Larry et son nombril

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jhudson
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Re: Larry et son nombril

Message par jhudson »

Pomponazzo a écrit : 27 oct. 21, 21:52 Thème de Luciano Michelini pour le film "La Bellissima Estate".



L'interprétation du concert est rafraîchissante et inattendue, en effet.

Ah merci AtCloseRange, il me semblait bien que je passais à côté de kékchose...
Ça ressemble à une musique de cirque a la Nino Rota, je pensais que c'était une vielle musique du domaine public.

Luciano Michelini a peu composé .

https://www.imdb.com/name/nm0584994/?ref_=fn_al_nm_1
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Supfiction
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Re: Larry et son nombril

Message par Supfiction »

Clap de fin
https://www.telerama.fr/plateformes/cla ... 032089.php
J’ai 76 ans et je n’ai jamais retenu une seule leçon. » Adressé à un petit garçon dans la douzième saison de Larry et son nombril, ce conseil fait office d’épitaphe à la série, qui, depuis son pilote, en octobre 2000, aura traversé deux décennies d’humour en toute impénitence. Une comédie sur un mâle blanc de plus en plus vieux, qui jouit de ses privilèges entre son resto préféré et son club de golf, dissimule à peine sa misogynie, ne recule devant aucune situation gênante impliquant l’origine ethnique, le genre ou l’orientation sexuelle, et affectionne les blagues limites sur le nazisme ou la religion… Jusqu’au dernier épisode, le 7 avril, on s’est demandé comment le grincheux et son double sont passés entre les gouttes, continuant d’oser tout, et surtout ce qui ne passait plus, sans jamais faire plier notre enthousiasme (du titre original, Curb Your Enthusiasm)…

Curb nous aurait quand même laissé un goût amer si elle s’était contentée de faire le portrait d’un sale type. Mais à travers la misanthropie de Larry, sans cesse confrontée à la vie en société, et souvent teintée d’une tendresse vacharde, la série teste en réalité le miracle de la coexistence plus ou moins pacifique de nos individualismes forcenés. Représentant de l’humour juif new-yorkais des enfants de l’après-guerre, qui le rapprocha de son ami Richard Lewis (dont la disparition récente jette un voile testamentaire sur cette dernière saison), Larry David toise notre capacité à vivre ensemble avec un mélange d’ironie désespérée et d’optimisme railleur.

Ainsi, cette fois, Larry devient un héros après avoir enfreint le code électoral de Géorgie en donnant une bouteille d’eau à une femme qui faisait la queue en plein soleil pour aller voter. Un réflexe de solidarité qui ne l’empêche pas, à d’autres moments, d’être rattrapé par la mesquinerie. Oscillant entre la résistance à la bienveillance érigée en diktat (il refuse de participer aux messages lénifiants d’une mailing list de soutien à un ami malade) et la manipulation éhontée des conventions sociales pour les tordre selon son propre intérêt, Larry est à la fois un malotru et un justicier. Si cette double casquette crée de l’inconfort – le propre de cet humour dit cringe, grinçant en français –, elle reflète avec une infinie drôlerie la complexité du jeu social. Un petit théâtre où se posent des questions parfois dérisoires (est-il acceptable d’utiliser les toilettes d’un magasin sans rien y acheter ?), auxquelles Larry répond généralement par l’absurde (quand il conseille à Jeff de raconter un faux cauchemar à Susie pour éviter le voyage qu’elle lui impose).

Même si, comme nous tous, il triche à l’occasion, Larry se comporte in fine comme un très bon camarade. De sa bromance avec son coloc afro-américain Leon à son aventure érotique, dans la saison 8, avec une Palestinienne qui le couvre d’injures antisémites pendant l’amour, ce drôle d’oiseau aura toujours lutté à sa manière (mal élevée) contre le conformisme et les fractures identitaires. Pour finir, on le voit sympathiser avec un redneck pro-Trump, à qui il sauve la vie en lui conseillant d’éliminer le lactose de son alimentation… Parce qu’il n’a pas de chapelle, ce libertaire dans l’âme est l’apôtre du syncrétisme social. « Si on devait suivre les lois de Larry David, ce serait l’anarchie », décrète le juge dans le dernier épisode. À moins que sa franchise abrasive ne mette de l’huile dans les rouages…
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