans une université de l’Est des États-Unis, les patrons de Shiloh pensant naïvement que cette éducation lui aurait permis de pouvoir ensuite mieux faire bénéficier son peuple de la compréhension de la langue et des coutumes de ceux avec qui ils allaient devoir s’habituer à cohabiter. Mais c’est une jeune femme déstabilisée qui revient à Medicine Bow, n’arrivant plus à se situer ni parmi les blancs ni parmi les siens, ayant perdu une part de son identité et n’ayant pas trouvé beaucoup de réponses à toutes les questions qu’elle se posait. C’est son prétendant qui en fait les frais, Nai’Be n’étant pas loin de la déprime et n’étant du coup pas très attentive ni très aimable à son égard ; un homme qui avait été embauché à Shiloh pour pouvoir apprendre le métier d’éleveur de bétail afin de pouvoir lui aussi faire profiter son peuple de son expérience. L’épisode reposera principalement sur ces questionnements et le trouble psychologique que vit la jeune femme au quotidien au travers de nombreuses séquences très bavardes mais toutes à peu près semblables et vite lassantes.

D’autant plus dommage que cette réflexion autour du déchirement provoqué par la situation conflictuelle entre éducation américaine et racines indiennes aurait facilement pu être passionnante si la principale intéressée avait été convaincante et si le scénariste avait été un peu plus original. On se consolera avec un dernier quart d’heure plutôt efficace montrant entre autre l’impossibilité de faire quoi que ce soit de la part de nos héros totalement démunis pour apporter leur aide aux indiens, une dernière image poignante, de belles répliques ("When no more land remains, what will you do with our people? Tie a rope around our necks and pet us like the dogs you keep?" s’interrogera le chef Shoshone), ainsi que des seconds rôles au temps de présence très brefs mais qui auront marqué ces quelques minutes de leur charisme, à savoir Jim Davis dans le rôle de McKinley, le patron du ranch à cause de qui les conflits et les drames vont se produire, Karl Swenson dans celui du directeur des affaires indiennes et enfin Jay Silverhells interprétant pour la Xième fois le chef de la tribu. A signaler qu’une fois encore, tout comme dans le précédent épisode, le thème musical principal de Percy Faith continue à squatter la bande originale comme si les compositeurs commençaient à manquer d’inspiration ; serait-ce due à la qualité un peu vacillante de la série en ce début de saison 7 ? Espérons un sursaut rapide !


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Jeremy Fox
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Joseph Campanella, Katherine Justice & James Drury



7.08- Ride to Misadventure

Réalisation : Michael Caffey
Scénario : Gerald Sanford
Guest stars : Joseph Campanella
Première diffusion 06/11/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10


Le Pitch : Les ranchers de Medicine Bow doivent faire face à une épidémie d’anthrax qui touche leur bétail. Malheureusement les vaccins attendus ne sont pas arrivés à destination ; en effet la diligence qui les transportait a été subtilisée par la bande de Colton, un dangereux bandit. Walker (Joseph Campanella), un chasseur de primes, était l’un des passagers en compagnie de Ruby qu’il venait d’arrêter et qui n’est autre que la petite amie de Colton. Ayant réussi à prendre la fuite avec la jeune femme, Walker se retrouve à Shiloh et va demander de l’aide au Virginien pour aller appréhender le gang et récupérer les médicaments…

Mon avis : Il n’y aura pas eu de période plus inégale que ce premier tiers de saison 7 qui fait souffler sans arrêt le chaud et le froid aux amateurs du Virginien. Aux côtés de cinq épisodes assez médiocres voire mauvais pourtant réalisés par les réalisateurs les plus chevronnés de la série, à savoir Abner Biberman et Don McDougall, se seront imposées trois immenses réussites, les deux épisodes signés James Sheldon ainsi que celui qui nous concerne ici qui devrait ravir avant tout les aficionados purs et durs de westerns remuants, carrés et efficaces. Il faut dire que le duo Michael Caffey/Gerald Sanford réussit sur tous les tableaux, leur récit s'avérant plus proche ici dans son âpreté d’un Sam Peckinpah ou du western italien que de la série westernienne familiale traditionnelle dont certains épisodes se sont effectivement quelque peu rapprochés ces derniers temps. Un scénario d’une formidable densité tout autant pour ce qui est du nombre de personnages intéressants - qu’ils aient ou non une grande importance pour l’avancée de l’intrigue - qu’en ce qui concerne les pistes dramatiques et retournements divers. Rien que les trois premières minutes nous font partir dans deux directions qui semblent totalement opposées alors que tout se raccroche non seulement très vite mais aussi en toute crédibilité. Mais plongeons directement au cœur de cette histoire captivante de bout en bout grâce aussi à une formidable direction d’acteurs et évidemment à des comédiens tous en très grande forme, premiers comme seconds rôles.

L’épisode démarre sur les chapeaux de roues puisque nous assistons d'emblée à une course poursuite entre deux groupes ; à un moment donné les poursuivis s’arrêtent, se cachent derrière un arbre et tirent sur leurs poursuivants qui préfèrent abandonner l’affaire de peur de se faire tuer. Les deux hommes repartent et rejoignent un groupe qui est en train de s’accaparer une diligence dans laquelle il semble ne plus y avoir ni le conducteur ni les passagers. Le premier a été tué ; quant aux deux autres ce sont nos poursuivis de la première minute, un homme et une femme, un chasseur de primes et ‘sa proie’, cette dernière s'avérant être la petite amie d’un dangereux chef de bande, celle-là même qui est en train de mettre à sac la diligence. L’on imagine que le chef est venu récupérer sa fiancée en faisant dans le même temps pas mal de dégâts… Retour à Shiloh où des bêtes sont abattues et brulées, une épidémie d’anthrax s’étant répandue au sein du troupeau, les voisins de Grainger commençant à craindre l’expansion de la maladie et étant prêts à massacrer eux même les vaches de Shiloh. On parvient à leur faire entendre raison ou plutôt à les faire patienter en leur apprenant que les vaccins doivent arriver dès le lendemain par diligence. Vous devinez probablement déjà le raccrochage de ces deux pistes à priori sans aucuns rapports ? Voilà que Walker et Ruby, le Bounty Hunter et sa prisonnière, arrivent à Shiloh pour demander des montures fraiches. Après quelques minutes de conversation le Virginien comprend que la diligence dont ils sont parvenus à s’enfuir est la même qui transportait les médicaments tant attendus. Et voici que se forme un groupe de quatre, tous aussi impatients de mettre la main sur le gang, Walker pour arrêter les autres membres en plus de la jeune femme, l’intendant de Shiloh accompagné de David pressé de récupérer les fioles qui pourraient sauver leurs troupeaux et le ranch.

Sans que ce ne soit trop lourdement appuyé, ce qui nous laissera sans cesse dans le doute et le questionnement, on notera l’étrange comportement du duo formé par le chasseur de primes et sa prisonnière dont les échanges de regards nous font douter de la véritable situation entre eux deux : ne pourraient-ils pas être complices ? Et de quoi ? Quoiqu'il en soit, notre groupe de quatre arrive à localiser la bande qui après avoir mise à sac une petite localité et occasionnée de nombreux morts se sont réfugiés à Misadventure, petite ville dominée par des gens peu recommandables qui érigent en règles principales auxquelles ne pas déroger : "Mind your own business, ask no questions and respect the property of others no matter how they come by it." Le danger est partout présent mais notre Virginien prouvera à nouveau ici à la fois son courage, sa grande loyauté et sa dignité morale : pour ne pas perdre de temps dans sa mission il refusera les avances d’une Saloon Gal (magnifique séquence avec le personnage le plus touchant de l’histoire formidablement interprété par Barbara Werle pour sa sixième participation à la série ; toute aussi talentueuse chanteuse qui nous gratifiera d’ailleurs d’une superbe mélodie) puis celles de la fiancée de Colton qui finit par le bouleverser à lui narrer son histoire ; à de nombreuses reprises il reviendra aussi sur le fait qu’il n’existe néanmoins aucune justifications pour devenir meurtrier et tuer, pas même les circonstances atténuantes que certains mettront en avant concernant la jeunesse meurtrie par exemple ou encore la vengeance de grandes injustices subies par le passé ; enfin il demandera à ses comparses de terminer leur mission en évitant au maximum d’autres tueries, le sang ayant à son avis déjà bien assez coulé. Nous serons également témoins de discussions intéressantes entre ranchers concernant la maladie contractée par les bêtes et les moyens à mettre en œuvre pour l’éradiquer, presque chacun mettant en avant une bonne part d’égoïsme quant à leurs avis sur la question.

