Seijun Suzuki (1923-2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Eye Of Doom
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

Pour ne pas commettre la meme erreur que pour La barrière de la chair vu dans un dvd tres moyen, j’ai investi dans le blu-ray de La jeunesse de la bête.

Je crois que c’etait ma troisième visions.

La film me pose problème, comme souvent chez Suzuki.
Le film est remarquable dans ses « extravagances » de mise en scene.
Rien que la scene dans la boite de nuit au debut du film vaut le visionnage: De palma a du halluciner devant cette sequence incroyable. Le film regorge de dispositifs qui marquent : le bureau du chef Yakusa derriere l’ecran de cinema, le delire de deco avec les maquettes d’avions, ...
Joe Shishido vaut aussi le detour !

Mais voila, la narration laisse a désirer : on comprends par tout, surtout sur la seconde partie. L’intrigue est d’un interet limitée: un eieme histoire d’infiltration et de double jeu. Il y a quand meme des passages repetitifs. ....
Bref, on est sur un film B de commande a l’histoire assez banale.
Le probleme est que, sur la duree du film, Suzuki ne peut pas / n’arrive pas à transcender ce materiel par sa seule puissance plastique. Comme le fait un De palma dans Mission Impossible ou Snake Eye. Je pense que c’est en grande partie du aux conditions de production.
De ce point de vue, malgre ses faiblesses La barrière de la chair semble plus aboutie, plus coherent et interessant dans son propos.
Il n’empêche je ne suis pas complètement convaincu du talent de conteur de Suzuki.
Ayant vu dernierement quelques films celebres de Misumi, je trouve ce dernier certes moins flamboyant, mais bien meilleur cineaste.
Le problème est que le cinema de Suzuki (enfin le peu que j’en ai vu) ne m’émeut pas.
Allez, j’ai aussi acheté Histoire d’une prostituée, donc à suivre
Dernière modification par The Eye Of Doom le 17 avr. 21, 13:26, modifié 1 fois.
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Alexandre Angel
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par Alexandre Angel »

The Eye Of Doom a écrit : 17 avr. 21, 09:31 Mais voila, la natation laisse a désirer
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Image :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

Alexandre Angel a écrit : 17 avr. 21, 11:37
The Eye Of Doom a écrit : 17 avr. 21, 09:31 Mais voila, la natation laisse a désirer
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image :mrgreen:
C’est bien vrai! Joe Shishido, il sait pas nager et ca se voit!
Bon il n’est pas le seul :
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

Histoire d’une prostituée
C’est le premier film de Suzuki qui suscite mon enthousiasme sans reserve.
Le mise en scene et la photo sont superbes du debut a la fin. Sous l’aspect moins « baroque » , Suzuki ose plein de truc surprenants:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le personnage déchiré comme du apier
Les photos fixes à la fin
Il y a pleins des plans incroyables, certains avec des sortes d’aura autour du personnage, la transformant en madone, ou encore d’autres plans exterieurs avec cadrage et lumiere a tomber.
Le passage où Harumi court sous les balles est fantastique.
Suzuki utilise des travelling latéraux savamment composé, permettant le changement de lieux ou de perspective sur la scene ou l’action. j’ai adoré !
Suzuki a aussi une facon bien a lui d’enchainer les plans sur l’action vec ceux sur les etats d’ame de Harumi.
Le film est de bout en bout une lecon de mise en scene, sans que jamais celle-ci ne se mette en avant ou s’affiche. On reste constamment au service du propos.
J’ai oublié de dire que c'était du scope N&B.
L’actrice principale Yumiko Nogawa porte le film de son energie, en dégageant un presence charnelle brulante.
P..., ces actrices japonaises... :oops: :oops:

Donc, voila, le film est à chaudement conseiller a celles et ceux que les Marque du tueur, Barriere de la chair ou autre Naissance de la bete agacent ou ennuient.

Une tres belle decouverte!.
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

J’ai oublié d’indiquer que le film traitait de la vie d’une femme de confort des troupes japonaises en guerre dd chine. Que Suzuki ne cache rien du travail d’abattage, une douzaine de femmes pour un millier de soldats. Qu’il s’agit d’un brûlot antimilitariste et anti armée japonaise, les soldats chinois sont des « humanistes « .
Que le film forme un parfait diptyque avec « La femme de Seisaku» de Masumura : meme intrigue, meme contexte, vecu au Japon et en Chine.
Les deux films sont sortis la meme annee : 1965.
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

Le vagabond de Tokyo
Peut etre encore superieur à La jeunesse de la bete, le film fascine par ses couleurs. Composition et photos laissent assez sans voix. Suzuki manie ici des couleurs pastel d’un grande force (incroyable jaune ! Ou encore le costume bleu claire). Mais il travaille aussi les textures et les bruns comme dans le logement du vieux yakusa ou son gout pour l’extravagance (les simili fresques antiques !).
Ca c’est pour l’artificiel, mais les vues d’extérieur sont aussi tres belles, soft et precises, romantiques.

