Arthur Penn (1922-2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Kevin95 »

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DEAD OF WINTER (Arthur Penn, 1987) découverte

La séquence d'exposition est d'une redoutable efficacité. Hiver, vent glacial, femme emmitouflée dans un grand manteau et un large chapeau, une sacoche pleine de billets à récupérer dans un casier, une traversée en voiture, un parking désert, le 31 décembre, une cabine téléphonique, un meurtre. Tout cela en quelques minutes et quelques lignes de dialogue.

Le reste du métrage n'est malheureusement pas de cet acabit (sans quoi, je n'aurai pas pris la peine de le détailler). Dead of Winter est un post-Hitchcock qui a révisé ses classiques (les citations pullulent) mis en scène avec beaucoup d’afféterie par un Arthur Penn vexé du bide (critique et publique) de Target. Si le réalisateur sait parfaitement installer un climat (le froid constant et le bruit du vent qui rythme la totalité du film) il est plus à la traine lorsqu'il s’agit de suspense et de tension. Les scènes chocs sont filmées classiquement (pour ne pas dire sans imagination) tandis que les retournements de situations ont déjà été employés dans trois camions de films antérieurs. Même sans surprise, Dead of Winter trouve son intérêt dans une atmosphère étouffante, pas loin par moment de Twin Peaks et par le choix de comédiens sous-employés : Mary Steenburgen et Roddy McDowall.

L'actrice principale donne un surplus d'humanité et de fragilité au film. Son jeu tout en retenu se fracasse en mille morceaux face à la cruauté du script. Un frisson parcourt les avants-bras lorsque celle-ci hurle à la mort lorsqu'elle découvre qu'un doigt lui a été ravie. Malgré son rythme en dos de chameau, le film passe tranquillement sans faire trop de boucan.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Alexandre Angel
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Alexandre Angel »

J'avais déjà lu le message précédent mais je le relis à l'instant avec d'autant plus d'attention que je viens de revoir Target, sur un support Paramount au format tronqué et sans sous-titre français (je ne l'ai pas payé cher, heureusement), et que Dead of winter ne peut être que meilleur. A revoir, Target est une catastrophe. Vu à sa sortie, j'en avais un souvenir plus clément. C'est en fait routinier, quelconque, ringard, moisissant dans les plis et replis téléfilmesques d'une décennie 80' sous obédience Cannon. A revoir, c'est limite ridicule.. Sortez-nous Georgia en BR par pitié!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Jeremy Fox »

Réalisé par Arthur Penn en 1970, Little Big Man conte le récit d’apprentissage de Jack Crabb, anti-héros balloté entre deux cultures – admirablement incarné par Dustin Hoffman –, à travers une succession d’aventures abordant des registres multiples (la comédie, le drame lyrique, le western réflexif). Une fresque grandiose et tragi-comique sur la conquête de l’Ouest, à contempler dans sa sublime version restaurée dès ce 20 juillet grâce à Carlotta !
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Jeremy Fox
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Jeremy Fox »

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Zelda Zonk
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Zelda Zonk »

Enfin découvert La Fugue, hier soir, et je rejoins le camp des déçus. Le film semble constamment naviguer entre deux eaux, sans jamais trouver sa tonalité principale (film noir ? étude de mœurs ? drame ?), et n'est clairement pas aussi maîtrisé que les plus grandes réussites de Penn en termes de mise en scène, avec un montage parfois déroutant. Reste la prestation de Gene Hackman, toujours aussi juste, et la présence de Mélanie Griffiths dans le rôle d'une jeune nymphette de 16 ans. Un film atypique, et donc intéressant, mais qui reste mineur à mon sens dans la filmo du réalisateur.