En ce qui concerne la mise en scène c’est quasiment du niveau d’un bon film de cinéma, les pistes dramatiques et rebondissements sont nombreux, l’action est remarquablement efficace, l’intrigue est bien menée avec un mystère qui demeure entier jusqu’au final assez surprenant et les personnages sont tous richement décrits et surtout parfaitement interprétés notamment par Joseph Campanella qui fut déjà inoubliables à deux reprises au cours de la saison 2, tour à tour détective et bandit mexicain, à chaque fois aussi convaincant et crédible comme c'est le cas à nouveau ici dans le rôle du chasseur de primes violent et peu affable. On notera une étonnante sécheresse du ton, une âpreté de l’ensemble très éloignée des canons habituels de la télévision et on se souviendra de l’espèce d’inquiétante Ma Dalton interprétée par Virginia Gregg et de son bras droit, un tout jeune Harry Dean Stanton (Paris, Texas). Une grande et sombre réussite au final tragique qui devrait pouvoir plaire au plus grand nombre et au cours de laquelle nous regretterons juste un David Hartman encore un peu trop sous employé malgré ses possibilités dramatiques bien réelles décelées dans le premier épisode de cette septième saison. Avec ce Ride to Misadventure on se remet à rêver d’une série qui pourrait enfin définitivement reprendre son envol sans être trop souvent coupée dans son élan par de médiocres scénarios.


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Burr DeBenning




7.09- The Storm Gate

Réalisation : Richard Colla
Scénario : Jerry McNeely & Alvin Sapinsley
Guest stars : Susan Oliver, Burr DeBenning & Scott Brady
Première diffusion 13/11/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 6.5/10


Le Pitch : Trampas rend visite dans le Nebraska à son ami d’enfance Jason Crowder (Burr DeBenning). A son arrivée il est très mal reçu par son régisseur (Scott Brady) mais dès qu’il se retrouve face à face avec Jason ce sont de franches embrassades. Crowder qui a dans l’idée de construire un barrage dans la région voudrait en faire son homme de main mais devant ses agissements pour le moins étranges et après avoir écouté les révélations de son épouse Anne (Susan Olivier) au comportement non moins bizarre, Trampas décide de ne pas accepter ; ce qui va provoquer la colère de Jason qui va tenter de le mettre dans l’embarras…

Mon avis : Dès la première séquence de cet épisode qui prend place loin de Shiloh et du Wyoming, Doug McClure nous fait la démonstration de sa dextérité en tant que cavalier, assis négligemment sur le côté de sa selle en sifflant alors que son cheval avance nonchalamment. Ce sera un épisode lui étant entièrement consacré comme beaucoup durant la série, un de ces récits où notre sympathique cow-boy part dans un autre état pour affaires ou bien souvent aussi pour rendre visite à une veille connaissance ; ce qui lui en fait des amis à droite à gauche depuis le début de la série et malgré son jeune âge ! A chaque fois ces retrouvailles le mettent dans des situations souvent inextricables où il ne s’en sort que difficilement et après avoir provoqué quelques drames ou tragédies ; ce ne sera pas le cas ici mais nous serons passés très près. Tout heureux de pouvoir retrouver ce Jason Crowder avec qui il a fait les 400 coups dans son enfance, arrivé à destination Trampas se fait directement remettre à sa place, accueilli avec hostilité par les hommes de Crowder qui en viennent directement aux mains pour lui faire comprendre qu’il n’est pas le bienvenue en ces lieux et qu’il ferait mieux de retourner d’où il vient. Tout autant borné que susceptible, Trampas n’ayant pas apprécié qu’on le traite de la sorte poursuit son voyage jusqu’à la petite ville de River Oaks où il tombe enfin sur Jason qui se jette dans ses bras avec force cris de joie et embrassades ; autant dire que d’emblée il ne se montre pas comme un homme introverti et que l’interprétation outrée de l’acteur de télévision Burr DeBenning agace un peu durant le premier tiers. A tel point que l’on commence à se dire que la série est en train d’accoucher d’un de ses quelques pénibles épisodes.

Il est ici question de la construction d’un barrage qu’entreprend ce volubile et prétentieux ingénieur et homme d’affaires, d’un fermier qui menace de le tuer pour on ne sait quelle raison mais qui se fait gravement blesser par Trampas qui se trouvait là, croyant ainsi sauver la vie à son ami, de la proposition qui est faite à Trampas de travailler pour Crowder avec l’assurance qu’il deviendra ainsi très rapidement riche, bien plus qu'en tant que simple employé de ranch, etc. De prime abord le cabotinage de Burr DeBenning déconcerte un peu et on a beaucoup de mal à entrer dans ce récit qui avait pourtant tous les éléments pour arriver à nous captiver. Mais alors que nous n’y croyons plus, le personnage de Crowder, devant la réticence de Trampas à accepter l’emploi qu’il lui propose, demande à sa jeune et jolie épouse de lui faire visiter son immense domaine avec dans l’idée qu’il tombera sous son charme et ainsi se décidera à rester à leurs côtés. Le talent et la beauté de Susan Olivier - après déjà plusieurs participations mémorables au Virginien - font une fois encore leur effet non seulement sur Trampas mais aussi sur les spectateurs que nous sommes ; et grâce à elle nous raccrochons miraculeusement à cette histoire finalement assez mystérieuse, et ce dès la séquence au cours de laquelle elle et Trampas doivent se réfugier une nuit dans une grotte pour échapper à un violent orage qui les surprend alors qu’ils sont très loin de la propriété. Une scène ambiguë et très sensuelle conduite de main de maître par les auteurs et la belle blonde aux yeux bleus qui ne laisse pas insensible notre 'cowboy à femmes'. Dès lors, le jeu de DeBenning devient lui aussi plus maitrisé, moins grandiloquent et au fur et à mesure que l’on comprend où il veut en venir, on accepte un peu mieux ce côté hâbleur et agaçant.

Car on l’aura néanmoins deviné dès le début, Crowder est non seulement un menteur égocentrique invétéré mais également un manipulateur éhonté et un escroc de haute volée ; mais là où le scénario devient presque passionnant c’est lorsque lui et Trampas commencent sérieusement à se quereller, le cowboy de Shiloh droit dans ses bottes préférant rester ‘pauvre’ que de servir un fraudeur, Crowder avouant au contraire sans aucune honte ses vils travers mais estimant n’avoir aucun problème de conscience avec ça : il a souffert de la pauvreté dans sa jeunesse et affirme la tête haute et avec une sorte de naïveté désarmante – "I’m headed for the moon" - qu’il est prêt à tout pour ne jamais y retomber, compromissions et malversations comprises ; d’ailleurs, ses larmes de tristesse et de rage lorsqu’il comprend que l’escroquerie qu’il a mis en place depuis tant d’années a échoué nous ferait presque le prendre en pitié tellement le comédien arrive à nous convaincre durant la seconde partie de l’épisode et malgré que son personnage ne soit guère devenu plus fréquentable fréquentable qu'au début ("Just as Pappy always predicted, the meek have gone and inherited the earth again"). Une fois n'est pas coutume mais il n’est pas impensable que, connaissant désormais le déroulement de l’intrigue jusque dans son final, une deuxième vision ne serait pas plus satisfaisante, ce que nous prenions pour du cabotinage éhonté se mariant finalement assez harmonieusement avec le caractère du personnage ; il serait intéressant à l’occasion de s’en assurer. Et du coup, après avoir été un peu circonspect durant le premier tiers - les 30 premières minutes environ -, les deux autres sont parvenus à me tenir en haleine jusqu’au bout avec notamment cette longue séquence au sein d’une grotte toute aussi tendue que touchante. Une première au cours de la série car habituellement une première demi-heure laborieuse à du mal à me faire raccrocher à l'ensemble.