On est donc la, bouche bée, devant ce truc incroyable. En suivant de tres loin une intrigue tres secondaire.
Puis, alors qu’il y avait un certaine unité dans la première partie, le film se grippe avec le depart et l’errance du fameux vagabond. On s’emmerde. Il y a meme une bagarre de saloon, incongrue mais surtout ratée et interminable. L’affaire est alors entendue. Ce ne sont pas les fulgurances des scenes finales de retour au cabaret, qui sauveront l’ouvrage.
Voici donc un objet filmique, incroyablement enthousiasmant plastiquement sur sa premiere partie mais où on se dit « tout ca pour ca ».
Suzuki aurait pu etre le Minelli japonais. Il en avait les qualités de cineaste (cf Histojire d’une prostituée). Dommage.

A noter une copie particulièrement belle!
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

Plongée dans le coffret Criterion « Nikkatsu noir » pour :
Take aim at the police van »
Un flic de prison est mis à pied apres qu’un convoi sous sa responsabilité soit attaqué dans l’objectif de flinguer des prisonniers.
Il vas enquêter….


Film noir assez typique. Tres beau scope n&b, comme souvent dans les productions de studio de cette eposue.
On comprend rien à l’histoire ou presque. La mise en scene est nerveuse avec un festival de cadrage typique du film noir.
Quelques personnages curieux comme le tueur au fusil.
Une interpretation sans problème. J’aime bien la dégaine du heros entre deux ages.
Tout cela se laisse voir pour le côté plastique, en tentant de chercher (en vain ?) les premises de La marque du tueur. mais c’est quand même pas passionnant.
La jeunesse douée d’un futur styliste.
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

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La vie d’un tatoué
A l’ere Showa, deux frères sont en cavale. L’ainé est yakusa, le jeune a l’âme artistique. Ils atterrissent sur un chantier de tunneliers.

Comme il est dit dans la preface, le film a des accents fordiens /walshiens. Nos héros pas tres fut-fut debarquent dans une communauté d’ouvriers, braves types, au service d’un patron honnête et intègre.
On assiste à la chronique de l’integration puis la vie quotidienne, entre émoi des coeurs, risque de dénonciation, intrigues mafieuses.
Bien sur, la boite concurrente est tenue par des yakusas et la competition ne sera pas fair play.
Le film est celebre pour son final hallucinant, mais la photo et les plans sont constamment superbes.
Le seul problème est que cette histoire de frangins ne passionne pas forcément (ni plus ni moins que les intrigues des films de Suzuki en general d’ailleurs). Heureusement quelques partis pris (et comme indiqué la beauté plastique générale) maintiennent l’interêt du spectateur. Notamment cette relation atypique qui s’établit entre le jeune frere et la femme du patron, à la fois visage de la mère disparue et objet de la première passion amoureuse.

Quant à la fin, j’en laisse la surprise à ceux qui découvriront le film. On est dans Suzuki 300%.
Le travelling apres l’affrontement où Tetsu marche dans les branches d’un saule pleureur m’a stupéfait ! On retrouve dans ce type de plan, les fulgurances de l’art plastique japonais classique (coté Maruyama Okyo par exemple).

Pas le film le plus marquant de Suzuki mais indispensable pour son final et ce peut etre aussi une bonne entrée dans la filmo du cineaste.

A noter la tres belle copie du dvd HK Video
Je ne comprends pas pourquoi le film n’est pas edité en bluray.

A suivre avec « Les fleurs et les vagues »
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

Dernière modification par The Eye Of Doom le 3 févr. 24, 16:52, modifié 1 fois.
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Re: Seijun Suzuki (1923-2017)

Message par The Eye Of Doom »

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Les Fleurs et les vagues
Un ex samourai et son epouse se planque dans le tokyo de l’air meiji.
Elle est serveuse dans un petit resto et lui a rejoint un groupe de terrassiers. Mais depuis toujours genie-public= mafia et les ouvriers vont se retrouver dans un conflit entre gros patrons.


Il y a ni fleurs ni vagues dans ce film comme ni temps ni marées dans celui de Tsui Hark.
Le film est assez classique pour un Suzuki, autour d’un intrigue policière, social et sentimental.
Rien d’original.
Le film de studio bénéfice d’une belle photo, d’une interprétation correcte et d’un scénario lisible.
Bref ca m’a pas bouleversé…
Il faut noter toutefois des personnages féminins sensibles, dont la geisha amoureuse et indomptable.
Et un final bien melo.
L’autre intérêt relatif est la peinture du groupe d’ouvriers, comme en fit tant le cinéma américain classique.
Vu d’aujourd’hui le film forme une sorte de dyptique avec La vie d’un tatoué.
On est en droit de préférer ce dernier, meme sans parler du final.

Par contre le dvd inclus une fort sympathique interview de Joe Shishedo, lunettes, cheveux blancs et sans prothèses, qui cite Gabin, Duvivier et Pepe le moko… et raconte quelques anecdotes sur les tournages de La barriere de chair ou La marque du tueur.
Et une autre du décorateur Takeo Kimura dont la contribution aux grands Suzuki est essentielle (tres beaux dessins !)
Les deux sont savoureuses , Indispensables et trop courtes.
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