Mon Top actualisé [avec une certaine émotion car ce topic fut mon bébé, le premier que j'ai créé en 2003 (comme le temps passe !)] :)

1 - Bonnie and Clyde
2 - Miracle en Alabama
3 - Little Big Man [J'avais rédigé la chronique Classik à l'époque, sous mon ancien pseudo :arrow: http://www.dvdclassik.com/critique/little-big-man-penn]
4 - La poursuite impitoyable
5 - Georgia
6 - Le Gaucher
7 - La fugue
8 - Missouri Breaks
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Alexandre Angel
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Alexandre Angel »

Pour moi, son chef d'oeuvre est Georgia, j'en suis de plus en plus persuadé.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Jeremy Fox »

Alors qu'au contraire ses films ont de plus en plus de mal à me passionner à l'exception de La Poursuite impitoyable et surtout mon préféré, Missouri Breaks. Le reste, plus trop client. :(
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Frances
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Frances »

Missouri breaks de Arthur Penn (1976) – Jack Nicholson, Marlon Brando, Kathleen Lloyd, Harry Dean Stanton, Frederic Forrest.


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Un film qui désarçonne par son refus de suivre les archétypes du genre. Les composantes du western sont bien présentes mais Arthur Penn en joue, les bouscule et propose des variations nouvelles. A titre d’exemple la scène d’ouverture est remarquable, audacieuse. Trois hommes chevauchent dans un paysage magnifié par un ciel gris-bleu. Ode au grands espaces pensent-on à tort, car le dialogue anticipe la scène suivante et brise brutalement la contemplation et la quiétude qui en découlaient. S’en suit une pendaison brutale sans autre forme de procès. La caméra s’attarde sur les visages de la communauté venue assister au spectacle sans s’émouvoir de cette mise à mort. Première rupture de ton et le film en regorge. Cruauté, romantisme, violence, comédie, surenchère, dérision, lyrisme… Missouri breaks, c’est un peu tout cela alternativement.
Accouché à la fin du Nouvel Hollywood, le film porte les stigmates de son époque et rebat les cartes du classicisme rudoyé depuis quelques années. Mais reprenons : d’un côté Braxton (John McLiam), grand propriétaire omnipotent, de l’autre une bande de voleurs de chevaux insouciants, provocateurs. Bref « en marge » donc nuisibles. Au milieu Robert Lee Clayton « Le régulateur », sorte de bouffon polymorphe et pervers, en charge de les décimer.

Nous voilà face à une thématique récurrente. Ce qui l’est moins, c’est la façon dont Arthur Penn joue sa partition n’hésitant pas à pianoter sur plusieurs registres. Exemples : l’attaque du train vire à la comédie et tutoie le O’Brothers des frères Coen. La romance entre Jack Nicholson et Kathleen Lloyd chambarde l’image convenue du couple, laisse libre cours à l’expression du désir féminin et est traitée avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse. Les chevauchées, le vol des chevaux sont empreints d’un vrai souffle. Les décors se démarquent de ceux trop stéréotypés qu’on a vus et revus à longueur de westerns. Il existe dans Missouri Breaks une authenticité qui favorise l’immersion du spectateur.

Soit, l’exubérance des « toilettes » du Régulateur frise le ridicule et les excentricités de l’interprétation de Brando atteint des sommets. D’aucuns s’agaceront d’ailleurs de ses facéties et du cabotinage de l’acteur, de sa gourmandise à phagocyter le cadre, de ses inventions grand-guignolesques pour rafler l’attention. A mes yeux, c’est ce qui en fait toute la saveur.
Soit, le film est un peu bancal mais pas moins enthousiasmant. La faiblesse d’un scénario chiche a finalement profité à l’œuvre qui a absorbé les extravagances, les improvisations, les confrontations, bref la créativité sous toutes ses formes.