Il faut dire aussi que l’excellent Scott Brady - entre autres l’inoubliable Dancing Kid dans le non moins inoubliable Johnny Guitar - est de la partie et qu’il est excellent malgré son faible temps de présence. Et puis nous ne pouvons que nous satisfaire d'une honnête mise en scène de Richard Colla, d’un récit qui nous propose des décors encore jamais rencontrés dans la série, et enfin du fait qu’il mette en avant la droiture d’un Trampas qui préfère passer pour un ‘plouc’ et rester pauvre toute sa vie plutôt que d’accepter l’argent facile que lui proposait son ami d’enfance : "Maybe I'm dumb enough to believe that people should be honest and dumb enough to try to stop them when they're not." Toujours Trampas à propos du fait que Jason ne sache pas la chance qu’il a d’avoir une telle loyale épouse : "He was so busy trying to figure out schemes to be the richest man in the world he didn't realize he already was." Une première dans la série : un épisode que l’on commence à ne pas apprécier durant un certain temps mais qui se retourne miraculeusement en sa faveur pour finir par devenir passionnant ; un récit qu’il serait donc bon de voir au moins deux fois.


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Jeremy Fox
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Paul Winchell




7.10- The Dark Corridor

Réalisation : Abner Biberman
Scénario : Jean Holloway
Guest stars : Paul Winchell & Judy Lang
Première diffusion 27/11/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 3/10


Le Pitch : Sur le chemin qui le conduit en montagne jusqu’à la cabane où vit une vieille connaissance (Paul Winchell), le Virginien trouve une femme inconsciente (Judy Lang). Il l’amène jusqu’à la maison de son ami où elle finit par reprendre connaissance ; sauf qu’elle ne parle pas et semble avoir tout oublié, non seulement ce qui s’est passé pour la mettre en cet état mais aussi pas moins que son identité, persuadée que le régisseur de Shiloh est son fiancé. Les deux hommes vont s’armer de patience pour arriver à bout de cette amnésie mais un certain Ellis finit par les rejoindre, faisant croire que son cheval est blessé pour rester auprès d’eux…

Mon avis : Comme c’est le cas pour Don McDougall, le tout aussi prolifique Abner Biberman semble également avoir perdu la motivation en ce qui concerne la réalisation des épisodes de la série. De plus ce dernier s'est récemment vu attribué tous les récits pas évidents à gérer avec handicaps à la clé, que ce soit un handicap physique (Elizabeth s'étant retrouvé aveugle dans A Vision of Blindness) ou psychologique, Judy Lang étant devenu amnésique dans ce The Dark Corridor, deux épisodes aussi mous et ennuyeux l’un que l’autre. Ajoutons à ces deux-là le tout aussi pénible The Heritage et force est de constater que les auteurs avaient durant cette septième saison bien moins de talents pour nous peindre de beaux portraits féminins alors que les saisons précédentes en regorgeaient au contraire de passionnants. Le malaise se met en place dès la première séquence au cours de laquelle l’on suit une femme sur un cheval au galop, le tout monté et filmé comme si le réalisateur voulait nous dire sans subtilité (avec force flous et teintes irréalistes de la photographie) qu’il se passait quelque chose de pas très normal ou de pas très rassurant dans le cerveau de cette cavalière. Et quelques secondes après elle se heurte violemment à une branche, est désarçonnée et tombe inconsciente sur le sol. La séquence suivante voit le Virginien finir son café en haut d’une montagne et repartir tranquillement. Superbes paysages, ambiance bucolique et scène plus apaisée que la précédente qui nous fait comprendre que le régisseur de Shiloh est parti loin du ranch. On devine qu’il va tomber sur la femme évanouie et c’est ce qui se passe à la séquence suivante. Et de là, il la conduit jusqu’à une cabane perdue qui était sa destination première, à savoir celle d’un de ses amis, un 'Mountain Man' nommé Jingo.

Cet ermite chaleureux et pétri d’humanité est interprété par Paul Winchell, acteur sympathique tout comme l'est son personnage malheureusement bien trop sous utilisé. De plus les dialogues s'avèrent quelconques et il ne se passe pas grand-chose pendant ce séjour du Virginien ; la seule chose que les hommes essaient de faire durant tout ce récit est de tenter de faire retrouver la mémoire à la jeune femme qui semble totalement amnésique. Au départ, sans aucune perception de ce qu’il se passe autour d’elle, elle demeure sourde et muette ; puis une fois retrouvée l’usage de la parole elle prend le Virginien pour son fiancé alors qu’elle ne l’avait jamais vu auparavant. L’on comprend à travers quelques flashbacks qu’elle a subi un grave choc psychologique suite à une scène violente à laquelle elle a assisté, et que depuis ce moment elle a totalement oublié jusqu’à son identité. Les meilleurs scènes de cet épisode sont celles au cours desquelles le Virginien s’éloigne un peu de ce lieu pour aller trouver de l’aide, entre autres celle d’un médecin auprès d’une troupe de l’armée qui patrouille dans le coin. Disons que ces quelques minutes nous font nous promener au sein de beaux paysages et nous éloignent de cette femme à vrai dire vite assez pénible d’autant que le talent de Judy Lang ne saute pas forcément aux yeux et que l’on a hâte qu’elle cesse de regarder au plafond et de nous sortir sa collection de mimiques vite agaçantes. Même si ce genre d’histoires n’aboutit jamais vraiment à des résultats captivants, gageons qu’avec une comédienne plus chevronnée l’ennui ne se serait pas invité de la sorte et quasiment dès le début.

Le seul fait qui nous fasse sortir de notre torpeur - due également à une romance assez mièvre - est l’arrivée d’un mystérieux jeune homme à la recherche d’une femme dont on devine de suite qu’il s’agit de celle qui a été recueillie par Le Virginien. Une fois tombé dessus, il fait croire à la blessure de sa monture pour pouvoir bivouaquer dans les parages. On le voit alors espionner l’amnésique, s’approcher d’elle sans qu’elle ne le reconnaisse : sauf que lors des flashbacks la faisant se remémorer la scène l’ayant traumatisée, ce puissant choc psychologique l'ayant rendue quasi ‘folle’, le spectateur reconnait parfaitement bien l’étranger malgré sa coiffure un peu différente. Ce petit mystère nous permet de ne pas trop lâcher prise même si l’on espère connaitre rapidement le mot de la fin. Pas de chance car le final s'avère aussi raté que le reste et l’on ne peut que se dire "tout ça pour ça" au vu de cette longue explication avec voix off, ralentis et retours arrière guère plus passionnant que tout ce qui a précédé. Quelques points positifs à retenir néanmoins dans le courant de cet épisode : on retiendra surtout quelques phrases prononcées par le Virginien à propos de Shiloh et de ses modestes aspirations à la tranquillité et à la saine convivialité : "The ranch is out a ways from Medicine Bow. It's ah, close enough to be handy but far enough away to be alone if you wanna be. Hope it doesn't get too big. It's kind of nice to call everyone by their first name." On apprendra également que Shiloh a été nommé ainsi en souvenir de la fameuse bataille s’étant déroulée durant la Guerre de Sécession.

Un épisode qui repose presque intégralement sur les épaules d’une seule actrice nécessite que celle-ci soit compétente ; étant donné que ce n’est pas le cas, il reste très difficile de s’intéresser longtemps à ce récit au cours duquel les amoureux des animaux auront cependant eu l’occasion de croiser un écureuil apprivoisé et un raton laveur peu farouche ! Entre Abner Biberman qui en fait soit des tonnes soit pas assez, Joel Rogosin qui aurait dû se contenter de son rôle de producteur au lieu d’écrire des histoires si mièvres, Jean Holloway qui ne peut pas faire grand-chose à l'écriture du scénario pour rehausser le récit de son collaborateur, peu aidée par quelques médiocres comédiens… pas grand-chose à se mettre sous la dent en cette fin de premier tiers de saison !


