Textes amoureux du cinéma

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ed
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Textes amoureux du cinéma

Message par ed »

Hi there,

quels sont les plus beaux textes (essais, critiques, romans...) que vous connaissiez qui décrivent pourquoi leur auteur aime le cinéma ?
J'aimerais des textes généraux sur l'art cinématographique en lui-même plutôt que des textes spécifiquement consacrés à un film, une actrice, un cinéaste...
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cinephage
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Re: Textes amoureux du cinéma

Message par cinephage »

Pour moi, ce sera rapide, cette déclaration d'amour du réalisateur d'Under the Silver Lake m'a tellement cueilli que je l'ai prise en signature...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Pour les non-anglophones, une traduction grossière serait :
"j'aime les film depuis la création du cinéma - depuis les films en plan unique jusqu'au séries feuilletonnantes des années 10, Fritz Lang, et un million d'autres des années 20 - Pour faire simple, j'éprouve un amour envers le cinéma de chaque décennie, du monde entier, du plus exigeant au plus trivial." David Robert Mitchell
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ed
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Re: Textes amoureux du cinéma

Message par ed »

Merci Cinephage de ta réponse.
Pour le reste, je suis surpris, je pensais qu'il y aurait du Daney, du Philippon ou du Truffaut qui serait surgi spontanément. Je suppose aussi que certains auteurs contemporains (Aurelien Bellanger, au hasard) ont dû écrire quelques jolies choses qu'on pourrait échanger ici.
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Supfiction
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Re: Textes amoureux du cinéma

Message par Supfiction »

cinephage a écrit : 22 août 21, 20:51
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Pour les non-anglophones, une traduction grossière serait :
"j'aime les film depuis la création du cinéma - depuis les films en plan unique jusqu'au séries feuilletonnantes des années 10, Fritz Lang, et un million d'autres des années 20 - Pour faire simple, j'éprouve un amour envers le cinéma de chaque décennie, du monde entier, du plus exigeant au plus trivial." David Robert Mitchell
Je ne comprenais pas bien ce qu’il voulait dire par « in the teens » justement. Je m’imaginais déjà qu’il parlait de Twilight ou pire..
:arrow:
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cinephage
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Re: Textes amoureux du cinéma

Message par cinephage »

Supfiction a écrit : 24 août 21, 16:53
cinephage a écrit : 22 août 21, 20:51

Pour les non-anglophones, une traduction grossière serait :
"j'aime les film depuis la création du cinéma - depuis les films en plan unique jusqu'au séries feuilletonnantes des années 10, Fritz Lang, et un million d'autres des années 20 - Pour faire simple, j'éprouve un amour envers le cinéma de chaque décennie, du monde entier, du plus exigeant au plus trivial." David Robert Mitchell
Je ne comprenais pas bien ce qu’il voulait dire par « in the teens » justement. Je m’imaginais déjà qu’il parlait de Twilight ou pire..
:arrow:
:mrgreen:
Plus prosaïquement, ça désigne les années qui finissent en "-teen", soit 13 (thirteen) à 19 (nineteen)... Le teen-ager (étymologiquement, celui dont l'age est dans les teen) a la même racine, la confusion est compréhensible.
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Re: Textes amoureux du cinéma

Message par ed »

En parcourant les Ciné Miscellanées de François Guérif, je suis tombé sur quelques citations intéressantes à accoler :
Elie Faure, en 1920, a écrit :Le cinéma incorpore le temps à l’espace. Mieux. Le temps, par lui, devient réellement une dimension de l’espace. Nous pourrons voir, mille ans après qu’elle aura jailli de la route sous le galop d’un cheval, une poussière se lever, se déployer, se dissiper, la fumée d’une cigarette se condenser puis rentrer dans l’éther, et cela dans un cadre d’espace que nous aurons sous les yeux. Nous pourrons comprendre pourquoi les habitants d’une étoile lointaine, s’ils peuvent voir sur terre avec de puissants télescopes, sont réellement les contemporains de Jésus, puisqu’ils assistent, au moment où j’écris ces lignes, à sa mise en croix dont ils prennent, peut-être, des épreuves photographiques ou même cinématographiques, la lumière qui nous éclaire mettant dix-neuf ou vingt siècles à parvenir jusqu’à eux. Nous pouvons imaginer même, et cela risque de modifier plus sensiblement encore notre idée de la durée, que nous verrons un jour ce film, soit qu’on nous l’expédie dans un projectile quelcon­que, soit qu’un système de projection interplanétaire le renvoie sur nos écrans. Ceci, qui n’est pas scientifiquement impossible, nous rendrait contemporains d’événements qui se seraient passés, dix ou cent siècles avant nous, dans l’espace même où nous vivons.
Andreï Tarkovski, en 1989, dans Le Temps scellé a écrit : Qu’est-ce qui conduit les gens au cinéma ? Pourquoi entrer dans une salle obscure où, deux heures durant, est projeté un jeu d’ombres sur un écran ? Un besoin de distraction, une sorte de drogue ? Il y a certes des trusts et des organismes de loisirs dans le monde qui exploitent le cinéma et la télévision comme n’importe quelle autre forme de spectacle. Mais l’important n’est pas là. Il faut partir du principe de base du cinématographe qui a quelque chose à voir avec le besoin qu’éprouve l’homme de maîtriser, de connaître le monde. Je crois que la motivation principale d’une personne qui va au cinéma est une recherche du temps : du temps perdu, du temps négligé, du temps à retrouver. Elle y va pour chercher une expérience de vie, parce que le cinéma, comme autre art, élargit, enrichit, concentre l’expérience humaine. Plus qu’enrichie, son expérience est rallongée, rallongée considérablement. Voilà où réside le véritable pouvoir du cinéma et non dans les stars, les aventures ou la distraction. Et c’est aussi pourquoi, au cinéma, le public est davantage un témoin qu’un spectateur.
Et là, je repense à Guitry qui, au départ, n'avait considéré le cinéma que comme un moyen de vaincre le temps, d'assurer la postérité de ses pièces en les "mettant en conserve".

Je crois que, vieillissant, je suis de plus en plus sensible à cette idée du cinéma comme arme, dérisoire mais salutaire, contre l'inéluctabilité du temps qui passe...
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