Dernière petite remarque, quand il réalise Les frères Sisters, Jacques Audiard fait mention de l’influence du cinéma américain des années 70. J’ai relevé au moins deux emprunts à Missouri Breaks : deux scènes nocturnes.
- La première autour d’un feu de camp, lorsque Brandon s’amuse à mettre une sauterelle dans la bouche de Randy Quaid endormi.
– La seconde quand Brando met le feu à la ferme et qu’Harry Dean Stanton en sort tel une torche vivante. (Ca rappelle furieusement la scène d’ouverture des Frères Sisters avec ce cheval qui sort en flammes de la grange incendiée.)
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par patrouilleur loubard »

Je ne pense avoir croisé la route d'autres films d'Arthur Penn :

Bonnie and clyde (1967)
Little big man (1970)
The missouri breaks (1976)

Sans ordre de préférence pour ma part, leur visionnage (diffusion TV) ne date pas d'hier mais d'avant-hier.

Bon, je crois me souvenir que The missouri breaks était le plus (agréablement) déconcertant du trio.
Un seul moyen pour en avoir le coeur net : lui rendre une petite visite.

pat'
Dernière modification par patrouilleur loubard le 7 mai 21, 19:19, modifié 1 fois.
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par la_vie_en_blueray »

Tu peux essayer la fugue avec Gen Hackman, très sympa.

La poursuite impitoyable est aussi mémorable.
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par patrouilleur loubard »

Merci à toi, je vais m'y intéresser.

pat'
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Nestor Almendros »

En 2002, le réalisateur iranien Amir Naderi, passionné par le travail d'Arthur Penn, entame avec celui un long entretien, qu'il enregistre chez le cinéaste au fil de multiples rendez-vous. A ce jour, jamais le public n'avait pu voir ces échanges, en dehors d'une version courte projetée au Festival de Venise il y a quelques années.
L'ensemble de ce matériau constitue un document de près de 6 heures. Rimini Editions est le premier éditeur à le proposer en DVD et dans sa version intégrale. Ni regard critique, ni travail d'historien, ce film d'Amir Naderi est une vraie conversation, au cours de laquelle les deux hommes s'interrompent, digressent et abordent de multiples sujets, intimes et professionnels : l'enfance d'Arthur Penn, ses débuts à la télévision, les films qu'il a réalisés, les cinéastes qu'il admire.
Le film est austère dans sa forme - Arthur Penn est seul face caméra, son interlocuteur hors champs - et a été réalisé avec des moyens techniques limités. Ici, seul le fond est important.
Afin d'en faciliter la découverte, le film est découpé en chapitres, qui permettront à chaque spectateur d'accéder aux thématiques qui l'intéressent.
Le film est précédé d'une courte introduction (13 mn) d'Amir Naderi : il resitue le contexte de l'enregistrement de cette conversation et y exprime certains regrets.


le 1er mars en DVD chez Rimini

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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Supfiction »

J’étais bien tenté par Target pour Gene Hackman et qui passe en ce moment sur Paramount Channel mais les retours sur çe topic sont tellement pas encourageants.. A vue de nez, ça ressemble à un ancêtre de Taken.
Entre ces films et Frantic, ça en dit long sur la trouille des américains de voyager en Europe, et en France en particulier. C’est tellement plus sûr chez eux.
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Alexandre Angel
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Alexandre Angel »

Il fait partie de ces réalisateurs qui sont tombés en fin de carrière. Il a atteint son sommet avec Georgia, film scandaleusement sous-estimé sur ce forum.
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Re: Arthur Penn (1922-2010)

Message par Supfiction »

Je ne trouve pas que le film soit sous-estimé. Suffit de lire les avis plus haut et sur le topic du film. En me relisant, j’avais beaucoup aimé la première partie, et Jodi, et puis malheureusement moins la suite. Mais j’espère faire comme angel with dirty face à la prochaine revision.

Pour revenir à Target, le début du film est bien senti. On voit Matt Dillon avec son père Gene Hackman. Ce dernier semble agacé de le voir avec le walkman sur la tête (aujourd’hui ce serait le portable à la main) puis ils partent à la pêche et Dillon reproche à son père le fait que le lac soit pollué :
« - Ta génération a bien foiré »
- T’en fait pas , la tienne en fera autant. »

Comme dirait tenia, rien de nouveau.
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