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Morgan
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Très inégal ce début de saison 7 :!:
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Jeremy Fox
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Morgan a écrit :Très inégal ce début de saison 7 :!:
C'est le moins que l'on puisse dire : quasiment pas de juste milieu : une succession de quelques grands épisodes et de récits très pénibles.
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Jeremy Fox
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Don Knight




7.11- The Mustangers

Réalisation : Charles S. Dubin
Scénario : Norman Jolley
Guest stars : James Edwards, Don Knight & John Agar
Première diffusion 04/12/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le Pitch : Dewey n’a plus assez d’argent pour poursuivre ses études et revient au ranch aider son père (James Edwards) à dresser des chevaux sauvages pour Joe (John Agar). Un rêve qui se brise chez le vieil homme qui aurait souhaité pour son fils un métier plus enrichissant que le sien. Quoiqu’il en soit, à cause de son inattention alors qu’il était de garde, tous les chevaux sont volés, la plupart ayant dû être achetés par Shiloh. Le Virginien et David qui se trouvaient sur place partent avec l’équipe de Joe à la recherche d’un nouveau troupeau de mustangs tout en enquêtant sur ce vol qui pourrait avoir été commis par Hobson (Don Knight)…

Mon avis : Les amateurs de westerns purs et durs qui auront dernièrement parfois pu être un peu frustrés par des épisodes tendance mélodramatiques seront ici à la fête car tout est cette fois en place pour leur apporter le maximum de plaisirs liés au genre. Si l’intrigue de fond est principalement basée sur les relations un peu tendues entre un père et son fils, le premier espérant que son rejeton ne pratique pas le même métier que lui et fasse de hautes études pour avoir une situation plus intéressante, l’ensemble du récit se déroule alors que les cowboys tentent de se constituer un troupeau de chevaux sauvages après que celui qui était prêt à vendre leur ait été volé. Nous assisterons en cours d’épisode à une grosse bagarre à poings nus dans un bistrot tenu par une vieille prostituée, à des fusillades nourries, à des poursuites bien enlevées, à des séances de dressage ainsi qu’à de nombreuses chevauchées au sein d'amples paysages ; nous aurons également eu la chance de tomber sur un Bad Guy sarcastique et inquiétant à souhait interprété par un Don Knight qui avait l’habitude de tenir ce genre de rôle dans les différentes séries auxquelles il a participé durant les années 60/70. En même temps que tous ces éléments nous avons deux personnages principaux noirs sans que jamais le scénariste ne verse dans l’antiracisme primaire par le fait de ne jamais mentionner la couleur de peau de Dewey et de son père ; Norman Jolley – déjà auteur avec William Talman de ce western unique, atypique et sacrément savoureux qu’était Joe Dakota de Richard Bartlett avec un Jock Mahoney inoubliable – y fait néanmoins allusion avec discrétion et subtilité en mettant le doigt sur la plus grande difficulté pour la communauté noire d’accéder à l’éducation et plus précisément à d’intéressants cursus universitaires.

Mais reprenons depuis le début. Ben Harper voit avec stupéfaction son fils, bagages sur le dos, revenir s’installer avec lui : il n’avait plus assez d’argent pour poursuivre ses études. Ben est très déçu que son rêve s’effondre ainsi, lui qui a toujours voulu le mieux pour son fils et qui estime trop difficile et dangereux pour lui de dompter des mustangs : "These ain't no horsesboy! These are mustangs and it takes a man to work 'em!" Il l’accepte donc à ses côtés mais sans enthousiasme, se braquant à chaque fois qu’il veut lui apporter son aide ; les relations seront tendues jusqu’au tragique final que je ne me permettrais pas de vous révéler mais qui fait se terminer l’épisode d’une manière sombre et poignante. Nous sommes au ranch dirigé par Joe, un homme bon et honnête superbement campé par John Agar, déjà mémorable dans Another’s Footsteps au cours de la saison 2, un épisode d'une formidable densité, d'une étonnante richesse thématique et émotionnelle, ainsi que d'une efficacité qui en faisait non seulement un sommet de la série mais également du western tout court ; mais c’était déjà auparavant aussi par exemple l’inoubliable Lieutenant Cohill dans le chef-d’œuvre de John Ford, She Wore a Yellow Ribbon (La Charge héroïque). Ce jour du retour de Dewey, Joe recevait la visite du Virginien accompagné de David, venus tous deux lui acheter un troupeau de mustangs domptés par Ben. Sauf que durant la soirée, Ben et David, monopolisés par une conversation à portée philosophique, ne font pas assez attention alors qu’ils sont de garde et se font assommer par des voleurs de chevaux qui emmènent tout le cheptel. Joe pense savoir qui est le coupable mais, sans preuves, estime qu’il ne sert à rien de partir à sa poursuite d’autant plus que le temps qui s’est déroulé entre le moment du vol et sa découverte est selon lui suffisant pour que les marques du ranch aient été effacées des bêtes. Il conseille donc au Virginien de se rendre chez cet homme qu’il soupçonne pour lui acheter des chevaux. Ce dernier Carl Hobson, dit n’avoir rien à lui vendre mais l’on sent qu’il se trame des choses peu recommandable et que le Virginien n’est pas dupe même si sans aucun fondement il ne peut rien faire d’autre pour le moment que de lui lancer des piques lui faisant comprendre qu’au moindre faux pas il ne lui fera aucun cadeaux.

Du coup l’équipe décide de partir attraper d’autres troupeaux de mustangs qui traversent actuellement la région. L’épisode restera tout du long un mélange harmonieux d’enquête policière (pour arriver à se faire dévoiler l’équipe de voleurs), de drame familial (les relations entre le père et le fils Harper) et d’action (violente ou seulement mouvementée pour tout ce qui touche à la "chasse" aux chevaux). On regrettera cependant que les deux acteurs noirs ne possèdent pas plus de charisme malgré leur travail plutôt correct ; on pouvait en effet attendre un tout petit peu mieux de James Edwards qui tourna au cinéma dans quelques classiques tels Nous avons gagné ce soir (The Set-Up) de Robert Wise, Côte 465 (Men in War) d’Anthony Mann, La Gloire et la peur (Pork Chop Hill) de Lewis Milestone ou encore dans Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate). Ceci étant dit il arrive néanmoins à nous faire frissonner d’émotion durant la dernière séquence, ce qui n’était pas gagné d’avance. Mais comme déjà évoqué plus haut, nous retiendrons plutôt les performances de John Agar, de Don Knight dans la peau du Bad Guy, ainsi que celle de David Hartman qui parvient enfin à s’imposer et à tenir tête au Virginien, lui faisant prendre confiance de sa trop grande dureté lorsqu’il se met à suspecter des gens que lui estime au contraire être d’une noblesse de sentiments qui les place au-dessus de tous soupçons ; le spectateur en étant également persuadé se range facilement du côté de David en opposition à notre héros qui manque parfois un peu trop de confiance en l’humanité. "Now look, I know you're under a lot of pressure and I can appreciate that. But if your idea of experience means that I've got to suspect a man like Ben Harper of being a horse thief, then I'm glad I'm still green!" rétorquera David au Virginien après que ce dernier lui ait dit être trop naïf.

Le scénario de Norman Jolley est très joliment écrit et parfois non dénué d’humour, la réalisation de Charles S. Dubin très efficace, et l’on ne s’ennuie pas une seconde dans ce récit 100% westernien contrairement à beaucoup récemment qui prenaient d’autres directions pas toujours pour le meilleur. Dans le dernier tiers, Ben, dans le but de se constituer un pécule à donner à son fils afin qu’il puisse poursuivre ses études, mais aussi par jalousie ou (et) fierté mal placée (des éléments que je ne développerais pas plus afin de garder quelques surprises au sein de ce récit très fluide), va être tenté de suivre une mauvaise pente qui lui permettrait de gagner de l’argent facile… ce qui va déclencher l’action et le drame final que je vous laisse également découvrir. Nous aurons également pu assister à une très belle scène entre John Agar et James Drury tous deux d’une grande droiture lorsque le premier refusera d’accepter l’argent pour les chevaux volés, le second estimant au contraire qu’il le lui doit par le fait que David ait fait partie des hommes de guet qui ont failli. Même s’il manque quelque peu d’intensité dramatique faute à des Guest Star un peu en deçà, un épisode très réussi.


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Anne Baxter



7.12- Nora

Réalisation : Don McDougall
Scénario : True Boardman
Guest stars : Anne Baxter & Hugh Beaumont
Première diffusion 11/12/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 6/10

Le Pitch : Quelle surprise pour Clay Grainger d’avoir la visite de Nora (Anne Baxter), une de ses anciennes maitresse qui se fait inviter quelques jours à Shiloh, ce qui pique un peu la jalousie de Holly d’autant que Nora ne fait que leur remémorer des souvenirs de l’époque où elle et Clay formaient un couple. Nora est cependant venue avec son mari, Major dans l’armée des Etats-Unis. Déçue qu’il n’ait pas pris assez de galons, elle va profiter de l’évasion de quelques indiens de leurs réserves pour le pousser à aller acquérir gloire et promotion en partant les capturer, quitte à laisser faire pendre des innocents pour arriver à ses fins…

Mon avis : Les indiens ne portent décidément pas chance à la série qui avait sans doute non seulement trop peu de moyens pour rendre crédibles leurs allures ainsi que leurs campements et dont les auteurs avaient également beaucoup de mal à écrire d’intéressants personnages issus de ce peuple, quasiment tous plus ou moins caricaturaux, peu bavards, sans grande intelligence et sans aucun charisme, les histoires les mettant en scène dégoulinant de naïveté et de mièvrerie. Heureusement cette partie chez la tribu des Comanches débute seulement au bout de plus d’un tiers de la durée après une première partie au contraire très réussie et plutôt tournée vers la comédie. Don McDougall à la baguette et True Boardman à l’écriture : on se croirait revenu aux tous débuts de la série ; mais comme nous l’avions déjà écrit précédemment, l’engouement et l’enthousiasme de ces deux hommes semble s’être un peu dilapidé au fil des années, et même si le duo nous concocte un épisode correct, nous sommes loin de leurs grandes réussites communes ou en solo. Ceci étant dit, aucun ennui durant cet épisode et beaucoup de choses intéressantes ou (et) satisfaisantes comme ce ne fut récemment pas toujours le cas. Malgré tout, le réalisateur de tant de grands épisodes semble désormais vraiment manquer de motivations et de rigueur, aucune séquence ne se démarquant vraiment des autres, aucune ne pouvant être ‘taxée’ de mémorable.

La première partie bénéficie d’une grande fluidité dans l’écriture ainsi que de dialogues parfaitement bien écrits permettant à Anne Baxter et Jeannette Nolan de rivaliser de talent. Rappelons à ceux qui ne la connaitraient pas que Anne Baxter fut la Eve de Mankiewicz et qu’elle tourna dans quelques westerns au cinéma comme par exemple l’âpre et sublime La Ville abandonnée (Yellow Sky) de William Wellman, le trop méconnu Les Bannis de la Sierra (The Outcasts of Poker Flat) de Joseph Newman mais aussi dans de plus mineurs tels Les Forbans (The Spoilers) de Jesse Hibbs ou Terre sans pardon (Three Violent People) de Rudolph Maté. Dans le rôle de cette femme ambitieuse, flamboyante, volubile et qui n’a pas froid aux yeux, elle excelle, certes très cabotine - car son personnage le veut ainsi - mais toujours néanmoins assez juste, ce qui n'était pas gagné d'avance. Face à elle, rien à dire du couple à la ville comme à l'écran constitué par John McIntire et Jeannette Nolan qui se révèle parfait une fois de plus ; ce sont surtout leurs réactions face à cette femme qui les met mal à l’aise à chacune de ses interventions qui procurent aux spectateurs le plus de plaisir. Il ne faudrait pas oublier leur fils à la ville, le jeune Tim McIntire, irréprochable dans le rôle de l’affable aide de camp du Major, déjà inoubliable dans l’épisode The Death Wagon dans le rôle du hors-la-loi infecté par une maladie contagieuse, réussissant l’exploit de nous rendre son personnage attachant malgré la violence dont il faisait preuve dès les premières séquences ; dommage qu’il soit mort si jeune sans avoir eu le temps de nous faire profiter plus longuement de son talent dramatique. La partie de retrouvailles se déroulant à Shiloh durant 30 bonnes minutes s’avère donc totalement délicieuse, la seule apparition du Virginien méritant également le détour, nous le montrant très mature lorsqu’il sermonne un de ses hommes incapable de discrétion et s’excusant auprès du soldat que cette intervention un peu virulente à l’égard de son supérieur a pu blesser.

L’on assiste donc surtout au début à des scènes de comédies alors que Nora essaie d’impressionner voire d’intimider tout son monde par sa prestance et sa gouaille, le pauvre Clay se trouvant coincé entre son ancienne maitresse et son épouse, Tim McIntire et Hugh Beaumont – déjà excellent dans l’épisode Girl on the Glass Mountain - dans le rôle des deux soldats invités au diner se tirant eux aussi très bien de ces séquences légères. Le contraste dû au changement de ton est très brutal à partir du moment où l’on apprend que des indiens se sont enfuis de leur réserve. L’on avait déjà compris que Nora souhaitait plus que tout au monde que son époux acquiert le grade de colonel mais on ne s’attendait pas à ce qu’elle saute aussi rapidement sur l’occasion pour l’envoyer chercher un peu de gloriole et de promotion en allant capturer ces indiens. Les soldats réussissent à appréhender Nakona, le guerrier le plus dangereux de la tribu - qui aurait tué l’un des gardiens -, mais le père de ce dernier fait à son tour prisonnier Nora et Holly qui se rendaient au fort le plus proche rejoindre leurs époux. Ils ont dans l’idée de faire un échange et menacent de tuer les femmes si jamais les militaires n’acceptent pas. Alors que du côté des soldats, certaines têtes brulées veulent tenter une attaque coûte que coûte, le mari de Nora, plus réfléchi, tente de trouver une solution à l’amiable ; les séquences se déroulant en milieu militaire s’avèrent très intéressantes au travers les discussions à propos des droits et devoirs, de la manière de s’organiser et de lancer ou non des opérations plus ou moins ‘règlementaires’ ; où l’on constate que le Major est plus humain qu’on ne le pensait, d’où peut-être son retard dans l’obtention des galons tant convoités par son épouse…

Là où le bât blesse en revanche ce sont toutes les séquences peu crédibles et un peu mièvres se déroulant parmi les indiens, même si Jeannette Nolan continue à prouver au travers Holly Grainger qu’elle est l’un des personnages les plus humains et tolérants de la série, allant sauver l’enfant du guerrier ‘belliqueux’ en décidant de le faire soigner ainsi que par le fait d'éviter in extremis la pendaison d'un innocent. Après quelques tâtonnements scénaristiques et un dernier tiers assez inégal, la conclusion s’avère assez surprenante - pas nécessairement dans le bon sens du terme-, les auteurs pas plus que notre couple vedette ne semblant en vouloir à Nora qui fut pourtant assez haïssable durant le dernier quart d’heure, ne lui en faisant même pas le reproche. Enfin parmi les points positifs non encore évoqués, signalons la prestation correcte de Harry Lauter dans la peau de l’officier ‘va-t-en guerre’. Un épisode hétérogène mais qui se suit cependant avec plaisir et sans ennui la plupart du temps.


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Re: Le Virginien (1962-1971) Universal

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Julie Sommars



7.13- Big Tiny

Réalisation : James Sheldon
Scénario : Norman Katkov & Joy Dexter
Guest stars : Julie Sommars & Dick Foran
Première diffusion 18/12/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 4/10

Le Pitch : Clay Grainger rêve d’avoir dans son cheptel un bœuf de la race Galloway. Sachant qu’une vente aux enchères va avoir lieu à Durango, il missionne Trampas et Dave pour qu’ils essaient d'acheter au moins une bête. En arrivant sur place, Dave est immédiatement pris à partie par la jeune Martha (Julie Sommars) qui lui demande de faire croire qu’ils sont tous deux sur le point de se marier afin de faire stopper le harcèlement que lui fait subir le mal nommé Tiny Morgan (Roger Torrey), un grand balèze assez maladroit, ancienne connaissance de Trampas ; ce dernier regarde ces situations à quiproquos avec beaucoup d’amusement…

Mon avis : La comédie et le western font rarement bon ménage ; malgré quelques belles exceptions autant au cinéma (La Vallée de la poudre – The Sheepman de George Marshall) qu’au sein de la série qui nous concerne, le mélange des deux genres n’aura pas souvent été satisfaisant, la plupart du temps indigeste ou (et) laborieux. Big Tiny se situe dans la seconde catégorie du côté laborieux, à savoir pas nécessairement pénible à regarder mais néanmoins guère amusant et surtout d’une grande platitude faute à un scénario vraiment minimaliste (ce n’est pas toujours un défaut mais pour un récit à quiproquos de ce style on pouvait raisonnablement s’attendre à plus de vivacité et notamment à plus d’idées) ainsi qu'à des comédiens qui soit en font trop (on a connu Doug McClure bien plus fin) ou pas assez, le duo Julie Sommars (déjà récemment très peu convaincante dans Le Massacre des Sioux de Sidney Salkow) et Roger Torrey manquant singulièrement de talent dans le domaine de la comédie. Ceci étant dit, on a connu pire au sein de la série et un jour de grisaille l’ensemble, même si objectivement très moyen, pourra vous sembler pas trop désagréable et parvenir peut-être à vous dérider. Le ton assez léger est donné dès le début de cet épisode qui semble vouloir revenir aux fondamentaux par quelques séquences documentaires sur le métier de cow-boys, le tout sur une musique assez guillerette du compositeur attitré de Robert Aldrich, Frank De Vol, que l’on a connu plus inspiré. Ce style musical ‘cartoonesque’ perdurera tout du long mais sans aucune nuances, accentuant un peu lourdement tous les gags comme dans une véritable comédie burlesque ou dans un épisode de Ma sorcière bien aimée ; autant dire que les amateurs de westerns ne seront pas vraiment à la fête !

Après ces plans plutôt sympathiques, le Virginien ayant fini son travail se rend chez son patron qui lui fait part de son rêve de pouvoir posséder au sein de son cheptel bovin une bête de la célèbre race Galloway. Apprenant qu’une vente aux enchères de bestiaux doit se tenir prochainement à Durango, Clay demande au Virginien de s’y rendre pour essayer de gagner un de ces fameux bœuf. Ce dernier estimant devoir rester sur place pour surveiller de nouveaux commis peu fiables lui propose d’envoyer Trampas à sa place. Clay est dubitatif sachant que ce dernier n’est pas connu pour faire bon usage de l’argent ; sur quoi le régisseur lui rétorque que même si cette réputation s’est avérée juste, ceci est uniquement vrai lorsqu’il s’agit de son propre pécule alors qu’on peut lui faire entièrement confiance lorsqu’il est responsable de celui des autres. Il décide néanmoins de le faire accompagner par Dave dans le cas où le train ne fonctionnerait pas et qu’il faille ramener la bête par leurs propres moyens. On compte sur ce joyeux duo bravache/timide pour nous divertir et c’est ce qui va effectivement se passer, Doug McClure et David Hartman sauvant tous deux l’épisode du fiasco. Alors que Trampas comptait profiter de cette visite en ville pour se trouver quelques compagnes d’un soir, quelle ne va pas être sa surprise lorsqu'à peine quelques heures après leur arrivée il va voir son acolyte maladroit et un peu gauche se promener au bras d’une jolie fille à laquelle "il n’aurait pas dit non".

Ebahissement renforcé lorsque Dave lui dira avoir été demandé en mariage par la belle, lui expliquant néanmoins sans tarder que ce sera un mariage ‘pour de faux’, uniquement pour mettre fin au harcèlement d’un certain Big Tiny qui lui tourne autour depuis des mois et qui ne perd pas une occasion de la relancer. Là où les quiproquos commencent à se multiplier, c’est lorsque Dave accepte la proposition en prenant l’homme qu’ils doivent tromper pour un autre, un commerçant assez âgé et tout frêle ; quand Trampas comprend la méprise, Big Tiny se révélant être tout le contraire, un grand bonhomme baraqué de quasiment deux mètres de haut, il rit aux éclats de la méprise et aura du mal à reprendre son sérieux tout en sachant que Dave va être confronté à un homme à qui il ne vaut mieux pas marcher sur les pieds. Quand ce dernier finit par accepter l’inévitable, il ne lâche pour autant pas l’affaire, se donnant désormais pour mission de surveiller que le futur marié soit bien l’homme idéal pour la femme qu’il aime, le surveillant de près pour l’empêcher toutes sortes de frasques et bien décidé à assister à la cérémonie... qui n'était pourtant évidemment pas prévue. Dave allant se retrouver sous les yeux de Big Tiny entre les bras d’une entraineuse de cabaret… on imagine toutes les situations cocasses qui vont pouvoir découler d’un tel enchevêtrement de malentendus et de confusions. Par un scénariste chevronné, le résultat aurait pu être rythmé, plein de tonus, délicieux et pourquoi pas hilarant ou tout du moins grandement drôle. Ce n’est malheureusement pas vraiment le cas, le tout se trainant assez lamentablement, les principaux protagonistes de cette histoire ayant bien du mal à nous faire rire. Quant à la dernière partie qui voudrait prendre une tournure un peu plus dramatique (hold-up et enlèvement), elle échoue dans les grandes largeurs.

Et dire que c’est James Sheldon à la réalisation ; celui-là même à qui nous avions accordé toute notre confiance depuis qu’en cette même année 1968 il nous ait fait cadeau de trois des plus beaux épisodes de la série ! On aura cependant souri à plusieurs reprises et notamment grâce à l’actrice Mabel Albertson dans le rôle de la vieille marieuse toute heureuse d’apprendre que sa protégée a enfin trouvé un mari et qui va vouloir organiser les festivités en grandes pompes alors que nous savons que tout ceci est du flan, juste une annonce pour faire fuir un importun. La comédienne était déjà très drôle dans le western de Michael Curtiz Le Bourreau du Nevada (The Hangman) dans lequel elle n’avait pas froid aux yeux au point de tourner sans relâche autour du beau Robert Taylor. Nous trouvons donc quelques occasions de nous amuser de cette farce et de ne pas trop nous ennuyer mais répétons-le, l’ensemble, certes constamment bon enfant, se sera révélé cependant bien médiocre. La série nous a offert de bien plus grandes réussites dans le domaine de la pure comédie. Comptons sur l'épisode suivant pour en revenir au western !


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Jeremy Fox
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Herb Jeffries





7.14- Stopover

Réalisation : Joel Rogosin
Scénario : John Kneubuhl
Guest stars : Herb Jeffries, John Kellogg & Jay C. Flippen
Première diffusion 08/01/1969 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7/10

Le Pitch : Medicine Bow est en émoi lorsqu’arrive en ville un certain Frank, hors-la-loi et tireur d’élite notoire. De nombreux habitants à la conscience peu tranquille s’inquiètent, chacun pensant qu’il est venu pour s’occuper d’eux. Le Virginien qui l’a bien connu 10 ans auparavant et à qui il semble devoir une fière chandelle, lui demande la raison de sa venue afin de rassurer ses concitoyens ; Frank lui dit qu’il est simplement de passage, attendant le prochain départ de la diligence. Alors que beaucoup ont peur pour leur vie, le Virginien craint pour celle du hors-la-loi ; il veut le mettre en prison afin qu’il y soit en sécurité jusqu’à l’arrivée de la diligence…

Mon avis : Après la farce pas très drôle que s'était révélé être Big Tiny, l’épisode précédent, Stopover revient aux fondamentaux du western urbain, sorte de mix entre deux thématiques 'westerniennes' très en vogue durant les années 50, représentées par ces deux grands classiques que sont Une balle signée X (No Name on the Bullet) de Jack Arnold et La Cible humaine (The Gunfighter) de Henry King. Le premier narrait l’arrivée dans une petite ville à priori tranquille d’un étrange homme en noir, tueur à gages de son état, et qui allait susciter la peur chez tous les habitants qui avaient tous un squelette dans leur placard, chacun se demandant si ce n’était pas lui que cet étranger venait tuer ; le second abordait le thème du tireur d’élite fatigué de devoir sans arrêt se rendre de ville en ville pour pouvoir éviter les bravades de jeunes hommes au sang chaud attirés par sa renommée et n’ayant qu’une idée en tête, se mesurer à lui. Le personnage de Frank Kammel interprété par un surprenant Herb Jeffries opère la parfaite synthèse entre ces deux pistes dramatiques, à la fois ' à priori' tueur à gages et tireur d'élite. Car alors que le protagoniste campé par Audie Murphy dans le western de Jack Arnold était craint et n’avait pas ce problème de ‘harcèlement’ par de jeunes blancs becs, celui de Gregory Peck dans le second n’était absolument pas ni un chasseurs de primes ni un Gunman alors que les habitants de Medicine Bow pensent que Frank en est un, les as de la gâchette ayant souvent adoptés ce genre de travail. Seulement, autant concernant Johnny Ringo dans The Gunfighter que Frank Hammel dans Stopover, les deux hommes sont lassés de devoir en découdre à chaque coin de rue, la liste des cadavres qu’ils laissent dans leur sillage ne cessant de croitre car ils doivent bien se défendre pour sauver leur vie à chaque fois qu’on les provoque... d'où une partie de leur calamiteuse réputation.

Le réalisateur de cette fiction très tendue n’est autre que Joel Rogosin, l’un des producteurs les plus prolifiques de la série (51 épisodes à son actif à partir de celui qui nous aura fait découvert Clu Gulager dans le rôle du shérif Ryker) et qui à deux occasions est également passé derrière la caméra, peut-être dans l'idée d'avoir les mains libres pour remonter le niveau fluctuant de la série selon son bon vouloir ; et autant dire qu’à ces deux reprises il semble avoir été bien conseillé car son travail s’est avéré carré et on ne peut plus professionnel à défaut d’être mémorable. Le précédent était Seth avec Michael Burns dans le rôle de ce jeune adolescent taciturne acceptant d’aider Trampas dans une chasse au cougar. Il bénéficiait déjà d’un excellent scénario par l’auteur de l’histoire de Duel dans le Pacifique (réalisé par John Boorman en 1971) ; c’est également le cas pour Stopover, Rogosin se révélant en outre à nouveau ici un très bon directeur d’acteurs, ayant au sein de son casting de nombreux excellents seconds rôles déjà apparus à quelques reprises dans la série comme Jay C. Flippen, Myron Healey ou John Kellog. L’épisode débute par des plans aériens de toute beauté saisissant de grandioses paysages désertiques au sein desquels caracole une diligence, le tout sur un très bon thème musical. Une fois n’est pas coutume, c’est la voix-off de James Drury qui vient introduire cette histoire, expliquant d’abord à quel point il est dommage que dans une petite ville comme Medicine Bow, tout le monde se côtoie sans se connaitre vraiment : "It's a nice town, Medicine Bow. Good, decent people. Of course it's funny how little we really know about each other." Il opère ensuite comme une sorte de 'teasing', nous présentant quelques personnages et nous prévenant d’emblée que l’étranger qui va descendre ce midi de la diligence risque de changer le cours de leur vie.

Annoncé comme un redoutable Gunman, quelle n’est pas notre surprise de découvrir que Frank Hammel nous apparait au contraire comme un homme d’une grande douceur et d’une amabilité rare, parlant toujours à voix très basse et ne paraissant aucunement vil ni agressif. Nous nous en rendons compte lorsque le Virginien qui le connait bien pour lui devoir la vie part à sa rencontre pour l’interroger sur les motifs de sa visite, espérant ainsi rassurer les quelques habitants qui voient sa venue d’un air inquiet, s’imaginant avec leur conscience peu tranquille que ce remarquable tireur a un contrat pour mettre fin aux jours de l’un d’entre eux. Nous avons le juge qui a peur que ce soit un homme venu venger un ami tombé violemment sous les coups d’une de ses sentences alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme de loi intransigeant ; un businessman qui s'est fait beaucoup d’ennemis à cause de son ascension fulgurante et de son caractère impitoyable dans le domaine des affaires ; quelques autres encore dont un fermier qui s'occupe également de la rénovation de l'église ainsi qu’une mère de famille et un couple d’épiciers pour des raisons que nous apprendrons au cours du récit et qui, avouons-le, ne sont pas toujours très claires ou (et) crédibles ; là se situe le point faible de l’épisode, un scénario certes captivant mais pas toujours très rigoureux. Quoiqu’il en soit, la personnalité de Frank est la principale qualité de cette histoire qui nous emmène de surprises en surprises et s’avérant être au final un hymne à la paix et à la non-violence alors que la tension distillée tout du long nous aurait plutôt fait penser que le climax allait nous mener vers un déferlement de violence, ceux n’ayant pas bonne conscience allant tenter de faire tuer l’étranger. Et d’ailleurs, en l’absence du shérif, le Virginien demande au juge la permission de faire emprisonner Frank afin de lui assurer protection jusqu’à son départ annoncé ("Well, there may be more than one guilty conscience in this town, Judge. That's what worries me!")

Mais je me rends compte en avoir déjà beaucoup trop dit et préfère m’en arrêter là concernant le secret qui entoure ce mystérieux tireur d’élite plus paisible que menaçant interprété par un homme qui ne tourna pas beaucoup, plus connu pour avoir été crooner et avoir fait partie en tant que chanteur du Band de Duke Ellington. Un épisode à l’atmosphère sombre - mettant en avant l’égoïsme et les peurs de tout un chacun - et parfois inquiétante, le spectateur ne sachant jamais sur quel pied danser quant au personnage qui trouble les consciences des habitants de Medicine Bow ; est-il sur place juste pour attendre le départ de la prochaine diligence comme il s’évertue à le dire ou recherche-t-il quelqu’un pour l’abattre ? Autres originalités de cet épisode, outre la voix off inhabituelle qui ouvre le récit, le déroulement de son intrigue en quasi temps réel et enfin un final totalement apaisé qui fait chaud au cœur. "The years. The years of hunting. The years of waiting. The years of dreaming of the moment when all this hate could explode. A waste !" Plus de rigueur dans le scénario aurait pu faire de cet épisode un sommet de la série ; en l'état, c'est déjà vraiment très bien.



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Le prochain est un chef-d'oeuvre 8)
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Jeremy Fox a écrit : 27 sept. 20, 08:27 Le prochain est un chef-d'oeuvre 8)
Tu nous mets l'eau à la bouche :D
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David Hartman & Sheila Larken


7.15- Death Wait

Réalisation : Charles S. Dubin
Scénario : Gerald Sanford
Guest stars : Harold J. Stone
Première diffusion 15/01/1969 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 9/10


Le Pitch : Suite à une multiplication de problèmes peut-être plus criminels qu’accidentels, la famille Kincaid est forcée de vendre sa ferme aux Buchanan à un prix dérisoire. Le même Case Buchanan qui vient de mener à bien cette transaction répugnante provoque David à propos de la Saloon Gal qui venait de proposer le mariage à notre cowboy. Peu de temps après, par légitime défense, David tue Case. Le père de ce dernier (Harold J. Stone) qui n’entend rien aux explications de David, veut le faire payer pour la mort de son fils ; pour se faire il va demander à son cadet, tireur émérite, de le narguer jusqu’à ce que David se sente obligé de riposter…

Mon avis : L’ambiance n’est pas à la gaieté durant cet épisode ; pas une seule pointe d’humour, un Virginien absent et un Trampas, le remplaçant le temps que le régisseur soit de retour, qui n’aura jamais été aussi stressé et peu aimable. Mais la noirceur tourne souvent à l’avantage de la série ; souvenons nous à ce propos du remarquable et très sombre Harvest of Strangers de Paul Stanley dans la saison 4. Tout ça pour dire que Death Wait est peut-être le deuxième chef d’œuvre de la série, tout à fait digne des meilleurs westerns sortis au cinéma durant cette décennie. Nous ne l’attendions déjà pas à ce niveau par le fait que c’est à David Sutton qu’échouait le rôle principal du récit ; comédien qui aussi sympathique s’était-il montré, ne nous avait pas encore spécialement marqué plus que ça ; ce qui n'est pas le cas en l'occurrence, sa prestation dans cet épisode allant sans aucun doute rester mémorable. Charles S. Dubin, le réalisateur du superbe The Laramie Road avec Leslie Nielsen et déjà l'excellent Harold J. Stone (Le Collier de Fer de R.G. Springsteen, Duel dans la boue de Richard Fleischer, Le Faux coupable d’Alfred Hitchcock, etc.) ; Gerald Sanford, le scénariste du non moins formidable Ride to Misadventure avec Joseph Campanella : la réunion de ces deux hommes nous offre donc un épisode dont nous aurons juste à déplorer une séquence de flash-back non seulement inutile mais totalement redondante car nous remontrant des images de scènes s’étant déroulées sous nos yeux à peine 10 minutes auparavant ; séquence qui a failli nous faire croire à un épisode moyen presque d’emblée. Mais ce défaut aura été vite oublié devant la richesse et la tension déployées par ce scénario par ailleurs remarquablement écrit.

L’épisode débute à l’intérieur d’une petite ferme dans laquelle est réunie la famille Kincaid. Un jeune homme leur fait une proposition pour le rachat de leur domaine qui vient de subir plusieurs dommages, incendie et perte du bétail entre autres, ce qui vient de finir de ruiner le couple et leur jeune garçon. Le prix proposé est dérisoire mais Case Buchanan leur fait comprendre qu’ils n’ont pas le choix. Une séquence qui d’emblée nous fait nous indigner d’autant que le rejeton Buchanan est immédiatement haïssable ; l’acteur Clay Ventura ne fait pas dans la finesse mais son interprétation est extrêmement efficace concernant ce genre d'exécrables personnages. La séquence suivante nous mène au saloon pour une scène réunissant Ellen, une entraineuse de saloon, et David, notre grand cowboy timide et dégingandé. La jeune et charmante jeune femme (magnifique et touchante Sheila Larken dont on regrette qu’elle n’ait pas fait une plus grande carrière) lui fait comprendre qu’elle ne serait pas contre se marier avec lui ; sur quoi David lui rétorque qu’il n’est pas encore prêt, n’ayant entre autre encore pas assez de pécule pour pouvoir entretenir une épouse. Case qui se trouve accoudé au bar et qui semble avoir surpris la conversation en profite pour se moquer de David et tourner autour d’Ellen, ce qui provoque un violent pugilat dont tout le monde est témoin. Peu de temps après, alors que David trouve Case sur les terres de Shiloh, voulant l’inviter à partir se retrouve à le tuer après que Case ait dégainé. Au vu des relations tendues entre les deux hommes, son explication comme quoi il s’agissait de légitime défense ne convainc pas grand monde et surtout pas le père du mort (superbement interprété par Harold J. Stone) qui n’a plus qu’une idée en tête, se venger. Ne voulant néanmoins pas être incarcéré pour meurtre, il fait venir son deuxième fils, Lorne, tireur d’élite aussi déplaisant que son frère défunt, peut-être même encore plus arrogant et méchant ; il lui demande d’attendre la venue de David en ville pour essayer de le provoquer, ce qui devrait logiquement s’ensuivre par un duel où il serait automatiquement tué car bien moins agile dans le maniement des armes, s'étant même confié à Ellen en lui avouant ne s’être jamais battu de sa vie. David ne veut cependant pas plier l’échine, ne pas succomber à la peur et au contraire aller en ville lorsqu’il le veut malgré les conseils de ses amis et collègues : "I intend to walk around on my own two feet with my head held up where and when I wanted to."

Lorne, c’est Murray MacLeod qui nous offre une extraordinaire prestation, celle d’un homme que les spectateurs aimeront haïr de bout en bout, très inquiétant et sans aucun scrupules. Il sera des trois remarquables séquences de bravades imbéciles aux climax presque insoutenables ou tout du moins extrêmement tendus, trois scènes où il provoque un autre homme afin de l’obliger à dégainer : la première fois c’est Edward Faulkner (un habitué de la série, comédien faisant partie de la famille cinématographique de Andrew Mclaglen) qui en fait les frais ; la deuxième fois c’est Kincaid qu’il humilie devant sa femme et son fils ; la troisième comme attendu ce sera évidemment David. Nous n’en dirons pas plus concernant leur dénouement sauf que les auteurs nous amènent à chaque fois là où nous ne les attendions pas, ne mettant pas en avant un quelconque héroïsme béat, ne tombant pas non plus dans le piège de la violence gratuite, le tout s’avérant extrêmement juste, humain et crédible. Nous avons donc au sein de ce récit une histoire d’amour qui ne commencera jamais vraiment mais qui n’en est pas moins extrêmement poignante, Sheila Larken nous offrant avec son personnage de Saloon Gal l’un des plus attachants de toute la série – Le Virginien n’ayant d’ailleurs pas été avare en entraineuses inoubliables, déjà dans Harvest of Strangers justement - ; des Bad Guys odieux bien croquignolets et devant qui on comprend pourquoi tout le monde tremble ; un mystère autour d’incendies intempestifs et de bêtes mortes même si l’on comprend vite - sans que ça ne dévoile de grands secrets - qu’il s’agit des Buchanan qui en sont à l’origine pour pouvoir s’accaparer toutes les terres autour de Medicine Bow ; une Elizabeth d’une grande maturité, très psychologue ; un Trampas qui remplace le Virginien à la tête de l’équipe des cow-boys et qui s’avère d’une dureté inattendue envers ses hommes, surement due au stress et aux problèmes qui lui tombent sur la tête… mais quand même, pour un personnage aussi détendu et rigolard habituellement, ça fait un drôle d’effet et prouve que les auteurs n’hésitent pas à bousculer les certitudes des habitués ; tout un tas de seconds rôles loin d’être inutiles pour la progression dramatique et notamment la famille Kincaid très touchante elle aussi.

Des pistes dramatiques donc toutes très intéressantes et tout un tas de réflexions d’une grande intelligence et d’une belle lucidité sur de vastes sujets tels l’héroïsme, l’éthique ("He wanted to do what was right, not what was safe"), la culpabilité, la liberté, la peur et la violence. Nous avons déjà bien entendu souvent rencontrés toutes ces thématiques mais lorsque l’ensemble est aussi bien réalisé, lorsque les comédiens sont aussi bien dirigés (rappelons une nouvelle fois que David Hartman trouve ici son plus beau rôle depuis le début de la saison) et lorsque le récit nous captive de bout en bout sans ventre mou, il est logique de parler d’incontestable et splendide réussite. Quant au final, il est certes d’une grande sécheresse mais pas du tout expédié comme trop souvent. L’émotion qui s’ensuit provoquée par la situation de quelques personnages principaux de cette histoire permet de clore ce Death Wait en beauté, regrettant juste que David n’ait pas pu entamer de romance avec Ellen, ce qui nous aurait peut-être permis de recroiser la route de ce personnage extrêmement attachant due pour beaucoup à l'actrice Sheila Larken. Pour ceux qui voudraient découvrir la série dans les meilleures dispositions et même si le principal intéressé manque à l’appel, Death Wait est une porte d’entrée idéale.


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